Le devoir de vérité.
Haut de page.
L’abbé Gérard Herrbach a écrit, en
1993, un livre résolument opposé aux écrits de Maria Valtorta. Il fait le tri
entre les vraies et les fausses révélations privées et vante les mérites de
la censure et de l’Index, remparts contre "une tendance trop
sentimentale ou apparitionniste de la piété".
Voilà donc les amateurs de ces écrits, dont Mère Teresa,
Padre Pio ou Jean-Paul II
rangés dans les adeptes des
bondieuseries. Je les y rejoins avec joie. Je ne suis pas le seul : en
60 ans, l’œuvre a été éditée à quatre millions d’exemplaires, sans
interruption, générant les fruits de conversion et de vocations dont nous reparlerons.
En 2015, vingt ans après, les dominicains d'Avrillé se font écho de l’ouvrage
et renchérissent dans l’opprobre : L’abbé Herrbach a d’autant plus
raison que Mgr Marcel Lefebvre (FSSPX), prêtre schismatique dont ils se réclament, l’a dit et
qu’ils auraient personnellement trouvé des tas "d’erreurs,
d’inconvenances" et des "contradictions" avec l’Évangile.
C’est le droit et la liberté de chacun de s’exprimer : cela se respecte
donc à défaut de s’apprécier. Mais faut-il pour cela tronquer les faits et
les propos rapportés par Maria Valtorta ?
Non.
En effet, le huitième commandement nous oblige tous à la vérité et principalement ceux qui
s’expriment sur de tels sujets avec le poids d’une autorité morale. C’est
sans doute pour cela que, dans l’ordre de Dieu, les vérités sont souvent
cachées aux savants pour n’être révélées que par les plus humbles.
Pour toutes ces raisons, et après avoir correspondu avec l’auteur de
l’article, il m’a semblé nécessaire d’exposer ici les écrits du Vatican, ceux
de Maria Valtorta et des protagonistes, qui démentent les affirmations
proférées. Sans omettre les contradictions curieusement propres aux censeurs
de toutes les époques.
La réponse ci-dessous s’articule en trois points :
1 – Réfutation des libertés prises avec les faits historiques.
2 – Contre-argumentation sur les jugements émis.
3 – Valeur et limite du témoignage de Mgr Marcel Lefebvre
(FSSPX).
Mes commentaires exprimeront nécessairement mon opinion. Aussi pourra-t-on
les ignorer sans dommages, pour se concentrer sur les éléments factuels qui
fondent cet article.
1 - Réfutation
des libertés prises avec les faits historiques.
Non, le don victimal n’est pas une maladie
mentale.
Haut de page.
C’est vrai : comme le disent nos
auteurs, Maria Valtorta a terminé sa vie "dans un isolement psychique
incompréhensible". Ils en concluent qu’elle était aliénée. Chacun
comprend alors que sa littérature n’est que la divagation d’une
déséquilibrée. C.Q.F.D.
Mais voilà ce que dit son biographe :
Après avoir offert tout
à Dieu, jusqu'à sa propre intelligence, Maria commença à
se renfermer graduellement, pendant plusieurs années, dans une sorte
d'isolement psychique, jusqu'au jour où elle s'éteignit.
C’est volontairement et consciemment
que Maria Valtorta offrit jusqu’à son intelligence dans le don victimal total qu’elle fit d’elle-même. Elle
l’écrit dès 1949, une fois les visions de la vie de Jésus terminée. Cet
anéantissement intellectuel intervint plus tard : en 1956 quand Jésus ne
vient plus que pour elle seule, selon sa promesse.
Le don victimal caractérise les plus grands mystiques. Il consiste à s’unir,
par des souffrances, volontairement partagées, à la Rédemption du Christ en
Croix dans la suite de saint Paul qui trouvait sa joie dans ce qui restait à
souffrir des épreuves du Christ. Il rajoute, afin qu’on ne s’y méprenne pas, qu’il est
"crucifié avec le Christ".
Mgr Charles
Louis Gay (1815-1892) disait à propos de ces
âmes victimes :
L’Église a besoin des âmes qui s’immolent, comme de la messe ;
elle vit du sacrifice de Jésus-Christ, continué de ces deux manières. Saint
Paul disait : "Je complète ce qui manque de la Passion du Christ pour
l’Église." La patience et l’immolation sont plus fécondes que la prière
et l’action.
Oui, chères âmes qui souffrez, vous portez, vous
rachetez le monde. La douleur vous change au sacrifice de Jésus-Christ, comme
la parole du prêtre y change le pain et le vin. Une d’entre vous, une seule,
obligerait Dieu de chercher encore à sauver la terre.
L’article sur les "corédempteurs" développe et justifie ce que Mgr Gay résume. C’est
aussi très bien exprimé par Thérèse de Lisieux, Docteure de l’Église, dans
son acte d’offrande comme "victime d’holocauste à l’Amour miséricordieux". Elle le supplie de la consumer sans cesse. Maria
Valtorta, née l’année de la mort de la jeune carmélite, lui vouait une
affection particulière et s’en inspira.
À ceux qui penseraient que l’union aux souffrances du Christ n’est qu’une
expérience mystique, il conviendra qu’ils se reportent au chapitre
53 d’Isaïe : il traite de l’Homme
de douleurs à qui les âmes victimes se conforment.
Nos auteurs auraient gagné aussi à lire le calendrier
mystique de
Maria Valtorta qui ne laisse aucun doute sur la vocation d’âme victime.
"Hostia Deo grata (Hostie agréée par
Dieu)" proclame l’une des inscriptions sur sa tombe de la Santissima
Annunziata de Florence, un haut-lieu des Servites de Marie qui l’honorent
comme une "servante de Dieu".
Le professeur Francesco Marciante de l’Université
de Palerme a récemment établi que Maria Valtorta était tout sauf une
"aliénée" (voir sa conférence en italien =>).
Oui, Pie XII a personnellement lu et
encouragé l'œuvre de Maria Valtorta.
Haut de page.
Nos auteurs l’affirment : "Cette autorisation orale du pape
paraît invraisemblable : le pape n’aurait pu raisonnablement donner une telle
autorisation que s’il avait lu l’ouvrage et s’était assuré de son orthodoxie
; mais comment le pape aurait-il trouvé le temps de lire ces 10 000 pages
?"
Que Pie XII ait lu l’œuvre de Maria Valtorta et en ait publiquement encouragé
la publication, est en effet gênant pour qui veut la censurer. Le Pape est
l’autorité suprême en la matière. Et aucun censeur ne peut censurer le Pape.
Mais l’Osservatore romano l’atteste : les trois servites de Marie (osm),
dont le confesseur de Maria Valtorta, furent bien reçus en audience par Pie
XII le 26 février 1948. Ce sont les trois
témoins qui en certifient l’objet et la teneur.
La lecture personnelle du Pape est attestée par plusieurs
autres sources ce qui fonde
l’authenticité historique (multi assertions).
Pie XII n’a pas lu 10.000 pages comme nos auteurs l’affirment. Le manuscrit dactylographié
de Maria Valtorta, qu’il eut sur son bureau, faisait "presque quatre
mille pages" comme le précise l’article de l’Osservatore romano.
Une telle œuvre est pourtant modeste. Le journal mystique de sainte Véronique
Giuliani (1660-1727) comporte 22.000 pages
manuscrites. Les écrits de la Vénérable Conception
de Armida (1862-1937), aux œuvres si
prolifiques, en couvrent 65.000.
Maria Valtorta écrivit 13.193 pages de cahiers
d’écolier en sept ans. Les dictées pour notre temps, qui complètent les
visions de la vie de Jésus, ne furent jamais
sanctionnées par l’Église. Il n’y eut que les visions de la vie de Jésus qui
le furent et seulement pour un défaut d’imprimatur. Et non une hérésie, une inconvenance ou des erreurs
quelconques comme l’agitent les opposants. De plus, on sait désormais que ce
défaut d’imprimatur fut une affaire montée de toute pièce par quelques
membres du Saint-Office qui avaient fini par se croire au-dessus du Pape. Il
s’agit donc d’une forfaiture trahissant la confiance du Pape à son insu et
leurs missions.
En effet, l’avis du Pape, même émis à titre privé, ne valaient rien pour ces
censeurs qui avouent naïvement passer outre dans l’article qu’ils écrivirent
plus tard.
Les sources qui attestent tout cela ne peuvent être écartées par nos auteurs.
Oui, un des censeurs de Maria Valtorta a été
licencié par Pie XII.
Haut de page.
Nos auteurs affirment : "le Saint-Office a interdit
définitivement (sans correction possible) l’œuvre un an plus tard, en février
1949".
On cherche vainement, depuis près de soixante-dix
ans, la moindre trace de cette condamnation intervenue en février 1949. Toutes les condamnations du
Saint-Office sont pourtant répertoriées, archivées, publiées dans les Actes
officiels du Saint-Siège (Acta Apostolicae Sedis =>). Il n’y a rien dans ces registres, pas la moindre trace entre 1948 et 1960, date
de la mise à l’Index.
Le Père Girolamo Berruti (op), qui commente la mise
à l’Index en 1960, est incapable de retrouver le moindre document. Il n’a que
le souvenir imprécis d’une altercation à laquelle il avait participé environ dix ans plus tôt, car effectivement il y eut une
altercation. Mais manœuvre de couloirs n’est pas décision du Magistère.
Le détail de cette affligeante histoire n’est rapporté que par les sources
valtortiennes, et seulement elles. Les mêmes
qui attestent l’imprimatur de Pie XII. Puisque les deux sont liés, il faut
choisir de donner raison à l’une des parties : je choisis le Pape contre
le censeur.
Est-il concevable qu’un censeur outrepasse le jugement du Souverain Pontife
dont il dépend ? Oui, hélas !
On passera sur le récit du guet-apens tendu au Père Berti pour tenter de détruire, en dehors
de toutes procédures canoniques, le manuscrit de Maria Valtorta : il est la honte
d’un autre temps.
Mais Mgr Giovanni Pepe, l’un des deux
censeurs impliqués, récidiva. Il mit à l’Index, en août 1952, des écrits
parlant de Padre Pio. Il le fit sans l’aval du Saint-Père pourtant Chef du
Saint-Office. Ce qu’apprenant, le Saint-Père fit publier une atténuation
(O.R. 4-5 août 1952) et interdit que la condamnation, pourtant publiée, soit
inscrite dans les Actes du Saint-Siège.
Il demanda la démission du commissaire, terme pudique pour dire qu’il le licencia.
Ce camouflet explique la rancœur des collègues de Mgr Pepe, antimystiques
convaincus. Ils trouvèrent leur revanche après la mort du souverain-Pontife.
En 1956, le premier tome des visions de Maria Valtorta est publié. Rien ne se
passe et pour cause : Pie XII est encore vivant. Mais en 1959, un an
après la mort du Pape, le couperet tombe, l’œuvre est mise à l’Index pour
défaut d’imprimatur.
Oui, la censure est censurée.
Haut de page.
La censure est contemporaine du
Christ. C’est déjà une lutte incessante contre ceux qui, dépositaires d’un pouvoir,
s’opposent aux motions de l’Esprit saint. Persuadés de défendre la Loi, dont
ils s’estiment seuls garants par mandat sacré, ils la déforment et
l’enferment. C’est dans l’Évangile.
Après l’Ascension et la Pentecôte, ils sont déjà dans l’Église au plus proche
du Magistère. Ils tentent de s’opposer à Paul quand celui-ci vient exposer
"en privé" l’Évangile qu’il annonce depuis plusieurs années. Il l’a
reçu, non d’un homme, mais directement de Dieu, par révélations. Paul a des
mots très durs à l’encontre de ces censeurs : espions, intrus,
faux-frères.
Dans la suite, on les retrouve encore : toujours persuadés de défendre
par eux-mêmes la Loi éternelle, ils méprisent, condamnent, emprisonnent ceux
qui reçoivent du Ciel visions et révélations. Il n’est pas de vies de
mystiques, grands ou petits, qui ne rapportent leurs tentatives violentes de
barrer le chemin aux dons du Ciel. Ce cortège des saints et des Docteurs de
l’Église n’a souvent trouvé compréhension et réconfort humains que dans les
Souverains-Pontifes et dans la foule des fidèles.
Dans notre époque, on voit toujours les censeurs "persécuter" Padre
Pio, condamner les révélations de sainte Faustine, s’opposer à la béatification d’Yvonne-Aimée de
Malestroit. Toujours persuadés que par mandat divin direct, ils sont les
seuls détenteurs et les seuls remparts de la Vérité.
L’Esprit saint, inspirant le concile, a arraché des mains des chefs de
corvée, le fouet qui martyrisait ses serviteurs. L’Index a été supprimé,
complètement. Les pasteurs doivent désormais éclairer la conscience mature
des fidèles. Cela les contraint donc à justifier, autrement dit montrer ce
qui est juste et en quoi ils disent juste. C’est l’inspiration initiale de l’Index, vite transformé en instrument
de pouvoir.
Ce qui va suivre démontre l’absolue nécessité de cette justification.
Jean-Paul II, en promulguant le Catéchisme
de l’Église catholique, rappelait ce vœu de l’Esprit saint repris par les
Pères conciliaires :
Mieux garder et mieux expliquer le dépôt précieux de la
doctrine chrétienne, afin de le rendre plus accessible aux fidèles du Christ
et à tous les hommes de bonne volonté. Pour cela, le Concile ne devait pas
d’abord condamner les erreurs de l’époque, mais il devait avant tout
s’attacher à montrer sereinement la force et la beauté de la doctrine de la
foi.
Cinquante ans auparavant, les écrits
de Maria Valtorta y participaient déjà et les treize accusations retenues par
nos interlocuteurs vont fournir l’occasion de l’illustrer.
2 - Contre-argumentation sur les jugements émis.
Passons maintenant aux
"quelques exemples des erreurs et inconvenances de ce livre". Il y
en aurait huit. Puis des "contradictions" avec l’Évangile : il
y en aurait cinq.
À part une citation, la brièveté de leur énoncé ne permet pas au lecteur de
juger de leur pertinence. Dire "c’est faux !" n’est qu’une
dénégation péremptoire, non un argument fondé.
Contredire ces condamnations à l’emporte-pièce me demandera donc d’exposer
les éléments de jugement que chacun appréciera. Cela peut sembler long, mais
on gagne toujours une plus grande compréhension des choses du Ciel dans la
confrontation des points de vue.
Oui, les visions mènent à Dieu.
Haut de page.
Erreur ou inconvenance n°1 :
"Notre-Seigneur pense que la
parole fatigue maintenant, et qu’il faut recourir aux visions… de Maria
Valtorta".
Voilà une savante ambiguïté propre à semer le doute : Jésus dirait-il à
Maria Valtorta que ses visions doivent remplacer l’Évangile ? En
réalité, il s’agit du contraire : mieux faire connaître et défendre
l’Évangile éternel. C’est explicitement dit dans les raisons de cette œuvre (Voir
l’Adieu à l’œuvre =>).
Laquelle de ces raisons exposées nos auteurs peuvent-ils rejeter ?
Aucune !
Qui pourrait nier que Jésus brosse là un portrait spirituel pertinent de
notre époque ? Personne !
Oui, dans une époque d’apostasie généralisée les discours n’ont plus de
prises sur un peuple qui s’en fatigue ou les repousse. Il suffit de voir
comment certains rejettent la parole du Vicaire du Christ ou les motions de
l’Esprit saint.
Il y a un siècle, alors que l’anticléricalisme faisait rage, Jésus inspire
une simple carmélite de Lisieux, sans connaissances spécifiques, mais avec un
cœur aux dimensions de Dieu. Son simple journal enflamme la chrétienté en
quelques années.
Dieu n’est pas devenu muet après l’Ascension : Il est avec nous tous les
jours jusqu’à la fin des temps. Il répand son Esprit sur ses plus humbles serviteurs et
servantes en leur confiant des vérités cachées aux sages et aux
savants.
Les écrits de Maria Valtorta s’inscrivent dans cette irrigation des cœurs
desséchés : des Papes, comme des saints et des bienheureux qui les
recommandèrent, l’ont bien
compris. Ils en constatèrent les fruits sur eux-mêmes et sur le peuple
assoiffé d’une Parole qui ne leur parvient plus que difficilement.
Depuis des décennies, une société d’édition ne vit, par choix vocationnel,
que d’une seule auteure, cas unique dans l’édition et démonstration qu’il ne
s’agit pas d’un "roman" écrit par une malade mentale.
Oui, l’Arbre de Vie de l’Eden est aussi un
symbole.
Haut de page.
Erreur ou inconvenance n°2 :
"L’arbre de vie au paradis
terrestre n’est qu’un symbole".
Je ne sais quel arbre fruitier était l’arbre de vie au milieu du Paradis
terrestre, car la Genèse ne le précise pas. Dans les dictées reçues par Maria
Valtorta, on ne parle que de l’arbre, ou plutôt des arbres, car il y en a
deux : l’Arbre de vie et l’Arbre de connaissance du bien et du mal.
Pour Maria Valtorta (voir le passage =>), comme pour l’Écriture (et donc l’Église), l’arbre de
vie n’est pas qu’un arbre fruitier. Il en est question dans le dernier
chapitre de l’Apocalypse : c’est la récompense des justes. Pour le Livre des Proverbes, c’est la contrepartie de
l’accueil de la Sagesse.
Saint Bonaventure (1217-1274), Docteur de l’Église, en a fait une méditation
très célèbre : L’Arbre
de Vie. Il est question du Christ et pas
de botanique.
Maria Valtorta s’insère naturellement dans cette conformité à l’Écriture et à
l’Église : Dans une dictée, Jésus développe une catéchèse au-delà de la
flore paradisiaque chère à nos interlocuteurs : Il éclaire les paroles
de l’Écriture : "Je suis
l’arbre de vie éternelle"
et explique pourquoi.
Comment Maria Valtorta, grabataire, a-t-elle pu tomber si justement, elle qui
ne reçoit sa première Bible qu’à 47 ans, au moment de ces dictées ?
Oui, la luxure est issue du péché d’Adam et
Ève.
Haut de page.
Erreur ou inconvenance n°3 :
"le péché d’Adam et d’Ève a
consisté dans l’usage du mariage dans un esprit de luxure".
En commentant l’Écriture, l’Église affirme,
dans son Catéchisme (CEC § 2514 et
2515), que la triple
concupiscence dénoncée par saint Jean, vient de la faute originelle : concupiscence
de la chair, concupiscence des yeux, et orgueil de la vie. Elle ne vient pas
de Dieu et s’oppose à l’Esprit rajoute saint Paul.
Si on doutait un seul instant que la luxure soit directement liée à la faute
originelle, comme l’affirme Jésus dans Maria Valtorta, il suffirait de
(re)lire la Genèse. Une fois la faute commise, Adam et Ève découvrent leur nudité sexuelle qui leur fait
honte : c’est bien le sexe qu’ils se couvrent d’un pagne (Genèse 3,7). La procréation désormais intra utérine, à l’opposé de
ce qu’elle devait être, se fera selon la loi des mammifères (Genèse 3,16). La relation sexuelle sera à l’identique des
bêtes : dominée par le mâle en rupture avec la création égalitaire et
respectueuse, image de Dieu (Genèse 1,27)
car l’Homme a régressé dans l’ordre de la Création.
Le désir concupiscent attaché aux plaisirs sensuels qui fit voir le fruit
défendu "savoureux, agréable à regarder et désirable" (Genèse 3,6), était passé par là.
Oui, sainte Anne eut une maternité
extatique.
Haut de page.
Erreur ou inconvenance n°4 :
"sainte Anne enfanta sans
douleur".
Il faut croire que l’obstétrique divine avait déjà inventé l’accouchement
sans douleur, mais elle n’a rien à voir avec l’affirmation de nos auteurs.
Toutes les femmes, dit Jésus dans Maria Valtorta, connaissent les douleurs de
l’enfantement selon l’antique prophétie de la Genèse.
Anne, sur le point d’accoucher de la Vierge Marie, n’y
échappe pas : "L'unique souffrance de mes derniers
moments de grossesse, dit-elle. C'est la
souffrance de tous : hommes et bêtes."
Mais cet accouchement est extatique :
J'éprouve cette grande paix que j'ai éprouvée au Temple quand
me fut faite la grâce et que j'ai ressentie aussi quand j'ai su que j'allais
être mère. C'est comme une extase. Une douce somnolence corporelle pendant
que l'esprit jubile et s'apaise en une paix à laquelle rien n'est humainement
comparable.
Dieu, à qui rien n’est impossible,
fit encore mieux quand, à son tour, Marie enfanta Jésus. Pourtant l’Évangile
n’en dit rien, bien que l’Église proclame la virginité perpétuelle de
Marie.
Oui, la Vierge Marie a vanté son humilité.
Haut de page.
Erreur ou inconvenance n° 5 :
"Notre-Dame se vante de son
humilité et de son calme".
C’est vrai. Elle le dit dans le Magnificat : "(Dieu) s’est penché
sur son humble servante ;
désormais, tous les âges me diront bienheureuse".
Elle affirme de plus que les générations à venir la loueront : vanité
pour certains, merveilles de Dieu pour tout le reste.
Dans Maria Valtorta, la Vierge Marie ne fait que reprendre cette exultation
divine (voir un des passages =>). Mais contrairement au subtil amalgame de nos auteurs,
c’est la Vierge Marie qui, en 1944, commente à Maria Valtorta sa vie en
Palestine pour notre plus grand bonheur. Elle fait donc, - mais avec quelle
lumière ! – ce qu’a fait l’Église depuis 2.000 ans.
La prière de Saint Bernard de Clairvaux (1091-1153), Docteur de l’Église, n’est pas plus une
flagornerie que ne sont les Litanies de la Sainte Vierge, mais la louange de l’Église aux vertus de la Vierge
Marie.
Oui, La Vierge Marie a racheté les femmes
par sa maternité.
Haut de page.
Erreur ou inconvenance n°6 :
"elle dit avoir racheté les femmes
par sa maternité".
Cette vérité est résumée dans un célèbre chant grégorien qui attribue à Marie
d’avoir changé Eva (Ève) en Ave. L’Annonciation est le moment de
l’Incarnation et donc de la maternité de Marie, née immaculée.
Ave
maris stella,
Dei mater alma
Atque semper virgo
Felix caeli porta.
Sumens illud ave,
Gabrielis ore
Funda nos in pace
Mutans Evae nomen.
|
Salut,
étoile de la mer,
Mère nourricière de Dieu
Et toujours vierge,
Bienheureuse porte du ciel.
En recevant cet ave,
De la bouche de Gabriel,
Et en changeant le nom d’Ève
Établis-nous dans la paix.
|
Commentant la naissance de Jésus à
Maria Valtorta, Marie explique l’efficacité salvatrice de sa maternité divine
(voir le passage correspondant =>). Erreur, disent nos auteurs ?
Dans Litanies de la Sainte Vierge commentées par Bossuet, que Mgr Marcel
Lefebvre recommande explicitement, il est dit :
La sainte Vierge est l'Eve de la nouvelle alliance,
c'est-à-dire la vraie mère de tous les vivants, et Dieu lui a voulu donner la
même part dans notre salut qu'Eve a eue dans notre perte […] C’est ainsi que tout l'ouvrage de la
Rédemption est attribué à sa manière à la sainte Vierge, par laquelle le Père
éternel nous a donné son Fils notre Sauveur. C'est ainsi qu'on unit les
louanges de cette Vierge Mère avec celles de son Fils, et même avec celles de
toute la très-sainte Trinité.
On est sûr que Maria Valtorta
n’avait pas lu Bossuet. Comment en connaissait-elle le contenu plus
précisément que nos interlocuteurs ?
Oui, l’âme de la Vierge Marie a vu Dieu.
Haut de page.
Erreur ou inconvenance n°7 :
"elle a vu Dieu lors de sa création".
En quoi est-ce une incongruité ? Sainte Hildegarde de Bingen
(1098-1179), Docteure de l’Église, affirmait que l’âme se souvient de son
origine divine, comme saint Augustin d’Hippone (354-430), lui aussi
Docteur de l’Église.
Il est certain, cependant, que la Vierge Marie fille de prédilection de Dieu,
Mère de Dieu et épouse de Dieu, a eu un degré de souvenance que nous n’avons
pas, du moins pour ma part et, apparemment aussi, pour nos auteurs.
Oui, Satan s’est incarné en Judas.
Haut de page.
Erreur ou inconvenance n°8 :
"Satan s’est incarné en
Judas".
Effectivement : Judas, par sa libre volonté, laisse Satan vivre
totalement en lui. Il ne s’agit plus de la possession dont la Parole de Dieu délivre
comme le démontrent l’Évangile et le rituel de l’exorcisme, mais de la fusion
intime de la volonté de Satan avec celle de Judas.
Dieu a pris chair en moi : Jésus. Satan a pris chair en Judas […]
J’ai dit que la possession est la contagion de Satan, qui inocule son poison
dans l’être et le dénature. J’ai dit que c’est l’union d’une âme avec Satan
et avec l’animalité. Mais la possession est encore peu de chose par rapport à
l’incarnation. Je serai possédé par mes saints, et eux seront possédés par
moi. Mais c’est seulement en Jésus‑Christ que Dieu est tel qu’il est au
Ciel, car je suis le Dieu fait chair. Il
n’y a qu’une incarnation divine. De même, c’est en un seul homme que sera Satan, Lucifer, tel qu’il est dans son
royaume, car c’est seulement dans l’assassin du Fils de Dieu que Satan s’est
incarné. Pendant que je te parle, cet homme se tient devant le
Sanhédrin : il s’occupe de mon meurtre et s’y emploie. Mais ce n’est pas
lui réellement : c’est Satan (Adieu à Lazare).
Saint Jean Chrysostome (344-407),
Docteur de l’Église, ne disait pas différemment : Dans ses Homélies sur saint Matthieu, il affirme : Satan a assujetti entièrement Judas.
La volonté de Judas s’est unie à celle de Satan dans une même coopération.
Cette coopération qui se subordonne totalement à une volonté qui lui est
supérieure, a été décrite par le concile de Constantinople III. Il s’agissait alors de préciser l’Incarnation divine
dont l’opposé (Satan/Juda) est décrit ici par Jésus.
L’Enfer, ou appartenance complète et éternelle à Satan, est le fruit d’une
décision, non d’une punition. Et dans l’Enfer, Dieu est définitivement et
complètement absent. C’est ainsi que Lucifer, le plus beau des anges, est
devenu Satan.
Oui, Jésus a eu soif.
Haut de page.
Accusation n°9 :
En contradiction avec l’Évangile,
"Notre Seigneur aurait sucé avec avidité le fiel présenté par le
soldat"
"J’ai soif" est la cinquième des sept paroles de Jésus en Croix. On
lui présente une éponge imbibée d’une boisson vinaigrée disent les
évangélistes. Il n’y a pas d’autres moyens, quand on est crucifié, que de
sucer l’éponge pour étancher une soif insupportable.
Maria Valtorta précise : du "vinaigre avec du fiel". Elle
décrit ainsi parfaitement la posca, une boisson désaltérante et antiseptique du
légionnaire. Elle était composée d’eau coupée de vinaigre auquel on rajoutait
parfois soit de la myrrhe (le sopor), soit du fiel (l'opium), ce qui était
censé atténuer les souffrances. Ceux qui tendent à Jésus une éponge imbibée
de posca
au fiel font un geste de compassion. Une attitude que confirment les paroles
d’un romain selon l’Évangile.
De quoi nos auteurs s’étonnent-ils ? Que Jésus suce avidement l’éponge
qu’on lui présente ? Que Maria Valtorta soit confirmée par les sources historiques ?
Ou que les soldats soient pris de compassion ?
Oui, dans l’angoisse de la mort, Jésus
cherche l’affection de sa Mère.
Haut de page.
Accusation n°10 :
En contradiction avec l’Évangile,
"sur la croix, Notre-Seigneur ne cesse d’appeler "Maman !" et
elle de répondre : "Oui, mon trésor, je suis ici".
Il est vrai que cela n’est pas rapporté par le Nouveau Testament, comme ne le
sont pas non plus l’Assomption de la Vierge Marie, le voile de Véronique que
l’on honore à la sixième station du chemin de croix, ou les noms des parents
de la Vierge Marie que nos interlocuteurs viennent pourtant de citer.
Il est vrai aussi, qu’au pied de la Croix, ne sont présents que les saintes
femmes, l’apôtre aimé de Jésus et beaucoup d’autres disciples venues de
Galilée. Les autres apôtres se sont enfuis.
Cela illustre, pour nous, la relation privilégiée de la femme à l’amour
compatissant. Amour courageux que l’on retrouve dans la proportion des
stigmatisés : elles sont six fois plus nombreuses que les hommes à suivre ainsi Jésus dans sa Passion, totalement, par
amour pour le Souffrant.
Une vertu qu’on ne retrouve pas chez ceux qui ignorent que des hommes, dans
l’angoisse de la mort, puissent appeler leur mère.
Mgr Lefebvre jugeait qu’une "vie de Jésus" risque de le rendre trop
humain. Mais c’est bien l’Humanité qui est alors en Croix. Homme broyé par la
souffrance, abandonné de Dieu, rejeté des hommes, Jésus, dans sa prière, se souvient
alors de l’amour maternel.
Oui, Marie a pleuré de douleur au Tombeau.
Haut de page.
Accusation n°11 :
En contradiction avec l’Évangile,
"Notre-Dame se fâche, crie et délire "presque" après la mort
de son Fils".
Pour certains, Notre-Dame des sept-douleurs ne put avoir qu’une attitude
hiératique conforme aux pieuses images saint-sulpiciennes. Sa douleur de mère
ne peut être que tact et retenue. Puisqu’elle était sainte, elle ne pouvait
souffrir la terrible déchirure des mères qui tiennent leur fils mort entre
leurs bras !
Mais pour d’autres, Marie, au calvaire, souffrait des douleurs totales, analogues à
celles de son fils : le Christ répandait douloureusement le sang du
corps, elle répandait le sang du cœur, disait Arnauld de Chartres. Ce cœur
qui avait bercé Jésus et lui avait évité toutes souffrances.
Les pleurs et les cris de douleurs de la mère qu’on arrache du tombeau qui
lui prend son fils, sont-ils l’hystérie que nos auteurs caricaturent ?
Le lecteur en jugera par lui-même (voir le chapitre concerné =>).
Oui, Jésus est venu aussi pour les
"prostituées".
Haut de page.
Accusation n°12 :
Inconvenance, "sans parler de
nombreuses sensualités qui parsèment l’ouvrage".
Oui, Jésus laisse les "prostituées" s’approcher de lui et même lui
caresser les pieds et la tête. C’est dans l’Évangile, comme dans Maria Valtorta (voir le
chapitre concerné =>). Jean,
l’apôtre que Jésus aimait, a la tête sur la poitrine de Jésus au banquet de
la dernière Cène.
On ne peut le nier. On ne peut seulement qu’espérer changer le regard de ceux
qui lisent ces faits, car l’œil est la lampe du corps.
Le Père Kevin Robinson, de la FSSPX lui aussi, avait un tout autre regard que
nos auteurs. Pour lui, la vie de Jésus de Maria Valtorta :
est vraiment le remède du sentimentalisme en matière de foi. Ce
n'est pas plus sensuel que les œuvres de saint Ignace, qui encourage l'utilisation
des cinq sens, plus l'imagination, dans ses Exercices Spirituels.
Oui, Jésus s’est réjoui que Pierre découvre
la puissance du nom de Marie.
Haut de page.
Accusation n°13 :
Inconvenance, Voici maintenant un extrait du tome 3 (EMV 199, c. 60, p. 353 =>) de l’édition française, qui
rapporte une plaisanterie
malsonnante, et même tout à fait choquante,
que “Jésus” ferait à “saint Pierre”.
Bossuet, dont la lecture est
recommandée par Mgr Marcel Lefebvre, disait :
Marie est mère de Dieu pour tout obtenir et mère des hommes
pour tout accorder.
Pour sa part, saint
Alphonse de Liguori, Docteur de l’Église
(1696-1787), reprenant la tradition antérieure, explique ainsi ce rôle :
De Marie nous avons reçu Jésus-Christ, la source de tout bien
[…] À partir de la naissance de Jésus-Christ, et cela en vertu d'un décret
divin, toutes les grâces provenant de ses mérites furent distribuées aux
hommes, le sont actuellement, et le seront jusqu'à la fin du monde, par les
mains et moyennant l'intercession de Marie.
Et il précise, par une
métaphore :
Marie n’en est pas la source, mais le canal de ces grâces.
Dans l’épisode qui choque l’auteur
de l’article (ce qu’il m’a confirmé), c’est la puissance du nom de Marie qui se
trouve illustrée avec d’autres éléments. Cette vérité sublime de l’Église à
venir est mise instinctivement en pratique par Pierre, le futur continuateur
du Christ comme le rappelle ici la Vierge Marie. Cela fait exulter Jésus qui
exprime sa joie par une boutade.
En découvrant cette réaction offusquée, qui n’est pas du tout la mienne, je
n’ai pu m’empêcher de penser au personnage qu’interprète Feodor
Chaliapin dans le film "Au nom de la
rose". Un maître qui interdit et sanctionne le rire.
On touche cependant là des perceptions qui trouvent leurs racines, non dans
l’Évangile ou l’enseignement de l’Église, mais dans le vécu de chacun. Je me
garderais donc de les contredire.
3 - Valeur et limite du témoignage de Mgr Marcel Lefebvre.
Mgr Lefebvre, lors d’une retraite de
son mouvement, en septembre 1986, (4e instruction), exprime sa réserve
vis-à-vis de Maria Valtorta :
Nous avons avantage à (…) ne pas nous attarder trop aux faits
divers de la vie de Notre Seigneur. C’est en cela peut-être que ces vies qui
ont été faites de Notre Seigneur, (…) ces livres qui se présentent comme des
révélations de la vie de Notre Seigneur, à mon sens, peuvent être un danger,
parce que justement elles représentent Notre Seigneur d’une manière trop
concrète, trop dans les détails de sa vie. Je pense bien sûr à Maria Valtorta. Et peut-être pour
certains cette lecture peut faire du bien, elle peut approcher de Notre
Seigneur, essayer de se figurer ce que pouvait être la vie des apôtres avec
Notre Seigneur, la vie à Nazareth, la vie dans les visites que faisait Notre
Seigneur dans les cités d’Israël. Mais il y a un danger, un grand danger :
trop humaniser, trop concrétiser et pas suffisamment
montrer le visage de Dieu, dans cette vie de Notre Seigneur. C’est là un
danger. Je ne sais pas s’il faut tellement recommander à des personnes qui ne
sont pas averties la lecture de livres comme cela. Je ne suis pas certain que
cela les élève tellement et leur fasse connaître vraiment Notre Seigneur tel
qu’il était, tel qu’il est, tel que nous devons le connaître, le croire.
Maria Valtorta est donc en vogue
dans son mouvement puisqu’il prend le temps de la commenter. Il ne parle pas
de la mise à l’Index chère à nos interlocuteurs. Dans sa bouche, il aurait
d’ailleurs été exclu qu’une œuvre condamnée puisse "faire du bien".
Il désapprouve par contre sa lecture. Pourquoi ? "Parce que
justement elles représentent Notre Seigneur d’une manière trop concrète, trop
dans les détails de sa vie". Et quel danger courre-t-on à connaître les
détails de la vie publique de Jésus ? "Trop humaniser, trop
concrétiser et pas suffisamment montrer le visage de Dieu, dans cette vie de
Notre Seigneur".
Pour Mgr Marcel Lefebvre, le Jésus de Maria Valtorta est trop
humain. Mais pour nos censeurs à qui les dominicains d’Avrillé et l’abbé
Herrbach se sont référés, c’est exactement le contraire : il trop
divin ! Il passe son temps à se proclamer le Messie et à donner des
leçons de théologie la plus en pointe.
Entre les deux à qui l’Église et l’Écriture donnent-elles raison ? Ni à
l’un, ni aux autres, mais à un Jésus qui, «en condition de Dieu s’est abaissé
jusqu’à être reconnu comme un homme et à mourir sur une croix».
C’est dans un judaïsme alors sous domination romaine que Jésus est né d’une
femme de la race de David. Il a été fils de la Loi tout en se proclamant Fils
de Dieu. C’est l’humble Maria Valtorta qui voit juste. Son œuvre magistrale
est bien le «chant de l’homme-Dieu» ou «l’Évangile tel qu’il nous fut
révélé», selon ses titres successifs.
Il y a danger à lire la vie de Jésus de Maria Valtorta, dit Mgr Lefebvre.
Mais, finalement, n’y-a-t-il pas un danger plus grand à ne pas la lire ?
L’annonce prophétique de Léon XIII et de Pie
XII.
Haut de page.
Depuis notre dialogue, l’auteur de
l’article a rajouté "les bons livres" qu’il faut lire, selon Mgr
Marcel Lefebvre, pour se désintoxiquer des écrits de Maria Valtorta. Il n’y a
rien à redire sinon à s’interroger : pourquoi ceux-là et pas les
autres ?
Avec la recension de Ludolphe le
Chartreux (1300-1377), on aurait pu citer
celle d’Eusèbe de Césarée (265-339), témoignage des premiers temps
apostoliques. Celle de Jacques de Voragine (1228-1298)
surprend de la part de Mgr Lefebvre car la recension récapitule tout, y
compris les pieuses légendes issues des écrits apocryphes.
Pourquoi ne citer que Dom Paul Delatte
(1848-1937) et Dom Columba Marmion
(1858-1923) ? Et pourquoi pas
Dom Prosper Guéranger (1805-1875) ou Mgr Jean-Joseph Gaume (1802-1879) de la
même époque ?
Le choix s’arrête au seuil du XXe siècle. À cette époque, on trouve L’Histoire d’une âme qui rompt avec
les censures et les anathèmes du Dieu Vengeur qui précipitent les peuples
dans l’anticléricalisme militant. Thérèse de Lisieux, humble carmélite
(1878-1897) s’offre en holocauste à l’Amour Miséricordieux. À la place des
foudres du Ciel que manient les censeurs, elle déclare :
Ma vocation c'est l'amour. Dans le cœur de l'Église je serai l'amour.
La masse des fidèles n’hésite
pas : en quelques années elle choisit l’Amour. C’est un raz-de-marée et
la jeune carmélite, ignorée de son vivant, emplie les églises de sa statue.
Son existence correspond à l’époque où Léon XIII assiste à un dialogue entre
Dieu et Satan. À l’instar de Job, Satan demande à éprouver l’Église. C’est le
"siècle de Satan". Quatre-vingt-huit ans plus tard Paul VI
constate :
Que par quelque fissure la fumée de Satan est entrée dans le peuple de
Dieu.
Il désigne l’auteur des troubles :
Nous croyons à l'action de Satan qui s'exerce aujourd'hui dans le monde
précisément pour troubler, pour étouffer les fruits du Concile œcuménique, et
pour empêcher l'Église de chanter sa joie d'avoir repris pleinement
conscience d'elle-même.
Dans la suite de Pie XI qui eut la vision d’une nouvelle
Pentecôte, Pie XII
prophétise à son tour une Église renouvelée :
Nous avons
la ferme confiance que, dans un délai peut-être moindre qu’il ne serait
humainement prévisible, le mal pourra être arrêté dans sa marche. […] Nous
voulons que Jésus règne dans le monde. […] Nous prions que Jésus hâte le jour
qui doit venir où une nouvelle effusion
mystérieuse du Saint-Esprit enveloppera tous les soldats du Christ et les
enverra porter le salut parmi les misères de la terre. Et ce seront des jours
meilleurs pour l’Église et, à travers l’Église, pour le monde entier.
Le 19 septembre 1975, Jésus confie à
Don Ottavio Michelini :
J'ai dicté à Maria Valtorta, âme-victime, une œuvre
merveilleuse. De cette œuvre, Je suis l'auteur. Tu t'es rendu compte toi-même
des réactions rageuses de Satan.
Tu as constaté la résistance que beaucoup de prêtres opposent à cette œuvre
qui, si elle était - Je ne dis pas lue - mais étudiée et méditée, apporterait un
bien immense à tant d'âmes. Cette œuvre est source de sérieuse et solide
culture.
Mais à cette œuvre, est réservé un grand succès dans l'Église régénérée.
Chacun jugera si l’œuvre de Maria
Valtorta, écoulée à 4 millions de volumes et traduite en 30 langues est
l’œuvre d’une "aliénée" inculte et hérétique. Chacun jugera si
trois Papes, des saints, des bienheureux, des cardinaux et des évêques, ont
eu raison ou tort de répondre à l’invitation de Pie XII :
Publiez l'œuvre tel quelle. Il n’y a pas lieu de donner une
opinion quant à son origine, qu’elle soit extraordinaire ou non. Ceux qui
liront comprendront.
La certitude de la réponse est si
grande que Jésus invite à lire l’Œuvre donnée à Maria Valtorta y compris à
titre d’écrit humain :
Ouvrons donc pour eux un autre accès à la Source divine. C’est ainsi que le bon
Maître est celui qui porte la Bonne Nouvelle, la Parole de vie qui
« sort de ma bouche, [et] ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir
fait ce qui me plait, sans avoir accompli sa mission. » (Isaïe 55,11),
la Parole de vie, de salut, de lumière sur le chemin, de vérité d’amour pour
tous, reviendra vers les aveugles, les sourds, les estropiés et les
paralytiques, les lépreux, les fous et les morts, comme aussi vers les
assoiffés et affamés spirituels, pour ouvrir les yeux et les oreilles à la
Vérité, redonner leur agilité aux âmes estropiées et paralysées, guérir de
leur sensualité ceux qu’elle soumet à la lèpre du péché, rendre la raison aux
intelligences délirantes sous la possession démoniaque de doctrines
contraires à Dieu, ressusciter l’esprit de ceux dont l’âme est morte, nourrir
les affamés et désaltérer les assoiffés de moi et du Ciel afin que tous,
tous, tous puissent être rassasiés, même
ceux qui n’imaginaient pas me rencontrer en lisant un livre.
François-Michel Debroise,
Mercredi 22 juin 2016.
Mis à jour le jeudi 11 mars 2021
(Textes de la messe du jour :
Jérémie 7, 23-28.
Psaume 94 (95).
Luc 11, 14-23.)
|