Catéchèse du mardi 6 juin 1944
186/7> 29.6 - Marie
dit :
"Je t'avais promis que Lui serait venu t'apporter sa paix. Te
rappelles-tu cette paix qui était en toi au jour de Noël ? Quand tu m'as
vue avec mon Bébé ? Alors c'était ton temps de paix. Maintenant c'est
ton temps de peine. Mais, tu le sais désormais : c'est dans la souffrance que l'on gagne la
paix et toute grâce pour nous et pour le prochain.
Jésus-Homme
redevint Jésus-Dieu après les terribles souffrances de la Passion. Il
redevint la Paix. Paix dans le Ciel d'où il était venu et d'où maintenant il
répand sa paix sur ceux qui, dans le monde, l'aiment. Mais aux heures de la
Passion, Lui, Paix du monde, fut privé de cette paix. Il n'aurait pas
souffert, s'il l'avait possédée. Et il devait souffrir. Complètement
souffrir.
29.7 - Moi, Marie,
j'ai racheté la femme avec ma Maternité divine. Mais cela ne fut que le
début. de la rédemption de la femme. Me refusant à toute union humaine par le
vœu de virginité, j'avais repoussé toute satisfaction charnelle en méritant
ainsi la grâce de Dieu. Mais ce n'était pas encore suffisant. En effet, le
péché d'Ève était comme un arbre à quatre branches : orgueil, cupidité,
gourmandise, luxure. Et ces quatre branches devaient être coupées avant de
stériliser l'arbre jusqu'en ses racines.
29.8 - C'est en
m'humiliant jusqu'au plus profond de moi-même que j'ai vaincu l'orgueil. Je
me suis humiliée devant tout le monde. Je ne parle pas de mon humilité devant
Dieu. Elle est due au Très-Haut par toute créature. Son Verbe la possédait.
Je devais l’avoir, moi, femme. Mais as-tu réfléchi à toutes ces humiliations
que j'ai dû supporter, et sans me défendre, d'aucune manière, de la part des
hommes ?
Même Joseph, qui était juste, m'avait accusée
en son cœur. Les autres qui n'étaient pas justes, avaient péché en médisant
de ma grossesse, et la rumeur de leurs paroles était venue comme un flot amer
se briser contre mon honneur de femme. Ce furent les premières des
humiliations innombrables que ma vie de Mère de Jésus
et du genre humain me procurèrent. Humiliations de pauvreté, humiliations de
réfugiée, humiliations pour les reproches des parents et amis qui, ne
connaissant pas la vérité, taxaient de faiblesse ma conduite maternelle à
l'égard de Jésus, devenu jeune homme, humiliations pendant les trois années
de son ministère, humiliations cruelles à l'heure du Calvaire, humiliations
jusqu'à reconnaître que je n'avais pas de quoi acheter une place et des aromates
pour la sépulture de mon Fils .
29.9 - J'ai vaincu la
cupidité des premiers parents en renonçant d'avance à ma Créature.
Haut de page.
188> Une mère ne renonce jamais que par
force à sa créature. Si elle est réclamée à son cœur par la patrie, l'amour
d'une épouse ou Dieu Lui-même, elle se raidit contre la séparation. C'est
naturel. Le fils croît dans le sein maternel et on ne coupe jamais complètement
le lien qui tient sa personne unie à la nôtre. Même quand on a rompu le canal
vital de l'ombilic, il reste toujours un nerf qui part du cœur de la mère, un
nerf spirituel, plus vivant et plus sensible qu'un nerf physique et qui est
branché sur le cœur du fils. Et on le sent s'étirer à en faire souffrir si
l'amour de Dieu ou d'une créature, le devoir patriotique éloignent le fils de
la mère. Et il se brise en déchirant le cœur si la mort arrache un fils à une
mère.
Et moi, j'ai renoncé, dès l'instant que je l'ai eu, à mon Fils; Je l'ai donné
à Dieu, je l'ai donné à vous. Moi, du Fruit de mon sein, je me suis
dépouillée pour réparer la faute d'Ève du fruit dérobé à Dieu.
29.10 - J'ai vaincu la
gourmandise, celle du savoir et celle de la jouissance, en acceptant de
savoir uniquement ce que Dieu voulait que je sache, sans
demander à moi-même ou à Lui plus que ce qui m'avait été dit. J'ai cru, sans
chercher. J'ai vaincu la gourmandise de la jouissance car je me suis refusé
toute satisfaction sensuelle; Ma chair, je l'ai mise sous mes pieds. La
chair, instrument de Satan, je l'ai mise avec Satan, sous mon talon afin de
m'en faire un escabeau pour m'approcher du Ciel.
Le Ciel, mon but ! Là où est Dieu, ma seule faim, une faim qui n'est pas
gourmandise mais nécessité bénie par Dieu qui ne veut nous voir d'appétit que
pour Lui seul.
29.11 - J'ai vaincu la
luxure qui est la gourmandise portée jusqu'à la gloutonnerie. En
effet, tout vice non réfréné conduit à un vice plus grand. La gourmandise
d'Ève, déjà condamnable, l'a conduite à la luxure. Il ne lui a pas suffi de
se satisfaire seule, elle a voulu pousser sa faute jusqu'au raffinement. Elle
a connu la luxure et l'a enseignée à son compagnon. J'ai bouleversé les
termes, et au lieu de descendre, j'ai toujours monté. Au lieu de faire
déchoir, j'ai toujours attiré vers les sommets, et de mon compagnon, qui
était un homme honnête, j'en ai tait un ange.
Dès que je possédais Dieu, et avec Lui ses richesses
infinies, je me suis hâtée de me dépouiller en disant :
"Voilà : qu'elle soit faite pour Lui et par Lui ta volonté".
Chaste est celui-là qui possède la retenue, non seulement de la chair, mais
encore des affections et des pensées.
Haut de page.
189> Je devais être la
Chaste pour réduire à rien l'Impudique de la chair, du cœur et de l'esprit.
Je n'ai pas quitté cette retenue en ne disant pas même de mon Fils, qui était
uniquement à moi sur la terre comme il était uniquement à Dieu au Ciel :
"Celui-ci est à moi, je le veux".
29.12 - Pourtant cela ne
suffisait pas encore, pour rendre à la femme la paix perdue par Ève. Cette
paix, je vous l'ai obtenue au pied de la Croix, en voyant mourir Celui que tu
as vu naître. En me sentant arracher les entrailles au cri de ma Créature qui
mourait, je me suis vidée de tout féminisme : je n'étais plus chair,
mais ange. Marie, la Vierge unie comme épouse à l'Esprit, est morte à ce
moment-là. Il restait la Mère de la Grâce, celle qui par son tourment vous a
engendrés à la Grâce et vous l'a donnée. La femelle que j'avais reconsacrée en tant que femme la nuit de Noël, a acquis
au pied de la Croix le moyen de devenir la créature des Cieux.
Moi, j'ai fait cela, pour vous, en me refusant toute satisfaction, même
sainte. De vous, réduites par Ève à être des femelles pas supérieures aux
compagnes des animaux, j'ai fait, pourvu que vous le vouliez, les
saintes de Dieu. J'ai atteint ce sommet pour vous.
Comme Joseph, je vous ai portées vers les hauteurs. Le rocher du Calvaire est
pour moi le Mont des Oliviers. Là, j'ai pris mon élan pour porter jusqu'aux
Cieux, l'âme de nouveau sanctifiée de la femme, en même temps que ma chair,
glorifiée pour avoir porté le Verbe de Dieu, et j'ai supprimé en moi jusqu'à
la dernière trace d'Ève, la dernière racine de cet arbre aux quatre rameaux
empoisonnés et la racine enfoncée dans les sens qui avait entraîné à sa chute
l'humanité, et qui, jusqu'à la fin des siècles et jusqu'à la dernière femme,
vous mordra les entrailles. C'est de l'endroit où je resplendis dans le
rayonnement de l'Amour que je vous appelle et vous indique le Remède pour
vous vaincre vous-mêmes : la Grâce de mon Seigneur et le Sang de mon
Fils.
29.13 – Quant à toi, ma voix,
repose ton âme dans la lumière de cette première aube de Jésus pour avoir la
force au cours des crucifixions qui ne te seront pas épargnées, parce que
c'est ici que nous te voulons, ici où on arrive par le chemin de la douleur,
parce que c'est ici que nous te voulons où l'on monte d'autant plus haut
qu'on a supporté davantage de peine pour obtenir la Grâce au monde.
|