Vigilance de l’âme pour conserver la grâce.
Le refus de la grâce.
Considérations sur le but des souffrances.
RETOURS AUX FICHES.
Aide.
Amour.
Croix, crucifier.
Damnés,
damnation.
Grâce.
Lucifer.
Maria
Valtorta.
Mort.
Pardon.
Péché originel.
Spiritualité,
esprit.
Vengeance.
Vice,
corruption.
|
52> Tout d’abord, je veux vous
remercier ici d’avoir charitablement pensé de m’apporter la copie de la
supplication et d’avoir eu la bonté d’accepter mon feuillet avec tant de bienveillance .
53> Mais ce n’est pas “ma”
supplication. De moi, il n’y a que le travail d’écriture. L’idée n’est pas de
moi. Je ne suis pas assez sublime pour savoir tirer de mon cœur des pensées
de pardon si surhumaines.
Je vous ai dit hier que, pendant que je les
écrivais, et je sentais qu’elles étaient justes, je devais faire un véritable
effort moral pour les accepter. Comme vous aurez remarqué en lisant mes notes
sur ma vie, je ne possède absolument pas le caractère de Job. En tant que Maria Valtorta, je suis très
humaine, avec tout ce que cette humanité comporte de susceptibilité,
d’orgueil, de passions, etc. et, pour faire vivre la Maria de la Croix, je
dois me réduire moi-même en cendres à chaque instant pour pouvoir ensuite en
renaître, tel un phénix mystique, sous une nouvelle forme certainement plus
agréable à Dieu.
Quand la “voix” me dit
: “Tu n’es rien; par toi-même, tu ne serais jamais capable de réussir quoi
que ce soit”, j’en suis tout à fait persuadée. Je ne me fais pas d’illusions
sur ma chair méprisable et sur ma nature spirituelle embryonnaire. Je sais
que la première est folle comme un poulain au printemps, et l’autre est
tellement embryonnaire qu’elle n’est qu’une faible esquisse. Par conséquent,
j’encourage ma faiblesse et je freine ma matière avec la croix du Christ.
Seulement agrippée au Christ crucifié puis-je tenir mon âme droite, et
seulement en clouant ma chair avec des clous mortificateurs
bien rivés puis-je la garder là, subjuguée, impuissante à commettre ses
folies.
Ne disons donc pas “ma supplication”. Elle est d’un Autre. Je ne dois pas
m’approprier ce qui n’est pas à moi. Je m’en enorgueillirais, me mentant à
moi-même, au monde et à Dieu. Si ces paroles ont servi — et elles ne peuvent
pas ne pas avoir servi parce qu’elles venaient d’une zone de lumière, et
quelle lumière ! — rendons-en grâce à Dieu et c’est tout.
Il y a deux choses qui me font davantage
ouvrir les yeux et les oreilles pour épier le moindre mouvement de l’Ennemi
des âmes, lequel rampe, s’insinue et siffle son chant séducteur si
subtilement pour nous hypnotiser et nous avoir à sa merci. En premier lieu,
les tendances de la chair, si opiniâtre malgré tous les cilices; ensuite, les
montées de l’orgueil qui tente sans cesse de gonfler... Je sens
instinctivement que les unes et les autres meurent trois
jours après nous et que seule la bonté de Dieu et une grande, très grande
volonté de notre part, une volonté infatigable, prompte, vigilante, peuvent
les rendre inoffensives et les stériliser pour contrer chaque nouvelle vague
de germes corrupteurs.
Haut
de page.
54> Et je sens également que si je me
laissais enserrer par les anneaux des sens ou de l’orgueil, le présent état
de grâce cesserait d’un coup, avant, bien avant ce que veut mon Jésus qui ne
cesse de me tenir dans ses bras et de me murmurer des paroles de vie.
Vous pensez bien que je ne voudrais pas perdre cette béatitude par ma faute !
C’est elle qui m’empêche de sentir la morsure des vicissitudes humaines qui
me frappent et la double morsure des souvenirs qui m’assaillent. Tout coule
sur moi, tout se jette sur moi comme eau, flot, lame, mais aussi longtemps
que dure ma présente béatitude, je suis comme un bloc de cristal sur lequel
tout glisse sans laisser de trace, sans pouvoir pénétrer.
Le moment viendra où Jésus se taira et me
laissera aller. Patience ! Et alors ? Vais-je m’en plaindre ? Non. Certes,
j’en souffrirai mais j’accepterai la nouvelle épreuve, en continuant de
l’aimer même s’il me laisse seule. S’il le fait, il doit bien savoir
pourquoi. Et j’aurai alors sûrement plus de mérite à l’aimer que j’en ai
maintenant.
Qu’y a-t-il d’extraordinaire
à l’aimer maintenant qu’il m’aime si sensiblement
? À moins d’avoir le cœur de Judas, celui qui se sent aimé aime. Mais le plus
haut amour est celui qui sait continuer d’aimer même s’il croit ne plus être
aimé. Quand on agit ainsi avec les humains, on n’en tire jamais profit, ou
bien rarement. Mais avec le bon Dieu, on peut être sûr qu’une période encore
plus intense d’amour s'ensuivra, parce que Dieu nous récompense toujours
après nous avoir éprouvés, si nous avons su rester fidèles.
Jésus dit :
“Je continue à te parler de la grâce,
laquelle donne la vie de
l’esprit.
Lorsque Dieu créa le premier homme, il lui insuffla, en plus de la vie de la
matière, jusque-là inanimée, la vie de l’esprit. Autrement il n'aurait pu
dire qu’il vous avait créés à son image et à sa ressemblance.
Aucun d’entre vous ne peut imaginer la perfection de cette première créature.
Seulement nous, pouvons voir, dans l’éternel présent qu’est notre éternité,
la perfection de l’œuvre royale de notre intelligence créatrice. Si Adam
avait su rester roi tel que nous l’avions fait, avec pouvoir sur toute
chose et dépendant de Dieu seul, d’une dépendance de fils bien-aimé, sa
semence aurait été une semence de perfection perpétuelle. Mais un vaincu veillait
pour tirer sa vengeance.
Haut
de page.
55> Maria, toi qui dis que de ton cœur
ne pourraient sortir spontanément des pensées de pardon parce que ta nature humaine
t’inspire un esprit de vengeance et que tu sais
pardonner uniquement par égard pour moi, as-tu déjà pensé que ce fut cet
esprit de vengeance qui vous a ruinés, vous enfants d’Adam, et qui m’a
envoyé, moi, Fils de Dieu, sur la croix ?
Lucifer
- le plus beau parmi les êtres que j’ai créés - au fond du gouffre où il était
tombé, laid pour l’éternité à la suite de sa révolte blasphématoire contre
son Créateur, était assoiffé de vengeance. Au premier péché d’orgueil, il
joignit ainsi une interminable série de crimes, se vengeant pendant les
siècles des siècles. Et son premier acte de vengeance eut pour objet mes
créatures Adam
et Ève. Sa dent empoisonnée mit le signe
de sa bestialité dans la perfection de ma création, lui communiquant son
propre appétit de luxure, de vengeance, d’orgueil. Et depuis, votre esprit
lutte en vous contre le venin de l’infernale morsure.
Il arrive très rarement que l’esprit l’emporte sur la chair et le sang, et
qu’il donne un nouveau saint à la Terre et au Ciel. Quelquefois, l’esprit vit
péniblement, avec des périodes de léthargie pendant lesquelles c’est comme
s’il était mort; vous vivez et agissez alors comme des êtres privés de
lumière, de ma Lumière. D’autres fois l’esprit est littéralement tué par la
créature qui déchoit volontairement de son trône de fille de Dieu et devient
pire qu’une brute. Elle devient démon, fille de démon.
En vérité, je te dis que plus des deux tiers
de la race humaine appartiennent à cette catégorie qui vit sous le signe de
la Bête. Pour elle, je
suis mort en vain.
La loi de ceux qui portent le signe de la Bête est en
opposition à ma Loi. Dans l’une domine la chair qui
engendre les œuvres de la chair. Dans l’autre domine l’esprit qui engendre
les œuvres de l’esprit. Là où l’esprit domine est le règne de Dieu; là où
domine la chair est le règne de Satan.
L’infinie miséricorde qui anime la Triade a donné à votre esprit tous les secours
nécessaires pour dominer. Elle a donné le sacrement qui enlève le signe
de la Bête dans votre chair de fils d’Adam et qui y imprime mon signe. Elle a
donné ma parole de Vie, elle m’a donné, moi, Maître et Rédempteur, elle a
donné mon sang dans l’Eucharistie et sur la croix, elle a donné le Paraclet,
Esprit de vérité.
Haut
de page.
56> Celui qui sait demeurer dans l’Esprit
engendre les œuvres de l’esprit. Des créatures possédées par l’Esprit
jaillissent charité, douceur pureté, savoir et toute bonne œuvre unie à une
grande humilité. Des autres sortent, comme des vipères sifflantes, vices,
fraudes, crimes et luxures, car leur cœur est un nid de serpents infernaux.
Mais où sont ceux et celles qui savent tendre à la vie de l’esprit et se
rendre dignes d’accueillir en eux l’infusion vitale du Consolateur, lequel
vient avec tous ses dons, mais souhaite pour trône un esprit qui le désire,
prêt à le recevoir ? Non, le monde n’en veut pas de cet Esprit qui rend
justes et bons. Le monde veut le pouvoir à n’importe quel prix, la richesse à
n’importe quel prix, la satisfaction des sens à n’importe quel prix, toutes
les joies terrestres à n’importe quel prix; il rejette l’Esprit Saint, blasphème
contre lui et conteste sa vérité, se pare
d’habits prophétiques en disant des paroles qui ne sortent pas du sein de la
Très Sainte Trinité mais de l’antre de satan.
Et cela n’est pas et ne sera pas pardonné. Jamais. Et que ce ne soit
pas pardonné vous pouvez le voir. Dieu se retire dans le haut des Cieux
parce que les humains repoussent son amour et vivent pour et dans la chair.
Voilà les causes de votre ruine et de notre silence. Les tentacules de
Satan sortent des profondeurs; sur Terre, les humains se proclament dieux et
blasphèment contre le vrai Dieu; là-haut, le Ciel se ferme. Et c’est
encore dommage parce qu’en se refermant, il retient les foudres que vous
méritez.
Une nouvelle Pentecôte trouverait les cœurs plus durs et plus souillés
qu’une pierre embourbée dans un étang de boue. Restez donc dans la boue que
vous avez voulue, en attendant qu’un commandement, contre lequel il n’y a pas
de révolte, vous en tire pour vous juger et séparer les enfants de l’esprit
de ceux de la chair.
Haut
de page.
57> Et maintenant, Jésus, tiens-toi tranquille
et laisse-moi parler. Tu as dit tant de choses aujourd’hui que je n’arrive
pas à les transcrire toutes.
Et aux premières heures, j’étais si fatiguée et si souffrante que j’avais du
mal à suivre ta douce voix. Après, ç’a été mieux, mais maintenant la douleur
me reprend. C’est une heure de Gethsémani.
Pour qui est-ce que je souffre ? Quelle est l’âme qui a besoin de cette agonie
pour guérir, pour espérer, pour revenir à toi ? Je ne le saurai jamais ici-bas,
mais je suis convaincue qu’elle existe et que je dois boire cette coupe amère
à des fins d’expiation. Je le fais volontiers même si mes larmes sillonnent
mes joues. Mais laisse-moi pleurer sur ton cœur, car s’il est doux d’aimer
sur lui, il est doux d’y souffrir.
Toutes les tristesses viennent par vagues. Tu les connais sans que j’aie à
les énumérer, et tu sais aussi bien que moi ce qui se cache derrière cet
écran noir qui veut m’envelopper. Je ferme les yeux pour ne pas le voir. Je
fais comme les enfants qui ont peur dans l’obscurité. Et ce soir je suis
vraiment comme une pauvre petite fille seule dans un lieu sans lumière.
Chaque coin est un nid d’ombres qui assument des formes terrifiantes. Si je
ferme bien les yeux après t’avoir regardé fixement comme on regarde le
soleil, il ne reste que ton image sur le fond de ma rétine; si je me serre
très fort contre toi, je ne sens plus la solitude autour de moi dont peuvent
surgir tant de dangers. Je sens tes bras qui m’entourent et même si je
pleure, je n’ai plus peur.
Prends mes pleurs
ce soir. Je n’ai que ça à te donner en cette nuit de peine. Je ne te dis même
pas : “Enlève-moi cette peine”; je te dis seulement : “Que ta volonté soit
faite, mais aide-moi, Jésus”.
Oui, aide-moi, mon bon Maître. Ne me laisse pas tomber. Toute la douleur que
tu voudras, Seigneur, mais toujours près de toi. Je sais, je crois que c’est
pour un bien que je souffre ce tourment moral; je sais, j’espère qu’il n’est
pas sans quelque utilité; je sais que si je souffre paisiblement, sur ton
cœur, la paix restera en moi et la hargne du démon ne pourra la troubler. Je
te dis donc : me voici, par amour pour toi, prête à faire ta volonté...
Haut
de page.
58> Pas plus tard que ce matin, je
disais que ma présente béatitude m’empêchait de sentir la morsure des
vicissitudes humaines. Au contraire, ce soir j’ai senti l’âcre nécessité de
l’heure. Et j’en ai souffert beaucoup. Si j’avais souffert seule, ma
souffrance aurait été spasmodique. Mais sachant bien qu’aucun être humain ne
pouvait me consoler, je me suis adressée à toi avec foi. Tu les veux, ces
actes de foi aimante, compensation de tous les manques d’amour qui te nient.
Et tu récompenses aussitôt l’âme généreuse en lui donnant le réconfort.
Maintenant j’ai appris, et je viens tout de suite me réfugier en toi; je ne
me contente pas de te prier, je pousse mon audace plus loin et je me jette
dans tes bras. Tu es mon Dieu, mais tu es aussi mon Frère et Epoux, et je
peux donc, en plus de te prier, t’étreindre pour ne pas me sentir si seule
face à un avenir triste pour tous, mais plein d’inconnues encore plus
pénibles pour moi.
|