Le
mardi 10 septembre 1946.
481/482> 490.1 - "Jude et
Jacques,
venez avec Moi."
Les deux fils d'Alphée ne se le font pas dire deux fois. Ils se lèvent
immédiatement pour sortir avec Jésus d'une maisonnette d'un faubourg au sud
de Jérusalem où ils sont accueillis aujourd'hui.
"Où allons-nous, Jésus ?" demande Jacques.
"Saluer les galiléens sur le Mont des Oliviers."
Ils marchent quelque temps vers Jérusalem puis, en rasant des petites
collines où il y a des maisons dans la verdure, certainement des maisons de
maîtres, ils coupent
la route pour Béthanie et Jéricho, la plus au
sud qui va finir entre Tophet et Siloan, tournent en arrière d'une autre
colline qui est déjà un contrefort du Mont des Oliviers, coupent l'autre
route qui va directement du Mont des Oliviers à Béthanie, et par une petite
route secondaire à travers les oliviers ils montent au champ des galiléens où
déjà les tentes sont très rares, et où il reste, en souvenir de la foule, des
branchages désormais flétris, jetés par terre, des restes de foyers
rudimentaires qui ont brûlé l'herbe, des cendres, des tisons, des
vieilleries, comme toujours il en reste là où il y a eu un campement.
La saison froide et précocement pluvieuse a hâté le départ des pèlerins. Des
caravanes de femmes et d'enfants sont en partance même maintenant. Les
hommes, surtout ceux qui sont valides, sont restés pour terminer la fête.
490.2 - Les galiléens qui croient dans le
Seigneur, ont été avertis peut-être par quelques disciples, car je les vois tous
et de tous les villages qui me sont le plus connus. Nazareth avec deux
disciples, Alphée, celui auquel Jésus a pardonné après la mort de sa mère ,
et un autre. Je ne vois pourtant ni Joseph
ni Simon d'Alphée,
mais en revanche, d'autres ne manquent pas, parmi lesquels le chef
de la synagogue qui paraît visiblement embarrassé de
saluer respectueusement Jésus après Lui avoir tellement fait obstacle.
Pourtant il se tire d'affaire en disant que les parents de Jésus sont logés
chez "cet ami que tu connais" à cause des enfants qui souffraient
du vent de la nuit. Et Cana est présent avec l'époux de Suzanne, son père et d'autres, et de même
Naïm avec son ressuscité
et d'autres, et Bethléem de Galilée avec de nombreux habitants,
et les villes occidentales du lac avec leurs habitants...
"Paix à vous ! Paix à vous !" dit Jésus pour les saluer en passant
parmi eux, en caressant les enfants encore présents, ses petits amis des pays
de Galilée, en écoutant Jaïre
qui Lui dit comme il regrette de n'avoir pas été là la dernière
fois.
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483> Jésus s'informe pour savoir si la veuve
d'Aphéqa s'est établie à Capharnaüm et si
elle a accepté l'orphelin
de Giscala.
"Je ne sais pas, Maître, peut-être étais-je déjà parti..." dit
Jaïre.
"Oui, oui, il est venu une femme qui donne tant de miel et de caresses
aux enfants, et elle nous fait des fouaces. Et y vont toujours manger les
enfants qui venaient vers Toi. Et le dernier jour, elle nous a fait voir un
enfant petit, petit. Elle a acheté deux chèvres pour le lait et elle nous a
dit que c'est un enfant du Ciel et du Seigneur. Elle n'est pas venue à la
fête comme elle le voulait, car elle ne pouvait pas amener avec elle un
enfant si petit. Et elle nous a dit, à nous, de te dire qu'elle l'aimera
avec justice et qu'elle te bénit."
Les enfants de Capharnaüm gazouillent autour de Jésus, tout fiers de savoir, eux,
ce que le chef de la synagogue ne savait même pas, et d'avoir, eux, servi
d'ambassadeurs près du bon Maître qui les écoute avec l'attention qu'il
aurait pour des adultes, et qui répond :
"Et vous lui direz que Moi aussi, je la bénis et qu'elle aime les
enfants pour Moi. Et vous, aimez-la bien, n'abusez pas de sa bonté, ne
l'aimez pas seulement pour le miel et les fouaces mais parce qu'elle est
bonne. Bonne au point d'avoir compris que celui qui aime un enfant en mon nom
me rend heureux. Et imitez-la tous, les petits comme les grands, en pensant
toujours que celui qui accueille un enfant en mon nom a sa place marquée dans
le Ciel.
Car la miséricorde est toujours récompensée, même pour une seule coupe d'eau
donnée en mon nom,
mais la miséricorde dont on use pour les enfants, en les sauvant non
seulement de la faim, de la soif, du froid, mais de la corruption du monde,
est infiniment récompensée...
490.3 - Je suis venu pour vous bénir avant
que vous ne partiez. Vous porterez ma bénédiction à vos femmes, à vos
maisons..."
"Mais tu ne reviens pas chez nous, Maître ?"
"Je reviendrai... Mais pas maintenant. Après la Pâque... "
"Oh ! si tu tardes tant, certainement tu oublieras ta promesse..."
"Ne craignez pas. Le soleil pourra cesser de briller avant que Jésus
oublie ceux qui espèrent en Lui."
"Le temps sera bien long… !"
"Et triste !"
"Si nous sommes malades..."
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484> "Si nous avons des
peines..."
"Si la mort descend dans nos maisons..."
"Qui nous aidera ?" disent plusieurs de différents endroits.
"Dieu. Il est avec vous, si vous restez en Moi par votre volonté."
"Et nous ? Nous, depuis peu, croyons en Toi. Nous l'avouons. Nous
n'aurons pas de réconfort, alors ? Et pourtant, maintenant, depuis que nous
t'avons vu faire des miracles et entendu parler dans le Temple, oh ! nous te
croyons..."
"Et j'en ai une grande joie, car de voir mes concitoyens sur le chemin
du Salut, c'est mon désir le plus ardent."
"Tu nous aimes tant ? Mais pendant si longtemps nous t'avons offensé et
nous nous sommes moqués de Toi… !"
"C'est le passé. Il n'existe plus. Soyez fidèles à l'avenir, et en
vérité je vous dis que sur la Terre comme au Ciel, votre passé est
effacé."
"Tu restes avec nous ? Nous partagerons le pain comme tant de fois à
Nazareth, quand nous étions tous pareils et que, le sabbat, nous nous
reposions dans les oliviers, ou bien quand tu étais seulement Jésus, et que
tu venais avec nous et comme nous à Jérusalem pour les fêtes..."
Il y a un regret et une nostalgie du passé dans la voix des nazaréens qui
croient maintenant.
"Je voulais aller voir Joseph et Simon. Mais j'y irai après. Vous êtes
tous pour Moi des frères en Dieu, et pour Moi l'esprit et la foi ont plus de
valeur que la chair et le sang, car ces derniers périssent alors que les
autres sont immortels."
490.4 - Et pendant que certains se hâtent de
préparer le feu pour rôtir les viandes, d'y mettre des branches d'olives pour
la préparation du repas, les plus âgés et les plus élevés socialement, de
tous les endroits de la Galilée, se pressent en cercle autour de Jésus pour
Lui demander pourquoi le matin et celui du jour précédent il n'était pas au
Temple et s'il y irait le lendemain, dernier jour de la fête.
"J'étais autre part... Mais demain, j'y serai certainement."
"Et tu parleras ?"
"Si je puis..."
Alphée
de Sara baisse la voix, et en regardant autour de lui, il dit tout
bas au Maître :
"Tes frères sont allés pour t'assurer de l'aide dans la ville... Un tel
sait beaucoup de choses car, par les femmes, il est parent avec quelqu'un du
Temple... Joseph se préoccupe de Toi, tu sais ? Au fond... il est bon."
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485> "Je le sais. Et il sera
toujours meilleur quand il sera spirituellement bon."
De la ville arrivent d'autres galiléens. Leur nombre augmente autour de
Jésus, au grand déplaisir des enfants repoussés par les adultes et qui
n'arrivent pas à approcher de Jésus jusqu'à ce qu'il remarque leur foule
innocente et boudeuse, et il dit en souriant :
"Laissez mes enfants venir jusqu'à Moi."
Oh ! alors, quand le cercle se rompt, réjouis de nouveau, comme une volée
d'oiseaux, ils courent vers Jésus qui les caresse tout en continuant de
parler avec les adultes. Sa longue main encore brunie par le soleil de l'été
passe et repasse sur les petites têtes brunes et châtaines avec, perdues
parmi elles, quelques petites têtes blondes. Les enfants se serrent le plus
qu'ils peuvent contre Lui, les petits visages cachés dans les vêtements, sous
le manteau, accrochés à ses genoux, à ses côtés, avides de ses caresses,
bienheureux de les avoir.
490.5 - Ils mangent en cercle, après que
Jésus ait béni la nourriture et l'ait distribuée, dans une paisible et
amicale union des cœurs.
Les autres, ceux qui ne suivent pas Jésus, regardent de loin, moqueurs et
incrédules, mais personne ne se soucie d'eux...
Le repas est fini. Jésus se lève le premier et il appelle Jaïre, Alphée, Daniel de Naïm, Élie de Chorazeïn,
Samuel
(un ex-estropié de je ne sais où), puis un certain Urie, puis un des si
nombreux Jean, un des si nombreux Simon, un Lévi, un Isaac, Abel de Bethléem
et d'autres, un par village en somme, et aidé par ses cousins, il fait autant
de parts égales de deux bourses bien pleines et il en donne une part à chacun
des appelés pour qu'il s'en serve pour les pauvres de son village.
Puis, resté sans argent, il bénit tout le monde et fait ses adieux. Et il
voudrait bien se séparer pour se diriger vers le Gethsémani afin de rentrer
dans la ville par la Porte des Brebis, mais presque tous le suivent, surtout
les enfants qui ne lâchent pas son vêtement et les pans de son manteau et
l'ennuient certainement, mais Lui les laisse faire...
490.6 - Et cet enfant de Magdala : Benjamin,
qui dit un jour clairement ce qu'il pensait à Judas de Kérioth,
tire son vêtement jusqu'à ce que Jésus se penche pour l'écouter en
particulier.
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486> "Tu ne l'as plus avec Toi ce
méchant ?"
"Quel méchant ? Avec Moi, il n'y en a pas..." dit Jésus en lui
souriant.
"Si, il y en a ! Cet homme
grand et noir qui riait... tu sais, celui auquel j'ai dit qu'il était beau du
dehors, mais laid à l'intérieur... lui est mauvais."
"Il parle de Judas" dit le Thaddée qui est derrière Jésus et qui
l'entend.
"Je le sais" lui répond Jésus en se retournant.
Puis il dit à l'enfant :
"Bien sûr qu'il est avec Moi, cet homme. C'est un de mes apôtres. Mais
maintenant il est très bon... Pourquoi secoues-tu la tête ? On ne doit pas
penser du mal du prochain, spécialement de celui que l'on ne connaît
pas."
L'enfant baisse la tête et se tait.
"Tu ne me réponds pas ?"
"Tu ne veux pas que je dise des mensonges... et je t'ai promis de ne pas
en dire, ce que j'ai fait. Mais si maintenant je te dis que oui, que je crois
qu'il est bon, je dis une chose qui n'est pas vraie, car je pense qu'il est
mauvais. Je peux tenir ma bouche fermée pour te faire plaisir, mais je ne
peux tenir ma tête fermée pour ne pas penser."
La sortie est si impétueuse et si logique dans sa simplicité encore
enfantine, que ceux qui l'entendent se mettent tous à rire. Tous, sauf Jésus
qui soupire et dit :
"Eh bien, tu dois faire une chose : prier pour qu'il devienne bon, si
vraiment il te semble mauvais. Tu dois être son ange. Le feras-tu ? S'il
devient meilleur, j'en aurai plus de joie ; donc en priant pour lui, tu
pries pour que je sois heureux."
"Je le ferai, mais si lui est mauvais et ne devient pas bon avec Toi, ma
prière ne fera rien."
Jésus coupe la discussion en s'arrêtant et en se penchant pour embrasser les
enfants. Puis il ordonne à tous de s'en retourner...
490.7 - Quand ils sont seuls, Jésus et les deux
cousins, Jude d'Alphée après un moment de silence, comme s'il avait raisonné
en lui-même, dit pour conclure :
"Il a raison ! Il a tout à fait raison ! Moi, je pense comme lui."
"Mais de qui parles-tu ?" lui demande son frère Jacques qui
marchait en avant, un peu absorbé, sur un sentier étroit où il ne peut passer
qu'une personne à la fois.
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487> "C'est de Benjamin que je
parle, et de ce qu'il a dit. Et... mais Toi tu ne veux pas l'entendre et je
te dis, moi aussi, que Judas est... Non, ce n'est pas un vrai apôtre... Il
n'est pas sincère, il ne t'aime pas, il ne..."
"Jude ! Jude ! Pourquoi me fais-tu souffrir ?"
"Mon Frère, c'est parce que je t'aime. Et j'ai peur de l'Iscariote, plus
peur de lui que d'un serpent..."
"Tu es injuste. Sans lui, peut-être, j'aurais été déjà pris."
"Jésus a raison. Judas a beaucoup fait. Il s'est attiré des haines et
des railleries sans ménagement, mais il a travaillé et il travaille pour
Jésus" dit Jacques.
"Moi, je ne puis penser que tu es un sot, que tu es un menteur... Et je
me demande alors, pourquoi Toi, tu soutiens Judas. Je ne parle pas par
jalousie, ni par haine. Je parle parce que je sens en moi qu'il est mauvais,
qu'il manque de sincérité... Tout ce que je puis admettre, par amour pour
Toi, c'est qu'il soit fou. Un pauvre fou, qui aujourd'hui délire dans un
sens, demain dans un autre. Mais bon, non, il ne l'est pas. Défie-toi, Jésus
! Défie-toi... Aucun de nous n'est bon, mais regarde-nous bien : notre œil
est limpide. Observe-nous bien : notre conduite ne change pas. Mais cela ne
te dit rien que les pharisiens ne lui font pas payer ses railleries ? Rien,
que ceux du Temple ne réagissent pas à ses paroles ? Rien, qu'il ait toujours
des amis justement parmi ceux qu'il offense apparemment ? Rien, qu'il ait
toujours de l'argent ? Je ne parle pas de nous deux, mais même Nathanaël qui
est riche, même Thomas qui ne manque pas de moyens, n'ont que le nécessaire.
Lui... Oh… !"
Jésus se tait...
Jacques remarque :
"Mon frère a en partie raison. Il est certain que Judas trouve toujours
moyen d'être seul, d'aller seul, de... Mais je ne veux pas murmurer et juger.
Tu sais..."
"Oui, je sais. Et c'est pour cela que je dis que je ne veux pas de
jugement. Quand vous serez dans le monde pour me remplacer, vous approcherez
des créatures bien plus étranges que Judas. Quels apôtres serez-vous si vous
les laissez de côté parce qu'ils sont étranges ? C'est justement parce qu'ils
le sont que vous devrez les aimer d'un patient amour pour en faire des
agneaux du Seigneur.
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488> 490.8 - Maintenant allons chez Joseph et
Simon. Vous avez entendu, n'est-ce pas ? Eux travaillent en secret pour Moi.
Vous allez dire : amour de famille. Oui, c'est vrai. Mais c'est toujours de
l'amour. Vous vous êtes quittés en mauvais termes la dernière fois. Réconciliez-vous
maintenant. Eux et vous avez tort et raison. Que chacun reconnaisse son tort
et ne fasse pas valoir sa part de raison."
"Lui m'a beaucoup offensé en t'offensant extrêmement" dit Jacques.
"Tu ressembles beaucoup à Joseph, mon père. Et Joseph, ton frère,
ressemble à Alphée ton père. Eh bien : Joseph fut souvent critiqué par son
frère aîné, mais il fut indulgent et il pardonna toujours, car c'était un
grand juste, mon père ! Toi, sois-le autant."
"Et s'il me fait des reproches comme si j'étais encore un enfant ? Tu
sais que quand il est fâché, il n'entend pas raison..."
"Toi, garde le silence. L'unique moyen
pour calmer la colère. Tais-toi avec humilité et patience, et si tu sens que
tu ne peux le faire sans impolitesse, va-t’en.
Savoir se taire, savoir fuir, non par lâcheté, ni parce que l'on ne sait plus
que dire, mais par vertu, par prudence, par charité, par humilité. Dans les
discussions, il est si difficile de conserver la justice ! Et la paix de
l'esprit. Quelque chose descend toujours pour altérer les profondeurs, pour
troubler, pour faire du vacarme. L'image de Dieu qui se reflète en tout
esprit qui est bon se trouve ternie, s'évanouit, et on ne peut plus écouter
ses paroles. Paix ! Paix entre frères. Paix même avec les ennemis. S'ils sont
nos ennemis, ils sont les amis de Satan. Mais voudrions-nous nous aussi devenir
amis de Satan, en haïssant ceux qui nous haïssent ? Comment pourrions-nous
les amener à l'amour, si nous étions en dehors de l'amour ? Vous me dites :
"Jésus, tu l'as déjà dit de nombreuses fois et tu le fais, mais toujours
tu es haï". Je le dirai toujours. Quand je ne serai plus avec vous, je
vous l'inspirerai du Ciel. Et je vous dis aussi de ne pas compter les
défaites mais les victoires. Louons-en le Seigneur ! Il ne se passe pas
de lune que ne marque une conquête. C'est cela que doit remarquer l'ouvrier
de Dieu, en en jubilant dans le Seigneur, sans le dépit qu'ont ceux du monde
quand ils perdent une de leurs pauvres victoires. Si vous agissez
ainsi..."
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489> 490.9 - "Paix à Toi, Maître. Tu ne me
reconnais pas ?" dit un jeune homme qui remontait de la ville vers le
Gethsémani.
"Toi ?... Tu es le lévite
qui l'an dernier était avec nous,
avec le prêtre."
"C'est moi. Comment m'as-tu reconnu, Toi qui vois tout un monde autour
de Toi ?"
"Je n'oublie pas les visages et les esprits dans ce qui les
caractérise."
"Qu'est-ce qui caractérise mon esprit ?"
"Il est bon et insatisfait. Tu es las de ce qui t'entoure, ton esprit
vise à des choses meilleures. Tu sens qu'elles existent. Tu sens qu'il est le
moment de te décider pour un bien éternel, tu sens qu'au-delà des brumes, il
y a un Soleil, la Lumière. Tu veux la Lumière."
Le jeune homme se jette à genoux :
"Maître, tu l'as dit ! C'est vrai. C'est ce que j'ai dans le cœur, et je
ne savais pas me décider. Le vieux prêtre Jonathas
a cru, puis il est mort. Il était âgé, moi je suis jeune. Mais je t'ai
entendu parler au Temple... Ne me repousse pas, Seigneur, car tous ceux qui y
sont ne te haïssent pas et je suis de ceux qui t'aiment. Dis-moi ce que je
dois faire comme lévite..."
"Ton devoir, jusqu'au temps nouveau. Réfléchir, car tu ne vas pas vers
la gloire terrestre en venant à Moi, mais vers la souffrance. Si tu
persévères, tu auras la gloire au Ciel. Instruis-toi dans ma doctrine ; affermis-toi en elle..."
"Avec quoi ?"
"Le Ciel lui-même t'affermira par ses signes. Raffermis-toi avec l'aide
de mes disciples et apprends et pratique de plus en plus ce que j'ai
enseigné. Fais cela et tu auras la vie éternelle."
"Je le ferai, Seigneur. Mais... puis-je encore servir au Temple ?"
"Je te l'ai dit : jusqu'au temps nouveau."
"Bénis-moi, Maître. Ce sera ma nouvelle consécration."
Jésus le bénit et l'embrasse. Ils se séparent.
490.10 - "Vous voyez ? C'est cela la vie
des ouvriers du Seigneur. Il y a un an que dans ce cœur est tombée la
semence, et cela ne parut pas une victoire car il ne vint pas de suite à
nous. Après un an, voilà qu'il vient pour confirmer mes paroles de tout à l'heure.
Une victoire. Et n'embellit-elle pas la journée pour nous ?"
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490> "Tu as toujours raison, mon
Jésus... Mais fais attention à Judas ! Je suis sot de le dire. Je le sais. Tu
sais... Mais dans mon cœur j'ai ce tourment... et je n'en parle pas aux
autres, mais il y est... et je suis certain qu'ils l'ont eux aussi."
Jésus ne réplique pas. Il dit :
"Je suis content que Joseph et Nicodème m'aient donné cet argent, ainsi
je puis envoyer une aide à mes petits pauvres de Galilée..."
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