Le dimanche 10
juin 1945.
202> 184.1 – Le
miracle est survenu depuis peu car les apôtres en parlent, et des citadins le
commentent aussi, montrant du doigt le Maître qui s'en va, droit et sérieux,
vers la périphérie de la ville, vers le quartier des pauvres.
Il s'arrête près d'une maisonnette d'où sort en sautant un garçon suivi de sa
mère.
"Femme, me laisses-tu entrer dans ton jardin et y rester un peu jusqu'à
ce que le soleil soit moins ardent ?"
"Entre, Seigneur, même dans la cuisine si tu veux. Je t'apporterai de
l'eau et de quoi te restaurer."
"Ne te fatigue pas. Il me suffit de rester dans ce jardin
tranquille."
Mais la femme veut Lui offrir de l'eau mélangée à je ne sais quoi et ensuite
Elle tournique dans le jardin, comme si elle voulait parler mais elle n'ose
pas. Elle s'occupe de ses légumes, mais c'est une feinte. En réalité elle
s'occupe du Maître et l'enfant l'ennuie quand il pousse des cris pour la
capture d'un papillon ou d'un autre insecte, car cela l'empêche d'entendre ce
que dit Jésus. Elle s'impatiente et donne une claque au garçon... qui crie
plus fort.
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203> Jésus était en train de répondre au
Zélote qui Lui avait demandé : "Crois-tu que Marie
en soit émue ?"
Il avait répondu :
"Plus qu'il ne semble..."
Il se retourne et appelle à Lui l'enfant qui accourt pour finir de pleurer
sur ses genoux.
La femme crie :
"Benjamin ! Viens ici, ne dérange pas."
Mais Jésus dit:
"Laisse-le, laisse-le. Il sera gentil et te laissera tranquille."
Puis à l'enfant :
"Ne pleure pas. La maman ne t'a pas fait mal. Elle t'a seulement fait
obéir, elle voulait seulement te faire obéir. Pourquoi criais-tu alors
qu'elle voulait le silence ? Peut-être elle se sent mal et tes cris
l'ennuient."
Le garçon, vivement, avec cette franchise spontanée des enfants qui fait le
désespoir des grandes personnes, dit :
"Non, elle ne se sent pas mal, mais elle voulait entendre ce que tu
disais... Elle me l'a dit. Mais moi,
qui voulais venir auprès de Toi, je faisais du vacarme exprès pour que tu me
regardes."
Tout le monde rit, et la femme rougit violemment.
"Ne rougis pas, femme.
184.2 – Approche.
Tu voulais m'entendre parler ? Pourquoi ?"
"Parce que tu es le Messie. Ce ne peut-être que Toi le Messie, avec le
miracle que tu as fait... J'avais plaisir à t'entendre. Je ne sors jamais de
Magdala car j'ai... un mari difficile et cinq petits. Le plus petit a quatre,
mois... et tu ne viens jamais ici."
"Je suis venu, et dans ta maison. Tu le vois."
"C'est pour cela que je voulais t'entendre."
"Où est ton mari ?"
"En mer, Seigneur. S'il ne pêche pas, on ne mange pas. Je n'ai que ce
petit jardin. Peut-il suffire pour sept personnes ? Et pourtant Zachée
le voudrait bien..."
"Sois patiente, femme. Tout le monde a sa croix."
"Oh ! non ! Les effrontées n'ont que le plaisir. Tu as vu leur
travail ! Elles s'amusent et font souffrir. Elles ne se fatiguent pas à
élever des enfants et à travailler. Elles n'attrapent pas des ampoules avec
la pioche ou elles ne s'écorchent pas les mains à faire les lessives. Elles
sont belles, fraîches. Pour elles ne vaut pas la condamnation d'Ève. Elles sont
plutôt notre condamnation, car... les hommes... Tu me comprends."
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204> "Je te comprends. Mais sache qu'elles
ont elles aussi leur redoutable croix. La plus redoutable. Celle qui ne se
voit pas. Celle de la conscience qui les condamne, du monde qui les méprise,
de leur sang qui les rejette, de Dieu qui les maudit. Elles ne sont pas
heureuses, crois-le. Elles ne se fatiguent pas à enfanter et à travailler,
elles ne se blessent pas les mains pour travailler. Mais elles se sentent
brisées tout autant, avec la honte en plus. Mais leur cœur n'est qu'une
plaie. N'envie pas leur bonne mine, leur fraîcheur, leur apparente sérénité.
C'est un voile posé sur une ruine pleine de remords et qui ne leur donne pas
la paix. N'envie pas leur sommeil, toi, mère honnête qui songes à tes
innocents. ..Pour elles c'est le cauchemar sur leur oreiller. Et demain,
quand elles arriveront à l'agonie ou à la vieillesse, le remords et la
terreur."
"C'est vrai... Pardonne-moi...
184.3 – Tu
me permets de rester ici ?"
"Reste. Nous raconterons une belle parabole à Benjamin et ceux qui ne
sont pas des enfants l'appliqueront à eux-mêmes et à Marie de Magdala.
Écoutez.
Vous doutez que Marie revienne au Bien. Aucun signe, en elle, n'indique qu'elle fera ce pas. Effrontée et impudente, consciente de
sa situation et de son pouvoir, elle a osé défier les gens et venir jusqu'au
seuil de la maison où l'on pleure à cause d'elle. Au reproche de Pierre elle
répond par un éclat de rire. Devant mon regard qui l'invite, elle se raidit orgueilleusement.
Vous auriez peut-être voulu que pour l'amour de Lazare, par amour envers
Moi-même, je lui parle directement, longuement, en la subjuguant par ma
puissance en faisant voir ma force de Messie Sauveur. Non. Il ne faut pas. Je
l'ai dit à propos d'une autre pécheresse, il y a plusieurs mois .
Les âmes doivent se faire par elles-mêmes. Je passe, je jette la semence.
Secrètement la semence travaille. L'âme doit être respectée dans son travail.
Si la première semence ne s'enracine pas, on en sème une autre, une autre
encore... ne renonçant que quand on a des preuves certaines de l'inutilité de
l'ensemencement. Et on prie. La prière, c'est comme la rosée sur les mottes,
elle les garde fraîches et fécondes, et la semence peut germer. Ne fais-tu pas
ainsi, femme, avec tes légumes ?
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205> 184.4 – Maintenant écoutez la parabole
du travail de Dieu dans les cœurs pour fonder son Royaume, car chaque cœur
est un petit royaume de Dieu sur la terre. Ensuite, après la mort, tous ces
petits royaumes s'agglomèrent en un seul, dans le Royaume des Cieux, Royaume
sans bornes, saint, éternel.
Le Royaume de Dieu dans les cœurs
est créé par le Divin Semeur. Il vient à son domaine - l'homme appartient à
Dieu car tout homme Lui appartient dès son origine - et Il y répand sa
semence. Puis Il s'en va vers d'autres domaines, vers d'autres cœurs. Les
jours succèdent aux nuits et les nuits aux jours. Les jours amènent le soleil
et la pluie : dans ce cas, le rayonnement de l'amour divin et l'effusion
de la divine sagesse qui parle à l'esprit. Les nuits amènent les étoiles et
le silence reposant : dans notre cas, les rappels lumineux de Dieu et le
silence pour l'esprit afin de permettre à l'âme le recueillement et la
méditation.
La semence, dans cette succession d'imperceptibles influences providentielles
et puissantes, se gonfle, se fend, s’enracine, s’accroche, fait surgir les
premières petites feuilles, pousse. Tout cela sans l'aide de l'homme. La
terre produit spontanément l'herbe issue de la semence, puis l'herbe se
fortifie et porte l'épi qui se lève, puis l'épi se dresse, se gonfle, se
durcit, devient blond, dur, parfait dans la formation du grain. Quand il est
mûr, le semeur revient et y met la faux parce qu'est venu pour cette semence
le moment du parfait achèvement. Il ne pourrait se développer davantage et c'est le moment de le cueillir.
Dans les cœurs, ma parole fait le même travail. Je parle des cœurs qui
accueillent la semence. Mais le travail est lent. Il faut éviter de tout
abîmer par des interventions intempestives. Comme c'est dur pour la petite
semence de s'ouvrir et d'enfoncer ses racines dans la terre ! Pour le
cœur dur et sauvage, ce travail est difficile aussi. Il doit s'ouvrir, se laisser
fouiller, accueillir des nouveautés, peiner pour les nourrir, apparaître
différent parce que recouvert de choses humbles et utiles et non plus de
l'attrayante, pompeuse, inutile et exubérante floraison qui le revêtait
précédemment. Il doit se contenter de travailler humblement, sans attirer
l'admiration pour réaliser utilement l'Idée divine. Il doit activer toutes
ses capacités pour croître et former l'épi. Il doit se consumer d'amour pour
devenir grain. Et quand, après avoir triomphé des considérations humaines tellement,
tellement, tellement pénibles, après avoir fatigué, souffert pour s'adapter à
son nouveau vêtement, voilà qu'il doit s'en dépouiller pour subir une taille
cruelle.
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206> Tout donner pour tout avoir. Rester
dépouillé, pour être revêtu au Ciel de la robe des saints. La vie du
pécheur qui devient saint est le plus long, le plus héroïque, le plus
glorieux combat. Je vous le dis.
184.5 – Ce
que je viens de vous dire doit vous aider à comprendre que mon attitude à
l’égard de Marie est juste. Est-ce que peut-être j'ai agi autrement avec toi,
Matthieu ?"
"Non, mon Seigneur."
"Et,
dis-moi la vérité : est-ce ma patience qui t'a davantage persuadé ou les
reproches acerbes des pharisiens ?"
"C'est ta patience, au point que me voilà ici. Les pharisiens, avec
leurs mépris et leurs anathèmes, me rendaient méprisant et par mépris
j'agissais encore plus mal que je ne l'avais fait jusqu'alors. Voici ce qui
arrive. On se raidit davantage quand, étant dans le péché, on s'entend
traiter de pécheur. Mais, quand au lieu d'une insulte, c'est une caresse qui
arrive, on reste stupéfait, puis on pleure... et, quand on pleure, l'armature
du péché se déboulonne et tombe. On reste nu devant la Bonté et on la supplie
de tout cœur de nous revêtir d'Elle-même."
184.6 – "Tu
as bien parlé. Benjamin, est-ce que l'histoire te plaît ? Oui ?
Bravo. Et la maman, où est-elle ?"
Jacques d'Alphée répond :
"Elle est sortie à la fin de la parabole, partie au pas de course par
cette rue."
"Elle
est peut-être allée à la mer pour voir si son époux arrive" dit Thomas.
"Non. Elle est allée chez sa veille mère pour prendre mes frères. Maman
les conduit là-bas pour pouvoir travailler" dit l'enfant qui s'appuie
confidentiellement sur les genoux de Jésus.
"Et toi, tu restes ici, homme ? Tu dois être un bel aspic, si tu
restes seul !" observe Barthélemy.
"Je suis le plus grand et je l'aide..."
"À gagner le Paradis, pauvre femme ! Quel âge as-tu ?"
demande Pierre.
"Dans trois ans, je suis fils de la loi" dit fièrement le gamin.
"Sais-tu lire ?" demande Thaddée.
"Oui... mais je vais doucement parce que... parce que le maître me met à
la porte presque tous les jours..."
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207> "Je l'avais dit !"
dit Barthélemy.
"Mais j'agis ainsi parce que le maître est vieux et laid et il dit
toujours les mêmes choses qui font dormir ! S'il était comme Lui (et
il montre Jésus) je serai attentif. Est-ce que tu frappes, Toi, celui qui
dort ou qui joue ?"
"Je ne frappe personne, mais je dis à mes élèves : "Soyez
attentifs, pour votre bien et par amour pour Moi" répond Jésus.
"Oui, comme ça ! Par amour, oui. Non par peur."
"Si tu deviens bon, le maître t'aimera."
"Tu n'aimes que celui qui est bon ? Il y a un moment, tu as dit que
tu as été patient avec celui qui n'était pas bon..."
La logique enfantine est rigoureuse.
"Je suis bon avec tous. Mais j'aime beaucoup, beaucoup celui qui devient
bon et avec lui je suis tellement, tellement bon."
L'enfant réfléchit, puis il lève la tête et demande à Matthieu :
"Toi, comment as-tu fait pour devenir bon?"
"Je l'ai aimé."
184.7 – L'enfant
réfléchit encore, puis il regarde les douze et dit à Jésus :
"Sont-ils tous bons, eux ?"
"Certainement qu'ils le sont."
"En es-tu sûr ? Parfois, je suis sage, mais c'est quand je veux
faire... de plus grosses sottises."
Tout le monde rit bruyamment. Il rit aussi le petit homme en veine de
franchise. Même Jésus rit aussi et le serre sur son cœur et lui donne un
baiser.
L'enfant qui désormais est bien avec tout le monde veut jouer et dit :
"Maintenant je vais te dire qui est bon"
Et il commence son choix. Il les observe tous et il va directement vers Jean
et André qui sont voisins et dit :
"Toi et toi, venez ici."
Puis il choisit les deux Jacques et les unit aux deux premiers, Puis il prend
Thaddée. Il reste très pensif devant le Zélote et Barthélemy et dit :
"Vous êtes vieux, mais vous êtes bons".
Et il les unit aux autres. Il considère Pierre qui subit l'examen en faisant
des œillades comiques, et il le trouve bon. Matthieu aussi passe, et de même
Philippe.
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208> À Thomas il dit :
"Tu ris trop. Moi je suis sérieux. Ne sais-tu pas que mon maître dit que
celui qui rit toujours, manque ensuite l'épreuve ?"
Mais en somme, Thomas aussi passe avec une mauvaise note, mais il est reçu à
l'examen. Puis l'enfant retourne vers Jésus.
"Hé! dis donc, gamin, il y a encore moi. Je ne
suis pas un arbre. Je suis jeune et beau. Pourquoi ne m'examines-tu
pas ?"
"Parce que tu ne me plais pas. Maman dit que quand une chose ne plaît
pas, on n'y touche pas. On la laisse sur la table, que la prennent les
autres, à qui elle peut plaire. Et elle dit que si quelqu'un offre une chose
qui ne plaît pas, on ne dit pas : "Cela ne me plaît pas", mais
on dit : "Merci, je n'ai pas faim". Moi, je n'ai pas faim de
toi."
"Mais comment ? Regarde. Si tu me dis que je suis bon, je te donne
cette pièce de monnaie."
"Qu'est-ce que je vais en faire ? Qu'est-ce qu'on achète avec un
mensonge ? Maman dit que les deniers qu'on gagne par une tromperie
deviennent de la paille. Une fois je me suis fait donner par la grand-mère,
au prix d'un mensonge, un didrachme
pour m'acheter des fouaces au miel et, pendant la nuit, elle est devenue de
la paille. Je l'avais mise dans ce trou sous la porte pour la prendre au
matin et j'y ai trouvé une botte de paille."
"Mais, pourquoi ne me vois-tu pas bon ? Qu'est-ce que j'ai ?
Le pied fendu ? Suis-je laid ?"
"Non, mais tu me fais peur."
"Mais pourquoi ?" demande l'Iscariote en s'approchant de lui.
"Je ne sais pas. Laisse-moi tranquille. Ne me touche pas ou je te
griffe."
"Quel hérisson ! Il est fou."
Judas rit jaune.
"Je ne suis pas fou. C'est toi qui es méchant"
Et il se réfugie sur le sein de Jésus qui le caresse sans parler.
Les apôtres échangent des plaisanteries sur l'incident qui est peu reluisant
pour l'Iscariote.
184.8 – Entre
temps, voilà que la femme revient avec une douzaine de personnes, et puis
encore, en voilà d'autres et encore d'autres. Elles sont une cinquantaine
environ. Rien que des pauvres gens.
"Tu vas leur parler ? Au moins un petit peu. Celle-ci c'est la mère
de mon mari et voilà mes enfants. Cet homme là est mon mari. Une parole,
Seigneur" dit la femme d'un ton suppliant.
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209> "Pour te remercier de ton
hospitalité. Oui. Je vais la dire." La femme entre dans la maison où la
réclame le bébé. Et elle s'assied sur le seuil pour donner le sein à
l'enfant.
"Écoutez. Ici sur mes genoux j'ai un garçon qui a parlé très sagement.
Il a dit: "Tout ce qu'on obtient par tromperie devient de la
paille". Sa maman lui a enseigné cette vérité.
Ce n'est pas une fable. C'est une vérité éternelle. Ce qu'on fait sans
honnêteté ne réussit jamais. En effet le mensonge dans les paroles, dans les
actes, dans la religion, c'est toujours le signe d'une alliance avec Satan,
le maître du mensonge. Ne croyez pas que les œuvres qui permettent d'obtenir
le Royaume des Cieux sont bruyantes et tapageuses. Ce sont des actions
ordinaires, communes, mais faites dans un but surnaturel d'amour. L'amour
c'est la semence de la plante qui, naissant en vous, s'élève jusqu'au Ciel et
c'est à son ombre que naissent toutes les autres vertus. Je le comparerai à
une minuscule graine de sénevé. Comme elle est petite ! Une des plus
petites parmi celles que l'homme sème. Et pourtant regardez quand la plante
s'est développée combien elle devient forte avec sa frondaison épaisse et
combien de fruits elle donne. Ce n'est pas le cent pour cent, mais le cent
pour un. La plus petite, mais la plus active. Que de profit elle vous donne.
C'est la même chose pour l'amour. Si vous enfermez dans votre sein une
semence d'amour, pour votre Dieu très Saint et pour votre prochain et si vos
actions sont inspirées par l'amour, vous ne manquerez à aucun précepte du
Décalogue. Vous ne mentirez pas à Dieu par une religion fausse faite de
pratiques mais non de spiritualité. Vous ne mentirez pas au prochain en vous
conduisant comme des enfants ingrats, des époux adultères ou même seulement
trop exigeants, comme des commerçants malhonnêtes, des menteurs dans les
relations, des violents envers qui vous est hostile. Regardez, à cette heure
de chaleur, combien d'oiseaux se réfugient dans les feuillages de ce jardin. D'ici peu cette plante de sénevé, encore petite maintenant, sera un
vrai perchoir. Tous les oiseaux viendront à l'abri et à l'ombre de ces
plantes si touffues et si hospitalières. Les petits des oiseaux apprendront à
voler en sécurité dans ces rameaux qui servent d'échelles pour monter et de
filet pour éviter la chute. Il en est ainsi de l'amour, base du Royaume de
Dieu.
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210> Aimez et l'on vous aimera. Aimez et
vous serez compatissants. Aimez et vous ne serez pas cruels en exigeant plus
qu'il n'est permis de ceux qui vous sont soumis. Amour et sincérité pour
obtenir la paix et la gloire des Cieux. Autrement, comme l'a dit Benjamin,
tous vos actes accomplis en mentant à l'amour et à la vérité se changeront en
paille pour votre lit infernal. Je ne vous dis pas autre chose.
Je vous dis seulement: ayez présent à vos esprits le grand précepte de
l'amour et soyez fidèles à Dieu Vérité et à la vérité en toute parole, action
et sentiment, car la vérité est fille de Dieu. Un continuel travail de
perfectionnement de votre part, comme la semence qui croît jusqu'à ce qu'elle
atteigne sa perfection. Un travail silencieux, humble, patient. Soyez
certains que Dieu voit vos combats et vous récompense davantage pour un
égoïsme vaincu, pour une vilaine parole que vous retenez, pour une exigence
qui ne s'impose pas que si, armés pour la lutte, vous mettiez à mort
l'ennemi. Le Royaume des Cieux, dont vous serez les possesseurs si vous vivez
en justes, se construit avec les petites réalités de chaque jour. Avec la
bonté, la modération, la patience, en se contentant de ce que l'on a, avec la
compassion réciproque, avec l'amour, l'amour, l'amour.
Soyez bons. Vivez en paix les uns avec les autres. Ne jasez pas. Ne jugez
pas. Dieu sera alors avec vous. Je vous donne ma paix comme bénédiction et
comme remerciement de la foi que vous avez en Moi."
184.9 – Puis
Jésus se tourne vers la femme en disant :
"Que Dieu te bénisse en particulier parce que tu es une sainte épouse et
une sainte mère. Persévère dans la vertu. Adieu, Benjamin. Sois toujours plus
aimant de la vérité et obéis à ta mère. La bénédiction pour toi et pour tes
frères et pour toi, mère."
Un homme s'avance, il est confus et balbutie :
"Mais, mais... je suis ému de ce que tu dis de mon épouse... Je ne
savais pas..."
"Tu n'as pas des yeux et
l'intelligence, peut-être ?"
"Si."
"Pourquoi ne t'en sers-tu pas ? Tu veux que je les
ouvre ?"
"Tu l'as déjà fait, Seigneur. Mais, je l'aime bien, sais-tu ? C'est
que... on s'habitue... et... et..."
"Et on se croit permis d'exiger trop parce que l'autre est meilleur que
nous...
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211> Ne le fais plus. Tu es toujours en
danger avec ton métier. Ne crains pas les bourrasques si Dieu est avec toi.
Mais si c'est l'Injustice, crains fortement. Tu as compris ?"
"Plus que tu ne dis. Mais je chercherai à t'obéir... Je ne savais pas..." et il regarde sa femme comme s'il la voyait pour la
première fois.
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