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Extraits de "La Vierge des Derniers Temps",
René Laurentin, François-Michel Debroise, Salvator 2014.
De
tous temps les hommes ont postulé l’existence d’une vie bienheureuse après
la mort, pour les justes ou les héros. Mais l’incroyance nie ou doute de la
survivance au-delà de la mort si ce n’est dans les souvenirs que l’homme
méritant laisse derrière lui. Pour l’Église catholique, le Paradis céleste
nous introduit dans la société des anges avant même la résurrection des
corps et le jugement dernier.
"Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le
paradis" promet Jésus à Dismas le bon larron.
Au Paradis, nous serons, et pour toujours, "semblables à Dieu"
que nous verrons face à face. Cette vie parfaite avec la Sainte Trinité, la
Vierge Marie, les anges et tous les bienheureux constitue le Ciel.
Ce lieu dépasse toute compréhension et toute représentation exacte.
L’Écriture n’emploie que des images pour nous le décrire.
Pour le chrétien, il y a deux paradis distincts : le paradis terrestre perdu par la faute d’Adam et Ève et le Paradis céleste, vers lequel nous
allons après notre mort et pour l’éternité, mais pas tous, selon notre
choix. En effet, par la Rédemption, le paradis céleste nous reste
promis : directement pour un petit nombre d’entre nous, après une
période de purification pour la plupart, jamais pour ceux qui refusent
volontairement les bienfaits de Dieu.
Dans le paradis terrestre, ou
paradis perdu, L’homme était destiné à naître d’un humain, mais il n’était
pas destiné à mourir. Il devait passer du paradis terrestre au paradis
céleste où il jouirait de Dieu en plénitude.
L’Assomption de Marie en témoigne dit Jésus à Maria Valtorta
et l’Esprit saint confie que la Vierge Marie est le paradis terrestre
retrouvé : en l’âme de Marie "Dieu s’est complu à converser avec
l’Innocence, dans la paix d’un esprit ignorant les fièvres de la luxure.
Marie écouta la Lumière, la Sagesse, la Vérité".
"Ô jardin de délices, s’exclame-t-il, jardin vaste, pur et beau, où
tout ce qui existe est don de Dieu ! […] Lieu de délices où prend naissance
le fleuve de grâces qui se divise en quatre branches ;
la première, d’adoration de l’Éternel ; la deuxième, d’amour pour le
prochain ; la troisième, de compassion pour les fils prodigues ou
égarés ; la quatrième, de miséricorde pour toutes les misères des
vivants et des trépassés".
Cette dictée fait écho au séjour de
délectation évoqué par saint Jean Damascène (676-749) : "Dieu,
touché de miséricorde, a créé un ciel nouveau, une terre nouvelle, où il
habiterait, lui que rien ne peut contenir. Ce ciel et cette terre, c’est la
bienheureuse et mille fois bénie Vierge Marie. Que ce monde est magnifique!
C’est une terre où l’épine du péché n’a jamais poussé".
Le Paradis a sa plénitude dans l’au-delà, mais il est accessible dès cette
vie. Ce que rappelle Jésus à Maria Valtorta qui a un ardent désir de la
félicité éternelle :
"Qu’est-ce que le paradis ? La possession et la connaissance de Dieu.
Ne me possèdes-tu et ne me connais-tu pas d’ores et déjà, alors que tu es
encore dans la chair, d’une manière presque semblable à celle qu’ont les
purs esprits de moi ? Tu peux donc rester ici-bas encore un peu de
temps et me servir".
Plus tard, la voyante confie :
"Ce n’est pas vrai qu’on meurt. On vit, d’une vie multipliée par dix,
d’une double vie, en tant qu’homme et en tant que bienheureux : la vie de
la terre et la vie du ciel. On atteint et on surpasse la vie sans défaut,
sans handicap ni limites que Toi, le Dieu créateur un et trine, avais
donnée à Adam en prélude à la Vie qu’il aurait après son assomption vers
Toi, cette vie dont il devait jouir au ciel après un paisible passage du
paradis terrestre à celui du ciel, un passage effectué dans les bras pleins
d’amour des anges, à l’instar de ce que fut le doux sommeil et la douce
assomption de Marie au ciel".
Le 10 janvier 1944, alors qu’elle communie, Maria Valtorta a la vision bienheureuse
du Paradis pendant plus d’une heure. Au contact de la Vierge Marie, elle se
sent enveloppée d’une lumière dorée d’une douceur inexprimable. Elle ne
quitte pas sa chambre, mais le plafond disparaît laissant voir les cieux
infinis de Dieu. L’Esprit saint lui apparaît sous forme de colombe d’où
irradie une vive lumière. L’Amour flamboyant suspendu au-dessus d’elle
l’invite à regarder plus haut. Elle voit le Père, distinctement, bien que
les traits de sa figure soient d’une lumière immatérielle. Il est d’une
beauté surhumaine qu’elle ne peut écrire.
Jésus apparaît "extraordinairement beau, vigoureux, imposant, parfait,
resplendissant". Il est véritablement le Roi d’une majesté redoutable
dont parle le cantique du Dies irae,
dies illa, note Maria Valtorta.
Elle voit l’Église céleste, l’Église triomphante réunie dans une vallée
bienheureuse : la multitude de ceux qui sont marqués du sceau de l’Agneau
selon l’Apocalypse 7. Ils sont lumière. "D’une lumière qui est chant.
Un chant qui est adoration. Une adoration qui est béatitude". Elle ne
peut rapporter l’alléluia de cette multitude : "un alléluia puissant
et pourtant doux comme une caresse. Tout rit et resplendit de manière
encore plus vive à chaque hosanna de la foule à son Dieu" conclut-elle.
La multitude des saints ne cesse pas d’agir pour nous. Leur paradis a deux
facettes : l’une regarde Dieu et en fait leurs délices. L’autre est
tournée vers leurs frères. Cette charité vigilante et aimante ne cessera
pas avant que le dernier homme ait fini de lutter sur terre. Les saints
prient Dieu pour qu’ils puissent nous venir en aide et c’est pour eux une
grande joie quand Dieu leur ordonne de le faire.
L’Église l’affirme
: "Dans la gloire du ciel, les bienheureux continuent d’accomplir avec
joie la volonté de Dieu par rapport aux autres hommes et à la création
toute entière. Déjà ils règnent avec le Christ ; avec Lui "ils
régneront pour les siècles des siècles".
Quelques temps plus tard, la vision du Paradis se renouvelle.
Maria Valtorta est emportée en songe corps et âme. Elle comprend ce qui
fait la beauté du Ciel, sa nature, sa lumière, son chant. Tout, en somme,
et même ses œuvres qui informent, règlent et pourvoient à tout l’univers
créé. Bref, Dieu même, comble de l’Amour. Elle assiste à la création des
âmes par Dieu et aux jugements particuliers de Jésus.
Le Christ commente
: "Vous ne savez presque plus imaginer la beauté du Paradis tant cela
vous semble être une fable, et vous dissimulez votre incapacité sous une
avalanche de mots dont le sens est le suivant : L’on ne peut décrire
le paradis parce qu’il est Pensée. Pensée ? Non, il est réalité !
Parle, dit-il à Maria Valtorta, toi, qui y es monté et dis si le paradis
est simplement une pensée ou bien une réalité
spirituelle, une réalité de lumière, de chant, de joie et de beauté.
Dis-leur, ce que vaut le paradis et comment la souffrance, la pauvreté ou
la maladie doivent être saluées d’un sourire à la pensée de ce lieu où la
Joie sans fin les attend".
Le Paradis est donc réel et non virtuel. Sa nature n’est cependant pas
compréhensible avec des référents terrestres. "À cause de sa
transcendance, dit l’Église catholique,
Dieu ne peut être vu tel qu’Il est que lorsqu’il ouvre lui-même son mystère
à la contemplation immédiate de l’homme et qu’Il lui en donne la capacité.
Cette contemplation de Dieu dans sa gloire céleste est appelée par l’Église
la vision béatifique".
En contemplant le Paradis,
Maria Valtorta remarque aux confins du Ciel, une âme moins brillante, et
plus hésitante, partagée entre la contemplation de Dieu et le regard vers
la voyante : c’est sa mère sur le point de terminer sa purification. Cette
vision dévoile le lien et la graduation entre Purgatoire et Paradis. Le
premier est transitoire et temporaire. Le second est définitif et éternel.
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