Liste des sigles
SS. Jean-Paul II et Maria Valtorta
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Chapitre troisième : Je
crois en l’Esprit Saint
Article 10 : "Je crois au pardon des
péchés"
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976
Le Symbole
des apôtres lie la foi au pardon des péchés à la foi en l’Esprit Saint, mais
aussi à la foi en l’Église et en la communion des saints. C’est en donnant
l’Esprit Saint à ses apôtres que le Christ ressuscité leur a conféré son
propre pouvoir divin de pardonner les péchés : "Recevez l’Esprit
Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ;
ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus" (1).
(La deuxième partie du Catéchisme traitera explicitement du pardon des péchés
par le Baptême, le sacrement de Pénitence et les autres sacrements, surtout
l’Eucharistie. Il suffit donc d’évoquer ici brièvement quelques données de
base).
-------
(1) Jean 20,22-23.
I. Un seul baptême pour le pardon des péchés
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977
Notre Seigneur a lié le pardon des
péchés à la foi et au Baptême : "Allez par le monde entier,
proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera
baptisé, sera sauvé" (1). Le Baptême est le premier et principal sacrement
du pardon des péchés parce qu’il nous unit au Christ mort pour nos péchés,
ressuscité pour notre justification (2), afin que "nous vivions nous
aussi dans une vie nouvelle" (3).
-------
(1) Marc 16,15-16 – (2) cf. Romains 4,25 – (3) Romains 6, 4.
978
"Au moment où nous faisons notre première profession de Foi, en
recevant le saint Baptême qui nous purifie, le pardon que nous recevons est
si plein et si entier, qu’il ne nous reste absolument rien à effacer, soit de
la faute originelle, soit des fautes commises par notre volonté propre, ni
aucune peine à subir pour les expier (...). Mais néanmoins la grâce du
Baptême ne délivre personne de toutes les infirmités de la nature. Au
contraire nous avons encore à combattre les mouvements de la concupiscence
qui ne cessent de nous porter au mal" (1).
-------
(1) Catechismus Romanus
1, 11,3.
979
En ce combat avec l’inclination au mal, qui serait assez
vaillant et vigilant pour éviter toute blessure du péché ? "Si donc
il était nécessaire que l’Église eût le pouvoir de remettre les péchés, il
fallait aussi que le Baptême ne fût pas pour elle l’unique moyen de se servir
de ces clefs du Royaume des cieux qu’elle avait reçues de Jésus-Christ ;
il fallait qu’elle fût capable de pardonner leurs fautes à tous les
pénitents, quand même ils auraient péché jusqu’au dernier moment de leur
vie" (1).
-------
(1) Catechismus Romanus
1, 11, 4.
980
C’est par le sacrement de Pénitence que le baptisé peut être
réconcilié avec Dieu et avec l’Église :
Les pères ont eu raison d’appeler la pénitence "un baptême
laborieux" (1). Ce sacrement de Pénitence est, pour ceux qui sont tombés
après le Baptême, nécessaire au salut, comme l’est le Baptême lui-même pour
ceux qui ne sont pas encore régénérés (2).
-------
(1) Saint Grégoire de Nazians, Orationes 39,
17 : PG 36, 356A – (2) Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer
1672.
II. Le pouvoir des clefs
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981
Le Christ
après sa résurrection a envoyé ses apôtres "annoncer à toutes les
nations le repentir en son nom en vue de la rémission des péchés" (Luc
24, 47). Ce " ministère de la réconciliation " (2
Corinthiens 5, 18), les apôtres et leurs successeurs ne l’accomplissent pas
seulement en annonçant aux hommes le pardon de Dieu mérité pour nous par le
Christ et en les appelant à la conversion et à la foi, mais aussi en leur
communicant la rémission des péchés par le Baptême et en les réconciliant
avec Dieu et avec l’Église grâce au pouvoir des clefs reçu du Christ :
L’Église a reçu les clés du
Royaume des cieux, afin que se fasse en elle la rémission des péchés par le
sang du Christ et l’action du Saint-Esprit. C’est dans cette Église que l’âme
revit, elle qui était morte par les péchés, afin de vivre avec le Christ,
dont la grâce nous a sauvés (Saint Augustin, serm.
214, 11 : PL 38, 1071-1072).
982
Il n’y a
aucune faute, aussi grave soit-elle, que la Sainte Église ne puisse remettre.
" Il n’est personne, si méchant et si coupable qu’il soit, qui ne
doive espérer avec assurance son pardon, pourvu que son repentir soit
sincère " (Catechismus Romanus 1, 11, 5). Le Christ qui est mort pour tous les
hommes, veut que, dans son Église, les portes du pardon soient toujours
ouvertes à quiconque revient du péché (cf. Matthieu 18, 21-22).
983 La catéchèse s’efforcera d’éveiller et de nourrir chez les
fidèles la foi en la grandeur incomparable du don que le Christ ressuscité a
fait à son Église : la mission et le pouvoir de pardonner véritablement
les péchés, par le ministère des apôtres et de leurs successeurs :
Le Seigneur veut que ses
disciples aient un pouvoir immense : il veut que ses pauvres serviteurs
accomplissent en son nom tout ce qu’il avait fait quand il était sur la terre
(Saint Ambroise, pœnit. 1, 34 : PL 16, 477A).
Les prêtres ont reçu un pouvoir que Dieu n’a
donné ni aux anges ni aux archanges. (...) Dieu sanctionne là-haut tout ce
que les prêtres font ici-bas (Saint Jean Chrysostome, sac. 3, 5 : PG 48,
643A).
Si dans l’Église il n’y avait pas la rémission des péchés, nul espoir existerait, nulle espérance d’une vie éternelle et
d’une libération éternelle. Rendons grâce à Dieu qui a donné à son Église un
tel don (Saint Augustin, serm. 213, 8 : PL 38,
1064).
En bref.
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984
Le Credo met en relation " le pardon des péchés " avec la
profession de foi en l’Esprit Saint. En effet, le Christ ressuscité a confié
aux apôtres le pouvoir de pardonner les péchés lorsqu’il leur a donné
l’Esprit Saint.
985
Le Baptême est le premier et principal sacrement pour le pardon des
péchés : il nous unit au Christ mort et ressuscité et nous donne
l’Esprit Saint.
986
De par la volonté du Christ, l’Église possède le pouvoir de pardonner les
péchés des baptisés et elle l’exerce par les évêques et les prêtres de façon
habituelle dans le sacrement de pénitence.
987
"Dans la rémission des péchés, les prêtres et les sacrements sont de
purs instruments dont notre Seigneur Jésus-Christ, unique auteur et
dispensateur de notre salut, veut bien se servir pour effacer nos iniquités
et nous donner la grâce de la justification" (Catechismus
Romanus 1, 11, 6).
Article 11 - "Je
crois à la résurrection de la chair".
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988
Le Credo
chrétien – profession de notre foi en Dieu le Père, le Fils et le Saint
Esprit, et dans son action créatrice, salvatrice et sanctificatrice – culmine
en la proclamation de la résurrection des morts à la fin des temps, et en la
vie éternelle.
989
Nous
croyons fermement, et ainsi nous espérons, que de même que le Christ est
vraiment ressuscité des morts, et qu’il vit pour toujours, de même après leur
mort les justes vivront pour toujours avec le Christ ressuscité et qu’il les
ressuscitera au dernier jour (cf. Jean 6, 39-40). Comme la sienne, notre
résurrection sera l’œuvre de la Très Sainte Trinité :
Si l’Esprit de Celui qui a
ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité
Jésus-Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par
son Esprit qui habite en vous (Romains 8, 11 ; cf. 1 Timothée 4,
14 ; 1Corinthiens 6, 14 ; 2 Corinthiens 4, 14 ; Philippiens 3,
10-11).
990
Le terme
" chair " désigne l’homme dans sa condition de faiblesse
et de mortalité (cf. Gn 6, 3 ; Ps 56, 5 ;
Is 40, 6). La " résurrection de la chair " signifie qu’il
n’y aura pas seulement, après la mort, la vie de l’âme immortelle, mais que
même nos " corps mortels " (Romains 8, 11) reprendront
vie.
991
Croire en
la résurrection des morts a été dès ses débuts un élément essentiel de la foi
chrétienne. " Une conviction des chrétiens : la résurrection
des morts ; cette croyance nous fait vivre " (Tertullien res. 1, 1) :
Comment certains d’entre vous
peuvent-ils dire qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? S’il n’y a
pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Mais
si le Christ n’est pas ressuscité, alors notre prédication est vide, vide
aussi votre foi. (...) Mais non, le Christ est ressuscité des morts, prémices
de ceux qui se sont endormis (1Corinthiens 15, 12-14. 20).
I. La résurrection du
Christ et la nôtre.
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Révélation progressive de la Résurrection
992
La
résurrection des morts a été révélée progressivement par Dieu à son Peuple.
L’espérance en la résurrection corporelle des morts s’est imposée comme une
conséquence intrinsèque de la foi en un Dieu créateur de l’homme tout entier,
âme et corps. Le créateur du ciel et de la terre est aussi Celui qui
maintient fidèlement son alliance avec Abraham et sa descendance. C’est dans cette double perspective que commencera à s’exprimer la
foi en la résurrection. Dans leurs épreuves, les martyrs Maccabées
confessent :
Le Roi du monde nous ressuscitera
pour une vie éternelle, nous qui mourons pour ses lois (2 M 7, 9). Mieux vaut
mourir de la main des hommes en tenant de Dieu l’espoir d’être ressuscité par
lui (2 M 7, 14 ; cf. 7, 29 ; Daniel 12, 1-13).
993
Les
Pharisiens (cf. Actes 23, 6) et bien des contemporains du Seigneur (cf. Jean
11, 24) espéraient la résurrection. Jésus l’enseigne fermement. Aux
Sadducéens qui la nient il répond : " Vous ne connaissez ni
les Écritures ni la puissance de Dieu, vous êtes dans l’erreur" (Marc
12, 24). La foi en la résurrection repose sur la foi en Dieu qui "n’est
pas un Dieu des morts, mais des vivants" (Marc 12, 27).
994
Mais il y
a plus : Jésus lie la foi en la résurrection à sa propre personne :
"Je suis la Résurrection et la vie" (1). C’est Jésus lui-même qui
ressuscitera au dernier jour ceux qui auront cru en lui (2) et qui auront
mangé son corps et bu son sang (3). Il en donne dès maintenant un signe et un
gage en rendant la vie à certains morts (4), annonçant par là sa propre
Résurrection qui sera cependant d’un autre ordre. De cet événement unique Il
parle comme du "signe de Jonas" (5), du signe du Temple (6) :
il annonce sa Résurrection le troisième jour après sa mise à mort (7).
-------
(1) Jean 11,25 – (2) cf. Jean 5,24-25; 6,40 – (3) cf. Jean 6,54
– (4) cf. Marc 5,21-42 ; Luc 7,11-17 ; Jean 11 – (5) Matthieu 12,40
– (6) cf. Jean 2,19-22 – (7) cf. Marc 10,34
995
Être témoin du Christ, c’est être "témoin de sa Résurrection"
(1), "avoir mangé et bu avec lui après sa Résurrection d’entre les
morts" (2). L’espérance chrétienne en la résurrection est toute marquée
par les rencontres avec le Christ ressuscité. Nous ressusciterons comme Lui,
avec Lui, par Lui.
-------
(1) Actes 1,22; cf. 4,33 – (2) Actes 10,41
996
Dès le début, la foi chrétienne en la résurrection a rencontré incompréhensions
et oppositions (1). "Sur aucun point la foi chrétienne ne rencontre plus
de contradiction que sur la résurrection de la chair" (2). Il est très
communément accepté qu’après la mort la vie de la personne humaine continue
d’une façon spirituelle. Mais comment croire que ce corps si manifestement
mortel puisse ressusciter à la vie éternelle ?
-------
(1) cf. Actes 17,32; 1Corinthiens 15,12-13 – (2) Saint
Augustin, Psal. 88,2, 5
Comment les morts ressuscitent-ils ?
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997
Qu’est-ce que "ressusciter" ? Dans la mort, séparation
de l’âme et du corps, le corps de l’homme tombe dans la corruption, alors que
son âme va à la rencontre de Dieu, tout en demeurant en attente d’être réunie
à son corps glorifié. Dieu dans sa Toute-Puissance rendra définitivement la
vie incorruptible à nos corps en les unissant à nos âmes, par la vertu de la
Résurrection de Jésus.
998
Qui ressuscitera ? Tous les hommes qui sont morts :
"ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui
auront fait le mal, pour la damnation" (1).
-------
(1) Jean 5,29 ; cf. Daniel 12,2.
999
Comment ? Le Christ est ressuscité avec son propre corps :
"Regardez mes mains et mes pieds : c’est bien moi" (1) ;
mais Il n’est pas revenu à une vie terrestre. De même, en Lui, "tous
ressusciteront avec leur propre corps, qu’ils ont maintenant" (2), mais
ce corps sera "transfiguré en corps de gloire" (3), en "corps
spirituel" (4) :
"Mais, dira-t-on, comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quel
corps reviennent-ils ? Insensé ! Ce que tu sèmes, toi, ne reprend
vie, s’il ne meurt. Et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps à venir, mais
un grain tout nu (...). On sème de la corruption, il ressuscite de l’incorruption ; (...) les morts ressusciteront
incorruptibles (...). Il faut en effet que cet être corruptible revête
l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité" (5).
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(1) Luc 24,39 – (2) Concile de Latran IV :
Denzinger-Schönmetzer 801 – (3) Philippiens 3,21 – (4) 1Corinthiens 15,44 –
(5) 1Corinthiens 15,35-37. 42. 52-53.
1000
Ce "comment" dépasse notre imagination et notre
entendement ; il n’est accessible que dans la foi. Mais notre
participation à l’Eucharistie nous donne déjà un avant-goût de la
transfiguration de notre corps par le Christ :
De même que le pain qui vient de la terre, après avoir reçu l’invocation de
Dieu, n’est plus du pain ordinaire, mais eucharistie, constituée de deux
choses, l’une terrestre et l’autre céleste, de même nos corps qui participent
à l’eucharistie ne sont plus corruptibles, puisqu’ils ont l’espérance de la
résurrection (1)
-------
(1) Saint Irénée, hær. 4, 18, 4-5.
1001
Quand ? Définitivement "au dernier jour" (1) ;
"à la fin du monde" (2). En effet, la résurrection des morts est
intimement associée à la Parousie du Christ :
Car lui-même, le Seigneur, au signal donné par la voix de l’archange et la
trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts qui sont dans le Christ
ressusciteront en premier lieu (3).
-------
(1) Jean 6,39-40. 44. 54 ; 11,24 – (2) Lumen Gentium 48 – (3) 1 Timothée 4, 16.
Ressuscités avec le Christ
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1002
S’il est
vrai que le Christ nous ressuscitera "au dernier jour", il est vrai
aussi que, d’une certaine façon, nous sommes déjà ressuscités avec le Christ.
En effet, grâce à l’Esprit Saint, la vie chrétienne est, dès maintenant sur
terre, une participation à la mort et à la Résurrection du Christ :
Ensevelis avec le Christ lors du Baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec
lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui L’a ressuscité des morts
(...). Du moment donc que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez
les choses d’en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu (1)
-------
(1) Colossiens 2,12 ; 3,1.
1003
Unis au Christ par le Baptême, les
croyants participent déjà réellement à la vie céleste du Christ ressuscité
(1), mais cette vie demeure "cachée avec le Christ en Dieu" (2)
"Avec lui Il nous a ressuscités et fait asseoir au cieux, dans le Christ
Jésus" (3). Nourris de son Corps dans l’Eucharistie, nous appartenons
déjà au Corps du Christ. Lorsque nous ressusciterons au dernier jour nous
serons aussi "manifestés avec lui pleins de gloire" (4).
-------
(1) cf. Philippiens 3,20 – (2) Colossiens 3,3 – (3) Éphésiens
2,6 – (4) Colossiens 3,3.
1004
Dans l’attente de ce jour, le corps et l’âme du croyant participent déjà
à la dignité d’être "au Christ"; d’où l’exigence de respect envers
son propre corps, mais aussi envers celui d’autrui, particulièrement
lorsqu’il souffre :
Le corps est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. Et Dieu, qui a
ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera, nous aussi, par sa puissance. Ne
savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ ? (...) Vous ne
vous appartenez pas (...) Glorifiez donc Dieu dans votre corps (1Corinthiens
6, 13-15. 19-20).
II. Mourir dans le Christ
Jésus.
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1005
Pour
ressusciter avec le Christ, il faut mourir avec le Christ, il faut
"quitter ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur"(1). Dans
ce "départ"(2) qu’est la mort, l’âme est séparée du corps. Elle
sera réunie à son corps le jour de la résurrection des morts(3).
-------
(1) 2 Corinthiens 5,8 – (2) Philippiens 1,23 – (3) cf. Credo du
Peuple de Dieu : profession de foi solennelle 28.
La mort
1006
"C’est
en face de la mort que l’énigme de la condition humaine atteint son
sommet"(1). En un sens, la mort corporelle est naturelle, mais pour la
foi elle est en fait "salaire du péché"(2). Et pour ceux qui
meurent dans la grâce du Christ, elle est une participation à la mort du
Seigneur, afin de pouvoir participer aussi à sa Résurrection(3).
-------
(1) Gaudium et spes
18 – (2) Romains 6,23 ; cf. Genèse 2,17 – (3) cf. Romains 6, 3-9 ;
Philippiens 3, 10-11.
1007
La mort est le terme de la vie terrestre. Nos vies sont mesurées
par le temps, au cours duquel nous changeons, nous vieillissons et, comme
chez tous les êtres vivants de la terre, la mort apparaît comme la fin
normale de la vie. Cet aspect de la mort donne une urgence à nos vies :
le souvenir de notre mortalité sert aussi à nous rappeler que nous n’avons
qu’un temps limité pour réaliser notre vie : "Souviens-toi de ton
Créateur aux jours de ton adolescence, (...) avant que la poussière ne
retourne à la terre, selon qu’elle était, et que le souffle ne retourne à
Dieu qui l’avait donné"(1).
-------
(1) Qohelet (Ecclésiaste) 12, 1. 7.
1008
La mort est conséquence du péché. Interprète
authentique des affirmations de la Sainte Écriture(1) et de la Tradition, le
Magistère de l’Église enseigne que la mort est entrée dans le monde à cause
du péché de l’homme(2). Bien que l’homme possédât une nature mortelle, Dieu
le destinait à ne pas mourir. La mort fut donc contraire aux desseins de Dieu
Créateur, et elle entra dans le monde comme conséquence du péché(3). "La
mort corporelle, à laquelle l’homme aurait été soustrait s’il n’avait pas
péché"(4), est ainsi "le dernier ennemi" de l’homme à devoir
être vaincu(5).
------
(1) cf. Genèse 2,17 ; 3,3 ; 3,19 ; Sagesse
1,13 ; Romains 5,12 ; 6,23 - (2) cf. Denzinger-Schönmetzer 1511 –
(3) cf. Sagesse 2, 23-24 – (4) Gaudium et spes 18 – (5) cf. 1Corinthiens 15,26.
1009
La mort est transformée par le Christ. Jésus, le Fils de Dieu, a
souffert lui aussi la mort, propre de la condition humaine. Mais, malgré son
effroi face à elle(1), il l’assuma dans un acte de soumission totale et libre
à la volonté de son Père. L’obéissance de Jésus a transformé la malédiction
de la mort en bénédiction(2).
-------
(1) cf. Marc 14,33-34 ; Hébreux 5,7-8 – (2) cf. Romains 5,
19-21 .
Le sens de la mort chrétienne
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1010
Grâce au
Christ, la mort chrétienne a un sens positif. "Pour moi, la vie c’est le
Christ et mourir un gain"(1). "C’est là une parole certaine :
si nous mourons avec lui, nous vivrons avec lui"(2). La nouveauté
essentielle de la mort chrétienne est là : par le Baptême, le chrétien
est déjà sacramentellement "mort avec le Christ", pour vivre d’une
vie nouvelle ; et si nous mourons dans la grâce du Christ, la mort
physique consomme ce "mourir avec le Christ" et achève ainsi notre
incorporation à Lui dans son acte rédempteur : "Il est bon pour moi
de mourir dans (eis) le Christ Jésus, plus
que de régner sur les extrémités de la terre. C’est lui que je cherche, qui
est mort pour nous ; lui que je veux, qui est ressuscité pour nous. Mon
enfantement approche (...). Laissez-moi recevoir la pure lumière ; quand
je serai arrivé là, je serai un homme"(3).
-------
(1) Philippiens 1,21 – (2) 2 Timothée 2,11 – (3) Saint Ignace
d’Antioche, Rom. 6, 1-2.
1011
Dans la mort, Dieu appelle l’homme vers
Lui. C’est pourquoi le chrétien peut éprouver envers la mort un désir
semblable à celui de Saint Paul : "J’ai le désir de m’en aller et
d’être avec le Christ"(1) ; et il peut transformer sa propre mort
en un acte d’obéissance et d’amour envers le Père, à l’exemple du
Christ(2) : "Mon désir terrestre a été crucifié ; (...) il y a
en moi une eau vive qui murmure et qui dit au dedans de moi : Viens vers
le Père"(3). "Je veux voir Dieu,
et pour le voir il faut mourir"(4). "Je
ne meurs pas, j’entre dans la vie"(5).
-------
(1) cf. Philippiens 1,23 – (2) cf. Luc 23, 46 – (3) Saint
Ignace d’Antioche, Rom. 7, 2 – (4) Sainte. Thérèse de Jésus, vida 1 – (5)
Sainte. Thérèse de l’Enfant-Jésus, verba.
1012
La vision chrétienne de la mort(1) est
exprimée de façon privilégiée dans la liturgie de l’Église : "Pour
tous ceux qui croient en toi, Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est
transformée ; et lorsque prend fin leur séjour sur la terre, ils ont
déjà une demeure éternelle dans les cieux"(2).
------
(1) cf. 1 Timothée 4, 13-14 – (2) Missel Romain, Préface des
défunts.
1013
La mort est la fin du pèlerinage
terrestre de l’homme, du temps de grâce et de miséricorde que Dieu lui offre
pour réaliser sa vie terrestre selon le dessein divin et pour décider son
destin ultime. Quand a pris fin "l’unique cours de notre vie
terrestre"(1), nous ne reviendrons plus à d’autres vies terrestres.
"Les hommes ne meurent qu’une fois"(2). Il n’y a pas de
"réincarnation" après la mort.
----
(1) Lumen Gentium 48 – (2) Hébreux 9,
27.
1014
L’Église nous encourage à nous préparer pour l’heure de notre mort(1), à
demander à la Mère de Dieu d’intercéder pour nous "à l’heure de notre
mort"(2), et à nous confier à saint Joseph, patron de la bonne
mort : "Dans toutes tes actions, dans toutes tes pensées tu devrais
te comporter comme si tu devais mourir aujourd’hui. Si ta conscience était en
bon état, tu ne craindrais pas beaucoup la mort. Il vaudrait mieux se garder
de pécher que de fuir la mort. Si aujourd’hui tu n’es pas prêt, comment le
seras-tu demain ?"(3).
"Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre
mort corporelle, à qui nul homme vivant ne peut échapper. Malheur à ceux qui
mourront dans les péchés mortels, heureux ceux qu’elle trouvera dans ses très
saintes volontés, car la seconde mort ne leur fera pas mal"(4)
-------
(1) "Délivre-nous, Seigneur, d’une mort subite et
imprévue" : ancienne Litanie des saints –(2) Prière de l’Ave Maria
– (3) Imitation du Christ 1, 23, 1 – (4) Saint François d’Assise, cant.
En bref.
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1015
"La chair est le pivot du salut" (Tertullien, res.
8, 2). Nous croyons en Dieu qui est le créateur de la chair ; nous
croyons au Verbe fait chair pour racheter la chair ; nous croyons en la
résurrection de la chair, achèvement de la création et de la rédemption de la
chair.
1016
Par la mort l’âme est séparée du corps, mais dans la résurrection Dieu rendra
la vie incorruptible à notre corps transformé en le réunissant à notre âme.
De même que le Christ est ressuscité et vit pour toujours, tous nous
ressusciterons au dernier jour.
1017
"Nous croyons en la vraie résurrection de cette chair que nous possédons
maintenant" (Denzinger-Schönmetzer 854). Cependant, on sème dans le
tombeau un corps corruptible, il ressuscite un corps incorruptible (cf.
1Corinthiens 15, 42), un "corps spirituel" (1Corinthiens 15, 44).
1018
En conséquence du péché originel, l’homme doit subir " la mort
corporelle, à laquelle il aurait été soustrait s’il n’avait pas
péché " (Gaudium et spes
18).
1019
Jésus, le Fils de Dieu, a librement souffert la mort pour nous dans une
soumission totale et libre à la volonté de Dieu, son Père. Par sa mort il a
vaincu la mort, ouvrant ainsi à tous les hommes la possibilité du salut.
Article 12 - "Je
crois à la vie éternelle"
Haut de page
1020
Le
chrétien qui unit sa propre mort à celle de Jésus voit la mort comme une venue
vers Lui et une entrée dans la vie éternelle. Lorsque l’Église a, pour la
dernière fois, dit les paroles de pardon de l’absolution du Christ sur le
chrétien mourant, l’a scellé pour la dernière fois d’une onction fortifiante
et lui a donné le Christ dans le viatique comme nourriture pour le voyage,
elle lui parle avec une douce assurance :
Quitte ce monde, âme chrétienne,
au nom du Père Tout-Puissant qui t’a créé, au nom de Jésus-Christ, le Fils du
Dieu vivant, qui a souffert pour toi, au nom du Saint-Esprit qui a été
répandu en toi. Prends ta place aujourd’hui dans la paix, et fixe ta demeure
avec Dieu dans la sainte Sion, avec la Vierge Marie, la Mère de Dieu, avec
saint Joseph, les anges et tous les saints de Dieu (...). Retourne auprès de
ton Créateur qui t’a formé de la poussière du sol. Qu’à l’heure où ton âme
sortira de ton corps, Marie, les anges et tous les saints se hâtent à ta
rencontre (...). Que tu puisses voir ton Rédempteur face à face (1) …
-------
(1) Ordo exsequiarum
(rituel des funérailles), Commendatio animæ.
I. Le jugement
particulier.
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1021
La mort
met fin à la vie de l’homme comme temps ouvert à l’accueil ou au rejet de la
grâce divine manifestée dans le Christ (cf. 2Timothée 1,9-10). Le Nouveau
Testament parle du jugement principalement dans la perspective de la
rencontre finale avec le Christ dans son second avènement, mais il affirme
aussi à plusieurs reprises la rétribution immédiate après la mort de chacun
en fonction de ses œuvres et de sa foi. La parabole du pauvre Lazare (cf. Luc
16,22) et la parole du Christ en Croix au bon larron (cf. Luc 23,43), ainsi
que d’autres textes du Nouveau Testament (cf. 2Corinthiens 5,8 ;
Philippiens 1,23 ; Hébreux 9,27 ; 12, 23) parlent d’une destinée
ultime de l’âme (cf. Matthieu 16, 26) qui peut être différente pour les unes
et pour les autres.
1022
Chaque
homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en
un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une
purification (1), soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel
(2), soit pour se damner immédiatement pour toujours (3).
Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour (4).
-------
(1) cf. Concile de Lyon : Denzinger-Schönmetzer
857-858 ; Concile de Florence : Denzinger-Schönmetzer
1304-1306 ; Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer 1820 – (2)
cf. Benoît XII : Denzinger-Schönmetzer 1000-1001 ; Jean XXII :
Denzinger-Schönmetzer 990 – (3) cf. Benoît XII : Denzinger-Schönmetzer
1002 – (4) Saint Jean de la Croix, dichos 64.
II. Le Ciel.
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1023
Ceux qui meurent
dans la grâce et l’amitié de Dieu, et qui sont parfaitement purifiés, vivent
pour toujours avec le Christ. Ils sont pour toujours semblables à Dieu, parce
qu’ils le voient " tel qu’il est " (1 Jean 3, 2), face à
face (cf. 1Corinthiens 13, 12 ; Apocalypse 22, 4) :
De notre autorité apostolique
nous définissons que, d’après la disposition générale de Dieu, les âmes de
tous les saints (...) et de tous les autres fidèles morts après avoir reçu le
saint Baptême du Christ, en qui il n’y a rien eu à purifier lorsqu’ils sont
morts, (...) ou encore, s’il y a eu ou qu’il y a quelque chose à purifier,
lorsque, après leur mort, elles auront achevé de le faire, (...) avant même
la résurrection dans leur corps et le Jugement général, et cela depuis
l’Ascension du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ au ciel, ont été, sont et
seront au ciel, au Royaume des cieux et au Paradis céleste avec le Christ,
admis dans la société des saints anges. Depuis la passion et la mort de notre
Seigneur Jésus-Christ, elles ont vu et voient l’essence divine d’une vision
intuitive et même face à face, sans la médiation d’aucune créature (Benoît
XII : Denzinger-Schönmetzer 1000 ; cf. Lumen Gentium
49).
1024
Cette
vie parfaite avec la Très Sainte Trinité, cette communion de vie et d’amour
avec Elle, avec la Vierge Marie, les anges et tous les bienheureux est
appelée " le ciel ". Le ciel est la fin ultime et la
réalisation des aspirations les plus profondes de l’homme, l’état de bonheur
suprême et définitif.
1025 Vivre au ciel c’est " être avec le
Christ " (cf. Jean 14, 3 ; Philippiens 1, 23 ; 1 Timothée
4, 17). Les élus vivent " en Lui ", mais ils y gardent,
mieux, ils y trouvent leur vraie identité, leur propre nom (cf. Apocalypse 2,
17) :
Car la vie c’est d’être avec le
Christ : là où est le Christ, là est la vie, là est le royaume. (Saint
Ambroise, Luc. 10, 121: PL 15, 1834A).
1026 Par sa mort et sa Résurrection Jésus-Christ
nous a " ouvert " le ciel. La vie des bienheureux
consiste dans la possession en plénitude des fruits de la rédemption opérée
par le Christ qui associe à sa glorification céleste ceux qui ont cru en Lui
et qui sont demeurés fidèles à sa volonté. Le ciel est la communauté
bienheureuse de tous ceux qui sont parfaitement incorporés à Lui.
1027 Ce mystère de communion bienheureuse avec
Dieu et avec tous ceux qui sont dans le Christ dépasse toute compréhension et
toute représentation. L’Écriture nous en parle en images : vie, lumière,
paix, festin de noces, vin du royaume, maison du Père, Jérusalem céleste,
paradis : " Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas
entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a
préparé pour ceux qui l’aiment " (1Corinthiens 2, 9).
1028 À cause de sa transcendance, Dieu ne peut
être vu tel qu’Il est que lorsqu’il ouvre lui-même son mystère à la
contemplation immédiate de l’homme et qu’Il lui en donne la capacité. Cette
contemplation de Dieu dans sa gloire céleste est appelée par l’Église
" la vision béatifique " :
Quelle ne sera pas ta gloire et
ton bonheur : être admis à voir Dieu, avoir l’honneur de participer aux
joies du salut et de la lumière éternelle dans la compagnie du Christ le
Seigneur ton Dieu, (...) jouir au Royaume des cieux dans la compagnie des
justes et des amis de Dieu, les joies de l’immortalité acquise (Saint
Cyprien, ep. 56, 10, 1 : PL 4, 357B).
1029 Dans la gloire du ciel, les bienheureux
continuent d’accomplir avec joie la volonté de Dieu par rapport aux autres
hommes et à la création toute entière. Déjà ils règnent avec le Christ ;
avec Lui " ils régneront pour les siècles des siècles "
(Apocalypse 22, 5 ; cf. Matthieu 25, 21. 23).
III. La purification
finale ou Purgatoire.
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1030
Ceux qui
meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien
qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification,
afin d’obtenir la sainteté nécessaires pour entrer dans la joie du ciel.
1031
L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui
est tout à fait distincte du châtiment des damnés. L’Église a formulé la
doctrine de la foi relative au Purgatoire surtout aux Conciles de Florence
(1) et de Trente (2). La tradition de l’Église, faisant référence à certains
textes de l’Écriture (3), parle d’un feu purificateur :
Pour ce qui est de certaines
fautes légères, il faut croire qu’il existe avant le jugement un feu
purificateur, selon ce qu’affirme Celui qui est la Vérité, en disant que si
quelqu’un a prononcé un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera
pardonné ni dans ce siècle-ci, ni dans le siècle futur (4). Dans cette
sentence nous pouvons comprendre que certaines fautes peuvent être remises
dans ce siècle-ci, mais certaines autres dans le siècle futur (5).
-------
(1) cf. Denzinger-Schönmetzer 1304 – (2) cf. Denzinger-Schönmetzer
1820 ; 1580 – (3) par exemple 1Corinthiens 3, 15 ; 1 P 1,7 – (4)
Matthieu 12, 31 – (5) Saint Grégoire le Grand, Dialogues, 4, 39.
1032
Cet enseignement s’appuie aussi sur la
pratique de la prière pour les défunts dont parle déjà la Sainte
Écriture : "Voilà pourquoi il (Judas Maccabée) fit faire ce
sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de leur
péché" (2). Dès les premiers temps, l’Église a honoré la mémoire des
défunts et offert des suffrages en leur faveur, en particulier le sacrifice
eucharistique (1), afin que, purifiés, ils puissent parvenir à la vision
béatifique de Dieu. L’Église recommande aussi les aumônes, les indulgences et
les œuvres de pénitence en faveur des défunts :
Portons-leur secours et faisons
leur commémoraison. Si les fils de Job ont été purifiés par le sacrifice de
leur père (3), pourquoi douterions-nous que nos offrandes pour les morts leur
apportent quelque consolation ? N’hésitons pas à porter secours à ceux
qui sont partis et à offrir nos prières pour eux (4).
-------
(1) cf. Denzinger-Schönmetzer 856 – (2) 2 M 12,46 – (3) cf. Jb 1, 5 – (4) Saint Jean Chrysostome, Homélie sur 1 Corinthiens, 41,
5 : PG 61, 361C.
IV. L’enfer
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1033
Nous ne
pouvons pas être unis à Dieu à moins de choisir librement de l’aimer. Mais
nous ne pouvons pas aimer Dieu si nous péchons gravement contre Lui, contre
notre prochain ou contre nous-mêmes : "Celui qui n’aime pas demeure
dans la mort. Quiconque hait son frère est un homicide ; or vous savez
qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui" (1 Jean 3, 15).
Notre Seigneur nous avertit que nous serons séparés de Lui si nous omettons
de rencontrer les besoins graves des pauvres et des petits qui sont ses
frères (cf. Matthieu 25, 31-46). Mourir en péché mortel sans s’en être
repenti et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer
séparé de Lui pour toujours par notre propre choix libre. Et c’est cet état
d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux
qu’on désigne par le mot "enfer".
1034
Jésus
parle souvent de la "géhenne" du "feu qui ne s’éteint
pas" (cf. Matthieu 5, 22. 29 ; 13, 42. 50 ; Marc 9, 43-48),
réservé à ceux qui refusent jusqu’à la fin de leur vie de croire et de se convertir , et où peuvent être perdus à la fois l’âme et
le corps (cf. Matthieu 10, 28). Jésus annonce en termes graves qu’il
"enverra ses anges, qui ramasseront tous les fauteurs d’iniquité (...),
et les jetteront dans la fournaise ardente " (Matthieu 13, 41-42),
et qu’il prononcera la condamnation : "Allez loin de moi, maudits,
dans le feu éternel ! " (Matthieu 25, 41).
1035
L’enseignement
de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux
qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort
dans les enfers, où elles souffrent les peines de l’enfer, "le feu
éternel" (1). La peine principale de l’enfer consiste en la séparation
éternelle d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur
pour lesquels il a été créé et auxquels il aspire.
------
(1) cf. Denzinger-Schönmetzer 76; 409; 411; 801; 858; 1002;
1351; 1575; SPF (Credo du Peuple de Dieu : profession de foi solennelle) 12.
1036
Les affirmations de la Sainte Écriture et les enseignements de
l’Église au sujet de l’enfer sont un appel à la responsabilité avec
laquelle l’homme doit user de sa liberté en vue de son destin éternel. Elles
constituent en même temps un appel pressant à la conversion :
" Entrez par la porte étroite. Car large et spacieux est le chemin
qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui le prennent ; mais
étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est
peu qui le trouvent " (Matthieu 7, 13-14) :
Ignorants du jour et de l’heure,
il faut que, suivant l’avertissement du Seigneur, nous restions constamment
vigilants pour mériter, quand s’achèvera le cours unique de notre vie
terrestre, d’être admis avec lui aux noces et comptés parmi les bénis de
Dieu, au lieu d’être, comme de mauvais et paresseux serviteurs, écartés par
l’ordre de Dieu vers le feu éternel, vers ces ténèbres du dehors où seront
les pleurs et les grincements de dents (Lumen Gentium
48).
1037
Dieu ne
prédestine personne à aller en enfer (cf. Denzinger-Schönmetzer 397 ;
1567) ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (un péché
mortel), et y persister jusqu’à la fin. Dans la liturgie eucharistique
et dans les prières quotidiennes de ses fidèles, l’Église implore la
miséricorde de Dieu, qui veut "que personne ne périsse, mais que tous
arrivent au repentir" (2Pierre 3, 9) :
Voici l’offrande que nous
présentons devant toi, nous, tes serviteurs, et ta famille entière :
dans ta bienveillance, accepte-la. Assure toi-même la paix de notre vie,
arrache-nous à la damnation et reçois-nous parmi tes élus (MR, Canon Romain
88).
V. Le Jugement dernier.
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1038
La
résurrection de tous les morts, " des justes et des
pécheurs " (Actes 24, 15), précédera le Jugement dernier. Ce sera
" l’heure où ceux qui gisent dans la tombe en sortiront à l’appel
de la voix du Fils de l’Homme ; ceux qui auront fait le bien
ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal pour la
damnation " (Jean 5, 28-29). Alors le Christ " viendra
dans sa gloire, escorté de tous les anges (...). Devant lui seront rassemblés
toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le
berger sépare les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite, et les
boucs à sa gauche (...). Et ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et
les justes à la vie éternelle " (Matthieu 25, 31. 32. 46).
1039
C’est
face au Christ qui est la Vérité que sera définitivement mise à nu la vérité
sur la relation de chaque homme à Dieu (cf. Jean 12, 49). Le jugement dernier
révélera jusque dans ses ultimes conséquences ce que chacun aura fait de bien
ou omis de faire durant sa vie terrestre :
Tout le mal que font les méchants
est enregistré – et ils ne le savent pas. Le Jour où " Dieu ne se
taira pas " (Ps 50, 3) (...) Il se tournera vers les mauvais :
" J’avais, leur dira-t-il, placé sur terre mes petits pauvres, pour
vous. Moi, leur chef, je trônais dans le ciel à la droite de mon Père – mais
sur la terre mes membres avaient faim. Si vous aviez donné à mes membres, ce
que vous auriez donné serait parvenu jusqu’à la tête. Quand j’ai placé mes
petits pauvres sur la terre, je les ai institués vos commissionnaires pour
porter vos bonnes œuvres dans mon trésor : vous n’avez rien déposé dans
leurs mains, c’est pourquoi vous ne possédez rien auprès de moi "
(Saint Augustin, serm. 18, 4, 4 : PL 38,
130-131).
1040
Le
jugement dernier interviendra lors du retour glorieux du Christ. Le Père seul
en connaît l’heure et le jour, Lui seul décide de son avènement. Par son Fils
Jésus-Christ Il prononcera alors sa parole définitive sur toute l’histoire.
Nous connaîtrons le sens ultime de toute l’œuvre de la création et de toute
l’économie du salut, et nous comprendrons les chemins admirables par lesquels
Sa Providence aura conduit toute chose vers sa fin ultime. Le jugement
dernier révélera que la justice de Dieu triomphe de toutes les injustices
commises par ses créatures et que son amour est plus fort que la mort (cf. Ct
8, 6).
1041
Le
message du Jugement dernier appelle à la conversion pendant que Dieu donne
encore aux hommes " le temps favorable, le temps du
salut " (2 Corinthiens 6, 2). Il inspire la sainte crainte de Dieu.
Il engage pour la justice du Royaume de Dieu. Il annonce la
" bienheureuse espérance " (Tt 2, 13) du retour du
Seigneur qui " viendra pour être glorifié dans ses saints et admiré
en tous ceux qui auront cru " (2 Th 1, 10).
VI. L’espérance des cieux
nouveaux et de la terre nouvelle.
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1042
À la fin
des temps, le Royaume de Dieu arrivera à sa plénitude. Après le jugement
universel, les justes régneront pour toujours avec le Christ, glorifiés en
corps et en âme, et l’univers lui-même sera renouvelé :
Alors l’Église sera "consommée
dans la gloire céleste, lorsque, avec le genre humain, tout l’univers
lui-même, intimement uni avec l’homme et atteignant par lui sa destinée,
trouvera dans le Christ sa définitive perfection" (Lumen Gentium 48).
1043
Cette rénovation mystérieuse, qui transformera l’humanité et le monde, la
Sainte Écriture l’appelle "les
cieux nouveaux et la terre nouvelle" (2Pierre 3, 13 ; cf.
Apocalypse 21, 1). Ce sera la réalisation définitive du dessein de Dieu de
"ramener toutes choses sous un
seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres"
(Éphésiens 1, 10).
1044
Dans cet "univers
nouveau" (Apocalypse 21, 5), la Jérusalem céleste, Dieu aura sa
demeure parmi les hommes. "Il
essuiera toute larme de leurs yeux ; de mort, il n’y en aura plus ;
de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en
est allé" (Apocalypse 21, 4 ; cf. 21, 27).
1045
Pour l’homme, cette consommation sera
la réalisation ultime de l’unité du genre humain, voulue par Dieu dès la
création et dont l’Église pérégrinante était "comme le sacrement" (Lumen Gentium 1). Ceux qui seront unis au Christ formeront la
communauté des rachetés, la Cité Sainte de Dieu (Apocalypse 21, 2), "l’Épouse de l’Agneau" (Apocalypse
21, 9). Celle-ci ne sera plus blessée par le péché, les souillures (cf.
Apocalypse 21, 27), l’amour propre, qui détruisent ou blessent la communauté
terrestre des hommes. La vision béatifique, dans laquelle Dieu s’ouvrira de
façon inépuisable aux élus, sera la source intarissable de bonheur, de paix
et de communion mutuelle.
1046
Quant au cosmos, la Révélation affirme la
profonde communauté de destin du monde matériel et de l’homme :
Car la création en attente aspire à la révélation
des fils de Dieu (...) avec l’espérance d’être elle aussi libérée de la
servitude de la corruption. (...) Nous le savons en effet, toute la création
jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. Et non pas elle seule ;
nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi
intérieurement dans l’attente de la rédemption de notre corps (Romains 8,
19-23).
1047
L’univers
visible est donc destiné, lui aussi, à être transformé, "afin que le
monde lui-même, restauré dans son premier état, soit, sans plus aucun
obstacle, au service des justes", participant à leur glorification en
Jésus-Christ ressuscité (Saint Irénée, hær. 5, 32,
1).
1048
"Nous
ignorons le temps de
l’achèvement de la terre et de l’humanité, nous ne connaissons pas
le mode de transformation du cosmos. Elle passe, certes, la figure de ce
monde déformée par le péché ; mais nous l’avons appris, Dieu nous
prépare une nouvelle demeure et une nouvelle terre où régnera la justice et
dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent
au cœur de l’homme" (Gaudium et spes 39, § 1).
1049
"Mais
l’attente de la terre nouvelle, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver
cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille
humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C’est
pourquoi, s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la
croissance du règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance
pour le royaume de Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure
organisation de la société humaine" (Gaudium
et spes 39, § 2).
1050
"Car tous les fruits excellents de notre
nature et de notre industrie, que nous aurons propagés sur terre selon le
commandement du Seigneur et dans son Esprit, nous les retrouverons plus tard,
mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés, lorsque le Christ
remettra à son Père le royaume éternel et universel" (Gaudium et spes 39, § 3 ;
cf. Lumen Gentium 2). Dieu sera alors "tout en tous" (1Corinthiens 15,
28), dans la vie éternelle :
La vie subsistante et vraie,
c’est le Père qui, par le Fils et en l’Esprit Saint, déverse sur tous sans
exception les dons célestes. Grâce à sa miséricorde, nous aussi, hommes, nous
avons reçu la promesse indéfectible de la vie éternelle (Saint Cyrille de
Jérusalem, catech. ill. 18, 29 : PG 33, 1049).
En bref.
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1051
Chaque homme dans son âme immortelle reçoit sa rétribution éternelle dès sa mort
en un jugement particulier par le Christ, juge des vivants et des morts.
1052
"Nous croyons que les âmes de tous ceux qui meurent dans la grâce du
Christ (...) sont le Peuple de Dieu dans l’au-delà de la mort, laquelle sera
définitivement vaincue le jour de la résurrection où ces âmes seront réunies
à leurs corps" (SPF (Credo du Peuple de Dieu : profession de foi
solennelle) 28).
1053
"Nous croyons que la multitude de celles qui sont rassemblées autour de
Jésus et de Marie au Paradis forme l’Église du ciel, où dans l’éternelle
béatitude elles voient Dieu tel qu’il est et où elles sont aussi, à des
degrés divers, associées avec les saints anges au gouvernement divin exercé
par le Christ en gloire, en intercédant pour nous et aidant notre faiblesse
par leur sollicitude fraternelle" (SPF (Credo du Peuple de Dieu :
profession de foi solennelle) 29).
1054
Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement
purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort
une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la
joie de Dieu.
1055
En vertu de la "communion des saints", l’Église recommande les
défunts à la miséricorde de Dieu et offre en leur faveur des suffrages, en
particulier le saint sacrifice eucharistique.
1056
Suivant l’exemple du Christ, l’Église avertit les fidèles de la "triste
et lamentable réalité de la mort éternelle" (Directorium
Catecheticum Generale
69), appelée aussi "enfer".
1057
La peine principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec
Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a
été crée et auxquels il aspire.
1058
L’Église prie pour que personne ne se perde : "Seigneur, ne permets
pas que je sois jamais séparé de toi". S’il est vrai que personne ne
peut se sauver lui-même, il est vrai aussi que "Dieu veut que tous
soient sauvés" (1Timothée 2, 4) et que pour Lui "tout est
possible" (Matthieu 19, 26).
1059
"La très sainte Église romaine croit et confesse fermement qu’au jour du
Jugement tous les hommes comparaîtront avec leur propre corps devant le
tribunal du Christ pour rendre compte de leurs propres actes"
(Denzinger-Schönmetzer 859 ; cf. Denzinger-Schönmetzer 1549).
1060
À la fin
des temps, le Royaume de Dieu arrivera à sa plénitude. Alors les justes
régneront avec le Christ pour toujours, glorifiés en corps et en âme, et
l’univers matériel lui-même sera transformé. Dieu sera alors "tout en
tous" (1Corinthiens 15, 28), dans la vie éternelle.
"Amen"
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1061
Le Credo,
comme aussi le dernier livre de l’Écriture Sainte (cf. Apocalypse 22, 21), se
termine avec le mot hébreu Amen. On le trouve fréquemment à la fin des
prières du Nouveau Testament. De même, l’Église termine ses prières par
" Amen ".
1062 En hébreux, " Amen " se
rattache à la même racine que le mot "croire". Cette racine exprime
la solidité, la fiabilité, la fidélité. Ainsi on comprend pourquoi le
" Amen " peut être dit de la fidélité de Dieu envers nous
et de notre confiance en Lui.
1063 Dans le prophète Isaïe on trouve l’expression
"Dieu de vérité", littéralement "Dieu de l’Amen",
c’est-à-dire le Dieu fidèle à ses promesses : "Quiconque voudra
être béni sur terre voudra être béni par le Dieu de l’Amen" (Is 65, 16).
Notre Seigneur emploie souvent le terme "Amen" (cf. Matthieu 6, 2.
5. 16), parfois sous forme redoublée (cf. Jean 5, 19), pour souligner la
fiabilité de son enseignement, son Autorité fondée sur la Vérité de Dieu.
1064 "L'Amen" final du Credo reprend et
confirme donc ses deux premiers mots : "Je crois". Croire,
c’est dire "Amen" aux paroles, aux promesses, aux commandements de
Dieu, c’est se fier totalement en Celui qui est "l'Amen" d’infini
amour et de parfaite fidélité. La vie chrétienne de chaque jour sera alors
"l'Amen" au "Je crois" de la Profession de foi de notre
Baptême :
Que ton Symbole soit pour toi comme un miroir. Regarde-toi en lui : pour
voir si tu crois tout ce que tu déclares croire. Et réjouis-toi chaque jour
en ta foi (Saint Augustin, serm. 58, 11, 13 :
PL 38, 399).
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