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Le Catéchisme sur le site du Vatican.

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Catéchisme de l’Église catholique
Première partie : la profession de foi
Deuxième section : La profession de Foi chrétienne


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SS. Jean-Paul II et Maria Valtorta
.


 

 Chapitre premier : Je crois en Dieu le Père.        

 Paragraphe 5 - Le ciel et la terre.    

325
Le Symbole des apôtres professe que Dieu est "le Créateur du ciel et de la terre", et le Symbole de Nicée-Constantinople explicite : " ... de l’univers visible et invisible"        

326 
Dans l’Écriture Sainte, l’expression "ciel et terre" signifie : tout ce qui existe, la création toute entière. Elle indique aussi le lien, à l’intérieur de la création, qui à la fois unit et distingue ciel et terre : "La terre", c’est le monde des hommes (cf. Psaume 115, 16) "Le ciel" ou "les cieux" peut désigner le firmament (cf. Psaume 19, 2), mais aussi le "lieu " propre de Dieu : "notre Père aux cieux " (Matthieu 5, 16 ; cf. Psaume 115, 16) et, par conséquent, aussi le "ciel " qui est la gloire eschatologique. Enfin, le mot "ciel " indique le "lieu " des créatures spirituelles – les anges – qui entourent Dieu.  

327 
La profession de foi du quatrième Concile du Latran affirme que Dieu "a tout ensemble, dès le commencement du temps, créé de rien l’une et l’autre créature, la spirituelle et la corporelle, c’est-à-dire les anges et le monde terrestre ; puis la créature humaine qui tient des deux, composée qu’elle est d’esprit et de corps " (Denzinger-Schönmetzer 800 ; cf. Denzinger-Schönmetzer 3002 et Credo du Peuple de Dieu (SPF) 8).

 I. Les Anges.     
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L’existence des anges – une vérité de foi.       

328
 
L’existence des êtres spirituels, non corporels, que l’Écriture Sainte nomme habituellement anges, est une vérité de foi. Le témoignage de l’Écriture est aussi net que l’unanimité de la Tradition.   

Qui sont-ils ?    

329
 
Saint Augustin dit à leur sujet : "‘Ange’ désigne la fonction, non pas la nature. Tu demandes comment s’appelle cette nature ? – Esprit. Tu demandes la fonction ? – Ange ; d’après ce qu’il est, c’est un esprit, d’après ce qu’il fait, c’est un ange " (Psal. 103, 1, 15). De tout leur être, les anges sont serviteurs et messagers de Dieu. Parce qu’ils contemplent "constamment la face de mon Père qui est aux cieux " (Matthieu 18, 10), ils sont "les ouvriers de sa parole, attentifs au son de sa parole " (Psaume 103, 20).   

330 
En tant que créatures purement spirituelles, ils ont intelligence et volonté : ils sont des créatures personnelles (cf. Pie XII : Denzinger-Schönmetzer 3801) et immortelles (cf. Luc 20, 36). Ils dépassent en perfection toutes les créatures visibles. L’éclat de leur gloire en témoigne (cf. Deutéronome 10, 9-12). 

Le Christ "avec tous ses anges"    
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331 
Le Christ est le centre du monde angélique. Ce sont ses anges à Lui : "Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire avec tous ses anges ..." (Matthieu 25, 31). Ils sont à Lui parce que créés par et pour lui : "Car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles : trônes, seigneuries, principautés, puissances ; tout a été créé par lui et pour lui" (Col 1, 16). Ils sont à Lui plus encore parce qu’Il les a faits messagers de son dessein de salut : "Est-ce que tous ne sont pas des esprits chargés d’un ministère, envoyés en service pour ceux qui doivent hériter le salut ? " (He 1, 14).         

332 
Ils sont là, dès la création (cf. Job 38, 7, où les anges sont appelés "fils de Dieu ") et tout au long de l’histoire du salut, annonçant de loin ou de près ce salut et servant le dessein divin de sa réalisation : ils ferment le paradis terrestre (cf. Genèse 3, 24), protègent Lot (cf. Genèse 19), sauvent Agar et son enfant (cf. Genèse 21, 17), arrêtent la main d’Abraham (cf. Genèse 22, 11), la loi est communiquée par leur ministère (cf. Actes 7, 53), ils conduisent le Peuple de Dieu (cf. Ex 23, 20-23), ils annoncent naissances (cf. Juges  13) et vocations (cf. Juges  6, 11-24 ; Isaïe 6, 6), ils assistent les prophètes (cf. 1 R 19, 5), pour ne citer que quelques exemples. Enfin, c’est l’ange Gabriel qui annonce la naissance du Précurseur et celle de Jésus lui-même (cf. Luc 1, 11. 26).

333 
De l’Incarnation à l’Ascension, la vie du Verbe incarné est entourée de l’adoration et du service des anges. Lorsque Dieu "introduit le Premier-né dans le monde, il dit : ‘Que tous les anges de Dieu l’adorent’" (He 1, 6). Leur chant de louange à la naissance du Christ n’a cessé de résonner dans la louange de l’Église : "Gloire à Dieu ..." (Luc 2, 14). Ils protègent l’enfance de Jésus (cf. Matthieu 1, 20 ; 2, 13. 19), servent Jésus au désert (cf. Marc 1, 12 ; Matthieu 4, 11), le réconfortent dans l’agonie (cf. Luc 22, 43), alors qu’il aurait pu être sauvé par eux de la main des ennemis (cf. Matthieu 26, 53) comme jadis Israël (cf. 2 M 10, 29-30 ; 11, 8). Ce sont encore les anges qui "évangélisent" (Luc 2, 10) en annonçant la Bonne Nouvelle de l’Incarnation (cf. Luc 2, 8-14), et de la Résurrection (cf. Marc 16, 5-7) du Christ. Ils seront là au retour du Christ qu’ils annoncent (cf. Actes 1, 10-11), au service de son jugement (cf. Matthieu 13, 41 ; 24, 31 ; Luc 12, 8-9).         

Les anges dans la vie de l’Église.
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334 
D’ici là toute la vie de l’Église bénéficie de l’aide mystérieuse et puissante des anges (cf. Actes 5, 18-20 ; 8, 26-29 ; 10, 3-8 ; 12, 6-11 ; 27, 23-25).  

335 
Dans sa liturgie, l’Église se joint aux anges pour adorer le Dieu trois fois saint ; elle invoque leur assistance (ainsi dans In Paradisum deducant te angeli... de la Liturgie des défunts [OEx       

336 
Du début (de l’existence) (cf. Matthieu 18, 10) au trépas (cf. Luc 16, 22), la vie humaine est entourée de leur garde (cf. Psaume 34, 8 ; 91, 10-13) et de leur intercession (cf. Job 33, 23-24 ; Za 1, 12 ; Tb 12, 12). "Chaque fidèle a à ses côtés un ange comme protecteur et pasteur pour le conduire à la vie " (Saint Basile, Eun. 3, 1 : PG 29, 656B). Dès ici-bas, la vie chrétienne participe, dans la foi, à la société bienheureuse des anges et des hommes, unis en Dieu.

 II. Le Monde visible.  
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337 
C’est Dieu lui-même qui a créé le monde visible dans toute sa richesse, sa diversité et son ordre. L’Écriture présente l’œuvre du Créateur symboliquement comme une suite de six jours "de travail " divin qui s’achèvent sur le "repos " du septième jour (Genèse 1, 1 – 2, 4). Le texte sacré enseigne, au sujet de la création, des vérités révélées par Dieu pour notre salut (cf. DV 11) qui permettent de "reconnaître la nature profonde de la création, sa valeur et sa finalité qui est la gloire de Dieu " (Lumen Gentium 36) :           

338 
Il n’existe rien qui ne doive son existence à Dieu créateur.
Le monde a commencé quand il a été tiré du néant par la parole de Dieu ; tous les êtres existants, toute la nature, toute l’histoire humaine s’enracinent en cet événement primordial : c’est la genèse même par laquelle le monde est constitué, et le temps commencé (cf. Saint Augustin, Gen. Man. 1, 2, 4 : PL 35, 175).     

339 
Chaque créature possède sa bonté et sa perfection propres.
Pour chacune des œuvres des "six jours" il est dit : "Et Dieu vit que cela était bon" "C’est en vertu de la création même que toutes les choses sont établies selon leur consistance, leur vérité, leur excellence propre avec leur ordonnance et leurs lois spécifiques " (Gaudium et spes 36, § 2). Les différentes créatures, voulues en leur être propre, reflètent, chacune à sa façon, un rayon de la sagesse et de la bonté infinies de Dieu. C’est pour cela que l’homme doit respecter la bonté propre de chaque créature pour éviter un usage désordonné des choses, qui méprise le Créateur et entraîne des conséquences néfastes pour les hommes et pour leur ambiance.          

340 
L’interdépendance des créatures est voulue par Dieu. Le soleil et la lune, le cèdre et la petite fleur, l’aigle et le moineau : les innombrables diversités et inégalités signifient qu’aucune créature ne se suffit à elle-même, qu’elles n’existent qu’en dépendance les unes des autres, pour se compléter mutuellement, au service les unes des autres.       

341 
La beauté de l’univers : L’ordre et l’harmonie du monde créé résultent de la diversité des êtres et des relations qui existent entre eux. L’homme les découvre progressivement comme lois de la nature. Ils font l’admiration des savants. La beauté de la création reflète l’infinie beauté du Créateur. Elle doit inspirer le respect et la soumission de l’intelligence de l’homme et de sa volonté.     

342 
La hiérarchie des créatures est exprimée par l’ordre des "six jours ", qui va du moins parfait au plus parfait. Dieu aime toutes ses créatures (cf. Psaume 145, 9), il prend soin de chacune, même des passereaux. Néanmoins, Jésus dit : "Vous valez mieux qu’une multitude de passereaux " (Luc 12, 6-7), ou encore : "Un homme vaut plus qu’une brebis " (Matthieu 12, 12).        

343 
L’homme est le sommet
de l’œuvre de la création. Le récit inspiré l’exprime en distinguant nettement la création de l’homme de celle des autres créatures (cf. Genèse 1, 26).     

344 
Il existe une solidarité entre toutes les créatures du fait qu’elles ont toutes le même Créateur, et que toutes sont ordonnées à sa gloire :

Loué sois-tu, Seigneur, dans toutes tes créatures,            
spécialement messire le frère Soleil,
par qui tu nous donnes le jour la lumière ;
il est beau, rayonnant d’une grande splendeur,     
et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole. ...            
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Eau,         
qui est très utile et très humble,        
précieuse et chaste. ...    
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre         
qui nous porte et nous nourrit,          
qui produit la diversité des fruits       
avec les fleurs diaprées et les herbes. ...        
Louez et bénissez mon Seigneur,       
rendez-lui grâce et servez-le    
en toute humilité.         
(Saint François d’Assise, cantique)

345 
Le Sabbat – fin de l’œuvre des "six jours"
Le texte sacré dit que "Dieu conclut au septième jour l’ouvrage qu’Il avait fait" et qu’ainsi "le ciel et la terre furent achevés", et que Dieu, au septième jour, "chôma" et qu’Il sanctifia et bénit ce jour (Genèse 2, 1-3). Ces paroles inspirées sont riches en enseignements salutaires :      

346 
Dans la création Dieu a posé un fondement et des lois qui demeurent stables (cf. He 4, 3-4), sur lesquels le croyant pourra s’appuyer avec confiance, et qui lui seront le signe et le gage de la fidélité inébranlable de l’alliance de Dieu (cf. Jérémie 31, 35-37 ; 33, 19-26). De son côté, l’homme devra rester fidèle à ce fondement et respecter les lois que le Créateur y a inscrites.   

347 
La création est faite en vue du Sabbat et donc du culte et de l’adoration de Dieu. Le culte est inscrit dans l’ordre de la création (cf. Genèse 1, 14). "Ne rien préférer au culte de Dieu", dit la règle de Saint Benoît (reg. 43, 3), indiquant ainsi le juste ordre des préoccupations humaines.     

348 
Le Sabbat est au cœur de la loi d’Israël. Garder les commandements, c’est correspondre à la sagesse et à la volonté de Dieu exprimées dans son œuvre de création.          

349 
Le huitième jour. Mais pour nous, un jour nouveau s’est levé : le jour de la Résurrection du Christ. Le septième jour achève la première création. Le huitième jour commence la nouvelle création. Ainsi, l’œuvre de la création culmine en l’œuvre plus grande de la rédemption. La première création trouve son sens et son sommet dans la nouvelle création dans le Christ, dont la splendeur dépasse celle de la première (cf. MR, Vigile Pascale 24 : prière après la première lecture).

 En bref  
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350 
Les anges sont des créatures spirituelles qui glorifient Dieu sans cesse et qui servent ses desseins salvifiques envers les autres créatures : "Les anges concourent à tout ce qui est bon pour nous" (Saint Thomas d’A., somme théologique 1, 114, 3, ad 3).      

351
 
Les anges entourent le Christ, leur Seigneur. Ils le servent particulièrement dans l’accomplissement de sa mission salvifique envers les hommes.

352 
L’Église vénère les anges qui l’aident dans son pèlerinage terrestre. et qui protègent tout être humain.    

353 
Dieu a voulu la diversité de ses créatures et leur bonté propre, leur interdépendance et leur ordre. Il a destiné toutes les créatures matérielles au bien du genre humain. L’homme, et toute la création à travers lui, est destiné à la gloire de Dieu.       

354 
Respecter les lois inscrites dans la création et les rapports qui dérivent de la nature des choses, est un principe de sagesse et un fondement de la morale.

 Paragraphe 6 - L’homme.     
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355 
"Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa" (Genèse 1, 27). L’homme tient une place unique dans la création : il est "à l’image de Dieu" (I) ; dans sa propre nature il unit le monde spirituel et le monde matériel (II) ; il est créé "homme et femme" (III) ; Dieu l’a établi dans son amitié (IV).

 I. "À l’image de Dieu"
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356 
De toutes les créatures visibles, seul l’homme est "capable de connaître et d’aimer son Créateur" (Gaudium et spes 12, § 3) ; il est "la seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même" (Gaudium et spes 24, § 3) ;lui seul est appelé à partager, par la connaissance et l’amour, la vie de Dieu. C’est à cette fin qu’il a été créé, et c’est là la raison fondamentale de sa dignité :       

Quelle raison T’a fait constituer l’homme en si grande dignité ? L’amour inestimable par lequel Tu as regardé en Toi-même Ta créature, et Tu T’es épris d’elle ; car c’est par amour que Tu l’as créée, c’est par amour que Tu lui as donné un être capable de goûter Ton Bien éternel (Ste. Catherine de Sienne, dial. 4, 13 : ed. G. Cavallini [Roma 1995] p. 43).    

357 
Parce qu’il est à l’image de Dieu l’individu humain a la dignité de personne : il n’est pas seulement quelque chose, mais quelqu’un. Il est capable de se connaître, de se posséder et de librement se donner et entrer en communion avec d’autres personnes, et il est appelé, par grâce, à une alliance avec son Créateur, à Lui offrir une réponse de foi et d’amour que nul autre ne peut donner à sa place.  

358 
Dieu a tout créé pour l’homme (cf. Gaudium et spes 12, § 1 ; 24, § 3 ; 39, § 1), mais l’homme a été créé pour servir et aimer Dieu et pour Lui offrir toute la création :  
Quel est donc l’être qui va venir à l’existence entouré d’une telle considération ? C’est l’homme, grande et admirable figure vivante, plus précieux aux yeux de Dieu que la création toute entière : c’est l’homme, c’est pour lui qu’existent le ciel et la terre et la mer et la totalité de la création, et c’est à son salut que Dieu a attaché tant d’importance qu’il n’a même pas épargné son Fils unique pour lui. Car Dieu n’a pas eu de cesse de tout mettre en œuvre pour faire monter l’homme jusqu’à lui et le faire asseoir à sa droite (Saint Jean Chrysostome, serm. in Gen. 2, 1 : PG 54, 587D-588A).       

359 
"En réalité, c’est seulement dans le mystère du Verbe incarné que s’éclaire véritablement le mystère de l’homme" (Gaudium et spes 22, § 1) :      

Saint Paul nous apprend que deux hommes sont à l’origine du genre humain : Adam et le Christ ... Le premier Adam, dit-il, a été créé comme un être humain qui a reçu la vie ; le dernier est un être spirituel qui donne la vie. Le premier a été créé par le dernier, de qui il a reçu l’âme qui le fait vivre ... Le second Adam a établi son image dans le premier Adam alors qu’il le modelait. De là vient qu’il en a endossé le rôle et reçu le nom, afin de ne pas laisser perdre ce qu’il avait fait à son image. Premier Adam, dernier Adam : le premier a commencé, le dernier ne finira pas. Car le dernier est véritablement le premier, comme il l’a dit lui-même : "Je suis le Premier et le Dernier" (Saint Pierre Chrysologue, serm. 117, 1-2 : PL 52, 520B).   

360 
Grâce à la communauté d’origine le genre humain forme une unité. Car Dieu "a fait sortir d’une souche unique toute la descendance des hommes" (Actes 17, 26 ; cf. Tb 8, 6) :        

Merveilleuse vision qui nous fait contempler le genre humain dans l’unité de son origine en Dieu (...) ; dans l’unité de sa nature, composée pareillement chez tous d’un corps matériel et d’une âme spirituelle ; dans l’unité de sa fin immédiate et de sa mission dans le monde ; dans l’unité de son habitation : la terre, des biens de laquelle tous les hommes, par droit de nature, peuvent user pour soutenir et développer la vie ; unité de sa fin surnaturelle : Dieu même, à qui tous doivent tendre ; dans l’unité des moyens pour atteindre cette fin ; (...) dans l’unité de son rachat opéré pour tous par le Christ (Pie XII, enc. "Summi pontificatus"; cf. NA 1).           

361 
"Cette loi de solidarité humaine et de charité" (Ibid.), sans exclure la riche variété des personnes, des cultures et des peuples, nous assure que tous les hommes sont vraiment frères.

 II. "Un de corps et d’âme".    
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362 
La personne humaine, créée à l’image de Dieu, est un être à la fois corporel et spirituel. Le récit biblique exprime cette réalité avec un langage symbolique, lorsqu’il affirme que "Dieu modela l’homme avec la glaise du sol ; il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant" (Genèse 2, 7). L’homme tout entier est donc voulu par Dieu.      

363 
Souvent, le terme âme désigne dans l’Écriture Sainte la vie humaine (cf. Matthieu 16, 25-26 ; Jean 15, 13) ou toute la personne humaine (cf. Actes 2, 41). Mais il désigne aussi ce qu’il y a de plus intime en l’homme (cf. Matthieu 26, 38 ; Jean 12, 27) et de plus grande valeur en lui (cf. Matthieu 10, 28 ; 2 M 6, 30), ce par quoi il est plus particulièrement image de Dieu : "âme" signifie le principe spirituel en l’homme.    

364 
Le corps de l’homme participe à la dignité de "l’image de Dieu" : il est corps humain précisément parce qu’il est animé par l’âme spirituelle, et c’est la personne humaine toute entière qui est destinée à devenir, dans le Corps du Christ, le Temple de l’Esprit (cf. 1 Co 6, 19-20 ; 15, 44-45) :          

Corps et âme, mais vraiment un, l’homme, dans sa condition corporelle, rassemble en lui-même les éléments du monde matériel qui trouvent ainsi, en lui, leur sommet, et peuvent librement louer leur Créateur. Il est donc interdit à l’homme de dédaigner la vie corporelle. Mais au contraire il doit estimer et respecter son corps qui a été créé par Dieu et qui doit ressusciter au dernier jour (Gaudium et spes 14, § 1).   

365 
L’unité de l’âme et du corps est si profonde que l’on doit considérer l’âme comme la "forme" du corps (cf. Concile de  Vienne en 1312 :
Denzinger-Schönmetzer 902) ; c’est-à-dire, c’est grâce à l’âme spirituelle que le corps constitué de matière est un corps humain et vivant ; l’esprit et la matière, dans l’homme, ne sont pas deux natures unies, mais leur union forme une unique nature.    

366 
L’Église enseigne que chaque âme spirituelle est immédiatement créée par Dieu (cf. Pie XII, enc. "Humani generis", 1950 : Denzinger-Schönmetzer 3896 ; Credo du Peuple de Dieu (SPF) 8) – elle n’est pas "produite" par les parents – ; elle nous apprend aussi qu’elle est immortelle (cf. Concile de  Latran V en 1513 :
Denzinger-Schönmetzer 1440) : elle ne périt pas lors de sa séparation du corps dans la mort, et s’unira de nouveau au corps lors de la résurrection finale.          

367 
Parfois il se trouve que l’âme soit distinguée de l’esprit. Ainsi Saint Paul prie pour que notre "être tout entier, l’esprit, l’âme et le corps" soit gardé sans reproche à l’Avènement du Seigneur (1 Th 5, 23). L’Église enseigne que cette distinction n’introduit pas une dualité dans l’âme (Concile de  Constantinople IV en 870 :
Denzinger-Schönmetzer 657). "Esprit" signifie que l’homme est ordonné dès sa création à sa fin surnaturelle (Concile de  Vatican I : Denzinger-Schönmetzer 3005 ; cf. Gaudium et spes 22, § 5), et que son âme est capable d’être surélevée gratuitement à la communion avec Dieu (cf. Pie XII, Enc. "Humani generis", 1950 : Denzinger-Schönmetzer 3891).       

368 
La tradition spirituelle de l’Église insiste aussi sur le cœur, au sens biblique de "fond de l’être" (Jérémie 31, 33) où la personne se décide ou non pour Dieu (cf. Dt 6, 5 ; 29, 3 ; Isaïe 29, 13 ; Ez 36, 26 ; Matthieu 6, 21 ; Luc 8, 15 ; Rm 5, 5).

 III. "Homme et femme il les créa".
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Égalité et différence voulues par Dieu.

369

L’homme et la femme sont créés, c’est-à-dire ils sont voulus par Dieu : dans une parfaite égalité en tant que personnes humaines, d’une part, et d’autre part dans leur être respectif d’homme et de femme. "Être homme", "être femme" est une réalité bonne et voulue par Dieu : l’homme et la femme ont une dignité inamissible qui leur vient immédiatement de Dieu leur créateur (cf. Genèse 2, 7. 22). L’homme et la femme sont, avec une même dignité, "à l’image de Dieu" Dans leur "être-homme" et leur "être-femme", ils reflètent la sagesse et la bonté du Créateur.     

370 
Dieu n’est aucunement à l’image de l’homme. Il n’est ni homme ni femme. Dieu est pur esprit en lequel il n’y a pas place pour la différence des sexes. Mais les "perfections" de l’homme et de la femme reflètent quelque chose de l’infinie perfection de Dieu : celles d’une mère (cf. Isaïe 49, 14-15 ; 66, 13 ; Psaume 130, 2-3) et celles d’un père et époux (cf. Osée 11, 1-4 ; Jérémie 3, 4-19). 

"L’un pour l’autre" – "une unité à deux".       
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371 
Créés ensemble, l’homme et la femme sont voulus par Dieu l’un pour l’autre. La Parole de Dieu nous le fait entendre par divers traits du texte sacré. "Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie" (Genèse 2, 18). Aucun des animaux ne peut être ce "vis-à-vis" de l’homme (Genèse 2, 19-20). La femme que Dieu "façonne" de la côte tirée de l’homme et qu’il amène à l’homme, provoque de la part de l’homme un cri d’admiration, une exclamation d’amour et de communion : "C’est l’os de mes os et la chair de ma chair" (Genèse 2, 23). L’homme découvre la femme comme un autre "moi", de la même humanité.     

372 
L’homme et la femme sont faits "l’un pour l’autre" : non pas que Dieu ne les aurait faits qu’"à moitié" et "incomplets" ; Il les a créés pour une communion de personnes, en laquelle chacun peut être "aide" pour l’autre parce qu’ils sont à la fois égaux en tant que personnes ("os de mes os...") et complémentaires en tant que masculin et féminin (MD 7). Dans le mariage, Dieu les unit de manière que, en formant "une seule chair" (Genèse 2, 24), ils puissent transmettre la vie humaine : "Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre" (Genèse 1, 28). En transmettant à leurs descendants la vie humaine, l’homme et la femme comme époux et parents, coopèrent d’une façon unique à l’œuvre du Créateur (cf. Gaudium et spes 50, § 1).         

373 
Dans le dessein de Dieu, l’homme et la femme ont la vocation de "soumettre" la terre (cf. Genèse 1, 28) comme "intendants" de Dieu. Cette souveraineté ne doit pas être une domination arbitraire et destructrice. A l’image du Créateur "qui aime tout ce qui existe" (Sagesse 11, 24), l’homme et la femme sont appelés à participer à la Providence divine envers les autres créatures. De là, leur responsabilité pour le monde que Dieu leur a confié.

 IV. L’homme au Paradis.      
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374 
Le premier homme n’a pas seulement été créé bon, mais il a été constitué dans une amitié avec son Créateur et une harmonie avec lui-même et avec la création autour de lui telles qu’elles ne seront dépassées que par la gloire de la nouvelle création dans le Christ.          

375 
L’Église, en interprétant de manière authentique le symbolisme du langage biblique à la lumière du Nouveau Testament et de la Tradition, enseigne que nos premiers parents Adam et Ève ont été constitué dans un état "de sainteté et de justice originelle" (Concile de Trente :
Denzinger-Schönmetzer 1511). Cette grâce de la sainteté originelle était une "participation à la vie divine" (Lumen gentium 2).

376 
Par le rayonnement de cette grâce toutes les dimensions de la vie de l’homme étaient confortées. Tant qu’il demeurait dans l’intimité divine, l’homme ne devait ni mourir (cf. Genèse 2, 17 ; 3, 19), ni souffrir (cf. Genèse 3, 16). L’harmonie intérieure de la personne humaine, l’harmonie entre l’homme et la femme (cf. Genèse 2, 25), enfin l’harmonie entre le premier couple et toute la création constituait l’état appelé "justice originelle".          

377
La "maîtrise" du monde que Dieu avait accordée à l’homme dès le début, se réalisait avant tout chez l’homme lui-même comme maîtrise de soi. L’homme était intact et ordonné dans tout son être, parce que libre de la triple concupiscence (cf.
1 Jean 2, 16) qui le soumet aux plaisirs des sens, à la convoitise des biens terrestres et à l’affirmation de soi contre les impératifs de la raison.         

378
Le signe de la familiarité avec Dieu, c’est que Dieu le place dans le jardin (cf. Genèse 2, 8). Il y vit "pour cultiver le sol et le garder" (Genèse 2, 15) : le travail n’est pas une peine (cf. Genèse 3, 17-19), mais la collaboration de l’homme et de la femme avec Dieu dans le perfectionnement de la création visible.       

379
C’est toute cette harmonie de la justice originelle, prévue pour l’homme par le dessein de Dieu, qui sera perdu par le péché de nos premiers parents.

 En bref  
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380 
"Dieu, Tu as fait l’homme à ton image et tu lui as confié l’univers, afin qu’en Te servant, toi, son Créateur, il règne sur la création" (MR, prière eucharistique IV, 118).  

381 
L’homme est prédestiné à reproduire l’image du Fils de Dieu fait homme – "image du Dieu invisible" (Col 1, 15) – afin que le Christ soit le premier-né d’une multitude de frères et de sœurs (cf. Ep 1, 3-6 ; Rm 8, 29).            

382 
L’homme est "un de corps et d’âme" (Gaudium et spes 14, § 1). La doctrine de la foi affirme que l’âme spirituelle et immortelle est créée immédiatement par Dieu.        

383 
"Dieu n’a pas créé l’homme solitaire : dès l’origine, ‘il les créa homme et femme’ (Genèse 1, 27) ; leur société réalise la première forme de communion entre personnes" (Gaudium et spes 12, § 4).           

384 
La révélation nous fait connaître l’état de sainteté et de justice originelles de l’homme et de la femme avant le péché : de leur amitié avec Dieu découlait la félicité de leur existence au paradis.

 Paragraphe 7 - La Chute.      
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385 
Dieu est infiniment bon et toutes ses œuvres sont bonnes. Cependant, personne n’échappe à l’expérience de la souffrance, des maux dans la nature – qui apparaissent comme liés aux limites propres des créatures –, et surtout à la question du mal moral. D’où vient le mal ? "Je cherchais d’où vient le mal et je ne trouvais pas de solution" dit Saint Augustin (conf. 7, 7, 11), et sa propre quête douloureuse ne trouvera d’issue que dans sa conversion au Dieu vivant. Car "le mystère de l’iniquité" (2 Th 2, 7) ne s’éclaire qu’à la lumière du mystère de la piété (cf. 1 Tm 3, 16). La révélation de l’amour divin dans le Christ a manifesté à la fois l’étendue du mal et la surabondance de la grâce (cf. Rm 5, 20). Nous devons donc considérer la question de l’origine du mal en fixant le regard de notre foi sur Celui qui, seul, en est le Vainqueur (cf. Luc 11, 21-22 ; Jean 16, 11 ; 1 Jean 3, 8).

 I. Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé.           
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La réalité du péché   

386
 
Le péché est présent dans l’histoire de l’homme : il serait vain de tenter de l’ignorer ou de donner à cette obscure réalité d’autres noms. Pour essayer de comprendre ce qu’est le péché, il faut d’abord reconnaître le lien profond de l’homme avec Dieu, car en dehors de ce rapport, le mal du péché n’est pas démasqué dans sa véritable identité de refus et d’opposition face à Dieu, tout en continuant à peser sur la vie de l’homme et sur l’histoire.    

387 
La réalité du péché, et plus particulièrement du péché des origines, ne s’éclaire qu’à la lumière de la Révélation divine. Sans la connaissance qu’elle nous donne de Dieu on ne peut clairement reconnaître le péché, et on est tenté de l’expliquer uniquement comme un défaut de croissance, comme une faiblesse psychologique, une erreur, la conséquence nécessaire d’une structure sociale inadéquate, etc. C’est seulement dans la connaissance du dessein de Dieu sur l’homme que l’on comprend que le péché est un abus de la liberté que Dieu donne aux personnes créées pour qu’elles puissent l’aimer et s’aimer mutuellement.      

Le péché originel – une vérité essentielle de la foi 
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388
Avec la progression de la Révélation est éclairée aussi la réalité du péché. Bien que le Peuple de Dieu de l’Ancien Testament ait connu d’une certaine manière la condition humaine à la lumière de l’histoire de la chute narrée dans la Genèse, il ne pouvait pas atteindre la signification ultime de cette histoire, qui se manifeste seulement à la lumière de la Mort et de la Résurrection de Jésus-Christ (cf. Romains 5, 12-21). Il faut connaître le Christ comme source de la grâce pour connaître Adam comme source du péché. C’est l’Esprit-Paraclet, envoyé par le Christ ressuscité, qui est venu "confondre le monde en matière de péché" (Jean 16, 8) en révélant Celui qui en est le Rédempteur.   

389
La doctrine du péché originel est pour ainsi dire "le revers" de la Bonne Nouvelle que Jésus est le Sauveur de tous les hommes, que tous ont besoin du salut et que le salut est offert à tous grâce au Christ. L’Église qui a le sens du Christ (cf. 1 Corinthiens 2, 16) sait bien qu’on ne peut pas toucher à la révélation du péché originel sans porter atteinte au mystère du Christ.         

Pour lire le récit de la chute         
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390
Le récit de la chute (
Genèse 3) utilise un langage imagé, mais il affirme un événement primordial, un fait qui a eu lieu au commencement de l’histoire de l’homme (cf. Gaudium et spes 13, § 1). La Révélation nous donne la certitude de foi que toute l’histoire humaine est marquée par la faute originelle librement commise par nos premiers parents (cf. Concile de  Trente : Denzinger-Schönmetzer 1513 ; Pie XII : Denzinger-Schönmetzer 3897 ; Paul VI, discours 11 juillet 1966).

 II. La chute des anges.           
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391
Derrière le choix désobéissant de nos premiers parents il y a une voix séductrice, opposée à Dieu (cf.
Genèse 3, 4-5) qui, par envie, les fait tomber dans la mort (cf. Sagesse 2, 24). L’Écriture et la Tradition de l’Église voient en cet être un ange déchu, appelé Satan ou diable (cf. Jean 8, 44 ; Apocalypse 12, 9). L’Église enseigne qu’il a été d’abord un ange bon, fait par Dieu. "Le diable et les autres démons ont certes été créés par Dieu naturellement bons, mais c’est eux qui se sont rendus mauvais" (Concile de Latran IV en 1215 : Denzinger-Schönmetzer 800).

392
L’Écriture parle d’un péché de ces anges (cf. 2 P 2, 4). Cette "chute" consiste dans le choix libre de ces esprits créés, qui ont radicalement et irrévocablement refusé Dieu et son Règne. Nous trouvons un reflet de cette rébellion dans les paroles du tentateur à nos premiers parents : "Vous deviendrez comme Dieu" (Genèse 3, 5). Le diable est "pécheur dès l’origine" (1 Jean 3, 8), "père du mensonge" (Jean 8,44).       

393
C’est le caractère irrévocable de leur choix, et non un défaut de l’infinie miséricorde divine, qui fait que le péché des anges ne peut être pardonné. "Il n’y a pas de repentir pour eux après la chute, comme il n’y a pas de repentir pour les hommes après la mort" (Saint Jean Damascène, f. o. 2, 4 : PG 94, 877C).        

394
L’Écriture atteste l’influence néfaste de celui que Jésus appelle "l’homicide dès l’origine" (Jean 8, 44), et qui a même tenté de détourner Jésus de la mission reçue du Père (cf. Matthieu 4, 1-11). "C’est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu" (1 Jean 3, 8). La plus grave en conséquences de ces œuvres a été la séduction mensongère qui a induit l’homme à désobéir à Dieu.     

395
La puissance de Satan n’est cependant pas infinie. Il n’est qu’une créature, puissante du fait qu’il est pur esprit, mais toujours une créature : il ne peut empêcher l’édification du Règne de Dieu. Quoique Satan agisse dans le monde par haine contre Dieu et son Royaume en Jésus-Christ, et quoique son action cause de graves dommages – de nature spirituelle et indirectement même de nature physique – pour chaque homme et pour la société, cette action est permise par la divine Providence qui avec force et douceur dirige l’histoire de l’homme et du monde. La permission divine de l’activité diabolique est un grand mystère, mais "nous savons que Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment" (Romains 8, 28).

 III. Le péché originel.
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L’épreuve de la liberté         

396

Dieu a créé l’homme à son image et l’a constitué dans son amitié. Créature spirituelle, l’homme ne peut vivre cette amitié que sur le mode de la libre soumission à Dieu. C’est ce qu’exprime la défense faite à l’homme de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, "car du jour où tu en mangeras, tu mourras" (
Genèse 2, 17). "L’arbre de la connaissance du bien et du mal" (Genèse 2, 17) évoque symboliquement la limite infranchissable que l’homme, en tant que créature, doit librement reconnaître et respecter avec confiance. L’homme dépend du Créateur, il est soumis aux lois de la création et aux normes morales qui règlent l’usage de la liberté.  

Le premier péché de l’homme     
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397
L’homme, tenté par le diable, a laissé mourir dans son cœur la confiance envers son créateur (cf. Genèse 3, 1-11) et, en abusant de sa liberté, a désobéi au commandement de Dieu. C’est en cela qu’a consisté le premier péché de l’homme (cf. Rm 5, 19). Tout péché, par la suite, sera une désobéissance à Dieu et un manque de confiance en sa bonté.        

398
Dans ce péché, l’homme s’est préféré lui-même à Dieu, et par là même, il a méprisé Dieu : il a fait choix de soi-même contre Dieu, contre les exigences de son état de créature et dès lors contre son propre bien. Constitué dans un état de sainteté, l’homme était destiné à être pleinement "divinisé" par Dieu dans la gloire. Par la séduction du diable, il a voulu "être comme Dieu" (cf. Genèse 3, 5), mais "sans Dieu, et avant Dieu, et non pas selon Dieu" (Saint Maxime le Confesseur, ambig. : PG 91, 1156C).       

399
L’Écriture montre les conséquences dramatiques de cette première désobéissance. Adam et Ève perdent immédiatement la grâce de la sainteté originelle (cf.
Romains 3, 23). Ils ont peur de ce Dieu (cf. Genèse 3, 9-10) dont ils ont conçu une fausse image, celle d’un Dieu jaloux de ses prérogatives (cf. Genèse 3, 5).  

400
L’harmonie dans laquelle ils étaient, établie grâce à la justice originelle, est détruite ; la maîtrise des facultés spirituelles de l’âme sur le corps est brisée (cf.
Genèse 3, 7) ; l’union de l’homme et de la femme est soumise à des tensions (cf. Genèse 3, 11-13) ; leurs rapports seront marqués par la convoitise et la domination (cf. Genèse 3, 16). L’harmonie avec la création est rompue : la création visible est devenue pour l’homme étrangère et hostile (cf. Genèse 3, 17. 19). À cause de l’homme, la création est soumise "à la servitude de la corruption" (Romains 8, 20). Enfin, la conséquence explicitement annoncée pour le cas de la désobéissance (cf. Genèse 2, 17) se réalisera : l’homme "retournera à la poussière de laquelle il est formé" (Genèse 3, 19). La mort fait son entrée dans l’histoire de l’humanité (cf. Romains 5, 12).   

401

Depuis ce premier péché, une véritable "invasion" du péché inonde le monde : le fratricide commis par Caïn sur Abel (cf. Genèse 4, 3-15) ; la corruption universelle à la suite du péché (cf. Genèse 6, 5. 12 ; Rm 1, 18-32) ; de même, dans l’histoire d’Israël, le péché se manifeste fréquemment, surtout comme une infidélité au Dieu de l’alliance et comme transgression de la Loi de Moïse ; après la Rédemption du Christ aussi, parmi les chrétiens, le péché se manifeste de nombreuses manières (cf. 1 Co 1-6 ; Apocalypse 2-3). L’Écriture et la Tradition de l’Église ne cessent de rappeler la présence et l’universalité du péché dans l’histoire de l’homme :        

Ce que la révélation divine nous découvre, notre propre expérience le confirme. Car l’homme, s’il regarde au-dedans de son cœur, se découvre également enclin au mal, submergé de multiples maux qui ne peuvent provenir de son Créateur, qui est bon. Refusant souvent de reconnaître Dieu comme son principe, l’homme a, par le fait même, brisé l’ordre qui l’orientait à sa fin dernière, et, en même temps, il a rompu toute harmonie, soit par rapport à lui-même, soit par rapport aux autres hommes et à toute la création (Gaudium et spes 13, § 1).            

Conséquences du péché d’Adam pour l’humanité 
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402
Tous les hommes sont impliqués dans le péché d’Adam. Saint Paul l’affirme : "Par la désobéissance d’un seul homme, la multitude (c’est-à-dire tous les hommes) a été constituée pécheresse" (Romains 5, 19) : "De même que par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort est passée en tous les hommes, du fait que tous ont péché..." (Romains 5, 12). À l’universalité du péché et de la mort l’apôtre oppose l’universalité du salut dans le Christ : "Comme la faute d’un seul a entraîné sur tous les hommes une condamnation, de même l’œuvre de justice d’un seul (celle du Christ) procure à tous une justification qui donne la vie" (Romains 5, 18). 

403
À la suite de Saint Paul, l’Église a toujours enseigné que l’immense misère qui opprime les hommes et leur inclination au mal et à la mort ne sont pas compréhensibles sans leur lien avec le péché d’Adam et le fait qu’il nous a transmis un péché dont nous naissons tous affectés et qui est "mort de l’âme" (cf. Concile de  Trente :
Denzinger-Schönmetzer 1512). En raison de cette certitude de foi, l’Église donne le Baptême pour la rémission des péchés même aux petits enfants qui n’ont pas commis de péché personnel (cf. Concile de  Trente : Denzinger-Schönmetzer 1514).   

404

Comment le péché d’Adam est-il devenu le péché de tous ses descendants ? Tout le genre humain est en Adam "comme l’unique corps d’un homme unique" (Saint Thomas d’Aquin, mal. 4, 1) Par cette "unité du genre humain" tous les hommes sont impliqués dans le péché d’Adam, comme tous sont impliqués dans la justice du Christ. Cependant, la transmission du péché originel est un mystère que nous ne pouvons pas comprendre pleinement. Mais nous savons, par la Révélation, qu’Adam avait reçu la sainteté et la justice originelles non pas pour lui seul, mais pour toute la nature humaine : en cédant au tentateur, Adam et Ève commettent un péché personnel, mais ce péché affecte la nature humaine qu’ils vont transmettre dans un état déchu (cf. Concile de  Trente :
Denzinger-Schönmetzer 1511-1512). C’est un péché qui sera transmis par propagation à toute l’humanité, c’est-à-dire par la transmission d’une nature humaine privée de la sainteté et de la justice originelles. Et c’est pourquoi le péché originel est appelé "péché" de façon analogique : c’est un péché "contracté" et non pas "commis", un état et non pas un acte.   

405
Quoique propre à chacun (cf. Concile de  Trente :
Denzinger-Schönmetzer 1513), le péché originel n’a, en aucun descendant d’Adam, un caractère de faute personnelle. C’est la privation de la sainteté et de la justice originelles, mais la nature humaine n’est pas totalement corrompue : elle est blessée dans ses propres forces naturelles, soumise à l’ignorance, à la souffrance et à l’empire de la mort, et inclinée au péché (cette inclination au mal est appelée "concupiscence"). Le Baptême, en donnant la vie de la grâce du Christ, efface le péché originel et retourne l’homme vers Dieu, mais les conséquences pour la nature, affaiblie et inclinée au mal, persistent dans l’homme et l’appellent au combat spirituel.          

406
La doctrine de l’Église sur la transmission du péché originel s’est précisée surtout au cinquième siècle, en particulier sous l’impulsion de la réflexion de Saint Augustin contre le pélagianisme, et au seizième siècle, en opposition à la Réforme protestante. Pélage tenait que l’homme pouvait, par la force naturelle de sa volonté libre, sans l’aide nécessaire de la grâce de Dieu, mener une vie moralement bonne ; il réduisait ainsi l’influence de la faute d’Adam à celle d’un mauvais exemple. Les premiers réformateurs protestants, au contraire, enseignaient que l’homme était radicalement perverti et sa liberté annulée par le péché des origines ; ils identifiaient le péché hérité par chaque homme avec la tendance au mal (concupiscentia), qui serait insurmontable. L’Église s’est spécialement prononcée sur le sens du donné révélé concernant le péché originel au deuxième Concile d’Orange en 529 (cf.
Denzinger-Schönmetzer 371-372) et au Concile de Trente en 1546 (cf. Denzinger-Schönmetzer 1510-1516).       

Un dur combat...        
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407
La doctrine sur le péché originel – liée à celle de la Rédemption par le Christ – donne un regard de discernement lucide sur la situation de l’homme et de son agir dans le monde. Par le péché des premiers parents, le diable a acquis une certaine domination sur l’homme, bien que ce dernier demeure libre. Le péché originel entraîne "la servitude sous le pouvoir de celui qui possédait l’empire de la mort, c’est-à-dire du diable" (Concile de Trente :
Denzinger-Schönmetzer 1511 ; cf. He 2, 14). Ignorer que l’homme a une nature blessée, inclinée au mal, donne lieu à de graves erreurs dans le domaine de l’éducation, de la politique, de l’action sociale (cf. CA 25) et des mœurs.     

408
Les conséquences du péché originel et de tous les péchés personnels des hommes confèrent au monde dans son ensemble une condition pécheresse, qui peut être désignée par l’expression de Saint Jean : "le péché du monde" (Jean 1, 29). Par cette expression on signifie aussi l’influence négative qu’exercent sur les personnes les situations communautaires et les structures sociales qui sont le fruit des péchés des hommes (cf. RP 16).         

409
Cette situation dramatique du monde qui "tout entier gît au pouvoir du mauvais" (1 Jean 5, 19 ; cf. 1 P 5, 8) fait de la vie de l’homme un combat :      

Un dur combat contre les puissances des ténèbres passe à travers toute l’histoire des hommes ; commencé dès les origines, il durera, le Seigneur nous l’a dit, jusqu’au dernier jour. Engagé dans cette bataille, l’homme doit sans cesse combattre pour s’attacher au bien ; et non sans grands efforts, avec la grâce de Dieu, il parvient à réaliser son unité intérieure (Gaudium et spes 37, § 2).

 IV. "Tu ne l’as pas abandonné au pouvoir de la mort". 
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410
Après sa chute, l’homme n’a pas été abandonné par Dieu. Au contraire, Dieu l’appelle (cf. Genèse 3, 9) et lui annonce de façon mystérieuse la victoire sur le mal et le relèvement de sa chute (cf. Genèse 3, 15). Ce passage de la Genèse a été appelé "Protévangile", étant la première annonce du Messie rédempteur, celle d’un combat entre le serpent et la Femme et de la victoire finale d’un descendant de celle-ci.     

411
La tradition chrétienne voit dans ce passage une annonce du "nouvel Adam" (cf. 1 Co 15, 21-22. 45) qui, par son "obéissance jusqu’à la mort de la Croix" (Ph 2, 8) répare en surabondance la désobéissance d’Adam (cf. Rm 5, 19-20). Par ailleurs, de nombreux Pères et docteurs de l’Église voient dans la femme annoncée dans le "protévangile" la mère du Christ, Marie, comme "nouvelle Ève". Elle a été celle qui, la première et d’une manière unique, a bénéficié de la victoire sur le péché remportée par le Christ : elle a été préservée de toute souillure du péché originel (cf. Pie IX : Denzinger-Schönmetzer 2803) et durant toute sa vie terrestre, par une grâce spéciale de Dieu, elle n’a commis aucune sorte de péché (cf. Concile de  Trente : Denzinger-Schönmetzer 1573).         

412
Mais pourquoi Dieu n’a-t-il pas empêché le premier homme de pécher ? Saint Léon le Grand répond : "La grâce ineffable du Christ nous a donné des biens meilleurs que ceux que l’envie du démon nous avait ôtés" (serm. 73, 4 : PL 54, 396). Et Saint Thomas d’Aquin : "Rien ne s’oppose à ce que la nature humaine ait été destinée à une fin plus haute après le péché. Dieu permet, en effet, que les maux se fassent pour en tirer un plus grand bien. D’où le mot de Saint Paul : ‘Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé’ (Romains 5, 20). Et le chant de l’Exultet : O heureuse faute qui a mérité un tel et un si grand Rédempteur" (Saint Thomas d’Aquin, s. th. 3, 1, 3, ad 3 ; l’Exsultet chante ces paroles de saint Thomas).

 En bref  
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413 
"Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de la perte des vivants (...). C’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde" (Sagesse 1, 13 ; 2, 24).

414 
Satan ou le diable et les autres démons sont des anges déchus pour avoir librement refusé de servir Dieu et son dessein. Leur choix contre Dieu est définitif. Ils tentent d’associer l’homme à leur révolte contre Dieu.     

415 
"Établi par Dieu dans un état de sainteté, l’homme séduit par le Malin, dès le début de l’histoire, a abusé de sa liberté, en se dressant contre Dieu et en désirant parvenir à sa fin hors de Dieu" (Gaudium et spes 13, § 1).       

416 
Par son péché, Adam, en tant que premier homme, a perdu la sainteté et la justice originelles qu’il avait reçues de Dieu non seulement pour lui, mais pour tous les humains.

417 
A leur descendance, Adam et Ève ont transmis la nature humaine blessée par leur premier péché, donc privée de la sainteté et la justice originelles. Cette privation est appelée "péché originel"

418 
En conséquence du péché originel, la nature humaine est affaiblie dans ses forces, soumise à l’ignorance, à la souffrance et à la domination de la mort, et inclinée au péché (inclination appelée "concupiscence").        

419 
"Nous tenons donc, avec le Concile de Trente, que le péché originel est transmis avec la nature humaine, ‘non par imitation, mais par propagation’, et qu’il est ainsi ‘propre à chacun’" (Credo du Peuple de Dieu (SPF) 16).         

420 
La victoire sur le péché remportée par le Christ nous a donné des biens meilleurs que ceux que le péché nous avait ôtés : "La où le péché a abondé, la grâce a surabondé" (Romains 5, 20).        

421 
"Pour la foi des chrétiens, ce monde a été fondé et demeure conservé par l’amour du créateur ; il est tombé, certes, sous l’esclavage du péché, mais le Christ, par la Croix et la Résurrection, a brisé le pouvoir du Malin et l’a libéré..." (Gaudium et spes 2, § 2).     


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Fiche mise à jour le 17/01/2018.