585> Dans d’autres Églises, certains croient davantage aux
faux prophètes, ces voix impures que
Satan excite à parler et que la loi de l’Église condamne; cette condamnation
atteint tous ceux qui, bien que catholiques, prêtent l’oreille à ces voix
sataniques qui parlent lorsqu’on fait tourner les tables ou par
l’intermédiaire de médiums, et dont le but est de tromper, de séduire, de
dévoyer, de détacher de l’Église.
Seules les âmes de lumière sont véridiques et de bons guides. Mais elles ne
viennent jamais, je dis bien jamais, par quelque imposition humaine
et ne nécessitent pas de cérémonie pour se manifester. Dieu les envoie quand il le veut, à qui il veut. Or ce
sont les seules qui disent la vérité. Les autres ne sont que des menteurs,
dans toutes leurs manifestations. Car ce sont des manifestations de satanisme,
et Satan est mensonge. Ces voix ont beau dire apparemment de bonnes paroles,
elles sont toujours subtilement teintées d’erreur. Elles visent à détourner
de l’Église en prétendant qu’elle n’est pas nécessaire pour communiquer avec
Dieu. Elles insinuent des théories erronées sur la réincarnation, sur un
système d’évolution des âmes par des vies successives, ce qui est absolument faux. Elles suggèrent des solutions
scientifiques aux manifestations les plus lumineuses de la toute-puissance
divine, qui crée tout à partir de rien.
Pauvre science qui veut être uniquement "science" et repousse la
Sagesse! La science peut confirmer la Sagesse, mais pas l’abolir. Là où elle
l’abolit, elle éteint un océan de lumière appréciable pour les âmes et les
intelligences humaines.
Malheur à qui éteint cette lumière! S’il est bien un geste qui tient de celui
d’un tyran fou, poussé par la haine ou le délire, qui mine et pulvérise une
ville ou un temple, c’est l’action des personnes qui, par amour excessif de
la science — ils lui rendent presque un culte —, pulvérisent l’édifice de la
foi simple et pure, ou du moins ses parties principales. Au lieu d’un tel
culte, c’est la Sagesse qu’il faut aimer, écouter et croire puisqu’elle vient
“du Père des lumières en qui il n’y a ni variation ni ombre de
changement" (Jacques 1, 17); étant Esprit de vérité et d’amour, il veut
que nous soyons nourris de vérité pour aimer toujours plus parfaitement, et
que nous voyons pour mieux connaître, mieux servir et mieux aimer.
Mais un édifice peut-il encore tenir debout si ses fondements sont sapés?
Non.
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586> Or que se passe-t-il lorsque, poussé par la soif humaine
de paraître instruit et moderne, en avance sur son temps, on retire les
pierres angulaires des bases de l’édifice de la foi, sous prétexte qu’elles
ne sont plus adaptées à l’époque, qu’elles sont puériles, inadmissibles,
telles des fables qu’on ne saurait plus accepter? De grandes parties
s’écroulent en faisant des victimes, beaucoup d’autres restent en ruines et
défigurées, d’autres encore, qui étaient lumineuses et belles, deviennent
sombres et brumeuses, couvertes de pauvres lumières humaines dont les fumées
obscurcissent les lumières célestes et suscitent dans les âmes stupéfaites
des interrogations que la science ne satisfait pas et que la Sagesse n’arrive
plus à détruire, de sorte que des vides sont créés que rien ne peut combler.
Un monde de foi pure s’écroule. Et les ruines de leurs syllogismes, de leurs
raisonnements et recherches ne satisfont pas le vide qui s’est formé.
Attaquer la vérité connue est un péché contre l’Esprit Saint. Il est dit
que "l’Esprit Saint, l’éducateur,
fuit la fourberie, il se retire devant des pensées sans intelligence, il
s’offusque quand survient l’injustice" (Sg 1, 5). Or qu’y a-t-il de plus injuste que de prétendre que
Dieu, le Tout-Puissant, a dû attendre l’évolution naturelle spontanée pour
créer son chef-d’œuvre, l’homme? Qu’y a-t-il de plus insensé que de croire
que Dieu a été impuissant à créer directement la plus belle œuvre de sa
création?
Le Livre contient la vérité sur toutes choses, car c’est une parole écrite
sous l’inspiration de la Sagesse, c’est-à-dire de Dieu. Tout le reste n’est
que mensonge, imagination ou déduction humaine. Dieu seul ne se trompe
jamais. Le plus saint des hommes, ou le plus érudit en culture humaine peut
toujours se tromper lorsqu’il parle ou agit "en homme", autrement dit quand il n’est pas mu par l’Esprit
Saint, quand la Lumière (Jésus) ne l’éclaire pas, quand il détourne les yeux
de Dieu le Père en ne le reconnaissant plus dans toutes ses œuvres.
La science aussi peut être bonne et utile. Dieu a donné l’intelligence à
l’homme dans une bonne intention et pour qu’il s’en serve. Mais 90% des hommes
ne s’en servent pas toujours dans une bonne intention. Et les scientifiques,
en nombre encore bien supérieur, ne le font pas davantage.
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587> Pourquoi cela? Parce qu’ils perdent de vue Dieu et sa
Loi pour suivre et poursuivre des voies et des chimères humaines. Oui, même
si, en apparence, ils le servent, lui rendent un culte extérieur — si ce
n’est même un certain culte intérieur — et sont persuadés qu’ils l’honorent,
en vérité ils ne le voient plus clairement, pas plus que les préceptes
d’amour éternels. Ils ne vivent plus la vie de Dieu, qui est vie d’amour.
S’ils menaient cette vie, s’ils voyaient clairement Dieu et sa Loi, comment
pourraient-ils utiliser leur intelligence pour détruire par leurs
raisonnements scientifiques la foi simple des "petits" et par leurs
découvertes scientifiques l’existence d’une foule de vies humaines, de villes
entières, et jusqu’au globe terrestre en troublant l’équilibre, cet ordre des éléments et des lois cosmiques
établi par Dieu qui fait que, depuis des millénaires, la terre vit et produit
des vies végétales et animales sans sortir de son orbite, sans se détourner
de son axe, évitant ainsi des cataclysmes apocalyptiques?
Mais leur plus grand crime, c’est de détruire la foi simple des
"petits", c’est de détruire dans la foule la conviction que Dieu
est ce Père aimant qui prend soin même des oiseaux et des fleurs des champs,
écoute et exauce les demandes que ses enfants lui font par une prière pleine
de foi.
Comment l’homme peut-il encore croire simplement si, au nom de la science et
avec le secours de preuves scientifiques incertaines, vous sapez les
fondements de la Révélation contenue dans le Livre? Comment l’homme peut-il
encore croire que Dieu est puissant, qu’il est aimant, qu’il est un Père qui
prend soin de ses enfants si, à cause de vos découvertes, l’homme est frappé
par des châtiments — non, pas des châtiments, parce que toutes les lois
humaines châtient les mauvais alors que vos moyens de destruction frappent
d’innombrables personnes qui ne le sont pas —, si donc l’homme est torturé
jusqu’à la folie, ou jusqu’à en mourir de terreur ou sous les blessures,
réduit à ne même plus avoir la tanière que Dieu procure aux animaux
fussent-ils féroces, ni l’alimentation et les vêtements accordés aux oiseaux
et aux fleurs des champs?
Le plus grand crime est bien de détruire la foi et la confiance! La foi en la
vérité de la Révélation. La confiance en la bonté et la toute-puissance
divines. La première de ces destructions fait crouler tout un monde de
croyances qui constituaient un puissant encouragement à vivre en enfant de
Dieu, elle supprime tout un poème lumineux qui célèbre les bontés infinies du
Seigneur.
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588> La seconde incite l’homme, découragé par les expériences
traversées, à dire: "À quoi sert-il de prier, de se sacrifier, de vivre
en juste, si c’est pour être ensuite frappé de la même manière?" Le
doute apparaît, et par conséquent le relâchement de la foi et des mœurs! La
prière est délaissée ! Parfois, le désespoir arrive! Voilà les fruits de la
science coupée de la Sagesse...
Ce sont là les fruits de l’arbre maudit de la science, que la greffe de la
Sagesse n’a pas rendu bon. Vous voulez tout connaître, tout rechercher, tout
expliquer. Mais l’intelligence de l’homme, et en particulier de l’homme
déchu, cette intelligence blessée par le péché originel et par la
concupiscence mentale ne peut pas tout connaître. Adam avait beau être constitué
"roi" de toute la
création, il avait lui aussi reçu cette interdiction: « De l’arbre de la
connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car le jour où tu en
mangeras, tu deviendras passible de mort » (Genèse 2, 17). Il n’a pas obéi, il voulut tout connaître et il
mourut d’abord à la grâce, puis physiquement. Placés devant les deux arbres —
d’un côté celui qui donne la vie, autrement dit Jésus, le Rédempteur et
Sauveur, la Parole qui donne la vie éternelle, de l’autre l’arbre de la
science qui produit en général des fruits de mort —, un trop grand nombre
d’hommes tendent la main vers le premier et pas vers le deuxième, goûtent du
fruit du premier et non du deuxième, se donnent la mort à eux-mêmes et la
donnent aux autres.
La science est-elle coupable de tout? Non: de même que personne n’est
totalement et perpétuellement mauvais, la science n’est pas toujours et
totalement mauvaise et coupable. Certains scientifiques utilisent leurs
connaissances pour faire le bien. D’autres, parvenus à la découverte de
moyens homicides, les détruisent, préférant renoncer à la gloire humaine que
cette découverte leur procurerait, afin d’épargner de nouveaux fléaux à
l’humanité. Chez d’autres enfin, parce qu’ils sont de vrais chrétiens, les
études scientifiques augmentent leur foi ainsi que leurs vertus surnaturelles
et chrétiennes.
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589> Ceux-là sont des bienfaiteurs de l’humanité et sont
bénis de Dieu. Tous devraient les imiter. Or ce n’est pas le cas. Ce sont les
autres scientifiques qui sont écoutés et dont les raisonnements sont
approuvés, ceux qui examinent et expliquent tout en termes humains, qui
portent sur toute chose un regard humain, maté riel, tourné vers le bas, vers
la terre et ses secrets, comme le font les animaux — quand ils ne se
comportent pas plus mal qu’eux —. On dirait effectivement que, bien mieux que
les hommes, bon nombre d’animaux savent louer ce qu’il y a de beau et de bon
dans la création, qu’ils sont reconnaissants au soleil qui les réchauffe, à
l’eau qui les désaltère, aux fruits de la terre qui les nourrissent, à
l’homme qui les aime.
L’homme, cette créature raisonnable douée d’une âme et de vie surnaturelle,
devrait savoir regarder vers le haut, vers le ciel, vers Dieu; purifier son
regard et ses connaissances par la contemplation des œuvres divines et par la
foi que Dieu en est l’auteur; enfin, voir le signe indélébile imprimé sur
chacune d’elle, en témoignage qu’elles ont été faites par Dieu.
La religion et la foi, la religion et l’amour rendent la recherche humaine
bonne, et cela activement. Si cette recherche humaine est privée de ses
forces spirituelles ou ne les possède que dans une mesure imparfaite, elle
tombe dans l’erreur et y entraîne les autres, vers l’affaiblissement ou la
mort de leur foi.
Ne cherchez pas à paraître modernes, en
adéquation avec votre époque — qui ne mérite d’ailleurs aucun éloge —, ne
repoussez pas les lumières, toutes les lumières qui vous viennent directement
de la Révélation, de la Sagesse, et indirectement de la sage recherche de
savants chrétiens: ceux-ci se sont élevés vers Dieu pour pouvoir pénétrer les
mystères du monde eux-mêmes, mais avec un bon esprit de façon à en connaître
la vérité, vérité qui confirme l’œuvre de Dieu et lui en rend gloire. Pour
expliquer ce qui existe et n’existe que par la toute-puissance et l’action
divines, ne recherchez pas, pour paraître modernes,
en adéquation avec votre époque, ces "profondeurs de Satan"
— comme l’Apocalypse les
appelle en 2, 24—, et pas davantage celles "du monde ", qui ne
correspondent pas à la Révélation.
[Dans d’autres Églises], on trouve
tiédeur dans le service de Dieu et orgueil de soi. La triple
concupiscence triomphe là où les vertus devraient régner, et elle rend les
tièdes et les orgueilleux pauvres et sans lumière. Pauvres du nécessaire pour
être justes et aider ses subordonnés à être justes.
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590> Les tièdes ne peuvent réchauffer les froids. Celui qui
n’a aucune lumière ne peut pas la communiquer. Et celui qui se montre avare
des grands dons que Dieu lui a accordés ne peut enrichir des agneaux. Il
garde le pâturage pour lui seul, il permet seulement que son troupeau se
nourrisse de l’indispensable pour ne pas périr tout à fait, sans penser que
certains membres de son troupeau sont faibles et ont besoin de recevoir
davantage de nourriture, bien davantage par fois, pour ne pas mourir.
Pour être un bon pasteur, il ne suffit pas d’être saint individuellement ou
de ne pas pécher soi-même. Il faut sanctifier veiller à ce que d’autres ne
pèchent pas et, si l’on apprend qu’un agneau a péché et a blessé mortellement
son âme, ne pas attendre qu’il vienne demander sa guérison, mais aller à lui,
le soigner, le guérir. Et s’il refuse, y retourner une fois, deux, dix, cent
fois, non seulement en tant que prédicateur qui le rappelle à son devoir par
des réprimandes, mais en utilisant d’autres moyens, en ami, en médecin, en
père. Et si l’on apprend qu’une personne est en train de faire fausse route,
ne pas laisser aller les choses, mais intervenir, avec patience et douceur,
pour la ramener sur le droit chemin.
L’apostolat du prêtre ne se borne pas à
la messe quotidienne, à la confession, à l’explication de l’Évangile et de la
foi à l’église. Il y a beaucoup plus à faire hors de l’église: aller
au-devant de ses fidèles; porter la parole de Dieu et de la morale chez ceux
qui ne vont pas à l’église, ou alors rarement et mal; là où un membre de la
famille, un seul membre, ne va pas à l’église ou bien manque à ses devoirs de
père, de mère, d’époux, de fils, de citoyen ou de personne morale.
Que de familles connaissent souffrances, situations pénibles, péchés! Quel
domaine d’apostolat que ces premiers noyaux de la société humaine où deux
personnes s’aiment et vivent dans l’unité, telles de petites églises dans
lesquelles, comme des prêtres sans ordination, ils accomplissent une tâche
bien spécifique, ou plutôt deux tâches bien spécifiques: continuer la
création en procréant, collaborant ainsi avec Dieu qui crée une âme pour
toute personne procréée par l’homme et la femme, et engendrer de nouveaux
fils adoptifs à Dieu. Du moins devraient-ils le faire.
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591> Mais il arrive qu’ils ne le fassent pas: ils manquent
réciproquement à leurs devoirs de mari et de femme, à leurs devoirs envers
leurs enfants en négligeant de faire d’eux de vrais chrétiens et en les
laissant aller là où ils ne pourront guère s’ améliorer, en leur donnant le
mauvais exemple, en ne s’occupant pas de leur formation religieuse, en
permettant que de mauvais compagnons ou des membres de partis antichrétiens
les abordent et les entraînent sur une mauvaise voie.
Les terres de mission ne se trouvent pas seulement en Afrique, dans les
Amériques, en Asie ou dans divers archipels. L’Europe, l’Italie sont, elles
aussi, des terres de mission pour qui a l’esprit missionnaire et un regard
surnaturel. Chaque village, des plus petits aux grandes villes, chaque
paroisse, chaque mai son peut être terre de mission, un lieu d’où extirper
l’ivraie pour y semer le bon grain, un lieu de progrès spirituel, un lieu de
re construction en Christ: reconstruction du Royaume de Dieu au sein de la
famille et en chacun de ses membres.
« Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde » (Matthieu
5, 13-14). Le Maître, sagesse infinie, a comblé ses élus de son sel et leur a
donné la faculté de transmettre à leurs successeurs un sel qui doit saler. Le
Maître, lumière véritable du monde, a comblé ses élus de sa lumière et leur a
donné l’ordre d’illuminer tout homme et de transmettre ce pouvoir à leurs
successeurs. En pontife éternel, il continue à répandre sel et lumière dans
le Corps mystique pour qu’il n’y vienne jamais à manquer, même si la tiédeur
de certains membres pouvait en créer une pénurie.
L’Église est "Mère". Quelle mère en gestation pourrait ne pas
s’alimenter et vivre de manière à donner la vie à un enfant en bonne santé?
De même, l’Église doit fournir à ses enfants, par l’intermédiaire de ses
pasteurs plus ou moins haut placés, le sel qui maintiendra en eux une vie
spirituelle intacte et forte.
L’Église est "l’Epouse du Christ"; or le Christ est Soleil, il est
Orient, Etoile du matin, Lumière infinie. L’Epoux transmet à son Epouse ses
richesses et ses biens, il les lui communique afin qu’elle les distribue à
tous ses membres, en particulier à ceux qui sont destinés à illuminer; c’est
pourquoi ses pasteurs plus ou moins haut placés se doivent d’être "lumière" pour éclairer les
agneaux.
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592> Mais une lumière présuppose une flamme: une flamme, une
ardeur. Un incendie flambe quand il brûle et se consume. Pareillement,
l’apôtre flambe, donc éclaire, réchauffe et embrase les autres s’il brûle
lui-même et se consume. Mais si, par peur de se consumer, par peur d’être
pris comme point de mire par les ennemis de la lumière, par peur de trop se
fatiguer, il reste tiède, devient insipide — or on rejette ce qui est
insipide —, il devient paresseux, n’éclaire plus, s’éteint comme un astre qui
a fini de resplendir dans les cieux, ne brille plus dans son propre ciel, le ciel spirituel.
De plus, ce pasteur est mort si l’égoïsme s’unit à la perte de la lumière qui
provient d’un incendie d’amour, perte causée par l’orgueil de soi. Car
l’égoïsme est le contraire de l’altruisme, cette sève du chrétien:
« Voici quel est mon commandement: vous aimer les uns les autres comme
je vous ai aimés. Nul n’a plus grand amour que celui-ci: donner sa vie pour
ses amis » ; « Si nous disons que nous sommes en communion
avec lui alors que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons, nous ne
faisons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière comme il est
lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres...
mais celui qui garde sa parole, c’est en lui vraiment que l’amour de Dieu est
accompli... »; « Si
quelqu’un dit: "J’aime Dieu" et qu’il déteste son frère, c’est un
menteur: celui qui n’aime pas son frère qu’il voit ne saurait aimer le Dieu
qu’il ne voit pas ». Jean 15, 12-13
- 1 Jean 1, 6.7 - 1 Jean 2, 5 - 1 Jean 4, 20.
Le christianisme est amour: amour des puissants pour les petits, des petits
pour les puissants, amour des supérieurs pour les inférieurs, amour toujours.
S’il manque l’amour, le christianisme s’éteint, l’égoïsme et la tiédeur
prennent sa place, le sel perd sa saveur, la lampe à huile fume sans briller,
ou alors elle est mise sous le boisseau pour ne pas être troublée. Et les
âmes, les pauvres âmes des agneaux, restent abandonnées, elles ne trouvent
plus ni chaleur, ni lumière, ni saveur, elles s’affaiblissent, se perdent.
Pauvres âmes qui ont d’autant plus besoin d’aide qu’elles sont faibles!
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593> Ces déficiences, fortes et bien marquées dans les
Églises qui ne sont plus alimentées par les eaux vives qui jaillissent
au-dessous des côtés de l’autel du vrai Temple (Cf. Ezéchiel 47, 1-2), ne sont pas absentes de la véritable Église.
Son Corps est saint, son Chef et son Ame sont saints. Mais tous ses membres
ne sont pas saints pour autant, car l’appartenance plus ou moins intrinsèque
au Corps ne change en rien la nature de l’homme. C’est à l’homme qu’il
incombe de travailler sans relâche à se
régénérer, à se recréer pour atteindre la perfection et ressembler le
plus possible au Christ, Chef de l’Église, à l’Esprit Saint, Ame de l’Église:
ressembler au Christ par une vie d’ "alter Christus″, ressembler à
l’Esprit Saint au moyen de la charité, de la sainteté, de la pureté, de la
force, de la piété et de tout autre attribut propre au Sanctificateur.
Plus les membres s’efforcent d’être saints, plus l’Église triomphe. Car la
sainteté des membres — je parle des plus élevés — se déverse sur les membres
inférieurs, les élève, les embrase, les transforme en instruments de
sanctification et de conversion pour les membres mourants ou déjà tout à fait
morts.
Si l’apostolat sacerdotal correspond bien à ce que Jésus a voulu et veut
encore, il suscite la grande force de l’apostolat laïc. C’est une grande
force parce qu’il pénètre plus aisément partout. Dans les familles, dans les
usines, dans les différentes catégories professionnelles, l’apostolat laïc
peut approcher les personnes perverties par des chefs de parti ou des
perversions psychophysiques, démanteler les forteresses de mensonges,
détruire les faux mirages suscités par les serviteurs de l’Antéchrist, — plus
actifs aujourd’hui que jamais encore dans l’histoire du monde —. Par une
charité en action et non simplement en parole, par la vérité des actes et non
par les faux discours des fausses idéologies, il peut neutraliser le poison
répandu secrètement par le subtil serpent d’aujourd’hui, qui se borne encore
à être "serpent", en attendant de prendre son apparence finale
d’Antéchrist victorieux pour un triomphe aussi bref qu’horrible.
Mais si la vie spirituelle des membres supérieurs se relâche, si l’apostolat
laïc n’est pas pleinement soutenu par le clergé, il arrivera inévitablement
ce qui s’est produit en Israël lorsque, le Temple et la Synagogue ayant
abandonné la justice, les élites purent devenir, humainement parlant,
occasion de scandale, d’oppression, de ruine pour le peuple tout entier.
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594> Il était écrit que le Christ devait mourir par la main
des prêtres, des scribes et des pharisiens. Pourtant, lorsque Dieu donna une
âme à ces prêtres, à ces scribes et à ces pharisiens qui allaient s’opposer à
son Verbe jusqu’à le faire mourir sur une croix, il n’avait pas créé des âmes
particulières de déicides, d’êtres cruels, injustes, avides de pouvoir, de
menteurs. Non, il leur avait créé une âme en tout point pareille à celle des
autres hommes. Egales par création, puis égales par le partage de la même
blessure du péché originel, tout aussi égales que l’étaient la Loi et la
Révélation pour tout Israël, ou encore le libre-arbitre des plus grands comme
des plus petits.
Mais, au Temple comme à la Synagogue, la justice s’était trop affaiblie: le
Temple sacré était devenu "un repaire de voleurs" (Matthieu, Marc et Luc) et les descendants dégénérés des Assidéens étaient
devenus hypocrites. Ces derniers avaient été en effet des hommes à la morale
élevée et véritable, à la parfaite fidélité à la Loi et à l’enseignement de
Moïse, aux nobles sentiments d’amour pour leur patrie, si bien qu’ils surent
combattre et mourir pour sauver la nation des oppresseurs et des corrupteurs.
En revanche, les pharisiens ne se montraient rigoristes qu’extérieurement
alors que, intérieurement, dans l’ombre, c’étaient des "sépulcres
blanchis remplis de pourriture" et, bien qu’ils se qualifient de
"séparés" de la plupart des gens, ils n’étaient pas séparés du
péché. Il en allait de même des scribes: ils avaient déformé la Loi et en
avaient rendu la pratique impossible tant ils l’avaient chargée de traditions
de leur crû. Après tout cela, leur âme put devenir déicide, et ils se
servirent de leur liberté, cette liberté donnée par Dieu, pour tuer le Fils
de Dieu.
Tuer le Fils de Dieu! Le calomnier! Le présenter pour ce qu’il n’était pas!
Mais est-ce un péché propre à cette époque ? Non. Il existe aujourd’hui
encore. Et si on ne lève pas la main directement sur le Christ pour le
fouetter, le torturer, le tuer, on la lève toujours sur lui, présent dans ses
serviteurs. Car c’est encore Jésus qui souffre en ceux qui sont persécutés,
quelle que soit cette persécution.
Saul de Tarse ne tuait pas les chrétiens personnellement mais "il
approuvait ce meurtre" (Ac 8, 1)
et "ravageait l’Église; allant de maison en maison, il en arrachait
hommes et femmes et les jetait en prison" (Actes 8, 3).
Haut de page
595> Il était lui aussi un antéchrist, alors qu’il allait
devenir l’Apôtre et un vase d’élection, et lutter si efficacement contre
l’Antéchrist qui allait apparaître aussitôt dans les différentes régions où
les Églises de Jésus surgiraient.
Mais que lui arriva-t-il alors qu’il faisait route vers Damas, "respirant menaces et carnage à
l’égard des disciples du Seigneur" (Actes 9, 1-2), muni de "lettres
pour les synagogues de Damas afin que, s’il y trouvait quelques adeptes de la
Voie, hommes ou femmes, il les amenât enchaînés à Jérusalem"? La
rencontre du Christ dans les environs de Damas. Et que lui dit le Christ? Lui
a-t-il demandé: « Pourquoi persécutes-tu mes serviteurs? » Non, il
lui dit: « Pourquoi me
persécutes-tu? » (Actes 9, 4).
Le persécuté, c’était Jésus. C’est Jésus qui subit la persécution en
ses serviteurs. Parce qu’il est en eux. Sa Passion se poursuit en eux. En persécutant un serviteur de Dieu, un
fils adoptif de Dieu et un frère de Jésus, on frappe encore la Parole du Père, le Fils unique du Père, Jésus
qui, comme Dieu, est dans le Père et dans les vrais chrétiens.
Mais est-ce un péché propre à nos jours? Non, il a toujours existé. Ceux qui
persécutent les serviteurs de Dieu et les frères bien-aimés du Christ ne sont
pas toujours les antichrétiens de tous noms. Non. Bien des fois, cette
persécution provient de personnes qui devraient leur servir de soutien. Elle
provient de ceux qui, par orgueil, refusent que d’autres, les
"petits", s’élèvent là où eux-mêmes n’ont pas été élevés. Elle
provient de ceux qui, du fait de leur tiédeur, ne peuvent comprendre que
d’autres puissent être une flamme unie à la Flamme; une âme humaine devenue
flamme d’amour du Christ et par lui, et qui ne fait qu’un avec l’Esprit du
Christ, un seul feu. Elle provient de ceux qui ne se rappellent pas bien — et
comprennent encore moins — l’une des plus belles hymnes de l’Évangile:
« Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela
aux sages et aux indigents et de l’avoir révélé aux tout petits »
(Matthieu 11, 25). Elle provient enfin de ceux qui « par égard aux
personnes ou par désir de présents » (Luc 10, 21) deviennent aveugles et
manquent à la justice. (Deutéronome 16, 19).
Haut de page
596> Ces erreurs s’unissent à la faiblesse de l’homme, qui
reste un "homme″ même après
avoir pris l’habit sacré. Ces erreurs ont envoyé des serviteurs de Dieu au
bûcher et en prison, et elles mettent encore des chaînes — même si celles-ci
ne sont pas matérielles, elles n’en restent pas moins des chaînes — à la
double liberté de l’homme choisi par le Seigneur pour être son serviteur:
elles entravent d’une part sa liberté d’homme, qui est sacrée pourvu qu’il ne
commette rien de condamnable par la loi contre l’Etat et contre ses
semblables, d’autre part la liberté particulière
du serviteur de Dieu de servir Dieu comme il le lui demande.
Bien avant Jésus, la voix des prophètes avait prédit que les peuples qui ne
connaissaient pas le Seigneur deviendraient "son peuple" à la place
de celui qui aura refusé de le reconnaître. Des siècles plus tard, Jésus
avertit son peuple que "les païens sur passeraient la justice d’un grand
nombre de juifs." Et il donnait l’exemple de la manière dont il fallait
traiter les païens et les pécheurs pour les amener à la Voie, à la Vérité et
à la Vie.
Cependant, cet orgueil toujours renaissant d’être "juifs" porta les
apôtres eux-mêmes, alors qu’ils étaient directement instruits par la parole
et par l’exemple du Maître, à entraver les relations avec les païens.
L’exemple de Pierre envers le centurion Corneille devrait montrer à chacun
comment l’orgueil peut ralentir la conquête des âmes ou les empêcher de venir
la Vie (Actes 10). Il a fallu que
Dieu intervienne par un miracle pour convaincre l’apôtre que “Dieu ne fait
pas acception des personnes mais qu’en toute nation celui qui le craint et
pratique la justice lui est agréable" (Actes 10, 34-35).
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