Marie, pont entre ciel et terre.
La
pénitence des âmes victimes.
La tentation de la fatigue et de la crainte.
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128> Jésus dit :
"L’Eucharistie est mon
Sang et mon Corps. Mais avez-vous déjà songé que ce Sang et ce Corps ont été
formés avec le sang et le lait de Marie ?
Celle-ci, la très Pure qui accueillit le Ciel dans son sein, habillant de ses
chairs de blancheur immaculée le Verbe du Père après les noces divines avec
l’Esprit Saint, ne s’est pas limitée à engendrer le Sauveur. Elle l’a nourri
de son lait. Il s’ensuit que vous, humains qui vous nourrissez de moi, sucez
le lait de Marie qui est devenu sang en moi.
Le lait virginal. Comment donc pouvez-vous rester si souvent esclaves de la
chair si, avec mon Sang, descend en vous ce lait immaculé ? C’est comme si
une fontaine de pureté céleste déversait en vous ses flots. N’en êtes-vous
pas purifiés ? Comment pouvez-vous être comme cela alors que coule en vous le
lait de la Vierge et le Sang du Rédempteur ? Quand vous vous approchez de ma
table, c’est comme si vous approchiez votre bouche du sein très chaste de la
Mère.
Pensez-y, enfants qui nous aimez peu. Je suis content que vous suciez ce sein
dont j’ai tiré ma nourriture.
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129> Mais je voudrais que, comme en des
bébés nourris au sein, la vie augmente en vous; je voudrais que vous
grandissiez et vous vous fortifiiez. Le lait de la nourrice transmet, outre
la vie matérielle, des tendances morales. Comment pouvez-vous, vous qui êtes
nourris à ce sein très pur, ne pas acquérir une ressemblance spirituelle à
Marie ? Elle vous serre sur sa poitrine, malades, émaciés, sales que vous
êtes. Et elle vous lave, vous nourrit, vous amène à son Premier Né car elle
veut que vous l’aimiez.
Si ce n’étaient les soins de Marie
et de ses prières, la race humaine ne serait plus. Je l’aurais effacée parce que
votre façon de vivre a vraiment touché le fond du mal et la justice est blessée,
et la patience est à son comble, et la punition est prête. Mais Marie est là
qui vous protège de son manteau et si je peux, d’un seul regard, prosterner
le Paradis et faire trembler les astres, je ne peux rien contre ma Mère.
Je suis son Dieu, mais je reste toujours son Enfant. Sur ce cœur, je me suis
reposé dans le premier sommeil du nouveau-né et dans le dernier sommeil de la
mort, et de ce cœur je connais tous les secrets. Je sais donc que vous punir
causerait une douleur transperçante à la Mère du
genre humain, à sa vraie Mère, qui continue d’espérer qu’elle pourra
vous conduire à son Fils.
Je suis son Dieu, mais elle est ma Mère. Et moi, parfait en tout, je suis
votre Maître en ceci aussi : l’amour pour la Mère. À ceux qui en ce monde
croient encore, je dis : ‘Le salut du monde est en Marie’.
Si vous compreniez que Dieu se retire dans les profondeurs, face à la
marée montante des crimes que vous commettez, vous les déicides, les
fratricides, vous les violeurs de la loi, les fornicateurs, les adultères,
les voleurs, sentine de vices, vous en trembleriez. Mais vous êtes
devenus des sots.
Avant, c’était moi le pont entre le
monde et le Ciel. Mais en vérité, devant votre obstination dans le mal, le
Christ se retire comme autrefois de Jérusalem car ‘l’heure n’est pas encore venue’ et en attendant l’heure, le Christ vous laisse à votre mal pour que
vous l’accomplissiez.
Maintenant, le seul pont qui reste, c’est Marie. Mais si vous la méprisez
elle aussi, vous serez écrasés. Je ne permets pas que soit vilipendée [2] Celle en qui descendit
l’Esprit Saint pour m’engendrer, moi Fils de Dieu et Sauveur du monde."
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130> Le soir.
Dans l’état où je me trouve, j’ai eu
la tentation d’adoucir un peu les mortifications habituelles, que j’ai
reprises avec rigueur depuis quelques mois car j’ai senti que Jésus le
souhaitait.
Mais mon Jésus me répond :
"Non. Persévère. Le monde est recouvert d’une mer de fautes et il faut
des océans de pénitence pour les laver. Si vous étiez nombreux à les expier,
je pourrais dire : diminue. Mais vous êtes trop peu nombreux et la nécessité
trop grande. Pour ce que vous pouvez faire, peu serait réparé. Il y a une
énorme disproportion entre le péché et l’expiation. Mais je ne regarde pas
combien vous pouvez faire; je regarde et je juge si vous faites tout ce que
vous pouvez faire. Tout. Je veux le tout pour réparer l’infini. Le tout de
mes imitateurs, âmes aimantes et victimes, pour réparer l’infini des
pécheurs.
Persévère. Tu n’en mourras pas pour autant. Au contraire, la Paix et la
Lumière entreront toujours plus en toi. Souviens-toi en outre que quand, par
prudence humaine, tu as diminué la pénitence, la tentation s’est insinuée en
toi et elle t’a fait fléchir. Alors, je l’ai permis; maintenant, non. Et tu
peux en comprendre les raisons.
Aide-moi à vaincre Satan dans
les cœurs. Il y a certains démons qu’on vainc par la prière et la souffrance [3], souviens-toi de cela. Pitié,
je te demande pitié pour les pécheurs et pour moi. Ce sont tes frères et tes
sœurs et ils ne savent pas m’aimer. Ta pénitence doit allumer le feu dans les
cœurs éteints. Je suis ton Frère et les pécheurs me flagellent. Si tu me
voyais humainement flagellé, toi qui ne peux voir fouetter un animal, ne te
lancerais-tu pas à la défense de ton Jésus ?
Souviens-toi : chaque péché, chaque blasphème, chaque malédiction contre
Dieu, chaque perte de foi, chaque trahison est pour moi un coup de fouet.
Doublement douloureux parce que je ne suis plus le Jésus inconnu d’il y a
vingt siècles, mais bien le Jésus qu’on connaît. Le monde sait ce qu’il
fait maintenant et il me frappe quand même.
Souviens-toi : tu ne t’appartiens plus. Tu es la victime. Par amour et
pour être fidèle à ton ministère, ne diminue donc pas ta pénitence. Chaque
pénitence est une blessure en moins à ton Dieu, tu la subis pour moi. Chaque
pénitence est une lumière qui s’allume en un cœur. Je t’enlèverai
moi-même la pénitence quand je jugerai que tu auras assez souffert et je
mettrai entre tes mains la palme. Moi seul. Je suis ton Seigneur.
Pense à toutes les fois où j’étais fatigué de souffrir et pourtant je
souffris, pour toi... Car je t’aimais..."
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131> Jésus dit encore :
"Tu ne dois pas te laisser impressionner par certains moments de
fatigue, de crainte; ils sont reliés à la nature humaine autour de laquelle
l’Ennemi rôde sans cesse.
Satan est un dévorateur insatiable et sa faim s’accroît d’autant plus que sa
proie est vaste. Et avec la faim s’accroît la rancœur contre le Christ et les chrétiens. Les vrais chrétiens. Il essaie donc tout. Et lorsqu’il ne
peut attaquer de front comme un lion furieux, il s’insinue en rampant. C’est
le serpent qui cherche à s’enrouler autour de l’âme sans qu’elle s’en rende
compte, prêt à la broyer après l’avoir enveloppée. Il essaie donc de vaincre,
à défaut de pouvoir faire autre chose, par la fatigue et la crainte.
C’est l’arme qu’il a essayée avec moi. Il n’a pas réussi, mais sais-tu
combien de fois il l’a utilisée ? L’embûche la plus subtile et la plus
pressante me fut tendue à Gethsémani [4]. Satan m’a accablé en
m’exposant ce que j’avais à souffrir et le petit nombre qui en aurait
bénéficié.
J’ai souffert ce martyre de
l’esprit en pensant aux ‘victimes’ des siècles à venir qui l’aurait subi, par
l’œuvre de Satan. J’ai souffert en pensant à toi. Mais ne crains rien. Mon
martyre d’alors a racheté vos faiblesses, et si vous ne cédez pas à l’Ennemi,
votre faiblesse, qui vient de la peur, seulement de la peur, n’a pas de
conséquences. Satan peut vous donner un frisson de frayeur. Mais rien de
plus, car je suis près de mes amis et imitateurs. La possession absolue
survient lorsque l’âme se met sous le joug satanique par le péché. Autrement,
ce n’est que vengeance, et elle trouble la surface sans agiter le profond où
je règne.
C’est une souffrance plus ou moins atroce. Celle que tu as éprouvée
aujourd’hui n’a été qu’un léger sifflement et c’est tout. Tu es trop en moi
pour que le démon puisse faire autre chose. Autrefois, pendant des années, il
t’a beaucoup tourmentée et il ne t’a pas toujours trouvée forte au point de
le faire trembler. Mais le passé ne compte pas. Je te dis : persévère, le
passé est mort. Cette épreuve-là aussi était utile. Tu l’as surmontée. Reste
maintenant dans le sillage de Dieu où je t’ai placée et ne crains rien.
Je te le dis : ne crains rien. Et je te dis : surmonte les fatigues de
la chair, les craintes de la chair assiégée par Satan, avec la
hardiesse de l’esprit. Si tu souffrais seule, créature mortelle, tu ne
pourrais durer. Mais je suis avec toi, mais tu souffres pour moi. Crois cela
avec foi et toute hardiesse te sera facile, car l’esprit est plus fort que la
matière et il est très fort quand il est uni à son Dieu par un nœud de charité."
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132> Je m’explique pour que vous [5] ne pensiez pas qu’il y a eu
quelque chose de grave. Non, rien de grave. Dans ma grande souffrance qui
m’arrache des cris involontaires, j’avais seulement eu l’idée — suscitée
sûrement par l’Ennemi, comme dit Jésus, — d’adoucir un peu mes
mortifications. Peu de chose en réalité, mais je ne peux en faire davantage.
Comme vous voyez, la réponse n’a pas tardé. J’irai donc de l’avant, tant que
je le pourrai. D’ailleurs, si je considère la valeur que j’ai attachée à ces
bagatelles, et qui est déjà ratifiée par le bon Dieu en maintes choses — et
j’espère qu’elle le sera pour d’autres aussi—, je suis portée à conclure
qu’il vaut vraiment la peine de résister tant que je le pourrai. C’est-à-dire
jusqu’au bout...
Et puis... Si la chair est lasse de souffrir et demande pitié, l’âme est dans
une telle paix et une telle joie !... Je ne peux sortir de ce bonheur
surnaturel qui m’est resté de ma vision mentale de la très Sainte Trinité [6]. Je suis sous ce Soleil..,
comme une fleur. Et je regarde mon soleil, qui resplendit au milieu des trois
cercles sublimes, le Soleil de l’Unité de Dieu, dont la lumière de paix
infinie et d’infinie beauté me communique de nouveaux sens. Pour mériter
cela, qu’est-ce que la souffrance ? C’est une joie parfaite.
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