L’Église militante, jardin du palais royal.
Les vrais croyants.
|
132> Jésus dit :
"Mon Église est semblable
à un grand jardin qui entoure le palais d’un grand roi.
Le roi, pour ses raisons à lui, ne sort pas du palais et il a donc, après
avoir semé les fleurs et les plantes les plus belles, délégué un jardinier
aux soins de son Église. Le jardinier, à son tour, a beaucoup d’aides qui
l’assistent.
Dans le jardin, il y a des fleurs et des plantes de toutes les espèces. Pour
les rendre fertiles, le roi épandit sur les plates-bandes toutes sortes
d’engrais, et autrefois seules les fleurs et les plantes belles et utiles
fleurissaient. Au centre du jardin se dresse une fontaine à sept bouches qui
envoient leurs eaux partout, nourrissant et fortifiant les plantes et les
fleurs.
Haut de page.
133> Mais en l’absence du roi, le
Malin est entré et a éparpillé à son tour sa semence nocive, de sorte que
maintenant le jardin présente un aspect désordonné, pour ne pas dire
désolant. Les mauvaises herbes, malsaines, épineuses, vénéneuses se sont
propagées là où avant étaient bordures, plates-bandes et magnifiques
buissons, et elles les ont étouffés ou appauvris parce qu’elles ont absorbé
les humeurs de la terre et empêché le soleil de descendre sur les petites
plantes.
Le jardiniers et ses aides se donnent beaucoup de peine à sarcler, à
extirper, à redresser les petites plantes pliées sous le poids des mauvaises
herbes. Mais s’ils travaillent ici, le Malin travaille là, et le jardin
continue d’avoir l’air désolé. Des serpents, des crapauds, des limaces
profitent du désordre pour nicher, pour ronger, pour baver. Ici et là,
quelque plante robuste résiste à tout et pousse haut vers le ciel, quelques
plates-bandes aussi, surtout de lys et de roses. Mais les belles bordures de
marguerites et de violettes sont presque complètement effacées.
Quand le roi viendra, il ne reconnaîtra plus son beau jardin à l’abandon; il
arrachera avec colère les mauvaises herbes, écrasera les animaux visqueux,
cueillera les fleurs qui seront restées et les apportera dans son palais,
effaçant le jardin à jamais.
Maintenant, écoute bien
l’explication.
Le roi est Jésus Christ. Le jardin est son Église militante. Le jardinier est mon Pierre, et ses aides sont les
prêtres. Les fleurs et les plantes sont les fidèles consacrés, les
baptisés. Les substances fertilisantes sont les vertus et en particulier mon
Sang, répandu pour féconder le monde et rendre la terre fertile à la semence
de vie éternelle. Les sept bouches de la fontaine sont les sept Sacrements.
Les graines nocives sont les vices, les passions, les péchés semés par Satan
dans sa haine pour moi.
Le désordre vient du fait que les bonnes plantes n’ont pas réagi et se sont
laissé étouffer par les mauvaises qui annulent les bienfaits de mon Sang, de
mes sacrements, du soleil de la Grâce.
Le Jardinier suprême et ses quelques vrais aides n’arrivent pas à mettre le
jardin en ordre à cause de la mauvaise volonté des bonnes Plantes, de leur
paresse spirituelle, et à cause de la mauvaise volonté et de la paresse de
nombreux faux jardiniers qui ne se fatiguent pas à leur saint devoir de
cultiver, d’aider, de redresser les âmes.
Les serpents, les crapauds et les limaces sont les tentations. Si tous les
jardiniers étaient diligents et toutes les plantes vigilantes, ils seraient
écrasés. Mais les âmes n’appellent pas l’Église à leur secours quand elles se
rendent compte que la tentation est plus forte qu’elles, et les membres du
clergé n’accourent pas, pas tous, lorsqu’une des pauvres âmes, que j’ai
payées de ma douleur et affranchies d’avance, demande de l’aide.
Haut de page.
134> Les bonnes plantes qui résistent sont les vrais prêtres, de mon
Vicaire, jardinier suprême et arbre suprême qui lève jusqu’au ciel sa cime
droite et intrépide, aux simples prêtres qui restent le sel de la terre.
Les plates-bandes, surtout celles de lys et de roses, sont les âmes
virginales et aimantes. Mais les bordures de petites marguerites, l’innocence,
et celles de violettes, la pénitence, présentent un aspect
désolant. L’innocence naît et fleurit, mais bientôt, elle n’est plus car
la malice, la luxure, le vice, l’imprudence la détruisent. La pénitence est
littéralement asséchée par le chiendent de la tiédeur. Seuls quelques
plants résistent. Et ils parfument, de leur odeur de purification, un
large rayon du jardin, chassant les miasmes du mal.
Quand je viendrai, à mon heure
terrible, j’arracherai, je piétinerai, je détruirai les herbes maudites et
les parasites maudits, j’effacerai le jardin de l’univers, emportant avec
moi, à l’intérieur de mon palais royal, les plantes bénies, les fleurs bénies
qui ont su résister et fleurir pour ma joie.
Et malheur à ceux qui seront arrachés de moi et lancés dans le royaume de
Mammon, le mauvais semeur qu’ils auront préféré au semeur divin; et malheur à
ceux qui auront préféré la voix des serpents et des crapauds et le baiser des
limaces à la voix de mes anges et au baiser de ma grâce. Il aurait mieux valu
pour eux qu’ils ne fussent jamais nés !
Mais joie, joie éternelle à ceux qui seront restés mes bons serviteurs
fidèles, chastes, pleins d’amour. Et joie encore plus grande à ceux qui
auront voulu être doublement mes disciples en choisissant pour leur voie les
voies du Calvaire, afin d’accomplir dans leur corps ce qui manque encore à la
passion éternelle du Christ [1]. Leurs corps glorifiés resplendiront
comme des soleils dans la vie éternelle, car ils se seront nourris du double
pain de l’Eucharistie et de la Douleur, et ils auront ajouté leur sang à la grande œuvre de purification que
Jésus, le chef, a initiée et que, eux les membres, ont poursuivie pour laver
leurs frères et sœurs et rendre gloire à Dieu."
Haut de page.
135> Plus tard, je dis à Jésus :
"Je ne comprends pas ce passage de l’Evangile" (Jean 2, 23-25), et il m’explique ainsi :
"L’être humain est l’éternel sauvage et l’éternel enfant. Pour être
attiré et séduit, spécialement dans ce qui est bon — sa nature viciée le
porte facilement à accepter le mal et difficilement le bien —, il a besoin
d’une farandole de prodiges. Le prodige le secoue et l’exalte. C’est un choc
qui le pousse aux bords du bien.
Aux bords, j’ai bien dit. Je savais que
ceux qui croyaient grâce à mes miracles étaient au bord de la voie. Être là
ne veut pas dire être dans ma voie. Cela veut dire être des spectateurs
curieux ou intéressés, prêts à s’éloigner quand l’utile cesse et un danger
menace, et à devenir accusateurs ou ennemis comme avant ils s’étaient montrés
admirateurs et amis. L’humain est ambigu tant qu’il n’est pas tout en
Dieu.
Je vois au fond des cœurs. C’est pourquoi je ne me suis pas fié aux
admirateurs d’une heure, aux croyants d’un instant. Ils n’auraient pas été
les vrais confesseurs, mes vrais témoins. Ni avais-je besoin de témoins. Mes
œuvres témoignaient de moi, et le Père en témoignait, celui qui est
perfection et vérité pour l’éternité.
Voilà pourquoi Jean dit que je n’avais pas besoin que d’autres témoignent
de moi. D’autres que le Père et moi-même.
La vérité ne prend pas chez
l’humain, et son témoignage n’est donc pas véridique et durable. Nombreux
furent ceux qui crurent, mais peu ceux qui persévérèrent, très peu ceux qui
témoignèrent pendant toute leur vie, et par leur mort, que je suis le Messie,
le vrai Fils du vrai Dieu.
Ceux-là sont bienheureux pour l’éternité !".
|