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L'œuvre de Maria Valtorta
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Texte original


Les faveurs accordées aux âmes par une intercession confiante.


 










27>  Je repense à notre dernier entretien[1] et à votre souhait que je dise si je me suis rendu compte d’avoir fait un peu de bien aux âmes.  

Oui. Par la bonté de Dieu. Par mon mérite, c’est pour le moins douteux, excepté dans quelques cas où j’ai payé de ma propre personne
[2].           

 Jusqu’en 1923
[3], j’ai essayé d’amener les âmes au bien, mais à un bien purement humain. Je me suis montrée droite, sérieuse, passablement bonne pour amener les autres à l’être également. Mais je n’avais pas d’objectifs surnaturels. Disons que c’était une œuvre de bonification strictement limitée à un code de morale humaine. L’idée de faire une chose agréable à Dieu, utile aux âmes, était étrangère à ma façon d’agir. J’obéissais à mon instinct, naturellement droit, me réjouissant même d’être citée en exemple. C’était peut-être le fruit de tant de prières pures faites au collège pendant l’enfance et l’adolescence, lesquelles m’obtenaient la grâce de rester bonne, du moins se­lon le concept humain, et d’amener ainsi d’autres à l’être.         

Et puis, la lumière se fit en moi : je compris qu’il fallait élever la bonté du plan naturel à un plan surnaturel, se préoccupant, non de l’utilité que peut avoir dans cette vie le fait d’être bon, mais de l’utilité qui en découlera pour la vie éternelle. Je compris qu’il fallait être bon et amener les autres à l’être, non pour notre joie, mais par “courtoisie” envers Jésus. 

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28> Et voilà. Ayant trouvé cette vérité, je trouvai tout, et tout changea. Tout mon mode d’existence se fonda sur l’amour et, par conséquent, ma façon d’agir changea de méthode et d’aspiration.  

 C’est pourquoi à partir de 1923, je laissai tomber toujours plus bas et repoussai dans l’ombre mon moi humain, avec toutes ses humaines sensations, idées, œuvres, etc., et sans plus jamais réfléchir à ce que pouvait m’apporter, sur le plan humain, le fait de suivre la voie de Dieu, je m’occupai seulement de cette voie dans laquelle je m’engageai, en aspirant en amener beaucoup à ma suite.     

 La première créature amenée à Dieu par la parole et la prière — je vous l’ai déjà dit
[4] - fut une petite vieille de plus de 70 ans, et puis, d’une façon ou d’une autre, j’ai pêché bien d’autres petits poissons que j’ai mis dans le vivier du Seigneur. Malheureusement, j’en ai eu de si... vifs qu’aussitôt pêchés, ils se sont esquivés, préférant la fange et l’eau putride et stagnante à l’onde pure, cristalline, béatifiante du divin vivier.           

 Mais les quelques désertions, les défaites ne m’ont pas effrayée. J’ai quand même continué à parler de Dieu même lorsque j’avais la conviction de parler à un cœur impénétrable. J’ai continué à parler et à agir sans me soucier des ironies, des impolitesses, des déceptions. Quelque chose restera bien dans ces cœurs ! Vous ne pensez pas ? Dieu fera le reste. Les défaites servent à me montrer que, sans l’aide de Dieu, je suis moins que rien. Les victoires, elles, servent à me montrer que la bienveillance de Dieu est si grande et si paternelle qu’elle est toujours prête à nous écouter, quand nous demandons des choses justes, et à nous venir en aide quand nous nous donnons du mal en son honneur.      

 Je vous ai parlé de cette petite fille sauvée de la mort
[5]. Je ne me répéterai pas. De vive voix je vous ai dit que pas un de ceux que j’ai recommandés au Seigneur, parmi les combattants, n’a péri. Je peux aussi ajouter que j’obtiens un grand nombre des choses que je demande au nom des autres. Je dirais même qu’il est bien difficile que je ne les obtienne pas. Jésus est si bon qu’il ne me refuse rien de ce que je lui demande pour mes frères. C’est avec moi qu’il est plus réticent, pour les choses que je demande pour moi-même.        

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29>  Mais cela dépend peut-être du fait que je prie davantage pour les autres que pour moi, et aussi que pour moi, je n’ai pas recours à certains moyens... draconiens qui mettent Jésus dans l’impossibilité de refuser[6]. C’est peut-être aussi que je... sais dire “merci” à Jésus lorsqu’il m’accorde une faveur. Ils sont peu nombreux ceux qui savent lui dire ce “merci” qu’on ne refuserait même pas au balayeur qui nettoie le trottoir ! ... On traite le bon Dieu comme un serviteur obligé de nous contenter... et le bon Dieu souhaite tellement s’entendre dire : “Merci, Père !”.        

De mes filles
[7], je peux affirmer que j’ai laissé en elles une trace qui ne disparaîtra pas, même si, pour l’instant, elle semble détruite en une d’elles au moins. C’est vrai de mes amis aussi et de mes anciennes auditrices du temps où je donnais des conférences.           

 Oui, je peux dire sans fausse modestie que je ne suis pas passée inutilement sur la terre. Comme je peux dire que j’ai vu et continue de voir pleuvoir dans mes mains les grâces que je demande. Douce pluie que je répands dans les cœurs, heureuse si, grâce à elle, et même si elle a été obtenue à prix de sang, une âme se tourne vers Dieu et se serre contre lui de plus en plus
[8]. Je suis tellement contente quand j’entends dire d’un de ceux pour qui j’ai prié : “J’ai obtenu la grâce ! “. Contente parce que je pense qu’en cet instant, celui-là a le cœur heureux et il est donc bon, contente parce que je suis de plus en plus convaincue que Jésus m’aime.

Une de mes religieuses, maintenant Mère Provinciale à Rome, dit ouvertement qu’elle s’est aperçue que j’obtiens ce que je demande et que, par conséquent, elle compte sur moi. Oh ! Mais la pauvre Maria obtient tout parce qu’elle a su faire comme Jésus : se mettre en croix
[9]. Et puis, faire confiance, faire confiance à Jésus, avec une confiance beaucoup plus grande que celle que j’avais en mon père.      

 Beaucoup n’obtiennent pas la grâce parce qu’ils ne savent pas se tourner vers Dieu comme vers un père, un frère, un époux, et qu’ils lui parlent avec affectation. On dirait les discours ampoulés des tragédies anciennes ou des ambassadeurs : “Sire, en ce faste jour... Notre âme se jette humblement à vos pieds...”. Oh ! Non ! Ce n’est pas mon style. Moi, je parle à Jésus avec le sourire, avec les larmes, je lui parle avec simplicité, avec insistance, avec assurance, jusqu’à ce qu’il sourit.., et lorsqu’il sourit, la grâce est certaine
[10].        

Et ce n’est pas parce que je demande peu. Je suis une quêteuse jamais satisfaite ! Mais le Seigneur est si heureux d’être le roi qui distribue ses trésors ! Parfois, la pluie de grâces que j’obtiens est telle que j’en suis stupéfaite, émue, extasiée.

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30>  Peut-être ne devrais-je pas parler ainsi, par humilité. Mais je regarde Marie, ma Mère, l’Humble par excellence... et moi, Maria, minuscule fourmi comparée à elle, je l’imite en chantant le magnificat, car en moi aussi, sans tenir compte de la petitesse de sa servante, le Seigneur a accompli de grandes choses !  

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Fiche mise à jour le 01/03/2018.

 



[1]  Avec le père Migliorini.

[2] En tant qu’âme victime, elle a passé un "contrat" avec le Seigneur : une grâce obtenue pour chaque souffrance endurée.

[3] Année où elle rédige son premier acte d’offrande d’elle-même. Dans son calendrier mystique, à la date du 1er janvier 1923, elle note : "J’ai soif ! Accorde-moi de sauver des âmes pour te les donner, et prends tout le reste...".

[4]  Autobiographie, p. 272-273.

[5]  Autobiographie,  p. 443-444.

[6] Allusion aux souffrances qu’endure Maria Valtorta pour sauver les autres, selon la vocation des âmes victimes.

[7] Ses consœurs de l’Action catholique féminine dans laquelle elle a milité et donné des conférences à succès.

[8] Voir la conclusion de son Autobiographie écrite quelques semaines auparavant : Et à cause de mon sacrifice caché de chaque instant, ô Père, donne-moi des foules d'âmes à t'offrir. Fais-les avancer et moi aussi dans la lumière, dans ta lumière.

[9] Acte fondateur des corédemptrices en référence à la phrase de saint Paul : Avec le Christ, je suis crucifié. Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi (Galates 2,19-20).

[10] Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus écrivait : Qu’elle est donc grande la puissance de la Prière ! écrit-t-elle, […] Il n’est point nécessaire, pour être exaucée, de lire dans un livre une belle formule composée pour la circonstance […] Je ne saurais les réciter toutes et ne sachant laquelle choisir, je fais comme les enfants qui ne savent pas lire, je dis tout simplement au Bon Dieu ce que je veux lui dire, sans faire de belles phrases, et toujours Il me comprend… Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus (Manuscrits, C 25 rv).