"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

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 8.554 - Il sabato ad Efraim, con gli apostoli e i tre bambini su un'isoletta nel torrente.

 5.552 - The Following Day at Ephraim. Parable on the Remembrance of Man's Eternal Destiny.

 5.554- El sábado en Efraím. Con los apóstoles y los tres niños en una pequeña isla del torrente.

 10.609 - Am anderen Tag.


Samedi 9 février 30.
(20 Shebat 3790)
Éphraïm.


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 Tu n'as pas su déraciner les vieux arbres.

 Prier, c'est se préparer à la mission.

 Une âme dans la charité entend la voix de Dieu.

 Maître, sais-tu toujours tout ?

 Jésus raconte le Jardin d'Eden et le péché originel aux enfants.


 

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Ancienne édition : Tome 8, chapitre 15.
Nouvelle édition : Tome 8, chapitre 554.

554
Le
sabbat à Ephraïm, sur un îlot du torrent. Le péché originel expliqué aux trois enfants par une parabole.

Vision du dimanche 12 janvier 1947.

516>  554.1 – "Levez-vous et allons le long du torrent. Comme des hébreux hors de leur patrie et dans des endroits où il n'y a pas de synagogues, nous allons célébrer le sabbat entre nous. Venez, mes enfants..." dit Jésus aux apôtres oisifs dans le jardin de la maison, et il tend la main aux trois pauvres enfants qui sont groupés dans un coin.     

517> Ils accourent avec une joie timide sur leurs petits visages précocement pensifs d'enfants qui ont vu des choses plus grandes qu'eux, et les deux plus grands mettent leur petite main dans celles de Jésus. Mais le plus petit veut être pris dans les bras, et Jésus le contente en disant au plus grand :   

"Tu vas rester à côté de Moi et tu tiendras mon vêtement comme hier. Mais Isaac est trop las et trop petit pour aller tout seul..."           

L'enfant boit le sourire de Jésus et accepte se contentant de marcher près de Jésus comme un petit homme.     

"Donne-moi l'enfant, Maître. Tu dois être encore fatigué d'hier, et
Ruben souffre de ne pas te donner la main..." dit Barthélemy, et il va Lui prendre l'enfant qui s'attache au cou de Jésus.          

"Il est têtu comme toute sa race !" s'écrie
Judas Iscariote.          

"Non. Il est effrayé. Tu ne comprends rien aux enfants. Les petits sont ainsi. Quand ils sont affligés ou effrayés, ils cherchent un refuge auprès du premier qui leur a souri et qui les a réconfortés" réplique Barthélemy.        

Et, ne pouvant prendre dans ses bras le plus petit, donne la main au plus grand, après avoir caressé ses cheveux et lui avoir souri paternellement.        

 554.2 – Ils sortent de la maison où il ne reste que la femme et vont au-delà du village en suivant le torrent. Elles sont belles ses rives couvertes d'herbe nouvelle et constellées des fleurs des prés. L'eau est limpide et babille entre les rochers, et bien qu'elle soit peu abondante, elle fait entendre des notes de harpe et bruit en se brisant contre les cailloux plus gros épars sur le fond sableux, ou en s'insinuant entre les découpures de quelque île minuscule couverte de roseaux. Des arbres près de la rive les oiseaux s'envolent avec des trilles joyeux ou bien se posent sur une branche en plein soleil et chantent leurs premières chansons printanières, ou descendent gracieux et vifs pour chercher des insectes et des vers dans le sol, ou pour boire près des rives. Deux tourterelles sauvages prennent leur bain dans une anse de la rive et se becquettent en roucoulant, puis s'envolent en emportant dans leurs becs un flocon de laine laissé par quelque brebis sur une branche d'aubépine qui fleurit au sommet.     

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518> "Elles font ainsi pour faire leur nid, dit le plus grand des enfants. Elles ont sûrement des tourtereaux..."       

Il baisse la tête, bas, très bas, et après avoir esquissé un léger sourire aux premières paroles, il pleure sans bruit en essuyant ses yeux avec sa main.        

Barthélemy le prend dans ses bras, comprenant la blessure que les deux tourterelles ont faite en s'occupant de leurs nids, et Barthélemy soupire avec sa bonne âme de père de famille. L'enfant pleure sur son épaule et l'autre, le second, voyant ces larmes, se met à pleurer à son tour, imité par le troisième qui appelle son père de sa petite voix d'enfant qui commence à parler.        

"Aujourd'hui, ce sera cela notre prière du sabbat ! Tu aurais pu les laisser à la maison ! La femme est plus indiquée que nous dans ces cas et..." observe l'Iscariote. 

"Mais si elle ne fait que pleurer elle aussi ! Comme du reste j'ai bonne envie de le faire moi aussi... Car ce sont des choses... qui font pleurer..." lui répond
Pierre en prenant dans ses bras le second enfant.

"Oui, ce sont des choses qui font pleurer, c'est vrai. Et
Marie de Jacob, pauvre vieille affligée, n'est pas très capable de consoler..." confirme le Zélote.       

 554.3 – "Nous aussi, il ne semble pas que l'on y réussisse beaucoup. Le seul qui pouvait les consoler, c'était le Maître, et il ne l'a pas fait."    

"Il ne l'a pas fait ? Et que devait-il faire de plus ? Il a persuadé les larrons. Il a fait plusieurs milles avec les enfants dans les bras, il s'est occupé d'avertir leurs parents..."   

"Toutes choses secondaires. Lui qui est Celui qui commande même à la mort pouvait, ou plutôt devait, descendre au bercail et ressusciter le berger.
Il l'a bien fait pour Lazare qui n'était utile à personne ! Ici, un père, et de plus un veuf, des enfants qui restent seuls... Cette résurrection s'imposait. Je ne te comprends pas, Maître..."         

"Et nous, nous ne comprenons pas toi qui es si irrespectueux..."          

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519> "Paix, paix ! Judas ne comprend pas. Il n'est pas le seul à ne pas comprendre les raisons de Dieu, et les conséquences du péché. Toi aussi, Simon de Jonas, tu ne comprends pas pourquoi les innocents doivent souffrir. Ne jugez donc pas Judas de Simon qui ne comprend pas pourquoi l'homme n'est pas ressuscité. Si Judas réfléchissait, lui qui me reproche toujours d'aller seul et au loin, il comprendrait que je ne pouvais aller si loin... En effet le bercail était dans la plaine de Jéricho, mais au-delà de la ville, vers le gué. Qu'auriez-vous dit si j'avais été au loin au moins pendant trois jours ?"       

"Tu pouvais commander par ton esprit au mort de ressusciter."           

"Es-tu plus exigeant que les pharisiens et les scribes qui ont voulu la preuve d'un mort déjà décomposé pour pouvoir dire que je ressuscite réellement les morts ?"

"Mais eux le voulaient parce qu'ils te haïssent. Moi, je le voudrais parce que je t'aime et que je voudrais te voir écraser tous tes ennemis."   

 "Ton vieux sentiment et ton amour désordonné. Tu n'as pas su déraciner de ton cœur les vieux arbres pour les remplacer par des arbres jeunes; et les vieux, développés par la Lumière, de laquelle tu t'es approché, sont devenus encore plus robustes. Ton erreur est celle de beaucoup de gens, présents et à venir, de ceux qui, malgré les secours de Dieu, ne se transforment pas parce qu'ils ne répondent pas par une volonté héroïque aux secours de Dieu."        

"Est-ce que par hasard eux, qui sont comme moi tes disciples, ont détruit les vieux arbres ?"          

"Ils les ont au moins beaucoup taillés et beaucoup greffés. Toi, tu ne l'as pas fait. Tu n'as même pas regardé avec attention s'ils méritaient la greffe, la taille, ou s'il fallait les enlever. Tu es un jardinier imprévoyant, Judas."        

"Seulement pour mon âme cependant, car pour les jardins je sais m'y prendre."  

"Tu sais t'y prendre. Pour toutes les choses de la Terre, tu sais faire. Je voudrais te voir capable de la même façon pour les choses du Ciel."     

"Mais ta lumière devrait faire d'elle-même toutes sortes de prodiges en nous ! N'est-elle pas bonne, peut-être ? Si elle fertilise le mal et lui donne de la force, alors elle n'est pas bonne, et c'est sa faute si nous ne devenons pas bons." 

"Parle pour toi, ami. Moi je ne trouve pas que le Maître ait rendu plus fortes mes tendances mauvaises" dit
Thomas.       

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520> "Et moi non plus."           

"Ni moi" disent
André et Jacques de Zébédée.       

"Et puis pour moi, sa puissance m'a délivré du mal et elle m'a refait à neuf. Pourquoi parles-tu ainsi ? Est-ce que tu réfléchis à ce que tu dis ?" demande
Matthieu.       

 554.4 – Pierre est sur le point de parler, mais il préfère s'en aller, et il se met à marcher vivement avec l'enfant à son cou en imitant le balancement d'une barque pour le faire rire et, en passant, il prend par un bras le Thaddée et lui crie :       

"Allons là-bas dans cette île ! Elle est remplie de fleurs comme une corbeille. Venez, Nathanaël,
Philippe, Simon, Jean... Un bon saut et on y est. Le torrent ainsi divisé n'est plus que deux ruisseaux de chaque côté de l'île..."        

Et il saute le premier en posant le pied sur un affleurement de sable large de quelques mètres, couvert d'herbe comme une prairie, couvert des premières fleurs qui y forment un tapis, au milieu duquel se trouve un seul peuplier grand et élancé dont la cime ondule à une brise légère. Ceux qu'il a appelés le rejoignent lentement, suivis ensuite par ceux qui étaient plus près de Jésus qui reste en arrière pour parler avec l'Iscariote.    

"Mais il n'a pas encore fini celui-là ?" demande Pierre à son frère.       

"Le Maître est en train de travailler son cœur" répond André.   

"Eh ! il est plus facile de faire pousser des figues sur cet arbre que de faire naître la justice dans le cœur de Judas."      

"Et dans son intelligence" renchérit Matthieu.      

"Il est sot parce qu'il veut l'être, et en ce qu'il veut" dit le Thaddée.      

"Il souffre parce qu'il n'a pas été choisi pour évangéliser. Moi, je le sais" explique Jean.     

"Mais pour moi... Si lui veut aller à ma place... Je n'y tiens pas vraiment à y aller !" s'exclame Pierre.           

"Personne de nous n'y tient, mais lui, si. D'autre part mon Frère ne veut pas l'envoyer. Ce matin, je Lui en ai parlé car j'avais compris l'humeur de Judas et d'où elle venait. Mais Jésus m'a dit : "C'est justement parce qu'il a le cœur si malade que je le garde près de Moi. Ce sont ceux qui souffrent et sont faibles qui ont besoin d'un médecin et de quelqu'un qui les soutienne".          

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521>  554.5 – "Oui !... C'est bien !... Venez, mes enfants. Maintenant nous prenons ces beaux roseaux et nous en faisons des barquettes. Voyez comme elles sont belles ! Et à l'intérieur, en guise de pêcheurs, nous mettons ces fleurettes. Regardez si elles ne ressemblent pas à des têtes, avec un couvre-chef blanc et rouge... Ici nous faisons le port, et ici, voilà les maisonnettes des pêcheurs... Maintenant nous attachons les barques avec ces herbes fines, et vous les faites aller sur l'eau, ainsi... et puis vous les tirez sur la rive après la pêche... Vous pouvez aussi faire le tour de l'île... attention aux écueils, eh !..."     

Pierre est admirable de patience. Il a travaillé avec son couteau des morceaux de roseaux, en les taillant d'un nœud à l'autre et en les découvrant d'un côté pour transformer les roseaux en barquettes, il a mis pour servir de pêcheurs des pâquerettes encore en boutons, il a creusé dans le sable un port lilliputien et fait des maisonnettes avec le sable humide et, atteint son but d'amuser les enfants, il s'assoit satisfait en murmurant :        

"Pauvres enfants !..."     

Jésus met le pied sur l'île justement quand les deux enfants commencent leur jeu et il les caresse en déposant à terre le plus petit qui s'associe au jeu de ses frères.        

 "Je suis à vous. Et maintenant parlons de Dieu, car parler de Dieu et parler à Dieu c'est se préparer à la mission. Et après avoir prié, c'est-à-dire parlé à Dieu, nous parlerons de Dieu qui est présent dans toutes les choses afin d'instruire pour les choses bonnes. Allons, levez-vous et prions" et il entonne des psaumes en hébreu auxquels s'associent les apôtres.        

Les enfants, qui s'étaient éloignés avec leurs barquettes, suspendent le gazouillis de leurs voix et leurs jeux et s'approchent en entendant chanter ces hommes. Ils écoutent avec attention, les yeux fixés sur Jésus qui pour eux est tout, et puis, avec l'esprit d'imitation des enfants, ils prennent la même posture que ceux qui prient et essaient de suivre le chant en fredonnant l'air, car ils ne connaissent pas les paroles des psaumes. Jésus abaisse sur eux ses yeux et il les regarde avec un sourire qui encourage le chant des petites voix innocentes. Se sentant approuvés, ils reprennent courage...  

 554.6 – Le chant des psaumes prend fin. Jésus s'assoit sur l'herbe et commence à parler :      

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522> "Quand les rois d'Israël, celui de Joram et celui de Juda, se réunirent pour combattre le roi de Moab et s'adressèrent pour demander conseil au prophète Élisée, celui-ci répondit à l'envoyé du roi : "Si je n'avais pas de respect pour Josaphat, roi de Juda, je ne t'aurais même pas regardé. Mais maintenant, amenez-moi un joueur de lyre". Et pendant que le harpiste jouait, Dieu parla à son prophète pour commander de faire creuser plusieurs fossés dans le torrent à sec, afin qu'il s'emplisse d'eau pour les hommes et les bêtes. Et à l'heure du sacrifice du matin, le torrent, sans qu'il y eût du vent ou de la pluie, s'emplit comme le Seigneur l'avait dit [1]. Quelles sont selon vous les leçons de cet épisode ? Parlez !"       

Les apôtres se consultent entre eux. Les uns disent : "Dieu ne parle pas quand le cœur est troublé. Élisée veut calmer son indignation, venue de se voir en face le roi d'Israël, pour pouvoir entendre Dieu." D'autres disent de leur côté : "C'est une leçon de justice. Élisée, pour ne pas punir le roi de Juda innocent, sauve même le coupable." D'autres encore : "C'est une leçon d'obéissance et de foi. Ils creusèrent les fossés pour obéir à un commandement stupide en apparence, et avec foi ils attendirent l'eau, bien que le ciel fût serein et sans vent."    

 "Vous avez bien répondu, mais pas tout à fait. Quand le cœur est troublé, Dieu ne parle pas. C'est vrai. Mais il n'est pas besoin de harpe pour calmer le cœur. Il suffit d'avoir la charité qui est la harpe spirituelle qui donne les notes du Paradis. Quand une âme vit dans la charité, elle a le cœur calme et elle entend la voix de Dieu et la comprend."

"Alors Élisée n'avait pas la charité puisqu'il était troublé."         

"Élisée est du temps de la Justice. Il faut savoir transporter au temps de la Charité les épisodes anciens et les voir non pas à la lumière des foudres, mais à celle des astres. Vous appartenez au temps nouveau. Pourquoi donc si souvent êtes-vous plus irascibles et plus troublés que ceux des temps anciens ? Dépouillez-vous du passé. Je le répète, même s'il ne plaît pas à Judas de l'entendre répéter. Déracinez, taillez, greffez, plantez de nouveaux arbres. Renouvelez-vous, creusez les fossés de l'humilité, de l'obéissance, de la foi. Ces rois surent le faire et ils étaient, deux contre un, pas de Juda et ils n'entendirent pas Dieu, mais le prophète de Dieu leur répéter les volontés du Très-Haut. 

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523> Ils seraient morts de soif par suite du manque d'eau s'ils n'avaient pas su obéir. Ils obéirent et l'eau remplit les fossés qu'ils avaient creusés et non seulement ils échappèrent à la soif, mais ils vainquirent les ennemis. Je suis l'Eau de la Vie. Creusez des fossés dans vos cœurs pour pouvoir Me recevoir.    

 554.7 – Et maintenant, écoutez, je ne fais pas de longs discours. Je vous donne des pensées pour que vous les méditiez. Vous serez toujours comme ces enfants, et même moins qu'eux car eux sont innocents et que vous ne l'êtes pas, et donc elle est plus trouble en vous la lumière spirituelle si vous ne vous habituez pas à méditer. Vous écoutez toujours et ne retenez jamais, car votre intelligence est en sommeil au lieu d'être active. Écoutez donc. Quand la Sunamite perdit son fils, elle voulut aller trouver le prophète bien que son mari lui dit que ce n'était pas le premier du mois et que ce n'était pas le sabbat. Mais elle savait qu'elle devait y aller car certaines choses ne souffrent pas de retard. Et parce qu'elle sut comprendre spirituellement les choses, elle eut son fils ressuscité [2]. Que dites-vous de ce fait ?"    

"Que c'est un reproche pour moi à propos du sabbat" dit l'Iscariote.    

"Tu vois donc, ô Judas, que quand tu veux, tu sais comprendre ? Ouvre donc ton esprit à la justice."    

"Oui... mais tu n'as pas violé le sabbat pour ressusciter l'homme."       

"J'ai fait davantage. J'ai empêché la ruine, la mort de ces enfants, la vraie mort, et j'ai rappelé aux voleurs que..."         

"Oh ! attends pour te consoler d'avoir fait quelque chose ! Moi, je ne crois pas qu'ils t'aient obéi..."

"Si le Maître le dit..."

"Élisée lui-même dans le récit de la Sunamite dit : "Le Seigneur l'a tenu secret". On ne sait pas donc toujours tout des prophètes" réplique l'Iscariote. 

"Notre Frère est plus qu'un prophète" observe le Thaddée.        

 "Je le sais. C'est le Fils de Dieu. Mais c'est aussi l'Homme. Comme tel il peut être sujet à ne pas savoir des choses secondaires comme celle d'une conversion et d'un retour... Maître, sais-tu vraiment toujours, toujours tout ? Je me le demande souvent..." insiste l'Iscariote avec un désir tenace.        

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524> "Et dans quel esprit ? Pour te donner la paix, pour te donner un conseil, pour te donner du tourment ?" demande Jésus. 

"Mais... Je ne saurais. Je me le demande et..."        

"Et tu sembles troublé même en te le demandant" dit Thomas.           

"Moi ? Certainement la perplexité trouble toujours..."    

"Que de subtilités ! Moi, je ne me pose pas tant de questions. Je crois sans tant chercher à connaître et je ne suis pas du tout angoissé ni troublé. Mais laissons parler le Maître. Elle ne me plaît pas à moi cette leçon. Dis-nous une belle parabole, Maître. Elle plaira aussi aux enfants" dit Pierre.    

 554.8 – "J'ai encore une chose à demander. Celle-ci : que signifie pour vous la farine qui enlève l'amertume à la soupe des fils des prophètes ? [3]"  

C'est un profond silence qui répond à la question. 

"Et quoi ? Vous ne savez pas répondre ?"     

"Peut-être la farine absorbe l'amertume..." dit
Matthieu, peu sûr de lui.        

"Tout aurait été amer, même la farine."      

"Par un miracle du prophète qui ne voulait pas mortifier le serviteur" suggère Philippe.

"Aussi. Mais pas pour cela seulement."        

"Le Seigneur voulut faire briller la puissance du prophète, même sur les choses matérielles" dit le Zélote.       

"Oui, mais ce n'est pas encore la juste signification. Les vies des prophètes anticipent ce qui sera dans la plénitude des temps : dans mon temps. Ils font voir mon jour terrestre sous des symboles et des figures. Donc..."        

Silence. Ils se regardent. Puis Jean baisse la tête, son visage s'enflamme et il sourit.    

"Pourquoi ne dis-tu pas ce que tu penses, Jean ? lui demande Jésus. Ce n'est pas manquer à l'amour que de parler, puisque tu ne le fais pas pour mortifier quelqu'un."    

"Je pense que cela veut dire ceci. Au temps de la faim de la Vérité et de la disette de la Sagesse, celui où tu es venu, tous les arbres sont retournés à l'état sauvage et ont donné des fruits amers, immangeables, comme empoisonnés pour les fils des hommes, qui de cette façon les cueillent en vain et les préparent en vain pour s'en nourrir.      

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525> Mais la Bonté de l'Eternel t'envoie Toi, farine de grain de choix, et Toi, par ta perfection, tu enlèves le poison de toute nourriture en leur rendant leur bonté première, et en rendant bons de nouveau les arbres des Écritures, que les siècles ont dénaturés, et les palais des hommes que la concupiscence a corrompus. Dans ce cas, Celui qui commande d'apporter la farine et la verse dans la soupe amère c'est ton Père et Toi tu es la farine qui se sacrifie afin de se faire nourriture pour les hommes. Et après que tu auras été consommé, il n'y aura plus rien d'amer dans le monde, car tu auras rétabli l'amitié avec Dieu.         

 554.9 – Je puis m'être trompé."          

"Non, tu ne t'es pas trompé. C'est le symbole."       

"Oh ! et comment as-tu fait pour y penser ?" demande Pierre étonné.

C'est Jésus qui lui répond :      

"Je te le dis avec tes paroles mêmes de tout à l'heure : un beau saut, et l'on est sur l'île paisible de la spiritualité. Mais il faut avoir le courage de faire le saut, en abandonnant la rive, le monde. Sauter sans se demander s'il y a quelqu'un qui peut rire de la gaucherie de notre saut ou se moquer de notre simplisme de préférer au monde un îlot solitaire. Sauter sans avoir peur de se blesser, ou de se mouiller, ou d'être déçu. Quitter tout pour se réfugier en Dieu. S'établir sur l'île séparée du monde, et en sortir uniquement pour distribuer, à ceux qui sont restés sur la rive, les fleurs et les eaux pures recueillies dans l'île de l'esprit, où il y a un arbre unique : celui de la Sagesse. En restant près de lui, loin des bruits fracassants du monde, on en saisit toutes les paroles et on devient maître en sachant être disciple. Cela aussi est un symbole.   

 554.10 – Mais maintenant nous allons raconter une belle parabole pour les enfants. Venez ici, tout près."  

Les trois enfants vont si près qu'ils s'assoient bonnement sur ses jambes, Jésus les entoure de ses bras et il commence à raconter :           

 "Un jour le Seigneur Dieu dit : "Je vais faire l'homme, et l'homme vivra dans le Paradis Terrestre où se trouve le grand fleuve qui ensuite se divise en quatre qui sont le Phison, le Géhon, l'Euphrate et le Tigre, qui parcourent la Terre. Et l'homme sera heureux car il possédera toutes les beautés et tout ce qui est bon dans la Création, et mon amour pour la joie de son esprit" [4]. Et c'est ce qu'il fit.    

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526> C'était comme si l'homme se trouvait sur une grande île, mais encore plus fleurie que celle-ci et avec des arbres de toutes espèces et avec tous les animaux. Et tout au-dessus était l'amour de Dieu qui servait de soleil à l'âme, et la voix de Dieu était dans les vents, plus mélodieuse qu'un chant d'oiseau.    

Mais voilà que dans cette belle île fleurie, au milieu de toutes les bêtes et de toutes les plantes, entra en rampant un serpent différent de ceux qui avaient été créés par Dieu et qui étaient bons, sans dents venimeuses, sans férocité dans les replis de leur corps flexible. Même ce serpent s'était vêtu d'une peau aux couleurs de gemmes comme celle des autres. Il s'était même fait plus beau que ceux-ci, au point de paraître un grand collier de roi qui avançait en glissant au milieu des arbres splendides du Jardin. Il alla s'enrouler autour d'un arbre qui s'élevait au milieu du Jardin, un bel arbre solitaire, beaucoup plus grand que celui-ci, et couvert de feuilles et de fruits merveilleux. Et le serpent paraissait un bijou autour du bel arbre, et il brillait au soleil, et tous les animaux le regardaient, car personne ne se souvenait de l'avoir vu créer, ni de l'avoir vu avant ce moment. Mais personne ne s'en approchait.   

Tous, au contraire, s'éloignaient de l'arbre maintenant qu'il avait le serpent autour de son tronc.      

Seuls l'homme et la femme s'en approchèrent, la femme avant l'homme parce qu'elle était charmée par cette chose luisante qui brillait au soleil et remuait sa tête, semblable à une fleur à moitié éclose. Elle écouta ce que disait le serpent et désobéit au Seigneur et fit désobéir Adam. Ce fut seulement après avoir désobéi qu'ils virent le serpent pour ce qu'il était et qu'ils comprirent leur péché, car désormais ils avaient perdu l'innocence du cœur. Et ils se cachèrent pour échapper à Dieu qui les cherchait, et ensuite ils mentirent à Dieu qui les interrogeait.     

Alors Dieu mit des anges à la limite du Jardin et en chassa les hommes. Ce fut comme si les hommes étaient jetés de la rive tranquille de l'Eden dans les fleuves remplis d'eau comme quand arrivent les crues du printemps. Mais Dieu laissa pourtant dans le cœur de ceux qui étaient chassés le souvenir de leur destinée éternelle, c'est-à-dire du passage au beau Jardin, où ils entendaient la voix aimante de Dieu, au Paradis où ils auraient joui complètement de Dieu. Et avec ce souvenir, Il leur laissa le saint aiguillon de remonter vers le lieu perdu, par une vie de justice.     

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527> Mais, mes enfants, vous avez expérimenté tout à l'heure que tant que la barque descend en suivant le courant, sa marche est facile alors que, quand elle le remonte, elle a du mal à rester en surface, à ne pas être bousculée par l'eau, à ne pas faire naufrage au milieu des herbes et du sable ou des pierres du cours d'eau. Si Simon Pierre n'avait pas attaché vos barquettes avec les joncs de la rive, vous les auriez perdues toutes, comme il est arrivé à Isaac parce qu'il a lâché le jonc.         

La même chose arrive aux hommes jetés sur les courants de la Terre, Ils doivent rester toujours entre les mains de Dieu, en Lui confiant leur volonté qui est comme le jonc, aux mains du bon Père qui est dans les Cieux et qui est le Père de tous et spécialement des innocents, et ils doivent avoir l'œil vigilant pour éviter les herbes et les joncs, les pierres, les tourbillons et la boue, qui pourraient retenir, briser, ou engloutir la barque de leur âme en arrachant le fil de la volonté qui les tient unis à Dieu. Car le Serpent, qui n'est plus dans le Jardin, est maintenant sur la Terre, et cherche justement à faire naufrager les âmes, cherche à les empêcher de remonter par l’Euphrate, le Tigre, le Géhon et le Phison au Grand Fleuve qui court dans le Paradis éternel et alimente les arbres de la Vie et du Salut, qui portent les fruits perpétuels dont jouiront tous ceux qui ont su remonter le courant pour se réunir à Dieu et ses anges sans avoir jamais plus à souffrir de rien." 

 554.11 – "Maman disait cela aussi" dit le plus grand des enfants.           

"Oui, elle le disait" gazouille le plus petit.    

"Tu ne peux pas le savoir. Moi si, parce que je suis grand. Mais si tu dis des choses qui ne sont pas vraies, tu n'entreras pas dans le Paradis."          

"Cependant le père disait qu'il n'y avait rien de vrai" objecte le cadet.  

"Parce que lui ne croyait pas au Seigneur de maman."     

"Il n'était pas samaritain, ton père ?" demande
Jacques d'Alphée.        

"Non, il était d'un autre endroit. Mais maman était samaritaine et nous sommes samaritains car elle nous voulait comme elle. Et elle nous parlait du Paradis et du Jardin, mais pas si bien que Toi. Moi, j'avais peur du serpent et de la mort car maman disait que le serpent c'était le diable et parce que le père disait que la mort finit tout.        

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528> À cause de cela, j'étais si malheureux d'être seul et je disais aussi qu'il est inutile d'être bon désormais, car, quand il y avait le père et la mère, on les faisait heureux par notre bonté, mais maintenant il n'y avait plus personne à qui faire plaisir par notre bonté. Maintenant, au contraire, je sais... et je serai bon. Je n'enlèverai jamais mon fil des mains de Dieu de peur d'être emporté par les eaux de la Terre."         

"Mais maman, elle est allée en haut ou en bas ?" demande perplexe le second enfant.     

"Que veux-tu dire, mon enfant ?" demande Matthieu.    

"Je dis : où est-elle ? Est-elle allée au fleuve du Paradis éternel ?"       

"Espérons-le, mon enfant. Si elle était bonne..."    

"C'était une samaritaine..." dit avec mépris l'Iscariote.     

"Et alors, il n'y a pas de Paradis pour nous, parce que nous sommes samaritains ? Alors, nous n'aurons pas Dieu, nous ? Lui l'a appelé "Le Père de tous". À moi, orphelin, il me plaisait dépenser que j'ai encore un Père... Mais s'il n'y en a pas pour nous..." et attristé, il baisse la tête.    

"Dieu est le Père de tous, mon enfant. Est-ce que, par hasard, je t'ai moins aimé parce que tu es samaritain ? Je t'ai disputé aux larrons, et je te disputerai au démon, de la même façon que je lui disputerais le petit fils du Grand Prêtre du Temple de Jérusalem, si lui ne considérait pas comme un opprobre que le Sauveur sauve son enfant
[5]. Et même je te dispute encore plus, parce que tu es seul et malheureux. Il n'y a pas de différence pour Moi entre l'esprit d'un juif et celui d'un samaritain. Et d'ici peu, il n'y aura plus de séparation entre la Samarie et la Judée, car le Messie aura un peuple unique qui portera son nom et dans lequel seront tous ceux qui l'aimeront."         

"Moi, je t'aime, Seigneur. Mais me portes-tu auprès de ma mère ?" dit le plus grand des trois enfants.    

"Tu ne sais pas où elle est. Il a dit cet homme qu'il y a seulement lieu d'espérer..." dit le cadet.

"Moi je ne le sais pas, mais le Seigneur le sait. Il a su où nous étions et nous au contraire nous ne savions même pas où nous étions." 

"Avec des larrons... Ils voulaient nous tuer..."        

La terreur revient sur le petit visage du cadet.       

"Les larrons étaient comme des démons, mais Lui nous a sauvés parce que nos anges l'ont appelé." 

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529> "La maman aussi, les anges l'ont sauvée. Moi je le sais car je la rêve toujours." 

"Tu es un menteur, Isaac. Tu ne peux la rêver. Tu ne t'en souviens pas."        

Le petit pleure en disant :        

"Non. Non. Moi je la rêve. Je la rêve moi..."

"Ne traite pas ton frère de menteur,
Ruben. Son âme peut bien voir sa mère car le bon Père des Cieux peut permettre à l'orphelin de la rêver et de la connaître partiellement, comme Il nous permet de le connaître Lui-même. Car de cette connaissance limitée, vient une bonne volonté de le connaître parfaitement, chose que l'on obtient en étant toujours très bons.        

 554.12 – Et maintenant, allons. Le sabbat s'est sanctifié car nous avons parlé de Dieu." Il se lève et entonne d'autres psaumes.  

Des gens d'Ephraïm s'approchent en entendant le chœur, et ils attendent avec respect la fin du psaume pour saluer, et ils disent à Jésus :

"Tu as préféré venir ici, plutôt qu'avec nous ? Tu ne nous aimes donc pas ?"        

"Personne de vous ne m'avait invité. Je suis donc venu ici avec mes apôtres et les enfants."    

"C'est vrai. Mais nous croyions que ton disciple t'avait dit notre désir."        

Jésus regarde Jean et Judas. Et Judas répond : "J'ai oublié de le dire hier, et aujourd'hui, avec ces enfants, je n'y ai plus pensé."           

Jésus, pendant ce temps, quitte la petite île et passe le bras d'eau minuscule pour aller près de ceux d'Ephraïm. Les apôtres le suivent alors que les enfants s'attardent à délier les deux barquettes de roseau qui restent, et à Pierre qui les questionne, ils expliquent :    

"Nous voulons les garder pour nous rappeler la leçon."   

"Et moi ? Je l'ai perdue ! Et je ne me souviendrai pas, et je n'irai pas au Paradis" dit en pleurant le plus petit.

"Attends ! Ne pleure pas. Je te fais tout de suite une barquette. Bien sûr. Toi aussi tu dois te rappeler la leçon. Eh ! il faudrait que tous nous en fassions une avec son jonc attaché à la proue, pour nous rappeler. Ce serait plus utile pour nous, hommes, que pour vous, enfants ! Hélas !"          

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530> Et Pierre taille et fait la barquette avec son jonc, il prend dans ses bras, en une seule brassée, les trois enfants et il saute le ruisseau pour aller près de Jésus.      

"Ce sont eux ?" demande
Malachie d'Ephraïm.      

"Ce sont eux."      

"Et ils sont de
Sichem ?"          

"C'est ce que disait le pastoureau : que ses parents étaient des campagnes."        

"Pauvres enfants ! Mais si les parents ne venaient pas, que ferais-tu ?"        

"Je les garderais avec Moi. Mais ils viendront."      

"Ces larrons... Ne viendront-ils pas eux aussi ?"     

"Ils ne viendront pas, mais n'ayez pas de crainte pour eux. Même s'ils venaient... C'est Moi qui les volerais et non pas eux qui vous voleraient. Je leur ai déjà enlevé leurs quatre proies et j'espère avoir arraché un peu de leur âme au péché, au moins pour l'un d'eux.
[6]"     

"Nous t'aiderons pour ces enfants. Tu nous le permettras cela."

"Oui. Et ce n'est pas parce qu'ils sont de votre région, mais parce que ce sont des innocents et l'amour pour les innocents est le chemin qui conduit rapidement à Dieu."      

"Mais Toi seul ne fais pas de distinction entre innocents et innocents. Un juif n'aurait pas recueilli ces petits samaritains, ni non plus un galiléen. Nous ne sommes pas aimés. Et le manque d'amour pour nous ils l'ont aussi pour ceux qui ne savent même pas encore ce que c'est que d'être samaritain et juif. Et cela est cruel."           

"Oui. Mais il n'en sera plus ainsi quand on suivra ma Loi. Tu le vois, Malachie ? Ils sont dans les bras de Simon Pierre, de mon frère, et de Simon le Zélote. Aucun d'eux n'est samaritain, ni père. Et pourtant tu ne serres pas tes enfants contre ton cœur avec autant d'amour que le font mes disciples pour les orphelins de Samarie. Voilà quelle est l'idée messianique : réunir tout le monde dans l'amour. C'est la vérité de l'idée messianique. Un seul peuple sur la Terre sous le sceptre du Messie. Un seul peuple dans le Ciel sous le regard d'un seul Dieu,"



Ils s'éloignent... en parlant, vers la maison de Marie de Jacob.   

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Fiche mise à jour le
20/03/2019.

 



[1] 2 Rois 3,14-17.

[2] La femme de Chounem (ou sunamite) qui hébergeait Élisée à chaque passage dans sa ville. Son fils, né d'une prédiction d'Élisée mourut. 2 Rois 4,19-37.

[3] 2 Rois 4,40-41.

[4] Genèse 2,10-15.

[5] Chalem (Scialem), le petit-fils de Nahum, l'homme de confiance d'Hanne. Cet enfant difforme viendra demander la mort à Jésus (EMV 583).

[6] Dismas. Il a probablement été arrêté par les romains à cette époque (EMV 524). Jésus anticipe donc la victoire de sa Passion.