Le vendredi 18 octobre 1946.
139> 515.1 - Mais Jésus ne peut
rester longtemps avec ses pensées. Jean et son cousin Jacques,
puis Pierre
avec Simon
le Zélote, le rejoignent pour attirer son
attention sur le panorama que l'on voit du haut de la colline.
Et peut-être dans l'intention de le distraire, car il est visiblement très
triste, ils rappellent les événements arrivés dans les régions qui se
présentent à leurs yeux.
- Le voyage vers
Ascalon ...
- la maison des paysans de la plaine de Saron où Jésus rendit la vue au vieux
père de Gamala et Jacob...
- la retraite au Carmel
de Jésus et de Jacques...
- Césarée maritime et la
jeune Aurea Galla...
- la rencontre avec Syntica...
- les gentils (païens) de Joppé...
- les voleurs près de Modin...
- le miracle des moissons dans la maison de
Joseph d'Arimathie...
- la petite vieille glaneuse...
Oui, toutes choses qui voudraient réjouir... mais dans lesquelles, pour tous
ou pour Lui seul, se mêlent des larmes et un souvenir de douleur. Les apôtres
eux-mêmes s'en aperçoivent et murmurent :
"Vraiment dans toutes les choses de la Terre il se trouve une douleur.
C'est un lieu d'expiation..."
Mais justement aussi André, qui s'est joint au groupe avec Jacques de
Zébédée, observe :
"Loi juste pour nous pécheurs. Mais pour Lui, pourquoi tant de douleur
?"
Il s'élève une discussion paisible et qui se conserve telle, même quand,
attirés par les voix des premiers, tous les autres s'unissent au groupe. Sauf
Judas Iscariote
qui s'affaire au milieu des humbles qu'il instruit en imitant la voix, les
gestes, la pensée du Maître. Mais c'est une imitation théâtrale, pompeuse, à
laquelle il manque la chaleur de la conviction, et ses auditeurs le lui
disent même sans périphrases, ce qui rend Judas nerveux et il leur reproche
d'être bouchés et donc de ne rien comprendre. Et il leur déclare qu'il les
laisse car "ce n'est pas la peine de jeter aux pourceaux les perles de
la sagesse."
Et il s'arrête cependant, car les humbles gens, mortifiés, le prient d'être
compatissant en s'avouant "inférieurs à lui comme un animal est
inférieur à un homme."...
Jésus est distrait de ce que disent autour de Lui les onze, car il écoute ce
que dit Judas, et ce qu'il entend ne le réjouit certainement pas...
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140> 515.2 - Mais
il soupire et se tait jusqu'au moment où Barthélemy
Lui fait prendre directement intérêt en lui soumettant les divers points de
vue sur la raison du pourquoi Lui, indemne du péché, doit souffrir.
Barthélemy dit :
"Je soutiens que cela arrive parce que l'homme hait celui qui est bon.
Je parle de l'homme coupable, c'est-à-dire de la majorité. Cette majorité se
rend compte que par comparaison avec celui qui est sans péché, sa culpabilité
ressort davantage, avec ses vices, et par dépit il se venge en faisant
souffrir celui qui est bon."
"Moi, de mon côté, je soutiens que tu souffres du contraste entre ta
perfection et notre misère. Même si personne ne te méprisait d'aucune façon,
tu souffrirais pareillement car ta perfection doit éprouver un dégoût
douloureux pour les péchés des hommes" dit Jude Thaddée.
"Moi, au contraire, je soutiens que n'étant pas exempt de l'humanité, tu
souffres par l'effort de devoir retenir, par ta partie surnaturelle, les
révoltes de ton humanité contre tes ennemis" dit Matthieu.
"Et moi, je vais sûrement me tromper car je suis un sot, je dis que tu
souffres au contraire de voir ton amour repoussé. Tu ne souffres pas de ne
pas pouvoir punir comme le côté humain peut le désirer, mats tu souffres
de ne pouvoir faire du bien comme tu voudrais" dit André.
"Moi, enfin, dit le Zélote, je soutiens que tu souffres, parce que tu
dois souffrir toute la douleur pour racheter toute la douleur. En Toi ne
prédomine pas une des deux natures, mais ces deux natures sont pareillement
en Toi, fondues dans un parfait équilibre, pour former la Victime parfaite,
tellement surnaturelle qu'elle peut avoir la force d'apaiser l'offense faite
à la Divinité, tellement humaine qu'elle peut représenter l'Humanité et la
ramener à l'état immaculé du premier Adam pour annuler le passé et engendrer
une humanité nouvelle. Recréer une humanité nouvelle conforme à la pensée de
Dieu, c'est-à-dire une humanité où existe réellement l'image de Dieu et sa
ressemblance avec Lui et la destinée de l'Homme : la possession, le pouvoir
d'aspirer à la possession de Dieu, dans son Royaume. Tu dois souffrir
surnaturellement, et tu souffres, de tout ce que tu vois faire et de ce qui
t'entoure, pourrais-je dire, dans une perpétuelle offense à Dieu.
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141> Tu dois souffrir humainement, et tu
souffres, pour écraser la luxure de notre chair empoisonnée par Satan. C'est
par la souffrance complète des deux natures parfaites que tu annuleras
complètement l'offense faite à Dieu, la faute de l'homme."
Les autres se taisent. Jésus les interroge :
"Et vous, vous ne dites rien ? Quelle est d'après vous la plus juste
définition ?"
Les uns se prononcent pour l'une, les autres pour une autre. Seul Jacques
d'Alphée se tait avec Jean.
"Et vous deux, vous n'en approuvez aucune ?" dit Jésus pour piquer
leur intérêt.
"Non, Nous trouvons en toutes quelque chose de vrai, ou beaucoup de
vrai, Mais nous sentons aussi qu'il manque ce qu'il y a de plus vrai."
"Et vous ne savez pas le trouver ?"
"Peut-être Jean et moi nous l'aurions trouvé,
mais il nous paraît presque blasphémer de le dire car... Nous sommes de bons
Israélites, et nous craignons Dieu, presque au point de ne pouvoir dire son Nom.
Et de penser que, si l'homme du peuple élu, l'homme fils de Dieu ne peut pour
ainsi dire prononcer le Nom béni et crée des termes de remplacement pour
nommer son Dieu, de penser que Satan puisse oser nuire à Dieu, cela nous
paraît une pensée blasphématrice. Et pourtant, nous nous rendons compte que
la douleur ne cesse d'agir envers Toi parce que tu es Dieu et que Satan te
hait. Te hait comme aucun autre. Tu trouves la haine, mon Frère, parce que tu
es Dieu" dit Jacques.
"Oui, dit Jean. Tu trouves la
haine parce que tu es l'Amour. Ce ne sont pas les pharisiens
ou les rabbins, ce n'est pas celui-ci ou celui-là, ni pour ceci ou pour cela,
qu'ils se dressent pour te donner la douleur. C'est la Haine qui pénètre les
hommes et les dresse contre Toi, blêmes de haine, parce que par ton amour, tu
arraches trop de proies à la Haine."
"Il manque encore une chose aux nombreuses définitions. Cherchez la
raison la plus vraie. Celle pour laquelle j'existe..." dit Jésus pour
les encourager.
Mais personne ne trouve. Ils réfléchissent, réfléchissent. Ils renoncent en
disant :
"Nous ne trouvons pas..."
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142> "Elle est si simple. Elle est toujours
devant vous. Elle résonne dans les paroles de nos livres, dans les figures de
notre histoire... Allons, cherchez ! Dans toutes vos définitions, il y a du
vrai, mais il manque la raison première. Cherchez-la, non pas dans le
présent, mais dans le passé le plus lointain, au-delà des prophètes, au-delà
des patriarches, au-delà de la création de l'Univers..."
Les apôtres réfléchissent... mais ils ne trouvent pas. Jésus sourit. Puis il
dit :
"Et pourtant, si vous vous rappeliez mes paroles, vous trouveriez la
raison. Mais vous ne pouvez encore tout vous rappeler. Pourtant, vous vous
souviendrez un jour.
515.3 - Écoutez, Remontons ensemble le cours
des siècles, jusqu'aux limites du temps. Qui a gâté l'esprit de l'homme, vous
le savez. C'est Satan, le Serpent, l'Adversaire, l'Ennemi, la Haine.
Appelez-le comme vous voulez. Mais pourquoi l'a-t-il gâté ? À cause d'une
grande envie : celle de voir l'homme destiné au Ciel d'où lui avait été
chassé. Il a voulu pour l'homme l'exil que lui avait eu.
Pourquoi avait-il été chassé ? Pour s'être révolté contre Dieu. Vous le
savez. Mais en quoi ? Pour l'obéissance. Au commencement de la douleur, il y
a une désobéissance. Et alors, n'est-il pas nécessairement logique que pour
rétablir l'Ordre qui est toujours Joie, il doit y avoir une obéissance
parfaite ? Obéir
est difficile, surtout si c'est en matière grave. Ce qui est difficile donne
de la douleur à celui qui l'accomplit. Réfléchissez donc que si l'Amour m'a
demandé si je voulais ramener la Joie aux fils de Dieu, je dois souffrir
infiniment pour accomplir l'obéissance à la Pensée de Dieu. Je dois donc
souffrir pour vaincre, pour effacer non pas un ou mille péchés, mais
le Péché lui-même par excellence, qui dans l'esprit angélique de
Lucifer ou dans celui qui animait Adam, a été et sera toujours, jusqu'au
dernier homme, le péché de désobéissance à Dieu. Pour vous, hommes, votre
obéissance doit se limiter à ce peu — qui vous paraît si grand, mais qui est
si peu — que Dieu vous demande. Dans sa justice, Il vous demande seulement ce
que vous pouvez donner. Vous, des volontés de Dieu, vous connaissez seulement
ce que vous pouvez accomplir.
Mais Moi, je connais sa Pensée toute
entière, pour les grands événements et les plus petits. Pour Moi, il n'y a
pas de limites pour la connaissance et l'exécution. L'amoureux Sacrificateur,
l'Abraham divin, n'épargne pas la Victime et son Fils.
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143> C'est l'Amour inassouvi et offensé
qui exige réparation et offrande. Et si je vivais mille et mille années, ce
ne serait rien si je ne consumais pas l'Homme jusqu'à sa dernière fibre, de
même que rien n'aurait existé
si de toute éternité je n'avais pas dit "Oui" à mon Père, en me
disposant à obéir et comme Dieu Fils et comme Homme, au moment que mon Père
aurait trouvé juste.
L'obéissance est douleur et gloire. L'obéissance, comme l'esprit, ne meurt
jamais. En vérité je vous dis que les vrais obéissants deviendront des dieux,
mais après une lutte continuelle contre eux-mêmes, le monde, Satan.
L'obéissance est lumière. Plus on est obéissant et plus on est éclairé et
plus on voit clair. L'obéissance est patience, et plus l'on est obéissant,
plus on supporte les choses et les personnes. L'obéissance est humilité, et
plus on est obéissant, plus on est humble avec le prochain. L'obéissance est
charité car elle est un acte d'amour, et plus on est obéissant, plus les
actes sont nombreux et parfaits. L'obéissance est héroïsme. Et le héros de
l'esprit c'est le saint, le citoyen des deux, l'homme divinisé. Si la charité est la vertu où l'on retrouve le
Dieu Un et Trin, l'obéissance est la vertu où l'on me trouve, Moi, votre
Maître. Faites que le monde vous reconnaisse pour mes
disciples par une obéissance absolue à tout ce qui est saint.
515.4 - Appelez Judas. J'ai quelque chose à
dire à lui aussi..."
Judas accourt. Jésus montre le panorama qui se rétrécit
à mesure que l'on descend, et il dit :
"Une petite parabole
pour vous, futurs maîtres des esprits. Vous y verrez d'autant plus
clair que vous gravirez davantage le chemin de la perfection
qui est ardu et pénible. Nous, tout d'abord, nous voyions les deux plaines
des philistins et de Saron avec de nombreux villages, des champs et des
vergers et jusqu'à un azur lointain qui était la grande mer, et le Carmel
tout vert là-bas, au fond. Maintenant, nous ne voyons plus que peu de choses.
L'horizon s'est rétréci et il se rétrécira de plus en plus jusqu'à
disparaître au fond de la vallée. La même chose arrive pour celui dont
l'esprit descend au lieu de monter. Toujours plus limitées se font sa vertu
et sa sagesse, toujours plus borné son jugement jusqu'à s'anéantir. Alors un
maître d'esprits est mort pour sa mission. Il ne discerne plus et ne peut
plus conduire. C'est un cadavre, et il peut corrompre comme il s'est
corrompu. La descente parfois, presque toujours, l'entraîne parce qu'il
trouve en bas des satisfactions sensuelles.
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144> Nous aussi, nous descendons dans la
vallée pour trouver repos et nourriture, mais si cela est nécessaire pour
notre corps, il n'est pas nécessaire de satisfaire l'appétit sensuel et la
paresse de l'esprit, en descendant dans les vallées de la sensualité morale
et spirituelle. Il n'y a qu'une seule vallée à laquelle il soit permis
d'accéder, c'est celle de l'humilité. Mais parce que Dieu Lui-même y descend
afin de saisir l'esprit humble pour l'élever vers Lui. Celui qui s'humilie
sera exalté. Toute autre vallée est mortelle car elle éloigne du Ciel."
"C'est pour cela que tu m'as appelé, Maître ?"
"C'est pour cela. Tu as beaucoup parlé avec ceux qui
t'interrogeaient."
"Oui, et ce n'était pas la peine. Ils ont l'intelligence plus dure que
des mulets."
"Et Moi, j'ai voulu déposer une pensée là où tout est sorti. Pour que tu
puisses nourrir ton esprit."
Judas le regarde interdit. Il ne sait si c'est un don ou un reproche. Les
autres qui n'avaient pas remarqué l'entretien de l'Iscariote avec ceux qui
les suivaient, ne comprennent pas que Jésus reproche à Judas son orgueil.
515.5 - Judas préfère amener prudemment la
conversation dans une autre direction et il demande :
"Maître, qu'en penses-tu ? Ces romains, comme l'homme de Pétra,
pourront-ils jamais arriver à ta Doctrine, eux qui
ont eu un contact si limité avec Toi ? Et cet Alexandre
? Il s'en est allé... Nous ne le verrons plus. Et ces derniers aussi. On
dirait qu'en eux il y a une recherche instinctive de la vérité, mais ils sont
plongés jusqu'au cou dans le paganisme. Réussiront-ils
jamais à conclure quelque chose de bon ?"
"Tu veux dire à trouver la Vérité ?"
"Oui, Maître."
"Et pourquoi ne devraient-ils pas réussir ?"
"Parce que ce sont des pécheurs."
"N'y a-t-il qu'eux de pécheurs ? N'y en a-t-il pas parmi nous ?"
"Beaucoup, je l'admets. Mais justement je dis que si nous, déjà nourris
de sagesse et de vérité depuis des siècles, nous sommes pécheurs et
n'arrivons pas à devenir justes et à suivre la Vérité que Toi tu représentes,
comment pourront-ils le faire, eux, saturés d'impuretés comme ils le sont
?"
"Tout homme peut arriver à rejoindre et
à posséder la Vérité,
c'est-à-dire Dieu, quel que soit son point de départ pour y arriver. Quand il
n'y a pas d'orgueil de l'esprit et de dépravation de la chair, mais une
sincère recherche de la Vérité et de la Lumière, pureté d'intention et
aspiration vers Dieu, une créature est sûrement sur le chemin de Dieu."
"Orgueil de l'esprit... et dépravation de la chair... Maître...
alors..."
"Continue
ta pensée qui est bonne."
Judas tergiverse, puis il dit :
"Alors eux ne peuvent rejoindre Dieu, car ce sont des dépravés."
"Ce n'est pas cela que tu voulais dire, Judas. Pourquoi as-tu bâillonné
ta pensée et ta conscience ? Oh ! Comme il est difficile que l'homme monte
vers Dieu ! Et le plus grand obstacle se trouve en lui-même qui ne veut pas
réfléchir sur lui-même et reconnaître ses défauts. Vraiment aussi on calomnie
Satan bien souvent, en lui attribuant toute cause de ruine spirituelle. Et
l'on calomnie encore davantage Dieu en Lui attribuant tous les événements.
Dieu ne viole pas la liberté de l'homme. Satan ne peut l'emporter sur une
volonté affermie dans le Bien. En vérité je vous dis que soixante-dix fois
sur cent, l'homme pèche
par sa propre volonté. Et — on ne le pense pas, mais il en est ainsi — et il
ne se relève pas du péché parce qu'il se refuse à s'examiner, et même si sa conscience, par un mouvement
imprévu, se dresse en lui et crie la vérité qu'il n'a pas voulu méditer,
l'homme étouffe ce cri, anéantit cette représentation qui se dresse devant
son intelligence sévère et affligée, s'efforce d'altérer sa pensée
suggestionnée par la voix accusatrice, et se refuse à dire par
exemple : "Mais alors nous, moi, nous ne pouvons atteindre la
Vérité parce que nous avons l'orgueil de l'esprit et ta corruption de la
chair". Oui, en vérité, parmi nous, on n'avance pas vers la voie de Dieu
parce que parmi nous il y a l'orgueil de l'esprit et la corruption de la
chair. Un orgueil vraiment émule de celui de Satan, au point de juger ou
d'entraver les actions de Dieu quand elles sont contraires aux intérêts des
hommes ou des partis. Et ce péché fera de nombreux Israélites des damnés
éternels."
"Nous ne sommes pas tous ainsi, pourtant."
"Non. Des esprits bons il y en a encore et dans toutes les classes. Plus
nombreux chez les humbles gens du peuple, que parmi les savants et les
riches. Mais il y en a. Mais combien y en a-t-il ? Combien, par rapport à ce
peuple de Palestine que depuis presque trois ans j'évangélise et comble de
bienfaits et pour lequel je m'épuise ? Il y a plus d'étoiles dans une nuit
nuageuse que d'esprits décidés à venir à mon Royaume en Israël."
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146/147> "Et les
gentils (= païens), ces gentils, y viendront ?"
"Pas tous, mais beaucoup. Et aussi parmi mes disciples
eux-mêmes, tous ne persévéreront pas jusqu'à la fin. Mais ne nous préoccupons
pas des fruits qui, échaudés, tombent de la branche ! Cherchons, tant que
c'est possible, à ne pas les échauder au moyen de la douceur, de la fermeté,
des reproches et du pardon, de la patience et de la charité. Puis, quand ils
disent 'non' à Dieu et aux frères qui veulent les sauver, et quand ils se
jettent dans tes bras de la Mort, de Satan, en mourant impénitents, baissons
la tête et offrons à Dieu notre souffrance de n'avoir pas pu Lui donner la
joie du salut de cette âme. Tout maître
connaît de ces défaites. Et elles servent elles aussi à mortifier l'orgueil
des maîtres spirituels et à éprouver leur constance dans le ministère. La
défaite ne doit pas lasser la volonté de l'éducateur spirituel, mais au
contraire le pousser à faire davantage et mieux à l'avenir."
"Pourquoi as-tu dit au décurion
que tu le verras sur un mont ? Comment fais-tu pour le savoir ?"
Jésus regarde Judas d'un regard prolongé et étrange, où la tristesse se mêle
au sourire, et il dit :
"Parce qu'il sera un de ceux qui seront présents à mon élévation et il
dira au grand docteur d'Israël
une sévère parole de vérité. Et à partir de ce moment-là, il commencera sa
marche assurée vers la Lumière. Mais nous voici à Gabaon. Que Pierre aille
avec sept autres pour m'annoncer. Je parlerai tout de suite
pour congédier ceux des villages voisins qui me suivent. Les autres resteront
avec Moi jusqu'après le sabbat. Toi, Judas, reste avec Matthieu, Simon et
Barthélemy."
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