| Le lundi 26
  novembre 1945. 
 325>  342.1 – La ville de Cédès est sur une petite
  montagne un peu isolée, à l'est d'une longue chaîne qui va du nord au sud,
  alors qu'à l'ouest une chaîne de collines presque parallèle va également du
  nord au sud. Deux lignes parallèles qui se rapprochent en formant une sorte
  de X. Au point le plus étroit et plutôt appuyé à la chaîne orientale qu'à
  l'occidentale; se trouve le mont qui a sur ses pentes Cédès, qui s'étend de
  la cime à ses côtés en pente douce, et qui domine la vallée fraîche et verte
  très étroite à l'est, plus large à l'ouest. 
 C'est une belle ville entourée de murs, avec de belles maisons et une
  synagogue imposante, comme est imposante la fontaine aux multiples orifices
  qui laissent tomber une eau fraîche et abondante dans un bassin inférieur
  d'où partent des ruisseaux qui vont alimenter d'autres fontaines, peut-être,
  ou des jardins. Je ne sais.
 
 Jésus y pénètre
  un jour de marché : Sa main n'est plus bandée, mais elle a encore une
  croûte noire et un large bleu sur le dos. Jacques d'Alphée
  aussi a une croûte brune à la tempe et un
  large bleu tout autour. André et Jacques
  de Zébédée, moins blessés, n'ont plus
  de marques de l'aventure passée et ils marchent avec agilité en regardant
  autour, et spécialement par derrière et sur les côtés, car ils sont
  échelonnés tout près les uns des autres, devant et derrière Jésus.
 
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 326> J'ai l'impression qu 'ils se
  sont arrêtés à l'endroit décrit hier ou bien aux alentours deux ou trois jours,
  peut-être pour se reposer, ou pour se tenir à distance des rabbins, dans la
  crainte qu'ils se soient dirigés dans les principales villes dans l'espoir de
  les prendre en faute et de leur nuire encore. C'est du moins ce que font
  penser leurs conversations.
 
 "Mais c'est une ville de refuge !" dit André.
 
 "Tu penses qu'ils ont l'habitude de respecter ce refuge et la sainteté
  d’un lieu ? Comme tu es naïf, mon frère !" lui répond Pierre.
 
 Jésus est entre les deux Jude. Devant Lui sont Jacques et Jean en avant-garde, et puis l'autre Jacques avec Philippe et Matthieu; derrière Lui, André et Thomas avec
  Pierre. En dernier lieu, Simon
  le Zélote et Barthélemy.
 
 
  342.2 – Tout va bien jusqu'à l'entrée
  dans une belle place, celle du bassin et de la synagogue, sur laquelle se
  pressent des gens qui parlent d'affaires. Le marché, par contre, est plus bas
  et au sud-ouest de la ville, là où débouche la route principale qui vient du
  sud et l'autre, celle suivie par Jésus, qui vient de l'ouest. Ces routes
  confluent à angle droit et se fondent en une route unique qui pénètre sous la
  porte et se transforme en une vaste place oblongue où il y a des ânes et des
  claies, des vendeurs et des acheteurs et l'habituel vacarme... 
 Mais c'est quand ils arrivent à cette place qui est la plus belle - je crois
  le cœur de la ville, non pas tant parce qu'elle soit au centre de l'enceinte
  que parce qu'elle est le centre de la vie spirituelle et commerciale de Cédès
  dont le cœur bat ici, et il semble que le dise sa situation surélevée
  au-dessus du pays qu'elle domine, et que l'on pourrait défendre comme une
  citadelle - que commencent les difficultés. Comme autant de chiens hargneux
  qui vont s'attaquer à un chiot sans défense, ou plutôt comme des chiens de
  chasse qui ont flairé l'odeur du gibier, un groupe nombreux de pharisiens et
  de sadducéens auxquels se mêlent pour les épicer une poignée de rabbins vus à
  Giscala, parmi lesquels le dénommé Uziel, s'adossent au portail large et embelli de sculptures
  et de frises de la riche synagogue. Et tout de suite ils se montrent du doigt
  Jésus et les apôtres.
 
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 327> "Hélas, Seigneur ! Ils sont ici
  aussi !" dit Jean effrayé en se retournant pour parler à Jésus.
 
 "Ne crains pas. Avance tranquillement. Pourtant que ceux qui ne se
  sentent pas en mesure d'affronter ces malheureux se retirent à l'auberge. Je
  veux absolument parler ici, ancienne ville lévitique et de refuge."
 
 Tous protestent :
 
 "Maître, et peux-tu penser qu'on va te laisser seul ?! Qu'ils nous
  tuent tous, s'ils le veulent. Mais nous partagerons ton sort."
 
 
  342.3 – Jésus
  passe devant le groupe ennemi et il va se placer contre le mur d'un jardin
  d'où pleuvent les blancs pétales d'un poirier en fleurs. Le mur sombre et la
  blanche nuée encadrent le Christ qui a devant Lui ses douze. 
 Jésus commence à parler :
 
 "O vous ici rassemblés, venez écouter la Bonne Nouvelle car plus utile
  que le commerce et que l'argent est la conquête du Royaume des Cieux."
 
 Sa belle et forte voix remplit la place et fait retourner les gens qui s'y
  trouvent.
 
 "Oh ! mais c'est le Rabbi galiléen !" dit quelqu'un.
  "Venez, allons l'écouter. Peut-être il va faire un miracle."
 
 Et un autre :
 
 "Moi, à Bet-Ginna , je l'ai vu en faire un . Et comme il parle bien ! Pas comme ces éperviers
  rapaces et ces serpents rusés."
 
 Jésus est vite entouré par la foule, et il continue de parler à cette foule
  attentive.
 
 "Au cœur de cette ville lévitique je ne veux pas rappeler la Loi. Je
  sais qu'elle est présente à vos cœurs comme dans peu de villes d'Israël, et
  ce qui le manifeste, c'est l'ordre que j'y ai remarqué, l'honnêteté dont
  m'ont donné la preuve les marchands auxquels j'ai acheté la nourriture pour
  mon petit troupeau et Moi, et cette synagogue, ornée comme il convient au
  lieu où l'on honore Dieu. Mais en vous aussi il y a un endroit où l'on honore
  Dieu, un endroit où sont les aspirations les plus saintes, où résonnent les
  paroles qui nous donnent les plus douces espérances de notre foi et les
  prières les plus ardentes pour que notre espérance se change en réalité.
  L'âme, voici le lieu saint et unique où l'on parle de Dieu et avec Dieu, en
  attendant que la Promesse s'accomplisse.
 
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 328> Mais la Promesse est accomplie. Israël a son Messie qui
  vous apporte la parole et la certitude que le temps de la Grâce est venu, que
  la Rédemption est proche, que le Sauveur est parmi vous, que le Royaume sans
  défaites est commencé.
 
 
  342.4 – Combien
  de fois vous aurez entendu lire Habacuc ! Et les plus méditatifs parmi
  vous auront murmuré: "Moi aussi je peux dire : 'Jusqu'à quand, Seigneur,
  devrai-je crier sans que Tu m'écoutes? ".
  Cela fait des siècles qu'Israël gémit ainsi. Mais maintenant le Sauveur est
  venu. La grande violence, la perpétuelle angoisse, le désordre et l'injustice
  causés par Satan, vont
  tomber car l'Envoyé de Dieu va réintégrer l'homme dans sa dignité de fils de
  Dieu et de cohéritier du Royaume de Dieu. Regardons la prophétie d 'Habacuc
  avec des yeux nouveaux, et nous comprendrons qu'elle porte témoignage de Moi,
  et qu'elle parle déjà le langage de la Bonne Nouvelle que j'apporte aux fils
  d'Israël. 
 Mais ici, c'est Moi qui dois gémir : "Le jugement est fait, mais
  l'opposition triomphe". Et j'en gémis avec tant de douleur. Non pas tant
  pour Moi qui suis au-dessus du jugement humain, que pour ceux qui se
  condamnent parce qu'ils s'opposent, et pour ceux qu'ils font sortir du droit
  chemin. Cela vous étonne ce que je dis ? Il y a parmi vous des marchands
  d'autres lieux d'Israël.
  Ils peuvent vous dire que Moi, je ne mens
  pas. Je ne mens pas en menant une vie contraire à ce que j'enseigne, en ne
  faisant pas ce que l'on espère du Sauveur, et je ne mens pas en disant que
  l'opposition des hommes se dresse contre le jugement de Dieu qui m'a envoyé
  et contre le jugement des foules humbles et sincères qui m'ont entendu et
  m'ont jugé pour ce que je suis." 
 Certains, dans la foule, murmurent :
 
 "C'est vrai ! C'est vrai ! Nous qui sommes du peuple nous
  l'aimons et voyons en Lui un saint. Mais eux (et ils montrent les pharisiens
  et leurs compagnons) s'y opposent."
 
 Jésus continue :
 
 "Pour faire cette opposition on déchire la Loi, et elle le sera toujours
  plus, jusqu'à ce qu'on l'abolisse, au point de commettre la suprême injustice
  qui pourtant ne durera pas longtemps. Pendant une courte et effrayante trêve,
  l'opposition semblera triompher de Moi, bienheureux alors ceux qui sauront
  continuer de croire en Jésus de Nazareth, dans le Fils de Dieu, dans le Fils
  de l'homme, prédit par les Prophètes.
 
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 329> J'aurais la puissance d'accomplir
  le jugement de Dieu totalement en sauvant tous les fils d'Israël, mais je ne
  le pourrai pas car l'impie triomphera contre lui-même, contre ce qu'il a
  de meilleur en lui, et de même qu'il piétine mes droits et qu'il piétine
  ceux qui croient en Moi, il piétinera aussi les droits de son esprit qui a
  besoin de Moi pour être sauvé et qui est donné à Satan pour me le refuser, à
  Moi."
 
 
  342.5 – Les pharisiens chahutent. Mais,
  depuis un moment, un vieillard imposant s'est approché de l'endroit où est
  Jésus et maintenant, pendant une pause, il dit : 
 "Je t'en prie, entre dans la synagogue pour y donner ton enseignement.
  Personne plus que Toi n'en a le droit. Je suis Matthias, le chef de la synagogue. Viens et que la Parole de
  Dieu soit dans ma maison comme elle est sur tes lèvres."
 
 "Merci, juste d'Israël. Que la paix soit toujours avec toi."
 
 Et Jésus, à travers la foule qui se sépare comme une vague pour le laisser
  passer, et se referme en formant un sillage pour le suivre, traverse de
  nouveau la place, en passant de nouveau devant les pharisiens hargneux. Ces
  derniers, pourtant, entrent aussi dans la synagogue en cherchant
  orgueilleusement à se frayer un chemin. Mais les gens les regardent de
  travers et disent :
 
 "D'où venez-vous ? Allez dans vos synagogues attendre le
  Rabbi. Ici, c'est notre maison et nous y restons."
 
 Et les rabbins, sadducéens et pharisiens doivent encaisser et rester
  humblement près de la sortie pour n'être pas chassés par les habitants de
  Cédès.
 
 Jésus a pris place près du chef et d'autres de la synagogue, dont je ne sais
  si ce sont ses fils ou des aides. Il reprend son discours :
 
 "Habacuc dit - et comme il vous invite avec amour à prêter attention! -
  "Regardez parmi les peuples et observez, restez émerveillés, stupéfaits,
  car de vos jours est arrivée une chose à laquelle personne ne croira quand
  elle lui sera racontée ". Maintenant nous avons encore des ennemis
  matériels au-dessus d'Israël. Mais laissez tomber ce qu'il y a de particulier
  et de peu important dans la prophétie et regardons seulement son grand
  message tout spirituel.
  En effet les prophéties, même si elles
  semblent se rapporter à des choses matérielles, ont toujours un contenu
  spirituel. La chose donc qui est arrivée - et elle est telle que personne ne
  pourra l'accepter s'il n'est pas convaincu de l'infinie bonté du vrai Dieu -
  c'est qu'Il a envoyé son Verbe pour sauver et racheter le Monde. 
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 330> Dieu qui se sépare de Dieu pour
  sauver la créature coupable .
  Eh bien, c'est Moi qui suis envoyé pour cela. Et aucune des forces du monde
  ne pourra arrêter mon élan de Triomphateur sur les rois et les tyrans, sur
  les péchés et les sottises. Je vaincrai parce que Moi, je suis le
  Triomphateur."
 
 
  342.6 – Un éclat de rire méprisant et un
  cri partent du fond de la synagogue. Les gens protestent, le chef de la
  synagogue, qui jusqu'ici est resté les yeux fermés tant il est appliqué à
  écouter Jésus, se lève et impose silence aux perturbateurs en menaçant de les
  expulser. 
 "Laisse-les faire, et même invite-les à exposer leurs réfutations"
  dit à haute voix Jésus.
 
 "Oh ! bien ! c'est bien ! Laisse-nous venir auprès de
  Toi. Nous voulons t'interroger" crient ironiquement les contradicteurs.
 
 "Venez, laissez-les passer, ô vous de Cédès."
 
 Et la foule, avec des regards hostiles et des grimaces - et il ne manque pas
  quelque épithète peu flatteuse - les laisse avancer.
 
 "Que voulez-vous savoir ?" demande Jésus avec sévérité.
 
 "Tu dis donc que tu es le Messie ? En es-tu vraiment
  certain ?"
 
 Jésus, les bras croisés sur la poitrine, regarde celui qui a parlé, avec une
  telle autorité que du coup tombe son ironie et qu'il se tait. Mais un autre
  prend la parole et il dit :
 
 "Tu ne peux pas prétendre que l'on te croie sur parole. Quelqu'un peut
  mentir même en étant de bonne foi. Mais pour croire, il faut des preuves.
  Donne-nous donc des preuves que tu es ce que tu dis."
 
 "Israël est tout plein des preuves que j'ai données" dit Jésus
  tranchant.
 
 "Oh ! celles-là !... Des petites choses que n'importe quel
  saint peut faire. Il y en a eu de faites et il y en aura encore de faites par
  des saints d'Israël !" dit un pharisien.
 
 Un autre ajoute :
 
 "Et il n'est pas dit que tu les fasses par sainteté et avec l'aide de
  Dieu ! On dit, et en vérité on peut le croire, que tu es aidé par Satan.
  Nous voulons d'autres preuves, plus fortes, telles que Satan ne puisse les
  donner."
 
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 331> "Mais oui ! Une mort
  vaincue..." dit un autre.
 
 "Vous l'avez eue. "
 
 "C'étaient des apparences de mort. Montre-nous, par exemple, un corps en
  décomposition qui se ranime et se recompose. Pour que nous avions la
  certitude que Dieu est avec Toi : Dieu, le seul qui puisse rendre le
  souffle à la boue qui déjà redevient poussière. "
 
 "On n'a jamais demandé cela aux Prophètes pour croire en eux."
 
 Un sadducéen crie :
 
 "Toi, tu es plus qu'un prophète. Toi, du moins c'est Toi qui le dis, tu
  es le Fils de Dieu !... Ah ! Ah ! Pourquoi alors n'agis-tu pas
  en Dieu ? Allons donc ! Donne-nous un signe ! Un
  signe !"
 
 "Mais oui ! Un signe du Ciel, qui t'indique Fils de Dieu, et alors
  nous t'adorerons" crie un pharisien.
 
 "Certainement ! Tu parles bien, Simon ! Nous ne voulons pas retomber dans le péché
  d'Aaron . Nous n'adorons pas l'idole, le veau d'or. Mais nous
  pourrions adorer l'Agneau de Dieu ! Ne l'es-tu pas ? Pourvu que le
  Ciel nous indique que tu l'es" dit celui qui a nom Uriel, et qui était à Giscala, et il a un rire sarcastique.
 
 Un autre se met à crier :
 
 "Laisse-moi parler, moi Sadoq, le scribe d'or. Écoute-moi, ô Christ. Tu as été
  précédé par trop d'autres qui n'étaient pas des "Christ". Assez de
  tromperies. Un signe que tu l'es bien. Et Dieu, s'il est avec Toi, ne peut te
  le refuser : Et nous croirons en Toi, et nous t'aiderons. Autrement tu
  sais ce qui t'attend, selon le commandement de Dieu ."
 
 
  Jésus lève sa main droite blessée et la
  montre bien à son interlocuteur. "Tu vois ce signe ? C'est toi qui
  l'as fait. Tu as indiqué un autre signe, et quand tu le verras incisé dans la
  chair de l'Agneau, tu te réjouiras. Regarde-le ! Tu le vois ? Tu le
  verras aussi au Ciel, quand tu paraîtras pour rendre compte de ta façon de
  vivre. Car c'est Moi qui te jugerai, et je serai là-haut avec mon
  corps glorifié avec les signes de mon ministère et du vôtre, de mon amour et
  de votre haine. Et tu le verras, toi aussi Uriel, et toi, Simon, et le
  verront Caïphe et Hanne, et beaucoup d'autres, au Dernier Jour, jour de colère,
  jour redoutable, et à cause de cela, vous préféreriez être dans l'abîme,
  parce que ma main blessée vous dardera plus que les feux de l'Enfer." 
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 332> "Oh ! ce sont des paroles et des
  blasphèmes ! Toi, au Ciel, avec ton corps ?! Blasphémateur !
  Toi, juge au lieu de Dieu ?! Anathème sur Toi ! Toi qui insultes le
  Pontife ! Tu mériterais d'être lapidé" crient en chœur sadducéens,
  pharisiens et docteurs.
 
 
  342.7 – Le
  chef de la synagogue se lève de nouveau, patriarcal, splendide comme un Moïse
  avec ses cheveux blancs, et il crie : 
 "Cédès est une ville de refuge et une ville lévitique.
  Respectez..."
 
 "Vieilles histoires ! Cela ne compte plus !"
 
 "Oh ! langues blasphématrices ! C'est vous qui êtes des
  pécheurs et pas Lui, et moi je le défends. Lui ne dit rien de mal. Il
  explique les Prophètes et nous apporte la Bonne Nouvelle et vous
  l'interrompez, vous le tentez, vous l'offensez. Je ne le permets pas. Lui est
  sous la protection du vieux Mathias de la descendance de Lévi par son père,
  et d'Aaron par sa mère. Sortez et laissez-le instruire ma vieillesse et l'âge
  mûr de mes fils."
 
 Et il porte sa main rugueuse de vieillard sur l'avant-bras de Jésus, comme
  pour le défendre.
 
 "Qu'il nous donne un vrai signe et nous partirons convaincus"
  crient les ennemis.
 
 "Ne te fâche pas, Matthias. Je vais parler" dit Jésus en calmant le
  vieillard.
 
 Et s'adressant aux pharisiens, aux sadducéens et aux docteurs, il dit :
 
 
  "Quand vient le soir, vous scrutez le
  ciel et s'il rougit au crépuscule vous, d'après un vieux dicton, vous
  dites : "Demain, le temps sera beau car le crépuscule rougit le
  ciel". De même à l'aube, quand dans l'air que rendent obscur le brouillard
  et les vapeurs le soleil ne s'annonce pas couleur d'or, mais paraît étendre
  du sang sur le firmament, vous dites : "La journée ne passera pas
  sans tempête". Vous donc vous savez lire le temps du lendemain ou de la
  journée dans les signes instables du ciel et ceux encore plus changeants des
  vents. Et vous n'arrivez pas à distinguer les signes des temps ? Cela
  n'honore pas votre intelligence et votre science, et déshonore complètement
  votre esprit et votre prétendue sagesse. 
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 333> Vous appartenez à une génération
  perverse et adultère, née en Israël du mariage de ceux qui se sont souillés
  avec le Mal. Vous en êtes les héritiers et vous accroissez votre perversité
  et aggravez votre adultère en répétant le péché de ceux qui ont engendré
  cette erreur. Eh bien, sache-le, Matthias, sachez-le, vous de Cédès, et tous
  ceux qui sont ici comme fidèles ou comme ennemis. Voici la prophétie que Moi
  je dis pour remplacer celle de Habacuc que je voulais expliquer : à
  cette génération perverse et adultère qui demande un signe, il ne sera donné
  que celui de Jonas... 
  Allons. Que la paix soit avec ceux qui sont de bonne volonté."
 
 Et par une porte latérale qui ouvre sur un chemin silencieux, entre les
  jardins et les maisons, il s'éloigne avec les apôtres.
 
 
  342.8 – Mais les gens de Cédès ne se
  donnent pas pour battus. Certains le suivent, et l'ayant vu entrer dans une
  petite auberge dans les faubourgs orientaux de la ville, ils en portent la
  nouvelle au chef de la synagogue et à leurs concitoyens. Et Jésus est encore
  en train de manger, quand la cour ensoleillée de l'auberge se remplit de gens
  et que le vieux chef de la synagogue avec d'autres anciens de Cédès se
  présente à l'entrée de la pièce où est Jésus et s'incline en implorant : 
 "Maître, en nous est resté le désir d'entendre ta parole. Elle était si
  belle, expliquée par Toi, la prophétie de Habacuc ! 
  Pourquoi à cause de ceux qui te haïssent devraient-ils rester sans te
  connaître ceux qui t'aiment et croient en ta Vérité ?"
 
 "Non, père. Il ne serait pas juste de punir les bons à cause des
  mauvais. Alors écoutez..." (et Jésus laisse son repas pour se présenter
  sur la porte et parler à ceux qui sont groupés dans la petite cour
  tranquille).
 
 "Dans les paroles du chef de votre synagogue, il y a un écho de celles
  de Habacuc. Pour lui et pour vous tous, il reconnaît et professe que je suis
  la Vérité. Habacuc reconnaît et professe : "Depuis le commencement,
  Tu es et Tu es avec nous, et nous ne mourrons pas ".
  Ainsi en sera-t-il. Il ne périra pas celui qui croit en Moi. Le Prophète me
  représente comme Celui que Dieu a établi pour juger, comme Celui que Dieu a
  rendu fort pour châtier, comme Celui dont les yeux sont trop purs pour voir
  le mal, et qui ne pourra supporter l'iniquité.
 
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 334> Mais s'il est vrai que le péché me
  donne de la répugnance, vous voyez pourtant que j'ouvre les bras, parce que
  je suis le Sauveur, à ceux qui se sont repentis de leur péché. C'est pour
  cela que je tourne mon regard même sur celui qui est coupable et que j'invite
  celui qui est impie à se convertir...
 
 
  342.9 – O
  vous de Cédès, ville lévitique, ville sanctifiée par la charité pour qui est
  coupable d'un crime - et tout homme a péché contre Dieu, contre son âme et
  contre le prochain - venez alors à Moi, Refuge des pécheurs. Ici, dans mon
  amour, même l'anathème de Dieu ne pourrait vous frapper, car mon regard
  suppliant pour vous change l'anathème de Dieu en bénédiction de pardon. 
 Écoutez, écoutez ! Écrivez dans vos cœurs cette promesse, comme Habacuc
  écrivit sur un rouleau sa prophétie certaine. Là, il est dit :
  "S'il tarde, attends-le, car Celui qui doit venir viendra sans tarder ".
  Voilà : Celui qui doit venir est venu. C'est Moi.
 
 "Celui qui est incrédule n'a pas une âme juste" dit le Prophète, et
  dans sa parole se trouve la condamnation de ceux qui m'ont tenté et insulté.
  Ce n'est pas Moi qui les condamne, mais le Prophète qui m'a vu d'avance, et
  qui a cru en Moi. Lui, de même qu'il me dépeint comme le Triomphateur, ainsi
  il dépeint l'homme orgueilleux, en disant qu'il est sans honneur ayant ouvert
  son âme à la cupidité et à l'insatiabilité, comme est cupide et insatiable
  l'enfer. Et il menace: "Malheur à celui qui accumule des biens qui ne
  lui appartiennent pas et qui se couvre de boue ".
  Les mauvaises actions contre le Fils de l'homme sont cette boue, et vouloir
  le dépouiller de sa sainteté pour qu'elle n'offusque pas la leur, c'est de la
  cupidité.
 
 "Malheur" dit le Prophète "à celui qui entasse dans sa maison
  les fruits de son avarice perverse pour y placer en haut son nid. Il croit
  échapper ainsi aux griffes du mal ".
  Cela c'est se déshonorer et tuer sa propre âme.
 
 "Malheur à celui qui édifie une ville sur le sang et construit des
  forteresses sur l'injustice ".
  En vérité une trop grande partie d'Israël cimente les forteresses de sa
  cupidité avec les larmes et le sang, et attend la fin pour faire le plus dur
  pétrissage. Mais que peut une forteresse contre les flèches de Dieu ?
  Que peut une poignée d'hommes contre la justice du monde entier qui criera
  d'horreur à cause du crime sans égal ?
 
 Oh ! comme le dit bien Habacuc ! "À quoi sert la statue ?
  ".
  Et la statue idolâtrique, c'est désormais la sainteté mensongère d'Israël.
 
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 335>
  Seul le Seigneur est dans son Temple saint,
  et c'est vers Lui seul que s'inclinera la terre et elle tremblera d'adoration
  et d'épouvanté, alors que le signe promis sera donné une fois et une seconde
  fois et que le Temple vrai, dans lequel Dieu repose, montera glorieux dire
  aux Cieux : "C'est accompli!" comme Il l'avait dit en
  sanglotant à la terre pour la purifier par l'annonce de sa venue. 
 "Fiat !" a dit le Très-Haut, et le monde exista.
  "Fiat !" dira le Rédempteur et le monde sera racheté. C'est
  Moi qui donnerai au monde de quoi être racheté. Et seront rachetés ceux qui
  auront la volonté de l'être.
 
 
  342.10 – Maintenant levez-vous. Disons la
  prière du Prophète, mais comme il est juste de la dire en ce temps de
  grâce : 
 "J'ai entendu, Seigneur, l'annonce de ta venue et je m'en suis
  réjoui". Ce n'est plus le temps de l'épouvante, ô vous qui croyez au
  Messie.
 
 "Seigneur, ton œuvre est au milieu des années, fais-la vivre malgré les
  embûches des ennemis. Au milieu des ans, Tu la rendras manifeste". Oui,
  quand le temps sera accompli, l’œuvre sera achevée.
 
 "Et au milieu du dédain resplendira la miséricorde" car le dédain
  retombera seulement sur ceux qui auront mis des filets et des lacets et lancé
  des flèches contre l'Agneau Sauveur.
 
 "Dieu viendra de la Lumière au monde". C'est Moi qui suis la
  Lumière venue pour vous apporter Dieu. Ma splendeur inondera la terre en
  jaillissant à pleins fleuves "là où les cornes pointues" auront
  déchiré les Chairs de la Victime, dernière victoire "de la Mort et de
  Satan qui s'enfuiront vaincus devant le Vivant et le Saint".
 
 Gloire au Seigneur ! Gloire à Celui qui a fait ! Gloire à Celui qui
  a donné le soleil et les astres ! À Celui qui a fait les montagnes. Au
  Créateur des mers. Gloire, gloire infinie au Bon qui veut le Christ pour
  sauver son peuple, pour sauver l'homme !
 
 Unissez-vous, chantez avec Moi car la Miséricorde est venue au monde et qu'il
  est proche le temps de la Paix. Celui qui vous tend les mains, vous exhorte à
  croire et à vivre dans le Seigneur car le temps est proche où Israël sera
  jugé avec vérité.
 
 La paix à vous ici présents, à vos familles, à vos maisons."
 
 Jésus trace un large geste de bénédiction et il va se retirer. Mais le chef
  de la synagogue Lui demande :
 
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 336> "Reste encore."
 
 "Je ne peux pas, père."
 
 "Envoie-nous au moins tes disciples."
 
 "Vous les aurez sans faute. Adieu. Va en paix."
 
 
  342.11 – Ils restent seuls... 
 "Mais je voudrais savoir qui nous les a envoyés sur notre chemin. Ils
  semblent des nécromanciens..." dit Pierre.
 
 L'Iscariote s'avance, pâle. Il s'agenouille aux pieds de Jésus.
 
 "Maître, c'est moi le coupable. J'ai parlé dans cette ville... avec l'un
  d’eux dont j'étais l'hôte... "
 
 "Comment ? C'est autre chose que la pénitence ! Tu es..."
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