Le vendredi 28 février 1947.
173> 570.1 – Ils
vont entrer dans Lébona. La ville ne me paraît ni très importante ni belle,
mais en compensation elle est très fréquentée car déjà sont en mouvement les
caravanes qui descendent pour la Pâque à Jérusalem venant de la Galilée et de
l'Iturée, de la Gaulanitide, de la Trachonitide, de l'Auranitide et de la
Décapole.
Je dirais que Lébona est sur une route caravanière ou plutôt que c'est un
nœud de routes caravanières qui viennent de ces régions, de la Méditerranée
aux monts à l'est de la Palestine, et aussi du nord, pour se réunir en cet
endroit sur la grand-route qui mène à Jérusalem. Cette préférence des gens
vient probablement du fait que cette route est surveillée de très près par
les romains, et par conséquent les gens se sentent plus à l'abri du danger de
mauvaises rencontres avec les larrons. C'est ce que je pense, mais peut-être
cette préférence vient d'autres causes, de souvenirs historiques ou sacrés.
Je ne sais pas.
Les caravanes, étant donnée l'heure favorable — je jugerais d'après le soleil
qu'il est aux environs de huit heures du matin — sont en train de se mettre
en mouvement dans un grand vacarme de voix, de cris, de braiments, de
sonnailles, de roues. Femmes qui appellent leurs enfants, hommes qui excitent
les animaux, vendeurs qui offrent leurs marchandises,
négociations entre les vendeurs samaritains et ceux... moins hébreux,
c'est-à-dire ceux de la Décapole et des autres régions, peu intransigeants
parce qu'elles sont mêlées davantage à l'élément païen, refus dédaigneux et
presque injurieux quand un malheureux vendeur de Samarie s'approche pour
offrir ses produits à quelque champion du judaïsme. Il semble qu'ils ont
approché le diable en personne tant ils crient à l'anathème... en suscitant
des réactions très vives de la part des samaritains offensés. Et il
s'ensuivrait quelque bagarre s'il n'y avait pas les soldats romains pour
faire bonne garde.
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174> 570.2 – Jésus avance au milieu de
cette confusion. Autour de Lui, les apôtres, en arrière les femmes disciples
et derrière celles-ci le groupe de ceux d'Éphraïm augmenté d'un grand nombre de ceux
de Silo.
Un murmure précède le Maître. Il se propage depuis ceux qui le voient à ceux
qui sont plus loin et ne le voient pas encore. Un murmure plus fort le suit,
et plusieurs suspendent leur départ pour voir ce qui arrive.
Ils se demandent :
"Comment ? Il s'éloigne de la Judée de plus en plus ? Quoi ? Il prêche
maintenant en Samarie ?"
Une voix chantante de Galilée :
"Les saints l'ont repoussé et Lui s'adresse à ceux qui ne sont pas
saints pour les sanctifier, à la honte des juifs."
Une réponse plus acre que du venin acide :
"Il a retrouvé son nid et ceux qui écoutent sa parole de démon."
Une autre voix :
"Taisez-vous, assassins du Juste ! Cette persécution vous marquera pour
les siècles du nom le plus odieux. Vous êtes corrompus trois fois plus que
nous de la Décapole."
Une autre voix de vieux, tranchante :
"Tellement juste qu'il fuit le Temple pour la Fête des Fêtes. Hé ! Hé !
Hé !".
Quelqu'un d'Éphraïm, rouge de colère :
"Ce n'est pas vrai. Tu mens, vieux serpent ! Il va maintenant à sa
Pâque."
Un scribe barbu, méprisant :
"Par la route du Garizim."
"Non, du Moriah. Il vient nous bénir car Lui sait aimer, puis il monte
vers votre haine, maudits !"
"Tais-toi, samaritain !"
"C'est à toi de te taire, démon !"
"Qui se soulève aura les galères : c'est l'ordre de Ponce Pilate.
Souvenez-vous et dispersez-vous" impose un officier romain en faisant
manœuvrer ceux qui dépendent de lui pour séparer ceux qui sont déjà en train
d'en venir aux mains dans une de ces si nombreuses disputes régionales et religieuses, toujours près de s'élever dans la
Palestine du temps du Christ.
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175> Les gens se dispersent, mais
personne ne s'en va plus. On ramène les ânes aux écuries, ou bien on les
détourne vers l'endroit où est allé Jésus. Femmes et enfants descendent de
selle et suivent leurs maris ou leurs pères, ou bien restent en groupes qui
bavardent, si l'humeur maritale ou paternelle en donne l'ordre "pour
qu'elles n'entendent pas parler le démon." Mais les hommes, amis,
ennemis ou simplement curieux, courent vers l'endroit où est allé Jésus. Et,
en courant, ils ont des mauvais regards, ou se réconfortent de cette joie
inespérée, ou posent des questions suivant que ce sont des amis avec des
ennemis, ou des amis entre eux, ou des curieux.
570.3 – Jésus s'est arrêté sur une
place, près de l'inévitable fontaine ombragée par un arbre et il se place
contre le mur humide de la fontaine. Ici elle est recouverte d'un petit
portique ouvert seulement d'un côté ; c'est plutôt un puits qu'une fontaine.
Il ressemble au puits de En Rogel.
Il est en train de parler avec une femme qui Lui
présente son petit garçon qu'elle a dans ses bras. Je vois que Jésus consent
et qu'il met sa main sur la tête de l'enfant. Et tout de suite après, je vois
que la mère lève son enfant et crie :
"Malachie,
Malachie, où es-tu ? Notre garçon n'est plus difforme."
Et la femme crie son hosanna auquel s'unit celui de la foule pendant qu'un
homme se fraie un passage et va se courber devant le Seigneur.
Les gens commentent. Les femmes, mères pour la plupart, se félicitent avec la
femme qui a eu cette faveur. Ceux qui sont les plus éloignés allongent le cou
et demandent : "Mais qu'est-il arrivé ?" après avoir crié hosanna
pour s'unir à ceux qui savent ce qui est arrivé.
"Un enfant bossu, bossu au point de tenir difficilement sur ses jambes.
Il était long ainsi, exactement ainsi, tellement il était courbé. Il
paraissait trois ans et en avait sept. Maintenant, regardez-le ! Il est grand
comme tous, droit comme un palmier, agile. Voyez-le comme il grimpe au muret
de la fontaine pour qu'on le voie et pour voir lui-même. Et comme il rit
joyeusement !"
570.4 – Un galiléen se tourne vers
quelqu'un qui a de larges nœuds à sa ceinture — je ne crois pas me tromper en
l'appelant rabbi — et il lui demande :
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176> "Hé ! Qu'en dis-tu ? C'est une
œuvre du démon, cela aussi ? En vérité si le démon agit ainsi, en enlevant
tant de malheurs pour rendre les hommes heureux et faire louer Dieu, il
faudra dire que c'est le meilleur serviteur de Dieu !"
"Blasphémateur, tais-toi !"
"Je ne blasphème pas, rabbi. Je commente ce que je vois. Pourquoi votre
sainteté ne nous apporte-t-elle que fardeaux et malheurs et nous met-elle sur
les lèvres des reproches et des pensées de défiance envers le Très-Haut,
alors que les œuvres du Rabbi de Nazareth nous donnent la paix et la
certitude que Dieu est bon ?"
Le rabbi ne répond pas, il s'éloigne et s'en va bavarder avec d'autres de ses
amis.
570.5 – L'un d'eux se détache et se
fraie un passage pour aller en face de Jésus, qu'il interpelle ainsi, sans le
saluer d'abord :
"Que comptes-tu faire ?"
"Parler à ceux qui demandent ma parole" répond Jésus en le
regardant dans les yeux, sans mépris, mais aussi sans peur.
"Cela ne t'est pas permis. Le Sanhédrin ne le veut
pas."
"C'est la volonté du Très-Haut, dont le Sanhédrin devrait être le
serviteur."
"Tu es condamné, tu le sais.
Tais-toi, ou..."
"Mon nom est Parole. Et la Parole parle."
"Aux samaritains... Si tu étais vraiment ce que tu dis que tu es, tu ne
donnerais pas ta parole aux samaritains."
"Je l'ai donnée et je la donnerai aux galiléens, comme aux juifs et
comme aux samaritains, car il n'y a pas de différence aux yeux de
Jésus."
"Essaie donc de la donner en Judée, si tu l'oses … !"
"En vérité, je la donnerai. Attendez-moi. N'es-tu pas Éléazar ben Parta ?
Oui ? Alors il est certain que tu verras Gamaliel avant Moi. Dis-lui,
en mon nom, qu'à lui aussi je donnerai, après vingt et un ans, la réponse
qu'il attend. As-tu compris ? Rappelle-toi bien : à lui aussi, je donnerai
après vingt et un ans, la réponse qu'il attend.
Adieu."
"Où ? Où veux-tu parler ? Où veux-tu répondre au grand Gamaliel ? Il a
certainement quitté Gamala de Judée
pour entrer à Jérusalem. Mais s'il était encore à Gamala, tu ne pourrais pas
lui parler."
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177> "Où ? Et où se rassemblent les
scribes et les rabbis d'Israël ?"
"Dans le Temple ? Toi, dans le Temple ? Et tu oserais ? Mais tu ne sais
pas..."
"Que vous me haïssez ? Je le sais. Il me suffit de n'être pas haï par
mon Père. D'ici peu le Temple frémira à cause de ma parole."
Et sans plus s'occuper de son interlocuteur il ouvre les bras pour imposer le
silence aux gens qui s'agitent en deux courants opposés et manifestent contre
les perturbateurs.
570.6 – Il se fait un silence subit,
et Jésus parle dans ce silence :
"À Silo j'ai parlé des mauvais conseillers et
de ce qui peut réellement faire, d'un conseil, un bien ou un mal. À vous qui
n'êtes plus seulement de Lébona, mais de tous les endroits de la Palestine,
je propose maintenant cette parabole. Nous l'appellerons : "La parabole
des mal conseillés".
Écoutez. Il y avait une fois une famille très nombreuse,
au point d'être une tribu. Les nombreux enfants s'étaient mariés en formant
autour de la première famille beaucoup d'autres familles avec de nombreux
enfants. Ces derniers à leur tour, en se mariant, avaient formé d'autres
familles. De sorte que le vieux père s'était, pour ainsi dire, trouvé à la
tête d'un petit royaume dont il était le roi.
Comme il arrive toujours dans les familles, parmi les nombreux enfants et les
enfants des enfants, il y en avait de différents caractères : des bons et
justes, des orgueilleux et injustes. Ceux qui étaient contents de leur sort
et ceux qui étaient envieux, leur part leur semblant plus petite que celle
d'un frère ou d'un parent. Et il y avait, près du plus mauvais, le meilleur
de tous. Et il était naturel que ce dernier fût le plus tendrement aimé du
père de toute la grande famille. Et, comme il arrive toujours, le mauvais et
ceux qui lui ressemblaient davantage, haïssaient le bon parce qu'il était le
plus aimé, ne réfléchissant pas qu'eux aussi auraient pu être aimés s'ils
avaient été bons comme lui. Et celui qui était bon et auquel le père confiait
ses pensées pour qu'il les dît à tous, était suivi par d'autres qui étaient
bons. De cette façon la grande famille s'était divisée en trois parties :
celle des bons et celle des mauvais, et entre l'une et l'autre la troisième
partie faite des indécis, qui se sentaient attirés vers le bon fils, mais
craignaient le fils mauvais et ceux de son parti. Cette troisième partie
louvoyait entre l'une et l'autre des deux premières et ne savait pas se
décider avec fermeté pour l'une ou l'autre. Alors le vieux père, en voyant
cette indécision, dit à son fils bien-aimé :
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178> "Jusqu'à présent tu as dépensé
ta parole spécialement pour ceux qui l'aiment et pour ceux qui ne l'aiment
pas, parce que les premiers te la demandent pour m'aimer toujours plus avec
justice, et parce que les autres sont des sots qu'il faut rappeler à la
justice. Mais tu vois que ces sots non seulement ne l'accueillent pas en
restant ce qu'ils étaient, mais qu'à leur première injustice envers toi, qui
leur portes mon désir, ils joignent celle de corrompre par de mauvais
conseils ceux qui ne savent pas vouloir fortement prendre le meilleur chemin.
Va donc les trouver, et parle-leur de ce que je suis, et de ce que tu es, et
de ce qu'ils doivent faire pour être avec moi et avec toi".
570.7 – Le fils, toujours obéissant,
alla comme le voulait le père, et chaque jour il conquérait quelque cœur. Et
le père vit ainsi clairement quels étaient ses vrais fils rebelles, et il les
regardait avec sévérité, sans cependant leur faire des reproches parce qu'il
était père, et qu'il voulait les attirer à lui par la patience, l'amour et
l'exemple des bons.
Mais les mauvais dirent quand ils se virent seuls :
"Ainsi il apparaît trop clairement que nous sommes les rebelles.
Auparavant ils nous confondaient parmi ceux qui n'étaient ni bons ni mauvais.
Maintenant, vous les voyez, ils vont tous derrière le fils aimé. Il faut
agir, détruire son œuvre. Allons, en feignant de nous être ravisés, parmi
ceux qui sont à peine convertis, et aussi près des plus simples des
meilleurs; et répandons le bruit que le fils aimé feint de servir le père,
mais qu'en réalité il se fait des partisans pour ensuite se révolter contre lui;
ou bien disons que le père a l'intention d'éliminer son fils et ses
partisans, parce qu'ils triomphent trop et offusquent sa gloire de père-roi
et que par conséquent, pour défendre le fils aimé et trahi, il faut le
retenir parmi nous, loin de la maison paternelle où l'attend la
trahison".
Et ils allèrent, si finement rusés en suggérant et répandant leurs avis et
leurs conseils, que beaucoup tombèrent dans le piège, spécialement ceux qui
étaient convertis depuis peu, auxquels les mauvais conseillers donnaient ce
mauvais conseil :
"Voyez combien il vous a aimés ? Il a préféré venir parmi vous plutôt
que de rester près de son père ou du moins près de ses bons frères. Il a tant
fait qu'en présence du monde il vous a relevé de votre abjection d'êtres qui
ne savaient pas ce qu'ils voulaient et dont tout le monde, à cause de cela,
se moquait.
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179> À cause de cette prédilection à
votre égard, vous avez le devoir de le défendre, et même de le retenir, de
force si vos paroles de persuasion ne suffisent pas pour le maintenir dans
votre camp. Ou bien soulevez-vous pour le proclamer votre chef et roi et
marchez contre le père inique et ses fils iniques comme lui".
Certains hésitaient en faisant remarquer :
"Mais lui veut, a voulu que nous allions avec lui pour honorer le père,
et il nous a obtenu bénédiction et pardon".
À ces derniers ils disaient :
"Ne croyez pas ! Il ne vous a pas dit toute la vérité et le père ne vous
a pas montré toute la vérité. Il a agi ainsi parce qu'il sent que le père va
le trahir et qu'il a voulu éprouver vos cœurs pour savoir où trouver
protection et refuge. Mais peut-être... il est si bon ! Peut-être ensuite il
se repentira d'avoir douté de son père et il voudra revenir à lui. Ne le lui permettez pas".
Et beaucoup promirent :
"Nous ne le permettrons pas."
Et ils s'enflammèrent en faisant des projets susceptibles de retenir le fils
aimé. Ils ne s'aperçurent pas que pendant que les mauvais conseillers
disaient : "Nous vous aiderons pour sauver le béni", leurs yeux
étaient pleins de lueurs mensongères et cruelles, et qu'ils se faisaient des
clins d'œil en se frottant les mains et en murmurant : "Ils tombent dans
le piège ! Nous allons triompher !" chaque fois que quelqu'un
adhérait à leurs paroles sournoises.
570.8 – Puis les mauvais conseillers
s'en allèrent. Ils s'en allèrent en répandant dans d'autres endroits le bruit
que bientôt on aurait vu la trahison du fils aimé, sorti des terres de son
père pour créer un royaume, opposé au père, avec ceux qui haïssaient le père
ou du moins ne lui donnaient pas un amour assuré. Et ceux qui avaient été
suggestionnés par de mauvais conseils complotaient pendant ce temps comment
faire pour amener le fils aimé au péché de rébellion qui aurait scandalisé le
monde.
Les plus sages seulement d'entre eux, ceux chez lesquels étaient pénétrée
plus profondément la parole du juste et y avait mis des racines parce qu'elle
était tombée dans un terrain avide de l'accueillir, dirent, après avoir
réfléchi :
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180> "Non. Il n'est pas bien de le
faire. C'est un acte de malveillance envers le père, envers le fils et même
envers nous. Nous connaissons la justice et la sagesse de l'un et de l'autre.
Nous la connaissons même si malheureusement nous ne l'avons pas toujours
suivie. Et nous ne devons pas penser que les conseils de ceux qui ont
toujours été ouvertement contre le père et la justice, et aussi contre le
fils aimé par le père, puissent être plus justes que ceux que nous a donnés
le fils béni".
Et ils ne les suivirent pas. Au contraire, avec amour et avec douleur, ils
laissèrent aller le fils là où il devait, en se bornant à l'accompagner avec
des signes d'amour jusqu'aux limites de leurs champs et à lui promettre dans
leur adieu :
"Tu vas, nous, nous restons. Mais tes paroles sont en nous et dorénavant
nous ferons ce que veut le père. Pars tranquille. Tu nous a enlevés pour
toujours de l'état où tu nous a trouvés. Maintenant, mis sur la bonne voie,
nous saurons y progresser jusqu'à rejoindre la maison paternelle de manière à
être bénis par le père".
Au contraire certains donnèrent leur adhésion aux mauvais conseillers et ils
péchèrent en tentant le fils aimé et en le ridiculisant comme sot parce qu'il
était obstiné dans l'accomplissement de son devoir.
570.9 – Maintenant
je vous demande :
"Pourquoi le même conseil a-t-il opéré de manières diverses ?" …
Vous ne répondez pas ? Je vais vous le dire comme je l'ai dit à Silo.
Parce que les conseils acquièrent de la valeur ou deviennent nuls, selon
qu'ils sont ou ne sont pas accueillis. C'est inutilement que quelqu'un est
tenté par de mauvais conseils. S'il ne veut pas
pécher, il ne péchera pas. Et il ne sera pas puni pour avoir dû entendre les
insinuations des mauvais. Il ne sera pas puni car Dieu est juste et Il ne
punit pas des fautes qui n'ont pas été faites. Il ne sera puni que si, après
avoir dû écouter le Mal qui le tente, il le met en pratique sans user de son
intelligence pour méditer la nature du conseil et son origine. Il n'aura pas
d'excuse pour dire : "Je le croyais bon". Est bon ce qui est
agréable à Dieu. Est-ce que Dieu pourrait approuver ou avoir pour agréable
une désobéissance ou une chose qui conduit à la désobéissance ? Est-ce que
Dieu peut bénir une chose qui s'oppose à sa Loi, c'est-à-dire à sa Parole ?
En vérité je vous dis que non. Et encore en vérité je vous dis qu'il faut
savoir mourir plutôt que de transgresser la Loi divine.
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181/182> À Sichem je parlerai encore pour vous rendre
justes en ce qui est de savoir vouloir ou ne pas vouloir pratiquer un conseil
qui vous est donné. Allez."
570.10 – Les gens s'en vont en
commentant.
"Tu as entendu ? Lui sait ce qu'ils nous ont dit ! Et il nous a rappelé
à la justice de la volonté" dit un samaritain.
"Oui. Et tu as vu comment se sont troublés les juifs et les scribes qui
étaient présents ?"
"Oui. Ils n'ont pas même attendu la fin pour s'en aller."
"Mauvaises vipères ! Pourtant... Lui dit ce qu'il veut faire. Il a tort.
Il pourrait se procurer des ennuis. Ceux de l'Ebal et du Garizim se sont bien
exaltés … !"
"Moi... je ne me suis jamais fait d'illusions. Le Rabbi, c'est le Rabbi.
Et c'est tout dire. Le Rabbi peut-il pécher en ne montant pas au Temple de
Jérusalem ?"
"Il trouvera la mort. Tu verras !... Et ce sera fini … !"
"Pour qui ? Pour Lui ? Pour nous ? Ou... pour les juifs ?"
"Pour Lui. S'il meurt !"
"Homme, tu es sot. Moi je suis d'Éphraïm.
Je le connais bien. J'ai vécu près de Lui deux lunes entières, davantage
encore. Il parlait toujours avec nous. Ce sera une douleur... mais ce ne sera
pas une fin, ni pour Lui, ni pour nous. Il ne peut mourir, finir, le Saint
des saints. Cela ne peut finir ainsi pour nous. Moi... je suis un ignorant,
mais je sens que le royaume viendra quand les juifs le croiront fini... Et
c'est eux qui seront finis..."
"Tu penses que les disciples vengeront le Maître ? Une révolte ? Un
massacre ? Et les romains … ?"
"Oh ! il n'est pas besoin de disciples, de vengeances humaines, de
massacres. Ce sera le Très-Haut qui les vaincra. Il nous a bien punis, nous,
pendant des siècles pour bien moins ! Veux-tu qu'il ne les punisse pas eux,
pour leur péché de tourmenter son Christ ?"
"Les voir vaincus ! Ah !"
"Ton cœur n'est pas comme le Maître le voudrait. Lui prie pour ses
ennemis..."
"Moi... je le suis demain. Je veux entendre ce qu'il va dire à
Sichem."
"Moi, également."
"Et moi aussi..."
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