Le dimanche 27
janvier 1946
88> 371.1 - Ils ne
brillent sûrement pas par leur héroïsme ceux qui suivent Jésus !
La nouvelle apportée par Judas ressemble à l'apparition d'un épervier au-dessus d'une
cour remplie de poussins ou d'un loup à proximité d'un troupeau !
Épouvante, ou pour le moins trouble, se lit sur les neuf dixièmes des visages
de ceux qui sont là et spécialement des hommes. Je crois que plusieurs ont
déjà l'impression du fil de l'épée ou de la flagellation, et le moins qu'ils
imaginent c'est de connaître les secrets des prisons en attendant un procès.
Les femmes sont moins agitées : elles se font plutôt du souci pour leurs
fils ou leurs maris, et elles conseillent aux uns et aux autres de s'égailler
par petits groupes en se dispersant dans les campagnes.
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89> Marie de Magdala s'élève contre ce flot de crainte exagérée :
"Oh ! Que de gazelles il y a en Israël ! Vous n'avez pas honte
de trembler ainsi ? Je vous ai dit que dans mon palais vous serez plus
en sûreté que dans une forteresse. Venez, donc ! Je vous donne ma parole
qu'il ne vous arrivera rien de rien. Si, en plus de ceux que Jésus a
désignés, il y en a d'autres qui pensent être en sécurité dans ma maison,
qu'ils viennent. Il y a des lits et des couchettes pour une centurie. Allons,
décidez-vous au lieu de mourir de peur ! Je prie seulement Jeanne de nous faire suivre
par des serviteurs avec des vivres, car au palais il n'y en a pas pour tant
de monde et maintenant le soir arrive. Un bon repas est le meilleur remède
pour redonner du courage aux peureux."
Elle n'est pas seulement imposante dans son habit blanc, mais suffisamment
d'ironie brille dans ses yeux
splendides, alors que du haut de sa taille elle regarde le troupeau apeuré
qui se presse dans le vestibule de Jeanne.
"Je m'en occupe tout de suite. Allez donc. Jonathas va vous suivre avec
des serviteurs, et moi avec lui, puisqu'on m'accorde la joie de suivre le
Maître, et sans peur, je vous l'assure, tellement que j'amène les enfants
avec moi" dit Jeanne.
Et elle se retire pour donner des ordres pendant que les premières
avant-gardes de l'armée craintive passent précautionneusement la tête hors du
portail et, voyant qu'il n'y a rien à craindre, osent sortir dans la rue et
s'éloigner suivies des autres.
Le groupe des
vierges est au milieu immédiatement après
Jésus qui est dans les premiers rangs. En arrière, oh ! en arrière des
vierges les femmes; et puis les moins... courageux qui sont protégés par Marie de Lazare qui s'est jointe aux romaines, décidées à ne pas se séparer de sitôt de Jésus. Mais
ensuite Marie de Lazare court en avant pour dire quelque chose à sa sœur et
les sept romaines restent avec Sara et Marcelle, restées elles aussi à l'arrière-garde sur l'ordre de
Marie et dans l'intention de faire passer les sept romaines encore plus
inaperçues.
Arrive à pas rapides Jeanne avec les enfants qu'elle tient par la main.
Derrière elle, Jonathas avec les serviteurs chargés de sacs et de paniers,
qui se mettent en queue de la petite troupe. En réalité personne ne les
remarque car les rues fourmillent de groupes qui rejoignent leurs maisons ou
leurs campements. D'ailleurs la pénombre rend les visages moins faciles à
reconnaître. Maintenant Marie de Magdala avec Jeanne, Anastasica et Élise est tout à fait au premier rang et, par des chemins
secondaires, elle conduit ses hôtes à son palais.
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90> 371.2 - Jonathas
chemine pour ainsi dire au niveau des romaines auxquelles il adresse la
parole comme à des servantes des disciples les plus riches. Claudia en profite pour lui
dire :
"Homme, je te prie d'aller appeler le disciple qui a apporté la
nouvelle. Dis-lui de venir ici et dis-le de manière à ne pas attirer
l'attention. Va !"
Le vêtement est modeste mais c'est le ton involontairement impératif de
quelqu'un habitué au commandement. Jonathas écarquille les yeux en essayant
de voir à travers le voile baissé qui lui parle ainsi. Mais il ne peut voir
que l'éclat des yeux autoritaires. Pourtant il doit se rendre compte que ce
n'est pas une servante la femme qui lui parle, et il s'incline avant d'obéir.
Il rejoint Judas de Kérioth qui parle avec
animation avec Étienne et Timon et il le tire par
son vêtement.
"Que veux-tu ?"
"J'ai quelque chose à te dire."
"Dis-la."
"Non. Viens en arrière avec moi. On te demande, pour une aumône, je
crois..."
L'excuse est bonne et acceptée paisiblement par les compagnons de Judas et
par lui-même avec enthousiasme. Il revient rapidement en arrière avec
Jonathas.
Le voilà au dernier rang.
"Femme, voilà l'homme que tu voulais" dit Jonathas à Claudia.
"Je te suis reconnaissante de m'avoir rendu service" répond
celle-ci en restant toujours voilée. Et puis, s'adressant à Judas :
"Te plairait-il de t'arrêter un moment pour m'écouter ?"
Judas entend une façon de parler très raffinée, il voit deux yeux splendides
à travers le voile fin, peut-être sent-il proche une grande aventure et il y
consent sans difficulté.
371.3 - Le
groupe des romaines se sépare et il reste avec Claudia, Plautina et Valeria; les
autres continuent.
Claudia regarde tout autour. Elle voit qu'est solitaire le petit chemin où
ils se sont arrêtés et, de sa main très belle, elle rejette en arrière son
voile et découvre son visage.
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91>
Judas la reconnaît, et après un instant d'étonnement, il s'incline pour la
saluer en mêlant des gestes juifs à des paroles romaines :
"Domina !"
"Oui, c'est moi. Redresse-toi et écoute. Tu aimes le Nazaréen. Tu te
préoccupes de son bien. Tu as raison. C'est un vertueux et qu'il faut
défendre. Nous le vénérons comme grand et juste. Les juifs ne le
vénèrent pas. Ils le haïssent. Je le sais. Écoute. Écoute bien, rappelle-toi et
mets en pratique. Moi, je veux le protéger. Je ne suis pas comme la
luxurieuse de tout à l'heure. Avec honnêteté et vertu. Quand ton amour et ta
sagacité te permettront de voir qu'il y a un piège pour Lui, viens ou envoie
quelqu'un. Claudia peut tout sur Ponce. Claudia obtiendra la protection pour
le Juste. Tu comprends ?"
"Parfaitement, domina. Que notre Dieu te protège. Je viendrai, pourvu
seulement que je le puisse, je viendrai moi, personnellement. Mais comment
arriver jusqu'à toi ?"
"Demande toujours Albula Domitilla. C'est une seconde moi-même. Mais personne ne s'étonne
si elle parle avec des juifs car c'est elle qui s'occupe de mes libéralités.
On te croira un client. Peut-être cela t'humilie-t-il ?"
"Non, domina. Servir le Maître et obtenir ta protection, c'est un
honneur."
"Oui. Je vous protégerai. Je suis une femme, mais j'appartiens à la gens
Claudia. J'ai plus de pouvoir que tous les grands d'Israël car, derrière moi,
il y a Rome. Tiens, en attendant, pour les pauvres du Christ. Notre obole.
Cependant... je voudrais qu'on me laisse parmi les disciples ce soir.
Procure-moi cet honneur et tu seras un protégé de Claudia."
Sur un type comme l'Iscariote, les paroles de la patricienne ont un effet prodigieux. Il est au septième
ciel... Il ose demander :
"Mais vraiment tu l'aideras ?"
"Oui, son Royaume mérite d'être fondé, car c'est un royaume de vertu. Il
sera le bienvenu pour s'opposer aux laideurs qui recouvrent les royaumes
actuels, et qui me dégoûtent. Rome est grande, mais le Rabbi est bien plus grand que
Rome. Sur nos enseignes, nous avons les aigles et l'orgueilleuse inscription,
mais sur les siennes il y aura les Génies et son saint Nom. Grandes, vraiment
grandes seront Rome et la Terre, quand elles mettront ce Nom sur leurs
enseignes et quand son signe sera sur les étendards et sur les temples, sur
les arches et les colonnes."
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92> Judas est stupéfait, songeur, extatique. Il balance la
lourde bourse qui lui a été donnée, et il
le fait machinalement, et en hochant la tête il dit : "oui, oui,
oui" à tout.
"Maintenant donc, allons les rejoindre. Nous sommes alliés, n'est-ce
pas ? Alliés pour protéger ton Maître et le Roi des âmes honnêtes."
Elle descend son voile, et rapide, agile, elle s'en va presque en courant rejoindre le groupe qui l'a précédée, suivie des
autres et de Judas qui a le souffle court non pas tant par la course que par
ce qu'il a entendu. Le palais de Lazare est en train d'avaler les derniers
groupes de disciples quand ils le rejoignent. Ils entrent rapidement, et le
portail de fer se referme avec le grand bruit de ferraille des verrous
poussés par le gardien.
371.4 - Une
seule lampe, portée par la femme du gardien, a du mal à éclairer le vestibule
carré entièrement blanc du palais de Lazare. On comprend que la maison n'est
pas habitée bien qu'elle soit gardée et tenue en ordre. Marie et Marthe
conduisent les hôtes dans un vaste salon, qui certainement sert pour les
banquets, aux murs fastueux couverts d'étoffés précieuses, qui montrent leurs
arabesques à mesure qu'on allume les lampadaires et qu'on place des lampes
sur les crédences, sur les coffres précieux, disposés le long des murs, ou
sur les tables qui s'y appuient, toutes prêtes à servir, mais inutilisées
depuis un certain temps. Mais Marie ordonne de les apporter au milieu de la
salle et de les préparer pour le souper avec les vivres que les serviteurs de
Jeanne retirent des sacs et des paniers et posent sur les crédences.
Judas prend Pierre à part et lui dit quelque chose à l'oreille. Je vois Pierre qui écarquille les yeux et qui
secoue sa main comme s'il s'était brûlé les doigts, en s'exclamant :
"Foudres et cyclones ! Mais que dis-tu ?"
"Oui. Regarde et réfléchis ! Ne plus avoir peur ! N'être plus
ainsi angoissé !"
"Mais c'est trop beau ! Trop ! Mais qu'a-t-elle dit ? Que
vraiment elle nous protège ? Que Dieu la bénisse ! Mais qui
est-ce ?"
"Celle qui a un vêtement couleur de tourterelle sauvage, grande, mince. Vois, elle nous regarde..."
Pierre regarde cette femme de haute taille, au visage régulier et sérieux, aux yeux doux et pourtant impérieux.
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93> "Et... comment as-tu fait pour lui parler ?
Tu n'as pas eu..."
"Non, pas du tout."
"Et pourtant, tu haïssais les contacts avec eux ! Comme moi, comme
tous..."
"Oui, mais je les ai surmontés pour l'amour du Maître. Comme j'ai
surmonté le désir de rompre avec les anciens compagnons du Temple...
Oh ! Tout pour le Maître ! Vous tous, et ma mère avec vous, vous
croyez à de la duplicité. Toi, récemment, tu m'as reproché mes amitiés. Mais
si je ne les conservais pas et avec beaucoup de difficultés, je ne saurais
pas tant de choses. Ce n'est pas bien de se mettre un bandeau sur les yeux et
de la cire dans les oreilles de peur que le monde n'entre en nous par les
yeux et les oreilles. Quand on est dans une entreprise semblable à la nôtre,
il faut veiller à avoir les yeux et les oreilles bien ouverts. Veiller pour
Lui, pour son bien, pour sa mission, pour la fondation de ce royaume
béni..."
Un grand nombre d'apôtres et quelques disciples se sont approchés et écoutent
avec des signes de tête approbatifs. Car, en effet,
on ne peut pas dire que Judas parle mal !
Pierre, honnête et humble, le reconnaît et il dit :
"Tu as vraiment raison ! Pardonne mes reproches. Tu vaux mieux que
moi, tu sais y faire. Oh ! allons le dire au Maître, à sa Mère, à la
tienne ! Elle était si angoissée !"
"Parce que des mauvaises langues ont insinué... Mais pour l'instant,
tais-toi. Après, plus tard. Tu vois ? Ils s'assoient à table et le
Maître nous fait signe d'y aller..."
371.5 - ... Le
souper est vite consommé. Même les romaines, assises aux tables des femmes, mêlées à elles, - c'est
ainsi que Claudia se trouve entre Porphyrée et Dorca -, mangent en silence ce
qu'on leur sert. Entre elles et Jeanne et Marie de Magdala, circulent de
mystérieuses paroles faites de sourires et de clins d’œil. Elles semblent des
écolières en vacances.
Jésus, après le repas, commande de former un carré de siège et d'y prendre place pour l'écouter. Il se place au milieu
et il commence à parler au centre d'un carré de visages attentifs où il n'y a
de fermés que les yeux innocents du bébé de Dorca qui dort sur le sein de sa
mère, et où vont tomber de sommeil ceux de Marie, assise sur les genoux de
Jeanne, et de Matthias, qui s'est accroupi sur les genoux de Jonathas.
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94> "Disciples hommes et femmes, rassemblés ici au Nom
du Seigneur, ou attirés ici par le désir de la Vérité, désir qui vient encore
de Dieu qui veut lumière et vérité dans tous les cœurs, écoutez.
Ce soir il nous est permis d'être tous unis, et c'est justement la méchanceté de ceux qui nous veulent dispersés qui nous
le procure. Et vous ne savez pas, vous dont les sens sont bornés, comme est
profonde et vaste cette union véritable, aurore des unions futures qui
existeront quand le Maître ne sera plus parmi vous, charnellement, mais sera
en vous par son esprit. Alors vous saurez aimer. Alors vous saurez pratiquer
l'amour. Pour l'instant, vous êtes comme des enfants encore au sein. Alors
vous serez comme des adultes qui peuvent goûter toute nourriture sans que
cela leur nuise. Alors vous saurez dire, comme Moi je le dis :
"Venez à moi, vous tous, parce que nous sommes tous frères et que c'est
pour tous que Lui s'est immolé".
371.6 - Trop de
préventions en Israël ! Ce sont autant de flèches qui lèsent la charité.
Je vous parle à vous, fidèles, ouvertement, car parmi vous il n'y a pas de
traîtres, ni de gens remplis de préventions qui séparent, qui se changent en
incompréhension, en entêtement, en haine, pour Moi qui vous indique les
routes de l'avenir. Je ne puis parler autrement. Et dorénavant je parlerai
moins parce que je vois que les paroles sont inutiles ou presque. Vous avez
eu de quoi vous sanctifier et vous instruire d'une manière parfaite. Mais
vous vous êtes peu élevés, spécialement vous, hommes mes frères, car la
parole vous plaît mais vous ne la mettez pas en pratique. Dorénavant et de plus en plus fréquemment,
je vous ferai faire ce que vous devrez faire quand le Maître sera retourné au
Ciel d'où il est venu. Je vous ferai assister à ce qu'est le Prêtre de
l'avenir. Plus que mes paroles observez mes actes, répétez-les, apprenez-les,
joignez-les à l'enseignement. Alors vous deviendrez des disciples parfaits.
Qu'a fait le
Maître aujourd'hui, et que vous a-t-il fait faire et pratiquer ? La charité
sous ses multiples formes. La charité envers Dieu. Non seulement la charité
de prières vocales, rituelles, mais la charité active qui renouvelle dans le
Seigneur, qui dépouille de l'esprit du monde, des hérésies du paganisme, qui
n'existe pas seulement chez les païens, mais aussi en Israël, avec les mille
coutumes qui se sont substituées à la Religion vraie, sainte, ouverte, simple
comme tout ce qui vient de Dieu. Il ne faut pas des actions bonnes, ou telles
en apparence pour être loué par les hommes, mais des actions saintes pour
mériter la louange de Dieu.
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95> Celui qui est né, meurt. Vous le savez. Mais
la vie ne finit pas avec la mort. Elle continue sous une autre forme et pour
l'éternité avec une récompense pour celui qui a été juste, avec un châtiment
pour celui qui a été mauvais. Que cette pensée d'un certain jugement ne
paralyse pas pendant la vie et à l'heure de la mort, mais qu'elle soit un aiguillon et un frein, un aiguillon qui pousse au bien,
un frein qui écarte des mauvaises passions. Soyez donc vraiment amis du Dieu vrai, en
agissant toujours au cours de la vie avec l'intention de Le mériter dans la
vie future.
O vous qui aimez les grandeurs, quelle grandeur plus grande que celle de
devenir des fils de Dieu, des dieux par conséquent ? O vous qui craignez
la douleur, quelle certitude de ne plus souffrir que celle qui vous attend au
Ciel ? Soyez saints. Vous voulez fonder un royaume dès cette
Terre ? Vous vous sentez en proie aux embûches et vous craignez de ne
pas y réussir ? Si vous agissez en saints, vous réussirez. Car la
puissance même qui nous domine ne pourra l'empêcher, malgré ses cohortes, car
vous persuaderez les cohortes de suivre la doctrine sainte de même que Moi,
sans violence, j'ai persuadé les femmes de Rome qu'ici se trouve la
Vérité..."
"Seigneur !..." s'écrient
les romaines en se voyant découvertes.
"Oui, femmes.
371.7 - Écoutez
et souvenez-vous. Je vais dire à ceux d'Israël qui me suivent, je vais vous
dire à vous qui n'êtes pas d'Israël mais qui avez une âme droite, le statut
de mon Royaume.
Pas de révoltes, elles ne servent pas.
Sanctifier l'autorité en l'imprégnant de notre sainteté. Ce sera un long
travail, mais il sera victorieux. Avec douceur et patience, sans folles
hâtes, sans déviations humaines, sans révoltes inutiles, en obéissant là où
l'obéissance ne nuit pas à l'âme elle-même, vous arriverez à faire de l'autorité, qui maintenant nous domine
avec le paganisme, une autorité protectrice et chrétienne. Faites votre
devoir de sujets envers l'autorité comme vous faites celui de fidèles envers
Dieu. Appliquez-vous à voir en toute autorité non pas quelqu'un qui vous
opprime, mais quelqu'un qui vous élève, car il vous donne la possibilité de
le sanctifier et de vous sanctifier par l'exemple et l'héroïsme.
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96> De même que vous
êtes de bons fidèles et de bons citoyens, efforcez-vous d'être de bonnes
épouses, de bons maris, saints, chastes, obéissants, affectueux l'un pour
l'autre, unis pour élever vos enfants dans le Seigneur, pour être paternels
et maternelles même avec les serviteurs et les esclaves, qui eux aussi ont
une âme et une chair, des sentiments et des affections, comme vous les avez.
Si la mort vous enlève le compagnon ou la compagne, ne désirez pas, si possible,
un nouveau mariage. Aimez les orphelins même pour le compagnon disparu. Et
vous, serviteurs, soyez soumis aux maîtres et s'ils sont imparfaits,
sanctifiez-les par votre exemple. Vous en aurez un grand mérite aux yeux du
Seigneur. Dans l'avenir, en mon Nom, il n'y aura plus de maîtres et de serviteurs,
mais des frères. Il n'y aura plus de races, mais des frères. Il n'y aura plus
d'opprimés et d'oppresseurs qui se haïssent, parce que les opprimés donneront
le nom de frères à leurs oppresseurs.
Aimez-vous
en une seule foi, en vous aidant l'un l'autre, comme je vous l'ai fait
faire aujourd'hui. Mais ne bornez pas l'aide aux pauvres, aux pèlerins de
votre race, ni à vos malades. Ouvrez les bras à tous comme la
Miséricorde vous les a ouverts à vous.
Que celui qui a davantage donne à celui qui n'a rien ou peu. Que celui qui sait davantage instruise celui
qui ne sait rien ou peu de chose, et qu'il instruise avec patience et
humilité, se rappelant qu'en vérité, avant que je ne l'instruise, il ne
savait rien. Recherchez la Sagesse non pour qu'elle vous fasse briller, mais
pour qu'elle vous aide à avancer dans les voies du Seigneur.
Que les femmes mariées aiment les vierges et réciproquement. Que les unes et les autres entourent les veuves
d'affection. Vous êtes toutes utiles dans le Royaume du Seigneur.
Que les pauvres n'aient pas d'envie, que les riches ne créent pas de la haine par l'étalage de leurs richesses et la
dureté de leurs cœurs.
Prenez soin des orphelins, des malades, de ceux qui n'ont pas de maison.
Ouvrez-leur votre cœur, avant de leur ouvrir votre bourse et votre maison,
parce que même si vous donnez, si c'est de mauvaise grâce, ce n'est pas
honneur mais offense que vous donnez à Dieu, qui est
présent en tout malheureux.
En vérité, en vérité je vous dis qu'il n'est pas difficile de servir le
Seigneur. Il suffit d'aimer. Aimer le Dieu vrai,
aimer le prochain quoiqu'il soit.
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97> En toute blessure
ou fièvre que vous soignerez, j'y serai. En tout malheur que vous soulagerez,
j'y serai. Et tout ce que vous ferez pour Moi dans le prochain, si c'est
bien, c'est à Moi que vous le ferez ; et si c'est mal, c'est à Moi aussi
que vous le ferez. Voulez-vous me faire souffrir ? Voulez-vous perdre le
Royaume de paix, votre devenir de dieu, seulement pour ne pas être bons avec
le prochain ?
371.8 - Jamais
plus nous ne serons unis ainsi. Il viendra d'autres Pâques... et nous ne pourrons être
ensemble pour de nombreuses raisons. La première à cause d'une prudence
sainte en partie et en partie exagérée, car tout excès est fautif, qui nous
obligera à être séparés. Les autres Pâques encore parce que je ne serai plus
avec vous... Mais souvenez-vous de cette journée. Faites à l'avenir, et non
pas pour la seule Pâque mais en toute occasion, ce que je vous ai fait faire.
Ne vous flattez
pas de m'appartenir facilement. M'appartenir, veut dire vivre dans la Lumière
et la Vérité, mais manger aussi le pain de la lutte et des persécutions.
Alors donc, plus votre amour sera fort et plus vous serez forts dans la lutte
et les persécutions.
Croyez en Moi, en ce que je suis réellement : Jésus Christ, le Sauveur,
dont le Royaume n'est pas de ce monde, dont la venue signifie la paix pour
les bons, dont la possession veut dire connaître et posséder Dieu, car vraiment celui qui m'a
en lui-même et qui est lui-même en Moi est en Dieu, et possède Dieu en son
esprit pour le posséder ensuite dans le Royaume céleste pour l'éternité.
La nuit est venue. Demain c'est la Parascève.
Allez. Purifiez-vous, méditez, faites une Pâque sainte.
Femmes d'une autre race mais dont l'esprit est droit, allez. Que la bonne volonté qui vous anime vous soit un chemin pour
venir à la Lumière. Au nom de ceux qui sont pauvres comme je le suis
Moi-même, je vous bénis pour l'obole généreuse et je vous bénis pour vos
bonnes dispositions envers l'Homme qui est venu apporter la paix et l'amour
sur la terre. Allez ! Et toi, Jeanne, et tous ceux qui ne craignent plus
des embûches, allez aussi."
371.9 - Un
murmure de stupeur parcourt l'assemblée au départ des romaines. Flavia avait écrit sur des
tablettes de cire les paroles de Jésus pendant qu'il parlait. Elles sont
rangées dans une bourse et les romaines prennent congé par un salut
collectif.
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98> Elles ne sont plus que six car Egla reste près de Marie de Magdala. Jeanne, Jonathas et les
serviteurs de Jeanne s'en vont emportant les enfants endormis dans leurs
bras. Or la stupeur est si grande qu'en dehors d'eux personne ne bouge. Mais
quand le bruit du portail qui se ferme indique que les romaines sont sorties,
une clameur succède au murmure.
"Mais qui sont-elles ?"
"Comment sont-elles parmi nous ?"
"Qu'ont-elles fait ?"
Et par-dessus tous Judas crie :
"Comment connais-tu, Seigneur, la riche obole qu'elles m'ont
donnée ?"
D'un geste, Jésus apaise le tumulte et il dit :
"C'est Claudia et ses dames. Et alors que les autres dames d'Israël,
craignant la colère de leurs maris ou avec la même pensée et les mêmes
sentiments que leurs maris, n'osent pas venir à ma suite, les païennes qu'on
méprise, avec de saintes ruses savent venir apprendre la Doctrine qui, même
reçue pour l'instant avec des sentiments humains, sert toujours à les
élever... Et cette fillette, qui était esclave mais de race juive, est la
fleur offerte par Claudia aux troupes du Christ, en la rendant à la liberté
et en la donnant à la foi du Christ. Pour ce qui concerne ce que je sais de
l'obole... oh ! Judas ! Tous, sauf toi, pourraient me poser cette
question ! Tu sais que Moi, je vois dans les cœurs."
"Alors tu as vu que j'ai dit la vérité quand j'ai parlé d'un piège que
j'ai éventé en allant faire parler... des êtres coupables ?"
"C'est vrai."
"Dis-le alors bien fort, pour que ma mère l'entende... Mère, je suis un
garçon, mais pas un scélérat... Mère, faisons la paix. Comprenons-nous,
aimons-nous, unis dans le service pour notre Jésus."
Et Judas, humble et affectueux, va embrasser sa mère qui lui dit :
"Oui, mon enfant ! Oui, mon Judas !
Bon ! Bon ! Sois toujours bon, ô mon enfant ! Pour toi, pour
le Seigneur ! Pour ta pauvre maman !"
371.10 - Pendant
ce temps plusieurs, dans la salle, s'agitent et font des commentaires et beaucoup déclarent que
c'est une imprudence d'avoir accueilli les romaines et le reprochent à Jésus.
Judas écoute et il quitte sa mère pour défendre le Maître. Il raconte sa
conversation avec Claudia et dit pour finir :
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99> "Ce n'est pas une aide méprisable. Et même, ne
l'ayant pas reçue auparavant parmi nous, nous n'avons pas évité la
persécution. Laissons-la faire. Et rappelez-vous bien qu'il vaut mieux ne pas en parler avec n'importe qui. Pensez que
si c'est dangereux pour le Maître, ce ne l'est pas moins pour nous d'être
amis des païens. Le Sanhédrin qui, au fond, est retenu par peur de Jésus par
un reste de crainte de lever la main sur l'Oint de Dieu, n'aurait pas tant de
scrupules de nous tuer comme des chiens, nous qui sommes de pauvres hommes
quelconques. Au lieu de faire ces visages scandalisés, rappelez-vous que tout
à l'heure, vous étiez comme autant de moineaux effarouchés, et bénissez le
Seigneur de nous aider par des moyens imprévus, illégaux si vous voulez, mais
si puissants pour fonder le Royaume du Messie. Nous pourrons tout si Rome
nous défend ! Oh ! moi, je ne crains plus ! C'est un grand
jour qu'aujourd'hui ! Plus que pour toutes les autres choses, pour
celle-là...
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