| Vision du jeudi 21 décembre 1944  (édition de 1985).
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   40.1 -
  Le Temple, aux jours de fête. La foule entre et sort par les portes de l'enceinte,
  traverse les cours, les atriums et les portiques, disparaît dans tel et tel
  édifice situé sur les différents niveaux où est disséminée l'agglomération du
  Temple. 
 Voici qu'entre aussi, en chantant des psaumes à voix basse, le groupe de la
  famille de Jésus. Tous les
  hommes d'abord, puis les femmes. D'autres personnes se sont jointes à eux,
  peut-être de Nazareth, peut-être des amis de Jérusalem. Je ne sais pas.
 
 Après avoir adoré le Très-Haut, de l'endroit - si je comprends bien où les
  hommes peuvent le faire - (les femmes se sont arrêtées un peu plus bas), Joseph se sépare accompagné du Fils, traverse les cours de
  nouveau en sens inverse. Il tourne à un endroit et entre dans une vaste pièce
  qui a l'aspect d'une synagogue. Je ne comprends pas bien. Y avait-il aussi
  des synagogues dans le Temple ? Il parle avec un lévite, et celui-ci
  disparaît derrière un rideau à rayures pour revenir ensuite avec des prêtres
  âgés. Je crois que ce sont des prêtres. Certainement ce sont des maîtres pour
  la connaissance de la Loi et donc chargés d'examiner les fidèles.
 
 
  40.2 -
  Joseph présente Jésus. Auparavant ils se sont inclinés
  profondément tous les deux devant une dizaine de docteurs qui ont dignement
  pris place sur des tabourets de bois peu élevés. "Voici, dit-il. C'est
  mon Fils. Depuis trois lunes et douze jours il est arrivé à l'âge que la Loi
  indique pour la majorité .
  Mais je veux qu'il soit majeur selon les préceptes d'Israël. Je vous prie de
  considérer que par sa complexion il montre qu'il est sorti de l'enfance et
  qu'il n'est plus mineur. Je vous prie de l'examiner avec bienveillance et
  justice pour juger ce que moi, son père, j'affirme ici être vrai. Je l'ai
  préparé pour cette heure et pour la dignité de fils de la Loi qu'il doit
  recevoir. Il connaît les préceptes, les traditions, les décisions, les
  coutumes des parchemins et des phylactères .
  Il sait réciter les prières et les bénédictions quotidiennes. 
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  Il peut donc, connaissant la Loi elle-même et ses trois branches 
  de l’Halakha ,
  Midrash  et Haggada , se conduire en homme. Pour ce motif, je désire être
  libéré de la responsabilité de ses actions et de ses péchés. À partir de
  maintenant, qu'il soit assujetti aux préceptes et prenne à son compte les
  peines pour les manquements à ceux-ci. Examinez-le."
 
 "Nous allons le faire.
  40.3 - Avance,
  mon enfant. Quel est ton nom ?" 
 "Jésus de Joseph, de Nazareth."
 
 "Nazaréen... Tu sais donc lire ?"
 
 "Oui, Rabbi, je sais lire les paroles écrites et celles qui sont
  contenues dans les paroles elles-mêmes."
 
 "Que veux-tu dire ?"
 
 "Je veux dire que je comprends aussi le sens de l'allégorie ou du
  symbole qui se cache sous l'apparence, comme la perle qui ne se voit pas,
  mais qui se trouve dans la coquille grossière et fermée."
 
 "Réponse qui n'est pas commune, et qui est très sage. On entend rarement
  cela sur les lèvres d'un adulte; et puis chez un enfant... et Nazaréen
  par-dessus le marché !"
 
 L'attention des dix s'est éveillée. Leurs yeux ne perdent pas un instant de
  vue le bel Enfant blond qui les regarde, sûr de lui, sans effronterie, mais
  sans peur.
 
 "Tu fais honneur à ton maître qui, assurément, est très savant."
 
 "La Sagesse de Dieu résidait dans son cœur juste."
 
 "Mais, écoutez! Heureux es-tu, père d'un tel fils !"
 
 Joseph qui est au fond de la salle sourit et s'incline.
 
 
  40.4 -
  On donne à Jésus trois rouleaux différents en disant : 
 "Lis celui qui a un ruban doré."
 
 Jésus ouvre le rouleau et lit. C'est le Décalogue .
  Mais après les premiers mots, un juge Lui enlève le rouleau en disant :
 
 "Continue, par cœur."
 
 Jésus parle avec tant d'assurance qu'on dirait qu'il lit. Chaque fois qu'il
  nomme le Seigneur, il s'incline profondément.
 
 "Qui t'a enseigné cela ? Pourquoi le fais-tu ?"
 
 "Parce que saint est ce Nom et on le prononce avec des marques
  intérieures et extérieures de respect .
  Devant le roi, qui ne l'est que pour peu de temps, les sujets s'inclinent et
  lui n'est que poussière. Devant le Roi des rois, le Très-Haut Seigneur
  d'Israël, présent, même s'il n'est visible que pour l'esprit, doit s'incliner
  toute créature qui dépend de Lui, d'une sujétion éternelle."
 
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  "Bravo ! Homme, nous te conseillons de faire instruire ton Fils par
  Hillel
  ou Gamaliel.
  C'est un Nazaréen... mais ses réponses font espérer qu'il sera un nouveau
  grand docteur."
 
 "Le Fils est majeur. Il fera comme il voudra. Pour moi, si sa volonté
  est honnête, je ne m'y opposerai pas."
 
 
  
 
  40.5 -
  "Enfant, écoute. Tu as dit : "Souviens-toi de sanctifier les fêtes .
  Mais, non seulement pour toi, mais pour ton fils et ta fille, ton serviteur
  et ta servante, mais jusque pour les bêtes de somme, il est dit de ne pas
  travailler le jour du sabbat" .
  Et bien dis-moi : si une poule pond un œuf ou si une brebis a son agneau le
  jour du sabbat, sera-t-il permis d'utiliser le fruit de ses entrailles ou
  bien faudra-t-il le considérer comme une chose abominable ?" 
 "Je sais que beaucoup de rabbins — le dernier, Chammaï
  est toujours vivant — affirment que l’œuf pondu le jour du sabbat n'a pas
  respecté le précepte .
  Mais je pense que autre est l'homme, autre est l'animal ou qui accomplit un
  acte animal comme l'enfantement. Si j'oblige une bête
  de somme à travailler, je me charge de son péché parce que je m'emploie à la
  faire travailler sous la menace du fouet. Mais si une poule pond l’œuf mûri
  dans son ovaire ou si une brebis met bas le jour du sabbat, parce que le
  moment est venu que son agneau voie le jour, non, cette action n'est pas un
  péché, ni en soi ni aux yeux de Dieu, ni l’œuf et l'agneau qui arrivent le
  jour du sabbat ne sont entachés d'un péché."
 
 "Pourquoi donc, si tout travail accompli durant le sabbat est un
  péché ?"
 
 "Parce que la conception et la génération correspondent à la volonté de
  Dieu et sont réglées par des lois qu'il a données à toute créature. Or la
  poule ne fait qu'obéir à cette loi qui prévoit qu'après un certain nombre
  d'heures de formation, l’œuf est complet et prêt pour la ponte. La brebis
  aussi ne fait qu'obéir à cette loi imposée par Celui qui a tout fait.
 
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  de page.
 
 270> Le Créateur a réglé que deux fois
  l'an, quand vient le sourire du printemps sur les prés fleuris, et quand les
  arbres perdent leurs feuilles, que le froid serre la poitrine de l'homme, les
  brebis obéissent à leur instinct pour donner ensuite dans l'autre période
  lait, viande et fromages nourrissants pour les mois les plus fatigants à
  cause des moissons ou les plus désolés à cause des gelées. Si donc une brebis
  donne le jour à un agneau quand l'heure est venue, son petit, on peut bien le
  regarder comme sacré, même pour l'autel parce qu'il est le fruit de
  l'obéissance au Créateur."
 
 
  40.6 -
  "Pour moi, j'arrête l'examen. Sa sagesse étonnante surpasse celle des
  adultes." 
 "Non. Il a dit aussi qu'il était capable de comprendre également les
  symboles. Écoutons-le."
 
 "Qu'il dise d'abord un psaume, les bénédictions, les prières."
 
 "Les préceptes aussi."
 
 "Oui. Dis les midrasciot ."
 
 Jésus énonce imperturbablement une litanie de "ne pas faire ceci... ne
  pas faire cela..." Si nous devions subir encore toutes ces restrictions,
  frondeurs que nous sommes, je vous assure qu'il n'y aurait plus personne de
  sauvé...
 
 "Ça suffit. Ouvre le rouleau au ruban vert."
 
 Jésus ouvre et se met à lire.
 
 "Plus loin, encore plus loin."
 
 Jésus obéit.
 
 "Suffit. Lis et explique, s'il te semble qu'il y ait un symbole."
 
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  "Dans la Parole Sainte, c'est rarement qu'elle manque. Et c'est nous qui
  ne savons pas le découvrir et en faire l'application. Je lis : quatrième
  livre des Rois, 
  chapitre XXII, verset 10 : "Le scribe Shaphân ,
  continuant de s'adresser au roi, dit : 'Le Souverain Prêtre Elcias m'a donné un livre'. Shaphân
  l'ayant lu en présence du roi, après avoir entendu les paroles de la Loi du
  Seigneur, déchira ses vêtements, puis il donna..."
 
 "Passe les noms."
 
 "... cet ordre : 'Allez consulter le Seigneur pour moi, pour le
  peuple, pour tout Juda, en ce qui concerne ce livre qu'on a
  découvert. En effet la grande colère de Dieu s'est allumée contre nous parce
  que nos pères n'ont pas écouté les paroles de ce livre de façon à en suivre
  les prescriptions'... "
 
 "C'est assez. Le fait s'est produit plusieurs siècles avant nous. Quel
  symbole trouves-tu dans un fait de chronique ancienne ?"
 
 "Je trouve qu'il ne faut pas circonscrire dans un temps ce qui est
  éternel. Éternel est Dieu et notre âme, éternels les rapports entre Dieu et
  l'âme. Ce qui avait provoqué alors les châtiments, c'est la même chose qui
  les provoque maintenant, et les effets de la faute sont les mêmes."
 
 "Qu'est-ce à dire ?"
 
 "Israël ne connaît plus la Sagesse qui vient de Dieu. C'est à Lui, non à
  de pauvres humains, qu'il faut demander la lumière et il n'y a pas de lumière
  sans justice et fidélité à Dieu. Alors, on pèche, et Dieu, dans sa colère,
  punit."
 
 "Nous n'avons plus la science ? Mais, que dis-tu, enfant ? Et
  les six cent treize préceptes ? "
 
 "Il y a des préceptes, mais ce ne sont que des mots. Nous les
  connaissons, mais nous ne les mettons pas en pratique. Donc nous ne les
  connaissons pas. Le symbole est celui-ci : tout homme, en tout temps, a
  besoin de consulter le Seigneur pour connaître sa volonté et y adhérer pour
  ne pas s'attirer sa colère."
 
 
  40.7 -
  "L'enfant est parfait. Même le piège de la question insidieuse n'a pas
  troublé sa réponse. Qu'on le conduise à la vraie synagogue." 
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 272> Ils passent dans
  une pièce plus vaste et plus décorée. Ici, première chose, on Lui raccourcit les
  cheveux. Joseph en recueille les boucles. Puis on ceint son vêtement rouge
  avec une longue ceinture qui fait plusieurs fois le tour de la taille. On Lui
  attache des banderoles au front, au bras et à son manteau. On les fixe avec
  des sortes de broches. Puis on chante des psaumes et Joseph, dans une longue
  prière, loue le Seigneur et appelle sur le Fils toutes les bénédictions.
 
 La cérémonie est finie. Jésus sort avec Joseph. Ils
  retournent à l'endroit d'où ils étaient venus. Réunion des hommes de la famille.
  On achète et offre un agneau puis avec la victime égorgée, on rejoint les
  femmes.
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