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Les stigmates trouvent leur
origine dans la Passion du Christ qui en transfère les marques symboliques
en signe d’union : marques des clous dans les mains et dans les pieds,
couronne d’épines, cœur transpercé auxquels s’ajoutent parfois des larmes
de sang
Le mot stigmate vient de saint Paul :
Je porte dans mon corps
les stigmates (stigmata) des souffrances de
Jésus (Galates 6,17).
Ce mot stigmate
avait un sens plus large dès saint Paul : les signes et le
prolongement de la Passion du Christ dans la vie des chrétiens.
La première personne connue pour avoir portés les stigmates visibles de la
Passion, fut saint François d’Assise au XIIIe siècle.
En 1224, deux ans avant sa mort, il priait lors de la fête de la Croix
glorieuse, le 14 septembre. Il voulait, avant qu’il ne meure, éprouver dans
son âme et dans son corps
les
souffrances que Toi, disait-il au Christ, Tu as dû subir dans ta cruelle
Passion, et ressentir cet amour
démesuré qui t'a conduit, Toi, le Fils de Dieu, à souffrir tant de
peines pour nous, misérables pécheurs !
Il reçut alors, d’une vision, cinq rayons de lumière qui
frappèrent son côté, ses deux mains et ses deux pieds, en même temps qu’il
éprouvait une joie mêlée de douleur. Ces stigmates demeurèrent jusqu’à sa
mort.
Le pape Sixte V (1585-1590), un franciscain, fixa la fête des stigmates de
saint François au 17 septembre et le pape Paul V (1605-1621) étendit cette
fête à l’Église universelle.
L’Église fête aussi, le 21 août, la transverbération de Thérèse d’Avila qui
reçue ces blessures d’Amour de la main d’un ange. Cet épisode célèbre est
raconté par elle-même au chapitre 29 de son Livre de vie
(un livre qui fut, là aussi, condamné en son temps).
Les stigmates ne sont pas que les marques visibles de la Passion du Christ sur les mains, les pieds et le
côté : ils peuvent prendre la forme de souffrances intérieures physiques et morales
portées par le stigmatisé.
Les stigmatisés.
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À la suite de saint Paul, portant des stigmates probablement
invisibles, puis saint François d’Assise les manifestant publiquement, on
connaît un flot ininterrompu de stigmatisés.
Au début du XXe siècle on recensait officiellement 321 stigmatisés dont 85%
étaient des femmes, principalement
religieux ou religieuses, mais pas uniquement. Un tiers seulement d’entre
eux a été canonisé.
Sept fois plus de femmes stigmatisées que d’hommes.
On peut donner beaucoup d’explications à ce constat, mais l’une concerne
assurément le rapport particulier de la femme au don de l’amour et à
l’amour compatissant plus spécifiquement. En effet, le don victimal, se
traduisant parfois par la stigmatisation, se comprend en partie par la
notion de compassion où on ne souffre pas de ses propres douleurs, mais de
celles causées à la personne qu’on aime, des douleurs partagées qui
allègent le fardeau de la personne éprouvée.
Cet amour compatissant se manifeste déjà par les femmes présentes
majoritairement au pied de la Croix avec un seul apôtre : celui que
Jésus aimait. Ce sont elles que l’on voit s’activer dans la tourmente de la
Passion quand d’autres disciples s’enfuient puis s’enferment.
Selon l’Évangile, c’est à une femme que Jésus se manifeste en premier dans
sa Gloire, et pas n’importe laquelle : Marie de Magdala qui fut
délivrée de sept démons. Il lui fut beaucoup
pardonné parce qu’elle avait beaucoup aimé.
Parmi les stigmatisés de l’Histoire, à la suite de saint Paul et de
François d’Assise, on connaît Thérèse d’Avila (1515-1582), Mme Acarie (1566-1618),
Véronique Giuliani (1660-1727), Anne-Catherine Emmerich (1774-
1824), Mariam Baouardy (1845-1878) et beaucoup
d’autres.
Notre époque ne fait pas exception : Berthe Petit (1870-1943), Gemma
Galgani (1878-1903), Padre Pio (1887-1968), Thérèse Neumann (1898-1962), Yvonne-Aimée
de Malestroit (1901-1951), Marthe Robin (1902-1981), Alexandrina de Balazar (1904-1955), Maria Teresa Carloni
(1919-1983), Natuzza Evolo
(1924-2009), …
Certaines sont encore vivantes comme Myrna de Souhanieh en Syrie.
Les stigmates invisibles de Maria Valtorta.
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D’autres eurent des stigmates invisibles, mais bien réels
comme Luisa Piccarreta (1865-1947), sœur Joséfa
Ménendez (1890-1923), sœur Faustine Kowalska
(1905-1938) et Maria Valtorta.
Elle raconte cet évènement dans son Autobiographie,
mais y revient plusieurs fois par la suite. De même, les dictées de Jésus
commentent souvent cette participation de Maria Valtorta à la Passion.
Elle l’obtient par une blessure d’amour, une transverbération comme en
eurent Thérèse d’Avila, Thérèse de l’Enfant Jésus ou Padre Pio.
Celles de Thérèse de Lisieux et de Padre Pio, sont décrites par eux-mêmes
en termes semblables. Il est intéressant de les connaître pour mieux
appréhender l’expérience mystique que vécut Maria Valtorta, le vendredi
saint 1934. Deux jours après cette transverbération, le jour de Pâques,
elle ne quittait plus son lit jusqu’à sa mort.
Voici la
narration de sainte Thérèse de Lisieux rapporté dans Histoire d’une âme :
Quelques
jours après mon Offrande à l’Amour
Miséricordieux, je commençais au chœur l’exercice de la Via Crucis (chemin de la Croix), quand je me sentis à un
moment comme blessée par un dard de feu si ardent que je crus mourir. Il
n’y a pas de comparaison possible pour faire comprendre de façon adéquate
l’intensité de cette flamme. Il me semblait qu’une force invisible
m’immergeait toute entière dans le feu… Et quel feu c’était ! Quelle
douceur !…
Voici, en parallèle, celle de Padre Pio rapportée dans une
lettre :
Bien
cher Père, (…) écoutez ce qu’il m’est arrivé vendredi dernier. J’étais à
l’église en train de faire mon action de grâces après la messe, quand je me
sentis tout à coup le cœur transpercé par un javelot de feu si vif et si
ardent que je crus en mourir.
Les mots me manquent pour vous faire comprendre l’intensité de cette flamme
: il m’est réellement impossible de le décrire. Me croirez-vous ? L’âme
victime de ces consolations devient muette. J’avais l’impression qu’une
force invisible me plongeait tout entier dans le feu… Mon Dieu, quel feu !
Quelle douceur !
J’ai vécu bon nombre de ces élans passionnés d’amour, et je suis resté
pendant un certain temps comme hors de ce monde. Les autres fois, ce feu a
été moins intense, mais cette fois-ci, un instant, une seconde de plus, et
mon âme se serait séparée de mon corps… elle serait partie avec Jésus.
Oh ! Qu’il est beau de devenir victime d’amour ! Et comment va mon âme en
ce moment ? Mon cher père, à présent Dieu a retiré son javelot de feu, mais
la blessure est mortelle…
N’allez pas croire, pourtant, que le “croque-mitaine” (=Satan) me laisse en
paix ; les tortures qu’il inflige à mon corps sont telles que je vous les
laisse imaginer d’après les consolations divines que mon âme reçoit. Mais
vive toujours Jésus, qui me donne tant de force que je peux me moquer de ce
“cosaque”.
Gemma Galgani s’était aussi sentie mourir lors de sa
transverbération.
Cette union aux souffrances du Christ fut désirée par Maria Valtorta. Elle
s’offrit dès 1931 en formulant son acte d’offrande à l’Amour
Miséricordieux, le même Amour que Thérèse de Lisieux, morte l’année de la
naissance de Maria Valtorta, et à qui elle portait une profonde admiration.
Je
désire moi aussi, écrit Maria Valtorta, à Ton imitation, être élevée sur la
croix de souffrance, sur ta croix de salut que la plupart fuient avec
terreur; crucifiée avec toi, pour toi, je veux expier pour ceux qui
pèchent, t’obéir pour ceux qui se rebellent, te bénir pour ceux qui te
maudissent, t’aimer pour ceux qui te haïssent, te supplier pour ceux qui
t’oublient, vivre, en un mot, dans un acte d’amour parfait, en rapportant
tout à toi, en te reconnaissant en tout, en aimant tout par toi et en toi,
enfin en acceptant tout de toi, mon Bien infini. Ô mon Bien-Aimé, par la
croix que je te demande, par la vie que je t’offre, par l’amour auquel
j’aspire, fais de moi une heureuse victime de ton Amour miséricordieux.
Maria Valtorta prend, à cette occasion, le nom de "Maria
de la Croix" et les souffrances arrivent alors "comme une
pluie" écrit-elle.
Mais c’est trois ans plus tard, le vendredi saint de 1934 qu’eut lieu sa
transverbération. Deux jours après, à Pâques, elle devient définitivement
grabataire.
À sa demande expresse, ses stigmates furent invisibles mais bien
réels : une blessure "qui
est douloureuse comme une lance crochue, incandescente, qui arrache et brûle la chair vive."
Cet épisode capital est raconté dans son Autobiographie, cinquième
partie =>. Mais l’histoire ne s’arrête pas
là, elle commence bien au contraire. Maria Valtorta a beaucoup aimé et
parce qu’elle a aimé totalement jusqu’à offrir sa vie, elle reçut le don
inestimable de l’œuvre dans un lien de cause à effet.
Elle termine son Autobiographie
par cette supplique :
À cause de mon sacrifice caché de chaque instant, Ô Père,
donne-moi des foules d'âmes à t'offrir. Fais-les avancer, et moi aussi,
dans la lumière.
C’est alors que commencent les
dictées et les visions qui allaient durer sept ans de manière quotidienne.
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