317> Au sujet des dictées des 24 au 29 août et
du 2 septembre 1944, dans le Pré-évangile.
Jésus dit :
« Certains points lumineux de mon
enseignement devraient vous ouvrir d’immenses horizons et aider grandement
vos âmes — tout comme celles que vous dirigez — à tendre à cette joie qu’est
le souvenir, la connaissance, la reconnaissance de ce qu’est Dieu, à jouir
d’un peu de ciel sur la terre, et à y trouver un grand secours pour
progresser en perfection. Mais devant les réponses obstinées de certains,
reprenons le sujet comme si nous nous trouvions en face d’enfants têtus
auxquels il faut enseigner inlassablement, en utilisant des arguments qui ne
peuvent être repoussés.
Qu’est-ce que l’homme ? Le Catéchisme
répond : "Une créature raisonnable composée d’une âme et d’un
corps."
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318> Qu’est-ce que l’âme ? Le Catéchisme
répond :
"C’est la partie la plus noble de l’homme, car c’est une substance
spirituelle douée d’intelligence et de volonté, capable de connaître Dieu et
de le posséder éternellement."
Qui a créé l’homme? Le Catéchisme répond : "Dieu l’a créé."
Pourquoi l’a-t-il créé ? Le Catéchisme répond : "Afin que
l’homme le connaisse, l’aime et le serve pendant cette vie et en
jouisse dans l’autre pour toujours."
Comment l’a-t-il créé ? La Genèse répond, au chapitre
Il, verset 7 :
« Alors Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla
dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant ».
Et au chapitre
1, verset 27, il est dit : « Dieu créa l’homme à son
image ». Le Catéchisme confirme: « L’homme fut créé à
l’image et à la ressemblance de Dieu ».
Comment cela ? Par le visage
peut-être ? Ou par la forme du corps ? Dieu n’a ni visage ni corps.
Pour devenir homme, j’ai dû revêtir votre forme, parce que je n’avais
pas de forme corporelle propre. Dieu est parfaitement Esprit, simple,
éternel, sans commencement ni fin. C’est pourquoi le Catéchisme
enseigne ceci : « Il est dit que l’homme est créé à l’image et à la
ressemblance de Dieu parce que l’âme humaine est spirituelle et raisonnable,
libre d’action, capable de connaître Dieu, de l’aimer et d’en jouir
éternellement, perfections qui reflètent en l’homme un rayon de l’infinie grandeur
du Seigneur ».
Un rayon de l’infinie grandeur du Seigneur ! C’est là une grande vérité,
puisque nous seuls - qui sommes un et trines - nous connaissons et jouissons
de nous en toute plénitude de joie, en nous engendrant nous-mêmes par ce
joyeux amour qui est connaissance de notre parfaite perfection. Et nous avons
voulu que vous nous ayez en exemple pour créer en vous cette créature
divinisée qu’est l’homme fils de Dieu, C’est pourquoi nous avons déposé en
vous l’amour qui est notre essence, et nous vous avons proposé l’amour comme
terme de la perfection pour que vous parveniez à être avec nous sans fin,
tout comme vous étiez en nous avant que la création n’existe, quand nous vous
contemplions, avant que vous ne soyez sortis du néant pour devenir
conformément à notre volonté, la créature qui porte le reflet de Dieu, lequel
l’a divinement conçue pour sa gloire.
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319> Or
rien ne peut exister en Dieu qui ne soit pas de Dieu. Pour cette raison,
l’homme est de Dieu et peut à juste titre l’appeler Père, et il est de son
devoir de désirer le rejoindre et le posséder après s’être efforcé de l’aimer
et de le connaître.
Bienheureux ceux qui savent s’élever au sommet de la béatitude : elle
est l’union à Dieu, autrement dit la connaissance de Dieu, la fusion avec
l’Amour, la contemplation de la Trinité qui est l’Un, du Feu qui ne se
consume pas mais recrée en faisant de la créature humaine ce qui fut pensé
par l’Amour: un dieu fils de Dieu. En vérité, le Père a mis le sceau de sa
paternité dans son fils, c’est-à-dire la capacité de connaître et d’aimer
Dieu, dans cette vie et dans l’autre.
Dieu a donc créé l’homme composé de deux substances, l’une appelée corps, -
initialement créée à partir de la boue puis procréée avec de la chair et du
sang de l’homme - et l’autre appelée âme, créée au coup par coup par
Dieu, pour une seule fois et pour un seul corps; celle-ci descend s’unir à la
chair qui se forme dans un sein. Sans âme, l’homme serait une créature
animale guidée par l’instinct et ses dons naturels. Sans corps, l’homme
serait une créature spirituelle pourvue des dons surnaturels d’intelligence,
de volonté et de grâce à l’instar des anges.
À ce chef-d’œuvre de la création qu’est
l’homme, en qui s’unissent les deux créatures, animale et spirituelle,
qu’est-ce que Dieu a apporté de plus que l’existence ? Des dons gratuits
que les théologiens répartissent en dons naturels, préternaturels et
surnaturels.
Naturels: Un corps sain et beau, avec cinq sens parfaits et une âme
raisonnable douée d’intelligence, de volonté et de liberté.
Préternaturels: l’intégrité, c’est-à-dire la parfaite sujétion à la
raison de la sensualité, libre de toute incitation quelle qu’elle soit; l’immortalité
du corps qui n’aurait pas dû connaître l’horreur de la mort; l’immunité
contre toute douleur; et la science proportionnée à sa condition
de créature élue, par conséquent une grande science que son
intelligence parfaite assimilait sans peine.
Surnaturels : la vision béatifique de
Dieu, la grâce qui fait de l’homme un enfant de Dieu et, pour destinée, la
jouissance éternelle de Dieu.
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320> Tant par l’origine que par les dons qu’il a
reçus, l’homme peut à juste titre se qualifier "d’enfant de Dieu"
et le connaître comme un fils connaît son père.
Qu’est-ce que la grâce ? Le Catéchisme répond :
"La grâce est un don surnaturel qui éclaire l’esprit, meut et affermit
la volonté afin que l’homme accomplisse le bien et s’abstienne du mal."
Mais elle est surtout amour. Amour de Dieu pour sa créature de prédilection
qu’est l’homme, amour qui l’élève à la nature du Créateur en le divinisant;
elle est donc juste, cette parole de la Sagesse :
"Vous êtes des dieux et des fils du Très-Haut." La grâce est en
outre un moyen de salut désormais nécessaire à l’homme affaibli par les
conséquences du péché. Plus active qu’on ne le saurait dire, quand elle ne rencontre
en vous aucun obstacle ou inertie qui contrecarre l’œuvre qu’elle veut
accomplir en vous, elle sanctifie la créature et ses actes; trois branches
mineures se greffent sur son tronc sublime, dites de la grâce actuelle,
suffisante et efficace. Mais
il s’agit d’une seule et même grâce: un principe transformateur, une qualité
divine inhérente à l’âme, pareille à la lumière dont l’éclat enveloppe et
pénètre l’âme, en efface les taches de la faute et lui transmet une beauté
radieuse.
Voilà ce que dit l’Église enseignante au concile
de Trente. En ce qui me concerne, moi qui suis le Maître des maîtres et
contemple la grâce telle qu’elle est, dans le "je suis" éternel
de Dieu, j’affirme que la grâce est le principe qui transforme la créature en
enfant de Dieu ; il s’agit par conséquent d’une qualité divine semblable à la
Lumière dont elle est issue et dont l’éclat enveloppe et pénètre les âmes —
que ce soit sous forme de don donné (comme à Adam) ou de don rendu (comme
dans le cas des chrétiens catholiques rentrés en grâce par les mérites de mon
Sacrifice et du Sacrement que j'ai institué)—, leur communiquant non
seulement une beauté radieuse, mais la capacité de voir et de connaître Dieu,
tout comme le premier homme le connaissait en le voyant et en le comprenant
par son âme remplie d’innocence et de grâce.
La grâce est donc restitution à l’homme de la capacité à aimer et à voir
Dieu. Elle est lumière qui permet de voir ce qui reste infiniment ténébreux
pour la pensée de l’homme, mais Lumière infinie pour l’âme en état de grâce;
elle est aussi voix, et voix de sagesse pour contempler Dieu; elle est don de
Dieu pour soutenir le désir de l’âme de connaître de Dieu; elle est moyen de
rappeler l’Origine comme celle-ci désire être rappelée; elle est enfin
instrument de divinisation de la créature.
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321> Et plus la créature grandit dans la grâce -
par sa volonté propre et par la justice à laquelle elle parvient par sa volonté
d’amour - plus grandira en elle ce qui est union au Divin, ainsi que
la sagesse - l’un des attributs divins -, et avec la sagesse la
capacité à comprendre, connaître et aimer la Vérité et les vérités. Car la
grâce est l’Esprit de Dieu qui entre en l’homme accompagné de tous ses dons,
pour transformer, élever, sanctifier les puissances et les actions de
l’homme. Et parmi ces dernières, la première et la principale, l’amour. C’est
l’action pour laquelle vous avez été créés.
Aimer et connaître. On n’aime que ce qu’on connaît. Et plus on aime, mieux on
connaît. Personne ne saurait affirmer qu’il aime un parent inconnu, ou un
habitant du bout du monde autant qu’il aime le parent qui vit auprès de lui
ou l’ami de la famille. Son amour n’irait pas plus loin qu’un vague sentiment
de fraternité ou de parenté, qui n’apporte aucune joie s’il dure, et ne cause
aucune peine s’il cesse. En revanche, la perte d’un parent bien connu ou d’un
ami est une vraie douleur. Et par la suite, on cherche à conserver chaque souvenir
de lui pour éprouver moins vivement ce sentiment de perte ou, s’il s’agit
seulement d’un éloignement, on essaie par tous les moyens de le rendre moins
absolu pour le ressentir moins intensément. Observez les enfants devenus
orphelins dès l’enfance, et voyez avec quelle impatience ils tentent de
reconstruire une figure idéale de leur parent disparu grâce aux souvenirs
qu’il leur a laissés ou par ce qu’ils ont pu entendre de la bouche de sa
parenté ou de ses amis.
L’homme a besoin d’aimer, or pour se sentir moins seul et pour aimer il doit
faire mémoire. Le souvenir ressemble à une chaîne qui unit à l’être aimé et
relie en dépit de la distance. On n’en voit pas l’autre bout, mais les
mouvements qu’on sent passer par la chaîne amoureuse du souvenir mutuel
assurent qu’on est aimé autant qu’on aime.
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322> Pour
cette raison, Dieu accorda aux premiers hommes la connaissance de lui, afin
qu’ils soient parfaitement heureux dans cette période de grâce et de joie, et
gardent ensuite un souvenir qui les unisse encore au Père; car si ce dernier
se cachait derrière les brumes du péché érigé comme un mur entre les hommes
déchus et la Perfection, il n’était pas définitivement perdu puisque l’amour
durait. Adam et Eve connurent Dieu, ils en eurent la vision béatifique et en
comprirent l’Essence parce que leur âme - je dis bien leur âme - en état de
grâce pouvait en saisir la beauté incorporelle et suprême, et en comprendre
la Sagesse dans la voix de Dieu, "dans la fraîcheur du soir″.
Oh, ces doux colloques, ces ravissements de créatures divinisées avec Dieu -
leur Auteur —, dans la paix du paradis terrestre, ces divins enseignements
appris sans effort par deux intelligences sans aucune tare d’imperfection
physique ou morale et acceptés sans aucun de ces entêtements qui vous rendent
difficile l’acceptation des leçons divines: vous ne savez plus, en effet,
aimer comme les innocents, ô pauvres hommes mutilés de trop de choses saintes
et encombrés d’éléments inutiles et nuisibles, pauvres hommes qui pourriez
redevenir parfaits si votre amour était parfait!
Et les leçons de Dieu ! Elles étaient sagesse qui se déversait de la
Source paternelle sur ses enfants bénis, une sagesse reçue comme un don,
aimée comme une fête, un amour mutuel qui était parole devancée par la
réponse, qui était confiance, qui était sourire, qui était paix! C’était une
page d’une joie détruite à jamais, une page écrite sur les livres de la vie
aux origines de la vie, puis entachée — et plus continuée depuis — par
l’empreinte ineffaçable du péché...
Qui peut te lire aux exilés pour leur faire
comprendre ce qu’ils ont perdu et pour qu’ils soient humbles ? Humbles à
la vue de leur déchéance et de la bonté de Dieu qui leur donne encore tant
d’amour et de sagesse, en dépit du fait que la tête orgueilleuse et indomptée
du Serpent soit toujours prête à se redresser en eux pour discuter avec Dieu
qui se révèle, conseille ou ordonne dans une bonne intention.
Adam et Eve possédaient donc le don de la grâce qui est amour, lumière,
sagesse, et connaissance de Dieu. Comme ils étaient des hommes publics et
privés à la fois, ainsi que les parents de toute la famille humaine, ils
auraient transmis ce don — comme tous les autres — à leurs descendants; ils
n’auraient pas eu besoin de peiner pour se souvenir de Dieu, pour s’élever
avec effort des ténèbres vers la Lumière en luttant contre le poids du Mal, à
contre-courant des tentations, contre les brumes de l’ignorance, contre toute
la misère provoquée par la désintégration de la grâce.
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323> Le souvenir ne leur aurait pas été
nécessaire puisqu’ils n’auraient pas eu à se rappeler le Bien perdu, et ils auraient
seulement connu la jouissance joyeuse de l’Aimé.
Mais Adam et Eve péchèrent, et Dieu les chassa de devant sa face; il les
exclut de son amitié et de l’Eden "en postant à l’entrée les
chérubins" — selon la Genèse —; il condamna l’humanité au travail, à la
souffrance, à l’ignorance, à la mort en ce qui concerne la partie matérielle
et, pour ce qui est de la partie spirituelle, à la privation de la grâce, de
la connaissance de Dieu et du paradis céleste. Le Catéchisme dit :
"Adam et Eve perdirent la grâce de Dieu et le droit au ciel qu’ils
possédaient, ils furent chassés du paradis terrestre, exposés à une foule de
misères de l’âme et du corps, et condamnés à mourir"; et aussi: "En
héritant de la faute, leurs descendants subirent les dommages de la privation
de la grâce, la perte du paradis, l’ignorance, l’inclination au mal, toutes
les misères de la vie et finalement la mort ", de sorte que
"si Dieu n’avait fait miséricorde, les hommes n’auraient plus pu être
sauvés".
Quel genre de miséricorde Dieu a-t-il
employé pour sauver le genre humain ? La réponse se trouve encore une
fois dans les pages de la Genèse et dans le Catéchisme : "La
miséricorde de promettre immédiatement à Adam la venue du Rédempteur — ou
Messie — et de l’envoyer au temps voulu délivrer les hommes de l’esclavage du
démon et du péché, pour les réintégrer dans l’état d’enfants de Dieu par la
restitution de l’état de grâce" en raison de mes mérites et de ma Passion.
Or dites-moi : si, au moment même de la condamnation, Dieu le Père en
tempère déjà la sévérité par l’espérance d’un rédempteur et la promesse d’un
pardon, cela ne prouve-t-il pas qu’il a lui-même voulu - lui qui, étant
Charité éternelle et parfaite, reste toujours miséricorde jusque dans la
justice - qu’il demeure des étincelles de lumière dans l’âme de l’homme pris
dans les ténèbres et les souffrances, étincelles destinées à empêcher tout
désespoir, tout abattement, tout abandon, tout affaiblissement chez ceux qui
n’ont plus aucun but et traînent leurs jours sans l’énergie de l’espérance?
Oui, en vérité, il en fut ainsi.
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324> Pour résumer tout ce que j’ai dit jusqu’ici
en m’appuyant sur la Genèse — écrit sous l’inspiration de l’Esprit Saint, ce
livre a donc Dieu pour auteur, comme le définit le concile du Vatican -
ainsi que sur le Catéchisme selon le texte prescrit par mon vrai Vicaire et
Pasteur, qui est maintenant avec moi au ciel après
m’avoir aimé parfaitement et rappelé parfaitement sur la terre -
vérité que personne ne peut rejeter sous peine d’être déclaré hérétique -,
l’on peut conclure que l’homme innocent et en état de grâce possédait le don
de grâce de connaître Dieu, de l’aimer et d’en jouir éternellement, et
que l’homme déchu reçut le don de miséricorde d’une promesse et donc
de se souvenir du Divin, don destiné à l’aider à bien agir pour être à même,
dans un avenir certain, de jouir de la vue et de la possession de Dieu après
les souffrances du châtiment.
Maintenant, après avoir traité le sujet de manière
générale, descendons dans les points que vous ne pouvez — ou plutôt que vous
ne voulez - pas accepter, dans les dictées du Pré-évangile des 24-29-30 août
1944 et du 2 septembre 1944 (l’enfance de Marie).
J’ai dit, le 2
septembre 1944 : "Ce sont là des
mystères trop élevés pour que vous puissiez les comprendre
parfaitement". Les érudits, surtout, ne peuvent les comprendre. Les
simples de cœur, que seuls l’Amour et la Sagesse instruisent, les comprennent
mieux parce qu’ils ne les critiquent pas. Pour eux, une parole
surnaturelle qui communique de la paix est une parole sûre, et ils la
reçoivent avec humilité et reconnaissance. Mais je vous le répète : certains
mystères ne peuvent se comprendre par une approche basée sur une méthode
analytique humaine. Soit on a une grande foi et une charité ardente, auquel
cas ils deviennent suffisamment clairs, soit on ne les comprend pas. Mais je
vous conseille d’accepter au moins les lumières que je vous donne, pour
rendre votre science un peu moins incomplète. Gardez à l’esprit que l’homme
le plus savant est toujours trop petit et fini par rapport à l’Infini, et à
la sagesse de l’Infini. Et je vous conseille encore de ne pas altérer mes
paroles, et de ne pas en déformer le sens pour faire de la peine au
porte-parole. Il n’est pas charitable de faire souffrir ses frères et
d’accuser des innocents.
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325> Vous
voulez savoir comment on a pu affirmer que les âmes préexistent. Où avez-vous
donc trouvé cette parole que je n’ai pas dite? Au fond de vos pensées, mais
pas dans mes pages ! Les âmes ne préexistent pas. Ce ne sont pas
des objets entassés dans des dépôts pour qu’on les prenne au moment voulu.
Dieu n’a nul besoin de stocks pour avoir du matériel à disposition.
Dans la dictée du 24 août 1944, je dis au petit Jean
(Maria Valtorta) : "Tu as vu la génération continuelle des
âmes par Dieu." J’avais employé ce terme pour vous donner à tous la
sensation, plus vive que jamais, que l’homme est enfant de Dieu parce que
celui qui l’engendre est père, et aussi pour vous faire comprendre
toute la beauté de cette part de vous-mêmes qui ressemble à Dieu. Il n’y a
rien en Dieu qui ne soit Dieu. Il s’ensuit que vos âmes, venant de Dieu, sont
surnaturellement divinisées par l’Origine et par la grâce infusée par le
baptême à ceux qui croient au vrai Dieu et au Christ Rédempteur, et conservée
en évitant le péché.
Si je vous éclairais déjà la fin en vous
montrant le commencement, qui est la vie céleste de possession de Dieu, si je
l’ai fait en vous montrant le commencement — la création de l’âme par
opération de Dieu, pour qu’elle s’incarne dans un corps et se sanctifie pour
être victorieuse au ciel —, il fallait me comprendre, car vous n’êtes pas
stupides... mais vous êtes savants et vous tenez à votre science. Mettez donc
de la bonne volonté à comprendre la pensée de votre Seigneur; qui est claire
et compréhensible par tous ceux qui en ont le désir. Eh quoi !
Ressembleriez-vous à ceux qui m’accusaient, du temps de ma condition de
mortel, et m’accusent encore parce que je soutiens qu’il vaut mieux se faire
violence à soi-même et s’arracher l’œil qui pèche, ou la main, ou le pied,
plutôt que de les conserver mais pécher ? Ne comprenez-vous donc pas
cette métaphore ? Ne savez-vous pas transposer une comparaison
matérielle sur le plan spirituel ? Eh bien, si vous êtes tellement
bornés, j’y pourvois en faisant remplacer le terme "génération" par
celui de "création".
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326> J’avais montré au porte-parole la vision
de la création des âmes.
Lisez la vision décrite par le porte-parole. C’est une vision qui,
comme je le dis plus loin, était montrée de façon à rendre l’acte créateur —
immatériel — visible à la voyante. Pour décrire cette vision, le porte-parole
emploie le terme "créer" de même qu’il reconnaît en toute
vérité et simplicité "ne pas voir, puis qu’[il]
se trouve au paradis — conclusion tout à fait juste de la voyante — quand
la tâche originelle souille les âmes". Au paradis, effectivement,
cela ne peut se produire. Vous voyez bien que le porte-parole est dans la
vérité. Il déclare également "ne pas voir les âmes qui, une fois leur
temps sur terre achevé, se séparent de la chair et reviennent pour
être jugées". Maria dit "comprendre comment elles sont jugées
aux changements d’expression de Jésus".
Revenir à l’Origine, se présenter devant
Jésus le Juge, ne signifie pas aller à un endroit donné ou aller exactement
au pied du trône éternel. Ce sont là des expressions destinées à aider votre
pensée. L’âme qui quitte le corps qu’elle animait se trouve immédiatement face
à la Divinité qui la juge, sans nul besoin de monter se présenter au seuil
du Royaume éternel. Le Catéchisme affirme que Dieu est au ciel, sur terre
et en tout lieu. Par conséquent, la rencontre se produit n’importe où. La
Divinité emplit la création. Elle est donc présente en tout lieu de la
création. C’est moi qui juge. Mais je suis inséparable du Père et de l’Esprit
Saint, omniprésents partout.
Le jugement est aussi rapide que l’a été l’acte créateur: moins d’un millième
de votre plus petite unité de temps. Dans l’atome de l’instant créateur l’âme
a le temps d’entrevoir la sainte Origine qui la crée et d’en emporter le
souvenir pour qu’il lui serve de religion instinctive et de guide dans sa
recherche de la foi, de l’espérance et de la charité qui, si vous l’observez
attentivement, se trouvent de manière floue, comme des germes informes,
jusque dans les religions les plus imparfaites — la foi en une divinité,
l’espérance d’une récompense attribuée par cette divinité, l’amour de cette
divinité —. De même, dans l’atome de l’instant du jugement particulier, l’âme
a le temps de comprendre ce qu’elle n’a pas voulu comprendre de son vivant
sur terre, ce qu’elle a haï comme un ennemi, méprisé ou nié comme s’il
s’agissait d’une fable dérisoire, ou même servi avec une tiédeur qui demande
réparation; elle a également le temps d’emporter dans son lieu d’expiation ou
pour la damnation éternelle le souvenir qui suscitera en elle des flammes
d’amour pour l’éternelle Beauté, ou la torture du châtiment par la mémoire
obsédante du Bien perdu que sa conscience intelligente lui reprochera d’avoir
voulu perdre librement. Car elle se souviendra de lui comme étant terrible,
sans pouvoir le contempler; en même temps qu’elle gardera mémoire de ses
péchés.
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327> La
création de l’âme et le jugement particulier sont les deux atomes d’instant pendant
lesquels les âmes des enfants de l’homme connaissent Dieu intellectuellement,
dans la juste mesure qui suffit à leur donner un instrument pour tendre
vers leur Bien à peine entrevu, mais demeuré inscrit dans leur substance ;
intelligente, libre, simple et spirituelle, celle-ci possède une
compréhension rapide, une volonté libre, des désirs simples, ainsi qu’un
mouvement (ou inclination, ou appétit, comme il vous plaira) de se réunir à
l’amour de celui dont elle vient et d’atteindre son but dont elle devine déjà
la beauté ou, sinon, à s’en détacher avec une haine parfaite pour rejoindre
son roi damné et trouver dans le souvenir de "l’objet de sa
haine" un tourment, le plus grand des tortures infernales, un désespoir;
une malédiction indescriptibles (se référer à la dictée du 15-1-44).
Quand j’ai dit:
"Soyez parfaits comme mon Père est parfait", ce n’était pas une
parole vaine ou exagérée.
L’homme était sur le point d’être élevé à nouveau à l’état de grâce. C’est
donc à bon droit que je pouvais vous laisser ce commandement de perfection. Car
vous avez été créés pour la perfection. Et ce désir des justes de
parvenir à la perfection est un désir spirituel qui provient directement
de Dieu, qui vient vous en donner le commandement : « Marche en
ma présence et sois parfait (Genèse 17, 1) ». De façon plus développée
bien qu’implicite, je vous le répète par les lois du Sinaï, les leçons des
Écrits de Sagesse, les paroles des patriarches, des prophètes, de tous les
hommes inspirés à travers lesquels je parle. Et enfin, de la manière la plus
directe et la plus explicite qui soit, par mon commandement : « Soyez
parfaits comme votre Père est parfait ». Et, en écho de ma Parole
éternelle, il se retrouve dans les paroles de mes saints, à partir de saint
Pierre.
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328> “Soyez parfaits", ai-je dit, pour
libérer l’esprit des hommes de l’Antiquité de ce sentiment de crainte
angoissée qui leur interdisait de penser être dignes de ressembler à leur
Père. Pendant un trop grand nombre de siècles, le Très-Haut était à leurs
yeux le Dieu terrible, et l’amour comme l’espérance et la foi tremblaient de
peur devant l’immensité sévère de Dieu. Mais voici venu désormais le temps de
la miséricorde, du pardon, de la paix, de l’amitié, du rapport de père à
enfant avec Dieu. C’est la raison du commandement de l’infinie perfection :
"Soyez parfaits comme votre Père est parfait", accompagné de
l’assurance implicite qui vous encourage à l’oser « car, si vous le
voulez, vous pouvez le devenir ».
Dieu ne fait pas d’actes inutiles et ne prononce pas de paroles futiles.
C’est pourquoi je n’ai donné aucun vain commandement ni suscité aucun vain
élan à vos cœurs par ce commandement. J’ai réveillé en vous un désir
attiédi que mon Père et moi avions déposé, bien vivant, dans l’âme humaine;
l’homme aurait dû le transmettre à ses descendants avec tous les autres dons
de Dieu : le désir de posséder Dieu, d’en jouir au ciel après une vie
passée à son service. Ce désir ravivé aurait été vain s’il n’avait dû devenir
réalité. Mais les créatures peuvent atteindre cette réalité. C’est même le
désir de Dieu qu’ils y parviennent. C’est pour cette raison que Dieu laisse
au fond de l’âme — même chez l’homme le plus sauvage — un souvenir de Dieu
grâce auquel il lui sera possible d’atteindre son but, comme elle le peut et
dans un futur plus ou moins lointain: la connaissance de Dieu, qui est
béatitude, pour l’avoir aimé et servi le mieux possible, pour ensuite le
posséder.
La plupart des âmes ont beau vivre d’une manière qui semble démentir mon
affirmation, cela ne contredit pas pour autant mes paroles: cela prouve
plutôt à quel point l’homme est perverti dans ses affections et ses volontés,
à cause de ses alliances avec le Mal. En vérité, nombreux sont ceux qui
étranglent leur âme par la corde des vices et des péchés, après l’avoir
rendue esclave de Satan à qui ils se sont alliés. Ils l’étranglent
définitivement pour ne plus l’entendre crier et pleurer en rappelant que le
Mal n’est pas permis, et qu’un châtiment attend ceux qui s’y livrent.
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329> Ce
sont ceux qui, d’enfants de Dieu qu’ils étaient, retournent à l’état de
créatures-hommes par la perte de la grâce, puis deviennent des démons, car
l’homme coupé du Bien est un petit liseron qui se cramponne au mal pour
tenir. En l’absence d’une loi surnaturelle, il est difficile qu’une loi
morale existe; encore n’est-ce qu’imparfaitement. Or là où la loi morale est
imparfaite ou absente, la triple concupiscence est bien vivante, totalement
ou partiellement.
Mais si la plupart des âmes semblent nier par leurs actes le souvenir et le
désir naturels de Dieu, ainsi que leur volonté qui est de tendre à une fin
joyeuse, il convient de rappeler que la créature charnelle et la créature
spirituelle coexistent en l’homme, et que l’homme a son libre-arbitre, qui
sert toujours la plus forte des deux. Si donc on affaiblit son âme par toutes
sortes de vices et de péchés, il est certain qu’elle deviendra effectivement
faible tandis que la partie animale se renforcera et écrasera la plus faible
jusqu’à la tuer. Mais l’on ne pourra nier que l’âme soit créée avec la
capacité de se souvenir de sa fin et de la désirer.
L’âme est de nature spirituelle. Il s’ensuit
qu’elle a des désirs spirituels même si, par privation de la grâce — chez
ceux qui ne sont pas régénérés par le baptême —, ce ne sont que des désirs
naturels du royaume spirituel d’où elle vient et où elle devine instinctivement
la présence de l’Esprit suprême. D’autre part, chez les âmes régénérées à la
grâce par le baptême puis maintenues et fortifiées en elle par les autres
sacrements, l’attrait de l’âme pour sa fin advient divinement: en effet, la
grâce — c’est-à-dire encore Dieu — attire à elle ses enfants bien-aimés,
toujours plus près, toujours plus dans la lumière. Plus ils s’élèvent degré
par degré en spiritualité — de sorte que la séparation diminue —, plus vive
est leur vision, plus étendue leur connaissance, plus grande leur
compréhension, plus parfait leur amour. Ils en viennent ainsi à la
contemplation, qui est déjà fusion et union de la créature à son Créateur;
c’est un acte temporel mais indélébile et transformateur; car l’étreinte de
feu de la Divinité qui enlace sa créature en extase imprime un caractère
nouveau sur ces vivants, qui sont déjà séparés de l’humanité et spiritualisés
sous forme de séraphins, savants dans la sagesse que Dieu leur procure en se
donnant à eux, comme eux à lui.
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de page
330> C’est
pourquoi il est juste de préciser que l’écrit inspiré "a Dieu pour
auteur". Dieu révèle ou éclaire des mystères ou des vérités à ses
instruments, comme il lui plaît, "en les stimulant ou en suscitant en
eux des motions par des vertus surnaturelles, en les aidant à
écrire de sorte qu’ils conçoivent exactement par l’intelligence tout
ce que Dieu commande — et cela seulement —, qu’ils veuillent fidèlement
l’écrire et l’expriment par des moyens adaptés et avec une vérité
infaillible". C’est Dieu qui éclaire leur intelligence par une
triple action afin qu’elle connaisse la vérité sans erreur, soit par
révélation — dans le cas de vérités encore ignorées — soit par un souvenir
précis s’il s’agit de vérités déjà établies mais encore relativement
incompréhensibles par la raison humaine; il suscite des motions pour
que ce que la personne inspirée vient à connaître surnaturellement soit écrit
fidèlement; il l’assiste et la dirige pour que ces vérités soient
exprimées, en respectant la forme et le nombre que Dieu veut, en toute
vérité et clairement, afin qu’elles soient connues des autres pour le bien
d’un grand nombre, par le biais de la Parole divine dans le cas des
enseignements directs, ou par les mots employés par l’écrivain quand il
s’agit de décrire des visions ou de répéter des leçons surnaturelles.
L’ouvrage livré aux hommes par
l’intermédiaire du petit Jean n’est pas un livre canonique. Néanmoins,
c’est un livre inspiré que je vous accorde pour vous aider à
comprendre certains passages des livres canoniques, et en particulier ce que
fut mon temps de Maître, enfin pour que vous me connaissiez, moi qui suis la Parole,
par mes paroles. Je ne prétends pas que l’Œuvre soit un livre canonique, et
encore moins mon porte-parole, que son ignorance absolue dans ce domaine
empêche même de distinguer les théologies dogmatique, mystique ou ascétique;
s’il ignore les subtilités des définitions et les conclusions des conciles,
il sait aimer et obéir — et cela me suffit, je n’attends rien d’autre de lui
—. Néanmoins, je vous déclare, en vérité, que c’est un livre inspiré, car
l’instrument est incapable d’écrire des pages qu’il ne comprend même pas si
je ne les lui explique moi-même pour lui ôter toute crainte.
Puisque, aux moments où le petit Jean (Maria Valtorta) est porte-parole -
autrement dit emporté par moi comme par un Aigle divin qui l’emmène au
royaume de la Lumière, où il voit et d’où il revient vous apporter des joyaux
d’une valeur surnaturelle -, il se trouve dans une sage vérité de vision et
de compréhension.
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331> C’est
alors qu’il emploie le terme "créer" pour exprimer la formation des
âmes par volonté de Dieu (fascicule s.t. p. 63). En
ce qui me concerne, je le répète encore, j’avais utilisé dans cette dictée le
mot "génération" pour vous donner la mesure de votre dignité
d’enfant de Dieu. Cependant, je vous le redis, si cela doit vous empêcher de
croire, remplacez donc "génération" par "création",
et soyez en paix au sujet de ce détail qui vous rend sceptiques.
La création continuelle des âmes par le Père ne signifie pas qu’elles
"préexistent", comme vous dites, en prétendant que j’ai employé ce
terme. Et le fait que les âmes se souviennent ne signifie pas qu’elles
"préexistent". On ne peut nier cependant que, vu l’extrême rapidité
de l’instant créateur, l’âme, qui est une substance spirituelle intelligente
créée par le Parfait, puisse être formée en étant consciente de sa
provenance. Dieu Créateur a donné une raison relative aux créatures
inférieures, une raison très étendue aux créatures humaines, ainsi qu’une
intelligence extrêmement rapide et étendue aux créatures angéliques: comment
n’aurait-il pas accordé une intelligence rapide et étendue à l’âme
créée ? N’est-elle pas créée par lui au même titre que les anges, les hommes
et les animaux ? Serait-elle donc, cette flamme fille du Feu, la seule à
être ténèbres ou froid glacé ? Serait-elle, elle seule, engourdie,
imbécile, aveugle, sourde, sans mémoire, fruste au point de ne pas même
posséder ces mouvements instinctifs rudimentaires qui poussent les animaux à
choisir leur nourriture, les éléments et les climats propices pour y vivre et
y procréer ? Inférieurs même aux végétaux qui sentent que le soleil leur
apporte la vie, à tel point que, s’ils sont plantés dans quelque lieu obscur,
ils se tendent vers l’ouverture par où la lumière passe et sortent à l’air
libre pour vivre ? Ô hommes ! Pouvez-vous en arriver à prétendre
l’âme inférieure aux plantes, uniquement pour nier, pour faire de la peine à
mon porte-parole ? L’âme ! Cette substance admirable que j’ai
qualifiée de la sublime métaphore de "sang spirituel du Dieu éternel,
puissant et saint", sang du Père (c’est une métaphore, je le répète) qui
vit en vous et vous rend immortels, puissants, saints tant qu’elle est vivante,
autrement dit unie à Dieu par la charité.
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332> L’âme !
Elle est cette partie du ciel — or le ciel est Lumière et Sagesse — qui est
contenue en vous, pour que l’Infini trouve en vous un trône qui appartienne
encore au ciel, et qui vous contient en même temps pour que l’étreinte
sanctifiante du ciel soit encore protectrice autour de votre humanité qui
mène le bon combat.
Peut-être objecterez-vous qu’elle ne possède plus l’intelligence intégrale de
la première âme, puisqu’elle est entachée et diminuée par le péché
originel ? Je vous réponds tout d’abord qu’elle ne sort pas aussi impure
de la Pensée créatrice. Le péché originel est en l’homme et chez les enfants
des hommes, pas en Dieu. Ce n’est donc pas au moment où l’âme est créée par
Dieu, mais quand elle s’incarne en l’homme conçu par l’homme qu’elle contracte
l’hérédité qui s’attache aux descendants d’Adam, sauf dans le cas d’une
volonté unique et exceptionnelle de Dieu. En second lieu, je vous rappelle
que l’être le plus impur; celui qui était Lucifer et est maintenant Satan,
n’a pas perdu sa puissante intelligence sous prétexte qu’il est passé de
l’état d’archange à celui de démon: au contraire, il se sert de son
intelligence extrêmement perçante pour le mal au lieu du bien, comme il s’en
serait servi s’il était resté archange.
Que me répondez-vous donc si je vous demande
pourquoi Satan garde le souvenir de Dieu et est intelligent ?
N’avez-vous aucune raison à opposer à mon affirmation ? N’avez-vous rien
à objecter ? Non. Vous ne pouvez rien objecter. Car il vous
faudrait soit renier ce que vous enseignez, soit admettre que Satan est
intelligent et garde le souvenir de Dieu, à tel point qu’il le hait comme il
le fait, précisément parce qu’il en garde un tel souvenir; et il vous
tourmente comme il le fait précisément parce qu’il sait choisir avec
perspicacité les moyens aptes à vous faire chuter, selon votre personnalité.
Le Catéchisme affirme que
les anges coupables furent exclus du paradis et condamnés à l’enfer, mais il
ne fournit aucune précision sur la perte de l’intelligence des démons: la
perspicacité de leurs actions destinées à vous nuire prouve bien que leur
intelligence subsiste.
Les âmes se souviennent. Pourquoi ? Parce que, tout comme Dieu, pour
tempérer la rigueur de sa condamnation, laissa en même temps à Adam l’espoir
d’une rédemption, de cette rédemption-là, il lui laissa également le
souvenir de ces heureux temps pour le soutenir dans les souffrances de l’exil
et pour encourager saintement les fils d’Adam à aimer celui qui, pour eux,
était l’Inconnu.
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333> Par
ailleurs, quand Dieu a créé les âmes, il n’a pas privé les enfants des hommes
de cette inclination naturelle vers le Divin qui, seule, peut les aider à
atteindre ce pour quoi l’homme a été créé: aimer le Seigneur, le Dieu
tout-puissant et omniprésent dont le Tout incorporel emplit l’infini; car
l’homme le sent et le reconnaît, plus ou moins précisément, en tout ce qui
l’entoure, le pénètre ou le frappe. Chez les sauvages, ce sera dans la
fulgurance d’un éclair ou dans la splendeur durable d’une aurore boréale;
pour les idolâtres, ce sera dans la puissance du lion ou dans la vie amphibie
du caïman; pour les croyants de religions révélées mais imparfaites, dans des
manifestations naturelles supposées être des actes ou des manifestations de
dieux individuels; pour l’homme cultivé — penseur ou scientifique — ce sera
dans les phénomènes du ciel ou dans l’admirable organisme des corps; pour le
croyant, dans la doctrine certes, mais aussi dans la vie même de l’âme qui se
manifeste avec ses lumières et ses vibrations en réponse aux vibrations plus
ardentes d’un Amour éternel qui l’aime, ou encore dans cette merveille qu’est
la naissance comme dans le mystère de mourir; pour une part de l’humain, et
pour l’autre de vivre d’une vie plus véritable; mais tous les hommes
ressentent dans tout leur être une Présence invisible et puissante, qu’il la
nie — mais dans le fait de nier il admet déjà son existence, puisqu’on peut
seulement nier ce qui est et ce que beaucoup d’autres personnes croient —, ou
qu’il la haïsse, avouant par sa haine que cette Présence existe, ou enfin
qu’il l’aime et proclame avec amour qu’il la croit réelle et qu’il
espère pouvoir un jour, non plus croire en elle, mais en jouir.
Dieu a fait cela: il a laissé à l’homme une inclination au Bien suprême. Or
qu’est-ce, sinon le souvenir ? Que vous en semble ? Que cela lui
était impossible, à lui qui est tout-puissant et qui régit la création depuis
des millénaires sans le moindre effort et ne cesse pas un instant de créer
des âmes et de les juger ?
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334> Il connaît
simultanément toutes leurs actions - il les connaît même d’avance - puisque
le passé, le présent et l’avenir ne forment qu’une unique entité devant sa
Pensée; il suit le développement des âmes, les juge sans confusion ni erreur,
et juge les âmes qui, sur son ordre, quittent le corps auquel elles avaient
été envoyées pour retourner ensuite dans le monde créé de l’au-delà, recréées
ou bien, devrais-je dire, détruites par la volonté du libre-arbitre. Mais ce
terme de "détruites", pour vous qui prenez toujours les mots dans
leur sens matériel et non dans leur esprit, vous ferait crier à l’anathème.
Je vous dirai donc : laides, obscènes, mutilées et déformées pour avoir
volontairement effacé tout souvenir du Divin. Car c’est essentiellement ce
souvenir plus que toute leçon que l’on peut apprendre dans toutes sortes
d’écoles, qui apprend à l’âme comment rechercher les vertus par amour de son
Dieu, dans l’espoir de le posséder un jour, après cette vie, dans la Vie qui
ne finit pas.
En vérité, de tous les dons que l’Amour a laissés à l’homme déchu, celui-ci
est le plus élevé et le plus actif. Je parle des âmes en général, pas de
celles des chrétiens catholiques membres du Corps mystique et vivifiés par la
grâce, qui est le don des dons. Cette inclination naturelle au Bien suprême —
qui est souvenir spirituel de Dieu — peut être parfois tellement subtile que
les deux autres parties de l’homme ne s’en rendent pas compte, bien qu’elle
en guide la pensée et en gouverne les actions. Elle incite à rechercher la Divinité,
à agir de manière à en être digne, en un mot à vivre de façon à parvenir à
s’y réunir. Il s’ensuit
que les âmes se créent une religion, si elles n’en possèdent pas déjà une,
qui peut être erronée par ignorance de la Vérité, mais qui est toujours amour
de la divinité, en d’autres termes conformité à ce pour quoi l’homme a été
créé: aimer et servir Dieu sur la terre et en jouir, immédiatement et
complètement ou après un temps plus ou moins long, pour l’éternité.
Le souvenir crée l’amour. L’amour suscite la justice. La justice de la
créature engendre un plus grand amour de Dieu pour elle. Et plus l’amour et
la justice augmentent dans la créature, plus la connaissance devient claire.
Et avec l’amour, le souvenir de Dieu ne cesse de grandir car, comme je l’ai
dit, le souvenir est connaissance d’amour, et là où se trouve l’amour, là est
Dieu. Or quand des âmes ont la grâce en guise de lumière pour se souvenir et
de voix pour apprendre, que dites-vous ? Que cette grâce ne vous rend
pas très semblables à Adam — quand il était innocent — et donc capables de
connaître Dieu ?
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335> Que
dites-vous ? Que quand la bonne volonté et une œuvre de sanctification
s’unissent à cette grâce qui vous est rendue par mes mérites, votre
connaissance de Dieu ne se rapproche pas de celle qui faisait la joie
d’Adam ? En vérité, en vérité je vous dis que c’est ce qui se produit,
et le souvenir, chez les saints qui vivent encore sur terre, n’est plus un
souvenir, mais connaissance.
Vous vous étonnez de mon affirmation ? Mais les patriarches et les
prophètes, privés de la grâce et néanmoins justes, ne furent-ils pas transportés
à la vue de Dieu et n’entendirent-ils pas sa voix ? Ne contemplèrent-ils
pas la gloire de Dieu et le ciel admirable ?
- « Lorsque Abram eut atteint quatre-vingt-dix-neuf ans, Yahvé lui
apparut (Genèse 17, 1) ».
- « L’ange du Seigneur apparut à Moïse dans une flamme de feu, du milieu
d’un buisson (Exode 3, 2) ».
- « Puis Moïse monta sur la montagne. La nuée couvrit la montagne et la
gloire de Yahvé... Moïse entra dans la nuée... (Exode 24) ».
- « Je vis... un être ayant apparence humaine, et je vis... quelque
chose comme du feu près de lui, tout autour (Ezéchiel 1, 26-27) ».
- « J’entendis une voix d’homme, sur l’Ulaï,
criant... "Gabriel" »,
- « Quand Gabriel... me parla (Daniel 8, 16 et 9, 21-22) ».
Ceci dit pour vous remettre en mémoire certains passages de l’Écriture où il
est dit que la vision ou la parole célestes furent accordés même à des
personnes privées de grâce.
Connaître Dieu et "converser avec lui" dans son éden intérieur,
c’est déjà voir et prévoir. Dieu n’a pas changé au cours des millénaires, et
ses leçons à ses élus sont amples, pleines, lumineuses, comme aux deux
innocents qui étaient nus sans en avoir honte, puisqu’ils ne connaissaient
pas les pauvres sciences de la matière mais uniquement les sublimes sagesses
de l’amour.
Après cela, pouvez-vous encore vous en prendre aux paroles écrites par mon
instrument, comme s’il s’agissait d’erreurs ? Je ne prends même pas en
compte l’éventualité que vous les considériez comme des erreurs du Maître ou
que vous ne reconnaissiez pas, devant l’abondance et la sagesse de ce don,
quel est ce lui qui les dicte. Après cela, pouvez-vous encore vous en
prendre, comme s’il s’agissait d’une erreur de mon instrument, à cette vérité
que les âmes gardent le souvenir de Dieu ?
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336> Ce souvenir est d’autant plus vif que
l’âme évolue dans la justice, et très vif quant à la justice de la créature
s’unit l’état de grâce, autrement dit de filiation de Dieu; et il est parfait
lorsque, comme chez Marie, l’éternelle virginité de l’âme demeure sans être
contaminée par le contact du péché, et qu’on trouve en elle la plénitude de
la grâce, l’innocence absolue, la possession de la Sagesse et une charité
parfaite? Cet état de grâce est si parfait en Marie qu’aucune autre créature
ne le connaîtra jamais.
Dites-moi, vous qui êtes servites de ma
Mère: qui est Marie pour vous ?
La nouvelle Eve qui connaît Dieu aussi bien que la première? Non. Mieux
qu’Eve. En effet, si elle est l’Innocente, la Fille, l’Epouse et la Mère de
Dieu —contemplée comme telle par Dieu de toute éternité —, elle est aussi
l’Agnelle qui se tient auprès de l’Agneau, la Victime consumée avec l’Hostie
divine pour vous permettre de "connaître Dieu".
Maintenant, débarrassez vos esprits des "vêtements de feuilles de
figuier"
que vous avez cousus autour de votre intelligence et qui vous brouillent la
vue, et relisez les passages où il est traité de souvenir, de connaissance,
de douces conversations de l’Unité trine, rassemblée dans le Cœur immaculé de
celle qui est pleine de grâce, avec son âme en adoration. Relisez les
passages où je parle des opérations de la grâce, qui est lumière et sagesse
et rend le souvenir de Dieu de plus en plus lumineux, unie à la justice, elle
transforme le souvenir en connaissance toujours plus parfaite, parfois
précoce, toujours sainte, dans l’âme des saints. Et priez pour qu’une nouvelle
Pentecôte advienne dans votre intelligence, et pour que tous les dons de
l’Esprit, Maître de toute vérité, entrent en vous pour vous renouveler et
rallumer en vous cette ressemblance divine qui est amour surnaturel
accompagné de la Beauté surnaturelle sans lequel l’union, la ressemblance et
la compréhension deviennent impossibles.
Ayez l’âme humble des humbles et agenouillez-vous devant celui qui vous parle
par pitié pour vous, pasteurs, comme pour les agneaux; il choisit un
"moins que rien" précisément parce qu’il l’est, et parce qu’il aime
réitérer le geste accompli devant l’humanité concupiscente des Douze, geste
par lequel il voulut confondre par sa divine sagesse la pauvre science
humaine des savants qui s’attardent à compter le nombre des fils des franges
tous poussiéreux à force d’être restés plus proches de la terre que du ciel,
et qui, pour ce travail inutile et pédant, négligent de recueillir et de
conserver les perles lumineuses dont le travail est tissé.
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337> Pour
ceux qui ne comprendraient pas cette métaphore, j’appelle franges les pertes de
temps inutiles et l’étalage encore plus inutile de connaissances humaines
employées pour déterminer si la capacité physique d’un lieu ou le nombre d’habitants — déduits par des travaux
humains bien postérieurs à mon époque et par conséquent inexacts — correspondent
bien aux affirmations de mon instrument, ou encore si la période et le séjour
à l’endroit dont il parle — toujours calculés d’après une mesure que les
hommes se sont eux-mêmes donnée — correspondent à la fraction de temps
infinitésimale qu’ils pensent être parfaite. Mais dites-moi ! Est-ce donc le
nombre de jours, la taille d’un village, le nombre de ses habitants qui vous
intéressent, ou l’enseignement de l’ouvrage ? Dans le premier cas, des
milliers d’auteurs humains peuvent vous fournir en abondance de quoi vous
mettre sous la dent. Dans le second, je suis seul à pouvoir vous procurer ce
qu’il vous faudrait rechercher en premier. Car c’est seulement ce que, moi,
je vous donne qui vous sert pour la vie éternelle. Le reste n’est que du foin
destiné à être éliminé et à devenir immondice. Ce n’est pas parce que vous
saurez combien de jours telle personne est restée à
tel endroit ou combien une ville avait d’habitants que vous entrerez au ciel,
mais parce que vous vous serez perfectionnés en trouvant dans la Parole, qui
est Vie et Lumière, de quoi mener une vie lumineuse.
Préférez-moi à la science. Bénissez-moi, et non vos connaissances. Aimez
également "l’enfant" que j’ai choisi pour le placer parmi vous.
Avec moi, bénissez le Père, Seigneur du ciel et de la terre, de s’être une
fois de plus révélé lui-même à un petit, et non à des savants. Un petit, un
enfant, un "moins que rien". Oui, mais un moins que rien qui se
consume du désir de servir et aimer Dieu et de le faire connaître, un moins
que rien qui a ré veillé tout seul le souvenir de Dieu en lui et cela
toujours plus intensément, un moins que rien qui a consumé par son amour et
son holocauste volontaire les cloisons de l’humanité, un moins que rien qui
en est venu à préférer la Lumière à sa vie et aux honneurs, un moins que rien
profondément plongé dans la liberté absolue de contempler Dieu seul, au point
d’en perdre de vue tout ce qui n’est pas Dieu, un moins que rien mort à tout
ce que la plupart désirent dans la vie, mais vivant pour l’éternité parce
qu’il est mort pour vivre dans le Seigneur.
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338> Je vous le dis, ce n’est pas aux savants
que Dieu montre son royaume, mais à ceux que la grâce éclaire et qui vivent
dans l’amour; or Dieu seul choisit, prend et dépose au sommet de la montagne,
là d’où le ciel est si proche que l’âme peut lancer ardemment ce cri, qui
devrait être celui de tout homme : « Voici mon Dieu. Je le
vois ! Je l’entends ! Je le connais ! Je suis dévoré et recréé
par l’Amour."
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