Éloge de l’obéissance.
Jésus, Marie et Joseph, modèles d’obéissance à Dieu.
Les différentes manières dont Jésus se manifeste pour les catéchèses.
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Jésus dit :
"Je me suis tu hier pour te permettre,
non pas tant de te reposer, mais d’obéir. Le Père
t’a
dit d’écrire tes impressions et la façon dont tu m’entends. Tes forces et ton
temps étant limités, si tu fais une chose, tu ne peux pas faire l’autre. Et
alors je t’ai laissée tranquille pour que tu puisses obéir. Le Père ne te l’a
pas ordonné, il a seulement exprimé un souhait. Mais pour ceux qui sont
vraiment obéissants, même un souhait est un ordre.
L’obéissance
a plus de valeur que la parole, même si cette parole est écrite sous ma
dictée. Car vous entendez et vous écrivez la parole, mais elle
n’est pas de vous; vous la répétez, mais elle n’est pas de vous. L’obéissance
au contraire est de vous. Il convient de dire : "Laissez-la agir, car
vous avez toujours les pauvres, mais moi, vous ne m’avez pas toujours".
Les pauvres à qui donner la parole, vous les avez toujours. L’occasion de
répandre l’arôme précieux de la sainte obéissance, en défiant les
commentaires d’autrui, vous ne l’avez pas toujours.
Et sachez que l’obéissance fut la vertu
du Verbe, qui était destiné à être Homme et à devenir le Rédempteur.
L’amour, la puissance, la perfection, la sagesse sont communs à nos Trois
Personnes. Mais l’obéissance est mienne, exclusivement mienne. J’ai
obéi en m’incarnant, en devenant pauvre, en acceptant d’être soumis aux
humains, en accomplissant ma mission d’évangélisateur, en mourant.
C’est pourquoi lorsque vous obéissez, soit aux humains dans les actes
d’obéissance relative, soit à Dieu dans les actes de grande obéissance qui
comportent des renonciations et des sacrifices de sang et l’acceptation de la
mort, parfois d’une mort atroce, vous êtes semblables à moi
qui fus obéissant jusqu’à la mort, qui fus l’Obéissant
par excellence, le très Obéissant divin.
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432> Ma douce Mère vient après moi en
obéissance, elle qui obéit toujours, et avec son amoureux sourire, aux
volontés du Très Haut.
Au troisième rang vient mon chaste père sur terre, qui de sa force virile fit
des broderies d’obéissance, qui plia en fait sa force virile et son jugement
d’homme, droit comme un fil de soie, pour les incliner aux volontés de Dieu.
Par conséquent, celui qui obéit, obéit aux trois êtres les plus obéissants du
monde, et il les aura pour amis ici et dans l’au-delà, au ciel."
Et maintenant je tâcherai de décrire les phases
à travers lesquelles et les façons dont ma chère ‘Voix’ vient à moi et est
écrite par moi.
Des fois, la nuit, dans mon demi-sommeil — je veille beaucoup plus que je ne
dors parce que j’entends simultanément ce qui se passe dans ma chambre et
dans la rue — j’entends la Voix me dire et me redire une phrase, comme si
elle voulait m’inviter à m'asseoir et à écrire. Si j’ai assez de force
physique, je m’assieds et, luttant contre la somnolence et les douleurs, je
me mets à écrire.
Alors, les autres phrases succèdent à la phrase ou aux quelques phrases
initiales, tel un fil qui se dévide, et cesse la souffrance provoquée par le
contraste entre l’âme qui se dresse à l’écoute et qui voudrait être servie
par le corps, et le corps affaibli qui refuse de servir l’âme en sortant de
son repos pour écrire.
D’autres fois, au contraire, la ‘Voix’ est si impérieuse - et avec le soin,
elle doit parfois me communiquer une force spéciale qui dure aussi longtemps
que j’en ai besoin - que je dois m’asseoir aussitôt et écrire tout de suite
ou, si c’est le jour, interrompre quoi que je fasse pour écrire.
Souvent, je sens l’approche du moment de la leçon, et donc l’approche du
Maître,
par une sorte de choc, de pénétration, d’infusion, je ne sais trop comment
m’expliquer avec précision. Bref, c’est quelque chose qui entre en moi et me
donne une joie lumineuse. J’insiste sur le mot ‘lumineuse’ parce que
c’est exactement comme si, d’un lieu ombragé, je passais dans la tiédeur et
la joie du soleil.
Mais cela ne se passe pas toujours ainsi. Ces moments sont les plus hauts,
aussi bien que ceux où aux paroles se joint la vision mentale de ce qu’il
décrit (comme la fois où il me montra Marie dans sa gloire au Paradis).
En général, c’est une proximité — je le sens très proche. Mais c’est
toujours une proximité.
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433> Ensuite,
les leçons se déroulent comme suit.
Parfois, comme ce matin pour le passage que je joins sur un feuillet détaché,
rien ne justifie ni ne provoque une leçon donnée. Par exemple, ce matin
j’étais à mille lieux de cette pensée. Je n’étais pas en train de prier; en
fait, je m’adonnais à une occupation toute matérielle relative à mes
besoins particuliers de malade. Cela pour vous dire à quel point j’étais loin
de toute pensée mystique. La ‘Voix’ commença à parler sans tenir compte de
quoi que ce soit. Puis, après m’avoir donné la première réplique, pour ainsi
dire, elle attendit que j’eusse terminé mon occupation. Ensuite, elle me
poussa à écrire et me fit comprendre que je devais prendre un demi-feuillet,
qui serait largement suffisant. J’avais en main une feuille entière, mais il
me la fit poser. Comme vous voyez, en effet, le demi-feuillet a suffi.
La première phrase qu’il dit pendant que je n’étais pas encore prête à écrire
était : ‘L’obéissance a plus de valeur que la parole. L’obéissance fut la
vertu du Verbe’.
Lorsque je pus enfin écrire, Jésus dicta, sur ce thème initial, ses paroles
telles que je les ai écrites sur le feuillet.
D’autres fois, par contre, il commence la
leçon spontanément en me faisant ouvrir au hasard le livre qu’il veut et dans
lequel il me présente aussitôt la phrase à partir de laquelle il développe
ensuite la leçon plus ou moins longue. Il peut se servir de n’importe quel
livre, même d’un journal, dont il tire un enseignement.
Et puis il y a les jours où il ne parle pas, et je suis alors si malheureuse
qu’il me semble être un enfant qui n’a plus sa mère à ses côtés et la cherche
partout et l’appelle. Moi aussi, je l’appelle et je l’invite en ouvrant la
Bible au hasard. Certains jours, il se tait inexorablement et j’ai une grande
envie de pleurer. D’autres jours, après m’avoir laissée faire les cent pas
sans m’écouter, il se rend et je ressens alors cette sensation que j’ai
décrite au début, grâce à laquelle je me rends compte que la grâce vient.
Remarquez que, alors qu’avant je pouvais faire des méditations par moi-même —
de bien pauvres méditations si je les compare à celles que je reçois
maintenant — à présent je suis absolument incapable de les faire toute
seule. J’ai beau me concentrer sur un point donné, je n’en tire rien et généralement
le Maître ne m’explique jamais le point que je voudrais qu’il m’explique
à ce moment-là. Il explique ce qu’il veut et de la manière la plus éloignée
de celle dont je l’aurais expliqué et dont on l’explique d’habitude.
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434> Aussi,
je ne peux plus m’intéresser à la lecture. Moi qui étais une lectrice
acharnée, je laisse de côté les livres sans jamais les ouvrir, S’il m’arrive
de les ouvrir, après quelques lignes je me lasse et je les referme. Et je ne
m’en lasse pas à cause de la lecture, mais parce qu’ils sont une nourriture
insipide ou dégoûtante.
Il en va de même des conversations usuelles. Elles sont une vraie fatigue
pour moi. Je voudrais rester seule en silence, car les potins me dérangent
beaucoup et me semblent plus fades que jamais. Je dois accomplir des prodiges
de charité pour supporter mon prochain qui s’efforce de me tenir compagnie et
qui, en restant là, m’interdit la compagnie qui m’est chère, la seule que je
désire et que l’âme supporte : celle de Jésus ou de quelques personnes, comme
vous, qui n’ignorent pas mon secret.
Mais qui sont ces personnes ? Vous, Marta, Paola et son père.
Ce dernier comprend un pour cent et ne comprend pas les quatre-vingt-dix-neuf
autres, et alors... Il en reste trois. Mais Marta n’arrête pas une minute, et
le soir elle est si fatiguée qu’elle tombe de sommeil et s’endort aussitôt.
Ce qui ne laisse que vous et Paola. Près de vous deux, et de vous, Père, en
particulier, je me repose et je suis bien. Mais les autres sont pour moi une
source de fatigue et de peine.
En ce qui concerne le livre de Ricciotti,
je ne l’ai pas aimé dès les premières pages que j’ai feuilletées. Le Cantique
y est bien traduit. Mais les raisons de l’auteur... sont justement de celles
que je ne peux plus assimiler. De plus, avec l’insistance d’un refrain, la
Voix me chuchote : ‘Ne t’occupe pas de cet ouvrage. Je ne le veux pas’. Elle
ne dit rien d’autre. Mais, voyant qu’elle insiste, je me décide de lui dire
que je n’en lirai pas plus et, je vous l’avoue, je n’en éprouve aucun chagrin
parce que, je le répète, j’ai l’impression de mâcher de la paille.
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