Conclusion du commentaire du Cantique des Cantiques : les stratagèmes de
l’amour.
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385> Jésus dit :
"Et maintenant, mon âme, maintenant
que nous sommes à la fin du Cantique, je vais t’enseigner les dernières
astuces de la science d’amour.
Sois pure, car ton Bien-aimé est plus pur que le lys et que la neige,
et l’épouse doit revêtir les mêmes vêtements que son Seigneur et estimer ce
qu’il estime. La Lumière s’approche, Maria. Efface le moindre reflet des
ombres de la chair afin de n’être, toi aussi, que lumière pour l’heure où je
viendrai, et la Lumière, Jésus, te serrera contre son cœur pour t’emmener
dans sa demeure où il n’y aura plus ces séparations qu’impose l’existence sur
terre.
Augmente toujours plus ta beauté car les
noces sont proches. Pare-toi des bijoux de tes derniers
sacrifices, pare-t’en avec joie, car ils te sont donnés par Celui
qui t’aime d’un amour éternel.
Allume-toi de
l’éclat de l’amour pour aviver ton apparence spirituelle. Une
épouse froide, ou même seulement tiède, n’est pas une épouse. Je te veux
brûlante d’un total amour.
Sois intrépide contre toutes les forces de
l’Ennemi qui tente de te troubler à cause de son infernale envie. Il
lancera en vain contre toi ses quadriges démoniaques. Aussi longtemps que tu
resteras fidèle, quatre et quatre et dix fois quatre démons
seront moins qu’un brin d’herbe sous ton pied, lequel fait les derniers pas
pour franchir la distance qui te sépare encore de la demeure de ton amour.
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386> Que rien ne te trouble .
Avance en t’appuyant à moi. Reste appuyée ainsi jusqu’au bout et
ton passage sera doux et lumineux, comme de sortir d’un chemin obscur et
difficile pour entrer dans un pré fleuri, plein de soleil et de chants
d’oiseaux. Et en vérité, pour celui qui en aimant a mérité de posséder le
Ciel, la mort n’est que l’entrée dans la Beauté éternelle et dans la Joie éternelle.
Et puisque dans le
passé tu ne fus pas sans faute, efface même le souvenir de ces ombres par le
moyen que je t’ai enseigné. Avec un amour toujours plus vif. Vis
uniquement pour moi, de moi, avec moi. Fais-en sorte que, lorsqu’il te
regarde, le Père te voie tellement fondue à moi qu’il ne puisse te distinguer
de son Fils. Que ma charité te couvre comme un manteau nuptial sous lequel je
cache ta robe déchirée.
Malheur à vous si vous vous présentez seuls devant la Justice. Pour autant
que vous puissiez être bons, vous présentez toujours quelque dommage. Mais si
vous vous présentez devant le Père avec moi, la splendeur du Fils nimbe votre
âme à un tel point qu’il la rend belle, et ma splendeur n’est jamais aussi
vive que lorsque je peux présenter au Père un esprit qui m’aime et pour qui
mon sacrifice de Rédempteur n’a pas été inutile. La justice du Père n’a pas
le cœur à affliger le Fils, Sauveur d’un nouveau citoyen de la sainte
Jérusalem, et il annule de sa bénédiction la dette de cet esprit et lui ouvre
le Ciel.
Fuis les distractions de la terre, isole-toi
avec moi. Quand on s’apprête à s’installer à demeure dans un pays
étranger, on en apprend la langue pour pouvoir y vivre, on cherche à
apprendre au moins les premiers rudiments de cette langue et celui qui y va
sans en savoir un mot fait preuve d’imprudence. Il aura beaucoup de mal les
premiers temps.
Il est vrai que dans la demeure éternelle, la Sagesse vous rend instruits dès
le premier instant. Mais vois-tu, mon âme, les derniers temps de la terre
sont une préparation au Ciel. Quand ma bonté donne tous les signes et
tout le temps pour que vous vous prépariez à la vie, quand par l’œuvre, non
seulement de ma miséricorde, mais aussi de la volonté humaine, le moyen vous
est donné de voir aux derniers préparatifs de votre venue à la vie, bienheureux
ceux qui s’y préparent avec un soin qui n’est jamais excessif.
Si vous y mettiez ce soin, vous tous que l’âge ou une longue maladie, ou
l’impitoyable contingence de la guerre mettent dans la quasi-certitude de
mourir, il n’y aurait pas tant de pénibles arrêts au Purgatoire.
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387> Vous accompliriez votre
métamorphose en moi par votre amour pour moi, avec un véritable
repentir de m’avoir affligé, avec une véritable générosité, avec une
véritable résignation, avec toutes les vertus pratiquées avec bonne volonté,
et vous n’auriez pas à accomplir ce travail qui fait de l’être humain,
mélange de chair et de sang dans lequel l’esprit a peu régné, un esprit qui a
connu la vraie Vérité, c’est-à-dire que Dieu est la seule chose qui mérite
tous les élans de l’être.
Tu as tout le temps pour te préparer à la demeure. Souviens-toi que, si
beaucoup est pardonné à celui qui a beaucoup aimé, beaucoup sera demandé à
celui qui a beaucoup reçu .
Et peu de mortels ont eu autant que Dieu t’a donné avec amour de
prédilection.
Que rien ne te
pèse, que rien ne te répugne, que tout soit mis en œuvre par toi pour mettre
les dernières touches à ta robe nuptiale. Si le chemin est de plus en plus
pénible, pense à ton Jésus qui trouva si pénible aussi le dernier sentier qui
menait au Golgotha. Chaque victime est un petit rédempteur de soi et de
ses frères et sœurs. Et les voies de la rédemption ne sont pas de
paisibles sentiers fleuris; ce sont des raidillons pierreux, couverts de
ronces, que l’on parcourt avec une croix sur les épaules, la fièvre dans les
veines, une langueur dans la chair qui se meurt, la saveur du sang dans la
bouche sèche, les épines sur la tête et la perspective du dernier tourment au
cœur.
La rédemption s’accomplit au sommet, avec pour dernière pompe du rite propitiatoire
les perles des trois clous, l’arrachement aux dernières douceurs des
affections, la solitude entre ciel et terre, l’obscurité, non seulement de
l’atmosphère, mais du cœur. Le soleil vient ensuite embrasser l’immolé. Mais
d’abord, il y a les ténèbres et la douleur.
Reste unie à moi, reste unie. Plus l’heure approche et plus tu dois rester
unie à moi. Il n’y a que Jésus qui aide et il n’y a que Jésus qui sache nous
enseigner à souffrir le martyre d’amour puisqu’il a vécu cette expérience.
Mais étant donné
qu’avant de le subir, je dus grandir à la vie et me nourrir du lait de ma
Mère, comme première nourriture, et ensuite des aliments qu’elle préparait de
ses saintes mains, chaque petit rédempteur doit vivre en Marie pour se former
à être un Christ .
Jésus est la force de votre âme, Marie la douceur. Avant de boire le vinaigre
et le fiel, il faut boire le vin aromatisé. Et c’est le sourire encourageant
de Marie qui vous le donne. Baume qui me rendit heureux sur terre, baume qui
me rend heureux au Ciel et, avec Dieu, rend heureux tout le Paradis, le
sourire maternel de ma Mère est une étoile dans la vie et une étoile dans la
mort. C’est surtout une étoile dans la douleur de l’immolation.
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388> Je l’ai regardé, ce sourire torturé
et héroïque de ma Mère, seule consolation, unique consolation qui montait
vers mon échafaud. Je l’ai regardé pour ne pas permettre que le désespoir
s’approchât de moi. Regarde-le, toi aussi, toujours. Regardez-le, ô
humains qui souffrez. Le sourire de Marie met en fuite le démon du
désespoir.
Vivez unis à Marie dont vous êtes les enfants comme je le suis. Vis sur le
cœur de Marie, âme que je veux amener au Ciel. Les mains de cette Mère qui ne
déçoit pas ses enfants sont pleines de caresses pour toi. Ses bras te serrent
contre ce sein qui m’a porté et sa bouche te dit les mots qui m’ont réconforté.
Pour que tu ne te perdes pas dans ces derniers arrêts sur terre, je t’enferme
dans la demeure de Marie. Là, le trouble n’entre pas, car elle est la Mère de
la Paix. Là, l’Ennemi n’entre pas car elle est victorieuse.
Que Marie t’enseigne les flammes suprêmes de la charité, elle qui est la
Fille, la Mère, l’Épouse de la Charité.
Coupe tous les
ponts entre le monde et toi. Vis en Jésus et en Marie.
Souviens-toi que, même si l’être humain avait donné tous ses biens pour
posséder l’amour, ce ne serait rien, car l’Amour est une chose telle que, au
regard de Dieu, qui est l’Amour de votre âme, vraie raison de votre vie, tout
perd de sa valeur. Posséder l’Amour est la seule chose qui compte. Et on
possède l’Amour quand pour lui on sait renoncer à tout ce qu’on a.
La paix viendra après, Maria. Maintenant, il
faut lutter. Mais pour celui qui m’aime, la lutte sera couronnée par la
victoire.
Bientôt, je viendrai remplacer ta couronne d’épines par une couronne de joie.
Persévère.
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