L’amour spirituel entre parents et enfants.
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148> Jésus dit :
"Écoute, Maria. Tu
connais la parabole du père qui a deux fils [1]; l’un dit : ‘Oui, père’, et
puis ne fait rien; l’autre dit : ‘Non, père’, et
puis fait ce que son père lui demande ?
Je ne veux pas ici te faire méditer sur les devoirs des enfants et sur la
beauté de l’obéissance. Non. Je veux seulement dire
que peut-être ce père n’était pas un modèle de père. La preuve : ses enfants
ne l’aimaient pas : l’un ment, l’autre répond par un refus qu’il surmonte
ensuite par un effort surhumain.
Les enfants ne sont pas tous parfaits, mais il est vrai aussi que tous les
pères ne sont pas parfaits.
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149> Le commandement dit : ‘Père et
mère tu honoreras’ [2] et celui qui l’enfreint pèche
et sera puni par la Justice divine. Mais la Justice ne serait pas justice si
elle n’employait pas la même mesure avec ceux qui n’honorent pas les enfants.
Honorer dans la langue ancienne veut dire : traiter une personne avec des
égards révérenciels. Or, s’il est juste d’honorer ceux qui nous ont donné la
vie et ont pourvu à nos besoins pendant l’enfance, il n’est pas moins juste
que les parents honorent les êtres que Dieu leur a accordé d’avoir et qu’il
leur a confiés, à eux qui les ont engendrés, pour qu’ils les élèvent
saintement.
Trop souvent, les pères et les
mères ne réfléchissent pas au fait qu’ils deviennent les dépositaires et
gardiens d’un prodige du Dieu Créateur. Trop souvent les parents ne pensent
pas que, dans cette chair engendrée par la chair et le sang humains, il y a une
âme créée par Dieu, laquelle doit être formée à une doctrine de spiritualité
et de vérité pour être dignement remise à Dieu.
Chaque enfant est un talent que le Seigneur a confié à un de ses serviteurs [3]. Mais malheur au serviteur
qui ne le fait pas fructifier, qui le laisse inerte en s’en désintéressant,
ou pis encore, le détruit et le corrompt. Si, d’une voix sévère, Dieu demande
des explications à celui qui ne veille pas à enrichir le talent vivant du bon
Dieu, et décrète un long châtiment, Dieu, Maître et Juge de tout ce qui est,
décrétera, par un inexorable verdict, la peine éternelle à celui qui dissipe
et tue l’âme de son enfant, au parent meurtrier de sa partie la plus
précieuse : son âme.
Ceci est vrai en général. Passons maintenant à ton cas particulier.
Sais-tu comment tu dois aimer
ta mère pour pouvoir continuer à l’aimer ? D’un amour uniquement
spirituel. L’autre... est inutile. Elle ne le voit pas, ne le comprend pas,
ne le sent pas. Et elle le piétine, te faisant saigner dans ton humanité. C’est pourquoi je te dis :
aime-la seulement spirituellement. Aime donc sa pauvre âme et prodigue-toi
pour elle. Je ne t’en dis pas plus, car tu es sa fille et je ne voudrais pas
qu’ensemble nous manquions à l’honneur dû à une mère. Je suis Dieu et Juge :
je pourrais le faire, mais avec toi, je ne veux pas. Même si un parent agit
mal, il faut le respecter car il est ‘parent’.
Aime sa pauvre âme. Elle a un grand besoin de ta charité de fille. Par
rapport à la vie éternelle, les pères et mères qui pèchent envers leurs
enfants ont besoin de leur aide et de leur pardon pour que leur Peine soit
allégée.
Réfléchis bien à ce que je te dis sans que j’aie besoin d’ajouter autre
chose. Si tu t’arrêtes à la considérer comme femme, tu ne pourras pas
l’honorer.
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150> J’en conviens. Mais pense que c’est une âme fille de Dieu et très,
très, très rudimentaire. Tu dois mettre en œuvre ta charité de fille pour
réparer ses déficiences, tu dois l’enrichir pour qu’elle ne se présente pas
trop pauvre au Dieu Juge.
Tu as pitié des infirmes et amour pour les petits enfants. Mais y a-t-il enfance
spirituelle plus grande que celle de ta mère ? Et y a-t-il infirmité
spirituelle plus sévère que celle de ta mère ? Embrasse donc son esprit lourd
et obscur et lève-le vers la Lumière.
Difficile amour que l’amour
spirituel. Je le sais. Mais c’est un amour de perfection. C’est l’amour que
j’ai eu pour tant d’humains pendant que j’étais mortel. Je savais qui me
trahirait. Je savais qui me renierait. Je savais qui fuirait à l’heure
terrible. Rien ne m’était obscur. Eh bien, j’ai accompli d’incommensurables
prodiges d’amour spirituel — car ma chair et mon sang frémissaient de
répulsion quand ils sentaient les lâches, les renieurs et surtout le traître
tout proches — pour essayer de sauver leur esprit.
J’en ai sauvé beaucoup ainsi. Seuls ceux qui étaient entièrement possédés du
démon, je dis bien entièrement, résistèrent au bain purificateur de
mon amour spirituel. Les autres, possédés par une seule passion, furent
sauvés avant ou après ma mort. Judas, Caïphe, Anne et quelques autres ne
le furent pas, puisque les sept princes des démons les tenaient, les
enserraient avec sept cordes, et des cohortes de démons étaient en eux à
faire le travail qui en fit les joyaux de l’Enfer.
Aime ainsi. Tu accompliras ton devoir et tu seras une véritable disciple à
mes yeux. Quant à elle, laisse-moi ma responsabilité de Juge. Va en paix,
chère âme, et ne pèche pas."
Et il fallait vraiment une
parole et une caresse !... Parce que si je devais regarder son humanité, il y
aurait de quoi faire fuir au sommet du mont blanc.
Ce dernier passage m’a été dicté à sept heures du matin, et à onze heures,
peu s’en fallut que je n’aille rejoindre mon Créateur tant se déchaîna contre
moi la violence injuste et cruelle de ma mère. Je vous [6] disais hier qu’elle
traversait une période féroce ? Je n’ai pas exagéré. Maintenant que je me
sens mal à cause d’elle — c’est le soir et j’en ai encore le cœur agité ; au
dire de mon médecin, J’ai failli mourir et je l’ai senti — elle est contente.
Amen. J’obéis à Jésus et j’offre cette douleur physique et morale pour son
âme.
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