"L'Évangile tel
qu'il m'a été révélé" |
aucun accent |
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Mardi 25
septembre 29 (28 Tisri)
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Judas s'oppose à Jésus 240 -
Il se dispute avec Jacques de Zébédée 240 -
Jésus s'éloigne de ce manque de charité 241 -
Judas s'excuse auprès du Maître 241 -
Puis Jacques se laisse convaincre 242 -
Et vient s'excuser auprès de Jésus 242 -
Discours (L'incompréhension des apôtres 243 -
Les apôtres, exemples de divinisation) 243 - Imiter Pierre dans son progrès spirituel 244 |
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240> "Mais tu veux vraiment aller par cette route ? Cela ne me
paraît pas prudent pour plusieurs raisons..." objecte l'Iscariote. "Lesquelles ? Ne
sont-ils pas peut-être venus à Moi, jusqu'à Capharnaüm, des hommes de ces villages pour
chercher le salut et la sagesse ? Ne sont-ils pas eux aussi des créatures de
Dieu ?" "Oui... Mais...
Il n'est pas prudent pour Toi d'aller trop près de Machéronte... C'est un endroit
funeste aux ennemis d'Hérode." "Machéronte est loin, et je n'ai pas le temps d'aller
jusque là. Je voudrais aller jusqu'à Pétra, et au-delà... Mais je n'arriverai
qu'à moitié route et moins encore. De toute façon, allons..." "Joseph t'a
conseillé..." "De rester sur
des routes surveillées. Celle-ci est justement la route d'au-delà du Jourdain
sur laquelle les romains ont de fortes garnisons. Je ne suis pas lâche,
Judas, ni non plus imprudent." "Moi, je ne m'y
fierais pas. Moi, je ne m'éloignerais pas de Jérusalem. Moi..." "Mais laisse-le
faire, le Maître. Lui est le Maître, et nous ses disciples. Quand donc a-t-on
vu que c'est au disciple de conseiller le maître ?" dit Jacques
de Zébédée. "Quand ? Il ne
s'est pas passé des années que ton frère a dit au Maître de ne pas aller à Acor, et Lui l'a écouté.
A présent, qu'il m'écoute." "Tu es jaloux et
autoritaire. Si mon frère a parlé et a été écouté, c'est signe que sa
remarque était juste et qu'il fallait l'écouter. Il suffisait de regarder Jean ce jour-là, pour
comprendre qu'il était juste de l'écouter !" "Oh ! avec toute
sa sagesse, il n'a jamais su le défendre, et jamais il ne saura le faire.
C'est récent, au contraire, ce que
j'ai fait moi en venant à Jérusalem." 241> "Tu as fait ton devoir. Mon frère aussi l'aurait fait
à l'occasion, par d'autres moyens, car lui ne sait pas mentir même pour des
choses bonnes, et j'en suis heureux..." "Tu m'offenses.
Tu me traites de menteur..." "Hé ! tu veux
que je dise que tu es sincère alors que tu as menti si habilement sans
changer de couleur ?" "Je le
faisais..." "Oui. Je le
sais. Je le sais ! Pour sauver le Maître. Mais cela ne me va pas et ne va à
aucun de nous. Nous préférons la simple réponse du vieil homme. Nous
préférons nous taire et qu'on nous traite de sots, et même que l'on nous
malmène, plutôt que de mentir. On commence pour une chose bonne, et on finit
avec une chose qui ne l'est pas." "Qui est mauvais
? Pas moi. Qui est sot ? Pas moi." "Cela suffit !
Tout en ayant raison, vous finissez par avoir tort, un tort différent de
celui que vous vous reprochez, car c'est un tort contre la charité. Ce que je
pense de la sincérité, vous le savez tous, ce que j'exige pour la charité
aussi. Allons. Vos disputes me sont plus pénibles que les insultes de mes
ennemis." Et Jésus, visiblement fâché,
se met à marcher rapidement, seul, par une route qu'il n'est pas besoin
d'être archéologue pour comprendre qu'elle a été construite par les romains.
Elle va vers le sud, presque toute droite à perte de vue entre deux chaînes
de montagnes assez remarquables. La route est monotone, assombrie par les
pentes boisées qui l'enserrent et empêchent de découvrir l'horizon, mais en
bon état. De temps à autre, quelque pont romain jeté sur un torrent ou un
ruisseau qui descend certainement vers le Jourdain ou la Mer Morte. Je ne sais
pas précisément car les monts m'empêchent de voir du côté de l'occident où
doivent se trouver les fleuves et la mer. Il passe quelque caravane sur la
route, caravane qui remonte peut-être de la Mer Rouge et qui va je ne sais
où, avec de nombreux chameaux et chameliers et des marchands d'une race
visiblement différente de l'hébraïque. Jésus est toujours en
avant, seul. Derrière, divisés en deux groupes, les apôtres parlent entre
eux. Les galiléens en avant, derrière les juifs avec, en plus, André et Jean et les deux
disciples qui se sont unis à eux. Le premier groupe essaie de consoler Jacques, déprimé par le sévère
reproche du Maître; l'autre de persuader Judas de ne pas être toujours ainsi obstiné et
agressif. Les deux groupes sont d'accord pour conseiller aux deux qui ont
reçu des reproches d'aller trouver le Maître et de faire la paix avec Lui. 242> "Moi ? Mais j'y vais tout de suite. Je sais que j'ai
raison. Je connais mes actions. Ce n'est pas moi qui ai fait des insinuations
malveillantes, et j'y vais" dit l'Iscariote. Il est hardi, je dirais
effronté. Il accélère le pas pour rejoindre Jésus. Je me demande une fois de
plus si pendant ces jours il était déjà disposé à trahir et s'il conspirait
déjà avec les ennemis du Christ... Jacques, au
contraire, qui au fond est le moins coupable, est si abattu d'avoir peiné le
Maître qu'il n'a pas le courage d'aller en avant. Il le regarde, son Maître,
qui maintenant parle avec Judas... Il le regarde, et le désir de s'entendre
pardonner se manifeste vivement sur son visage. Mais son amour lui-même,
sincère, constant, fort, lui fait paraître impardonnable son méfait. Maintenant les deux
groupes se sont réunis, et même Simon le Zélote, André, Thomas et Jacques disent : "Mais,
allons ! Si tu ne le connaissais pas ! Il t'a déjà pardonné !" et avec
beaucoup de finesse de jugement, Barthélemy, âgé et sage, dit à Jacques en lui
mettant la main sur l'épaule : "Moi, je te le dis : c'est pour ne pas
susciter d'autres tempêtes qu'il a fait impartialement des reproches à vous
deux, mais son cœur s'adressait seulement à Judas." "C'est ainsi,
Barthélemy ! Mon Frère s'épuise à supporter cet homme dont il s'obstine à
vouloir le repentir et il se fatigue à chercher à le faire paraître... comme
l'un de nous. Lui est le Maître, et moi... je suis moi... Mais si j'étais
Lui, oh ! l'homme de Kériot ne serait pas avec nous
!" dit le Thaddée, avec des éclairs dans ses yeux très beaux
qui rappellent ceux du Christ. "Tu crois ? Tu
soupçonnes ? Quoi ?" disent plusieurs. "Rien. Rien de
précis. Mais cet homme ne me plaît pas." "Il ne t'a
jamais plu, frère. C'est une répulsion irraisonnée car elle s'est produite à
la première rencontre, tu me l'as avoué. C'est contraire à l'amour. Tu
devrais la vaincre ne serait-ce que pour faire plaisir à Jésus" dit
Jacques d'Alphée, calme et persuasif. "Tu as raison,
mais... je n'y arrive pas. Viens, Jacques, allons ensemble trouver mon
Frère" et Jude d'Alphée prend résolument le bras de Jacques de Zébédée
et l'entraîne avec lui. Judas les entend venir
et il se retourne, et puis il dit quelque chose à Jésus. Jésus s'arrête et
les attend. Judas, l'œil malicieux, observe l'apôtre mortifié. "Excuse-moi.
Écarte-toi un peu. J'ai besoin de parler à mon Frère" dit le Thaddée. La
phrase est polie, mais le ton en est très sec. L'Iscariote a un
petit rire, puis en haussant les épaules, il revient sur ses pas pour se
réunir à ses compagnons. 243> "Jésus, nous
sommes pécheurs..." dit Jude Thaddée. "C'est moi qui
suis pécheur, pas toi" murmure Jacques la tête basse. "Nous sommes
pécheurs, Jacques, car ce que tu as fait, moi je l'ai pensé, je l'ai
approuvé, je l'ai dans le cœur. Je suis donc, moi aussi, dans le péché. Car
il sort de mon cœur le jugement envers Judas, pour contaminer ma charité...
Jésus, tu ne dis rien à tes disciples qui reconnaissent leur péché ?" "Que dois-je
dire que vous ne sachiez déjà ? Allez-vous peut-être changer à l'égard de
votre compagnon à cause de mes paroles ?" "Non. Pas plus
que lui ne change pour celles que tu lui dis" Lui répond franchement
pour lui et pour les autres son cousin. "Laisse faire,
Jude, laisse faire ! C'est moi qui suis fautif. C'est de moi qu'il est
question, et je dois m'occuper de moi, pas des autres. Maître, ne sois pas
fâché avec moi..." "Jacques, je
voudrais de toi, de tous, une chose. J'ai tant de douleur pour tant
d'incompréhensions que je rencontre... pourtant de résistances obstinées.
Vous le voyez... pour un lieu qui me donne de la joie, il y en a trois qui me
la refusent et me chassent comme un malfaiteur. Mais cette compréhension,
cette adhésion que les autres ne me donnent pas, je voudrais l'avoir au moins
de vous. Que le monde ne m'aime pas, que je me sente étouffé par toute cette
haine, cette antipathie, cette inimitié, ces soupçons, qui m'entourent, par
les vilenies de toutes espèces, les égoïsmes, par tout ce que mon amour
infini pour l'homme me fait seul supporter, c'est pénible. Mais je le souffre
encore et le supporte. Je suis venu pour souffrir de cela de la part de ceux
qui haïssent le Salut. Mais vous ! Non, cela je ne le supporte pas ! Cela,
que vous n'êtes pas capables de vous aimer entre vous et par conséquent de me
comprendre. Cela, que vous n'adhériez pas à mon esprit en vous efforçant de
faire ce que Moi, je fais.
Et maintenant tout
est passé, n'est-ce pas ? Transformez-vous par une ferme volonté en imitant
Simon de Jonas qui, en moins d'un an, a fait des pas de géant. Et pourtant...
qui parmi vous était plus homme que Simon avec tous les défauts d'une humanité très
matérielle ?" 245> "C'est vrai, Jésus. Je ne cesse pas d'étudier cet homme.
Il fait mon admiration" avoue le Thaddée.
"Et vous ne voyez
que la surface de Simon ! Mais Moi, j'en vois le fond. Pour être parfait il a
encore beaucoup à faire et à souffrir. Mais je voudrais en tous sa bonne
volonté, sa simplicité, son humilité et son amour..." Jésus regarde devant
Lui. Il semble voir je ne sais quoi. Il est absorbé dans une de ses pensées
et sourit à ce qu'il voit. Puis il abaisse les yeux sur Jacques et il lui
sourit. "Alors... Je
suis pardonné ?!" |
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"Je voudrais
pouvoir pardonner à tous comme à toi... Voilà, cette ville doit être Hesbon. L'homme l'a dit : 'après le pont à trois arches,
il y a la ville'. Attendons les autres pour entrer ensemble en ville." |
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