Le jeudi 7 février
1946.
156> 379.1 – "Où allons-nous alors que la nuit
descend ?" se demandent entre eux les apôtres.
Et ils parlent de ce qui est arrivé. Mais ils ne disent rien à haute voix
pour ne pas accabler le Maître qui visiblement est très préoccupé.
La nuit descend alors qu'ils cheminent toujours derrière le Maître pensif.
Mais un village se montre au pied d'une chaîne de monts très découpés.
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157> "Arrêtons-nous
ici pour passer la nuit, ordonne Jésus. Ou plutôt, arrêtez-vous ici. Moi, je
vais prier sur ces monts..."
"Seul ? Ah ! non ! Sur l'Adomin, tu n'y va pas
seul ! Avec tous ces voleurs qui sont à l'affût, non tu n'y vas
pas… !" dit Pierre bien décidé.
"Et que veux-tu qu'ils me fassent ? Je n'ai rien !"
"Tu as... Toi-même. Je parle des vrais voleurs, ceux qui te haïssent. Et
pour eux ta vie suffit. Tu ne dois pas être tué comme... comme... ainsi,
voilà, dans une vile embuscade. Pour donner la
possibilité à tes ennemis d'inventer je ne sais quoi pour éloigner les foules
même de ta doctrine" réplique Pierre.
"Simon de Jonas a raison, Maître, dit Jude Thaddée. Ils seraient
capables de faire disparaître ton corps et de dire que tu t'es enfui, te
sachant démasqué. Ou bien de... te porter dans un endroit malfamé, dans la
maison d'une courtisane, pour pouvoir dire : "Voyez où et comment
il est mort ? Dans une rixe pour une courtisane". Tu as bien
dit : "Persécuter une doctrine signifie en accroître la
puissance" et j'ai remarqué, parce que je ne l'ai jamais perdu de
vue, que le fils de Gamaliel t'approuvait de la tête pendant que tu le
disais. Mais cependant on dit avec raison que couvrir de ridicule un saint
et sa doctrine est l'arme la plus sûre pour faire tomber et enlever l'estime
des foules pour le saint."
"Oui, et cela ne doit pas arriver pour Toi" termine Barthélemy.
"Ne te prête pas au jeu de tes ennemis, ajoute le Zélote. Pense que ce
ne serait pas seulement Toi, mais la Volonté qui t'a envoyé, qui serait
anéantie par cette imprudence, et on verrait ainsi que les fils des Ténèbres
ont été, au moins momentanément, victorieux de la Lumière."
"Mais oui ! Tu ne cesses de dire, et tu nous transperces le cœur en
le disant, que tu dois être tué. Je me rappelle ton reproche à Simon Pierre
et je ne te dis pas : "Que cela n'arrive jamais". Mais je ne
crois pas être Satan si je dis : "Au moins que cela arrive de telle
manière que tu en sois glorifié, que ce soit un sceau non équivoque pour ton
Être saint et une condamnation certaine pour tes ennemis. Que les foules
sachent, puissent avoir des indices qui leur permettent de se rendre compte
et de croire".
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158> Cela au moins, ô
Maître. La mission sainte des Macchabées n'apparut jamais telle que lorsque Jude, fils de
Matthatias, mourut en héros et en sauveur sur le champ de bataille. Tu veux
aller sur l'Adomin ? Nous aussi avec Toi. Nous sommes tes apôtres !
Où tu vas, Toi le Chef, nous devons aller, nous tes ministres" dit
Thomas, et peu de fois je l'ai entendu parler avec une éloquence aussi
solennelle.
"C'est vrai ! C'est vrai ! Et s'ils t'assaillent, ils doivent
nous assaillir les premiers !" disent plusieurs.
"Oh ! ils ne vont pas nous assaillir si facilement ! Ils sont
en train de soigner la brûlure des paroles de Claudia et... ils sont rusés,
tellement, trop ! Ils ne manqueront pas de réfléchir que Ponce saurait
qui frapper pour ta mort. Ils se sont trop trahis, et aux yeux de Claudia, et
ils vont y penser pour étudier des pièges plus sûrs qu'une vulgaire
agression. Peut-être notre peur est stupide. Nous ne sommes plus de pauvres
inconnus comme auparavant. Maintenant il y a Claudia !" dit
l'Iscariote.
"C'est bien, c'est bien... Mais ne risquons pas le coup.
379.2 – Que
veux-tu faire ensuite sur l'Adomin ?" demande Jacques de Zébédée.
"Prier et chercher un endroit où nous pourrons prier tous, dans les
jours à venir, pour nous préparer à de nouvelles luttes et de plus en plus
acharnées."
"Des ennemis ?"
"Et aussi de notre moi. Il a grand besoin d'être fortifié."
"Mais n'as-tu pas dit que tu veux aller aux confins de la Judée et
au-delà du Jourdain ?"
"Oui et j'y irai. Mais après la prière. J'irai à Acor et puis, par Doco, à Jéricho."
"Non, non
Seigneur ! Ce sont des endroits funestes pour les saints d'Israël. N'y va pas, n'y va pas. Je te le dis, je le sens !
Il y a quelque chose qui le dit en moi : n'y va pas ! Au nom de
Dieu, n'y va pas !" crie Jean qui semble près de perdre
connaissance comme s'il était pris par un sentiment de peur extatique...
Tous le regardent étonnés car ils ne l'ont jamais vu ainsi. Mais personne ne
se moque de lui. Ils ont tous l'impression d'être devant un fait surnaturel,
et ils gardent respectueusement le silence.
Jésus même se tait tant qu'il ne voit pas Jean revenir à son aspect habituel
et dire :
"O mon Seigneur, comme j'ai souffert !"
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159> "Je le sais. Nous
irons à Carit. Que dit ton esprit ?"
(Je suis profondément frappée par le respect avec lequel Jésus s'adresse à
l'apôtre inspiré...)
"C'est à moi que tu le demandes, Seigneur ? Au pauvre enfant sot,
Toi, Sagesse toute Sainte ?"
"À toi, oui. Le plus petit
est le plus grand quand, avec humilité, il entre en communication avec son
Seigneur, pour le bien des frères. Parle..."
"Oui, Seigneur. Allons à Carit. Ils s'y trouvent des gorges sûres pour
se recueillir en Dieu, et toutes proches sont les routes de Jéricho et pour
la Samarie. Nous descendrons pour réunir ceux qui t'aiment et qui espèrent en
Toi, et nous te les conduirons, ou nous te conduirons à eux, et ensuite
encore nous nous nourrirons de prière... Et le Seigneur descendra pour parler
à nos esprits... pour ouvrir nos oreilles qui entendent le Verbe, mais ne le
comprennent pas entièrement... pour envahir surtout nos cœurs par ses feux.
Car c'est seulement si nous brûlons que nous saurons résister aux martyres de
la Terre. Car c'est seulement si auparavant nous avons éprouvé le doux
martyre du complet amour, que nous pourrons être prêts à subir ceux de la
haine humaine... Seigneur... qu'ai-je dit ?"
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