Le dimanche 25 février 1945.
2ème dimanche de Carême (Reminiscere).
275>
117.1 – Jésus monte par le sentier escarpé qui
conduit au plateau sur lequel est construite Béthanie.
La situation de Béthanie est
illustrée par le dessin que Maria Valtorta a esquissé sur un feuillet placé
au début du cahier manuscrit. Au dos, elle a inscrit la note suivante, que
nous reportons en italique : "Béthanie
et le panorama que j’en ai. Derrière, la chaîne montagneuse centrale où se
trouve Jérusalem (le cercle et la croix rouges [en haut à gauche]). Le double trait en pointillé indique
le sentier raide qui mène de Jérusalem à Béthanie, représentée par le petit
cercle rouge sur le plateau [plus bas]. Le double trait est la route principale qui mène à Jéricho (le
cercle rouge avec une croix noire [en haut à droite]) en descendant par des collines toujours
plus basses jusqu’à la plaine que l’on voit côtoyer le fleuve [le
Jourdain]. Je ne vois pas la mer Morte
mais, comme je sais qu’elle se trouve derrière Jéricho, je l’ai mise pour
qu’on comprenne mieux."
Il
ne suit pas cette fois la route principale. Il a pris le sentier plus escarpé
et plus direct qui va du nord-ouest vers l'est, et qui est beaucoup moins
fréquenté peut-être à cause de sa forte pente. Il n'y a que les voyageurs
pressés qui l'utilisent; ceux aussi qui conduisent des troupeaux et qui
préfèrent éviter le va et vient de la route principale; ceux qui, comme Jésus
aujourd'hui, ne veulent pas se faire remarquer d'un grand nombre de
personnes.
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276> Il monte en avant en parlant tout
bas avec le Zélote. Derrière, un premier groupe où se trouvent les cousins
avec Jean et André, puis un autre groupe avec Jacques
de Zébédée, Matthieu,
Thomas, Philippe, restent les derniers Barthélemy avec Pierre et l'Iscariote.
On arrive au plateau élevé sur lequel Béthanie rit au soleil d'une
sereine journée de Novembre. En regardant vers l'Orient on voit la vallée du
Jourdain et la route qui vient de Jéricho Jésus donne l'ordre à Jean d'aller
avertir Lazare de son arrivée Pendant que Jean s'y rend rapidement,
Jésus avance lentement avec les siens salué un peu partout par des personnes
de l'endroit.
117.2 – La première qui arrive de la
maison de Lazare est une
femme qui se prosterne jusqu'à terre en
disant :
"Heureuse journée pour la maison de ma maîtresse. Viens, Maître. Voici Maximin,
et déjà à la grille, voilà Lazare."
Maximin accourt. Je ne sais pas exactement qui c'est. J'ai l'impression que
ça doit être un parent moins riche auquel les fils de Théophile
donnent l'hospitalité, ou bien un régisseur de leurs importantes propriétés;
mais traité en ami pour ses qualités et la longue durée de ses services dans
la maison. Ou bien c'est le fils d'un régisseur du père qui lui a succédé
dans cette charge auprès des enfants de Théophile. Il est un peu plus âgé que
Lazare, sur les trente-cinq ans, un peu plus. "Nous n'espérions pas
t'avoir si tôt". dit-il.
"Je viens demander un abri pour la nuit."
"Si c'était pour toujours, tu nous ferais plaisir" Ils sont sur le
seuil. Lazare baise et embrasse Jésus et salue les disciples. Puis, entourant
de son bras la taille de Jésus, il entre avec Lui dans le jardin. Il s'écarte
des autres et demande tout à coup : "À quoi dois-je la joie de te
voir ?"
"À la haine des gens du Sanhédrin."
"Ils t'ont fait du mal ? Encore !"
"Non, mais ils veulent m'en faire. Ce n'est pas l'heure. Tant que je
n'aurai pas labouré toute la Palestine et répandu la semence, je ne dois pas
être abattu."
"Tu dois aussi moissonner, bon Maître. Il est juste qu'il en soit
ainsi."
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277> "La moisson, ce sont mes amis
qui la feront. Ils mettront la faux où j'ai fait les semailles.
117.3 – Lazare, j'ai décidé de
m'éloigner de Jérusalem. Je sais que cela ne me sert pas personnellement je
le sais d'avance. Mais cela me donnera la possibilité d'évangéliser, à défaut
d'autre résultat. À Sion on m'a refusé même cela."
"Je t'avais envoyé dire par Nicodème d'aller dans une de mes propriétés.
Personne n'ose les violer. Tu pourrais exercer ton ministère sans ennuis. Et,
ô ma maison ! La plus heureuse de toutes mes maisons puisqu'elle serait
sanctifiée par ton enseignement, parce que tu y respirerais ! Donne-moi
la joie de t'être utile, mon Maître."
"Tu vois que déjà, je suis en train de te la donner, mais je ne peux
rester à Jérusalem. Je ne serais pas ennuyé, Moi, mais on ennuierait ceux qui
y viendraient. Je vais du côté d'Éphraïm, entre cette localité et le Jourdain. Là,
j'évangéliserai et je baptiserai comme le Baptiste."
"Dans les environs de cette localité, je possède une petite maison. Mais c'est un abri pour les outils des travailleurs.
De temps à autre ils y dorment, à la fenaison ou aux vendanges. Elle est
misérable. Un simple toit sur quatre murs. Mais elle est toujours sur mes
terres, et on le sait... Cela sera un épouvantail pour les chacals. Accepte,
Seigneur. J’enverrai des serviteurs pour la mettre en état..."
"Inutile. Si tes paysans y dorment, elle ira bien aussi pour nous."
"Je n'y mettrai pas de luxe. Mais je compléterai le nombre des lits,
oh ! pauvres comme tu veux : je ferai porter des couvertures, des
sièges, des amphores et des coupes. Il vous faudra aussi manger et vous
couvrir, surtout pendant ces mois d'hiver. Laisse-moi faire.
117.4 – Ce ne sera pas moi qui m'en
occuperai. Voici Marthe qui vient vers nous. Elle a le génie pratique et attentif
à tout ce qui a trait à la famille. Elle est faite pour la maison et pour
être le réconfort des corps et des esprits qui s'y trouvent. Viens, ma douce
et pure hôtesse ! Tu le vois? Moi aussi je me suis réfugié sous sa
maternelle protection, dans sa part d'héritage. Ainsi je ne regrette pas trop
douloureusement ma
mère. Marthe, Jésus se retire dans la
plaine de la Belle Eau. De beau, il n'y a que le sol fertile. La maison est un
bercail. Mais Lui veut une maison de pauvres. Il faut y mettre ce qui est
nécessaire. Donne des ordres, toi qui sais si bien faire !"
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278> Et Lazare baise la main très belle
de sa sœur qu'elle lève ensuite pour le caresser avec un véritable amour
maternel.
Puis Marthe dit :
"J'y vais tout de suite. J'emmène avec moi Maximin et Marcelle. Les
hommes du char aideront pour l'organisation. Bénis-moi, Maître, ainsi
j'emporterai avec moi quelque chose de Toi."
"Oui, ma douce hôtesse. Je t'appellerai comme Lazare. Je te donne mon
cœur pour que tu le portes avec toi, dans le tien."
117.5 – "Sais-tu, Maître, qu'aujourd'hui
Isaac se trouve avec Élie et les autres dans ces campagnes ? Ils m'ont
demandé ce pâturage en bas dans la plaine, pour être un peu ensemble, et j'ai
consenti. Aujourd'hui, ils changent de pâturage, et je les attends pour le
repas."
"J'en suis heureux, et je leur donnerai des instructions..."
"Oui, pour pouvoir garder le contact. Mais de temps en temps tu
viendras, n'est-ce pas ? ..."
"Je viendrai. J'en ai déjà parlé avec Simon. Et comme il n'est pas raisonnable que j'envahisse la maison
avec les disciples, j'irai dans la maison de Simon..."
"Non, Maître. Pourquoi me donner de la peine ?"
"Ne recherche pas, Lazare, je sais que c'est bien."
"Mais alors..."
"Mais alors, je serai toujours dans ton
domaine. Ce que Simon ignore encore, Je le sais. Celui qui voulait
acquérir, sans se montrer et sans discuter, simplement pour rester près de
Lazare de Béthanie c'était le fils de Théophile, le fidèle ami de Simon le
Zélote et le grand ami de Jésus de Nazareth .
Celui qui a doublé la somme pour Jonas et n'a pas pris sur l'avoir de Simon pour donner à ce
dernier le plaisir de pouvoir faire beaucoup pour le Maître qui est pauvre et
pour les pauvres du Maître, c'est quelqu'un dont le nom est Lazare. Celui
qui, discret et attentif met en train, dirige, soutient tous les bons efforts
pour me donner une aide et un réconfort ainsi que protection, c'est Lazare de
Béthanie. Je le sais."
"Oh ! ne le dis pas ! J'avais cru si bien faire d'agir ainsi
et en secret !"
"Pour les hommes, c'est un secret. Mais pas pour Moi. Je lis dans les
cœurs.
117.6 – Veux-tu que je te dise
pourquoi la bonté que tu as déjà naturellement se teinte d'une perfection
surnaturelle ? C'est parce que tu demandes un don surnaturel : tu
demandes le salut d'une âme en même temps que ta sainteté et celle de
Marthe.
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278> Tu te rends compte qu'il ne suffit pas
d'être bon suivant les idées du monde, mais qu'il faut être bon selon les
lois de l’esprit, pour avoir la grâce de Dieu. Tu n'as
pas entendu mes paroles. Mais j'ai dit :
"Quand vous faites le bien, faites-le en secret, et le Père vous en
récompensera grandement". Tu as agi par une naturelle impulsion vers
l'humilité. Et, en vérité, je te dis que le Père te prépare une récompense
que tu ne peux pas même imaginer."
"La rédemption de Marie ? ..."
"C'est ça, et plus, plus encore."
"Quoi alors, Maître, de plus impossible que celle-ci ?"
Jésus le regarde et sourit. Puis il dit, sur
le ton d'un psaume: ‘’Le Seigneur règne, et avec Lui ses saints. De ses
rayons, Il tresse une couronne et, sur la tête de ses saints, Il la pose pour
qu'éternellement elle resplendisse de ses feux aux yeux de Dieu et de
l'univers. De quel métal est-elle faite ? De quelles pierreries est-elle
décorée ? En or, en or très pur est son cercle, obtenu avec le double
feu de l'amour divin et de l'amour de l'homme, et elle est travaillée au
ciselet par la volonté qui martèle, lime, taille et affine. Il y a des perles
en abondance, des émeraudes plus vertes que l'herbe qui pousse en avril, des
turquoises couleur de ciel, des opales couleur de lune, des améthystes comme
des violettes pudiques, et des jaspes et des saphirs et des jacinthes, et des
topazes. Toutes ces pierres enchâssées pour la vie .
Et puis, pour achever l’ouvrage, un cercle de rubis, un grand cercle sur le
front glorieux. Puisque le béni aura eu foi et espérance, il aura eu douceur
et chasteté, tempérance et force, justice et prudence, miséricorde sans
mesure, et au fond il aura écrit, avec le sang, mon Nom et la foi en Moi, son
amour en lui pour Moi et son nom dans le Ciel.
Exultez, ô justes du Seigneur. L'homme ignore et Dieu voit.
Il inscrit dans les livres éternels mes promesses et vos œuvres, et avec
elles vos noms, princes du siècle à venir, triomphateurs éternels avec le
Christ du Seigneur."
Lazare le regarde étonné. Puis il murmure: "Oh !... moi... je ne
serai pas capable..."
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