Vision du jeudi 8 février 1945.
166> 102.1 – Les disciples sont à l'arrière
de la maison en train de souper dans le grand atelier de Joseph. L'établi
sert de table et tout ce qu'il faut se trouve dessus. Mais je vois que
l'atelier sert aussi de dortoir. Sur les deux autres tables de menuisier, il
y a des nattes qui se changent en couchettes et on a mis le long des murs de
petits lits bas (des nattes sur des claies). Les apôtres parlent entre eux et
avec le Maître.
"Alors, il est vrai que tu vas sur le Liban ?" demande l'Iscariote.
"Je ne fais jamais de promesses pour ne pas les tenir. Et ici je l'ai
promis deux fois : aux bergers et à la nourrice de
Jeanne de Kouza. J'ai attendu les cinq
jours dont j'avais parlé et, par prudence, j'y ai encore ajouté aujourd’hui.
Mais maintenant je m'en vais. Dès le lever de la lune, nous partirons. Le
chemin sera long même si nous utilisons la barque jusqu'à Bethsaïda. Mais
je veux donner cette joie à mon cœur, en saluant aussi Benjamin et Daniel. Tu vois quelles âmes ont les bergers. Oh ! ils
méritent qu'on aille les honorer, car Dieu Lui-même ne s'amoindrit pas en
honorant un de ses serviteurs mais, au contraire, Il déploie sa
justice."
"Avec cette chaleur ! Prends garde à ce que tu fais. C'est pour Toi
que je le dis."
"Les nuits sont déjà moins étouffantes. Le soleil
est encore pour peu de temps dans le Lion et les orages tempèrent la chaleur.
Et puis, je le répète, Je n'oblige personne à venir. Tout est spontané en Moi
et autour de Moi. Si vous avez des affaires, ou si vous vous sentez fatigués,
restez. Nous nous retrouverons plus tard."
"Voilà, c'est comme tu dis. Il me faudrait penser à des intérêts de
famille. Le temps des moissons arrive et ma mère m'avait prié de voir des amis... Tu sais, au fond, je
suis le chef de famille. Je veux dire : je suis l'homme de ma famille."
Pierre bougonne :
"Heureusement qu'il se rappelle que la mère est toujours la première
après le père."
Judas, soit qu'il n'entend pas ou qu'il ne veuille pas entendre ne montre pas
qu'il ait entendu Pierre bougonner. Du reste Jésus arrête Pierre d'un coup
d’œil pendant que Jacques de Zébédée
assis près de Pierre, tire son vêtement pour le faire taire.
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167>
"Vas-y Judas. Tu dois au
contraire y aller. Il ne faut pas manquer d'obéissance à la
mère."
"Alors, je pars tout de suite, si tu permets. Je serai à temps à Naïm pour trouver
encore où loger. Adieu, Maître. Adieu, amis."
"Sois ami de la paix et mérite d'avoir toujours Dieu avec toi.
Adieu." dit Jésus pendant que les autres le saluent en groupe.
On ne souffre pas beaucoup de le voir partir et même... Pierre, craignant
peut-être que Judas se repente, l'aide à serrer les courroies de son sac et à
le mettre en bandoulière. Il l'accompagne jusqu'à la porte de l'atelier déjà
ouverte comme l'autre qui donne sur le jardin, certainement pour aérer la
pièce dont l'air est étouffant après un jour torride. Il se tient à la sortie
pour le regarder partir et, quand il voit que décidément il s'éloigne, il lui
fait une joyeuse grimace et un ironique adieu et il revient en se frottant
les mains. Il ne dit rien... mais il a déjà tout dit. Quelqu'un qui a vu, rit
dans sa barbe.
102.2 – Mais Jésus n'y prête pas
attention, car il observe le cousin
Jacques qui est devenu tout rouge et
triste, laissant de côté ses olives. Il l'interroge :
"Qu'as- tu ?"
"Tu as dit : "Il ne faut pas manquer d'obéissance à la mère..." Et nous, alors ?"
"N'aie pas de scrupules. En règle générale, c'est comme cela qu'on doit
faire, quand on n'est qu'hommes et fils de chair. Mais, quand on a
pris une autre nature et une autre paternité, non. Celle-ci, plus élevée, il
faut la suivre suivant ce qu'elle commande et désire. Judas est arrivé avant
toi et avant Matthieu... mais il est encore en retard. Il faut qu'il se
forme, et il le fera très lentement. Ayez de la charité pour lui. Aie de la
charité, Pierre ! Je comprends... mais je te dis : sois charitable.
Supporter les personnes désagréables c'est une vertu qui n'est pas sans
valeur. Mets-la en pratique."
"Oui, Maître... Mais quand je le vois comme ça... comme ça... Bon,
tais-toi, Pierre, car Lui comprend si bien... il me semble être une voile
trop tendue par le vent... Je craque, je craque sous la poussée et en moi se
casse toujours quelque chose... Mais, tu sais, ou plutôt tu ne sais pas,
parce que comme batelier tu ne vaux rien, et c'est pour cela que je te le
dis, que si une voile par excès de tension rompt toutes ses attaches, je te
jure qu'elle donne une telle gifle au batelier inexpérimenté qu'il en est
abasourdi...
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168> Voilà, moi je sens que... je risque d'avoir toutes mes
attaches rompues... et alors... Il vaut mieux, en ce cas, qu'il s'en aille.
Ainsi la voile se calme faute de vent, et j'arrive à temps pour renforcer les
attaches."
Jésus sourit et secoue la tête plein d'indulgence pour le juste et bouillant
Pierre.
102.3 – Un grand vacarme de sabots
ferrés et des cris de gamins se font entendre dans la rue.
"C'est ici ! C'est ici ! Arrête, homme."
Et avant que Jésus et ses disciples ne s’en rendent, compte, devant
l'embrasure de la porte extérieure, se présente la forme sombre d'un cheval
tout fumant de sueur, et il en descend un cavalier qui se précipite à
l'intérieur comme un bolide et se jette aux pieds de Jésus qu'il baise avec
vénération.
Tous regardent, ébahis.
"Qui es-tu ? Que veux-tu ?"
"Je suis Jonathas."
Un cri de Joseph
lui répond, car assis en arrière du grand établi dans le
tonnerre de son arrivée, Joseph n'a pu reconnaître son ami. Le berger se
précipite sur l'homme encore à terre :
"Toi, c’est bien toi !…"
"Oui. J'adore mon Seigneur adoré ! Trente années d'espérance
oh ! La longue attente ! voilà : maintenant elles sont
fleuries comme la fleur de l'agave solitaire et, de plus, fleuries d'un coup,
dans une extase bienheureuse, et encore plus heureuse que l'autre si
lointaine ! Oh ! mon Sauveur !"
Femmes, enfants et quelques hommes, parmi lesquels le bon Alphée de Sara avec encore à la main un morceau de
pain et du fromage, s'empressent à l'entrée et jusqu'à l'intérieur de la
pièce.
"Lève-toi, Jonathas. J'étais sur le point d'aller te chercher, et avec
toi Benjamin et Daniel..."
"Je sais..."
"Lève-toi que je te donne le baiser que j'ai donné à tes
compagnons."
Il le force à se lever et l'embrasse.
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169> "Je sais, répète le robuste vieillard, bien
portant et bien vêtu. Je sais.
102.4 – Elle avait raison. Ce
n'était pas délire de mourante ! Oh Seigneur Dieu ! Comme l'âme
voit et entend quand Tu l'appelles !"
Jonathas est ému.
Mais Il se ressaisit. Il ne perd pas de temps. Adorant et pourtant actif, il
va droit au but :
"Jésus, notre Sauveur et notre Messie, je suis venu te prier de venir
avec moi. J'ai parlé avec Esther
et elle m'a dit... Mais auparavant, auparavant Jeanne
t'avait parlé et m'a dit... Oh ! ne riez pas d'un
homme heureux vous qui m'entendez, heureux et angoissé jusqu'à ce que j'aie
ton "Je viens". Tu sais que j'étais en voyage avec la maîtresse
mourante. Quel voyage ! De Tibériade
à Bethsaïda, ce fut bien. Mais ensuite, après avoir quitté la
barque, je pris un char et, bien que je l'eusse équipé de mon mieux, ce fut
une torture. On allait doucement pendant la nuit, mais elle souffrait.
À Césarée
de Philippe, elle faillit mourir en
crachant le sang. Nous nous arrêtâmes... Le troisième matin, il y a sept
jours, elle me fit appeler. Elle paraissait déjà morte, tant elle était pâle
et épuisée. Mais, quand je l'ai appelée, elle a ouvert ses doux yeux de
gazelle mourante et elle m'a souri. Elle m'a fait signe, de sa main glacée,
de me pencher, car elle n'avait qu'un filet de voix, et elle m'a dit :
"Jonathas, ramène-moi à la maison. Mais tout de suite". Si
grand était son effort en me commandant, elle qui est toujours plus douce
qu'une gentille enfant, que ses joues se sont colorées et qu'un éclair a
brillé dans ses yeux. Elle a continué : "J'ai rêvé de ma maison de
Tibériade. À l'intérieur, il y avait Quelqu'un dont le visage était comme une
étoile. Il était grand, blond, avec des yeux célestes et une voix plus douce
que le son de la harpe. Il me disait : 'Je suis la Vie. Viens. Reviens.
Je t'attends pour te la donner'. Je veux aller". Je lui disais :
"Mais, maîtresse ! Tu ne peux pas ! Tu te sens mal ! Dès
que tu iras mieux, nous verrons". Je croyais que c'était délire de
mourante. Mais elle a pleuré et puis oh ! c'est la première fois qu'elle
l'a dit depuis ces six ans qu'elle est ma maîtresse, et, oui, elle s'est même
assise, et en colère, elle qui ne peut remuer, elle m'a dit :
"Serviteur, je le veux. Je suis ta maîtresse. Obéis !", et
puis elle s'est renversée, toute en sang. J'ai cru qu'elle mourait... et j'ai
dit : "Faisons-lui plaisir. Mourir pour mourir !... Je n'aurai
pas de remords de l'avoir mécontentée à la fin, après avoir toujours voulu la
satisfaire". Quel voyage ! Elle n'avait de repos qu'entre la troisième
et la sixième heure.
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170> J'ai crevé les chevaux pour aller plus vite. Nous
sommes arrivés à Tibériade à la neuvième heure, ce matin... Et Esther m'a
parlé... Alors, j'ai compris que c'était Toi qui l'avais appelée. Car c'était
l'heure et le jour où tu avais promis un miracle à Esther et que tu étais
apparu à l'esprit de ma maîtresse. Elle a voulu repartir tout de suite à
l'heure de none et m'a envoyé pour la devancer... Oh ! viens, mon
Sauveur !"
"Je viens tout de suite. La foi mérite récompense. Qui me désire me
possède. Allons."
"Attends. J'ai jeté une bourse à un jeune, en disant : "Trois, cinq, autant d'ânes que
vous voulez, si vous n'avez pas de chevaux, et vite, à la maison de
Jésus". Ils vont arriver. Nous irons plus vite. J'espère la rencontrer
près de Cana. Si, du moins..."
"Quoi, Jonathas ?"
"Si, du moins, elle est vivante..."
"Vivante, elle l'est. Mais même fût-elle morte, je suis la Vie.
102.5 – Voici ma Mère."
La Vierge, certainement avertie par quelqu'un est en effet en train
d'accourir, suivie de Marie d'Alphée.
"Fils, tu pars ?"
"Oui, Mère. Je vais avec Jonathas. Il est venu. Je savais que je
pourrais te le présenter. C'est pour cela que j'ai attendu un jour de
plus."
Jonathas a d'abord fait une salutation profonde, les bras croisé sur la
poitrine, maintenant il s'agenouille et soulève à peine le vêtement de Marie
et en baise le bord, en disant :
"Je te salue ! Mère de mon Seigneur !"
Alphée de Sara dit aux curieux :
"Eh bien, qu'en dites-vous ? N'est-ce pas honteux d'être nous les
seuls sans foi ?"
Un bruit de nombreux sabots se fait entendre dans la rue. Ce sont les ânes.
Je crois qu'il y a tous ceux de Nazareth et ils sont si nombreux qu'il y en
aurait assez pour un escadron. Jonathas choisit les meilleurs et les
marchande, en payant sans lésiner. Il prend deux
Nazaréens avec d'autres ânes, par
crainte que quelque animal ne déferre en route et pour qu'ils puissent
ramener toute cette bruyante cavalerie. Pendant ce temps, les deux Marie
aident pour boucler sacs et besaces.
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171> Marie d'Alphée dit aux fils :
"Je laisserai en place vos lits et je les caresserai... Il me semblera
que je vous fais des caresses. Soyez bons, dignes de Jésus, mes fils... et
moi... moi, je serai heureuse."
Et pendant ce temps, elle pleure à chaudes larmes.
Marie, de son côté, aide son Jésus, le caresse avec amour, en Lui faisant
mille recommandations et en le chargeant de ses affectueuses salutations pour
les bergers du Liban, car Jésus annonce qu'il ne reviendra pas avant de les
avoir retrouvés.
102.6 – Ils partent. La nuit descend
et la lune, à son premier quartier se lève en ce moment. En tête, sont Jésus
et Jonathas. Derrière tous les autres. Tant qu'ils sont dans la ville, ils
vont au pas, car les gens s'attroupent, mais à peine sortis, ils vont au
trot. C'est une troupe qui résonne du bruit des sabots et des grelots.
"Elle est dans le char avec Esther." explique Jonathas.
"Oh ! ma maîtresse ! Quelle joie de te faire plaisir !
T'amener Jésus ! O mon Seigneur ! T'avoir ici à côté de moi !
Te posséder ! Tu as bien sur ton visage l’éclat d'une étoile : comme
elle t'a vu, et tu es blond, avec des yeux couleur de ciel et ta voix a bien
le son de la harpe... Oh ! mais ta Mère ! Tu l’amèneras à ma
maîtresse, un jour ?"
"La maîtresse viendra à Elle. Elles seront amies."
"Oui ? Oh !... Oui, elle peut l'être. Elle est épouse et a été
mère, Jeanne. Mais elle a une âme pure comme une vierge. Elle peut rester à
côté de Marie, la bénie."
Jésus se retourne en entendant un frais éclat de rire de Jean, que tous les
autres imitent.
"C'est moi, Maître, qui les fais rire, Sur la barque, je suis plus à
l'aise qu'un chat... mais là-dessus ! Il me semble être un tonneau qui
roule librement sur le pont d'un navire que fait tanguer le vent de
suroît !" dit Pierre.
Jésus lui sourit et l'encourage, lui promettant que le trot sera bientôt
fini.
"Oh! ce n'est rien. Si les garçons rient, il n'y a pas de mal. Allons,
allons faire plaisir à cette brave femme."
Jésus se retourne encore à un autre éclat de rire.
Pierre s'écrie : "Non, cela, je ne te le dis pas, Maître. Mais,
après tout, pourquoi pas ? Je disais : "Notre grand ministre
se rongera les mains, quand il saura qu’il a manqué l'occasion de faire le
paon devant une dame". Eux rient, mais c'est comme ça. Je suis sûr que
s'il avait pu l'imaginer, il aurait oublié le soin des vignes
paternelles."
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172> Jésus ne réplique pas.
102.7 – La route se fait rapidement
sur ces ânes bien nourris. Dans le clair de lune, on a dépassé Cana.
"Si tu permets, je vais en avant. J'arrête le char. Les secousses la
font tellement souffrir."
"Vas-y."
Jonathas met le cheval au galop.
Encore un parcours assez long au clair de lune, et voilà que se dessine la
forme sombre d'un grand char couvert, arrêté au bord du chemin. Jésus excite
son âne qui part au petit galop. Le voilà près du char. Il descend.
"Le Messie !" annonce Jonathas.
La vieille nourrice se précipite du char sur la route, et de la route dans la
poussière.
"Oh! Sauve-la ! Elle est en train de mourir."
"Me voici."
Et Jésus monte sur le char où on a étendu un tas de coussins et sur eux un
corps fragile. Dans un coin, il y a une lanterne, des coupes, des amphores. À
côté, une jeune servante qui pleure, essuyant la sueur froide de la mourante.
Jonathas accourt avec une des lanternes du char.
Jésus se penche sur la femme qui se laisse aller, vraiment mourante. Il n'y a
pas de différence entre la blancheur de son vêtement de lin et la pâleur
légèrement azurée des mains et du visage amaigris. Seuls d'épais sourcils et
de longs cils très noirs donnent une couleur à ce visage de neige. Elle n'a
même plus ce rouge de mauvais augure des poitrinaires sur ses pommettes
décolorées. On voit une ombre rose violette, ce sont ses lèvres entrouvertes
à cause de la respiration difficile.
Jésus s'agenouille à côté d'elle et l'observe. La nourrice lui saisit une
main et l'appelle. Mais l'âme, déjà sur le seuil de l'éternité n'a plus
aucune conscience.
Les disciples et les deux jeunes gens de Nazareth sont arrivés et entourent
le char.
Jésus met une main sur le front de la mourante qui ouvre un moment ses yeux
embrumés et vagues et puis les referme.
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173> "Elle a perdu conscience."
gémit la nourrice.
Et elle pleure plus fortement.
Jésus fait un geste :
"Mère, elle va entendre. Aie confiance."
Puis il appelle :
"Jeanne ! Jeanne ! C'est
Moi ! Moi qui t'appelle, Je suis la Vie. Regarde-Moi, Jeanne."
Avec un regard plus vivant, la mourante ouvre ses grands yeux noirs, et
regarde le visage penché sur elle. Elle a un mouvement de joie et sourit.
Elle remue doucement les lèvres pour dire une parole qui, pourtant, n'arrive
pas à se faire entendre.
"Oui, c'est Moi. Tu es venue et je suis venu pour te sauver. Peux-tu
croire en Moi ?"
La mourante fait signe de la tête. Toute sa vitalité s'accumule dans son
regard qui dit tout ce que la parole ne peut exprimer autrement.
Jésus, tout en restant à genoux et la main gauche sur son front se redresse
et prend son attitude de miracle : "Eh bien ! Je le veux. Sois
guérie. Lève-toi." Il enlève la main et se met debout.
Une fraction de minute et puis Jeanne de Kouza, sans aide d'aucune sorte,
s'assied, pousse un cri et se jette aux pieds de Jésus en criant d'une voix
forte, heureuse :
"Oh ! t'aimer, ô ma Vie ! Pour toujours !
À Toi ! Pour toujours à Toi ! Nourrice ! Jonathas ! Je
suis guérie ! Oh ! vite ! Courez pour le dire à Kouza.
Qu'il vienne adorer le Seigneur ! Oh ! bénis-moi, encore, encore,
encore ! Oh ! mon Sauveur."
Elle pleure et rit en embrassant les vêtements et les mains de Jésus.
"Je te bénis, oui. Que veux-tu que je te fasse d'autre ?"
"Rien, Seigneur. Que seulement tu m'aimes et me permette de
t’aimer."
"Et, tu ne voudrais pas un bébé ?"
"Oh ! un bébé !... Mais, fais
ce que tu veux, Seigneur. Je t'abandonne tout : mon passé, mon présent,
mon avenir. Je te dois tout et te remets tout. Toi, donne à ta servante ce
que tu sais être le meilleur."
"La vie éternelle, alors. Sois heureuse. Dieu t'aime.
102.8 – Je m'en vais. Je te bénis et
vous bénis."
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174> "Non, Seigneur. Arrête-Toi
dans ma maison qui, maintenant, oh ! maintenant est réellement un rosier
fleuri. Permets-moi d'y rentrer avec Toi... Oh ! que je suis
heureuse !"
"Je viens, mais j'ai mes disciples."
"Mes frères, Seigneur.
Jeanne aura pour eux comme pour Toi, nourriture et boisson et tout ce qu'il
faut. Fais-moi plaisir !"
"Allons. Renvoyez les montures et suivez à pied. Il y a peu de chemin à
faire maintenant. Nous irons doucement pour que vous puissiez suivre. Adieu, Ismaël
et Aser.
Saluez encore ma Mère pour Moi, et aussi mes amis."
Les deux Nazaréens, stupéfaits, s'en vont avec leur bruyante cavalerie
pendant que le char retourne maintenant avec sa charge joyeuse, Derrière, en
groupe, les disciples commentent le fait.
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