Le mardi 22 octobre 1946.
147> 516.1 - Au printemps, en été, et en automne,
Gabaon, située au sommet d'une colline en pente douce et peu élevée, isolée
au milieu d'une plaine très fertile, doit être une ville avenante, aérée,
jouissant d'un panorama magnifique. Ses maisons blanches se cachent presque
dans le vert des arbres à feuillage persistant, de toutes espèces, mêlés aux
arbres dépouillés maintenant par la saison, mais qui à la belle saison
doivent transformer la colline en une nuée de pétales légers et plus tard en
un triomphe de fruits. Maintenant, dans la grisaille de l'hiver, elle montre
ses pentes rayées par les vignes dépouillées et les oliviers gris, ou bien
tachetées par les vergers dépouillés aux sombres troncs. Et pourtant, elle
est belle et aérée, et l'œil se repose sur la pente de la colline et sur la
plaine labourée.
Jésus
va vers une vaste citerne ou puits
qui me rappelle celui de
la Samaritaine ou encore En Rogel ou plus encore les réservoirs près d'Hébron.
Nombreux sont les gens qui se hâtent de faire une provision d'eau pour le
sabbat maintenant proche, les gens qui traitent leurs dernières affaires, les
gens qui ayant terminé leurs occupations se livrent déjà au repos du sabbat.
Au milieu d'eux se trouvent les huit apôtres qui annoncent le Maître et qui
ont déjà eu du succès car je vois amener des malades et se rassembler des
mendiants et des gens qui viennent de leurs maisons.
Quand Jésus met pied dans l'espace où se trouve le bassin, il se produit un murmure qui se change en un cri unanime :
"Hosanna, Hosanna ! Il est parmi nous le Fils de David ! Bénie la
Sagesse qui arrive où elle a été invoquée !"
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148> "Soyez bénis vous, qui savez l'accueillir.
Paix ! Paix et bénédiction." Et tout de suite, il se dirige vers les
malades et ceux qui sont estropiés par accident ou par maladie, vers les
immanquables aveugles ou qui sont en voie de l'être, et il les guérit.
516.2 - C'est un beau miracle que celui d'un
enfant muet que sa mère Lui présente en pleurant et que Jésus guérit avec un
baiser sur la bouche, et qui se sert de la parole qui lui a été donnée par la
Parole pour crier les deux plus beaux noms :
"Jésus ! Maman !"
Et des bras de sa mère qui le tenait élevé au-dessus de la foule, il se jette
dans les bras de Jésus en se serrant à son cou jusqu'à ce que Jésus le rende
à sa mère heureuse. Elle explique à Jésus comment cet enfant qui était son
premier-né, et que ses parents destinaient dans leurs cœurs à être lévite dès
avant sa naissance, pourra l'être maintenant qu'il est sans défauts :
"Ce n'est pas pour moi que je l'avais demandé au Seigneur avec mon époux
Joachim,
mais pour qu'il servît le Seigneur. Et ce n'est pas pour qu'il m'appelle mère
et qu'il me dise qu'il m'aime que j'ai demandé pour lui la parole. Ses yeux
et ses baisers me le disaient déjà. Mais je le demandais pour qu'il pût,
comme un agneau sans défauts, être offert tout entier au Seigneur, et en
louer le Nom."
À quoi Jésus répond :
"Le Seigneur entendait la parole de son âme, parce que Lui, comme une
mère, transforme les sentiments en paroles et en actes. Mais ton désir était
bon et le Très-Haut l'a accueilli. Maintenant applique-toi à éduquer ton fils
pour la louange parfaite pour qu'il soit parfait dans le service du
Seigneur."
"Oui, Rabbi, Mais Toi, dis-moi ce que je dois faire."
"Fais qu'il aime le Seigneur Dieu avec tout lui-même, et spontanément
fleurira en son cœur la louange parfaite, et il sera parfait dans le service
de son Dieu."
"Tu as bien parlé, ô Rabbi. La Sagesse est sur tes lèvres. Parle, je
t'en prie, à nous tous" dit un digne gabaonite qui s'est frayé un chemin
jusqu'à Jésus et l'invite ensuite à la synagogue. C'est certainement le
chef de la synagogue.
516.3 - Jésus s'y dirige, suivi de tout le
monde, et comme il est impossible de faire entrer tous ceux de la ville, et
en plus ceux qui étaient déjà avec Jésus, Jésus accepte le conseil du chef de
parler de la terrasse de sa maison qui est contiguë à la synagogue, une
maison large et basse, tapissée sur deux côtés par la verdure tenace de
jasmins en espaliers.
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149> La voix de Jésus, puissante et
harmonieuse, se répand dans l'air calme du soir qui descend, et se propage à
travers la place et les trois rues qui y débouchent, alors qu'une petite mer
de têtes se tient le visage levé pour l'écouter.
"La femme de votre ville qui a désiré
la parole pour son enfant, non par désir d'entendre des lèvres de son fils de
douces paroles, mais pour qu'il fût apte au service de Dieu, me rappelle une
autre parole lointaine, sortie des lèvres d'un grand homme dans cette ville
même. À celle-là, comme à celle de votre compatriote, Dieu a acquiescé car
dans les deux Il a vu une demande conforme à la justice, une justice qui
devrait se trouver dans toutes les prières pour qu'elles trouvent de la part
de Dieu accueil et grâce. Qu'est-ce qui est nécessaire pendant la vie pour
obtenir ensuite la récompense éternelle, la vraie Vie sans fin, dans une
béatitude sans fin ? Il faut aimer le Seigneur de tout soi-même, et le
prochain comme soi-même.
Et c'est la chose la plus nécessaire pour avoir Dieu comme ami et obtenir de
Lui grâces et bénédictions.
Quand Salomon, devenu roi après la mort de David, assuma de fait le pouvoir,
il monta à cette ville où il offrit en sacrifice de nombreuses victimes, et
cette nuit-là, le Très-Haut lui apparut pour lui dire : "Demande ce que
tu désires de Moi".
C'est une grande bienveillance de la part de Dieu, et une grande épreuve de
la part de l'homme. Car à tout don
correspond une grande responsabilité de la part de celui qui le reçoit, une
responsabilité d'autant plus grande que le don est grand. Et celle-ci est
l'épreuve du degré de formation que son esprit a atteint. Si un esprit comblé
par les bienfaits de Dieu, au lieu de se perfectionner descend vers la
matérialité, il a manqué l'épreuve, et il montre ainsi l'absence de sa
formation ou son insuffisance. Il y a deux choses qui indiquent la valeur
spirituelle d'un homme : sa façon de se comporter dans la joie et celle de se
comporter dans la douleur. Seul celui qui est formé en fait de justice sait
être humble dans la gloire, fidèle dans la joie, reconnaissant et constant
même après avoir obtenu, même quand il ne désire plus rien. Et sait être
patient et rester amant de son Dieu, quand les peines s'acharnent sur lui,
seul celui qui est réellement saint."
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150> 516.4 - "Maître,
puis-je demander une chose ?" dit quelqu'un de Gabaon.
"Parle."
"Tout est vrai de ce que tu dis, et si j'ai bien compris tu veux dire
que Salomon triompha de l'épreuve d'une manière heureuse. Mais ensuite, il a
péché.
Maintenant, dis-moi : pourquoi Dieu l'a-t-Il tant comblé si ensuite
il devait pécher ? Certainement le Seigneur connaissait le futur péché
du roi. Et alors pourquoi lui dit-Il : "Demande-moi ce que tu veux
?" Est-ce que ce fut un bien ou un mal ?"
"Toujours
un bien, car Dieu ne fait pas d'actions mauvaises."
"Mais tu as dit qu'à tout don correspond une responsabilité. Or Salomon,
ayant demandé et obtenu la sagesse..."
"Il avait la responsabilité d'être sage
et il ne l'a pas été, veux-tu dire. C'est vrai. Et Moi je te dis que son
manquement à la sagesse fut puni, et avec justice. Mais l'acte de Dieu de lui
accorder la sagesse qu'il demandait fut bon, et bon fut l'acte de Salomon de
demander la sagesse et non d'autres choses matérielles. Et étant donné que
Dieu est Père et qu'il est Justice, au moment de l'erreur, Il a pardonné une
grande partie de l'erreur, en se souvenant que le pécheur avait autrefois
aimé la Sagesse plus que toute autre chose et que toute créature. Un acte
aura atténué l'autre acte. L'action
bonne, faite antérieurement au péché, reste et elle vaut pour
le pardon, quand pourtant le pécheur se repent après le péché.
C'est pour cela que je vous dis de ne pas vous laisser échapper l'occasion de
faire de bonnes actions pour qu'elles soient comme un à compte de vos péchés
quand, par la grâce de Dieu, vous vous en repentez.
Les bonnes actions, même si elles semblent passées et que pour cela on peut
penser à tort qu'elles ne travaillent plus en nous pour créer de nouvelles
stimulations et de nouvelles forces pour les choses bonnes, sont toujours
actives, ne serait-ce que par le souvenir qui remonte du fond d'une âme
avilie et suscite le regret du temps où l'on était bon. Et le regret est
souvent un premier pas sur le chemin du retour à la Justice. J'ai dit qu'une
coupe d'eau donnée avec amour à quelqu'un qui a soif ne reste pas sans
récompense.
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151/152> Une gorgée d'eau ce n'est rien comme
valeur matérielle, mais la charité la rend grande et elle ne reste pas sans
récompense. Parfois la récompense peut être un retour au Bien qui se forme
par le souvenir de cet acte, des paroles du frère assoiffé, des sentiments du
cœur à ce moment-là, du cœur qui offrait à boire au nom de Dieu et par amour.
Et voilà que Dieu, par suite des souvenirs, revient, comme un soleil qui se
lève après la nuit obscure, pour resplendir sur l'horizon d'un pauvre cœur
qui l'a perdu et qui, fasciné par son ineffable Présence, s'humilie et crie :
"Père, j'ai péché ! Pardonne. Je t'aime de nouveau".
516.5 - L'amour à Dieu est sagesse, et c'est la Sagesse des sagesses
car celui qui aime connaît tout et possède tout. Ici, pendant que le soir descend et que le vent du soir fait frissonner les corps dans
les vêtements et agite les flambeaux que vous avez allumés, je ne vais pas
vous dire ce que déjà vous savez : les passages du Livre sapientiel où on
décrit comment Salomon obtint la Sagesse, et la prière qu'il fit pour
l'obtenir.
Mais en souvenir de Moi, du sentier sûr, de la lumière qui vous guide, je
vous exhorte à méditer ces pages avec le chef de votre synagogue. Le Livre de la
Sagesse devrait être un code de vie spirituelle. Comme une main
maternelle, il devrait vous guider et vous introduire dans la parfaite
connaissance des vertus et de ma Doctrine, car la Sagesse me prépare les
chemins et fait des hommes "de courte vie, et incapables de comprendre
les jugements et les lois, les serviteurs et les fils des servantes de
Dieu" les dieux du Paradis de Dieu.
Cherchez avant tout la Sagesse pour honorer le Seigneur et vous entendre dire
par Lui, au jour éternel : "Puisque tu as eu cela surtout à cœur et non
pas la richesse, les biens, la gloire, une longue vie, ni le triomphe sur les
ennemis, que te soit accordée la Sagesse" c'est-à-dire Dieu Lui-même,
car l'Esprit de Sagesse c'est l'Esprit de Dieu. Cherchez avant tout la
Sagesse sainte et, c'est Moi qui vous le dis, toute autre chose vous sera
donnée et d'une façon qu'aucun des grands du monde ne peut se la procurer.
Aimez Dieu. Souciez-vous seulement de l'aimer. Aimez votre prochain pour
honorer Dieu. Consacrez-vous au service de Dieu, à son triomphe dans les
cœurs. Convertissez au Seigneur celui qui n'est pas l'ami de Dieu. Soyez
saints. Accumulez les œuvres saintes pour vous défendre contre les faiblesses
possibles de la créature. Soyez fidèles au Seigneur. Ne critiquez ni les
vivants ni les morts, mais efforcez-vous d'imiter les bons et non pour votre
joie terrestre, mais pour la joie de Dieu, demandez les grâces au Seigneur et
elles vous seront données.
Allons. Demain, nous prierons ensemble et Dieu sera avec nous."
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