Le lundi 14 octobre 1946.
117> 513.1 - La place d'Emmaüs. Elle est pleine
de monde, tout à fait pleine. Et au centre de la place, Jésus qui a du mal à se mouvoir tant il
est entouré, oppressé par les gens qui l'assiègent. Jésus entre le fils du
chef de la synagogue et l'autre disciple
et autour de Lui, dans l'intention hypothétique de le protéger,
les apôtres et les disciples, et entre les uns et les autres, arrivant à
s'insinuer partout, comme des lézards à travers une haie épaisse, des enfants
et encore des enfants.
Elle est merveilleuse l'attirance que Jésus
exerçait sur les petits
! Jamais un endroit, connu ou inconnu, où il n'était pas entouré tout de
suite par les enfants, heureux de s'attacher à ses vêtements, plus heureux
encore quand il les effleurait de la main en une légère caresse toute
affectueuse, même si, en même temps, il disait des choses sévères aux
adultes ; et extrêmement heureux quand il s'assoyait sur un siège, sur
un muret, une pierre, un tronc abattu, ou à même l'herbe.
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118> Alors, l'ayant ainsi à leur niveau,
ils pouvaient l'embrasser, appuyer leurs têtes sur ses épaules, ses genoux, se
glisser sous son manteau pour se trouver entourés de ses bras, comme des
poussins qui ont trouvé la plus affectueuse et la plus protectrice des
défenses. Et toujours Jésus les défend de la suffisance des adultes, de leur
respect imparfait pour Lui qui, faute de s'exercer pour tant de sérieux
motifs, veulent faire du zèle en éloignant les petits du Maître...
Maintenant encore, sa phrase habituelle se fait entendre pour protéger ses
petits amis :
"Laissez-les faire ! Oh ! ils ne m'ennuient pas ! Ce ne sont pas les
enfants qui m'ennuient et me peinent !"
Jésus se penche sur eux, avec un sourire épanoui qui le rajeunit en le
faisant ressembler à un frère aîné, complice bienveillant de quelque jeu
innocent, et il murmure :
"Soyez gentils, silencieux, silencieux, ainsi ils ne vous renvoient pas
et nous restons encore ensemble."
"Et tu nous racontes une belle parabole
?" dit le plus... audacieux.
"Oui, toute pour vous. Ensuite je parlerai à vos parents. Écoutez tous :
ce qui sert aux petits sert aussi aux hommes.
513.2 - Un jour un homme s'entendit appeler
par un grand roi qui lui dit : "J'ai appris que tu mérites une
récompense car tu es sage et tu honores ta ville par ton travail et par ta
science. Eh bien, je ne vais pas te donner telle ou telle chose, mais je vais
t'amener dans la salle de mes trésors. Tu choisiras ce que tu voudras et je
te le donnerai. De cette façon je jugerai aussi si tu es tel que la renommée
te dépeint".
Et en même temps le roi, qui s'était approché du terre-plein qui entourait
son atrium, jeta un regard sur la place qui était devant le palais royal et
il vit passer un enfant pauvrement vêtu, un tout petit, certainement d'une
famille très pauvre, peut-être un orphelin et un mendiant. Il s'adressa à ses
serviteurs pour leur dire :
"Allez chercher cet enfant et amenez-le-moi".
Les serviteurs y allèrent et revinrent avec le petit enfant tout tremblant de
se trouver en présence du roi.
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119> Malgré les instances des
dignitaires de la cour, qui lui disaient : "Incline-toi, salue et dit :
'Honneur et gloire à toi, mon roi. Je plie les genoux devant toi, roi
puissant que la Terre exalte comme l'être le plus grand qui existe' ",
le petit ne voulait pas s'incliner et dire ces paroles et les dignitaires,
scandalisés, le secouaient rudement et disaient :
"O roi, cet enfant grossier et crasseux déshonore ta demeure.
Permets-nous de le chasser d'ici et de le jeter dans la rue. Si tu désires
avoir à côté de toi un enfant, nous irons en chercher un chez les riches de
la ville, si tu es las des nôtres, et nous te l'amènerons. Mais pas ce rustre
qui ne sait même pas saluer !...".
L'homme riche et sage, qui auparavant s'était abaissé en cent courbettes
serviles, profondes comme s'il s'était trouvé devant un autel, dit :
"Tes dignitaires ont bien parlé. Pour la majesté de ta couronne, tu dois
empêcher qu'on ne donne pas à ta personne sacrée l'hommage qui lui
revient" et en disant ces mots il se prosternait jusqu'à baiser les
pieds du roi.
Mais le roi dit :
"Non, je veux cet enfant. Non seulement cela, mais je veux le conduire
lui aussi dans la salle de mes trésors pour qu'il choisisse ce qu'il veut et
que je lui donnerai. Ne me serait-il pas permis, parce que je suis roi, de
rendre heureux un pauvre enfant ? N'est-il pas mon sujet comme vous tous ?
A-t-il le tort d'être malheureux ? Non, vive Dieu, je veux lui faire plaisir
au moins une fois ! Viens, enfant, et n'aie pas peur de moi"
Et il lui offrit la main que l'enfant prit simplement en la baisant
spontanément. Le roi sourit. Et entre deux rangs de dignitaires courbés pour
lui rendre hommage, sur des tapis de pourpre à fleurs d'or, il se dirigea
vers la pièce des trésors, avec à sa droite l'homme riche et sage et à sa
gauche l'enfant ignorant et pauvre. Et le manteau royal contrastait
grandement avec le petit vêtement effiloché et les pieds déchaussés du pauvre
enfant.
Ils entrèrent dans la salle des trésors dont deux grands de la Cour avaient
ouvert la porte. C'était une pièce élevée, ronde, sans fenêtres. Mais la
lumière pleuvait d'un plafond qui n'était qu'une énorme plaque de mica : une
lumière douce et qui pourtant faisait briller les clous d'or des
coffres-forts et les rubans pourpres des nombreux rouleaux placés sur des
pupitres élevés et ornés.
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120> Des rouleaux somptueux, avec des
baguettes précieuses, des fermoirs et le titre ornés de pierres
resplendissantes : œuvres rares que seul un roi pouvait posséder. Puis, à
l'abandon, sur un pupitre sévère, sombre, peu élevé, un petit rouleau enroulé
sur une petite baguette de bois blanc, attaché avec un fil grossier,
poussiéreux comme une chose négligée.
Le roi dit en montrant les murs :
"Voilà, ici se trouvent tous les trésors de la Terre, et d'autres plus
grands encore que les trésors de la Terre, car ici se trouvent toutes les
œuvres du génie humain, et il y a aussi des œuvres qui proviennent de sources
surhumaines. Allez, prenez ce que vous voulez".
Et il se plaça au milieu de la pièce, les bras croisés, pour observer.
L'homme riche et sage se dirigea d'abord vers les coffres-forts et il en
enleva les couvercles avec une hâte de plus en plus fébrile. De l'or en
barres, de l'or en bijoux, de l'argent, des perles, des saphirs, des rubis,
des émeraudes, des opales... brillaient de tous les coffres-forts. C'était
des cris d'admiration à chaque ouverture... Et puis il se dirigea vers les
pupitres, et en lisant les titres des rouleaux, de nouveaux cris d'admiration
sortaient de ses lèvres et enfin l'homme enthousiasmé, se tourna vers le roi
et lui dit : "Mais tu as un trésor sans pareil et les pierres ont autant
de valeur que les rouleaux et vice versa ! Et je puis vraiment choisir
librement ?"
"Je l'ai dit : comme si tout t'appartenait".
L'homme se jeta le visage contre le sol en disant :
"Je t'adore, Ô grand roi !" et il se leva, en courant d'abord vers
les coffres, puis vers les pupitres, en prenant des uns et des autres ce
qu'il voyait de meilleur.
Le roi sourit une première fois dans sa barbe en voyant la fièvre avec
laquelle l'homme courait d'un coffre-fort à un autre, et une seconde fois
quand il le vit se jeter à terre pour l'adorer et il sourit pour la troisième
fois en voyant avec quelle cupidité, quelle règle et quelle préférence il
choisissait les gemmes et les livres; il se tourna
vers l'enfant qui était resté à son côté pour lui dire :
"Et toi, tu ne vas pas choisir les belles pierres et les rouleaux de
valeur ?"
L'enfant secoua la tête pour dire non.
"Et pourquoi ?"
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121 "Parce que pour les rouleaux,
je ne sais pas lire, et pour les pierres... je n'en connais pas la valeur.
Pour moi, ce sont des cailloux, et rien de plus".
"Mais elles te rendraient riche..."
"Je n'ai pas de père, ni de mère, ni de frère. À quoi cela me servirait
d'aller dans mon refuge avec un trésor en mon sein ?".
"Mais avec tu pourrais t'acheter une maison...".
"J'y habiterais toujours seul".
"Des vêtements".
"J'aurais toujours froid car il me manque l'amour des parents".
"De la nourriture".
"Je ne pourrais me rassasier des baisers de maman, ni les acheter à
aucun prix".
"Des maîtres, et apprendre à lire...".
"Cela me plairait davantage. Mais, ensuite, que lire ?".
"Les œuvres des poètes, des philosophes, des sages et les paroles
anciennes et les histoires des peuples".
"Choses inutiles, vaines ou passées... Cela ne vaut pas la peine".
"Quel sot enfant !" s'écria l'homme qui avait maintenant les bras
chargés de rouleaux, et la ceinture et la tunique sur la poitrine, gonflées
de pierres précieuses.
Le roi sourit encore dans sa barbe. Et ayant pris l'enfant dans ses bras, il
l'amena aux coffres-forts. Plongeant la main dans les perles, les rubis, les
topazes, les améthystes, il les faisait tomber en une pluie scintillante et
le poussait à en prendre.
"Non, ô roi, je n'en veux pas. Je voudrais autre chose..."
Le roi l'amena aux pupitres et il lui lut des strophes des poètes, des
histoires de héros, des descriptions de pays.
"Oh ! lire, c'est plus beau. Mais ce n'est pas cela que je
voudrais..."
"Et quoi donc ? Parle et je te le donnerai, enfant".
"Oh ! Je ne crois pas, ô roi, que tu le puisses malgré ta puissance. Ce
n'est pas une chose d'ici-bas...".
"Ah ! tu veux des œuvres qui ne sont pas de la Terre ! Voilà, alors :
ici ce sont des œuvres dictées par Dieu à ses serviteurs, écoute"
Et il lut des pages inspirées.
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122> "C'est beaucoup plus beau,
mais pour les comprendre, il faut d'abord savoir le langage de Dieu. Il n'y a
pas un livre qui l'enseigne et qui fait comprendre ce qu'est Dieu ?"
Le roi eut un mouvement de stupeur et cessa de rire, mais il serra l'enfant
contre son cœur.
L'homme, au contraire, eut un rire moqueur pour dire :
"Même les plus savants ne savent pas ce qu'est Dieu et toi, enfant
ignorant, tu veux le savoir ? Si tu veux devenir riche avec cela !..."
Le roi le regarda avec sévérité tandis que le petit répondait :
"Je ne cherche pas la richesse, je cherche l'amour, et il m'a été dit un
jour que Dieu est Amour".
Le roi l'amena près du pupitre sévère sur lequel était le petit rouleau
attaché avec une cordelette et poussiéreux. Il le prit, le déroula et lut les
premières lignes :
"Que celui qui est petit vienne à Moi et Moi, Dieu, Je lui enseignerai
la science de l'amour. Elle se trouve dans ce livre, et Moi..."
"Oh ! c'est cela que je veux ! Et je connaîtrai Dieu et j'aurai tout en
le possédant. Donne-moi ce rouleau, ô roi, et je serai heureux".
"Mais il est sans valeur pécuniaire ! Cet enfant est vraiment sot ! Il
ne sait pas lire et il prend un livre ! Il n'est pas sage et il ne veut pas
s'instruire. Il est miséreux et il ne prend pas de trésors".
"Je m'efforcerai de posséder l'amour, et ce livre me l'enseignera. Que
tu sois béni, ô roi, de me donner de quoi ne plus me sentir orphelin et
pauvre !"
"Au moins adore-le, comme moi je l'ai fait, si tu crois que par son
intermédiaire tu es devenu si heureux !"
"Moi, je n'adore pas l'homme, mais Dieu qui l'a rendu si bon".
"Cet enfant est le vrai sage de mon royaume, ô homme qui usurpes la
renommée de sage. L'orgueil et l'avidité t'ont rendu ivre au point de
présenter l'adoration à la créature au lieu de l'offrir au Créateur, et cela
parce que la créature te donnait des pierres et des œuvres humaines. Et tu
n'as pas réfléchi que tu as les gemmes, et que moi je les ai eues, parce que
Dieu les a créées, et que tu as les rouleaux rares où se trouve la pensée de
l'homme, parce que Dieu a donné à l'homme l'intelligence.
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123> Ce petit qui a faim et froid, qui
est seul, qui a été frappé par toutes les douleurs, qui serait excusé et
excusable s'il devenait ivre devant les richesses, voilà qu'il sait avec
justice rendre grâces à Dieu pour avoir donné la bonté à mon cœur, et qu'il
ne cherche que l'unique chose nécessaire : aimer Dieu, connaître l'amour pour
posséder les vraies richesses ici-bas et d'au-delà. Homme, j'ai promis que je
t'aurais donné ce que tu aurais choisi. Une parole de roi est sacrée. Va donc
avec tes pierres et tes rouleaux : cailloux multicolores et... paille de la
pensée humaine. Et vis dans la peur des voleurs et des mites, les premiers
ennemis des gemmes, les secondes des parchemins. Et éblouis-toi avec les
fausses lueurs de ces balivernes, et éprouve le dégoût de la saveur douceâtre
de la science humaine qui n'est que saveur et ne nourrit pas. Va ! Cet enfant
va rester auprès de moi, et ensemble nous nous efforcerons de lire le livre
qui est amour, c'est-à-dire Dieu. Et nous n'aurons pas les lueurs futiles des
froides gemmes, ni la saveur douceâtre de paille des œuvres du savoir humain.
Mais les feux de l'Esprit Éternel nous donneront depuis ici l'extase du
Paradis et nous posséderons la Sagesse, plus fortifiante que le vin, plus
nourrissante que le miel. Viens, enfant, à qui la Sagesse a montré son visage
pour que tu la désires comme une épouse véritable".
Et après avoir chassé l'homme, il prit avec lui l'enfant et l'instruisit dans
la divine Sagesse pour qu'il fût un juste, et sur la Terre un roi digne de
l'onction sacrée, et au-delà de la vie un citoyen du Royaume de Dieu.
Voilà la parabole promise aux petits et proposée aux adultes.
513.3 - Vous rappelez-vous Baruch ? Il dit :
"Pour quel motif, Ô Israël, es-tu dans une terre ennemie, vieillis-tu
dans un pays étranger, as-tu été contaminé parmi les morts et compté au
nombre de ceux qui descendent dans l'abîme ?" Et il répond : "C'est
que tu as abandonné la source de la Sagesse. Si tu avais marché sur le chemin
de Dieu, tu aurais vécu longuement, en paix et pour toujours".
Écoutez, vous qui trop souvent vous plaignez d'être en exil, tout en étant
dans la patrie, tant la patrie n'est plus à nous, mais à celui qui nous
domine. Vous vous en plaignez et vous ne savez pas que par rapport à ce qui
vous attend dans l'avenir, c'est une goutte de posca
par rapport à la coupe enivrante que l'on donne aux condamnés et qui, vous le
savez, est plus amère que toute autre boisson.
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124> Le peuple de Dieu souffre parce
qu'il a abandonné la Sagesse. Comment pouvez-vous posséder la prudence, la
force, l'intelligence, comment pouvez-vous seulement savoir où elles se
trouvent, pour savoir en conséquence les choses de moindre importance, si vous
ne vous abreuvez plus aux sources de la Sagesse ?
Son Royaume n'est pas de cette Terre, mais la miséricorde de Dieu en accorde
la source. Elle est en Dieu. Elle est Dieu Lui-même. Mais Dieu ouvre son sein
pour qu'elle descende vers vous. Eh bien, est-ce qu'Israël qui a, ou a eu -
et croit encore avoir, avec le sot orgueil des prodigues qu'ils ont perdu et
qui se croient encore riches et exigent l'obéissance en se croyant tels,
alors qu'ils ne reçoivent que la compassion ou la raillerie - Israël, qui a
ou a eu richesses, conquêtes, honneurs, possède-t-il l'unique trésor ? Non.
Et il perd même le reste, car celui qui perd la Sagesse perd la possibilité
d'être grand. D'erreur en erreur il tombe celui qui ne possède pas la
Sagesse. Et Israël connaît beaucoup de choses, trop même, mais il ne connaît
plus la Sagesse.
513.4 - Baruch dit avec raison : "Les
jeunes gens de ce peuple ont vu la lumière, ont habité sur la terre, mais ils
n'ont pas connu le chemin de la Sagesse ni ses sentiers, et leurs enfants ne
l'ont pas accueillie, et elle s'en est allée loin d'eux".
Loin d'eux ! Les enfants ne l'ont pas accueillie !
Paroles prophétiques !
Moi, je suis la Sagesse qui vous parle, et les trois quarts d'Israël ne
m'accueillent pas. Et la Sagesse s'éloigne et s'éloignera davantage pour les
laisser seuls... Et que feront-ils alors ceux qui se croyaient des géants, et
donc capables de forcer le Seigneur à les aider, à les servir ? Des géants
utiles à Dieu pour fonder son Royaume ? Non. Moi, je le dis avec Baruch : "Pour fonder le vrai Royaume de Dieu, Dieu ne choisira pas ces
orgueilleux, et Il les laissera périr dans leur sottise"
loin de ses sentiers. Car pour monter au Ciel par l'esprit et comprendre les
leçons de la Sagesse,
il faut un esprit humble, obéissant et surtout tout amour, puisque la Sagesse
parle son langage, c'est-à-dire parle le langage de l'amour, étant elle-même
l'Amour. Pour connaître ses sentiers, il faut un regard limpide et humble,
dégagé de la triple concupiscence. Pour posséder la Sagesse, il faut
l'acheter avec de la monnaie vivante : les vertus.
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125> Cela, Israël ne l'avait pas et je suis
venu pour expliquer la Sagesse, pour vous conduire à son Chemin, pour semer
dans vos cœurs les vertus. Car je connais tout et je sais tout, et je suis
venu l'enseigner à Jacob mon serviteur, et à Israël mon bien-aimé. Je suis venu sur la Terre
pour converser avec les hommes, Moi, Parole du Père, pour prendre par la main
les enfants de l'homme, Moi, Fils de Dieu et de l'homme, Moi, le Chemin de la
Vie. Je suis venu pour vous introduire dans la salle des trésors éternels,
Moi, à qui tout a été donné par mon Père. Je suis venu, Moi, l'Amant éternel,
pour prendre mon Épouse, l'Humanité, que je veux élever à mon trône et ma
chambre nuptiale pour qu'elle soit avec Moi dans le Ciel, et pour
l'introduire dans le cellier des vins
pour qu'elle s'enivre de la vraie Vigne de laquelle les sarments tirent la
Vie.
Mais Israël c'est l'épouse paresseuse et elle ne se lève pas du lit pour
ouvrir à Celui qui est venu. Et l'Époux s'en va. Il passera. Il va passer. Et
ensuite Israël le cherchera en vain, et il trouvera non pas la
miséricordieuse Charité de son Sauveur mais les chars de guerre de ceux qui
la domineront, et il sera écrasé en perdant son orgueil et sa vie après avoir
voulu écraser jusqu'à la miséricordieuse Volonté de Dieu.
513.5 - Oh ! Israël, Israël, qui perds la vraie
Vie pour conserver une mensongère illusion de puissance ! Oh ! Israël qui
crois te sauver et veux te sauver par des voies qui ne sont pas celles de la
Sagesse, et qui te perds en te vendant au Mensonge et au Crime, Israël
naufragé qui ne t'attaches pas à la solide amarre que l'on te jette pour te
sauver, mais aux restes de ton passé brisé, et la tempête te porte ailleurs,
au large, sur une mer effrayante et sans lumière, Ô Israël, à quoi te sert-il
de sauver ta vie ou de présumer que tu la sauves pour une heure, un an, dix
ans, deux, trois fois dix ans, au prix d'un crime et pour périr ensuite
éternellement ? La vie, la gloire, la puissance, que sont-elles ? Une goutte
malpropre, à la surface d'une lessive employée par les lavandières, qui
reflète l'arc en ciel, non parce qu'elle est faite de pierres précieuses,
mais de la graisse malpropre qui avec le salpêtre se gonfle en boules vides
destinées à éclater sans qu'il en reste rien, sauf
un cercle sur l'eau boueuse des sueurs humaines. Une seule chose
est nécessaire, ô Israël : posséder la Sagesse, au prix même de la vie. En
effet la vie n'est pas la chose la plus précieuse et il vaut mieux perdre
cent vies que de perdre son âme."
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