Le dimanche 23
septembre 1945
447/448> 284.1 – Jésus
revient avec les apôtres d'une tournée apostolique dans les environs de Béthanie.
La tournée a dû être brève car ils n'ont même pas les sacs pour les
provisions. Ils parlent entre eux. Ils disent :
"Il a eu une bonne idée Salomon, le passeur, n'est-ce pas, Maître ?".
"Oui, une bonne idée."
Naturellement l'Iscariote n'est pas de l'avis des autres :
"Moi, je ne vois pas grand-chose de bon en cela. Il a donné ce qui à
lui, disciple ne servait plus. Il n'y a pas de quoi le vanter...".
"Une maison est toujours utile" dit avec sérieux le Zélote.
"Si elle était comme la tienne. Mais, qu'est-ce que c'est ? Une bicoque
malsaine."
"C'est tout ce qu'a Salomon" réplique le Zélote.
"Et comme lui y a vieilli sans infirmité nous pourrons y séjourner,
nous, de temps à autre. Qu'est-ce que tu veux ? Toutes les maisons comme
celles de Lazare ?" ajoute Pierre.
"Moi, je ne veux rien. Je ne vois pas la nécessité de ce cadeau. Quand
on est à cet endroit, on peut être aussi à Jéricho. Il n'y a que quelques
stades entre les deux. Et pour des gens comme nous, qui ressemblons à des
persécutés, obligés de toujours marcher, qu'est-ce que c'est que quelques
stades ?"
Jésus intervient avant que la patience des autres ne soit à bout comme le
montrent des signes déjà clairs.
"Salomon, proportionnellement à ce qu'il possède, a donné plus que tous.
Car il a tout donné. Il l'a donné par amour. Il l'a donnée, cette
maison, pour nous procurer un abri en cas de pluie qui nous bloque dans cette
région peu hospitalière, ou de crue, ou surtout dans le cas où la
malveillance des juifs devient si forte qu'elle nous conseille de mettre le
fleuve entre eux et nous. Ceci dit pour le don. Qu'un disciple, humble et peu
cultivé, mais si fidèle et si plein de bonne volonté, ait su arriver à cette
générosité qui manifeste en lui la volonté évidente d'être pour toujours mon
disciple, cela me procure une grande joie. En vérité, je vois que de nombreux
disciples, avec le peu d'instruction qu'ils ont reçu de Moi, vous ont
surpassés, vous qui avez tant reçu. Vous ne savez pas me sacrifier, toi
spécialement, même ce qui ne coûte rien : le jugement personnel. Le tien
tu le conserves dur, résistant à tout changement."
"Tu dis que la lutte contre soi-même c'est ce qui coûte le plus..."
"Et tu veux,
avec cela, me dire que je me trompe en disant qu'elle ne coûte rien. Est-ce
vrai ? Mais tu as bien compris ce que je veux dire ! Pour l'homme,
et en vérité tu es vraiment un homme, n'a de valeur que ce qui est objet de
commerce. Le "moi" ne se vend pas à prix d'argent, À moins... à moins
de se vendre à quelqu'un en espérant en tirer profit.
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449> Un trafic semblable à celui que l'âme pratique avec
Satan et même plus vaste. Parce que, en plus de l'âme, il embrasse aussi la pensée,
ou le jugement, ou la liberté de l'homme. Appelle-la comme bon te semble. Il
y a aussi de ces malheureux... Mais pour le moment ne pensons pas à eux. J'ai
louangé Salomon parce que je vois tout ce qu'il y a de bon dans son acte. Et
cela suffit."
284.2 – Il
se produit un silence, et puis Jésus recommence à parler :
"Dans quelques jours Hermastée sera en mesure de marcher sans difficulté. Et Moi, je reviendrai en Galilée. Cependant vous ne
viendrez pas tous avec Moi. Une partie restera en Judée pour remonter avec
les disciples juifs, de façon à être tous unis pour la fête des
Lumières."
"Si longtemps ? Hélas ! À qui cela reviendra-t-il
donc ?" disent entre eux les apôtres.
Jésus entend la discussion et répond :
"Cela reviendra à Judas de Simon, à Thomas, à Barthélemy et à Philippe.
Mais je n'ai pas dit de rester en Judée jusqu'à la fête des Lumières. Je veux
au contraire que vous rassembliez ou avisiez les disciples d'être ici pour la
fête des Lumières. Par conséquent, maintenant vous irez, les chercherez, les
rassemblerez et les aviserez. Entre temps vous les contrôlerez et les aiderez
et puis vous viendrez derrière Moi, en amenant avec vous ceux que vous aurez
trouvés, en répandant pour les autres la nouvelle de venir. Désormais nous
avons des amis dans les principales régions de la Judée. Ils nous feront le
plaisir d'aviser les disciples. En remontant la Galilée,
le long de l'autre rive du Jourdain, en vous souvenant que je passerai par Gerasa, Bozra,
Arbèle jusqu'à Aéra, rassemblez aussi ceux qui à mon passage n'auront pas osé
s'avancer pour demander l'instruction ou le miracle, mais souffriront ensuite
de ne pas l'avoir fait. Vous me les amènerez. Je resterai à Aëra jusqu'à
votre arrivée."
284.3 – "Alors
ce serait bien d'y aller tout de suite" dit l'Iscariote.
"Non, vous partirez le soir d'avant mon départ en allant chez Jonas à
Gethsémani (Getsémi) jusqu'au jour suivant et puis
vous partirez pour la Judée. Ainsi tu verras ta mère et tu lui viendras en
aide en cette période de travaux agricoles."
"Désormais, depuis des années, elle a appris à se tirer d'affaire
seule."
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450> "Oh ! tu ne te souviens pas que l'année
passée tu lui étais indispensable pour les vendanges ?" demande
Pierre quelque peu sournois.
Judas devient plus rouge qu'un coquelicot, laid dans sa colère et sa honte.
Mais Jésus prévient toute riposte en parlant, Lui :
"Un fils est toujours pour sa mère aide et réconfort. Ensuite, jusqu'à
la Pâque, et après la Pâque, elle ne te verra plus, Par conséquent va, et
fais ce que je te dis."
Judas ne réplique pas à Pierre, mais reporte son dépit sur Jésus :
"Maître, sais-tu ce que je dois te dire ? J'ai l'impression que tu
veux te débarrasser de moi, pour le moins m'éloigner, parce que tu me
soupçonnes, parce que tu me crois injustement coupable de quelque chose,
parce que tu manqués de charité envers moi, parce que..."
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