Le samedi 7 juillet 1945.
412> 211.1 – Ils sont tous assis en cercle,
dans un petit bois près d'Hébron et ils mangent en parlant entre eux. Judas,
maintenant qu'il est sûr que Marie ira chez sa mère, est revenu à de
meilleures dispositions d'esprit et il cherche, par mille politesses, à
effacer le souvenir de sa mauvaise humeur auprès de ses compagnons et des
femmes. Il a dû aller pour des achats dans le pays et il raconte qu'il l'a
trouvé bien changé depuis l'année précédente :
"La nouvelle de la prédication et des miracles de Jésus est arrivée
jusqu'ici. Et les gens ont commencé à réfléchir sur tant de choses. Tu sais,
Maître, que dans ces parages il y a un domaine de Doras ? Et même
l'épouse de Kouza possède ici, sur ces montagnes, des terres et un château
qui lui appartiennent personnellement, qui font partie de sa dot.
On voit que, un peu elle, un peu les paysans de Doras, parce qu'il doit s'en
trouver ici quelques-uns d'Esdrelon, ont préparé le terrain. Lui, Doras, a
commandé le silence. Mais eux !... Je crois qu'ils ne se tairaient pas,
même avec le supplice. La mort du vieux pharisien
a frappé les gens de stupeur, sais-tu ? Et la santé excellente de Jeanne
qui est venue ici avant Pâque. Ah ! et puis, pour te rendre service, il
y a eu aussi l'amant d'Aglaé. Sais-tu qu'elle s'est échappée peu après notre
passage ici ? Et lui, pour se venger, a agi comme un démon envers
plusieurs innocents. C'est ainsi que les gens ont fini par penser à Toi,
comme à un vengeur des opprimés et te désirent. Je parle des
meilleurs..."
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413> "Vengeur des opprimés ! En effet,
je le suis, mais surnaturellement. Aucun ne voit juste de ceux qui me voient
avec le sceptre et la hache en mains, comme roi et justicier selon l'esprit
de la terre. Mais certainement je suis venu libérer des oppressions : du
péché, la plus grave des maladies, des désolations, des ignorances et de
l'égoïsme. Beaucoup apprendront qu'il n'est pas juste d'opprimer parce que le
sort les a placés dans une situation élevée, mais qu'au contraire on doit
utiliser cette situation pour soulager ceux qui sont en bas."
"Lazare le fait et Jeanne aussi, mais ils sont deux contre des
centaines" dit Philippe désolé.
"Les fleuves ne sont pas larges à leur source comme ils le sont à leur
estuaire. Quelques gouttes, un filet d'eau, mais après... Il y a des fleuves
qui semblent des mers à leur embouchure."
"Le Nil, oh ?! dit Marie d'Alphée. Ta mère me parlait de quand vous
êtes allés en Égypte. Elle me disait souvent : "Une mer, crois-moi,
une mer vert azur. C'était un vrai rêve de le voir au maximum de sa
crue !" et puis elle me parlait des arbres qui paraissaient surgir
de l'eau et puis de tout ce vert qui semblait naître de l'eau quand elle se
retirait..."
"Eh bien ! Moi, je vous le dis. Comme à sa source le Nil n'est
qu'un filet d'eau et puis devient ce géant qu'il est, ainsi, ce qui n'est
qu'un filet de grandeur qui se penche avec amour et par amour sur les plus
petits deviendra par la suite une multitude. Jeanne, Lazare, Marthe pour le
moment et par la suite, combien, combien !"
Jésus semble voir ceux qui seront miséricordieux pour leurs frères, et il
sourit, absorbé dans sa vision.
211.2 – Judas confie que le chef de la
synagogue voulait venir avec lui, mais qu'il n'a pas osé prendre
personnellement une décision :
"Tu te souviens, Jean, comme il nous a chassés l'an passé ?"
"Je m'en souviens... Mais disons-le au Maître."
ï
Jésus, interrogé, dit qu'ils vont entrer à Hébron. S'ils les veulent, ils les
appelleront, et eux s'arrêteront, sinon ils passeront sans s'arrêter.
"Ainsi, nous verrons aussi la maison du Baptiste. À qui est-elle,
maintenant ?"
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414> "À qui la veut,
je crois. Shammaï est parti et n'est plus revenu. Il a enlevé ses serviteurs
et ses meubles. Les habitants, pour se venger de ses injustices, ont abattu
le mur de clôture et la maison est à tout le monde. Le jardin, au moins. Ils
s'y réunissent pour vénérer leur Baptiste. On dit que Shammaï a été
assassiné. Je ne sais pourquoi... une affaire de
femmes, semble-t-il..."
"Quelque intrigue de la cour corrompue, certainement… !"
murmure Nathanaël dans sa barbe.
211.3 – Ils se lèvent et se dirigent
vers Hébron, vers la maison du Baptiste. Au moment où ils arrivent, voilà un
groupe serré d'habitants. Ils s'avancent, un peu indécis, curieux et gênés.
Mais Jésus les salue d'un sourire. Ils s'enhardissent, se séparent, et du
groupe sort le chef de la synagogue discourtois de l'année passée.
"Paix à toi ! salue immédiatement Jésus. Nous permets-tu de
séjourner dans ta ville ? Je suis avec tous mes disciples préférés et
avec les mères de quelques-uns d'entre eux."
"Maître, mais tu n'as pas de la rancune contre nous, contre
moi ?"
"De la rancune ? Je ne sais pas ce que c'est et je ne vois pas
pourquoi je devrais en avoir."
"L'an passé, je t’ai offensé…"
"Tu as offensé l'Inconnu, te croyant en droit de le faire. Puis tu as
compris et tu as regretté de l'avoir fait. Mais ceci est du passé, et comme
le regret annule la faute, ainsi le présent annule le passé. Maintenant, pour
toi, je ne suis plus l'Inconnu. Quels sentiments as-tu donc envers
Moi ?"
"De respect, Seigneur. De... désir..."
"De désir ? Que veux-tu de Moi ?"
"Te connaître mieux que je ne te connais."
"Comment ? De quelle façon ?"
"Par ta parole et tes œuvres. Ici est arrivée la connaissance de ta
personne, de ta doctrine, de ta puissance et on nous a dit que tu n'es pas
étranger à la libération du Baptiste. Tu ne le haïssais donc pas, tu n'as pas
cherché à supplanter notre Jean !... Lui-même n'a pas nié que c'est
grâce à Toi qu'il revit la vallée du saint Jourdain. Nous sommes allés auprès
de lui, lui parler de Toi, et il nous a dit : "Vous ne savez pas
qui vous avez repoussé. Je devrais vous maudire, mais je vous pardonne parce
qu'il m'a enseigné à pardonner et à être doux. Mais, si vous ne voulez pas
être anathème au Seigneur et à moi son serviteur, aimez le Messie.
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415> Et n'ayez pas de
doute. Voilà à quoi vous le reconnaîtrez :
esprit de paix, amour parfait, sagesse supérieure à toute autre, doctrine
céleste, douceur absolue, puissance sur toute chose, humilité totale,
chasteté angélique. Vous ne pouvez pas vous tromper. Quand vous respirerez la
paix près d'un homme qui se dit le Messie, quand vous boirez son amour,
l'amour qui émane de Lui, quand vous passerez de vos ténèbres à la Lumière,
quand vous verrez les pécheurs se racheter et les chairs guérir, dites
alors : Celui-ci est vraiment l'Agneau de Dieu !".
Nous savons que tes œuvres sont celles dont parle notre Jean. Pardonne-nous,
aime-nous, donne-nous ce que le monde attend de Toi."
"C'est pour cela que je suis ici. Je viens de si loin pour donner aussi
à la ville de Jean ce que je donne à tout lieu qui m'accueille. Dites ce que
vous désirez de Moi."
"Nous avons, nous aussi des malades, et nous sommes ignorants. C'est
surtout en ce qui est amour et bonté que nous sommes ignorants. Jean, dans
son amour total de Dieu, a une main de fer et une parole de feu, et il veut
nous plier tous comme un géant plie un brin d'herbe, Beaucoup tombent dans le
découragement parce que l'homme est plus pécheur : que saint. Il est
difficile d'être saint !... Toi... on dit que tu ne ploies pas mais que
tu relèves, que tu ne cautérises pas mais que tu appliques du baume, que tu
n'écrases pas mais que tu caresses. On sait que tu es paternel avec les
pécheurs et puissant contre les maladies quelles qu'elles soient et surtout
les maladies du cœur, Les rabbins ne savent plus le faire."
211.4 – "Amenez-moi
vos malades, et puis réunissez-vous dans ce jardin abandonné et profané par
le péché après avoir été un temple pour la Grâce qui y habita."
Les Hébronites, comme des hirondelles, partent dans toutes les directions et
il ne reste que le chef de la synagogue qui entre avec Jésus et ses disciples
dans l'enceinte du jardin, et ils se mettent à l'ombre d’une tonnelle où se
mêlent les rosiers et les vignes qui ont poussé librement. Les Hébronites ont
vite fait de revenir et avec eux, sur un brancard un paralytique, une jeune
aveugle, un petit muet et deux qui ont je ne sais quelle maladie, qu'on
accompagne en les soutenant.
"La paix à toi" dit Jésus à chaque malade qui arrive.
Et puis, la douce demande :
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416> "Que voulez-vous
que je vous fasse ?".
Puis c'est le chœur des lamentations de ces infortunés, chacun voulant dire
sa propre histoire.
Jésus, qui était assis, se lève et va vers le petit muet auquel il baigne les
lèvres de sa salive et dit la grande parole :
"Ouvre-toi !"
Et il dit de même, en mouillant les paupières fermées de l'aveugle, avec son
doigt humide de salive. Et puis il donne la main au paralytique et lui
dit :
"Lève-toi !"
Enfin, il impose les mains aux deux malades en leur disant :
"Soyez guéris, au nom du Seigneur !"
Le petit muet, qui auparavant gémissait, dit nettement :
"Maman !", alors que la jeune fille remue ses paupières
dessillées devant la lumière et de ses doigts abrite ses yeux du soleil qui
était pour elle un inconnu, et pleure et rit, et regarde encore, en fermant à
moitié les yeux, car elle n'est pas habituée à la lumière, elle regarde les feuillages, la terre, les personnes et particulièrement
Jésus. Le paralytique descend avec assurance du brancard et ses charitables
porteurs le soulèvent vide pour faire comprendre à ceux qui sont loin que la
grâce est accordée, pendant que les deux malades pleurent de joie et
s'agenouillent pour vénérer leur Sauveur. La foule pousse un cri frénétique
d'hosanna.
Thomas, qui est auprès de Judas, le fixe si intensément et avec une
expression si claire que celui-ci lui répond :
"J'étais un imbécile, pardonne-moi."
211.5 – Lorsque les cris ont cessé,
Jésus commence à parler.
"Le Seigneur parla à Josué en ces termes :
"Parle
aux fils d'Israël et dis-leur : établissez les villes de refuge dont je
vous ai parlé par la bouche de Moïse, afin que puisse y trouver refuge celui
qui aura tué involontairement et qu'il puisse ainsi échapper à la colère du
plus proche parent, du vengeur du sang". Et Hébron est l'une de ces
villes.
Il est encore dit :
"Et les anciens de la ville ne livreront pas l'innocent à celui qui le
cherche pour le tuer, mais ils l'accueilleront et lui permettront d'y habiter
et il y restera jusqu'au jugement et jusqu'à la mort du grand prêtre en
fonction ; après quoi, il pourra rentrer dans sa ville et dans sa
maison".
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417> Dans cette loi est observé et organisé l'amour miséricordieux à
l'égard du prochain. C'est Dieu qui a imposé cette loi parce qu'il n'est pas
permis de condamner l'accusé sans l'entendre, ni de tuer dans un accès de
colère. On peut dire cela aussi pour les crimes et les accusations d'ordre
moral. Il n'est pas permis d'accuser sans connaître, ni de juger sans
entendre l'accusé. Mais aujourd'hui, aux accusations et condamnations pour
les fautes habituelles ou pour les fautes prétendues, s'ajoute une nouvelle
série : celle qui se rapporte à ce qu'on fait contre ceux qui viennent
au nom de Dieu. Au cours des siècles, cela s'est produit contre les
Prophètes, maintenant cela se reproduit contre le Précurseur du Christ et
contre le Christ.
Vous le voyez : attiré par tromperie hors du territoire de Sichem, le
Baptiste attend la mort dans les prisons d'Hérode parce que lui ne consentira
jamais aux mensonges et aux compromis. On pourra supprimer sa vie et lui
couper la tête, mais on ne pourra briser son honnêteté, ni séparer son âme de
la Vérité qu'il a servie fidèlement sous toutes ses formes, divines,
surnaturelles ou morales. Et de la même façon, on persécute le Christ avec
une furie double et décuple parce qu'il ne se borne pas à dire à Hérode :
"Cela ne t'est pas permis" mais qu'il proclame d'une voix de
tonnerre ce : "Cela ne t'est pas permis" partout où en entrant
il trouve le péché ou sait qu'existe le péché, sans exclure aucune
catégorie, et cela au nom de Dieu et pour l'honneur de Dieu.
211.6 – Comment se fait-il que cela
puisse exister ? N'y a-t-il plus de serviteurs de Dieu en Israël ?
Oui, il y en a. Mais ce sont des "idoles".
Dans la lettre de Jérémie aux exilés, il est dit, entre autres nombreuses choses, celles qui
suivent. Et à leur sujet j'attire votre attention car toute parole du Livre
est un enseignement qui, au moment où l'Esprit Saint l'a fait écrire pour un
fait présent, se rap- porte aussi à un fait qui viendra dans l'avenir. Il est
donc dit : "...Quand vous serez entrés en Babylonie, vous verrez
des dieux d'or, d'argent, de pierre, de bois...
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418> Gardez-vous d'imiter la façon de faire des étrangers,
d'avoir peur, de les craindre... Dites en votre cœur : 'Il ne faut
adorer que Toi, ô Seigneur' ".
Et la lettre donne des indications particulières sur ces idoles qui ont une
langue faite par un artisan et ne s'en servent pas pour réprimander leurs
faux prêtres qui les dépouillent pour revêtir les courtisanes de l'or de
l'idole, quitte ensuite à enlever l'or profané par la sueur de la
prostitution pour en revêtir l'idole; de ces idoles que la rouille et les
mites peuvent ronger et qui ne sont décrassées et bien vêtues que si l'homme
leur lave la figure et les habille, alors que d'elles-mêmes elles ne peuvent
rien faire, même si elles ont en mains le sceptre ou la hache.
Et le Prophète conclut : "Ne les craignez donc pas". Et il
continue : "Ces dieux sont inutiles comme des vases brisés. Leurs
yeux sont remplis de la poussière que soulèvent les pieds de ceux qui entrent
dans le temple et on les tient bien enfermés comme dans un tombeau ou comme
quelqu'un qui a offensé le roi, parce que n'importe qui peut leur enlever
leurs vêtements précieux. Ils ne voient pas la lumière des lampes, car ils
sont dans les temples comme des bûches et les lampes ne servent qu'à les
enfumer pendant que les chouettes, les hirondelles, et autres oiseaux volent
sur leurs têtes et les souillent d'excréments, et que les chats se font un
nid dans leurs vêtements et les déchirent. Il ne faut donc pas les craindre,
ce sont des choses mortes. Même l'or ne leur sert pas, c'est pour la
montre, et si on ne le polit pas, ils ne brillent pas, de même qu'ils n'ont
rien senti quand on les a fabriqués. Le feu ne les a pas réveillés. On
les a achetés à des prix fabuleux. L'homme les mène où il veut car ils sont honteusement
impuissants... Pourquoi donc leur donne-t-on le nom de dieux ? Car on
les adore en leur faisant des offrandes et par toute une pantomime de fausses
cérémonies que ne comprennent pas ceux qui les font et que ne croient pas
ceux qui les voient. Qu'on leur fasse du mal ou du bien, ils y sont
indifférents, ils sont incapables de choisir ou de détrôner un roi, ils ne
peuvent rendre les richesses ni le mal, ils ne peuvent sauver un
homme de la mort, sauver le faible de celui qui le domine. Ils n'ont pas
pitié des veuves ni des orphelins. Ils sont semblables aux pierres de la
montagne"...
La lettre s'exprime à peu près ainsi.
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419> 211.7 – Voici. Nous aussi, nous avons
des idoles, et non plus des saints, dans les rangs du Seigneur. C'est pour cela
que le Mal peut se dresser contre le Bien. Le mal qui souille de fumier
l'intelligence et le cœur de ceux qui ne sont plus saints, et qui font leurs
nids sous de fausses apparences de bonté.
Ils ne savent plus parler les paroles de Dieu. C'est naturel ! Ils ont
une langue faite par l'homme et ils parlent des paroles d'homme quand ils ne
parlent pas les paroles de Satan et ils ne savent que faire des reproches
déplacés aux innocents et aux pauvres, cependant ils se taisent devant le
spectacle de la corruption des puissants. Car ils sont tous corrompus et ne
peuvent s'accuser l'un l'autre étant coupables des mêmes fautes. Cupides, non
au profit du Seigneur, mais au profit de Mammon ils travaillent en acceptant
l'or de la luxure et du crime, en le troquant, en le volant, pris par une
frénésie qui dépasse toute limite et tout ce qu'on peut imaginer. La
poussière se niche sur eux, fermente sur eux et s'ils font voir une figure
bien lavée, l’œil de Dieu voit un cœur souillé. La rouille de la haine et le
ver du péché les ronge, et ils ne savent pas s'y opposer pour se sauver. Ils
brandissent les malédictions comme des sceptres et des haches, mais ils ne
savent pas qu'ils sont maudits. Enfermés dans leurs pensées et dans leur
haine comme des cadavres dans un tombeau, ou des prisonniers dans une prison,
ils y restent, s'agrippant aux barreaux par crainte qu'une main ne les sorte
de là, parce que là ces morts sont encore quelque chose: des momies, non
plus des momies qui ressemblent à un homme, mais des corps dés séchés
comme du bois alors que dehors ils seraient des objets démodés, négligés par
le monde qui cherche la Vie, qui a besoin de la Vie comme l'enfant a besoin
du sein maternel, et qui recherche celui qui lui donne la Vie et non les
puanteurs de la mort.
Ils résident au Temple, oui, et la fumée des lampes - des honneurs - les
enfume, mais la lumière ne descend pas en eux. Toutes les passions font en
eux leurs nids comme des oiseaux et des chats, alors que le feu de la mission
ne leur donne pas le mystique tourment d'être brûlés par le feu de Dieu. Ils
sont réfractaires à l'Amour. Le feu de la Charité ne les enflamme pas, comme
la Charité ne les revêt pas de ses splendeurs d'or. La Charité double dans sa
manifestation et dans sa source : charité de Dieu et du prochain en sa manifestation; charité en Dieu et en l'homme en sa source.
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420> Car Dieu s'éloigne de l'homme qui
n'aime pas et ainsi cette première source est tarie, et l'homme s'éloigne de
l'homme méchant et ainsi se tarit la seconde source. Tout est enlevé par la
charité à l'homme sans amour. Ils se laissent acheter par de l'argent maudit
et se laissent entraîner là où l'intérêt et la puissance l'exige.
Non. Ce n'est pas permis ! Il n'y a pas d'argent pour acheter les
consciences Et spécialement celles des prêtres et des maîtres. Il n'est
pas permis d'acquiescer aux puissances de la terre quand elles veulent porter
à des actions contraires à celles que Dieu commande. C'est de l'impuissance
spirituelle, et il est dit : "L'eunuque n'entrera pas dans
l'assemblée du Seigneur". Donc s'il ne peut appartenir au peuple de Dieu
celui qui est physiquement impuissant, est-ce que l'impuissant spirituel peut
être son ministre ? Aussi je vous dis en vérité que beaucoup de prêtres
et de maîtres sont maintenant affligés d'un coupable eunuchisme spirituel,
car ils sont mutilés dans leur virilité spirituelle. Beaucoup. Trop !
211.8 – Réfléchissez. Observez.
Comparez. Vous verrez que nous avons beaucoup d'idoles et peu de ministres du
Bien qui est Dieu. Voilà pourquoi il peut se faire que les villes de refuge
ne sont plus des refuges. On ne respecte plus rien en Israël et les saints
meurent parce que ceux qui ne sont pas saints les haïssent.
Mais, je vous invite : "Venez !" Je vous appelle
au nom de votre Jean qui souffre parce qu'il fut saint, qu'on a frappé parce
qu'il m'a précédé et qu'il a tenté d'enlever les ordures sur les chemins de
l'Agneau. Venez servir Dieu. Le temps est proche. Ne soyez pas non préparés à
la Rédemption. Faites que ce soit sur un terrain ensemencé que la pluie
tombe. Autrement elle serait répandue pour rien. Vous, vous d'Hébron, vous
devez être en tête ! Ici, vous avez vécu avec Zacharie et Élise :
les saints qui ont mérité que le Ciel leur donne Jean. Ici, Jean a répandu le
parfum de la Grâce avec sa véritable innocence de petit enfant et, de son
désert, il vous a envoyé les encens anticorrupteurs de sa Grâce devenue un
prodige de pénitence. Ne décevez pas votre Jean. Il a porté l'amour du
prochain à un degré pour ainsi dire divin qui lui fait aimer le dernier
habitant du désert comme il vous aime, vous, ses concitoyens. Mais sûrement
que lui vous obtiendra le Salut. Et le Salut c'est de suivre la voix du
Seigneur et de croire en sa Parole. De cette cité sacerdotale venez en masse
au service de Dieu. Je passe et vous appelle. Ne soyez pas inférieurs aux
prostituées auxquelles suffit une parole de
miséricorde pour quitter le chemin qu'elles suivaient et venir sur le chemin
du Bien.
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421> On m'a demandé à mon
arrivée : "Mais tu ne nous gardes pas rancune ?"
Rancune ? Oh ! non ! C’est l'amour que je vous garde ! Et
je garde l'espérance de vous voir dans les rangs de mon peuple, du peuple que
Moi, je conduis à Dieu dans le nouvel exode vers la vraie Terre
Promise : le Royaume de Dieu, au-delà de la Mer Rouge des sens et des
déserts du péché, libres des esclavages de tous genres, vers la Terre
éternelle, riche de délices, saturée de paix...
Venez ! C'est l'Amour qui passe. Qui veut peut le suivre, car pour être
accueilli par Lui, il ne faut que la bonne volonté."
211.9 – Jésus a terminé au milieu d'un
silence étonnant. Il semble que beaucoup pèsent les paroles qu'ils ont
entendues, les examinent, les goûtent, les comparent.
Pendant que se produisent ces réactions, Jésus, fatigué et en sueur, s'assied
et parle avec Jean et Judas. Voilà qu'un cri s'élève en dehors de l'enceinte,
un cri confus, et puis plus clair :
"Est-ce le Messie ? Est-ce Lui ?"
Et après une réponse affirmative voilà qu'on fait avancer un estropié qui
ressemble à un S tant il est difforme.
"Oh ! C'est Masala !"
"Mais il est trop recroquevillé ! Qu'espère-t-il ?"
"Voici sa mère ! La malheureuse !"
"Maître, le mari l'a renvoyée à cause de cet avorton qu'est son fils, et
elle vit ici de charité. Mais maintenant elle est vieille et elle a peu de
temps à vivre..."
L'avorton, c'est bien cela, est maintenant devant Jésus. Il ne peut même pas
lui voir le visage tant l'homme est courbé et difforme. Il semble une
caricature d'homme-chimpanzé ou d'homme-chameau. La mère, âgée et misérable,
ne parle même pas, elle gémit seulement :
"Seigneur, Seigneur... je crois..."
Jésus pose ses mains sur les épaules déformées de l'homme qui Lui arrive à
peine à la taille, lève le regard vers le Ciel et dit d'une voix de
tonnerre :
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422> "Lève-toi et marche sur les
chemins du Seigneur."
L'homme éprouve une secousse et puis il bondit debout comme l'homme le plus
parfait. Le changement est si subit qu'il semble s'être débarrassé des
ressorts qui le maintenaient dans cette position anormale. Maintenant il
arrive aux épaules de Jésus. Il le regarde et puis tombe à genoux, avec sa
mère, et il baise les pieds de son Sauveur.
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