Le samedi 10 mars
1945.
343/344> 126.1 - "Il est dit : “Ne tue pas” . Auquel des deux groupes de commandements appartient
celui-ci ? “Au second” dites-vous ? En êtes-vous sûrs ?
Je vous demande encore : est-ce un péché qui offense Dieu ou celui qui
en est la victime ? Vous dites : “Cette dernière“ ? Êtes-vous sûrs
aussi de cela ?
Et je vous demande encore : n’y a-t-il qu’un péché d’homicide ? En
tuant, ne faites-vous que cet unique péché ? “Celui-là seul”
dites-vous ? Personne n’en doute ? Dites à haute voix vos réponses.
Qu’un seul parle pour vous tous. J’attends." Et Jésus se penche pour caresser une bambine
qui est venue à côté de Lui et qui le regarde, extasiée, oubliant même de
grignoter la pomme que sa mère lui a donnée pour qu’elle se tienne
tranquille.
Un vieillard imposant se lève et dit :
"Maître, écoute. Je suis un vieux chef de synagogue et ils m’ont dit de
parler au nom de tous. Je parle. Il me semble, et il nous semble, avoir
répondu selon la justice et selon ce qu’on nous a enseigné. J’appuie ma
certitude sur le chapitre de la Loi relatif à l’homicide et aux coups .
Mais Toi, tu sais pourquoi nous sommes venus : pour que tu nous
enseignes, car nous reconnaissons en Toi la Sagesse et la Vérité. Si donc je
me trompe, éclaire mes ténèbres pour que le vieux serviteur aille vers son
Roi, revêtu de lumière, et rends aussi ce service à ceux-ci qui sont de mon
troupeau et qui sont venus, avec leur berger, boire à la fontaine de
Vie." et avant de s’asseoir, il s’incline avec le plus grand respect.
"Qui es-tu, père ?"
"Cléophas d’Emmaüs, ton
serviteur."
"Pas le mien : mais de Celui qui m’a envoyé parce qu’on doit donner
au Père toute préséance et tout amour au Ciel, sur la terre et dans les
cœurs. Et le premier à Lui donner cet honneur c’est son Verbe qui prend et
offre, sur une table sans défauts, les cœurs des bons, comme fait le prêtre
avec les pains de proposition. Mais écoute, Cléophas, pour aller à Dieu tout
illuminé selon ton saint désir.
126.2 - Pour mesurer la culpabilité, il faut penser aux circonstances
qui précèdent, préparent, justifient, expliquent la faute elle-même.
“Qui ai-je frappé ? Qu’est-ce que j’ai
frappé ? Où ai-je frappé ? Avec quels moyens ai-je frappé ?
Pourquoi ai-je frappé ? Comment ai-je frappé ? Quand ai-je frappé ?
“: c’est ce que doit se demander avant de se présenter à Dieu pour Lui
demander pardon, celui qui a tué.
“Qui ai-je frappé ?”
Un homme. Je dis un homme. Mais je ne pense pas et je ne considère pas s’il
est riche ou s’il est pauvre, s’il est libre ou s’il est esclave. Pour Moi il
n’existe pas d’esclaves ou de puissants. Il s’agit des hommes créés par un
Être Unique, par conséquent tous égaux. En fait, devant la majesté de Dieu,
même le plus puissant monarque de la terre n’est que poussière. Et à ses
yeux, et aux miens, il n’existe qu’un seul esclavage: celui du péché et donc
sous la domination de Satan.
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345> La
Loi Antique distingue les hommes libres des esclaves, et se livre à des
considérations subtiles selon que la mort a été immédiate ou qu’il y a eu un
jour ou deux de survie, et de même si la femme enceinte est morte du coup ou
si la mort n’a atteint que le fruit de ses entrailles. Mais tout cela a été
dit lorsque la lumière de la perfection était encore bien lointaine.
Maintenant, elle est parmi vous et vous dit : “Quiconque frappe
mortellement un de ses semblables pèche ; Et il ne pèche pas seulement
à l’égard de l’homme, mais aussi contre Dieu”.
Qu’est-ce que l’homme ? L’homme est la créature souveraine que
Dieu a créée pour être le roi de la création. Il l’a créé à son image et à sa
ressemblance, en lui donnant la ressemblance pour l’esprit et en tirant son
image de l’image parfaite de sa pensée parfaite. Regardez dans l’air, sur la
terre et dans les eaux. Y voyez-vous peut-être, un animal ou une plante qui,
si beaux qu’ils soient, égalent l’homme ? L’animal court, mange, boit,
dort, engendre, travaille, chante, vole, rampe, grimpe, mais il n’a pas la
parole. L’homme aussi sait courir et sauter, et dans le saut il est si agile
qu’il rivalise avec l’oiseau. Il sait nager, et il est si rapide à la nage
qu’on dirait un poisson. Il sait ramper, et paraît un reptile. Il sait
grimper, et semble un singe. Il sait chanter, et paraît un oiseau. Il sait
engendrer et se reproduire. Mais, en plus, il sait parler.
Et ne dites pas : “Tout animal a son langage”. Oui. L’un mugit, l’autre
bêle, un autre brait, un autre encore gazouille, un dernier exécute des
trilles. Mais, du premier bœuf au dernier, ce sera toujours le même et unique
mugissement, et ainsi le mouton bêlera jusqu’à la fin du monde, et l’âne
braira comme le fit le premier âne. Le passereau dira
toujours son court gazouillement pendant que l’alouette et le rossignol
diront le même hymne, au soleil la première, à la nuit étoilée le second.
Même au dernier jour de la terre, ils salueront comme à son premier jour et à
sa première nuit. L’homme, au contraire, parce qu’il n’a pas seulement une
luette et une langue, mais un ensemble complexe de nerfs dont le centre est
au cerveau, siège de l’intelligence, sait saisir des sensations nouvelles, en
faire l’objet de ses réflexions et leur donner un nom.
Adam appela chien son ami et lion celui qui lui parut plus ressemblant avec
son épaisse crinière toute hérissée au-dessus de son visage à peine barbu. Il
appela brebis l’agnelle qui le saluait doucement, et donna le nom d’oiseau à
cette fleur empennée qui volait comme le papillon mais qui émettait un doux
chant que le papillon ne possède pas .
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346> Et puis, au cours des siècles,
voilà que les descendants d’Adam créèrent toujours de nouveaux noms au fur et
à mesure qu’ils “connurent” les œuvres de Dieu dans les créatures ou à
mesure qu’avec l’étincelle divine qui est en l’homme, ils n’engendrèrent pas
seulement des enfants, mais créèrent aussi des objets utiles ou nuisibles à
leurs enfants eux-mêmes, selon qu’ils étaient avec Dieu ou contre Dieu. Ils
sont avec Dieu ceux qui créent et produisent de bonnes choses. Ils sont contre Dieu ceux qui créent des choses
mauvaises qui nuisent au prochain. Dieu venge ses enfants torturés par le
mauvais génie humain.
126.3 - L’homme est donc la créature
bien-aimée de Dieu. Même si maintenant il est coupable, c’est toujours la
créature qui Lui est la plus chère. Ce qui en témoigne, c’est qu’Il a envoyé
son Verbe Lui-même, non pas un ange, non pas un archange, non pas un
chérubin, ni un séraphin, mais son Verbe, en le revêtant de la chair humaine
pour sauver l’homme. Il n’a pas estimé indigne ce vêtement pour rendre
passible en vue de la souffrance expiatrice Celui qui, étant comme Lui un
Très Pur Esprit, n’aurait pu, en tant que tel, souffrir et expier la faute de
l’homme.
Le Père m’a dit : "Tu seras homme
: l’Homme. J’en avais fait un, parfait comme tout ce que Je fais. Je lui
avais destiné une douce vie, une très douce dormition et un bienheureux
réveil, un très heureux et éternel séjour dans mon céleste Paradis. Mais, Tu
le sais, en ce Paradis ne peut entrer ce qui est souillé, car en ce lieu,
Moi-Nous, Dieu Un et Trine, nous avons notre trône. Et en sa présence ne peut
se trouver que sainteté. Je suis Celui qui suis .
Ma divine nature, notre mystérieuse essence ne peut être connue que par ceux
qui sont sans tache.
Maintenant l’homme, en Adam et par Adam, est souillé. Va. Purifie-le. Je le
veux. Tu seras désormais : l’Homme. Le Premier-Né. Car Tu entreras le
premier ici, avec ta chair mortelle exempte du péché, avec l’âme exempte du
péché d’origine. Ceux qui t’ont précédé sur la terre et ceux qui te suivront,
auront la vie par ta mort de Rédempteur". Il ne pouvait mourir que
quelqu’un qui était né. Moi je suis né et je mourrai.
L’homme est la créature privilégiée de Dieu. Maintenant, dites-Moi : si
un père a plusieurs enfants, mais que l’un d’eux est son privilégié, la
pupille de son œil, et qu’on le tue, est-ce que ce père ne souffre pas plus
que s’il s’agissait d’un autre de ses enfants ? Cela ne devrait pas être
car le père devrait être juste avec tous ses enfants.
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347> Mais cela arrive parce que l’homme
est imparfait. Dieu peut le faire avec justice car l’homme est l’unique
créature dans la création qui possède en commun avec le Créateur l’âme
spirituelle, marque indéniable de la paternité divine.
En tuant un fils à son père, n’offense-t-on que le fils ? Non, le père
aussi. Le fils en sa chair, le père en son cœur. Mais c’est aux deux que la
blessure est donnée. En tuant un homme, n’offense-t-on que l’homme ?
Non, Dieu aussi. L’homme dans sa chair, Dieu dans son droit. Car la vie et la
mort, c’est par Lui seulement qu’elles doivent être données et enlevées.
Tuer, c’est faire violence à Dieu et à l’homme. Tuer, c’est faire irruption
dans le domaine de Dieu. Tuer, c’est manquer au précepte de l’amour. Il
n’aime pas Dieu, celui qui tue, car il fait périr son travail : un
homme. Le meurtrier n’aime pas le prochain, car il lui enlève ce qu’il veut
pour lui-même : la vie.
Et voilà que j’ai répondu aux deux premières questions.
126.4 - “Où ai-je tué ?”
On peut tuer sur le chemin, dans la maison de la victime ou en l’attirant
dans la sienne. On peut frapper l’un ou l’autre organe en produisant une
souffrance plus grave et en commettant même deux homicides à la fois si on
frappe la femme chargée du fruit de son sein.
On peut frapper dans la rue, sans en avoir l’intention. Un animal qui nous
échappe peut tuer un passant. Mais alors, il n’y a pas préméditation. Mais, si
quelqu’un se rend, armé d’un poignard qu’il dissimule hypocritement sous son
habit de lin, dans la maison d’un ennemi - et souvent l’ennemi c’est celui
qui a le tort d’être meilleur - ou bien s’il l’invite
dans sa propre maison avec des marques d’honneur, et puis l’égorge et le
jette dans la citerne, alors il y a préméditation et c’est le crime complet
pour la malice, la férocité et la violence.
Si avec la mère je tue son fruit, c’est des deux que Dieu me demandera de
rendre compte. Parce que le ventre qui engendre un nouvel homme selon le
commandement de Dieu est sacré, et sacrée la petite vie qui mûrit en lui, et
à laquelle Dieu a donné une âme.
126.5 - “Par quels moyens ai-je
frappé ?”
C’est vainement que quelqu’un affirme : “Je ne voulais pas frapper quand
il est allé avec une arme véritable. Dans la colère, les mains mêmes
deviennent une arme, et aussi la pierre que l’on prend sur la route, ou la
branche arrachée à un arbre.
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348> Mais celui qui froidement examine
le poignard ou la hache, et s’ils lui paraissent mal aiguisés les affile et
puis s’en arme de façon qu’on ne les aperçoive pas, mais qu’il puisse
facilement les brandir, s’il se rend ainsi chez son rival, il ne peut pas
dire : “Je n’avais pas l’intention de frapper”. Celui qui prépare un
poison en cueillant des herbes ou des fruits toxiques pour en faire une
poudre ou une boisson, et puis les offre à sa victime comme si c’était des
épices ou une boisson fermentée, ne peut certainement pas dire : “Je ne
voulais pas tuer”.
Et, maintenant, écoutez-vous, femmes, silencieuses meurtrières cachées et
impunies de tant de vies. C’est tuer aussi que d’arracher un fruit qui croît
en votre sein parce qu’il est d’une provenance coupable ou qu’il n’était pas
désiré n’étant qu’un poids inutile en vos flancs et indésirable pour votre
richesse. Il n’y a qu’une façon d’éviter ce poids : c’est de rester
chaste. N’unissez pas l’homicide à la luxure, à la violence et à la
désobéissance, et ne croyez pas que Dieu ne voit pas ce que l’homme n’a pas
vu. Dieu voit tout et se souvient de tout. Souvenez-vous-en, vous aussi.
126.6 - “Pourquoi ai-je
frappé ?”
Oh ! Il y a tant de raisons ! Le déséquilibre imprévu que crée en
vous une émotion violente, celui de trouver la couche nuptiale profanée, ou
le voleur surpris dans la maison, ou le dégoûtant qui viole votre propre
fillette, ou le calcul froid et réfléchi de se débarrasser d’un témoin
dangereux, de quelqu’un qui vous empêche d’arriver, ou dont on convoite la
situation ou la fortune: il y a là tant de raisons. Si encore Dieu peut
pardonner à celui qui dans la fièvre de la douleur devient assassin, Il ne
pardonne pas à celui qui le devient par ambition ou parce qu’il
recherche l’estime des hommes.
Agissez toujours avec droiture, et vous ne craindrez pas le regard ou la
parole de quiconque. Contentez-vous de ce que vous avez et vous ne
convoiterez pas ce que possède autrui au point de devenir assassin pour
posséder ce qui appartient au prochain.
126.7 - “Comment ai-je
frappé ?”
En m’acharnant avant et après le premier coup porté par l’émotion ? Il
arrive que l’homme n’ait plus de frein. Satan le jette dans le crime, comme
le frondeur lance sa pierre. Mais que diriez-vous d’une pierre qui, après avoir
atteint la cible reviendrait à la fronde pour qu’on la lance de nouveau et
qu’elle recommence à frapper ?
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349> Vous diriez : “Elle est
possédée par une force magique et infernale“. Il en est ainsi de l’homme qui,
après un premier coup en donne un second, un troisième, un dixième sans que
sa férocité s’apaise. Car la colère tombe et l’on revient à la raison après
le premier coup, lorsqu’il provient d’un motif qui peut se comprendre. Mais la
férocité s’acharne d’autant plus que la victime a reçu plus de coups, chez le véritable assassin. C’est un satan
qui n’a pas, qui ne peut avoir de pitié pour son frère, parce qu’il est un
satan, c’est à dire la haine.
126.8 - “Quand ai-je frappé ?”
Du premier coup ? Après que la victime soit tombée par terre ? En
simulant le pardon alors que la rancœur était toujours plus forte ? J’ai
attendu, peut-être des années, pour frapper pour donner double douleur en
tuant le père en la personne de ses enfants ?
Vous voyez qu’en tuant, on viole le premier et le second groupe des
commandements parce que vous vous arrogez le droit de Dieu et que vous foulez
aux pieds le prochain. Donc péché contre Dieu et contre le prochain. Vous ne
faites pas seulement un péché d’homicide. Mais vous faites un péché de
colère, de violence, d’orgueil, de désobéissance, de sacrilège et aussi de
cupidité si vous tuez pour vous emparer d’une place, d’une bourse. Mais, j’y
fais à peine allusion et je vous l’expliquerai mieux un autre jour, on ne
commet pas l’homicide uniquement avec l’arme et le poison, mais aussi par la
calomnie. Méditez.
126.9 - Et j’ajoute encore : le
maître qui frappe un esclave, en évitant par ruse qu’il ne lui meure entre
les mains, est doublement coupable. L’esclave n’est pas l’argent du
maître : c’est une âme qui appartient à son Dieu. Il est éternellement maudit celui qui lui
inflige un traitement qu’il n’appliquerait pas à son bœuf.
"
Les yeux de Jésus lancent des éclairs, et il tonne. Tous le regardent surpris
car auparavant il parlait avec calme.
"Maudit soit-il ! La Loi Nouvelle abolit cette dureté. C’était
encore justice lorsque dans le peuple d’Israël n’existaient pas ces hypocrites
qui simulent la sainteté et s’ingénient seulement à tourner la Loi de Dieu et
l’exploiter à leur profit. Mais à présent où dans tout Israël on est envahi
par ces vipères qui se permettent de faire ce qu’on leur laisse passer, parce
que ce sont eux, les puissants misérables que Dieu regarde avec haine et
dégoût, Moi, je dis : cela n’est plus.
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350> Les esclaves tombent sur les
sillons ou en tournant la meule. Ils tombent avec les os brisés et les nerfs
mis à nu par les coups de fouets. Pour pouvoir les frapper, ils les accusent
de crimes mensongers pour justifier leur propre sadisme satanique. On fait
servir jusqu’au miracle de Dieu pour les accuser et avoir le droit de les
frapper. Ni la puissance de Dieu, ni la sainteté de l’esclave ne convertit
leur âme farouche. Elle ne peut être convertie. Le bien n’entre pas en ce qui est saturé par le mal. Mais Dieu
voit et dit : “Ça suffit !”
Trop nombreux sont les Caïns qui tuent les Abels. Et que croyez-vous,
tombeaux immondes dont l’extérieur est blanchi et recouvert des paroles de la
Loi et à l’intérieur desquels Satan est devenu roi, où pullule le satanisme
le plus rusé, que croyez-vous ? Qu’il n’y a eu d’Abel que le fils d’Adam
et que le Seigneur ne regarde avec bienveillance que ceux qui ne sont pas
esclaves d’homme, alors qu’Il rejette loin de Lui, l’unique offrande que peut
faire l’esclave: celle de son honnêteté assaisonnée de ses larmes ? Non,
en vérité je vous dis que chaque juste est un Abel, même s’il est chargé de
chaînes, même s’il meurt sur le sillon ou ensanglanté par vos flagellations,
et que ce sont des Caïns tous ceux qui sont injustes et qui font des cadeaux
à Dieu par orgueil, non pas pour Lui rendre un culte vrai, mais ils font des
cadeaux souillés par leurs péchés et tachés de sang.
Profanateurs du miracle. Profanateurs de l’homme, tueurs, sacrilèges !
Dehors ! Éloignez-vous de ma présence ! Assez ! Je dis :
assez. Et je puis le dire car je suis la Divine Parole expression de la
Pensée Divine. Partez !"
Jésus, debout sur la pauvre estrade, effraye par sa majesté. Le bras tendu, il indique la porte de sortie, ses yeux, comme des
feux d’azur, semblent foudroyer les pécheurs présents. La bambine qui était à
ses pieds se met à pleurer et court vers sa maman. Les disciples se regardent
étonnés et cherchent à voir à qui s’adresse l’invective. La foule aussi se
retourne, le regard interrogateur.
126.10 - Voilà que finalement le
mystère s’explique. Au fond, hors de la porte, à moitié caché derrière un
groupe de gens du peuple de grande taille, se montre Doras.
Encore plus sec, jaune, ridé, tout nez et menton. Il a avec lui un serviteur
qui l’aide à se déplacer car il paraît à moitié accidenté. Et qui donc
l’avait aperçu, là au milieu de la cour ? Il ose parler de sa voix
éraillée :
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351> "C’est à moi que tu
parles ? C’est pour moi ce que tu dis ?"
"Pour toi, oui. Sors de ma maison.
"Je sors. Mais bientôt nous ferons les comptes, n’en doute pas."
"Bientôt ? Tout de suite. Le Dieu du Sinaï, je te l’ai dit,
t’attend. "
"Toi aussi, malfaisant, qui as fait arriver sur moi le malheur et les
animaux nuisibles de la terre. Nous nous reverrons. Et ce sera ma joie."
"Oui. Et tu ne voudras pas me revoir car Moi, je te jugerai."
"Ah ! Ah ! maléd..." Il s’embrouille, murmure et tombe.
"Il est mort ! crie le serviteur. Le maître est mort ! Béni
sois-tu, Messie, notre vengeur !"
"Non, pas Moi. Dieu, le Seigneur Éternel. Que personne ne se souille.
Que le serviteur seul s’occupe de son maître. Et sois bon pour son corps.
Soyez bons, vous tous, ses serviteurs. Ne vous réjouissez pas, par rancœur de
sa mort, pour ne pas mériter une condamnation. Que Dieu et le juste Jonas
soient toujours pour vous des amis et Moi avec eux. Adieu."
"Mais il est mort par ta volonté ?" demande Pierre.
"Non, mais le Père est entré en Moi... C’est un mystère que tu ne peux
comprendre. Sache seulement qu’il n’est pas permis de s’attaquer à Dieu. Lui
se venge par Lui-même."
"Mais ne pourrais-tu pas alors dire au Père de faire mourir tous ceux
qui te haïssent ?"
"Tais-toi ! Tu ne sais pas de quel esprit tu es ! Je suis la
Miséricorde et non la Vengeance."
Le vieux maître de
la synagogue s’approche :
"Maître, tu as répondu à toutes mes questions et la lumière est en moi.
Sois béni. Viens dans ma synagogue. Ne refuse pas ta parole à un pauvre
vieillard."...
"J'irai. Va en paix. Le Seigneur est avec toi."
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