Le dimanche 1er
juillet 1945.
360> 206.1 - En
présence des paysans de Yokhanan (Giocana), d'Isaac
et de nombreux disciples, des femmes, parmi lesquelles Marie Très Sainte et Marthe
et de beaucoup de gens de Béthanie, Jésus parle.
Tous les apôtres sont présents. L'enfant, assis en face de Jésus, ne perd pas
une parole. Le discours est commencé depuis peu, car il arrive encore des
gens...
Jésus dit :
"...et c'est à cause de cette crainte que je vois si vive chez
plusieurs, que je veux vous proposer aujourd'hui une douce parabole. Douce
pour les hommes de bonne volonté, amère pour les autres. Mais ces derniers
ont le moyen de supprimer cette amertume. Qu'ils deviennent, eux aussi, des
gens de bonne volonté et le reproche que la parabole fait naître dans leur
conscience cessera d'exister.
206.2 - Le Royaume des Cieux est la maison
des épousailles qui s'accomplissent entre Dieu et les âmes. Le moment où l'on
y entre, c'est le jour des épousailles.
Écoutez donc. Chez nous, c'est une coutume que les
jeunes filles escortent l'époux qui arrive, pour le conduire au milieu des
lumières et des chants vers la maison nuptiale avec sa douce épouse. Le
cortège quitte la maison de l'épouse qui, voilée et émue, se dirige vers le
lieu où elle sera reine, dans une maison qui n'est pas la sienne mais qui
devient sienne à partir du moment où elle s'unit à son époux. Alors le
cortège des jeunes filles, des amies de l'épouse la plupart, accourent à la
rencontre de ces deux heureux pour les entourer d'un cercle de lumières.
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361> Or il arriva dans un pays que l'on
fit des noces. Pendant que les époux, avec leurs parents et amis, s'en
donnaient à cœur joie dans la maison de l'épouse, dix jeunes filles se
rendirent à leur place dans le vestibule de la maison de l'époux, prêtes à sortir
à sa rencontre quand le bruit lointain des cymbales et des chants viendrait
les avertir que les époux avaient quitté la maison de l'épouse pour venir à
celle de l'époux. Mais le banquet, dans la maison des noces, se prolongeait
et la nuit survint. Les vierges, vous le savez, gardent toujours leurs lampes
allumées pour ne pas perdre de temps au dernier moment. Or, parmi ces dix
vierges qui avaient leurs lampes allumées et qui éclairaient bien, il y en
avait cinq sages et cinq sottes. Les sages, pleines de prudence, s'étaient
munies de petits vases pleins d'huile pour pouvoir remplir les lampes si la
durée de l'attente était plus longue que prévu, alors que les sottes
s'étaient bornées à bien remplir leurs petites lampes.
Les heures passèrent, l'une après l'autre. Conversations gaies, bonnes
histoires, plaisanteries charmaient l'attente. Mais après cela, elles ne
surent plus que dire ni que faire. Ennuyées, ou simplement fatiguées, elles
s'assirent plus à leur aise avec leurs lampes allumées toutes proches et tout
doucement elles s'endormirent.
206.3 - Minuit arriva et on entendit un
cri : "Voici l'époux, allez à sa rencontre !" Les dix
vierges sursautèrent en entendant l'ordre, prirent les voiles et les
guirlandes, se coiffèrent et coururent vers la table où étaient les lampes.
Cinq d'entre elles étaient en train de languir... La mèche, que l'huile ne
nourrissait plus, toute consumée, fumait avec des éclairs de plus en plus
faibles, prête à s'éteindre au moindre souffle d'air. Les cinq autres, au
contraire, garnies par les vierges prudentes avant leur sommeil, avaient une
flamme encore vive qui se raviva davantage quand on ajouta de l'huile dans le
réservoir de la lampe.
"Oh ! dirent les sottes suppliantes, donnez-nous un peu de votre
huile, car autrement nos lampes vont s'éteindre, rien qu'à les prendre. Les
vôtres sont déjà belles!..." Mais les prudentes répondirent:
"Dehors souffle le vent de la nuit, et la rosée tombe à grosses gouttes.
Il n'y a jamais assez d'huile pour faire une flamme robuste qui puisse
résister au vent et à l'humidité. Si nous vous en donnons, il arrivera que
nos lumières vacilleront elles aussi. Et bien triste
serait le cortège des vierges sans les palpitations des petites
flammes ! Allez, courez chez le marchand le plus proche, priez-le,
frappez à sa porte, faites-le lever pour qu'il vous donne de l'huile".
Et elles haletantes, froissant leurs voiles, tachant leurs vêtements, perdant
les guirlandes, en se heurtant et en courant, suivirent le conseil de leurs
compagnes.
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362> Mais, pendant qu'elles allaient
acheter de l'huile, voilà qu'apparaît au fond de la rue l'époux accompagné de
l'épouse. Les cinq vierges, qui étaient munies des lampes allumées, allèrent
à leur rencontre et, au milieu d'elles, les époux entrèrent dans la maison
pour la fin de la cérémonie, lorsque les vierges auraient escorté en dernier
lieu l'épouse jusqu'à la chambre nuptiale. La porte fut close après l'entrée
des époux et qui se trouvait dehors, dehors resta. Ce fut le sort des cinq
sottes qui, arrivées enfin avec leur huile, trouvèrent la porte verrouillée
et frappèrent inutilement en se blessant les mains et en criant d'une voix
gémissante: "Seigneur, seigneur, ouvre-nous ! Nous faisons partie
du cortège des noces. Nous sommes les vierges propitiatoires, choisies pour
apporter honneur et fortune à ton mariage".
Mais l'époux, du haut de la maison, quitta pour un instant les invités plus
intimes auxquels il faisait ses adieux pendant que l'épouse entrait dans la
chambre nuptiale, et leur dit: 'En vérité je vous dis que je ne vous connais
pas. Je ne sais pas qui vous êtes. Vos visages n'étaient pas en fête autour
de mon aimée. Vous êtes des usurpatrices. Restez donc hors de la maison des
noces". Et les cinq sottes, en pleurant, s'en allèrent par les rues
noires, avec leurs lampes désormais inutiles, leurs vêtements fripés, leurs
voiles arrachés, leurs guirlandes défaites ou perdues...
206.4 - Et maintenant vous comprenez la
parole renfermée dans la parabole.
Je vous ai dit au début que le Royaume des Cieux est la maison des
épousailles qui s'accomplissent entre Dieu et les âmes. Aux noces célestes
sont appelés tous les fidèles, car Dieu aime tous ses enfants.
Les uns plus tôt, les autres plus tard se
trouvent au moment des épousailles et c'est un sort heureux que d'y être
arrivé. Mais écoutez encore. Vous savez que les jeunes filles considèrent
comme un honneur et une heureuse fortune d'être appelées comme servantes
autour de l'épouse. Voyons dans notre cas ce que représentent les personnages
et vous comprendrez mieux.
L'Époux c'est Dieu. L'épouse c'est l'âme d'un juste qui, après avoir passé le
temps des fiançailles dans la maison du Père, c'est-à-dire sous la protection
de la doctrine de Dieu et dans l'obéissance à cette doctrine, en vivant selon
la justice, se trouve amenée dans la maison de l'Époux pour les noces.
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363> Les servantes-vierges sont les âmes
des fidèles qui, grâce à l'exemple laissé par l'épouse, cherchent à arriver
au même honneur en se sanctifiant. Pour l'épouse, le fait d'avoir été choisie
par l'époux à cause de ses vertus, est le signe qu'elle était un exemple
vivant de sainteté.
206.5 - Les jeunes filles sont en vêtements blancs, propres et frais, en voiles
blancs, couronnées de fleurs. Elles ont dans les mains des lampes allumées. Les lampes sont
bien propres, avec la mèche nourrie de l'huile la plus pure afin qu'elle ne
soit pas malodorante.
En vêtements blancs. La justice pratiquée avec fermeté donne des
vêtements blancs et bientôt viendra le jour qu'ils seront parfaitement
blancs, sans même le plus lointain souvenir d'une tache, d'une blancheur
surnaturelle, d'une blancheur angélique.
En vêtements propres. Il faut, par l'humilité, tenir toujours propre
le vêtement. Il est si facile de ternir la pureté du cœur, et celui qui n'est
pas pur en son cœur ne peut voir Dieu. L'humilité est comme l'eau qui lave.
L'humble, parce que son œil n'est pas obscurci par la fumée de l'orgueil,
s'aperçoit tout de suite qu'il a terni son vêtement. Il court vers son
Seigneur et Lui dit : "J'ai perdu la netteté de mon cœur. Je pleure
pour me purifier. Je pleure à tes pieds. Et Toi, mon Soleil, blanchis mon vêtement
par ton pardon bienveillant, par ton amour paternel !"
En vêtements frais. Oh ! La fraîcheur du cœur ! Les enfants
la possèdent par suite d'un don de Dieu. Les justes la possèdent par un don
de Dieu et par leur propre volonté. Les saints la possèdent par un don de
Dieu et par une volonté allant jusqu'à l'héroïsme. Mais les pécheurs, dont
l'âme est en loques, brûlée, empoisonnée, salie ne pourront-ils alors jamais
plus avoir un vêtement frais ? Oh ! oui, qu'ils peuvent l'avoir.
Ils commencent à l'avoir du moment où ils se regardent avec mépris, ils
l'augmentent quand ils ont décidé de changer de vie, le perfectionnent quand
par la pénitence ils se lavent, se désintoxiquent, se soignent, refont leur
pauvre âme. Avec l'aide de Dieu qui ne refuse pas son secours à qui demande
son aide sainte, par leur propre volonté portée à un degré qui dépasse
l'héroïsme, car en eux il n'y a pas lieu de protéger ce qu'ils possèdent, mais
de reconstruire ce qu'ils ont abattu, donc effort double et triple
et septuple et enfin par une pénitence inlassable, implacable à l'égard du moi
qui était pécheur, ils ramènent leur âme à une nouvelle fraîcheur
enfantine, rendue précieuse par l'expérience qui fait d'eux des maîtres pour
ceux qui autrefois étaient comme eux, c'est-à-dire pécheurs.
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364> En voiles blancs. L'humilité !
J'ai dit :
"Quand vous priez ou faites pénitence, faites en sorte que le monde ne
s'en aperçoive pas". Dans les livres sapientiaux, il est dit :
"Il n'est pas bien de révéler le secret du Roi".
L'humilité est le voile blanc que
l'on met pour le défendre sur le bien que l'on fait et sur le bien que Dieu
nous accorde. Ne pas se glorifier de l'amour privilégié que Dieu nous
accorde, ne pas chercher une sotte gloire humaine. Le don serait tout de
suite enlevé. Mais le chant intérieur du cœur à son Dieu : "Mon âme
te glorifie, ô Seigneur... parce que Tu as tourné ton regard vers la bassesse
de ta servante".
Jésus s'arrête un instant et jette un regard vers sa Mère qui rougit sous son
voile et s'incline profondément comme pour remettre en place les cheveux de
l'enfant assis à ses pieds, mais en réalité pour cacher l'émotion de son
souvenir...
Couronnée de fleurs. L'âme
doit tresser sa guirlande quotidienne d'actes de vertu, car en présence
du Très-Haut, rien ne doit rester de vicieux et rien ne doit rester d'un
aspect négligé. Guirlande quotidienne, ai-je dit, car l'âme ne sait pas quand
Dieu-Epoux lui apparaîtra pour lui dire : "Viens". Il ne faut
donc pas se lasser de renouveler la couronne. N'ayez pas peur. Les fleurs
perdent leur fraîcheur, mais les fleurs des couronnes vertueuses ne la
perdent pas. L'ange de Dieu, que chaque homme a à
côté de lui, recueille ces guirlandes quotidiennes et les apporte au Ciel et
on en fera un trône au nouveau bienheureux quand il entrera comme épouse dans
la maison nuptiale.
206.6 - Elles ont leurs lampes allumées. À
la fois pour honorer l'Époux et pour se guider en chemin. Comme elle est
brillante la foi et quelle douce amie elle est ! Elle donne une flamme
qui rayonne comme une étoile, une flamme qui rit car elle est tranquille dans
sa certitude, une flamme qui rend lumineux même l'instrument qui la
porte. Même la chair de l'homme que nourrit la foi semble, dès cette terre,
devenir plus lumineuse et plus spirituelle, exempte d'un vieillissement
précoce.
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365> Car celui qui croit se laisse
guider par les paroles et les commandements de Dieu pour arriver à posséder
Dieu, sa fin, et par conséquent il fuit toute corruption, il n'a pas de
troubles, de peurs, de remords, il n'est pas obligé de faire des efforts pour
se rappeler ses mensonges ou pour cacher ses mauvaises actions, et il se
conserve beau et jeune de la belle incorruptibilité des saints. Une chair et
un sang, un esprit et un cœur nets de toute luxure pour conserver l'huile de
la foi, pour donner une lumière sans fumée. Une volonté constante pour
nourrir toujours cette lumière.
La vie de chaque jour avec ses déceptions, ses constatations, ses contacts,
ses tentations, ses frictions, tend à diminuer la foi. Non ! Cela ne
doit pas arriver. Allez chaque jour aux sources de l'huile suave, de l'huile
de la sagesse, de l'huile de Dieu. Une
lampe peu alimentée peut s'éteindre au moindre vent, peut être éteinte par la
lourde rosée de la nuit. La
nuit... L'heure des ténèbres, du péché, de la tentation vient pour tous.
C'est la nuit de l'âme. Mais si elle
se remplit, elle-même, de foi,
sa flamme ne peut être éteinte par le vent du monde ni par le brouillard de
la sensualité.
Pour conclure, vigilance, vigilance, vigilance. L'imprudent qui
ose dire : "Oh ! Dieu viendra à un moment où j'aurai encore la
lumière en moi", qui se met à dormir au lieu de veiller, à dormir
dépourvu de ce qu'il faut pour se lever promptement au premier appel, qui
attend le dernier moment pour se procurer l'huile de la foi ou la mèche
résistante de la bonne volonté, court le risque de rester dehors à
l'arrivée de l'Époux. Veillez donc avec prudence, avec constance, avec
pureté, avec confiance pour être toujours prêts à l'appel de Dieu car en
réalité vous ne savez pas quand Il viendra.
206.7 - Mes chers disciples, je ne veux pas
vous amener à avoir peur de Dieu, mais plutôt à avoir foi en sa bonté. Aussi
bien vous qui restez que vous qui partez, pensez que, si vous faites ce que
firent les vierges sages, vous serez appelés non seulement à escorter l'Époux
mais, comme pour la jeune Esther, devenue épouse à la place de Vasti ,
vous serez choisis et élus comme épouses car l'Époux aura "trouvé en
vous toute grâce et toute faveur, au-dessus de tout autre". Je vous
bénis, vous qui partez. Portez en vous et apportez à vos compagnons ces
paroles que je vous ai adressées. La paix du Seigneur soit toujours avec
vous."
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366> Jésus s'approche des paysans pour
les saluer encore, mais Jean d'En-Dor lui glisse à l'oreille :
"Maître, maintenant Judas est là..."
"Peu importe. Accompagne-les jusqu'au char et fais ce que je t'ai
dit."
L'assemblée se disperse lentement. Plusieurs parlent à Lazare... Et ce dernier se tourne vers
Jésus qui, ayant quitté les paysans, revient de ce côté, et dit :
"Maître, avant de nous quitter, parle-nous encore... C'est ce que
veulent les cœurs de Béthanie."
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