Catéchèse du mercredi 26 janvier 1944
245>
36.7 -
Jésus dit :
"La leçon pour toi et pour tous les autres est donnée par les choses que
tu vois. Leçon d'humilité, de résignation, de parfaite
entente, proposée à toutes les familles chrétiennes et particulièrement aux
familles chrétiennes de ce moment particulier et douloureux.
(Scène de vie à Matarea dessinée par Lorenzo Ferri
sur les indications de Maria Valtorta).
36.8 -
Tu as vu une pauvre maison, et ce qui est pénible, une pauvre maison dans un pays
étranger.
Nombreux sont les fidèles "ordinaires"
qui prétendraient avoir une vie matérielle facile, bien à l'abri de la plus
petite peine, une vie prospère et heureuse, uniquement parce qu'ils prient et
me reçoivent dans l'Eucharistie, parce qu'ils prient et communient pour
"leurs" besoins, non pas pour les besoins pressants des âmes et
pour la gloire de Dieu (il est bien rare, en effet, qu'en priant on ne soit
pas égoïste).
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246>
Joseph et Marie me
possédaient Moi, le vrai Dieu, comme leur fils. Et pourtant ils n'eurent même pas la maigre
satisfaction d'être si pauvres, mais dans leur patrie, dans leur pays où ils
étaient connus, où au moins il y avait une petite maison "à eux" et
le problème du logement n'aurait pas été uni à tous les autres; dans leur
pays où il eût été plus facile de se procurer un travail et pouvoir à la vie,
puisqu'ils y étaient connus. C'est à cause de Moi qu'ils sont deux rescapés
dans un climat différent, dans un pays différent si triste en comparaison des
douces campagnes de la Galilée, et aussi avec une langue, des mœurs
différentes au milieu d'une population qui ne les connaît pas, mais qui a
cette méfiance habituelle que les populations ont pour les rescapés et les
inconnus.
Ils sont privés de ces meubles confortables et chers de "leur" maisonnette, de tant, tant de
petites choses humbles et nécessaires mais qui ne le paraissaient pas là-bas,
tandis qu'ici, avec ce dénuement qui les entoure, elles semblent pourtant si
belles, comme ce superflu qui rend délicieuses les maisons des riches. Ils
ont la nostalgie du pays et de la maison, leur pensée court à ces pauvres
choses laissées là-bas, au petit jardin-potager, ou peut-être plus personne
ne pourvoit, à la vigne, au figuier et aux autres plantes utiles. Ils sont
dans la nécessité de pourvoir à la nourriture de tous les jours, aux vêtements,
au feu, à Moi enfant, à qui on ne peut pas donner la nourriture permise à
soi-même. Et avec ça, beaucoup de peine dans le cœur. Pour les nostalgies,
pour ce qui les attend demain, pour la méfiance du monde qui est rétif
surtout dans les premiers temps car on n'accueille pas facilement les offres
de travail de deux inconnus.
Pourtant, tu l'as vu, dans cette demeure plane la sérénité, le sourire, la
concorde, et d'un commun accord, on tâche de la rendre plus belle, jusqu'au
pauvre potager, afin que tout soit pareil à la maison qui a été quittée, et
plus confortable encore. Il n'y a qu'une pensée : celle qui pour Moi,
saint, la terre hostile me soit rendue moins misérable, à Moi qui viens de
Dieu. C'est un amour de croyants et de parents qui se manifeste avec mille
soins; voilà une chevrette qui a coûté tant d'heures de travail en plus, les
petits jouets sculptés sur les morceaux de bois restés, et les fruits achetés
pour Moi seul, tandis qu'eux se privent même d'une bouchée de nourriture.
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247> Père chéri de la terre, comme tu as été aimé de Dieu,
de Dieu le Père du haut des Cieux, de Dieu le Fils, devenu Sauveur sur la
terre !
Dans cette maison il n'y a pas de gens
nerveux, susceptibles, de physionomies revêches, ni non plus de reproches
réciproques, et encore moins envers Dieu qui ne les comble pas de bien-être
matériel. Joseph ne reprochera pas à Marie d'être la cause des pertes qu'il a
subies et Marie ne reprochera pas à Joseph de ne pas savoir lui procurer un
plus grand bien-être. Ils s'aiment saintement, c'est tout, et leur
préoccupation n'est pas leur intérêt personnel, mais celui du conjoint. Le
véritable amour ne connaît pas l'égoïsme. Et le véritable amour est toujours
chaste, même s'il n'est pas parfait en ce domaine autant que celui de deux époux
qui sont vierges. La chasteté, unie à la charité, entraîne derrière elle tout
un cortège d'autres vertus et réalise, pour deux personnes qui s'aiment
chastement, la perfection conjugale.
L'amour de ma Mère et de Joseph était parfait. Il portait à toute autre vertu
et spécialement à la charité envers Dieu, béni à toute heure, même si sa
sainte volonté était pénible pour la chair et pour le cœur; l'esprit chez ces
deux saints était plus vivant et dominait tout. C'était cet esprit qui leur
faisait magnifier le Seigneur en le remerciant de les avoir choisis comme
gardiens de son Fils Éternel.
36.9 -
Dans cette maison on priait. On prie
trop peu dans les maisons à présent. Au point du jour et du crépuscule, au
début du travail, et vous vous asseyez à table sans une pensée pour le
Seigneur qui avait permis de voir un nouveau jour, de pouvoir arriver à une
nouvelle nuit, qui avait béni vos fatigues et permis qu'elles vous procurent
cette nourriture, ce feu, ces vêtements, ce toit, toutes ces choses
nécessaires aussi dans votre condition humaine.
Tout est toujours "bon" qui vient du Dieu Bon. Même si ces biens
sont pauvres et peu abondants, l'amour leur donne de la saveur et du prix,
l'amour qui vous fait voir en l'Éternel Créateur le Père qui vous aime.
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248> Dans cette maison on était frugal. On
l'aurait été, même si l'argent n'avait pas manqué. On mangeait pour vivre, on
ne mangeait pas pour satisfaire la gourmandise, avec l’insatiabilité des
goinfres et les caprices des gourmands qui absorbent les aliments jusqu'à
s'en alourdir et gaspillent leur avoir en produits coûteux sans penser à ceux
qui n'ont pas leur content ou doivent se priver, sans réfléchir qu'en se
modérant ils pourraient épargner à beaucoup les souffrances de la faim.
Dans cette maison on aime le travail. On l'aimerait même si l'argent abondait
car, en travaillant l'homme obéit au commandement de Dieu et échappe au vice
qui comme un lierre tenace enserre et étouffe les oisifs semblables à des
masses inertes. La nourriture est bonne, agréable le repos, satisfait le cœur
quand on a bien travaillé et on apprécie un moment de détente entre un
travail et un autre. Dans la maison et dans l'esprit de qui aime le travail,
le vice aux multiples visages n'y entre pas. Et comme il n'y pousse pas, il s'y développent l'affection, l'estime, le respect
réciproques. Dans une atmosphère de pureté grandissent les tendres rejetons
qui donneront naissance à de futures familles où fleurira la sainteté.
Dans cette maison règne l'humilité. Quelle leçon d'humilité, pour vous
orgueilleux ! Marie aurait eu, humainement parlant, mille et mille
raisons de s'enorgueillir et de se faire adorer par son conjoint. Il y en a
tant, parmi les femmes qui le font parce qu'elles ont une culture plus
étendue, une naissance noble, une fortune supérieure à celle de leur mari.
Marie est Épouse et Mère de Dieu et pourtant elle sert son conjoint, elle ne
se fait pas servir et elle est toute affectueuse pour lui. Joseph est le chef
de maison que Dieu a jugé digne, si digne d'être chef de famille, de recevoir
de Dieu la garde du Verbe Incarné et de l'Épouse de l'Éternel Esprit, et
pourtant il veille attentivement à alléger pour Marie fatigues et travaux. Il
se charge des plus humbles occupations d'une maison pour épargner les
fatigues à Marie et puis comme il peut, autant qu'il le peut lui fait
plaisir, s'ingénie à rendre l'habitation plus pratique et d'égayer par les
fleurs le petit jardin.
Dans cette maison on respecte l'ordre surnaturel, moral, matériel. Dieu est le Chef Suprême
et c'est à Lui que l'on rend le culte et l'amour : ordre surnaturel.
Joseph est le chef de la famille et on lui donne affection, respect,
obéissance: c'est l'ordre moral. La maison est un don de Dieu, comme les
vêtements et le mobilier. En toutes ces choses c'est la Providence de Dieu
qui se manifeste, de ce Dieu qui donne aux brebis leurs toisons, aux oiseaux
leur plumage, aux prés la verdure, le foin aux animaux domestiques, le grain
et le feuillage aux volatiles et qui tisse le vêtement des lys de la vallée.
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249> La maison, les
vêtements, les meubles on les reçoit avec gratitude en bénissant la main
divine qui les fournit, en les traitant avec respect en tant que dons du
Seigneur sans les regarder de mauvaise grâce parce qu'ils sont pauvres, sans
les abîmer en abusant de la Providence : c'est l'ordre matériel.
36.10 -
Tu n'as pas compris les paroles échangées dans le dialecte de Nazareth, ni
les mots de la prière, mais le spectacle des choses a donné une grande leçon.
Méditez-la vous qui avez tant à souffrir pour avoir manqué à Dieu en tant de
choses et parmi elles aussi en celles où ne manquèrent jamais les saints
Époux qui furent ma Mère et mon père.
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