L'œuvre de Maria Valtorta
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Les tentations de Satan.
Voir aussi la fiche générique sur la Tentation.


La tentation de Jésus, selon Maria Valtorta.

 L’épreuve de la tentation.          
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"Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : ma tentation vient de Dieu. Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne. Chacun est tenté par sa propre convoitise qui l’entraîne et le séduit. Puis la convoitise conçoit et enfante le péché, et le péché, arrivé à son terme, engendre la mort" (Jacques 1, 13-15).          

Nos péchés sont donc les fruits du consentement à la tentation
[1].         

On imagine que la sainteté évite les épreuves, mais elle permet seulement d’en triompher.   

Jésus Lui-même a été tenté, mais Satan "ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé" (
Luc 4, 13). Certains imaginent que ce ne fut qu’une formalité destinée à notre éducation et qu’il serait inconvenant de croire qu’Il le fut vraiment : ce serait alors en enlever les mérites qui anticipent la victoire de la Passion[2].   

Le Christ a été "éprouvé en tout, d’une manière semblable à nous" (cf.
Hébreux 4, 15).    

"En effet "seul l’homme peut être tenté, lui qui se compose de substance matérielle et de substance spirituelle, et dont la raison, l’intelligence et la conscience sont libres, pour pouvoir discerner le bien et le mal et vouloir l’un ou l’autre. Seul l’homme, qui mène encore son combat, peut être sujet à la tentation, en raison de sa triste hérédité due au péché des premiers ancêtres de l’humanité" (
Cahiers, 18 février 1947).           

Le Christ a donc triomphé de la tentation, Il a vaincu le Tentateur pour nous
[3]. Il a affronté la tentation en sa nature humaine, mais Il n’a jamais consenti au péché car Satan n’a trouvé aucune prise en Lui (cf. Jean 14, 30).

"Heureux l’homme qui supporte l’épreuve avec persévérance, car, sa valeur une fois vérifiée, il recevra la couronne de la vie promise à ceux qui aiment Dieu". (
Jacques 1, 12).   

Si Jésus a été tenté, nous le sommes aussi. Les saints furent attaqués par ruse ou par force. Maria Valtorta n’échappa à la règle et en triompha. 

Mais dans l’histoire ce ne fut pas toujours le cas : on connaît le cas de Madeleine de la Croix, une clarisse du XVIe siècle qui succomba à la gloire du monde et fut déchue de sa sainteté que tous reconnaissait pourtant jusqu’alors.          

Rien n’est définitivement acquis dans la lutte contre le Tentateur : il est donc important de s’arrêter sur les enseignements qui ressortent de l’œuvre de Maria Valtorta.

 Qu’est-ce que la tentation ?       
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À cette question, Jésus répond à Maria Valtorta en citant le Catéchisme[4] "C’est une incitation au péché qui nous vient du démon, ou des personnes mauvaises, ou de nos passions."         

"C’est une incitation, commente Jésus. Si donc cela incite au péché, c’est le signe que ce n’est pas un péché en tant que tel. Non, ce n’est pas un péché. C’est au contraire un moyen de croître en justice et d’augmenter nos mérites en restant fidèles à la Loi du Seigneur
[5]. Cela commence à devenir péché quand l’homme se met volontairement en condition de pécher, en s’approchant de choses ou de personnes qui peuvent l’y induire.          

"De qui vient la tentation ? Du démon, des personnes mauvaises, des passions. Elle est donc causée par des facteurs externes ou internes. Mais je vous assure, en vérité, que les plus dangereux sont les facteurs internes, autrement dit les inclinations désordonnées et les instincts ou incitations demeurés en l’homme avec les autres misères qui sont la conséquence du péché d’Adam.     

"Ces facteurs internes, Satan les excite, ou tente de les exciter, par tous les moyens, et pour ce faire il est très bien servi par les hommes qui vous entourent et par votre moi humain: ce dernier est en effet un domaine de tentations toujours ravivées, car il possède de fortes tendances à l’égoïsme de la matière et à la sensualité de l’esprit, le premier poussant la chair à se rebeller contre Dieu et contre l’âme, la seconde portant l’esprit à cet orgueil stupide qui se croit tout permis, jusqu’à critiquer les œuvres de Dieu et ses justices.     

"En vérité je vous dis que vous êtes vous-mêmes le meilleur soutien de Satan quand vous accueillez et cultivez en vous "la
concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux, l’orgueil de la vie"[6] : toutes choses qui ne proviennent pas du Père mais du monde. Car si vous ne consentiez pas à préparer un terrain propice à l’invasion des facteurs internes, ils ne pourraient pas pénétrer en vous, troubler votre être profond et exaspérer les facteurs internes".         

On retrouve bien là, le développement de l’enseignement exprimé dans l’épître de saint Jacques et l’affirmation de Jésus : Satan n’a aucune prise sur Lui.

 Satan se présente toujours avec un extérieur bienveillant.    
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Dans ses commentaires sur sa Tentation au désert, Jésus décrypte les procédés de Satan et la façon dont il convient de les déjouer.     

1 - Satan se présente toujours sous un aspect inoffensif qui endort la vigilance des âmes inattentives au divin : elles n’utilisent pas la prière qui les unit à Dieu.  

"Satan se présente toujours avec un extérieur sympathique, sous un aspect ordinaire. Si les âmes sont attentives et surtout en contact spirituel avec Dieu, elles se rendent compte de cette observation qui les rend circonspectes et promptes pour combattre les embûches du démon. Mais si les âmes sont inattentives au divin, séparées de lui par des tendances charnelles qui les envahissent et les rendent sourdes n'utilisant pas le secours de la prière qui les unit à Dieu et fait couler sa force comme par un canal dans le cœur de l'homme, alors elles s'aperçoivent difficilement du piège dissimulé sous une apparence inoffensive et y tombent. S'en dégager après cela est très difficile. 

2 - Il s’attaque ensuite au sens charnels avant de s’attaquer à l’esprit.    

"Les deux chemins que prend plus communément Satan pour arriver aux âmes sont l'attrait charnel et la convoitise, Il commence toujours par le côté matériel de la nature. Après l’avoir démantelé et asservi, il dirige l’attaque vers la partie supérieure.          

"D’abord le côté moral : la pensée avec son orgueil et ses convoitises; puis l’esprit, en lui enlevant non seulement l’amour, mais aussi la crainte de Dieu. L’amour divin n’existe déjà plus quand l’homme l’a remplacé par d’autres amours humains. C’est alors que l’homme s’abandonne corps et âme à Satan pour arriver aux jouissances qu’il poursuit, pour s’y attacher toujours plus.      

3 – Il faut lui opposer silence et prière avec fermeté, mais sans crainte excessive.       

"Comment je me suis comporté, tu l’as vu, dit-Il à Maria Valtorta. Silence et prière. Silence. Car si Satan exerce son entreprise de séduction et cherche à nous circonvenir, on doit le supporter sans sottes impatiences et sans peurs déprimantes, mais réagir avec fermeté à sa présence et par la prière à ses séductions.           

4 – Ne répliquer, le cas échéant que par la Parole de Dieu.       

"Inutile de discuter avec Satan. Lui serait victorieux car il est fort dans sa dialectique. Il n'y a que Dieu pour le vaincre, et alors recourir à Dieu qui parle par nous, à travers nous, montrer à Satan ce nom et ce Signe, non pas écrits sur un papier ou gravés sur le bois, mais inscrits et gravés dans les cœurs. Mon Nom, mon Signe. Répliquer à Satan uniquement quand il insinue qu'il est comme Dieu en utilisant la parole de Dieu. Il ne la supporte pas. 

"Il faut avoir la volonté de vaincre Satan, la foi en Dieu et en son aide, la foi dans la puissance de la prière et la bonté du Seigneur. Alors Satan ne peut nous faire du mal
[7].

 Satan s’en prend encore plus aux âmes d’exception.    
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À l’image du Christ, tous les mystiques eurent à affronter, de diverses manières, les attaques de Satan : morales ou physiques, par séduction ou par violence, directement ou par l’action de leur entourage. "Votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui avec la force de la foi" (1 Pierre 5, 8-9),         

Mère Yvonne-Aimée de Malestroit (1901-1951) fut en butte à de violentes attaques physiques du Démon. Lors d’une de ces attaques on dénombra 80 coups de griffes parfois profonds jusqu’à l’os. Satan tenta de l’éloigner de Malestroit par un faux qui prit feu spontanément quand on le découvrit. Il en advint de même avec le journal de Gemma Galgani (1878-1903). Marthe Robin (1902-1981), grabataire durant 53 ans, était malmenée par Satan et jetée hors de son lit : c’est ainsi qu’on la trouva à sa mort. Les grands confesseurs comme le curé d’Ars ou Padre Pio eurent les mêmes démêlées avec le "Grappin".           

"En vérité, je vous le dis, explique Jésus à Maria Valtorta : ce n’est pas d’être tenté qui doit faire peur. Et la force de la tentation, la répétition de ses violentes attaques ne doivent pas induire l’âme à s’avilir à penser que, si cela se produit, c’est qu’elle n’est plus dans la grâce du Seigneur et qu’elle est destinée à la mort éternelle.    

Réjouissez-vous au contraire, vous qui êtes si fortement tourmentés par Satan : c’est signe que vous êtes ses ennemis et qu’il pressent que vous êtes des proies qui lui ont échappé pour toujours. La colère satanique se déchaîne toujours contre les proies qui échappent à sa faim et contre les conquêtes de Dieu" (
Cahiers, 18 février 1948).       

Si les grands mystiques furent en proie à de telles attaques, c’est en raison de leur vocation de corédempteurs, d’âmes victimes ou d’âmes réparatrices. À la suite et à l’imitation du Christ, ces mystiques acceptent de le suivre jusqu’à la Croix où ils partagent son amour souffrant pour l’humanité. Paradoxe de la Croix, folie et scandale pour les hommes, dit saint Paul
[8].       

Ce choix est parfois difficile à comprendre car il touche au mystère même de la Rédemption où Jésus a pris sur lui nos péchés pour nous en délivrer.        

Quelques exemples illustreront cette condition de corédempteurs selon la phrase de saint Paul : "Maintenant je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous ; ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l’accomplis pour son corps qui est l’Église"
[9].     

Après s’être offerte "comme Victime d’Holocauste à l’Amour Miséricordieux du Bon Dieu", Thérèse de Lisieux vécut la nuit spirituelle, et finit sa vie dans la souffrance, assaillie par les doutes et tentations des pécheurs, solidaire de leur enfer. Endormie dans la mort, son visage souriait pourtant : unie au Christ, elle l’avait aidé à prendre le péché des hommes.   

Sœur Josefa Menéndez (1890-1923) subit plus d’une centaine de fois les peines de l’Enfer pour contribuer à la rédemption de ceux qui les méritaient.        

Maria Teresa Carloni (1919-1983) subit trois heures de souffrances atroces pour offrir une dernière chance de repentir à Staline qui se mourrait[10].       

Il ne faut pas croire cependant que ces souffrances physiques et morales sont de simples "apparences : les douleurs subies en réparation de nos péchés sont réelles, à la mesure de nos fautes.        

Jésus dans l’agonie du Gethsémani souffrit jusqu’au sang.

 Maria Valtorta confrontée aux tentations.
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Dans une lettre à son confesseur, Maria Valtorta décrit tous les sortes d’assauts qu’elle subit. À sa lecture, on comprend la promesse de la Vierge Marie à sainte Bernadette Soubirous : "Je vous promets de vous rendre heureuse, non pas dans ce monde mais dans l'autre."      

Après la chair, Satan tente l’esprit.       

"Maintenant que Satan ne tente plus la chair, il tente l'esprit, écrit-elle. C'est depuis un an que de temps à autre il me donne des ennuis.       

- La première fois, ce fut quand il me tenta dans les journées redoutables pour moi, en avril 1944, quand il me promit de m'aider si je l'adorais.            

- La seconde, quand il m'assaillit par cette pénétrante, violente et longue tentation du 4 juillet 1944, en me tentant à singer le langage du Maître pour anéantir ceux qui m'avaient offensée
[11].       

- La troisième quand il me suggéra de faire avec les paroles dictées une œuvre personnelle et de la publier en m'en attribuant le mérite et en en tirant des bénéfices.       

- La quatrième quand, en février de cette année (il me semble qu'on était déjà en février
[12]) il m'apparut (c'était la première fois que je le voyais, car les autres fois, je sentais seulement sa présence) me terrorisant par son aspect et sa haine.           

- La cinquième, ce fut hier soir.          

Mais il y a aussi les assauts du quotidien.      

Ce sont là les grandes manifestations de Satan. Mais depuis, j'ai mis à son compte, à lui, toutes les autres choses plus petites qui me viennent des autres qui veulent me porter à l'orgueil, à la complaisance en moi-même, ou bien à la simulation, ou encore à la persuasion que je ne suis qu'une malade et que tout est le fruit de troubles psychiques.       

Même les obstacles qui viennent de parents, des autorités et des camionneurs
[13], je les attribue tous à Satan. Il fait ce qu'il peut, de son mieux, pour me causer des ennuis et m'amener à l'inquiétude, à la révolte, à la persuasion que la prière est inutile et que tout est mensonge.          

Satan tente de la persuader que ses efforts sont inutiles.           

Mais, je vous avoue qu'hier soir, il m'a beaucoup troublée. Ce n'est pas la première fois qu'il fait naître en moi la peur d'être trompée et d'en devoir un jour rendre compte à Dieu et même aux hommes. Vous savez que c'est là ma terreur...
Jésus et vous (le confesseur) me réconfortez toujours et elle renaît, toujours, Pourtant c'étaient des pensées qui étaient "à moi", excitées par Satan mais qui venaient de moi. Hier soir, ç'a été une menace explicite, directe. Il m'a dit :          

"Vas-y, vas-y ! Je t'attends au bon moment. Au dernier moment. Alors je te persuaderai tellement que tu as toujours menti à Dieu, aux hommes et à toi même, et que tu es une menteuse que tu tomberas dans une vraie terreur, dans le désespoir d'être damnée. Et tu le diras avec de telles paroles que les personnes qui t'entoureront croiront à une rétractation finale pour aller vers Dieu chargée d'un péché moins lourd. Toi, et ceux qui seront avec toi, vous resterez dans cette persuasion. Et c'est ainsi que tu mourras... et les autres en resteront profondément troublés... Je t'attends, oui... Et toi aussi, attends-moi. Je ne fais pas de promesses sans les tenir. En ce moment tu me donnes un ennui sans mesure. Mais alors ce sera moi qui te le donnerai. Je me vengerai de tout ce que tu me fais... Je me vengerai, comme moi seul sais le faire."        

Et sur ce, il s'en est allé, me laissant bien mal...     

Ensuite, la douce Mère est venue, bienveillante et pleine d’amour, en vêtement blanc, pour me sourire et me caresser. Jésus m’a fait son plus heureux sourire. Mais à peine m’avait-il laissée seule que je suis retombée dans mon chaos... Et il dure.   

Maria Valtorta doit repousser la tentation idolâtre et la raillerie. .  

Quand cette pensée m'arrive avec cette force, je me sens tentée de dire : "Je n'écris plus une seule parole, en dépit de toute pression." après, je réfléchis et je me dis : "C'est justement cela que veut Satan" et je laisse tomber cette suggestion.           

C’est le temps de la Passion, n’est-ce pas ? Il y a d’un côté ceux qui, sous l’influence de l’idolâtrie inscrite dans l’homme fût-il bon, adorent le porte-parole, l’idolâtre, en oubliant qu’il n’est qu’un instrument et que l’adorable, c’est Dieu;            

et de l’autre ceux qui me raillent; mais leur attente est identique, même si les intentions sont différentes, celle de faits merveilleux en moi, tout particulièrement en ce temps de Passion. Peut-être vous-même les attendez-vous comme une chose naturelle dans mon cas. En ce qui vous concerne, cette attente est juste, mais les autres agissent par dérision ou par idolâtrie.   

Soumission à la volonté divine et humilité.  

Je vous assure que je préfère encore le mépris pour Maria Valtorta, à l'idolâtrie pour ma personne. Cette dernière me donne un ennui indescriptible. Il me semble qu'on me dépouille sur une place publique, que l'on m'extorque mon précieux secret... que sais-je ? J'en souffre, voilà. Le mépris me fait moins mal s'il s'adresse à Maria Valtorta, pourvu qu'il ne lèse pas les "dictées" et ne les fasse pas prendre pour une plaisanterie et une folie...        

Mais, par-dessus les désirs plus ou moins saints et honnêtes de tant de gens, il y a la volonté de Dieu, sa bonté, plutôt, qui écoute sa pauvre Maria. Sa prière de toujours, sa prière de maintenant c'est celle-ci : "Voilà ta "victime". Tout ce que Tu veux, mais pas de signes extérieurs." Je n'aurais pas voulu non plus cette manifestation de Dieu en moi, en ce qui me concerne... Mais Lui a voulu que je sois son phonographe... patience ! Mais, autre chose non, non, et non.          

Les stigmates invisibles et le Gethsémani.     

          I:\Maria Valtorta\SiteWeb\ValtortaWeb\Images\Balise.gif (J’accepte) toutes les maladies qui peuvent être diagnostiquées ou celles qui ne le sont pas parce qu'elles n'offrent pas des symptômes connus ; (j’accepte) toutes les souffrances pour souffrir en moi ce que Lui a souffert. Une agonie complète qui me courbe sous le poids de son agonie. Mais que cela soit connu de Lui seul, de vous qui me dirigez, et de moi. Cela suffit.      

Cependant, si en ce temps de passion je déçois les idolâtres et les railleurs puisque je ne suis pas matériellement "la victime de la Passion", je vous assure que je vis ma passion. Et, plus augmente la souffrance physique du corps qui se sent harassé et brisé par les coups et la fatigue du Golgotha, la souffrance de la tête sous le cercle cruel, la souffrance encore de l’étirement et des crampes, de l’angoisse et de la congestion de cette torture, de la soif et de la fièvre, de la faiblesse et de l’excitation du supplice, ce qui est une "passion" est toujours pour moi ce que j’appelle "mon Gethsémani" : l’obscurité qui monte, pleine de chimères et de peurs... la crainte, même la terreur de l’avenir et de Dieu... et la proximité de la Haine pendant l’absence de l’Amour. Cela, oui, produit soif, fièvre, larmes de sang, gémissements, épuisement. Je vous assure que, par sa puissance, cela vaut bien l’heure que j'ai vécue l’an dernier lorsque Dieu m’a laissée seule
[14]. Mieux, je peux dire que c’est plus fort, car cela fait souffrir bien que Dieu soit avec moi.    

Tout ce qu’elle vit ne peut être partagé.           

J’espère m’être bien fait comprendre. Mais il est très difficile d’expliquer certaines tortures. Elles sont d’ailleurs encore plus mal comprises, tant par le père spirituel que par l’idolâtre, le curieux, ou encore celui qui étudie ou raille le... phénomène. Il faudrait que ces trois derniers endurent ne serait-ce qu’une heure ce que nous vivons... Les idolâtres, eux aussi, qui peut-être [nous] envient, devraient essayer. Mais non ! Il vaut mieux que cela n’arrive pas. Les idolâtres se sauveraient je ne sais où par peur d’une autre heure semblable, et les curieux, les observateurs et les railleurs en viendraient à maudire Dieu... Par conséquent... courbons nos épaules sous le joug, retirons le poison... et en avant !        

Seigneur, pas ma volonté, mais la tienne. Voici ta servante et ta victime Oui, fais de moi ce que Tu veux. Mais seulement, à cause de ta bonté, donne-moi la force de pouvoir souffrir. Et ne me laisse pas seule. "Reste avec nous, car il se fait tard et déjà baisse la clarté du jour ...
[15]"

 La chute des anges.           
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"Même ceux qui étudient le phénomène ne peuvent comprendre", dit Maria Valtorta. Son acte d’offrande en tant qu’âme victime lui valut tout à la fois les souffrances extrêmes qu’elle partageait avec le Christ, et le don de l’œuvre, un don "extraordinaire".      

D’autres âmes inspirées eurent des défaillances et succombèrent aux assauts de Satan par le péché d’orgueil, le péché même de Lucifer, le plus beau des anges.        

Ce fut le cas de Marie-Paule Giguère (1921-2015). Elle fonde l’Armée de Marie le 28 août 1971 à Lac-Etchemin (Québec). Le 10 mars 1975, ce mouvement est approuvé comme association pieuse catholique par le cardinal Maurice Roy, archevêque de Québec et primat de l'Église du Canada. Le succès est au rendez-vous et l’inspiration réelle.      

Mais progressivement les dérives se font sentir. Marie-Paule Giguère passe insensiblement à l’adulation puis à l‘idolâtrie : elle se déclare
réincarnation de la Vierge Marie, se fait consacrer par ordre "d’En-Haut" Souveraine de la Terre, Corédemptrice et se fait canoniser de son vivant par un prêtre dissident de son mouvement. 

Dès le début de ces dérives, l’Église avait retiré son approbation puis excommunié ses derniers membres. Marie-Paule Giguère est morte sans repentance apparente.   

Ce ne fut pas le cas de Madeleine de la Croix (de Cordoue), une clarisse espagnole. Au siècle de l’Inquisition et de la Reconquête (XVIe), elle fait preuve très jeune d’une âme mystique. Sa piété, son humilité, sa science de Dieu et sa préscience assurent rapidement sa réputation. Sa sainteté est reconnue par tous et montrée en exemple. On édite même un livre retraçant sa vie.        

Cette mise en lumière, que redoute tant Maria Valtorta avec raison, va causer la perte de la grâce : Madeleine cède peu-à-peu à l’attrait de la célébrité puis à l’orgueil. Dieu se retirant de l’orgueil, Madeleine perd ses grâces. Elle se lance alors dans la dissimulation, le simulacre, la pathologie, le mensonge.       

Tout ceci ne tarde pas à être découvert. Madeleine de la Croix est emprisonnée par l’Inquisition. Un exorcisme et un autodafé public suivent sa condamnation. Après cela, Madeleine de la Croix vécut, dans l’humilité retrouvée, le reste de ses jours.
"Celle qui était devenue démoniaque pour satisfaire seulement des goûts de vanité terrestre, termina sa vie, humble, sans affectation, ennemie résolue des pompes, et paraissant avoir perdu jusqu'au souvenir de ce que peut être le péché d'orgueil".           

Son cas est principalement connu par Juan-Antonio Llorente (1756-1823), un prêtre déchu de son ministère en raison de ses accommodements avec le monde. Puis par l’académicien
Maurice Garçon (1889-1967), passionné de littérature diabolique et de sorcellerie. Ils construisirent la légende d’un pacte diabolique qu’aurait passé la jeune Madeleine afin de simuler la sainteté.    

Mais ce pacte est contredit par le bon sens : la jeune Madeleine aurait ainsi pratiqué une auto-crucifixion (pieds et mains) totalement impossible à réaliser par soi-même. Nul n’imagine prendre au sens premier ce que saint Paul déclare "Avec le Christ, je suis crucifié"
[16]. Mais il affirme cependant : "Je porte dans mon corps les stigmates (stigmata) des souffrances de Jésus" (Galates 6, 17).     

Ce pacte diabolique est surtout contraire à l’Écriture qui affirme qu’il ne pousse jamais de bons fruits sur un arbre mauvais
[17]. Avant sa défaillance, les fruits de la grâce étaient indéniables chez Madeleine de la Croix, tant dans ses appels à la conversion que dans ces incitations à embrasser la vie religieuse. 

Ces fruits sont à l’opposé de ce que veut Satan. Le
Père Francisco Lopez Sedano, exorciste mexicain tirait cet enseignement de plus de 6.000 exorcisme : "Satan veut nous séparer de Dieu, il décourage, …  il nous plonge dans le désespoir et la haine : tout ce qui est négatif." En aucun cas, il ne pousse à la sainteté.       

"Le critère pour la vérité et pour la valeur d'une révélation privée est son orientation vers le Christ lui-même",
disait le cardinal Josef Ratzinger. Ce qui en détourne vient donc de Satan.

Mais il est un deuxième enseignement à retirer des cas exposés ici : la sainteté est un combat de tous les jours et un combat rude, elle n’est jamais acquise une fois pour toutes.

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Fiche mise à jour le 06/03/2019.

 



[1] CEC § 2846.

[2] CEC § 540.

[3] CEC § 539.

[4] Le Catéchisme de Saint Pie X, l'un des seuls livres qu'avait Maria Valtorta à sa disposition. Deuxième partie, la prière. Chapitre 2, § 7 : Sixième demande.

[5] Idem : Dieu permet que nous soyons tentés pour éprouver notre fidélité, pour faire grandir nos vertus et pour accroître nos mérites.

[6] Les trois concupiscences ou convoitises mentionnées par 1 Jean 2,16 et reprises par le CEC § 2514 : "Tout ce qui est dans le monde - la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et la confiance orgueilleuse dans les biens - ne provient pas du Père, mais provient du monde".

[7] Le catéchisme de saint Pie X dit : Pour éviter les tentations nous devons fuir les occasions dangereuses, garder nos sens, recevoir souvent les sacrements et recourir à la prière.

[8] 1 Corinthiens 1, 23.

[9] Colossiens 1, 24.

[10] Début mars 1953 Staline est en train de mourir. Au même moment Jésus demande à Maria Teresa Carloni (1919-1983), de souffrir afin d’offrir une dernière chance de conversion au tyran. Cette mystique italienne, stigmatisée, s’était offerte pour la conversion de la Russie.        
"Maintenant, je vais te demander quelque chose, dit Jésus au Père Campana confesseur de Maria Teresa Carloni, si tu le permets, et si elle est d'accord. Avant que Staline ne meure, Je veux lui donner la possibilité d'être sauvé, comme je le fais avec toutes les âmes rachetées, en dépit de ses crimes. Si vous acceptez tous les deux, je vous demande d'offrir ces trois heures pour l'âme de Staline. Mais ne sois pas alarmé par les souffrances qu’elle va subir."   
Après leur double acceptation, il s’en suit trois heures de terribles souffrances. Le Père Campana qui était avec elle, ne pouvait pas arrêter de pleurer en suppliant : «Assez !».        
Ce terrible sacrifice semble pourtant avoir été vain car la bienheureuse Elena Aiello (1895-1961) eut la vision de l’âme de Staline en Enfer et des places réservées à ses disciples. Cette religieuse italienne, avait fondé la congrégation des Sœurs Minimes de la Passion du Christ.        
Dans ses mémoires, la fille de Staline raconte la mort de son père paralysé depuis cinq jours :     
"Son visage devenait de plus en plus noir. L'agonie fut terrible. Il étouffait sous nos yeux. À un moment, vers la fin, il ouvrit soudain les yeux pour envelopper tous ceux qui l'entouraient. Ce fut un regard horrible, entre la démence et le courroux, plein d'horreur face à la mort. [...] Et soudain, chose incompréhensible et terrifiante que je ne comprends pas encore aujourd'hui, mais que je ne puis oublier, il leva sa main gauche. On aurait dit qu'il indiquait quelque chose là-haut et qu'il nous maudissait" (Svetlana Alliluyeva, Vingt lettres à un ami, Seuil, 1967).

[11] "Le Tentateur voulait me convaincre de simuler dans un but humain. Il me disait : "Écris avec tes mots puisque tu peux désormais, avec un peu d’application, imiter le style du Maître; écris ce qui peut te servir à mettre dans l’embarras celui qui t’a fait souffrir, ou pire. C’est un grand naïf et il se fera avoir aussitôt".

[12] En fait, c’est la vision du 26 janvier 1945.

[13] Elle fait allusion aux événements dus à la guerre et que l’on peut dire terminés en février 1945. Voir "Les cahiers de 1944", le 24 avril, note 139.

[14] Voir Les cahiers de 1944, du 9 avril au 10 mai.

[15] Cf. Luc 24,29.

[16] Galates 2, 19.

[17] Cf. Matthieu 16, 7, 18.