Les sept douleurs de Marie.
Les corédempteurs.
Calendrier mystique et acte d’offrande de Maria Valtorta.
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302> Marie dit:
«Samedi dernier, je t’ai parlé de mes
joies. Je vais aujourd’hui te parler de mes douleurs. Je ne te les commenterai
pas. Je te les ai déjà toutes commentées, sauf une, que je
t’expliquerai bientôt. Mais je t’en fais comprendre le sens le plus profond.
303> De même qu’aucune joie ne m’a concernée moi
seule, car cela aurait été de l’égoïsme, aucune souffrance ne m’a fait mal
pour moi seule : étant la Mère des croyants, je vous porte tous en moi,
si bien que j’ai ressenti en moi toutes les blessures de vos âmes. Si, pour
moi, les joies ont uniquement fleuri sous forme de roses au moment des faits
- et, des roses, elles tenaient leur courte durée de vie, car la main de
l’homme et le souffle de Satan massacrèrent cette floraison et la
détruisirent pour beaucoup, et trop tôt -, les douleurs furent des épines
enfoncées dans mon cœur dès le premier instant, et jamais plus enlevées.
Voilà pourquoi les peintres ne me
représentent pas avec sept roses qui s’épanouissent de mon cœur, mais bien
avec sept épées ; et s'il en est qui l’encerclent
de roses, c’est d’une telle manière que cette ceinture fleurie est en
elle-même une torture, car leurs tiges sont pleines d’épines.
Je suis réellement la Rose mystique et, si je n’ai pas d’épines sur ma tige,
c’est parce que je suis aussi la Pleine de grâce. C’est dans mon cœur que se
trouvent toutes les épines des fautes humaines qui me privent de mes enfants
et offensent Dieu.
Ma première douleur ne concernait pas
seulement mon amour de Mère de Dieu. Je connaissais mon sort. Je le connaissais
parce que je n’ignorais pas le destin du Rédempteur. Les prophéties
annonçaient sa grande souffrance. L’Esprit de Dieu, uni à moi, m’éclairait
plus encore que ce qu’en disaient les prophéties. C’est pourquoi, à partir du
moment où j’ai dit: "Voici la servante du Seigneur", j'ai embrassé la souffrance
en même temps que l’amour.
Mais quelle douleur était-ce de sentir et, déjà, de voir que les
hommes allaient se saisir du Bien fait Chair pour en faire un Mal pour
eux-mêmes. Dans les moqueries adressées à Syméon, j’ai vu les innombrables
moqueries, les négations sacrilèges d’un nombre incalculable d’hommes. Jésus
était venu apporter la paix. Or les hommes, en son nom ou contre lui,
allaient faire la guerre pour lui ou entre eux. Tous les schismes, toutes les
hérésies, tous les athéismes étaient là devant moi... Comme un tapis d’épées,
ils m’attendaient pour me déchirer le cœur.
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304> Ma seconde douleur, que je
t’expliquerai en son temps, n’est pas due uniquement aux embarras de la
fuite. Elle était pétrie de l’amertume de voir que la concupiscence de la puissance
rendait le pauvre pouvoir humain - qui n’existe qu’aussi longtemps que Dieu
le permet - assassin et déicide au lieu de jouer le rôle de bouclier
pour protéger la Puissance véritable et devenir "grand" en se
faisant "serviteur de Dieu". Assassin des innocents. C’était déjà
un grand péché. Mais assassin de Dieu, c’était un péché sans comparaison. Et
si l’Éternel ne l’a pas permis, cela n’empêche pas que la faute était quand
même active. Car le désir de faire le mal et la tentative de l’accomplir sont à peine inférieurs à la faute consommée.
Néanmoins, que de "grands" personnages, depuis cette époque et jusqu’à
la fin des temps, allaient imiter Hérode et fouler Dieu aux pieds pour
devenir "dieux"! Je voyais donc ces chacals tuer pour
détruire Dieu et, avec mon fils, je serrais sur mon cœur tous les persécutés
pour la foi, j’en entendais les saints gémissements mêlés aux blasphèmes des
puissants ; alors, comme je ne savais pas maudire, je pleurais... La route de
Bethléem à l’Égypte fut marquée par mes larmes.
Ma troisième douleur: je cherchais
Jésus, perdu sans qu’il y ait faute de ma part ou de la part de mon époux.
Mon Enfant avait voulu agir ainsi pour lancer un premier appel aux cœurs et
pour leur annoncer : "L’heure de Dieu est venue." Mais, sur
les millions d’êtres qui allaient exister, combien allaient perdre Dieu !
On le perd par sa propre faute ou de son plein gré. Lorsque la grâce meurt,
on perd Dieu. Lorsque Dieu veut nous amener à une grâce plus grande, il se
cache. Dans l’un et l’autre cas, c’est la désolation.
Le pécheur mort à la grâce n’est pas heureux. Il paraît l’être, mais il ne
l’est pas. Même s’il connaît des instants d’exultation qui l’empêchent de
comprendre son état, il ne manque pas de moments où quelque rappel de la vie
lui fait sentir sa condition de séparé de Dieu. C'est alors la désolation,
cette torture que Dieu fait éprouver à ses bien-aimés pour qu’ils deviennent,
comme son Verbe, des sauveurs.
Tu sais ce que c’est. L’abandon de Dieu !
C’est une horreur plus grande que la mort. Et si c’est une telle horreur pour
ceux chez qui c’est simplement Une "épreuve", médite sur ce que ce
doit être pour ceux chez qui c’est la réalité. Ma troisième douleur fut de
voir la foule de ceux qui allaient devoir boire à ce calice pour perpétuer
l’œuvre de rédemption; il m’était encore plus amer de voir le grand nombre de
ceux qui périraient dans le désespoir.
Oh! Maria ! Si les hommes savaient chercher Dieu sans arrêt ! La
plante du désespoir cesserait de secréter son venin, parce qu’elle mourrait
pour toujours.
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305> Ma quatrième douleur: j’étais Mère,
et voir mon Enfant sous la croix était une souffrance naturelle. Mais ce
m’était une douleur plus grande, surnaturelle, de voir la haine, bien plus torturante
que le bois, accabler mon Fils.
Que de haine ! Une mer infinie ! C’est de cette foule qui
vociférait blasphèmes et moqueries qu’allaient provenir, par filiation
spirituelle, tous ceux qui allaient haïr le saint Martyr. Si j’avais pu
retirer à mon Jésus sa croix pour la prendre sur mes épaules de Mère,
j’aurais moins souffert que de voir, par les yeux de l’esprit, tous ceux qui
allaient crucifier leur Sauveur. Ceux qui tentent de l’abolir pour ne pas
rencontrer son trône de juge, sans savoir que pour eux seuls il sera un juge,
mais pour les autres un ami.
La cinquième épée fut de savoir que
l’on blasphèmerait toujours contre ce Sang, qui coule comme autant de
ruisseaux de salut des membres déchirés de Jésus. Il parlait cependant, ce
Sang, et il parle. Il crie d’une voix amoureuse, et il appelle. Mais les
hommes n’ont pas voulu l’entendre, et pas davantage aujourd’hui. Ils se
pressaient autour du Messie pour lui demander la guérison de leurs maladies
et ils le suppliaient de leur dire une parole. Or au moment où il ne s’est
plus servi de son doigt, ni de poussière et de salive, mais où il a donné sa
Vie et son Sang pour les guérir de leur seule vraie maladie, la "faute" indélébile, ils l’ont fui
plus qu’un lépreux.
Ils le fuient aujourd’hui encore. "Que son Sang retombe sur nous !" Oh ! Oui, il
retombera au dernier jour pour leur demander raison de leur haine et,
puisqu’ils n’ont pas voulu l’aimer, il maudira. Alors moi, la Mère, ne
devrais-je pas souffrir à la vue du grand nombre de mes enfants qui ont
mérité d’être maudits et retranchés pour toujours de la famille spirituelle
du ciel, dont je suis la Mère et mon Jésus le Premier-Né et le Frère
aîné ?
Lorsque j’ai reçu le corps inanimé de
mon Dieu et Fils — et j’aurais pu vous énumérer ses plaies une par une —,
j’ai senti mon sein se déchirer. Oh ! Certes, je n’ai pas connu la
souffrance de l’enfantement. Mais j'ai connu
celle-ci et il n’est aucune douleur d’accouchement qui puisse y être
comparée. Toute ma douleur de croyante, toute ma douleur de mère n’ont plus
fait qu’un. Cette unique souffrance est la base de ma croix comme le Calvaire
l’était pour la croix de mon Seigneur, de là provient ma Douleur.
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306> Je n’ai pas vu Jésus mort dans vos cœurs.
Car ce n’est pas lui qui meurt, ce sont vos cœurs qui meurent à lui. J’ai
vu la foule de cœurs dans lesquels il allait être déposé comme sur une froide
dépouille. Pour combien de personnes aura-t-il
ordonné inutilement : "Lève-toi!", pour ces hommes qui ne
veulent pas vivre, qui ne veulent pas se lever. Le sacrement de la
Vie refusé ou accueilli de manière sacrilège, même quand vos jours sont
comptés. Ces Judas innombrables qui ne savent pas se convertir honnêtement
pour se rendre dignes de recevoir leur Dieu blessé, alors que leur repentance
les guérirait.
Vois, Maria. Tout vaut mieux que d’être les nouveaux Judas Iscariote. C’est pourtant le péché
que l’on commet dans la plus grande indifférence. C’est d’ailleurs loin
d’être le fait des grands pécheurs, mais aussi de beaucoup qui paraissent ou
se croient fidèles à mon Fils. Il les appelle "les pharisiens
d’aujourd’hui" Tu peux les reconnaître à
leurs œuvres. Le contact avec mon Fils ne les rend pas meilleurs. Au
contraire, leur vie est la négation de la charité, et donc de Dieu. Ce
sont des morts, si ce n’est à la grâce du moins à ses fruits. Ils
n’ont aucune vitalité. Jésus ne peut agir en eux parce qu’il ne trouve pas en
eux de répondant.
Ce sont eux qui précèdent d’un cran seulement ceux qui ne sont
chrétiens que de nom. Ils sont des temples désaffectés et profanés par la
pourriture de tous les vices, eux chez qui le nom, le seul nom, du Christ se
trouve comme le fut le corps de mon Jésus dans le sépulcre. Ils sont, eux
aussi, sans vie. Et si, à Gethsémani, la connaissance de tous ceux pour qui
son Sacrifice allait être inutile constitua le martyre spirituel de mon Fils,
cette vision fut ma torture au moment où j’embrassais Jésus en un ultime
adieu.
Elle ne cesse pas, d’ailleurs. Les épées
sont toujours plongées dans mon cœur, car l’homme continue
à lui infliger ses sept douleurs. Tant que le nombre des sauvés ne sera pas
complet de même que la gloire de Dieu en ses bienheureux, je souffrirai de ma
double douleur de Mère qui voit son Fils premier-né offensé, et de mère qui
voit un trop grand nombre de ses enfants préférer l’exil éternel à la maison
du Père.
Lorsque tu me pries sous le titre de Notre-Dame des Douleurs, pense à mes
paroles. Dans tes propres souffrances, abolis tout égoïsme pour m’imiter.
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