L'œuvre de Maria Valtorta
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Texte original




Comme le Christ, les martyrs ont fait preuve d’un amour sans mesure jusqu’à la mort.

L’amour est le mot le plus grand de l’univers.



Vision du martyre de sainte Agnès.

 










 

Voir aussi la vision des funérailles de sainte Agnès dans la catéchèse du 20 janvier 1944.

54> Jésus dit :      

 "Il est dit : Dieu "qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême
[1]." Mes disciples les plus vrais ne diffèrent pas et n’ont jamais différé de leur Dieu. À son exemple et pour sa gloire, ils ont fait preuve, envers lui et envers les hommes, d’un amour sans mesure qui va jusqu’à la mort.        

Je t’ai déjà dit
[2] que la mort d’Agnès comme celle de Thérèse (de Lisieux) porte un seul et même nom : amour. Même si l’épée ou la maladie est la cause apparente de la mort de ces créatures, qui surent aimer avec cet "infini" relatif de la créature (je m’exprime de cette manière pour ceux qui trouvent toujours à chicaner) qui est la copie édulcorée de l’infini parfait de Dieu, l’amour en est l’agent unique et véritable.       

55>  Un seul mot pourrait servir d’épigraphe à ces " saints ", celui que l’on dit à mon sujet : "Dilexit[3]", il a aimé. La petite Agnès[4] et la jeune Cécile[5] ont aimé, le groupe des enfants de Sinforosa a aimé[6], le tribun Sébastien[7] a aimé, le diacre Laurent[8] a aimé, l’esclave Julie[9] a aimé, l’enseignant Cassien[10] a aimé, le charpentier Rufus[11] a aimé, le pape Lin[12] a aimé. Le pur parterre des vierges, la tendre prairie des enfants, la douce armée des mères, celle, virile, des pères, la cohorte de fer des soldats, la procession sacerdotale des évêques, des papes, des prêtres, des diacres, l’humble foule des esclaves deux fois sauvés, tous ont aimé.    

 La cour de pourpre
[13] qui m’a confessé en dépit des tourments m’a aimé. À des époques plus douces, ils m’ont tous aimé. La multitude des consacrés dans les couvents et les monastères, les vierges de tous les couvents et les héros du monde qui surent, tout en vivant dans le monde, faire de l’amour une clôture spirituelle pour vivre uniquement en aimant le Seigneur, pour le Seigneur et pour les hommes à travers le Seigneur.         

 Il a aimé. Ce petit mot est plus grand que l’univers tout entier, car il a beau être bref, il n’en renferme pas moins la force de Dieu la plus grande, la caractéristique de Dieu la plus spécifique, la puissance de Dieu la plus prééminente; le simple son de ce mot, prononcé surnaturellement pour définir une vie, emplit la création et fait tressaillir l’humanité d’admiration et le ciel de joie. Il est la clé, le secret, qui ouvre et explique la résistance, la générosité, la force, l’héroïsme de tant de créatures qui, d’après leur âge, leurs conditions de famille ou leur position, paraissaient les moins aptes à faire preuve d’une telle perfection héroïque. Effectivement, si encore l’on n’est pas trop surpris que Sébastien, Alexandre
[14], Marius[15] et Spéditus[16] aient pu savoir défier la mort pour le Christ tout comme ils l’avaient fait pour César, on est abasourdi de ce que des femmes à peine sorties de l’enfance, comme Agnès, ou des mères aimantes aient su se déposséder de leur vie dans les supplices et, comme première torture, accepter de s’arracher à l’étreinte de leurs parents et enfants par amour pour moi.      

 Mais, à cette générosité humaine et surhumaine du martyre d’amour correspond la générosité divine du Dieu d’amour. C’est moi qui donne leur force à mes héros comme à toutes les victimes du martyre certes non sanglant, mais long et non moins héroïque. Je me fais force en eux. C’est moi qui remplis de force la brebis Agnès comme le vieillard chancelant, la jeune mère comme le soldat, le maître comme l’esclave, et puis, au fil des siècles, la moniale comme l’homme d’Etat qui meurt pour sa foi, la victime ignorée comme le chef spirituel. 

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56> Ne cherchez pas au fond de leur cœur et sur leurs lèvres d’autre perle et d’autre saveur que celle-ci: "Jésus." Moi, Jésus, je suis là où la sainteté rayonne et où la charité se communique".        


Il est minuit. À peine Jésus a-t-il terminé de me dicter ce passage que je repense à ma vision de ce soir.    

La phrase : "Dieu qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême" a résonné dans mon cœur depuis ce matin, à telle enseigne que j’ai feuilleté tout le Nouveau Testament pour essayer de la trouver. Mais je n’y suis pas parvenue. Soit elle m’a échappé, soit elle ne se trouve pas là.           

Comme je n’y voyais presque plus, je me suis résignée à abandonner ma recherche, sûre que Jésus allait me parler sur ce thème. Et je ne me suis pas trompée. Mais, avant de le faire, mon Seigneur m’a accordé une douce vision et c’est avec elle au cœur que je me suis abandonnée à mon habituel... repos, pour la retrouver ensuite, aussi fraîche qu’au premier instant, à mon retour parmi les vivants.

 Il me semblait donc voir une espèce de portique (un péristyle ou un forum), un portique de la Rome antique. Je parle d’un "portique" parce qu’il y avait un beau sol avec une mosaïque en marbre et des colonnes de marbre blanc qui soutenaient un plafond voûté et décoré de mosaïques. Ce pouvait être le portique d’un temple païen ou d’un palais romain, ou encore la curie ou le forum. Je ne sais pas.      

Contre le mur se trouvait une sorte de trône composé d’une plate-forme en marbre soutenant un siège. Un Romain de l’Antiquité se tenait sur ce siège. Je compris par la suite qu’il s’agissait du préfet impérial
[17]. Contre les autres murs, il y avait des statues et des statuettes de dieux ainsi que des trépieds pour l’encens. Au milieu de cette salle — ou de ce portique — se trouvait un espace vide avec une grande dalle de marbre blanc. Sur le mur qui faisait face au siège de ce magistrat s’ouvrait le vrai portique, par lequel on voyait la place et la rue.

Tandis que j’observais ces détails ainsi que l’expression hargneuse du préfet, trois petites jeunes filles entrèrent dans le vestibule, portique ou salle (comme vous voudrez).     

L’une d’elles était toute jeune, presque une enfant
[18]. Elle était entièrement vêtue de blanc: une tunique qui la recouvrait complètement et ne laissait voir qu’un cou mince et de petites mains aux poignets d’enfant. Elle avait la tête couverte et elle était blonde. Elle était coiffée simplement, avec une raie au milieu et deux tresses lourdes et longues sur les épaules. Le poids de ses cheveux était tel qu’il lui faisait cambrer légèrement la tête en arrière, lui donnant ainsi, involontairement, un port de reine[19]. À ses pieds, un petit agneau de quelques jours folâtrait, tout blanc et le museau rose comme la bouche d’un bébé.

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57> À quelques pas derrière cette enfant se tenaient les deux autres adolescentes. L’une était presque du même âge que la première, mais en plus robuste et à l’aspect plus populaire[20]. L’autre était déjà plus adulte: elle devait avoir seize ou dix-huit ans au maximum, Elles étaient, elles aussi, habillées de blanc et la tête voilée, mais leurs vêtements étaient plus modestes. On aurait dit des servantes car elles regardaient la première avec respect. Je compris que cette dernière, c’était Agnès, celle du même âge Emerentiana[21]; quant à la dernière, je l’ignore.       

Agnès, souriante et sûre d’elle-même, s’avança auprès de la plate-forme du magistrat. J’entendis alors le dialogue suivant :       

"Tu désirais me voir ? Me voici.           

"- Je ne crois pas que, lorsque tu sauras pourquoi je t’ai fait venir, tu traiteras encore mon geste de désir. Tu es chrétienne?

"- Oui, par la grâce de Dieu.      

"- Te rends-tu compte de ce que cette affirmation peut entraîner pour toi ?      

"- Le ciel.   

"- Fais attention ! La mort est laide et tu n’es qu’une enfant. Ne souris pas, parce que je ne plaisante pas.   

"- Moi non plus. Je te souris parce que tu es le médiateur de mes noces éternelles, et je t’en suis reconnaissante.       

"- Pense plutôt aux noces terrestres. Tu es belle et riche. Beaucoup pensent déjà à toi. Tu n’as qu’à choisir pour être patricienne.       

"- Mon choix est déjà fait. J’aime le seul qui soit digne d’être aimé; cette heure est celle de mes noces et ce lieu en est le temple. J’entends la voix de l’Epoux qui vient, et déjà j’en vois le regard amoureux. C’est à lui que je sacrifie ma virginité afin qu’il en fasse une fleur éternelle. 

"- À ce propos, si tu te soucies d'elle et de ta vie, sacrifie tout de suite aux dieux. C’est la loi qui le veut.    

"- J’ai un seul vrai Dieu et c’est bien volontiers que je lui sacrifie."
[22]     

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58> Il semble alors que des assistants du préfet aient donné à Agnès un vase contenant de l’encens afin qu’elle le verse sur le trépied qu’elle choisirait, devant un dieu.

"Ce ne sont pas là les dieux que j’aime. Mon Dieu, c’est notre seigneur Jésus Christ. C’est à lui, que j’aime, que je me sacrifie moi-même."       

Il m’a semblé, à ce moment, que le préfet, irrité, ait ordonné à ses assistants de mettre les fers aux poignets d’Agnès pour l’empêcher de fuir ou de commettre quelque acte irrévérencieux envers les idoles ; à partir de cet instant, elle fut considérée comme coupable et prisonnière. 

Mais la vierge se tourna vers le bourreau en souriant : "Ne me touche pas. Je suis venue ici spontanément, parce que c’est là que m’appelle la voix de l’Époux qui, du ciel, m’invite aux noces éternelles. Je n’ai pas besoin de tes menottes ni de tes chaînes. C’est seulement si tu voulais me traîner faire le mal qu’il te faudrait me les mettre. Peut-être même ne serviraient-elles pas, car mon Seigneur Dieu les rendrait plus inutiles qu’un fil de lin aux poignets d’un géant. Mais pour aller à la rencontre de la mort, de la joie, des noces avec le Christ, non, tes chaînes ne servent à rien, mon frère. Je te bénis si tu m’offres le martyre. Je ne m’enfuis pas. Je t’aime et je prie pour ton âme."   

Belle, blanche, droite comme un lys, Agnès était une vision céleste à l’intérieur de la vision.

Le préfet prononça la sentence, mais je ne l’ai pas bien entendue. Il m’a semblé qu’il y a eu une interruption pendant laquelle j’ai perdu Agnès de vue, car mon attention s’était portée sur tous ceux qui s’entassaient dans la pièce.      

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59> Ensuite, je retrouvai la martyre, encore plus belle et plus jolie. Devant elle se trouvait une statuette en or de Jupiter et un trépied. À ses côtés, le bourreau avait déjà dégainé son épée. Ils semblaient faire une ultime tentative pour la faire plier. Mais Agnès, les yeux pétillants, secouait la tête et, de sa petite main, elle repoussait la statuette. Le petit agneau n’était plus à ses pieds, mais dans les bras d’Emerentiana, qui pleurait.  

Je vis qu’ils faisaient agenouiller Agnès sur le sol, au beau milieu de la salle, là où se trouvait la grande dalle de marbre blanc. La martyre se recueillit, les mains sur la poitrine et les yeux tournés vers le ciel. Des larmes d’une joie surhumaine perlaient à ses yeux, ravis en une douce contemplation. Sans être plus pâle qu’auparavant, son visage souriait.     

L’un des assistants lui saisit les tresses comme si c’était une corde pour lui tenir fermement la tête. Mais ce n’était pas nécessaire.    

 "J’aime le Christ !", cria-t-elle quand elle vit le bourreau lever son épée. Je vis celle-ci pénétrer entre l’omoplate et la clavicule et ouvrir la carotide droite, et la martyre tomba sur le côté gauche, en gardant toujours sa position agenouillée, comme quelqu’un qui s’abandonne au sommeil, à un bienheureux sommeil; sur son visage, le sourire ne s’éteignit pas et fut seulement masqué par le flot de sang qui jaillissait comme d’une coupe de sa gorge tranchée.       

Voilà ma vision de ce soir. J’avais hâte d’être seule pour la mettre par écrit et la savourer en paix.



Pendant qu’elle se déroulait, mes larmes coulaient même si, dans la pénombre de la pièce, elles ont dû rester cachées à ceux qui étaient présents; je gardais les yeux fermés, en partie parce que j’étais tellement absorbée par la contemplation que j'avais besoin de me concentrer, et en partie pour faire croire que je dormais, bien que je n’aime pas faire comprendre... où je suis. Cette vision était si belle que je n’ai pu supporter d’entendre des fragments de phrases communes et très humaines surnager comme de la ferraille dans la beauté de la vision, et j'ai dit : "Taisez-vous, taisez-vous", comme si le bruit me dérangeait. Or ce n’était pas cela. C’était que je voulais rester seule pour contempler en paix. Comme j'y suis en effet parvenue.       

Ensuite, c’est Jésus qui m’a parlé
[23].   

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Fiche mise à jour le 21/01/2022

 



[1] Par une petite croix, l’écrivain renvoie à cette note en bas de page: Jean, chapitre13, verset 1. (C’est saint Jean qui me Le montre).

[2] Dans la catéchèse du 14 octobre 1943.

[3] Aimer profondément, de tout son être. Cf. Jean 3, 16 : "Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique" (Sic Deus dilexit mundum, ut Filium suum unigenitum daret).

[4] Sainte Agnès de Rome (290-303) fut martyre à l’âge de 13 ans. Elle refusa les avances du fils du Préfet de Rome prétextant être déjà promise à quelqu’un de plus noble (le Christ). Elle fut conduite nue, à travers la ville, jusqu’à un lupanar. Elle fut miraculeusement sauvée par sa longue chevelure, puis tuée par l’épée.

[5] Sainte Cécile de Rome, mourut martyre probablement en 230 sous l’empereur Alexandre Sévère. Mariée de force vers l'âge de quinze ou seize ans, elle continua à respecter son vœu de virginité et finit par convertir son mari Valérien. Maladroitement décapitée, elle agonisa trois jours. Son corps incorrompu fut retrouvé des siècles plus tard. Un sculpteur eut le temps de faire une esquisse avant qu’on referme le tombeau.
Il en
réalisa une sculpture.

[6] Sainte Symphorose de Tivoli fut martyrisée aves ses sept garçons sous l’empereur Hadrien, vers 135. Elle vivait près de la somptueuse ville de l’empereur qui avait déjà fait tuer son mari Getule. Tous furent torturés à sang. Puis la mère fut noyée et les sept frères tués par l’épée.

[7] Saint Sébastien, natif de Narbonne en Gaule et citoyen de Milan, était favori des coempereurs Dioclétien et Maximien Hercule qui le nommèrent centurion. Son soutien aux chrétiens lui valut le martyr : d’abord transpercé de flèches, il fut achevé à coup de bâtons aux alentours de l’an 300.

[8] Saint Laurent est né à Huesca en Espagne en 210 ou 220 et mourut martyr, brûlé sur un grill en 258. Il était un des sept diacres de l’Eglise de Rome, en charge de la gestion du trésor et des dons aux pauvres.

[9] Sainte Julie, native d’une famille noble de Carthage, fut vendue comme esclave lors de la prise de la ville par les vandales, en 439. Elle se dévoua à son maître. Chrétienne, elle refusa de participer à une fête païenne lors d’une escale en Corse, près de Nonza. Le gouverneur local réussit à la capturer. Elle fut frappée au visage, trainée par les cheveux puis crucifiée.

[10] Saint Cassien était maître d’école à Imola, entre Bologne et Ravenne. Découvert comme chrétien, vers 300, il fut livré à ses élèves qui le déchiquetèrent à coup des poinçons dont ils se servaient pour les tablettes, ce qui rendit le supplice long et cruel.

[11] Saint non identifié car il y a plusieurs Rufus martyrs, du fils de Simon de Cyrène, jusqu’au compagnon de saint Ignace d’Antioche.

[12] Saint Lin naquit à Voltera en Toscane d’une famille noble. Convertit par saint Pierre, il fut envoyé en Gaule, notamment à Besançon (Versontio) alors une des principales villes de la Gaule Belgique. Revenu à Rome, il seconda Pierre. C’est de lui que l’on tient nombres de détails sur la vie et la mort de l’apôtre. Il fut choisi comme son successeur et subit le martyre vers l’an 67.

[13] Périphrase pour désigner l’élection par le sang versé.

[14] Centurion dans la légion commandée par saint Maurice, il fut décapité à Bergame le 26 août 303.

[15] Officier romain martyrisé sous l’empereur Hadrien.

[16] Saint Expédit, commandant romain d’Arménie converti au christianisme et décapité pour cette raison par l’empereur Dioclétien en l'an 303. Son existence, parfois contesté, trouve ici sa confirmation.

[17] Haut fonctionnaire impérial. Le Préfet de Rome était chargé du gouvernement de la ville de Rome en l'absence de l’empereur (nous sommes en 303 lors de la grande persécution de Dioclétien et de Maximien, co-empereurs). Le fils de ce Préfet s’était épris de la jeune Agnès qui avait repoussée ses avances.

[18] Elle avait 13 ans selon saint Ambroise de Milan.

[19] Effectivement, Agnès avait une chevelure abondante qui, selon la Légende dorée, cachèrent sa nudité lorsqu’on la conduisit au lupanar. Elle est représentée avec ces longs cheveux et parfois un agneau, symbole de son nom.

[20] Sainte Agnès était de la haute-société romaine.

[21] Sainte Emérentienne ou Emérance était sa sœur de lait. Selon la tradition elle serait morte lapidée durant les funérailles d’Agnèse, ce que ne rapporte pas la vision du 20 janvier 1944 sur ces funérailles.

[22] Le texte compris dans les cinq paragraphes qui précèdent est condensé de la manière suivante sur le cahier manuscrit :  
«- Moi non plus. Je te souris parce que tu es le médiateur de mes noces éternelles, et je t’en suis reconnaissante.    
- Sacrifie aux dieux. C’est la loi qui le veut.
- J’ai un seul vrai Dieu et c’est bien volontiers que je lui sacrifie...»     
Mais l’écrivain a ensuite rayé tout le passage d’un trait de plume et, dessus, a écrit en travers: corrigé par une dictée d’Agnès. Puis elle écrivit sur une feuille volante qu’elle a insérée dans le cahier: Pendant que je fais mon action de grâces après la communion, la martyre Agnès m’a dit: « Tu as tout relaté avec précision. Mais il y a un point que tu as oublié. Corrige de la manière suivante et écris ceci »... (suit le passage que nous rapportons dans le texte, à la place de celui que l’écrivain a rayé], etc... En effet, avec tous les bavardages qu’il y avait autour de moi et Le temps (six heures) qui était passé entre la vision et sa description, j’ai beau avoir bonne mémoire, une partie du dialogue m’avait échappé; maintenant que j'entends la martyre me le répéter, je me rappelle l’avoir parfaitement entendu. Je suis contente de pouvoir, grâce à la bonté de la sainte, corriger cette omission et donner la version exacte de ce dialogue.

[23] Dans la dictée qui précède.