L’âme, citerne de grâce dans le désert.
Le péché de
l’avarice spirituelle.
VOIR AUSSI.
Cœur sacré de Jésus, source intarissable de grâces. Voir la dictée du 2 juin 1944.
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91>
Jésus dit :
"Dans
les pays d’Orient, il n’est pas inusité de trouver de grandes citernes d’eau
situées justement à des endroits si arides qu’on s’étonne d’y trouver autant
d’eau. Elles sont alimentées par des veines secrètes, enfouies sous le sable
ou les roches calcaires qui distillent depuis des siècles cette richesse
bénie dans d’énormes réservoirs séculaires. Tout autour il y a des palmiers
et d’autres plantes, bien vertes car elles bénéficient de l’humidité que
dégage le sol. Cette végétation garde l’eau fraîche et la protège du soleil
brûlant qui dessèche tout dans les environs.
Les citernes sont la bénédiction des déserts. La bonté du Créateur a mis ces
veines d’eau dans les profondeurs du sol par pitié des humains et il continue
de les alimenter depuis le premier jour de la Terre.
Les caravanes affluent à ces citernes, les animaux du désert y accourent, et
il n’est pas rare qu'un petit village s’élève tout près dans la fraîcheur de
l’oasis, village dont on peut dire qu’il vit grâce à l’eau qui y coule.
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92> Je vais maintenant tirer une comparaison
pour l’âme. La
citerne qui recueille les eaux pour son bien et le bien d’autrui est l’âme
qui sait accueillir la grâce qui
coule en elle, intarissable, par la bonté de Dieu. Sa propre vie et celle des
autres, qui sont en contact avec elle, en profitent et deviennent luxuriantes
de fruits éternels, tandis que les plus déshérités, les malheureux qui ne
savent pas faire bon usage de la grâce, les prodigues qui la gaspillent, les
coupables qui la perdent peuvent, au contact de cette âme, s’en nourrir, s’en
abreuver et réfléchir à combien douce est l’eau du Seigneur; ils sont portés
à répéter le cri de la Samaritaine : ‘Seigneur, donne-moi de cette eau’ [1].
Crois qu’en vérité, si quelqu’un me demandait à boire, je lui donnerais tout
de suite, fût-il le plus grand des pécheurs, l’eau vive de la grâce.
Mais une réflexion s’impose.
Qu’arriverait-il si l’eau que distillent les profondeurs de la terre trouvait
une citerne aux bords endommagés ? L’eau déborderait et se perdrait dans le
sol, formant de la boue dont ne jouiraient que les animaux visqueux et les
insectes nuisibles. Les gens de ces contrées arides prennent grand soin de
leurs citernes et ils en réparent les érosions pour que pas même une goutte
du précieux élément ne se perde.
Pour que la grâce remplisse ton âme, fais bien attention à ce que rien
n’endommage ton esprit. Les défaillances de la fidélité à la grâce
sont autant d’attentats à l’intégrité de la citerne mystique dans laquelle je
verse sans cesse l’eau qui jaillit d’une source de vie et qui donne la vie.
Donc, grande attention et grande fidélité.
De plus, grande humilité. Les
plantes vertes qui poussent avec luxuriance grâce à l’humidité du sol et qui
servent à garder l’eau fraîche, empêchant le soleil de la faire évaporer,
sont l’humilité : elle se fait luxuriante dans l’âme qui sait cultiver la
grâce et sa luxuriance empêche le soleil de l’orgueil de consumer l’eau si
précieuse.
Et puis, grande charité. La citerne
ne vit pas pour elle-même. Elle vit pour les autres, elle a été créée pour
les autres. Autrement son existence serait inutile. L’âme que je comble de
mes dons de grâce doit se réjouir que tous viennent puiser en elle.
Ne
commets pas le vilain péché de l’avarice spirituelle en voulant thésauriser
pour toi seule les richesses que je te donne. Je te les donne gratuitement,
mais tu dois les partager généreusement avec les autres. Pour ce qui est des
prières et des souffrances, tu le fais, mais pour ce qui est de mes paroles,
tu es d’une avarice honteuse : Débarrasse-toi de ce défaut.
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93> J’ai parlé aux foules; je n’ai pas chuchoté
seulement à l’oreille des amis. J’ai parlé aux amis et aux ennemis, aux Juifs
et aux Gentils, à quiconque venait dans le rayon de ma voix. J’entends bien
que ce que je dis à mes amis maintenant ne reste pas trésor enfoui par
l’avare. Ce serait un manque à la charité, lequel pourrait bien m’inciter à
punir l’avare et le méfiant — avare, car il garde tout pour lui, méfiant,
parce qu’il croit que je n’ai pas d’autres monnaies à donner.
Mes richesses sont telles que les firmaments ne suffiraient pas à les
contenir. Elles se renouvellent à chaque instant, à chaque battement, en
termes humains, de ce grand cœur qui est le pivot de notre Trinité. Vie
intarissable, création continue, renouvellement éternel.
Donne donc avec libéralité ce que je te donne. Avec charité, avec générosité,
avec humilité.
Ces paroles
divines qui coulent en toi sont une lame à deux tranchants. Sur l’un se
trouve l’humilité, sur l’autre, l’orgueil. Un tranchant donne la vie, l’autre
donne la mort. Car chaque don de Dieu oblige celui qui le reçoit à une plus
grande perfection; il risque, dans le cas contraire, d’appesantir le jugement
de Dieu sur sa tête. À celui à qui il a été beaucoup donné, beaucoup sera
demandé [2].
Grande humilité, donc. Donne anonymement comme je donne gratuitement. Par
justice : pense que rien n’est à toi, mais tout est à moi. Par respect :
souviens-toi que ce sont les paroles de Dieu et il serait indécent de les
faire passer pour tiennes. Par vérité : dire qu’elles sont de toi serait un
mensonge.
Et maintenant, va prier. Je te donne ma paix."
Maintenant, c’est moi qui parle : il est 8h45 du matin.
J’étais
en train de prier; je venais à peine de commencer lorsque ceci est arrivé.
Pour m’épargner un peu de peine, parce que j’ai très mal au dos, j’ai écrit
directement dans le cahier [3] . De
toute façon, vous [4] m’avez
promis d’en faire une copie. Comme vous voyez, n’ayant pas été dérangée par
des bavardages inutiles, j’ai pu écrire sous dictée et, hormis un mot mal
écrit en première page, et que j’ai refait, il n’y a pas de ratures.
Cette parabole des eaux me plaît beaucoup. Elle me rafraîchit l’âme et la
chair, brûlante de fièvre tout comme l’âme qui a toujours peur de se tromper.
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94> J’ai effectivement un peu d’avarice
spirituelle et je me dépouille à contrecœur des dons que me fait le bon
Jésus. J’ai l’impression de m’arracher un morceau de cœur et de le jeter sous
les pieds d’autrui [5]. Mais je
m’en corrigerai.
Comme vous voyez, de mon lit, la main dans celle de Jésus, j’ai fait un beau
voyage dans les pays du sud. Jamais je n’aurais pu me l’imaginer quand je me
suis réveillée ce matin d’un sommeil court et interrompu... Jésus sait que
j’aime voyager et il m’a transportée parmi les palmiers et les gazelles.
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