Le lundi 12 août 1946.
342>
472.1 - "Elle ne me
plaît pas du tout cette halte avec cet homme qui s'est uni à nous..."
bougonne Pierre qui est avec Jésus dans un verger touffu.
Ce doit être déjà l'après-midi du sabbat car le soleil est encore haut sur
l'horizon alors que c'était déjà le crépuscule quand ils sont arrivés au
village.
"Après les prières, nous partirons. C'est le sabbat. Nous ne pouvions
pas voyager, et le repos ici nous a fait du bien. Nous ne nous arrêterons
plus jusqu'au prochain sabbat."
"Mais tu t'es si peu reposé. Tous ces malades !..."
"Autant qui maintenant louent le Seigneur. Pour vous épargner tant de
route, je serais resté ici deux jours, pour donner à ceux qui ont été guéris
le temps d'apporter la nouvelle au-delà des frontières. Mais vous n'avez pas
voulu."
"Non ! Non ! Je voudrais être déjà loin. Et... n'aie pas trop
confiance, Maître. Tu parles ! Tu parles ! Mais
sais-tu que chacune de tes paroles en certaines bouches se change en poison
pour Toi ? Pourquoi nous l'ont-ils envoyé ?"
"Tu le sais."
"Oui. Mais pourquoi est-il resté ?"
"Ce n'est pas le premier qui reste après m'avoir approché."
Pierre secoue la tête. Il n'est pas convaincu. Il mâchonne:
"Un espion ! Un espion !..."
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343> "Ne juge pas, Simon. Tu
pourrais te repentir un jour de ton jugement actuel..."
"Je ne juge pas. J'ai peur, pour Toi. Et cela c'est de l'amour. Et le
Très-Haut ne peut me punir de t'aimer."
"Je ne dis pas que tu te repentirais de cela, mais d'avoir pensé du mal
de ton frère."
"Lui est frère de ceux qui te haïssent. Il n'est donc pas mon
frère."
Le raisonnement, humainement, est juste,
472.2 - mais Jésus
observe :
"Il est disciple de Gamaliel. Gamaliel n'est pas contre Moi."
"Mais il n'est pas non plus avec Toi."
"Qui n'est pas contre Moi, est avec Moi, même s'il ne semble pas .
On ne peut pas demander qu'un Gamaliel, le plus grand docteur que possède
Israël, aujourd'hui, un puits de savoir rabbinique, une vraie mine dans
laquelle se trouve toute la... substance de la science rabbinique, puisse
rapidement tout répudier pour me prendre... Moi. Simon, il est difficile même
à vous de me prendre en laissant de côté tout le passé..."
"Mais nous, nous t'avons pris !"
"Non. Sais-tu ce que c'est que de me prendre, Moi ? Ce n'est pas
seulement m'aimer et me suivre. Cela est plutôt le mérite de l'Homme que je
suis et qui attire vos sympathies. Me prendre, c'est prendre ma doctrine,
qui est pareille à l'ancienne pour la Loi divine, mais qui est complètement
différente de cette loi, de cet amas de lois humaines qui se sont accumulées
au cours des siècles pour former tout un code et un formulaire qui n'a rien
de divin. Vous, tous les humbles d'Israël, et aussi quelque grand très
juste, vous vous lamentez et vous critiquez les subtilités formalistes des
scribes et des pharisiens, leurs intransigeances et leurs duretés... mais
vous aussi vous n'en êtes pas exempts. Ce n'est pas votre faute. Pendant des
siècles et des siècles, vous, les hébreux, avez assimilé lentement les...
exhalaisons humaines de ceux qui ont manipulé la Loi de Dieu, pure et
surhumaine. Tu le sais.
Quand quelqu'un continue
pendant des années et des années à vivre d'une certaine manière différente de
celle de son pays natal, parce qu'il est dans un pays qui n'est pas le sien,
et qu'y vivent ses enfants et ses petits-enfants, il arrive que sa
descendance finisse par devenir comme celle de l'endroit où elle se trouve.
Elle s'acclimate au point de perdre jusqu'à l'aspect physique de sa nation en
plus des habitudes morales et, malheureusement, au point de perdre la
religion de ses pères...
472.3 - Mais voici les
autres. Allons à la synagogue."
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344> "Tu parles ?"
"Non. Je suis un simple fidèle. J'ai parlé par les miracles ce
matin..."
"Pourvu que cela ne t'ait pas été nuisible..."
Pierre est vraiment mécontent et préoccupé, mais il suit le Maître qui s'est
joint aux autres apôtres et qui se trouve rejoint en route par l'homme de
Giscala, et d'autres qui sont peut-être du village.
Dans la synagogue le chef de la synagogue, se tourne vers Jésus avec respect
en disant :
"Veux-tu, Ô Rabbi, expliquer la Loi ?"
Mais Jésus refuse et c'est comme simple fidèle qu'il suit toutes les
cérémonies baisant comme les autres le rouleau que Lui présente l'adjoint (je
l'appelle ainsi ne sachant quel nom donner à cet assistant du chef de la
synagogue) et écoutant l'explication du point qui a été choisi. Certainement
pourtant, même s'il ne parle pas, son attitude est déjà une prédication de la
façon dont il prie... Beaucoup le regardent. Le disciple de Gamaliel ne le
perd pas de vue une seule minute. Et les apôtres, soupçonneux comme ils sont,
ne perdent pas de vue le disciple.
Jésus ne se retourne pas même quand sur le seuil de la synagogue se produit
un bourdonnement qui distrait beaucoup de gens. Mais la cérémonie prend fin
et les gens sortent sur la place où se trouve la synagogue. Jésus, bien
qu'étant plutôt vers le fond de la synagogue, sort un des derniers, et se
dirige vers la maison pour prendre son sac et partir.
472.4 - Beaucoup de gens de
l'endroit le suivent et parmi eux le disciple de Gamaliel qu'appellent à un
certain moment trois hommes adossés au mur d'une maison. Il parle avec eux,
et avec eux se fraie un chemin vers Jésus.
"Maître, ces gens veulent te parler" dit-il pour attirer
l'attention de Jésus qui parlait avec Pierre et son cousin Jude.
"Des scribes ! Je l'avais dit !" s'écrie Pierre déjà
troublé.
Jésus salue profondément les trois qui le saluent et demande :
"Que voulez-vous ?"
Le plus âgé parle :
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345> "Tu n'es pas venu. Nous, nous
venons. Et pour que personne ne pense que nous n'avons pas
respecté le sabbat, nous disons à tous que nous avons partagé le parcours en
trois temps : le premier jusqu'à ce que la dernière lueur du crépuscule
eût vécu; le second, de six stades, pendant que la lune éclairait les
sentiers; le troisième se termine maintenant et n'a pas dépassé la mesure
légale. Ceci dit pour nos âmes et les vôtres. Mais pour notre esprit, nous te
demandons ta sagesse. Tu es au courant de ce qui est arrivé dans la ville de
Giscala ?"
"Je viens de Capharnaüm, je ne sais rien."
"Écoute. Un homme s'était absenté pour de longues affaires de sa maison.
En revenant, il apprit que, pendant son absence, sa femme l'avait trahi, et
jusqu'au point d'avoir un fils qui ne pouvait être du mari puisqu'il avait
été absent pendant quatorze mois. L'homme a tué secrètement sa femme. Mais,
dénoncé par quelqu'un qui l'avait appris de la servante, il a été mis à mort conformément
à la loi d'Israël. L'amant, qui selon la Loi devrait être lapidé
,
s'est réfugié à Cédés, et certainement il cherchera à rejoindre de là
d'autres lieux. Le bâtard, que le mari voulait avoir pour le tuer lui aussi,
ne fut pas remis par la femme qui l'allaitait, et elle est allée à Cédés pour
demander au vrai père du bébé de s'occuper de son enfant, car le mari de la
nourrice ne veut pas garder le bâtard chez lui. Mais l'homme l'a repoussée en
lui disant que son fils le gênerait dans sa fuite. Selon Toi, comment
juges-tu le fait ?"
"Je ne pense pas que désormais on puisse le juger. Tout jugement, juste
ou injuste, a déjà été prononcé."
"Quel est, selon Toi, le jugement juste et celui qui est injuste? Il y a
eu divergence d'idées entre nous au sujet du supplice de l'homicide."
472.5 - Jésus les regarde,
fixement, l'un après l'autre. Puis il dit :
"Je vais parler. Mais d'abord, répondez à mes questions, quel que soit
leur poids. Et soyez sincères. L'homme homicide de la femme était-il de
l'endroit ?"
"Non. Il s'y était établi après avoir épousé la femme qui, elle, en
était."
"L'adultère était-il de l'endroit ?"
"Oui."
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346> "Comment l'homme trahi su-t-il
qu'il l'était ? La faute était-elle publique ?"
"Non, vraiment, et on ne comprend pas comment l'homme put le savoir. La femme
s'était absentée depuis des mois en disant que, pour ne pas rester seule,
elle allait à Ptolémaïs chez ses parents, et elle revint en
disant qu'elle avait pris avec elle le bébé d'une parente morte."
"Quand elle était à Giscala, sa conduite était-elle
effrontée ?"
"Non. Au contraire nous avons tous été étonnés de sa relation avec
Marc."
"Mon parent n'est pas un pécheur. C'est un accusé innocent" dit
l'un des trois qui n'a encore jamais parlé.
"C'était ton parent ? Qui es-tu ?" demande Jésus.
"Le premier des Anciens de Giscala. C'est pour cela que j'ai voulu la
mort de l'homicide, car non seulement il a tué, mais il a tué une
innocente"
Et il regarde de travers le troisième qui a environ quarante ans, et qui
répond :
"La Loi dit de tuer l'homicide."
"Tu voulais la mort de la femme et de l'adultère."
"C'est la Loi."
"S'il n'y avait pas d'autre raison, personne n'aurait parlé."
La discussion s'enflamme entre les deux antagonistes qui oublient presque
Jésus. Mais celui qui a parlé le premier, le plus âgé, impose le silence en
disant avec impartialité :
"On ne peut nier que l'homicide ait été consommé, comme on ne peut nier
qu'il y ait eu faute. La femme l'a avouée à son mari. Mais laissons parler le
Maître."
"Moi, je dis : comment le mari l'a-t-il su ? Vous ne m'avez
pas répondu."
Celui qui défend la femme dit :
"Parce que quelqu'un a parlé dès le retour du mari."
"Et alors Moi je dis que celui-là n'avait pas l'âme pure" dit Jésus
en abaissant ses paupières pour voiler son regard et l'empêcher d'accuser.
Mais l'homme de quarante ans qui voulait la mort de la femme et de l'adultère
s'emporte :
"Moi, je ne désirais pas cette femme."
"Ah ! maintenant c'est clair ! C'est toi qui as parlé !
Je le soupçonnais, mais maintenant tu t'es trahi ! Assassin !"
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347> "Et toi qui favorise
l'adultère. Si tu ne l'avais pas averti, il ne se serait pas enfui. Mais
c'est ton parent ! C'est ainsi que se fait la justice en Israël !
C'est pour cela que tu défends aussi la mémoire de la femme : pour
défendre ton parent. S'il n'y avait qu'elle tu ne t'en soucierais pas."
"Et toi, alors ? Toi qui as jeté l'homme contre la femme pour te
venger de ses refus ?"
"Et toi, le seul qui as témoigné contre l'homme ? Toi qui dans
cette maison payais une servante pour qu'elle te favorise ? Un seul témoignage n'est pas valide : c'est la Loi qui le dit ."
Un vrai brouhaha de marché !
Jésus et le plus âgé cherchent à calmer les deux hommes qui représentent deux
intérêts et deux courants opposés et qui révèlent une haine inguérissable
entre deux familles. Ils y réussissent non sans peine,
472.6 - et maintenant
c'est Jésus qui parle. Calme, solennel, il commence par se défendre de
l'accusation venue de l'un des deux adversaires : "Toi qui protèges
les prostituées..."
"Moi, non seulement je dis que l'adultère consommé est un crime contre
Dieu et le prochain, mais je dis : même celui qui a des désirs impurs
pour la femme d'un autre est adultère dans son cœur et il commet le péché.
Malheur si tout homme qui a désiré la femme d'autrui devait être mis à
mort ! Les lapidateurs devraient avoir toujours des cailloux à la main.
Mais si bien des fois le péché reste, impuni de la part des hommes sur la
Terre, le péché sera expié dans l'autre vie, parce que le Très-Haut a
dit : "Tu ne forniqueras pas et tu ne désireras pas la femme
d'autrui", et il faut obéir à la parole de Dieu. Cependant, je dis
aussi : "Malheur à celui par qui se commet un scandale et malheur à
celui qui dénonce son prochain". Ici, il y a eu des manquements de la
part de tous. De la part du mari. Y avait-il pour lui une véritable nécessité
d'abandonner sa femme pendant si longtemps ? L'avait-il toujours traitée
avec cet amour qui gagne le cœur de la compagne ? S'est-il examiné
lui-même pour voir si avant d'être offensé par sa femme, il ne l'avait pas
offensée, lui ? La loi du talion dit "Œil pour œil, dent pour
dent". Mais si elle le dit pour exiger réparation, cette réparation
doit-elle être donnée par un seul ? Je ne défends pas la femme adultère,
mais je dis : "Combien de fois aurait-elle pu accuser son conjoint
de ce péché ?"
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348> Les gens murmurent :
"C'est vrai ! C'est vrai !" et ils approuvent aussi le
vieillard de Giscala et le disciple de Gamaliel.
Jésus poursuit :
472.7 - "... Moi, je
dis : comment n'a-t-il pas craint Dieu. celui qui par vengeance a causé
une pareille tragédie ? L'aurait-il voulue au sein de sa famille ?
Moi, je dis : l'homme qui s'est enfui et, qui, après avoir joui et causé
des malheurs, repousse aussi maintenant l'innocent, croit-il qu'en fuyant il
échappera au Vengeur éternel ? Voilà ce que je dis. Et je dis
encore : la Loi exigeait la lapidation des adultères et la mise à mort
de l'homicide. Mais un jour viendra où la Loi, nécessaire pour contenir la
violence et la luxure des hommes qui ne sont pas fortifiés par la Grâce du
Seigneur, sera modifiée, et s'il restera les commandements :
"Ne pas tuer et ne pas commettre l'adultère", les sanctions contre ces péchés seront
remises à une justice plus élevée que celle de la haine et du sang. Une
justice, par rapport à laquelle la justice existante toujours fallacieuse et injuste
des juges humains, tous adultères et peut-être plusieurs fois, sinon
homicides, sera moins que rien. Je parle de la justice de Dieu qui demandera
raison aux hommes même des désirs impurs d'où viennent les vengeances, les
délations, les homicides, et qui surtout demandera raison des motifs pour
lesquels on refuse aux coupables le temps de se racheter et pour lesquels on
impose aux innocents de porter le poids des fautes d'autrui. Tous sont
coupables ici. Tous. Même les juges mus par des motifs opposés de vengeance
personnelle. Il n'y a qu'un innocent, et c'est à lui que va ma pitié. Moi, je
ne peux revenir en arrière. Mais qui de vous sera charitable pour le petit et
pour Moi qui souffre pour lui ?" Jésus jette sur la foule un regard
de prière attristée.
Plusieurs disent :
"Que veux-tu ? Mais rappelle-toi : c'est un bâtard."
"À Capharnaüm, il y a une femme qui s'appelle Sarah. Elle est d'Aféqa.
Une de mes disciples. Conduisez-lui l'enfant, et dites-lui : "Jésus
de Nazareth te le confie". Quand le Messie que vous attendez aura fondé
son Royaume, et apporté ses lois qui n'annulent pas la Parole du Sinaï, mais
la perfectionnent avec la charité, les bâtards ne seront plus sans mère, car
je serai le Père de ceux qui n'ont pas de père, et je dirai à mes fidèles :
"Aimez-les par amour pour Moi". Et d'autres choses seront changées
car la violence sera remplacée par l'amour.
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349> 472.8 - Vous croyiez
peut-être, en m'interrogeant, que je m'opposerais à la Loi. Et. c'est pour
cela que vous m'avez cherché. Dites-vous à vous-mêmes et dites à ceux qui
vous ont envoyés que je suis venu pour perfectionner la Loi, jamais pour la
contredire. Dites-vous à vous-mêmes et dites aux autres que Celui qui prêche
le Royaume de Dieu ne peut certes enseigner ce qui dans le Royaume de Dieu
serait horreur et ne pourrait par conséquent être accueilli. Dites-vous à
vous-mêmes et dites aux autres de se souvenir du Deutéronome :
"Le Seigneur ton Dieu suscitera pour toi, de ta nation, d'entre tes
frères, un prophète. Écoute-le. C'est ce que tu as demandé au Seigneur ton
Dieu près de l'Horeb et tu as dit : "Que je n'entende plus la voix
du Seigneur mon Dieu et que je ne voie plus cet immense feu, et que je ne
meure pas". Et le Seigneur m'a dit : "Ils ont bien parlé et
Moi, Je leur susciterai d'entre leurs frères un prophète semblable à toi et
Je mettrai mes paroles sur ses lèvres et il leur dira
tout ce que Je lui aurai commandé. Et si quelqu'un ne veut pas écouter les
paroles qu'il dira en mon nom, J'en tirerai vengeance"
.
Dieu
vous a envoyé son Verbe pour qu'il parle sans que sa voix vous tue. Dieu
avait déjà tant parlé à l'homme, plus que l'homme n'avait mérité de
l'entendre. Tant, par la Loi du Sinaï et par les prophètes. Mais il y avait
encore tant à dire, et Dieu l'a réservé pour son prophète du temps de Grâce,
pour celui qui a été Promis à son peuple, en qui est la Parole de Dieu et en
qui s'accomplira le pardon. Fondateur du Royaume de Dieu, il codifiera la Loi
avec de nouveaux préceptes d'amour, car le temps de l'amour est venu. Et il
ne demandera pas vengeance au Très-Haut pour ceux qui ne l'écoutent pas, mais
seulement que le feu de Dieu fonde le granit des cœurs et que la Parole de
Dieu puisse les pénétrer et y fonder le Royaume qui est le Royaume de
l'esprit de même que son Roi est un Roi spirituel. À quiconque aimera le Fils
de l'Homme, le Fils de l'Homme donnera le Chemin, la Vérité, la Vie pour
aller à Dieu, le connaître, et vivre la Vie éternelle .
Pour
quiconque recevra ma parole, s'ouvriront en lui des sources de lumière grâce
auxquelles il connaîtra le sens caché des paroles de la Loi et il verra que
les interdictions ne sont pas des menaces, mais des invitations de Dieu, qui
veut les hommes bienheureux et non pas damnés, bénis et non pas maudits.
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350> 472.9 - Une fois de plus,
d'une chose désormais résolue, comme la sainteté ne l'aurait pas résolue, vous
avez fait un instrument d'inquisition pour me prendre en péché. Mais Moi, je
sais que je ne pèche pas. Et je ne crains pas de dire ma pensée :
l'homme homicide a expié, d'abord par le déshonneur et puis par la mort,
d'avoir fait du gain le but de sa vie. La femme a expié par sa mort son péché
et - cela vous étonnera, mais il en est ainsi - et son aveu dans l'intention
d'amener son mari à la pitié pour l'innocent, a diminué auprès de Dieu le
poids de son péché. Les autres : toi et toi, et celui qui s'est enfui
sans même avoir pitié de son enfant, vous êtes plus coupables que les deux
premiers. Vous murmurez ? Vous n'avez pas expié par la mort et vous
n'avez pas les circonstances atténuantes du mari trahi, ni celles de la femme
délaissée et qui avait avoué sa faute. Et tous vous avez un péché, tous, sauf
la nourrice de l'innocent : le péché de repousser cet innocent comme
s'il était un mal honteux. Vous avez su tuer l'homicide, vous auriez su aussi
tuer les adultères. Ce qui est justice sévère, vous avez su le faire et vous
auriez su le faire.
Mais aucun n'a su et ne sait ouvrir les bras à la pitié pour
l'innocent. Mais vous n'êtes pas complètement responsables. Vous ne savez
pas... Vous ne savez jamais exactement ce que vous faites et ce qu'il
faudrait faire. Et en cela vous avez une excuse.
Quand ce disciple de Gamaliel est venu me trouver, il m'a dit :
"Viens. Ils veulent t'interroger sur un fait dont les conséquences
durent". Les conséquences, c'est l'innocent. Eh bien ? Maintenant
que vous connaissez ma pensée, changez-vous peut-être votre jugement là où il
peut l'être ? À lui, j'ai dit : "Moi, je ne juge pas. Je
pardonne". Gamaliel a dit : "Seul Jésus de Nazareth jugerait
ici avec justice". Moi, comme je l'ai dit à celui-ci, j'aurais conseillé
à tous, je dis à tous, d'attendre pour frapper un examen attentif et que les
passions se soient calmées. Beaucoup de choses pouvaient être changées sans
offenser la Loi.
472.10 - La chose est
passée désormais. Et que Dieu pardonne à qui s'est repenti ou se repentira. Je
n'ai pas autre chose à dire. Ou plutôt, j'ai encore une chose : que Dieu
vous pardonne, une fois encore, d'avoir tenté le Fils de l'homme."
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351> "Pas moi. Maître ! Pas
moi ! Moi... j'aime le rabbi Gamaliel comme un disciple doit aimer son
maître : plus qu'un père. Davantage parce qu'un rabbi forme
l'intelligence qui est quelque chose de plus grand que la chair. Et... je ne
puis quitter mon rabbi pour Toi. Mais, voici. Pour te saluer, je ne trouve
que les paroles du cantique de Judith .
Elles fleurissent du fond de mon cœur, car j'ai senti la justice et la
sagesse en toutes tes paroles. "Adonaï, Seigneur, tu es grand et
magnifique dans ta puissance. Personne ne peut te surpasser. Personne ne peut
résister à ta voix. Ceux qui te craignent, seront toujours devant
Toi !"... Seigneur, je vais descendre à Capharnaüm chez la femme
dont tu parles... Et Toi, prie pour moi pour que mon granit fonde et qu'y
pénètre la Parole qui établit le Royaume de Dieu en nous... Maintenant j'ai
compris. Nous sommes dans l'erreur. Et nous disciples, nous sommes les moins
coupables..."
"Que dis-tu, imbécile ?" interrompt violemment l'Ancien de
Giscala en s'adressant au disciple de Gamaliel.
"Ce que je dis ? Je dis que mon maître a raison et que celui qui
offre à Lui pour le tenter un royaume temporel est un Satan, car Lui est un
vrai Prophète du Très-Haut et la Sagesse parle par ses lèvres. Dis-moi,
Maître, que dois-je faire ?"
"Méditer."
"Mais..."
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