Vision du samedi 10 août 1946.
333>
471.1 – Elle est douce la pause sur le
petit plateau, mais il est prudent de descendre dans la vallée pendant qu'il
fait encore jour car la nuit viendrait vite et serait sombre, sous cette
voûte de feuillage des arbres qui couvre la montagne.
Jésus se lève le premier et il va se rafraîchir le visage, les mains et les
pieds dans le ruisselet que forme la petite source. Puis. il appelle ses
apôtres, endormis dans l'herbe, et les invite à se préparer et à partir. Et
pendant qu'ils l'imitent, en se lavant l'un après l'autre dans le frais
ruisseau, et qu'ils remplissent les gourdes au filet d'eau qui sort du
rocher, Lui va les attendre au bout du petit pré, près des deux arbres
centenaires qui le bornent à l'est, et il regarde l'horizon lointain.
Philippe est le premier à le rejoindre et regardant là où son Maître regarde,
il dit :
"Elle est belle cette vue ! Tu l'admires..."
"Oui. Mais je ne regardais pas seulement sa beauté."
"Et quoi, alors ? Tu pensais peut-être, au moment où Israël sera grand, de ces lieux au-delà du Liban et de l'Oronte, qui au cours des
siècles nous ont affligés et ils sont encore affliction pour nous parce que
c'est là que réside le cœur de la puissance qui nous opprime avec le
Légat ? Elle est redoutable, en effet; la prophétie qu'a faite sur eux
un prophète et même plusieurs : "J'écraserai l'assyrien dans ma
terre, je le piétinerai sur mes montagnes...
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334> C'est la main qui s'étend sur les
nations... Et qui pourra la retenir ?... Voilà, Damas cessera d'exister
et il restera comme le tas de pierres d'une ruine...
C'est ce qui arrivera à ceux qui nous ont saccagés". C'est Isaïe qui
parle ! Et Jérémie parle aussi : "Je mettrai le feu aux murs
de Damas et il dévorera les murs de Benadab ".
Et cela arrivera quand le Roi d'Israël, le Promis, prendra son sceptre, et
que Dieu aura pardonné à son peuple en lui donnant le Roi Messie... Oh !
c'est Ézéchiel qui le dit ! "Vous, montagnes d'Israël, faites
pousser vos branches, portez vos fruits pour mon peuple d'Israël, car il va
bientôt revenir... Je vous reconduirai mon peuple et eux t'auront comme une
possession héréditaire… Je ne ferai plus entendre contre toi les outrages des
nations... "
Et les psaumes chantent avec Etân Esraita :
"J'ai trouvé mon serviteur David et je l'ai oint de mon huile sainte. Ma
main l'assistera... L'ennemi ne pourra rien contre lui... En mon nom, il
grandira en puissance... Il étendra sur la mer sa main, sur les fleuves sa
main droite... Et moi, j'en ferai l'aîné, le souverain parmi les rois de la
Terre". Et Salomon chante : "Il restera autant que le soleil
et la lune... Il dominera d'une mer à l'autre, et du fleuve jusqu'aux
extrémités de la Terre... Tous les rois de la Terre l'adoreront, tous les
peuples seront ses sujets... "
Toi, Messie, car en Toi se trouvent tous les signes de l'esprit et de la
chair, tous les signes donnés par les prophètes. Alléluia à Toi, fils de
David, Roi Messie, Roi saint !"
"Alléluia !" crient en chœur les autres qui se sont réunis à
Jésus et à Philippe et ont entendu les paroles de ce dernier.
Et l'alléluia se répercute, par l'écho, de gorge en gorge, de colline en
colline... Jésus les regarde, très triste... Et il dit en réponse :
"Mais vous ne vous rappelez pas ce que dit David du Christ, et ce que du
Christ dit Isaïe... Vous prenez le
doux miel, le vin enivrant des prophètes... mais vous ne réfléchissez pas que
pour être le Roi des rois, le Fils de l'homme devra boire le fiel et le
vinaigre et se revêtir de la pourpre de son Sang... Mais ce n'est pas votre
faute si vous ne comprenez pas... Et votre erreur de compréhension, c'est de
l'amour. Je voudrais en vous un autre amour. Mais, pour le moment vous
ne pouvez pas... Des siècles de péché sont contre les hommes pour empêcher
en eux la Lumière. Mais la Lumière abattra les murailles et entrera en
vous...
471.2 – Allons."
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335> Ils reviennent sur le chemin
muletier qu'ils avaient quitté pour monter au plateau éloigné et descendent
vivement vers la vallée. Les apôtres parlent entre eux à voix basse...
Puis Philippe court en avant, rejoint le Maître, demande :
"Je t'ai déplu, Seigneur ? Je ne voulais pas... As-tu de la rancœur
contre moi ?"
"Non, Philippe. Mais je voudrais que vous au moins compreniez."
"Tu regardais là-bas avec tant de désir..."
"Parce
que je pensais à tant de lieux qui ne m'ont pas encore eu et qui ne m'auront
pas... car mon temps s'enfuit... Comme il est court le temps de
l'homme ! Et comme l'homme est lent à agir !... Comme l'esprit
ressent ces limites de la Terre !... Mais... Père, que soit faite ta
volonté !"
"Pourtant toutes les régions des anciennes tribus, tu les as parcourues,
mon Maître. Au moins une fois tu les as sanctifiées, on peut donc dire que tu
as pris en mains les douze tribus..."
"C'est vrai. Vous, ensuite, vous ferez ce que le temps ne m'a pas permis
de faire."
"Toi qui arrêtes les fleuves et qui calmes les mers, ne pourrais-tu pas
ralentir le temps ?"
"Je le pourrais. Mais le Père dans le Ciel, le Fils sur la Terre,
l'Amour au Ciel et sur la Terre, brûlent d'accomplir le Pardon..."
Jésus se plonge dans une méditation profonde que Philippe respecte en le
laissant seul pour aller retrouver ses compagnons auxquels il rapporte le
dialogue.
471.3 – ... La vallée désormais est
proche et déjà on voit une route, une vraie grand-route qui vient du sud et
se dirige vers l'ouest, en faisant un virage juste au pied de la montagne
pour en suivre la base et continuer ensuite en direction d'un beau village
qui s'étend dans la verdure près d'un ruisseau, dont le lit à présent n'est
guère occupé que par des pierres avec de ci de là quelques roseaux qui ont
résisté, surtout au milieu où un filet, un vrai filet d'eau, s'obstine à
s'écouler vers la mer.
Tous se réunissent avant de prendre la grand-route, mais ils n'ont fait que
quelques mètres quand deux hommes viennent à leur rencontre en les saluant.
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336> "Deux disciples des rabbis, et
l'un d'eux est lévite. Que veulent-ils ?" disent entre eux les
apôtres qui ne sont pas du tout contents de la rencontre.
Moi, je ne sais pas de quoi ils déduisent que ce sont des disciples, et que
l'un d'eux est lévite. Je ne comprends pas encore bien le langage des nœuds
et des franges et autres secrets de l'habillement Israélite.
Jésus, quand il se trouve à deux mètres environ des deux, et quand aucune
équivoque n'est possible, car la route est désormais libre de voyageurs qui,
à pied ou à cheval, se hâtent vers le village, répond à leurs salutations
répétées et s'arrête pour les attendre.
"La paix à Toi, Rabbi" dit maintenant le lévite qui s'était borné
d'abord à saluer profondément.
"La paix à toi, et à toi" dit Jésus en s'adressant à l'autre.
"Es-tu le Rabbi nommé Jésus ?"
"Je le suis."
"Une femme
est entrée avant sexte dans la ville et elle a dit qu'elle avait parlé en
route avec un rabbi plus grand que Gamaliel, parce qu'en plus d'être sage, il
est bon. La nouvelle nous est arrivée, et les maîtres nous ont envoyés tous,
tant que nous étions, en suspendant le départ pour Jérusalem, pour te
trouver : deux pour chaque route qui descend de Giscala vers les chemins
de la plaine. En leur nom et par notre entremise, ils te disent :
"Viens dans la ville, car nous voulons t'interroger".
"Et pour quel motif ?"
"Pour que tu te prononces sur un fait survenu à Giscala, et dont durent
les conséquences."
"Et n'avez-vous pas les grands docteurs d'Israël pour rendre un
jugement ? Pourquoi vous adresser au Rabbi inconnu ?"
"Si tu es Celui que disent les rabbis, tu n'es pas inconnu. N'es-tu pas
Jésus de Nazareth ?"
"Je le suis."
"Ta sagesse est connue des rabbis."
"Et Moi, je connais leur
rancœur à mon égard."
"Pas tous, Maître. Le plus grand et le plus juste ne te hait pas."
"Je le sais. Il ne m'aime pas non plus. Il m'étudie. Mais le rabbi
Gamaliel est-il à Giscala ?"
"Non, il est déjà parti pour être à Séphoris avant le sabbat. Il est
parti tout de suite après le jugement."
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337> "Et alors, pourquoi me
cherchez-vous ? Moi aussi, je dois respecter le sabbat et il m'est à
peine possible d'arriver à temps à cet endroit. Ne me retenez
pas davantage."
"Tu as peur, Maître ?"
"Je n'ai pas peur, car je sais qu'aucun pouvoir n'est donné, pour
l'instant, a mes ennemis. Mais je laisse aux sages le plaisir de juger."
"Que veux-tu dire ?"
"Que Moi, je ne juge pas. Moi, je pardonne."
"Tu sais juger mieux que tout autre. Gamaliel l'a dit. Il a dit :
"Seul Jésus de Nazareth jugerait avec justice ici"."
"C'est bien. Mais désormais, vous avez jugé et la chose ne peut plus
être remise en question. J'aurais donné l'avis de faire calmer les passions
avant de juger. S'il y avait faute, le coupable pouvait se repentir et se
racheter. S'il n'y avait pas eu faute, il n'y aurait pas eu le supplice qui
pour quelqu'un est, aux yeux de Dieu, pareil à un homicide prémédité."
"Maître ! Mais comment sais-tu ? La femme a juré que tu n'as
parlé avec elle que de ses affaires... et… tu sais... Tu es alors vraiment un
prophète ?"
"Je suis qui je suis. Adieu. La paix à toi. Le soleil descend à
l'horizon"
Et il tourne le dos pour aller vers le village.
"Tu as bien fait, Maître ! Certainement ils te tendaient un
piège !"
471.4 – Les apôtres sont solidaires du
Maître. Mais leurs louanges, leurs raisons sont interrompues par les deux de
tout à l'heure qui les rejoignent pour supplier Jésus de remonter à Giscala.
"Non. Le coucher du soleil me surprendrait en chemin. Dites à ceux qui
vous envoient que Moi, j'observe la Loi, toujours, quand son observation ne
lèse pas un commandement plus grand que celui du sabbat : celui de
l'amour."
"Maître, Maître, nous t'en supplions. Ici c'est justement une question
d'amour et de justice. Viens avec nous, Maître."
"Je ne puis. Et vous non plus vous ne pouvez pas y remonter à
temps."
"Nous avons la permission de le
faire pour ce cas."
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338> "Et quoi ? On a élevé la
voix quand je guérissais un malade et quand je l'absolvais un jour de sabbat,
et à vous il est permis de violer le sabbat pour une discussion
oiseuse ? Il y a donc deux mesures en Israël ? Allez !
Allez ! Et laissez-moi aller."
"Maître, tu es prophète. Tu sais par conséquent. Moi, je le crois et lui
le croit. Pourquoi nous repousses-tu ?"
"Pourquoi !..."
Jésus les regarde fixement, en s'arrêtant. Ses yeux sévères qui traversent et
pénètrent au-delà des voiles de la chair pour lire les cœurs, regardent,
dominateurs, les deux qu'il a devant Lui. Et ses yeux si insoutenables dans
la rigueur, si doux dans l'amour, changent de regard et prennent une
expression si affectueuse, si miséricordieuse que si d'abord le cœur
tremblait de crainte devant la puissance du regard,
maintenant il tremble d'émotion devant l'éclat de l'amour du Christ.
"Pourquoi !" répète-t-il... "Ce n'est pas Moi qui
repousse, mais les hommes qui repoussent le Fils de l'homme, et ce dernier
doit se défier de ses frères. Mais à ceux qui n'ont pas de malice dans le
cœur, je dis : "Venez" et je dis encore :
"Aimez-moi" à ceux qui me haïssent..."
"Et alors, Maître..."
"Et alors, je vais au village pour le sabbat."
"Attends-nous, au moins."
"Au crépuscule du sabbat, je pars. Je ne puis attendre."
471.5 – Les deux se regardent et ils
restent en arrière pour se consulter, puis l'un d'eux, celui dont le visage
est le plus ouvert et qui a presque toujours parlé, revient en courant.
"Maître, je reste avec Toi jusqu'après le sabbat."
Pierre, qui est à côté de Jésus, tire son vêtement pour l'obliger à se tourner
de son côté, et lui murmure :
"Non. Un espion."
Jude Thaddée derrière son cousin Lui souffle :
"Méfie-toi."
Nathanaël, qui est allé en avant avec Simon et Philippe, se retourne et Lui
fait les gros yeux pour dire : "Non." Jusqu'aux deux plus
confiants, André et Jean, font signe que non par derrière l'importun.
Mais Jésus ne tient pas compte de leur peur soupçonneuse et répond
brièvement :
"Reste"
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339> Les autres doivent se résigner.
L'homme, content, se sent moins étranger, éprouve le besoin de dire son nom,
qui il est, pourquoi il est en Palestine lui qui est né dans la Diaspora,
mais consacré à Dieu dès se naissance parce qu'il fut une "consolation
pour ses parents" qui, reconnaissants au Seigneur de l'avoir, le
confièrent à des parents à Jérusalem pour qu'il appartînt au Temple. Là, en
servant la Maison de Dieu, il connut le rabbi Gamaliel et devint son disciple
attentif et aimé :
"Ils m'ont appelé Joseph
parce que, comme l'ancien Joseph, j'ai enlevé à ma mère la peine d'être
stérile. Mais ma mère disait toujours "ma consolation" pendant qu'elle
me nourrissait, et je suis devenu Barnabé pour tous .
Même le grand rabbi m'appelle ainsi parce qu'il trouve sa consolation dans
ses meilleurs élèves."
"Fais en sorte que Dieu aussi te donne ce nom, et même par-dessus tout
que Dieu t'appelle ainsi" dit Jésus.
471.6 – Ils entrent, dans le village.
"Le connais-tu ?" demande Jésus.
"Non. Je n'y ai jamais été. C'est la première fois que je viens ici, en
Nephtali. Le rabbi m'a amené avec lui, avec d'autres, parce que je suis resté
seul..."
"As-tu Dieu pour ami ?"
"Je l'espère. J'essaie de le servir le mieux possible."
"Alors, tu n'es pas seul. Seul est le pécheur."
"Je puis pécheur moi aussi..."
"Toi, disciple d'un grand rabbi, tu connais certainement les conditions
pour qu'une action devienne péché."
"Tout est péché, Seigneur. L'homme pèche continuellement car les
préceptes sont plus nombreux que les moments d'une journée. Et pas toujours
la réflexion et les circonstances nous aident à ne plus pécher."
"En vérité même les circonstances, surtout elles, nous amènent souvent à
pécher. Mais as-tu une idée claire du principal attribut de Dieu ?"
"Justice."
"Non."
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340> "Puissance."
"Non."
"... Sévérité."
"Moins que jamais."
"Et pourtant... elle se manifesta
sur le Sinaï et plus tard encore..."
"Alors on vit le Très-Haut au milieu des éclairs. Ils ceignaient d'une
auréole terrible le visage du Père et Créateur. En vérité vous ne connaissez
pas le vrai visage de Dieu. Si vous le connaissiez et si vous en connaissiez
l'esprit, vous sauriez que le principal attribut de Dieu c'est l'Amour et
l'Amour miséricordieux."
"Je sais que le Très-Haut nous a aimés. Nous sommes le peuple élu, mais
il est terrible de le servir !"
"Si tu sais que Dieu est Amour, comment peux-tu dire qu'il est
redoutable ?"
"C'est qu'en péchant, nous perdons son amour."
"Je
t'ai demandé avant si tu connais les conditions pour lesquelles une action
devient péché."
"Quand ce n'est pas une action des six cent treize préceptes, des
traditions, des décisions, des coutumes, des bénédictions et des prières, en
plus des dix commandements de la Loi, ou bien quand ce n'est pas comme les
scribes enseignent ces choses, alors c'est un péché."
"Même si l'homme ne le fait pas en toute connaissance de cause et avec un
parfait consentement de la volonté ?"
"Même en ce cas. Aussi, qui peut dire : "Moi, je ne pèche
pas" ? Qui peut avoir à sa mort la paix en
Abraham ?"
471.7 – "Les hommes ont-ils un
esprit parfait ?"
"Non. Car Adam a péché, et nous avons cette faute en nous. Elle nous
rend faibles. L'homme a perdu la Grâce du Seigneur, unique force pour nous
conduire..."
"Et le Seigneur le sait ?"
"Lui sait tout."
"Et
alors crois-tu qu'il n'ait pas de miséricorde en tenant compte de tout ce qui
affaiblit l'homme ? Crois-tu qu'il exige de ceux qui ont été frappés ce
qu'il pouvait exiger du premier Adam ? Il y a là une différence que vous
ne considérez pas. Dieu est Justice, oui. Il est Puissance, oui.
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341> Il peut être aussi Rigueur pour
l'impénitent qui continue de pécher. Mais quand Il voit que son enfant - vous
êtes tous enfants sur la Terre qui est une heure d'éternité pour l'esprit,
qui devient adulte à son examen spirituel de majorité éternelle dans le
jugement particulier - quand Il voit donc que son enfant a un manquement
parce qu'il est distrait, qu'il est lent pour arriver à discerner, parce
qu'il est peu instruit, parce qu'il est si faible en une ou plusieurs choses,
penses-tu que le Père très Saint puisse le juger avec une inexorable
rigueur ? Tu l'as dit : l'homme a perdu la Grâce, la force qui
permet de lutter contre les tentations et les appétits. Et Dieu le sait. Il
ne faut pas avoir peur de Dieu et le fuir comme Adam après la faute, mais se
rappeler qu'il est Amour. Son visage resplendit sur les hommes, non pas pour
les réduire en cendres, mais plutôt pour les réconforter comme le soleil
réconforte par ses rayons. C'est l'amour, et non pas la rigueur, qui rayonne
de Dieu. Rayons de soleil et non pas flèches foudroyantes. Et, du reste...
Qu'est-ce que, de lui-même, a imposé l'Amour ? Un fardeau que l'on ne
peut porter ? Un code aux innombrables articles que l'on peut
oublier ? Non. Seulement les dix commandements. Pour brider comme un
poulain l'homme animal qui, sans bride, va à sa ruine. Mais quand l'homme
sera sauvé, quand la Grâce lui sera rendue, quand ce sera le Royaume de Dieu,
c'est-à-dire le Règne de l'amour, aux fils de Dieu et aux sujets du Roi il
sera donné un seul commandement en lequel il y aura tout : "Aime
ton Dieu avec tout toi-même, et ton prochain comme toi-même"
.
Parce que, crois, ô homme, que Dieu-Amour ne peut qu'alléger le joug et le
rendre plus doux, et avec l'amour il sera doux servir Dieu, non plus craint,
mais aimé. Aimé seulement, aimé pour Lui-même, et aimé dans nos frères. Comme
elle sera simple la dernière Loi ! Comme l'est Dieu qui est parfait dans
sa simplicité.
Écoute : aime Dieu avec tout toi-même, aime
ton prochain comme toi-même. Réfléchis : les lourds six cent treize
préceptes, et toutes les prières et bénédictions ne sont-elles pas déjà
énumérées dans ces deux phrases, en les débarrassant des détails inutiles qui
ne sont pas de la religion mais de l'esclavage à l'égard de Dieu ? Si tu
aimes Dieu, certainement tu l'honores à toutes les heures. Si tu aimes le
prochain, certainement tu ne fais pas de choses qui le fassent souffrir. Tu
ne mens pas, tu ne dérobes pas, tu ne tues ni ne blesses, tu n'es pas
adultère. N'est-ce pas ainsi ?"
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342> 471.8 – "C'est ainsi... Maître
juste, je voudrais rester avec Toi. Mais Gamaliel a déjà perdu à cause de
Toi, ses meilleurs disciples... Moi..."
"Ce n'est pas encore l'heure de venir à Moi. Quand elle arrivera, ton
maître lui-même te le dira car c'est un juste."
"Il l'est, c'est vrai ? Tu le dis ?"
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