Vision du dimanche 15 juillet
1945
493> Obéissant à l'ordre qu'ils ont
reçu, les groupes d'apôtres viennent l'un après l'autre près de la porte de
la ville. Jésus n'est pas encore là, mais il ne tarde pas à arriver par une
ruelle qui longe les murs.
"Le Maître a eu du succès, dit Mathieu. Regardez comme il sourit."
Ils vont à sa rencontre et, sortant ensemble par la porte, ils reprennent la
grand-route bordée par les cultures maraîchères du faubourg.
494> Jésus les interroge :
"Eh bien ? Comment est-ce que cela a marché ? Qu'avez-vous
fait ?"
"Très mal" disent ensemble l'Iscariote et Barthélemy.
"Pourquoi? Qu'est-ce qui vous est arrivé?"
"Pour un peu, ils allaient nous lapider. Il a fallu que nous nous
échappions. Quittons ce pays de barbares. Allons là où on nous aime. Moi,
ici, je ne parle plus. Déjà je ne voulais pas parler, mais ensuite je me suis
laissé entraîner et Toi, tu ne m'as pas retenu. Et pourtant, tu les sais, les
choses..." L'Iscariote est fâché.
"Mais qu'est-ce qui t'est arrivé ?"
"Hé ! J'étais allé avec Mathieu, Jacques et André. Nous sommes
allés sur la place des Juges car c'est le rendez-vous des gens distingués qui
ont du temps à perdre pour écouter ceux qui parlent, Nous avons décidé que ce
serait Mathieu qui parlerait comme le plus habitué à parler aux publicains et
à leurs clients. Il a
commencé en s'adressant à deux hommes qui se disputaient au sujet d'un champ
dans une affaire embrouillée de succession: "Ne vous haïssez pas pour ce
qui périt et que vous ne pouvez emmener avec vous dans l'autre vie, mais
aimez-vous pour pouvoir jouir des biens éternels qu'on gagne sans autre lutte
qu'avec les passions mauvaises que nous devons vaincre pour devenir
victorieux et entrer en possession du Bien". C'est ce que tu disais,
n'est-ce pas ? Et puis il continuait alors que deux ou trois
s'approchaient pour écouter. "Écoutez la Vérité qui enseigne cela au
monde pour que le monde possède la paix. Vous voyez que l'on souffre pour
cela, pour un intérêt excessif aux choses qui meurent. Mais la terre n'est
pas tout. Il y a aussi le Ciel et au Ciel il y a Dieu, comme maintenant sur
la terre y est son Messie. C'est Lui qui nous envoie pour vous annoncer que
le temps de la Miséricorde est venu et qu'il n'y a pas de pécheur qui puisse
dire : 'Il ne m'écoutera pas' car s'il a un vrai repentir, il obtient le
pardon" il est écouté, aimé et invité au Royaume de Dieu".
Beaucoup de gens s'étaient maintenant réunis. Certains écoutaient avec
respect, d'autres posaient des questions, ce qui troublait Mathieu. Moi, je
ne donne jamais de réponse pour ne pas interrompre le discours. Je parle et
je réponds à chacun en particulier à la fin. Qu'ils se rappellent ce qu'ils
veulent dire et qu'ils se taisent. Mais Mathieu voulait répondre tout de
suite !... Et nous aussi, on nous interrogeait.
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495> Et il y en avait aussi
qui ricanaient en disant : "Voilà un autre fou ! Sûrement il
vient de cette tanière d'Israël. Les juifs, c'est du chiendent qui envahit
tout ! Voilà, voilà leurs éternelles
histoires ! Eux, ils ont Dieu comme compère. Tu les entends ! Il
est sur le fil de leur épée et sur l'acide de leur langue. Voilà,
voilà ! Maintenant ils nous parlent de leur Messie. Un autre fou qui
nous tourmentera comme cela a toujours été au cours des siècles. La peste
pour Lui et pour cette race !"
Alors
j'ai perdu patience. J'ai ramené en arrière Mathieu qui continuait à parler en
souriant comme si on lui avait fait honneur, et moi, j'ai commencé à parler
en m'appuyant sur Jérémie : "Voilà que les eaux montent du
Septentrion et qu'elles vont devenir un torrent dévastateur..."
"En entendant leur rumeur" ai-je dit "car la punition que Dieu
vous infligera, race malfaisante, fera le bruit d'un torrent, mais ce seront
des armes et des soldats de la terre et de célestes frondeurs des Cieux, mis en
mouvement sur l'ordre des Chefs du Peuple de Dieu pour vous punir de votre
entêtement. En les entendant vous perdrez votre force, tout pour vous
abandonnera votre fierté, votre courage. vos bras, vos sentiments, tout. Vous
serez exterminés, restes du refuge du péché, porte de l'Enfer ! Vous
avez repris votre arrogance parce qu'Hérode vous a reconstruits ? Mais
vous serez encore rasés jusqu'à ce que vous soyez irrémédiablement chauves,
vous serez frappés par tous les châtiments dans vos villes et vos villages,
dans vos vallées et dans vos plaines. La prophétie n'est pas encore
morte..." et je voulais continuer, mais ils se sont amenés contre nous
et c'est seulement parce que passait par une rue une caravane providentielle
que nous avons pu nous sauver, car déjà les pierres volaient. Elles ont
frappé les chameaux et les chameliers. Il s'en est suivi une bagarre et nous
nous avons filé. Après nous sommes restés tranquillement dans une petite cour
du faubourg. Ah ! moi, je ne viens plus ici..."
"Mais, excuse-moi. Tu les as offensés ! C'est de ta faute !
Maintenant, on comprend pourquoi ils sont venus si hostiles pour nous
chasser !" s'exclame Nathanaël. Et il continue : "Ecoute,
Maître. Nous, c'est-à-dire Simon de Jonas, Philippe et moi, nous étions allés
du côté de la tour qui donne sur la mer. Là il y avait des marins et des
capitaines de navires qui chargeaient des marchandises pour Chypre, la Grèce
et encore plus loin. Et ils adressaient des imprécations au soleil, à la
poussière et à la fatigue. Ils maudissaient leur sort de philistins,
esclaves, disaient-ils, des puissants, alors qu'ils pouvaient être rois. Et
ils blasphémaient les Prophètes et le Temple, et nous tous. Je voulais m'en
aller de là, mais Simon ne voulait pas et il disait : "Non, au
contraire ! Ce sont justement ces pécheurs que nous devons approcher. Le
Maître le ferait et nous devons le faire, nous aussi". "Parle,
alors, toi" avons-nous dit, Philippe et moi. "Et si je ne sais pas
m'y prendre ?" a dit Simon. " Alors, nous t'aiderons"
avons-nous répondu.
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496> Et
Simon est alors allé en souriant vers deux marins qui en sueur s'étaient
assis sur une grosse balle parce qu'ils n'arrivaient pas à la hisser sur le
bateau et il leur a dit : "Elle est lourde, n'est-ce
pas ?" "Plus que lourde, c'est que nous sommes à bout de
forces. Et il faut avoir terminé le chargement, parce que le patron le veut.
Il veut lever l'ancre, au moment de la morte eau car ce soir la mer sera plus
forte et il faut avoir franchi les écueils pour ne pas être en danger"
"Des écueils en mer ?" "Oui, là où l'eau écume. Ce sont
de mauvais passages". "Les courants, n'est-ce pas ? Oui !
Le vent du midi tourne la pointe et là se heurte au courant..." "Tu
es matelot ?" "Pêcheur en eau douce, mais l'eau c'est toujours
l'eau, et le vent c'est toujours le vent. J'ai bu, moi aussi, plus d'une fois
et le chargement s'en est allé au fond plus d'une fois. C'est un beau métier
que le nôtre, mais il est dur. Mais en toute chose il y a le beau et le
vilain côté, le bon et le mauvais. Il n'y a pas d'endroits où il n'y ait que
des méchants, ni de race où tous sont cruels. Avec un peu de bonne volonté,
on se met toujours d'accord et on trouve que partout il y a de braves gens.
Allons ! Je veux vous aider" et Simon a appelé Philippe en
disant : "Allons ! prends de ce côté-ci et moi de celui-là et
ces braves marins nous conduisent là sur le navire vers la cale".
Ils ne voulaient pas les philistins. Puis ils nous ont laissé faire. Une fois
la balle en place et d'autres encore qui étaient sur le pont, Simon s'est mis
à vanter le bateau, comme il sait le faire, à louer la mer, la ville si belle
vue de la mer, à s'intéresser à la navigation en mer, aux villes des autres
nations. Et tous l'entouraient, le remerciaient et le louaient... Jusqu'à ce
que quelqu'un demanda : "Mais toi, d'où es-tu ? De la région
du Nil ?" "Non, de la mer de Galilée, mais comme vous le voyez
je ne suis pas un tigre". "C'est vrai. Tu cherches du
travail ?" "Oui" "Moi, je te prends si tu veux. Je
vois que tu es un matelot capable" dit le patron. "Au contraire,
c'est moi qui te prends". "Moi ? Mais ne m'as-tu pas dit que
tu cherches du travail ?" "C'est vrai, mon travail c'est
d'amener les hommes au Messie de Dieu. Tu es un homme, donc je suis chargé de
toi ". "Mais moi, je suis philistin !" "Et qu'est ce que cela veut dire ?" "Cela veut
dire que vous nous haïssez, nous persécutez depuis le temps des temps. Ils
nous l'ont dit, vos chefs, toujours..." "Les Prophètes hein ?
Mais maintenant les Prophètes sont des voix qui ne crient plus. Maintenant il
n'y a plus que le seul, le grand, le saint Jésus.
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497> Lui ne crie pas, mais il
appelle avec une voix amicale. Il ne maudit pas, mais il bénit. Il n'inflige
pas d'infirmités, mais les fait disparaître. Il ne hait pas et ne veut pas
que l'on haïsse, mais au contraire, il aime tout le monde et il veut que nous
aimions même les ennemis. Dans son Royaume, il n'y aura plus de vaincus et de
vainqueurs, plus de libres ni d'esclaves, plus d'amis et d'ennemis. Elles
n'existeront plus ces catégories qui engendrent le mal, qui sont venues de la
méchanceté humaine. Mais il n'y aura plus que ses disciples, c'est-à-dire des
gens vivant dans l'amour, dans la liberté, dans la victoire sur tout ce qui
est pesant et douloureux. Je vous en prie. Veuillez croire à mes paroles et
le désirer, Lui. Les prophéties ont été écrites, mais Lui est plus grand
encore que les Prophètes, et pour ceux qui l'aiment, les prophéties
n'existent plus. Voyez-vous cette belle ville qu'est la vôtre ? Plus
belle encore vous la retrouverez au Ciel si vous arrivez à aimer notre
Seigneur, Jésus, le Christ de Dieu".
Ainsi parlait Simon, familier et inspiré à la fois. Et tous l'écoutaient avec
attention et respect. Oui, avec respect. Puis d'une rue ont débouché en
hurlant des citadins armés de bâtons et de pierres. Ils nous ont vus et
reconnus, à cause de notre vêtement, comme étant des étrangers, et des
étrangers, je le comprends maintenant, de ta race, ô Judas, et ils ont cru
que nous étions de ta bande. Si ceux du navire ne nous avaient pas protégés,
nous étions frais ! Ils ont descendu une chaloupe et nous ont emmenés en
mer. Ils nous ont fait descendre sur la plage près des jardins où nous étions
le midi et nous sommes revenus de là, en même temps que ceux qui cultivent
des fleurs pour les riches du pays. Mais toi, Judas, tu ruines tout !
Qu'est-ce que c'est que ces manifestations insolentes ?"
"C'est la vérité."
"Mais il faut savoir l'adapter. Pierre aussi n'a pas dit de mensonges,
mais il a su parler!" réplique Nathanaël.
"Oh ! moi ! J'ai cherché à me mettre à la place du Maître, en
pensant : "Lui serait doux, ainsi. Alors, moi aussi..." "
dit Pierre avec simplicité.
"Moi, j'aime la manière forte. C'est plus royal"
"Ton idée fixe ! Tu as tort, Judas. Cela fait un an que le Maître
veut te corriger sur ce point, mais tu ne te prêtes pas à la correction. Tu
es, toi aussi, obstiné dans l'erreur comme ces philistins contre lesquels tu
pars en guerre" objecte Simon le Zélote.
"Quand m'a-t-il corrigé sur ce point ? Et puis, chacun a sa manière
et la met en œuvre."
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498> Simon le Zélote sursaute en
entendant ces paroles. Il regarde Jésus qui se tait et qui, à son regard
évocateur, répond par un léger sourire qui exprime son accord.
"Ce n'est pas une raison". dit avec calme Jacques d'Alphée, et il
continue : "Nous sommes ici pour nous corriger, avant de corriger
les autres. Le Maître a été d'abord notre maître. Il ne l'aurait pas été,
s'il n'avait pas voulu que nous changions nos habitudes et nos idées."
"Il était notre Maître en sagesse..."
"Il l'était ? Il l'est" dit sérieusement le Thaddée.
"Que d'arguties ! Il l'est, oui, il l'est."
"Et aussi, pour le reste, il est le Maître. Pas seulement pour la
sagesse. Son enseignement s'applique à tout ce qui est en nous. Il est
parfait, nous imparfaits. Efforçons-nous donc de devenir comme Lui"
conseille doucement Jacques d'Alphée.
"Je ne vois pas en quoi je me suis trompé. C'est parce que c'est une
race maudite. Tous sont pervertis."
"Non. Tu ne peux le dire" éclate Thomas. "Jean
est allé chez les plus humbles : les pêcheurs qui portaient leurs
poissons au marché. Et regarde ce sac humide. C'est du poisson de première
qualité. Ils ont renoncé à leur gain pour nous le donner. Craignant que celui
du matin ne fût pas frais pour le soir, ils sont retournés en mer et ont
voulu nous prendre avec eux. On paraissait être sur le lac de Galilée, et je
t'assure que si l'endroit le rappelait, si les barques remplies de visages
attentifs le rappelaient aussi, Jean le rappelait encore plus. Il paraissait
un autre Jésus. Les paroles descendaient douces comme le miel de sa bouche
riante et son visage brillait comme un autre soleil. Comme il te ressemblait,
Maître ! J'en étais ému.
Nous avons été pendant trois heures en mer, attendant que les filets, tendus
entre les bouées, fussent remplis de poissons, et ce furent trois heures de
béatitude. Ensuite ils voulaient te voir, mais Jean a dit : "Je
vous donne rendez-vous à Capharnaüm", comme s'il avait dit :
"Je vous donne rendez-vous sur la place de votre pays". Et
pourtant, ils ont promis : "Nous viendrons"
et ils ont pris note. Et nous avons dû nous défendre pour qu'ils ne nous
donnent pas une charge trop lourde de poissons. Ils nous ont donné du plus
fin. Allons le cuire. Ce soir, grand banquet pour nous refaire après le jeûne
d'hier."
"Mais qu'est-ce que tu as bien pu dire ?"demande l'Iscariote
interdit.
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499> "Rien de spécial.
J'ai parlé de Jésus" répond Jean.
"Mais, comme tu en parles toi ! Jean aussi a pris les Prophètes,
mais il les a retournés" explique Thomas.
"Retournés ?" demande l'Iscariote stupéfait.
"Oui,
Toi, des Prophètes tu as extrait l'âcreté, lui, la douceur. Parce que, enfin,
leur rigueur elle-même, c'est de l'amour un amour exclusif, violent, si tu
veux, mais toujours de l'amour envers les âmes, qu'ils voudraient toutes
fidèles au Seigneur. Je ne sais pas si tu y as
jamais réfléchi, toi, élevé parmi les scribes. Moi, oui, en tant qu'orfèvre.
Même l'or, on le martèle et on le passe au creuset pour le rendre plus beau.
Ce n'est pas par haine, mais par amour. C'est ainsi que les Prophètes
agissent avec les âmes. Je le comprends, justement parce que je suis orfèvre.
Il a pris Zacharie, dans sa prophétie, au sujet d'Hadrak
et de Damas et, arrivé à ce point : "À cette vue, Ascalon sera
saisie d'épouvante et Gaza en grande douleur et ainsi qu'Accaron parce
que ton espérance s'est évanouie. Gaza n'aura plus de roi",
il s'est mis à expliquer comment tout cela est arrivé parce que l'homme s'est
détaché de Dieu et, parlant de la venue du Messie qui est pardon d'amour, il
a promis qu'au lieu d'une pauvre royauté, telle que les fils de la terre la
souhaitaient pour leur nation, les hommes qui suivront le Messie dans sa
doctrine, arriveront à posséder une royauté éternelle et infinie au Ciel. Le
dire, ce n'est rien, mais l'entendre ! On semblait entendre, une musique
et s'élever, porté par les anges. Et voilà que les Prophètes qui t'ont donné
des coups de bâton, nous ont donné du poisson excellent."
Judas se tait, déconcerté. "Et vous ?" demande le Maître aux
cousins et au Zélote. "Nous
sommes allés sur les chantiers où travaillent les calfats. Nous aussi, nous avons préféré aller vers les pauvres. Mais il y avait
aussi de riches philistins qui surveillaient la construction de leurs
navires. Nous ne savions pas qui parlerait et alors, comme des enfants, nous
avons joué aux points. Jude a sorti sept doigts, moi quatre, Simon deux. Cela
revenait à Jude, et il a parlé" explique Jacques d'Alphée. "Qu'as-tu
dit ?"demandent-ils tous.
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500> "Je me suis
franchement fait connaître pour ce que je suis, disant qu'à leur hospitalité je
demandais la faveur d'accueillir la parole du pèlerin qui voyait en eux des
frères ayant une origine et une fin commune, et l'espérance non commune, mais
pleine d'amour, de pouvoir les amener dans la maison du Père et de les
appeler "frères" pour l'éternité dans la
grande joie du Ciel. J'ai dit ensuite : "Il a été dit par Sophonie,
notre Prophète : La province maritime deviendra un lieu de bergers...
là, ils feront paître leurs troupeaux et le soir, ils reposeront dans les
maisons d'Ascalon",
et j'ai développé la pensée en disant : "Le Pasteur Suprême est
arrivé parmi vous, armé non pas de flèches, mais d'amour. Il vous tend les
bras, il vous indique ses pâturages saints. Il ne se rappelle le passé que
pour dire aux hommes sa compassion du grand mal qu'ils se font et qu'ils se
sont faits, comme des enfants fous, par la haine, alors qu'ils auraient pu
éviter tant de souffrance par l'amour réciproque, puisqu'ils sont frères.
"Cette terre" ai-je dit "sera le lieu des saints bergers, les
serviteurs du Pasteur Suprême qui savent déjà qu'ici ils auront leurs
pâturages les plus fertiles et les meilleurs troupeaux, et leur cœur, au soir
de leur vie, pourra reposer en pensant à vos cœurs, à ceux de vos fils, plus
familiers des maisons amies, car ils auront comme maître Jésus, notre
Seigneur". Ils m'ont compris. Ils m'ont interrogé, ou plutôt, ils nous
ont interrogés. Et Simon a raconté sa guérison, mon frère, ta bonté
envers les pauvres. La preuve, la voilà: cette bourse bien garnie pour les
pauvres que nous trouverons sur notre chemin. À nous aussi, les Prophètes ne
nous ont pas fait de mal..."
L'Iscariote ne souffle mot. "Eh bien" dit Jésus pour le réconforter
"une autre fois, Judas fera mieux. Il a cru bien faire, en agissant
ainsi. Ayant donc agi dans un but honnête, il n'a péché en aucune façon. Et
je suis content de lui aussi. L'apostolat n'est pas un métier facile, mais il
s'apprend. Une chose me déplaît, de ne pas avoir eu cet argent plus tôt et de
ne pas vous avoir trouvés. Il m'aurait servi pour une famille dans
l'épreuve."
"Nous pouvons revenir en arrière. Il est encore temps... Mais,
excuse-moi, Maître. Comment l'as-tu trouvée ? Qu'as-tu fait, Toi ?
Vraiment rien ? Tu n'as pas évangélisé ?"
"Moi ? Je me suis promené. Par mon silence, j'ai dit à une
prostituée : "Quitte ton péché". J'ai trouvé un enfant, un peu
gamin et je l'ai évangélisé en échangeant des cadeaux. Je lui ai donné la
boucle que Marie Salomé avait mise à mon vêtement à Béthanie, et lui m'a
donné ce travail" et Jésus sort de son vêtement le fantoche caricatural.
Tout le monde regarde et rit. "Puis je suis allé voir les splendides
tapis qu'un ascalonite fabrique pour vendre en
Égypte et ailleurs... puis j'ai consolé une fillette qui a perdu son père, et
j'ai guéri sa mère. C'est tout."
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501> "Et cela te semble
peu?"
"Oui, parce qu'il aurait fallu aussi de l'argent, et je n'en avais
pas."
"Mais, retournons-y nous qui... n'avons donné d'ennuis à personne"
dit Thomas.
"Et ton poisson ?" plaisante Jacques de Zébédée.
"Le poisson ? Le voilà. Vous, qui avez l'anathème sur vous, allez
chez le vieil homme qui nous donne l'hospitalité et commencez à préparer.
Nous nous allons en ville."
"Oui" dit Jésus. "Mais je vous indique la maison de loin. Il y
aura du monde. Moi, je n'y vais pas. Ils me retiendraient. Je ne veux pas
offenser l'hôte qui nous attend en manquant à son invitation. Le manque de
politesse est toujours opposé à la charité."
L'Iscariote baisse encore davantage la tête et il en devient rouge tant il
change de couleur en se rappelant combien de fois il est tombé dans cette
faute.
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