Le samedi 3 février 1945.
122>
96.1 – Jésus est à
Bethsaïde. Il parle debout sur la barque qui l'a amené et qui est comme
échouée sur la rive, attachée à un pieu d'un petit môle rudimentaire.
Beaucoup de gens sont assis en demi-cercle sur le sable pour l'écouter. Jésus
vient de commencer son discours.
"...et je vois ici des gens qui m'aiment bien, vous de Capharnaüm, vous
qui m'avez suivi, laissant de côté le commerce et la tranquillité de la
maison, pour écouter la parole dont je me sers pour vous instruire. Je sais
aussi que plus que les pertes qui nuisent à votre bourse, votre démarche vous
apporte des moqueries et peut vous causer un dommage social. Je sais bien que
Simon, Éli, Urie et Joachim sont contre moi. Contraires aujourd'hui, demain
ennemis. Je vous le dis, car je ne trompe personne et je ne veux pas vous
tromper, vous, mes amis fidèles. Je vous dis que pour me nuire, pour me faire
souffrir, pour triompher de Moi en m'isolant, eux, les puissants de
Capharnaüm, mettront en œuvre tous les moyens... Insinuations, aussi bien que
menaces, moqueries et calomnies. L'ennemi
commun se servira de tout pour arracher
les âmes au Christ et s'en faire une proie. Je vous le dis : qui
persévérera sera sauvé; mais je dis aussi : celui qui aime la vie et le
bien-être plus que le salut éternel, est libre de partir, de me quitter, de
s'occuper de sa petite existence et d'un bien-être passager. Moi, je ne retiens personne.
96.2 – L'homme est un être libre. Je
suis venu le libérer de plus en plus, du péché en ce qui concerne l'esprit
et des chaînes d'une religion déviée, oppressive, qui étouffe sous des flots
de détails, de paroles, de prescriptions, la vraie parole de Dieu
qui est nette, brève, claire, facile, sainte, parfaite. Ma venue passe au
crible les consciences.
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123> Je rassemble
mon grain sur l'aire et je le bats avec la doctrine du sacrifice et je le
crible avec le crible de sa propre volonté. La balle, le
sorgho, la vesce, l'ivraie s'envoleront légères et inutiles, elles tomberont lourdes
et nuisibles et nourriront les oiseaux. Dans mon grenier n'entrera que le
grain choisi, pur, résistant, excellent. Le grain : les saints.
Un défi
séculaire a eu lieu entre l'Éternel et Satan. Satan,
enorgueilli de sa première victoire sur l'homme a dit à Dieu : "Tes
créatures seront pour toujours à moi. Rien, pas même le châtiment, pas même
la Loi que Tu veux leur donner, ne les rendra capables de gagner le Ciel. Cette demeure, la tienne, d'où Tu m'as chassé, dont tu as chassé le seul intelligent parmi tes
créatures, te restera vide, inutile, triste, comme tout ce qui est
inutile". Et l'Éternel a répondu au Maudit : "Cela encore est
en ton pouvoir tant que ton venin est le seul à régner dans l'homme. Mais
J'enverrai mon Verbe, et sa parole neutralisera ton venin, assainira les
cœurs, les guérira de la folie dont tu les as endiablés et eux reviendront à
Moi. Comme des brebis égarées qui retrouvent leur berger, ils retourneront à mon Bercail et le Ciel sera peuplé. C'est pour
eux que Je l'ai fait. Et toi, dans ta rage impuissante, tu grinceras de tes
horribles dents là, dans ton horrible royaume, prisonnier et maudit, les anges
rabattront sur toi la pierre de Dieu. Une fois scellée, les ténèbres et la
haine seront ton partage et celui des tiens. Les chants bienheureux, la
liberté infinie, éternelle, sublime sera le lot des miens". Et Mammon, avec son rire moqueur, a juré :
"Et sur ma Géhenne, je jure, que quand ce sera l'heure, je viendrai. Je
serai partout présent près de ceux qui seront évangélisés et nous verrons qui
des deux, moi ou Toi, sera le vainqueur".
Oui, Satan vous dresse des embûches pour vous cribler et Moi aussi, je vous
entoure pour vous cribler. Il y a deux adversaires : Moi et lui. Vous
êtes entre les deux. C'est le duel de l'Amour contre la Haine, de la Sagesse
contre l'Ignorance, de la Bonté contre le Mal sur vous et autour de vous.
Pour détourner les mauvais
coups qu'il dirige sur vous, ma
présence suffit. Je m'interposerai entre les armes sataniques et vos
personnes, et j'accepte d'être blessé à votre place parce que je vous aime.
Mais les coups qui vous frappent au dedans, c'est vous qui devez les
détourner par votre volonté, en courant vers Moi, en vous mettant sur ma
route qui est Vérité et Vie. Celui qui n'a pas le
ferme désir du Ciel ne le possédera pas.
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124> Celui qui n'est pas capable d'être le disciple du
Christ, sera la balle légère que le vent du monde emporte avec lui. Qui est
ennemi du Christ est une semence nuisible qui renaîtra dans le royaume de
Satan.
96.3 – Je sais pourquoi vous êtes venus,
vous de Capharnaüm. J'ai la conscience parfaitement nette du péché qu'on
m'impute, et au nom de ce péché inexistant on murmure par derrière, en
insinuant que m'écouter et me suivre est complicité avec le pécheur. J'en ai
la conscience si pure que je ne crains pas d'en rendre compte à ceux de
Bethsaïde. Parmi vous, habitants de Bethsaïde, il y a des anciens qui, pour
des raisons diverses, n'ont pas oublié la Belle de
Chorazeïn.
Il y a des hommes qui ont péché avec elle, des femmes qu'elle a fait pleurer.
Je n'étais pas encore venu dire : "Aime celui qui vous nuit"
et après les pleurs, ce fut la jubilation quand elles surent qu'elle était
atteinte de la pourriture passée de ses entrailles impures à la surface de
son corps magnifique. C'était le symbole de la lèpre plus grave qui avait
rongé son âme adultère, homicide, prostituée. Adultère, septante fois sept,
avec tout ce qui s'appelait "homme " et avait de l'argent.
Homicide, sept fois sept fois, de ses enfantements bâtards ; prostituée
par vice et non par besoin.
Oh ! Je vous comprends, femmes trahies ! Je comprends votre
jubilation quand il vous fut dit : "Les chairs de la Belle sont
plus puantes et plus pourries que celles d'une charogne qui gît dans le fossé
d'un grand chemin, proie des corbeaux et des vers". Mais je vous
dis : sachez pardonner. Dieu a exécuté vos vengeances, et puis
encore Dieu a pardonné. Pardonnez vous aussi. Je lui ai pardonné en votre
nom, parce que je sais que vous êtes bonnes, femmes de Bethsaïde, qui me
saluez avec le cri : "Béni l’Agneau de Dieu ! Béni Celui qui
vient au nom du Seigneur !" Si je suis Agneau, et vous me
connaissez comme tel, si je viens parmi vous, Moi Agneau, vous devez devenir
toutes de douces brebis, même celles auxquelles une douleur lointaine,
désormais lointaine, d'épouses trahies a donné l'instinct de fauves qui
défendent leur nids. Je ne pourrais rester parmi vous si vous étiez des
tigresses, des hyènes, Moi qui suis Agneau.
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125> Celui qui vient au nom très saint de Dieu rassembler
les justes et les pécheurs pour les amener au Ciel, il est allé vers la repentie et lui a dit : "Sois purifiée. Va, et
expie". Cela je l'ai fait le jour du sabbat. Et de cela on m'accuse.
Accusation officielle. La seconde est d'avoir approché une prostituée. Une
qui avait été prostituée mais qui n'était plus qu'une âme pleurant son péché.
Et bien ! Je vous dis : je l'ai fait et le ferai encore.
Amenez-moi le Livre : scrutez-le, étudiez-le, dans toute sa profondeur. Trouvez
si possible, un passage qui défend au médecin de soigner un malade, à un
lévite de s'occuper de l'autel, à un prêtre d'écouter un fidèle, et
uniquement parce que c'est le sabbat. Et Moi, si vous le trouvez et me le montrerez, je
dirai, en me battant la poitrine : "Seigneur, j'ai péché en ta
présence et en présence des hommes. Je ne suis pas digne de ton pardon, mais
si Tu veux être pitoyable envers ton serviteur, je te bénirai jusqu'à mon
dernier soupir". Car cette âme était une malade, et les malades ont
besoin du médecin. C'était un autel profané et il avait besoin qu'un lévite
le purifiât. C'était un fidèle qui allait pleurer dans le vrai Temple du Vrai
Dieu et il avait besoin du prêtre pour l'y introduire. En vérité je vous dis
que je suis Médecin, Lévite, Prêtre. En vérité je vous dis que, si je ne fais
pas mon devoir en laissant périr même une seule des âmes qu'aiguillonne le
désir du salut, en ne la sauvant pas, le Dieu Père m'en demandera compte et
me punira pour la perte de cette âme.
Voilà mon péché, d'après les puissants de Capharnaüm. J'aurais pu attendre le lendemain du sabbat pour la
guérir. Oui. Mais pourquoi attendre vingt quatre heures pour remettre dans la
paix de Dieu un cœur contrit ? Il y avait en ce cœur une humilité vraie,
une vraie sincérité, une douleur parfaite. J'ai lu en ce cœur. Son corps
était encore lépreux, mais son cœur était déjà guéri par le baume des années
de larmes, de repentir, d'expiation. Ce cœur n'avait besoin pour être
approché de Dieu, sans pour cela rendre impur par ce voisinage l'air de
sainteté qui entoure Dieu, que de ma consécration renouvelée. Je l'ai faite.
Elle est sortie du lac pure aussi dans sa chair, mais encore plus pure en son
cœur.
96.4 – Combien, oh ! combien de
ceux qui sont entrés dans les eaux du Jourdain pour obéir à l'ordre du Précurseur n'en sont pas sortis aussi purs qu'elle ! Car leur baptême n'était pas un acte volontaire, ressenti, sincère d'un
esprit qui voulait se préparer à mon avènement, mais une formalité pour
paraître parfaits en sainteté aux yeux du monde. C'était donc hypocrisie et
orgueil. Deux fautes qui venaient s'ajouter au monceau de fautes qui
existaient déjà en leurs cœurs.
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126> Le baptême de Jean n'était qu'un symbole. Il voulait
dire : "Purifiez- vous de l'orgueil, humiliez-vous en vous avouant
pécheurs; purifiez-vous de vos péchés de luxure en vous lavant de ce qui
reste en vous". Le baptême efficace est celui qui répond à la volonté de
votre âme, de devenir pure pour le banquet de Dieu. Il n'y a pas de faute si grande qu'elle ne puisse être
lavée par le repentir d'abord, puis par la Grâce ensuite, enfin par le
Sauveur. Il n'y a pas de pécheur si grand qu'il ne puisse lever son visage
humilié et sourire à une espérance de rédemption. Il lui suffit de renoncer
complètement à la faute, de résister héroïquement à la tentation, d'être
sincère dans la volonté de renaître.
96.5 – Moi, à présent, je vais vous
dire une vérité qui semblerait à mes ennemis un blasphème. Mais vous, vous
êtes mes amis. Je parle spécialement pour vous, disciples que j'ai déjà
choisis et puis, pour vous tous qui m'écoutez. Je
vous dis : les anges, esprits purs, et parfaits, qui vivent dans la lumière
de la Très Sainte Trinité et, en Elle, sont comblés
de joie, ont, dans leur perfection et reconnaissent de l'avoir, une
infériorité par rapport à vous qui êtes si loin du Ciel. Ils ont
l'infériorité de ne pouvoir se sacrifier et souffrir pour coopérer à la
rédemption de l'homme. Et qu'en pensez-vous ? Dieu ne prend pas un ange
pour lui dire : "Sois le rédempteur de l'humanité". Mais Il
prend son Fils. Et sachant bien que ce Sacrifice, tout en ayant une valeur
incalculable, et que son pouvoir soit infini, Il sait qu'il lui manque
quelque chose - car sa bonté de Père ne veut pas faire de différence entre le
Fils de son amour et les fils de sa puissance - il manque quelque chose à la
somme des mérites qu'il faut opposer à la somme des péchés que d'heure en heure
l'humanité accumule. Mais Il ne prend pas d'autres anges pour combler la
mesure et Il ne leur dit pas : "Souffrez pour imiter le
Christ", mais c'est à vous qu'Il s'adresse, à vous les hommes.
Il vous dit : "Souffrez, sacrifiez-vous, soyez semblables à mon
Agneau. Soyez corédempteurs..." Oh ! voici que je vois des cohortes
d'anges qui, cessant un instant de tourner dans une extase d'adoration autour
de la Trinité qui est leur Centre s'agenouillent tournés vers la terre et
disent : "Bénis soyez vous vous qui pouvez souffrir avec le Christ
et pour le Dieu éternel, le nôtre et le vôtre !"
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127> Beaucoup ne comprendront pas encore cette grandeur.
Elle est trop au-dessus de l'homme. Mais quand l'Hostie sera immolée quand le
Grain éternel ressuscitera pour ne plus jamais mourir après avoir été
moissonné, battu, dépouillé et enseveli dans les entrailles du sol, alors
viendra l'Illuminateur superspirituel et Il éclairera les esprits, même les
plus lents, demeurés cependant fidèles au Christ Rédempteur, alors vous
comprendrez que je n'ai pas blasphémé, mais que je vous ai annoncé la plus
haute dignité de l'homme : celle d'être corédempteur, même si d'abord il
n'était que pécheur.
96.6 – En attendant, préparez-vous à
cette destinée avec pureté de cœur et d'intention. Plus purs vous serez et
plus vous comprendrez. Car l'impureté, quelle qu'elle soit, est toujours une fumée qui obscurcit et alourdit la vue et l'intelligence.
Soyez purs. Commencez à l'être en votre corps pour passer ensuite à l'esprit.
Commencez par les cinq sens pour passer aux sept passions. Commencez par l’œil : le sens de la vue est roi, il ouvre le chemin à
la plus mordante et la plus complexe des faims. L’œil voit la chair de la
femme et désire la chair. L’œil voit l'opulence des riches et désire l'or.
L’œil voit la puissance de ceux qui gouvernent et désire le pouvoir. Ayez un
œil paisible, honnête, modéré, pur, et vous aurez des désirs paisibles,
honnêtes, modérés et purs. Plus pur sera votre œil et plus pur sera votre
cœur. Veillez- avec soin sur votre œil, avide de découvrir les pommes
tentatrices. Soyez chastes dans vos regards si vous voulez être chastes dans
votre corps. Si vous avez la chasteté de la chair, vous aurez la chasteté des
richesses et de la puissance. Vous aurez toutes les chastetés et serez les
amis de Dieu. Ne craignez pas qu'on vous raille si vous
êtes chastes. Craignez seulement d'être les ennemis de Dieu.
Un jour, j'ai entendu dire : "Le monde te ridiculisera comme menteur ou comme eunuque
si tu montres n'avoir pas d'attrait pour la femme". En vérité je vous
dis que Dieu a établi le mariage pour vous élever à son imitation dans la
procréation et à sa coopération pour peupler le Ciel. Mais il y a un état
plus élevé, devant lequel s'inclinent les anges qui en voient la sublimité
sans pouvoir l'imiter. Cet état, parfait, quand il dure de la naissance à la
mort, n'est cependant pas fermé à ceux qui ne sont plus vierges, mais qui
réduisent à rien leur fécondité d'hommes ou de femmes, qui annulent leur
virilité animale pour devenir féconds et virils seulement en leurs esprits.
C'est l'état d'eunuque sans imperfection naturelle ni mutilation violente ou
volontaire.
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128> Cet état n'interdit pas d'approcher de l'autel, bien au contraire, dans les siècles à venir, ceux qui
s'y obligent serviront l'autel et l'entoureront. C'est l'état le plus élevé
séparant la volonté de tout ce qui n'est pas l'appartenance à Dieu seul,
gardant pour Lui la chasteté du corps et du cœur pour avoir éternellement la
blancheur lumineuse chère à l'Agneau.
96.7 – J'ai parlé pour le peuple et
pour ceux du peuple qui sont choisis. Maintenant, avant d'entrer pour rompre
le pain et partager le sel dans la maison de Philippe, voici que je vous bénis tous : les bons pour les récompenser,
les pécheurs pour leur mettre au cœur le courage de venir vers Celui qui est
venu pour pardonner. La paix soit avec vous tous."
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