Catéchèse du
mardi 21 mars 1944
251> 37.4 -
Jésus
dit :
"Je t'ai consolée, mon âme, avec une vision de ma petite enfance
heureuse dans sa pauvreté, parce que entourée de l'affection de deux saints,
les plus grands que le monde ait possédé.
37.5 -
On dit que Joseph
fut mon nourricier. Bien sûr, il n'a pas pu, puisqu'il était homme, me donner
le lait comme Marie
qui m'en a nourri, mais il s'est fatigué au travail pour me procurer le pain
et des aliments fortifiants. Il a eu pour Moi la tendresse d'une vraie mère.
J'ai appris de lui - et jamais élève n'eut un meilleur maître - tout ce qui
d'un bambin fait un homme et un homme qui doit gagner son pain.
Si mon intelligence de Fils de Dieu était parfaite, il faut réfléchir et
croire que je n'ai pas voulu m'affranchir bruyamment des règles de la
croissance. Rabaissant donc la perfection de mon intelligence divine au
niveau de la compréhension humaine, je me suis assujetti à avoir pour maître
un homme et à avoir besoin d'un maître. Que si par la suite j'ai appris
rapidement, cela ne m'enlève pas le mérite de m'être mis sous la dépendance
d'un homme, ni à cet homme juste le mérite d'avoir nourri ma petite
intelligence des connaissances nécessaires à la vie.
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252> Les doux moments passés à côté de
Joseph qui, comme en jouant, m'amenait à être capable de travailler, je ne
les oublierai pas, même maintenant que je suis au Ciel. Et, quand je revois
mon père putatif, et le petit jardinet et l'atelier enfumé, il me semble voir
apparaître la Maman avec son sourire qui rendait le logis merveilleux et me
comblait de joie.
37.6 -
Combien les familles
auraient à apprendre de cette perfection d'époux qui s'aimèrent comme nuls
autres ne se sont aimés !
Joseph était le chef. Indiscutée et indiscutable son autorité dans la
famille. Devant elle s'inclinait respectueusement celle de l'Épouse et Mère
de Dieu et le Fils de Dieu s'y assujettissaient. Tout était bien fait, de ce
que Joseph décidait de faire, sans discussions, sans objections, sans
résistances. Sa parole était notre petite loi que nous suivions. Et, malgré
cela, en lui quelle humilité ! Jamais un abus de pouvoir, jamais un
vouloir déraisonnable venant du fait de son autorité. L'épouse était sa douée
conseillère et si dans son humilité profonde elle se considérait comme la
servante de son conjoint, lui tirait de la sagesse de Celle qui était pleine
de Grâce, la lumière qui le guidait en toutes circonstances.
Et Moi, je grandissais comme une fleur protégée par deux arbres vigoureux,
entre deux amours qui s'entrelaçaient au-dessus de Moi, pour me protéger et
m'aimer.
Non, tant que ma jeunesse me fit ignorer le monde, je ne regrettais pas le Paradis.
Dieu le Père et le Divin Esprit
n'étaient pas absents parce que Marie en était remplie, et les anges avaient
là leur demeure car rien ne les éloignait de cette maison. L'un d'eux,
pourrais-je dire, s'était incarné et c'était Joseph, âme angélique, libérée
du poids de la chair uniquement occupé à servir Dieu et ses intérêts et à
l'aimer comme l'aiment les séraphins. Le regard de Joseph ! Tranquille
et pur comme la lumière d'une étoile qui ignore les concupiscences de la
terre. C'était notre repos, notre force.
37.7 -
Beaucoup s'imaginent que je n'ai pas humainement souffert quand s'éteignit le
regard de ce saint qui veillait sur notre maison. Si j'étais Dieu et si je
connaissais comme tel le sort heureux de Joseph, et si, pour cette raison, je
n'étais pas affligé de son départ, qui après un court séjour aux Limbes lui devait ouvrir le Ciel, comme
Homme, j'ai pleuré dans la maison privée de son affectueuse présence .
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253> J'ai pleuré sur l'ami disparu. Et
n'aurais-je pas dû pleurer sur ce saint qui m'était si proche, sur le cœur
duquel j'avais dormi tout petit et qui pendant tant d'années m'avait entouré
de son amour ?
37.8 -
Enfin je fais observer aux parents comment sans le secours d'une formation pédagogique, Joseph sut faire de Moi un
brave travailleur.
À peine arrivé à l'âge où je pouvais manier les outils, il ne me laissa pas moisir dans l'oisiveté, il me mit au travail,
et de mon amour pour Marie il se fit le premier auxiliaire pour m'encourager
au travail. Confectionner des objets utiles pour la Maman, c'est ainsi qu'il
inculquait le respect dû à la maman que tout fils devrait avoir. C'était sur
ce levier du respect et de l'amour qu'il s'appuyait pour former le futur
charpentier.
Où sont aujourd'hui les familles
dans lesquelles on fait aimer le travail aux jeunes enfants pour leur
apprendre à faire plaisir à leurs parents ? Les enfants, maintenant,
sont des despotes dans la maison. Ils grandissent durs, indifférents,
grossiers envers leurs parents. Ils les considèrent comme leurs domestiques,
leurs esclaves. Ils ne les aiment pas et en sont peu aimés. C'est qu'en
faisant de vos fils des violents coléreux, vous vous séparez d'eux avec un
absentéisme honteux.
Ils sont les fils de tout le monde. Mais à vous ils ne vous appartiennent
pas, ô parents du XXe siècle. Ils sont beaucoup plus les fils de la nourrice, de l'institutrice, ils
appartiennent au collège, si vous êtes riches. Aux compagnons, à la rue, à
l'école, si vous êtes pauvres. Ils ne sont plus à vous. Vous, les mères, vous
les engendrez et c'est tout. Vous, les pères, vous n'en avez pas davantage de
souci. Mais un fils, n'est pas seulement un être de chair. C'est une
intelligence, un cœur, un esprit. Croyez-le, donc, personne plus qu'un père
et une mère n'a le droit et le devoir de former cette intelligence, ce cœur,
cet esprit.
37.9 -
La famille existe et doit exister. Il n'y a pas de théorie ou de progrès qui puisse s'opposer à cette vérité sans
provoquer la ruine. D'une famille qui se désagrège, ne peuvent venir dans
l'avenir que des hommes et des femmes toujours plus dépravés et qui causeront
de plus grandes ruines.
Et je vous dis en vérité, qu'il vaudrait mieux qu'il n'y eût plus de
mariages, ni d'enfants sur la terre, plutôt que d'y avoir des familles moins
unies tels que sont les tribus de singes, des familles qui ne sont pas des
écoles de vertu, de travail, d'amour, de religion, mais un chaos où chacun
vit pour soi comme des engrenages mal assemblés qui finissent par se rompre.
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