Vision du mardi 21
mars 1944
249> 37.1 -
Je vois apparaître, doux comme un rayon de soleil en un jour de pluie, mon Jésus, petit
enfant de cinq ans environ tout blond et charmant dans son simple habit bleu
ciel qui descend à moitié de ses mollets grassouillets. Il joue dans le petit
jardin avec de la terre. Il en fait des petits tas et y plante des petites
branches comme pour faire des bosquets en miniature; avec des cailloux il
fait des chemins et puis, il voudrait faire un petit lac au pied de ces
minuscules collines. Pour y arriver, il prend un fond de quelque plat qu'il
enterre jusqu'au bord. Puis il le remplit d'eau avec un récipient qu'il
plonge dans un bassin servant de lavoir ou pour l'arrosage du petit jardin. Mais il n'arrive qu'à mouiller son vêtement et spécialement les
manches. L'eau fuit du plat fêlé et peut-être fissuré et... le lac est à sec.
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250> Joseph
apparaît sur le seuil et tout à fait silencieux reste à regarder pendant
quelque temps le travail du Bambin et sourit. C'est bien un spectacle égayant
et qui fait sourire. Puis pour l'empêcher de se mouiller davantage, il
l'appelle. Jésus se retourne souriant et voyant Joseph, court vers lui, les
bras tendus. Joseph, avec un coin de son court vêtement de travail, essuie
les petites mains salies et mouillées et embrasse Jésus. Et un doux dialogue
se noue entre les deux.
Jésus explique son travail et son jeu et les difficultés qu'il rencontre dans
l'exécution. Il voulait faire un lac comme celui de Génésareth (ce qui me
fait supposer qu'on lui en avait parlé ou qu'on l'y avait conduit). Il
voulait le faire en petit pour s'amuser. Ici était Tibériade, là Magdala,
plus loin Capharnaüm. Cette route, en passant par Cana, conduisait à
Nazareth. Il voulait lancer des petites barques sur le lac : ces
feuilles sont des barques pour aborder l'autre rive, mais l'eau fuit...
Joseph observe et s'intéresse comme si c'était une chose sérieuse. Puis il
lui propose de faire le lendemain un petit lac, non pas avec un plat ébréché,
mais avec un petit bassin de bois, bien collé, sur lequel Jésus aurait pu
lancer des petites barques de bois que Joseph lui aurait appris à fabriquer.
37.2 -
Justement en ce moment il vient lui apporter des petits instruments de
travail faits exprès pour lui afin qu'il pût sans fatigue apprendre à s'en
servir.
"Comme ça je t'aiderai" dit Jésus avec un sourire.
"Comme ça tu m'aideras et tu deviendras un brave menuisier. Viens les
voir."
Ils entrent dans l'atelier. Joseph lui montre un petit marteau, une petite
scie, des minuscules tournevis,
un petit rabot, étalés sur un établi de menuisier en herbe, un établi à la
taille du petit Jésus.
"Vois : pour scier, on met le bois en
l'appuyant de cette façon. On prend la scie de cette manière en prenant garde
de ne pas toucher les doigts, on scie. Essaye..."
La leçon commence. Jésus rougit par l'effort qu'il fait, il serre les lèvres,
scie avec attention et puis il rabote la petite planche, et même si un peu
tordue elle lui semble jolie. Joseph le félicite et lui apprend à travailler
avec patience et amour.
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37.3 -
Marie
revient. Elle était sûrement sortie de la maison. Elle s'arrête à
l'entrée et regarde. Les deux ne la voient pas, car ils tournent le dos. La
Maman sourit en voyant le zèle de Jésus qui manie le rabot et la tendresse
avec laquelle Joseph l'instruit.
Mais Jésus devait sentir ce sourire. Il se retourne, voit la Maman et court à
elle avec sa planche à moitié rabotée et la lui montre. Marie admire et se
penche pour donner un baiser à Jésus. Elle redresse ses cheveux ébouriffés,
essuie la sueur de son visage, écoute affectueusement Jésus qui lui promet de
lui faire un petit escabeau pour qu'elle soit plus à l'aise quand elle
travaille. Joseph, debout près du minuscule établi, les mains aux hanches,
regarde et sourit.
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