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36.1 -
Douce vision de la Sainte Famille. C'est en Égypte. Je n'en puis douter car
je vois le désert et une pyramide .
Je vois une maisonnette toute blanche, qui n'a que le rez-de-chaussée. Une
pauvre maison de très pauvres gens.
Les murs sont à peine crépis et revêtus d'une seule couche de chaux.
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La petite maison a deux portes, voisines l'une de l'autre qui donnent accès à
deux uniques pièces où, pour l'instant, je n'entre pas. L'habitation est au
milieu d'un petit terrain sableux enclos de roseaux enfoncés dans le sol,
faible défense contre les voleurs. Cela ne peut servir que contre quelque
chien ou chat vagabond. Mais, au fait, qui aurait idée de voler là où il est
visible qu'il n'y a pas ombre de richesse ?
Sur l'enceinte des roseaux, rendue ainsi plus épaisse et moins misérable on a
fait pousser des plantes grimpantes qui me paraissent être de modestes
liserons. Sur un seul côté, un arbuste de jasmin en fleurs et un buisson de
roses des plus communes. Le terrain est cultivé patiemment, bien qu'aride et
pauvre, pour en faire un petit jardin. Je vois de très maigres légumes dans
quelques petites plates-bandes au milieu, sous un arbre de haute futaie que
je ne puis identifier, il projette un peu d'ombre sur le terrain brûlé par le
soleil et sur la petite maison. À cet arbre est attachée une petite chèvre
blanche et noire qui broute et rumine les feuilles de quelques branches
jetées sur le sol.
(Matarea dessiné par Lorenzo Ferri
sur les indications de Maria Valtorta)
36.2 -
Et là, sur une natte étendue par terre se trouve Jésus Enfant. Il me paraît avoir deux
ans, deux ans et demi au maximum. Il joue avec des
morceaux de bois taillés qui semblent des brebis ou des chevaux et avec des
rubans de bois blanc moins bouclés que ses cheveux d'or. Avec ses petites
mains potelées, il cherche à mettre ces colliers de bois aux cous de ses
animaux.
Il est bon et souriant. Très beau. Une petite tête avec des cheveux d'or tous
bouclés, épais. Son teint est clair, délicatement rosé, ses yeux vifs,
brillants, d'azur foncé. L'expression est naturellement différente, mais je
reconnais la couleur des yeux de mon Jésus : deux saphirs sombres très
beaux. Il est vêtu d'une longue chemise blanche qui Lui sert de tunique. Les
manches arrivent au coude. Aux pieds, rien pour le moment. Les minuscules
sandales sont sur la natte et servent elles aussi de jouet au Bébé. Il y
attelle ses animaux qui tirent la sandale par la courroie comme si c'était
une petite charrette. Ce sont des sandales très simples : une semelle et
deux courroies qui partent l'une de la pointe, l'autre du talon. Celle qui
part de la pointe bifurque ensuite à un certain endroit. Une partie passe
dans l'ouverture de la courroie qui vient du talon pour aller s'agrafer avec
l'autre partie qui forme un anneau au cou du pied.
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36.3 -
Un peu à l'écart, elle aussi à l'ombre de l'arbre, c'est la Vierge Marie.
Elle tisse sur un métier rustique et surveille le Bébé. Je vois ses mains minces
et blanches aller et venir en jetant la navette sur la trame et le pied
chaussé d'une sandale qui meut la pédale. Elle porte une tunique, couleur
violet rosé comme la couleur de la fleur de mauve. Elle a la tête nue et
ainsi je peux observer qu'elle a ses cheveux blonds séparés en deux bandeaux
sur la tête. Ils sont ensuite simplement tressés et retombent agréablement
sur la nuque. Les manches de son vêtement sont longues et plutôt étroites.
Pas d'autre ornement que sa beauté et la très douce expression de son visage.
Son teint, la couleur des cheveux et des yeux, la forme du visage tout est
comme je la vois d'ordinaire. Ici elle paraît très jeune à peu près dans les
vingt ans .
A un moment elle se lève et se penche vers le Bébé; elle Lui remet ses sandales
et les lace soigneusement. Puis, elle le caresse et Lui dépose un baiser sur
la tête et sur les yeux. Le Bébé balbutie et elle répond, mais je ne
comprends pas les paroles. Puis, elle revient à son métier; sur la toile et
sur la trame elle étend un linge, prend le tabouret sur lequel elle était
assise, et le porte à la maison. Le Bébé la suit du regard, sans l'importuner
quand elle le laisse seul.
On voit que le travail est fini et que le soir arrive. En effet, le soleil
descend sur les sables dénudés et un véritable incendie envahit tout le ciel
derrière la lointaine pyramide.
Marie revient, prend Jésus par la main et le fait se lever de sa natte. Le
Bambin obéit sans résistance. Pendant que la Maman ramasse les jouets et la
natte, et les rentre à la maison. Lui court, trottinant de ses petites jambes
vers la chevrette et lui met les bras au cou. La chevrette bêle et frotte son
museau contre les épaules de Jésus.
Marie revient. Maintenant elle a un long voile sur la tête et une amphore
dans les mains. Elle prend Jésus par sa menotte et ils se dirigent tous les
deux en tournant autour de la maisonnette vers l'autre façade.
Je les suis admirant la grâce du tableau. La Madone qui règle son pas sur
celui du Bambin et le Bambin qui trottine à son côté. Je vois les talons
rosés qui se lèvent et se posent avec la grâce spéciale de la démarche des
enfants, dans le sable du sentier. Je note que sa petite tunique ne descend
pas jusqu'aux pieds mais arrive seulement au milieu du mollet. Elle est très
proprette, toute simple, retenue à la taille par un cordon, blanc lui aussi.
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243>
Je vois que sur le devant de la maison la haie est interrompue
par une grille rustique. Marie l'ouvre pour sortir sur la rue. C'est une
pauvre rue à l'extrémité d'une cité ou d'un pays quelconque là où ce dernier
fait place à la campagne. C'est un chemin de sable avec quelque autre
maisonnette comme celle-ci avec un pauvre jardinet. Je ne vois personne.
Marie regarde du côté du centre, pas vers la campagne, comme si elle
attendait quelqu'un, puis elle se dirige vers un bassin ou un puits
quelconque qui se trouve à quelque dix mètres au dessus et sur lequel des
palmiers font un cercle d'ombre. Je vois que le terrain à cet endroit est
couvert d'herbes verdoyantes.
36.4 -
Ici je vois arriver en avant par la rue un homme pas trop grand, mais
robuste. Je reconnais Joseph
qui sourit. Il est plus jeune que quand je l'avais vu dans la vision du Paradis .
Il paraît avoir quarante ans au plus. La barbe et les cheveux sont épais et
noirs, la peau plutôt bronzée, les yeux foncés. Un visage honnête et
agréable, un visage qui inspire confiance. En voyant Jésus et Marie, il hâte
le pas. Il a sur l'épaule gauche une espèce de scie et une sorte de rabot, et
à la main il tient d'autres outils de son métier, différents de ceux de
maintenant mais pas tellement. Il semble revenir de travailler de chez
quelqu'un.
Il porte un vêtement de couleur entre noisette et marron pas très long — il
arrive un peu au-dessus de la cheville — et les manches arrêtent au coude. A
la taille, une ceinture de cuir, me semble-t-il. Une vraie tenue de
travailleur. Aux pieds des sandales avec des courroies qui s'entrecroisent
aux chevilles.
Marie sourit. Le Bébé pousse des cris de joie et tend son bras libre. Quand
les trois se rencontrent, Joseph se penche pour présenter au Bébé un fruit
qui par la forme et la couleur semble une pomme. Puis il tend les bras. Le
Bébé laisse sa Mère et se blottit dans les bras de Joseph courbant sa tête
dans le creux de l'épaule de Joseph qui Lui donne et en reçoit des baisers.
Un mouvement tout plein de gracieuse affection.
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244> J'oubliais de dire
que Marie s'était empressée de prendre les outils de Joseph pour le laisser
libre d'embrasser le Bébé.
Puis Joseph qui s'était accroupi pour se mettre au niveau de Jésus, se
relève, reprend de la main gauche ses outils et avec le bras droit tient
serré sur sa poitrine robuste, le petit Jésus. Il se dirige vers la maison
pendant que Marie va à la fontaine remplir son amphore.
Entré dans l'enceinte de la maison, Joseph met par terre le Bébé, prend le
métier de Marie et le rentre, puis trait la chèvre. Jésus observe
attentivement ces opérations et regarde Joseph qui enferme la chèvre dans un
petit réduit construit sur un côté de la maison.
Le soir tombe. J'observe le rouge du crépuscule qui prend une teinte violacée
au-dessus des sables où par la chaleur l'air semble en vibration. La pyramide
paraît plus sombre.
Joseph entre dans la maison dans une pièce qui doit être à la fois atelier,
cuisine, salle à manger. On croit que l'autre est réservée au repos, mais je
n'y entre pas. Au niveau du sol, il y a un foyer allumé et, toujours dans
cette pièce, un établi de menuisier, une petite table, des tabourets, des
étagères avec, dessus, quelques pièces de vaisselle et deux lampes à huile.
Dans un coin le métier de Marie. Il y a beaucoup, beaucoup d'ordre et de
propreté. Demeure très pauvre, mais très propre.
Voilà une remarque que je fais : dans
toutes les visions relatives à la vie humaine de Jésus, j'ai remarqué que
Lui, aussi bien que Marie et Joseph, ainsi que Jean ont toujours des
vêtements en bon état et propres, une chevelure soignée, sans recherche, des
habits modestes, une coiffure simple mais d'une netteté qui leur donne de la
distinction.
36.5 -
Marie revient avec l'amphore et on ferme la porte sur la nuit qui tombe
rapidement. La pièce est éclairée par une lampe que Joseph a allumée et qu'il
a placée sur son établi où il se penche pour travailler encore à des bricoles
pendant que Marie prépare le souper. Le feu aussi éclaire la pièce. Jésus,
les mains appuyées sur l'établi et la tête dressée, observe ce que fait Joseph.
Puis ils s'assoient à table après avoir prié. Ils ne font pas naturellement
le signe de croix, mais ils prient. C'est Joseph qui prie et Marie qui
répond. Mais je ne comprends rien. Ce doit être un psaume. Mais on le dit
dans une langue qui m'est totalement inconnue.
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245>
Ils se mettent alors à table. Maintenant la lampe est sur la
table. Marie a sur son sein Jésus à qui elle fait boire le lait de la chevrette.
Elle y trempe des morceaux de pain coupés dans une miche ronde dont la croûte
est noire, noire aussi à l'intérieur. Ce doit être un pain de seigle ou
d'orge. C'est parce que c'est du pain bis qui a beaucoup de son. Joseph mange
en même temps du pain et du fromage, un morceau de fromage avec beaucoup de
pain. Puis Marie assoit Jésus sur un petit tabouret en face d'elle. Elle
apporte des légumes cuits - ils me semblent cuits à
l'eau et assaisonnés comme nous les faisons nous aussi d'ordinaire - elle en
mange, elle aussi après que Joseph s'est servi. Jésus mange tranquillement sa
pomme et sourit, découvrant ses petites dents blanches. Le repas se termine
avec des olives ou des dattes : je ne comprends pas bien : pour des
olives elles sont trop claires, pour des dattes elles sont trop dures. Du
vin, rien. Repas de pauvres gens.
Mais elle est si grande la paix que l'on respire dans cette pièce. La vue
d'un riche appartement de roi ne pourrait me présenter rien d'aussi charmant.
Et quelle harmonieuse entente !