TEXTES DELA MESSE.
Lecture de la bénédiction des rameaux
: Exode
15, 27 ; 16, 1-7.
Introït : Psaume 21 (Hébreu 22), 20.22.2.
Collecte: Dieu éternel et
tout-puissant qui, pour donner au genre humain l'exemple de l'humilité, as
fait revêtir la chair et subir le supplice de la croix à notre Sauveur,
accorde-nous de mériter d'accueillir les enseignements de ta patience, afin
que nous puissions prendre part à sa résurrection. Par N.S.J.C.
Épître: Philippiens
2, 5-11.
Graduel : Psaume
72 (Hébreu 73),24.1-3.
Trait : Psaume 21 (Hébreu 22),2-9.18-19.24.32.
Évangile: Matthieu
26, 1-75 ; 27,
1-66.
Offertoire: Psaume
68 (Hébreu 69),21-22.
Secrète: " Fais, Seigneur,
que cette offrande présentée aux regards de ta majesté nous obtienne la grâce
d'un vrai don de nous-mêmes et nous acquière la bienheureuse éternité. Par
N.S.J.C.
Communion: Mt 26, 42.
Postcommunion: " Que, par l'action de
ce sacrement, Seigneur, nos mauvais penchants soient extirpés, et nos bons
désirs comblés. Par N.S.J.C. "
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Dimanche 14 avril 1946.
57> Azarias
dit :
"La lecture qui précède la bénédiction des rameaux ne fait pas partie de
la sainte messe, mais fait partie de la liturgie d'aujourd'hui.
Un jour, au début de l'instruction que tu reçois du très saint Seigneur
Jésus, il t'a dit : «Dans les pages du Livre, dans l'histoire de mon peuple,
les événements du futur se dissimulent sous des figures et des faits».
On applique généralement aux
soixante-dix palmiers de l'oasis d'Elim
la figure des rameaux d'aujourd'hui. Mais mon Seigneur m'accorde de
t'instruire sur la vraie figure de cette lecture.
58> Le peuple d'Israël, après les temps saints
des patriarches, que l'on pourrait comparer à des terres fertiles riches de
toutes sortes de biens, s'était corrompu, devenant «désert fertile» où seulement de
rares oasis et d'encore plus rares fontaines montraient que tout n'était pas
mort ; comme un rappel de pitié céleste elles attiraient les âmes perdues,
mais de bonne volonté, auprès des esprits solitaires des justes d'Israël. Les
patriarches, les juges et les prophètes, les grands rois d'Israël, les
Maccabées, Judith, Esther, Joël, Tobie, Néhémie, les saints, voilà les
palmiers et les fontaines au milieu de la conscience aride et désolée
d'Israël qui, ingrat, s'éloignait de son bienfaiteur en en oubliant les
bienfaits.
Celui qui avait donné à son peuple cette terre déjà promise, dont la beauté
surpassait toute espérance des patriarches, retrouva son bien dans ce triste
état. C'est ainsi que la trouva le Christ quand il descendit pour accomplir
la seconde partie des grandes promesses faites à Abraham,
c'est-à-dire qu'après lui avoir donné, ainsi qu'à sa descendance, la terre
vue en vision et une postérité plus nombreuse que les étoiles, il restait la
grande promesse de lui donner le Messie né du sein d'une fille d'Abraham pour
racheter le monde.
Au peuple mourant dans l'aridité du désert, le Christ donna l'oasis
avec douze sources et soixante-dix palmiers, pour qu'il trouve soulagement,
nourriture et puisse camper dans l'oasis du Sauveur.
Voici le véritable don de Jésus : ses douze apôtres qu'il a laissés pour le
perpétuer dans le magistère afin de donner aux âmes l'eau vive des paroles
divines, et l'aliment contenu dans les sacrements. Un autre véritable don du
très saint Jésus, c'est l'ensemble des soixante-douze disciples, assistants
des apôtres, qui furent avec eux le noyau initial de l'Église apostolique,
l'oasis autour de laquelle les foules des croyants sont venues en toujours
plus grand nombre, l'oasis qui s'est répandue en fertilisant le sol,
victorieuse du désert, jusqu'à élever ses glorieux rameaux en tout point de
la terre. L'oasis qui restaure, l'oasis qui sauve.
Vois donc cette vérité dans la première partie de ce passage de l'Exode, et
ne sois jamais semblable au peuple qui, si proche des sources et des palmiers
d'Élim, murmura contre ce don de notre Seigneur
Jésus.
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59> La
seconde figure, c'est le Pain du Ciel, la manne que l'homme ne pouvait
imaginer ni exiger, que l'homme ne pouvait se
donner à lui-même, mais que le Seigneur éternel prodigue à ses fils pour
qu'ils ne meurent pas de faim, la manne douce, blanche, donnée de manière à
ce qu'il y en ait pour tous ceux qui veulent s'en nourrir, pour tous
les jours. Seule la rébellion aux commandements de Dieu, les infractions à la
Loi, font que, d'aliment saint, donateur de vie, cette manne devient
corruption.
Non par elle-même puisqu'elle n'est ni corrompue ni corruptible, tout comme
celui que même la mort n'a pas pu corrompre et qui est cette manne même, avec
son corps et son sang, âme et divinité, exactement comme il l'était durant
ses jours sur la terre. Mais elle devient corruption quand elle est reçue en
état de péché, parce qu'est maudit celui qui s'en nourrit dans un esprit de Judas,
ennemi de l'obéissance et de la justice.
Réfléchissez à la parole de Dieu : «C'est ainsi que je vérifie s'il chemine
ou non selon ma Loi». En effet, celui qui, bien que se nourrissant de la
très sainte Eucharistie, cet aliment qui n'est pas donné aux anges
eux-mêmes mais que l'infini Amour donne aux hommes, ne se sanctifie pas,
mais reste ce qu'il était ou régresse dans le pire, prouve qu'il ne chemine
pas selon la Loi, parce que son âme est obstinée dans la faute plus ou moins
grave. Que cet aliment ne parvienne pas à le transformer, à le
sanctifier, c'est la preuve de son obstination.
Eucharistie et bonne volonté réunies - Eucharistie, c'est-à-dire amour de
Dieu, et bonne volonté, c'est-à-dire amour de l'homme - ne peuvent produire
que sainteté. La bonne volonté libère le terrain de tout ce qui pourrait
rendre stérile la semence très sainte qui fait germer la vie éternelle. La
bonne volonté dépose sur l'autel tout ce qui sert à consumer l'holocauste :
c'est-à-dire tout ce que le feu eucharistique peut embraser, brûlant l'homme
matériel pour en allumer l'esprit, le purifier, le rendre agile comme une
flamme, tendu vers le ciel, en ascension avec ses lumières et ses parfums,
pour s'unir au feu qui l'a allumé: feu avec feu pour une union d'amour.
Mais quand manque la bonne volonté et que l'on trouve la désobéissance,
c'est-à-dire l'état de péché, que peut l'Eucharistie ? Rien de plus que ce
que pouvait la manne recueillie de façon contraire à ce qu'avait commandé
Dieu. En celui qui la revoit, son action reste inerte et son effet nocif.
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60> Je
parle certes des vrais sacrilèges, mais aussi des tièdes et des orgueilleux qui s'en
nourrissent en disant presque : «Nous sommes ceux qui ont cette bienveillance
envers Dieu, nous qui accomplissons cette coutume».
«Qu'au sixième jour ils préparent ce qu'ils auront recueilli, et que ce soit
le double de ce qu'ils avaient coutume de recueillir chaque jour».
Quel grand conseil eucharistique !
Le sixième jour, c'est-à-dire la veille du jour du Seigneur
- chaque jour où l'on se présente à la table eucharistique est jour du
Seigneur pour l'âme - les âmes doivent préparer ce qu'elles ont
habituellement : ferveur, repentir, bonnes résolutions pour aller dignement
et utilement recevoir le Pain du Ciel. Heureux ceux qui font cela. Très
heureux ceux pour lesquels chaque jour est veille du jour du Seigneur, qui se
maintiennent en préparation perpétuelle pour la rencontre admirable,
sanctifiante, vitale et parcourent ainsi leur vie. Parvenus à la veille du
jour de leur repos, leur mort en grâce de Dieu, ils s'entendront réconforter
dans leur agonie par les prêtres de Dieu, par la voie du cœur, par leur ange
gardien, par ces mots : « Ce soir (le soir désigne la mort) vous saurez
que le Seigneur est celui qui vous a tirés de la terre d'Égypte (c'est-à-dire
de la vie terrestre qui est exil et douleur). Et demain (c'est-à-dire au-delà
de la mort) vous verrez la gloire du Seigneur »,
c'est-à-dire le ciel, votre demeure de saints pour l'éternité.
Voilà ce que doit te dire la lecture de la bénédiction des rameaux.
Maintenant, méditons la sainte messe.
Supplie avec ton vrai et parfait Maître.
Vraiment, tu es coulée dans sa forme, comme un métal fondu par la chaleur, tu
es si passionnée que tu prends sa ressemblance. Ton humanité s'est fondue au
feu de la charité, ton esprit s'est rendu malléable pour pouvoir être
remodelé et, heure par heure, le signe de ton bien-aimé Jésus passionné
s'imprime en toi. Ses désirs sont les tiens, ses douleurs sont tiennes,
tiennes encore ses solitudes, ses constatations amères de ce que sont les
hommes, tiennes ses désolations de se voir incompris, repoussé, tourné en
dérision, tiens ses gémissements et ses prières au Père.
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61> Semaine sainte, semaine douloureuse.
Sois toujours reconnaissante à ton Seigneur de t'avoir fait connaître
quelques-unes des mille sept cent trente-sept semaines qu'il vécut dans le
monde
; parmi elles, tu as vu les plus précieuses jusqu'à la semaine
sainte où il atteint sa perfection d'homme
sujet à la douleur. Vois en ce don sa plus belle preuve d'amour. Ne te
demande pas: « Quelle torture m'amène cette preuve d'amour ? Quel calice
devrai-je boire entre le jeudi et le vendredi ? Quelle agonie ? Quelle mort ?
Quel désespoir ? Quelle trahison ? ».
Ne te le demande pas. Abandonne-toi à ton
Père. Une heure te sera épargnée : celle de l'abandon de Dieu. Tu l'as déjà
vécue quand c'était nécessaire pour secourir les âmes portées au désespoir,
leur rendre le ciel et les rendre au ciel, et l'on ne vit pas deux fois
cette torture.
Le Père éternel et saint ne repoussera plus sa petite «voix»
tu peux donc crier vers lui et être certaine d'être entendue : «Oh !
Seigneur, ne retiens pas ton secours loin de moi, viens vite me défendre,
libère-moi de la gueule du lion, moi qui suis si faible, libère-moi de la
corne du buffle».
En ces jours, il a déjà exaucé une de tes prières.
Mais persévère dans ce but car il y a encore beaucoup à faire pour cette âme.
Et il y a encore plus à faire pour toi qui vois réellement grande ouverte
l'horrible bouche
qui voudrait te dévorer comme porte-parole, tu vois pointées les menaçantes
cornes du buffle diabolique qui voudrait te jeter à terre pour effacer
l'œuvre de Dieu. Tu n'es pas même défendue par qui en a le devoir envers toi,
en tant que prochain, fidèle et instrument.
Comme ton Maître tu connais la fuite des apôtres et des amis -tu moment où se
déchaînait la tempête sur l'Innocent, l'égoïste pensée de l'homme dans les
cas similaires : «Que je me sauve !» et l'abandon sans héroïsme ni justice de
l'innocent vulnérable à ses accusateurs.
Cependant, Dieu est bien présent, même s'il paraît absent. Il juge et mesure.
Dieu défend et, je le répète encore une fois, l'injustice humaine ne
prévaudra pas sur la justice divine.
«Mon Dieu, regarde-moi ! Pourquoi m'as-tu
abandonnée ?» Oui. C'est la plainte de l'âme aux heures de ténèbres.
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62> Mais Dieu ne condamne pas cette plainte
qui n'est en rien l'aveu que l'on désespère de Dieu. Sinon, le très saint
Verbe ne l'aurait pas criée a Gethsémani et sur la croix. Dans sa
lamentation, qui peut paraître aux superficiels être un reproche adressé à
Dieu ou du désespoir, il y a au contraire la foi : foi en son aide, en sa
présence, en sa justice, même si les forces du mal, dans leur bref instant de
triomphe, semblent tout nier et ainsi amener l'âme à trembler comme un
coupable devant le Juge parfait.
Les forces du mal jettent l'anathème sur les innocents et les accusent de
délits pour les écraser jusque dans l'esprit et « les éloigner du
salut ».
Oh ! Mon âme, même si tu étais accusée de
péché, ô victime expiatrice et rédemptrice pour les péchés des hommes,
victime qui s'offre pour continuer l'œuvre du Rédempteur Jésus, chargée
d'accusations de péchés comme l'était le Christ en ces heures terribles,
pense alors que c'est un poids extérieur, un vêtement externe. Toutes
ces choses qui te feraient chasser du banquet de Dieu ne sont pas une faute
de l'esprit, ce n'est pas une lèpre de ton esprit, ce n'est pas un vêtement
immonde sur lui ; il s'agit seulement des glorieuses blessures de ton âme
victime ; ces blessures te sont un ornement, non pas une honte. L'apôtre
angélique a dit quels sont ceux qui se tiennent devant le trône de Dieu et de
l'Agneau : « Ceux-là sont ceux qui viennent de la
grande tribulation et ont lavé et blanchi leur vêtement dans le sang de l'Agneau ».
Ces vêtements blanchis par la douleur des douleurs, par la Victime des
victimes et par la grande tribulation des vrais fidèles, des «victimes», des
martyrisés pour être corédempteurs, ces vêtements sont ornés de ces pierres
précieuses que sont vos souffrances et les accusations injustes.
Ne crains pas, mon âme. Ne te plains pas si tu es humiliée et crucifiée.
L'oraison
le dit : pour s'être humilié dans une chair mortelle et pour s'être soumis à
la mort de la croix, le Verbe devint Sauveur. Toi, petite voix, hostie
volontaire, unis-toi, et plus encore, dépasse la requête de l'oraison en
demandant non seulement de mériter d'accueillir les enseignements et les
fruits du sacrifice vital et mortel du Christ, mais aussi d'être comme lui et
avec lui humiliée et crucifiée pour sauver un grand nombre d'âmes.
Sauver est plus grand qu'être sauvé.
C'est l'affirmation que le petit sauveur est déjà un sauvé,
parce que là seulement où vit Dieu dans la plénitude de ses grâces se trouve
la vertu héroïque ; l'amour de la croix, de la douleur, de l'holocauste par
amour du grand amour de « Celui qui donne sa vie pour ses frères »,
c'est la vertu héroïque.
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63> Sauver
signifie être un «autre Christ». Par la patience tu parviendras à la gloire
et à la résurrection au ciel, en Dieu, pour toujours, après cette mort qu'est
la vie sur terre. Lisons saint Paul : «Ayez en vous les mêmes sentiments que
Jésus Christ».
Voilà le modèle. Paul ne dit pas de tel ou tel saint. Il vous dit : de
Jésus Christ.
Le Christ a dit : «Soyez parfaits comme mon Père qui est
clans les cieux».
Il est évident, même pour une réflexion humaine et droite, que, même
si le Christ n'avait été qu'un grand prophète, il se serait efforcé le
premier d'atteindre la perfection du Père, selon ce qu'il enseignait. Or, en
vérité, Jésus est le miroir de la perfection céleste du Dieu trine. Il n'y
eut pas le moindre manquement en lui en trente-trois années de vie, si bien
que la Vérité, vivante sous forme mortelle, put dire : « Qui de vous
peut me convaincre de péché ? » Et,
au seuil de la mort, en cette heure où même l'homme commun ne ment pas car
seul celui qui s'est fait serviteur du mensonge peut soutenir le mensonge à
ce moment, Jésus répéta devant le grand prêtre : « J'ai parlé à la face
de tous et je n’ai rien dit dans le secret. Pourquoi m'interroges-tu ?
Interroge veux qui m'ont entendu sur ce que je leur ai dit ».
Oh ! Heureux ceux qui peuvent redire ces mots à leurs
accusateurs sans rougir, sûrs de n'avoir rien fait de répréhensible !
Heureux! Très heureux ! Tués, mais pas démentis par les faits, ceux-là
montent à Dieu déjà couronnés et si, avec le temps, les hommes changent
leur jugement sur ceux qu'ils ont autrefois condamnés, ce n'est certes pas
eux qui élèvent la couronne de la terre ténébreuse pour la mettre sur la tête
du bienheureux : la vraie couronne, en effet, descend ; par son éclat qui
n'est pas terrestre, elle parle et fait trembler ceux qui levèrent la main et
ouvrirent la bouche contre celui que Dieu aimait et qui aimait Dieu et, le
servait parfaitement.
«Ayez en vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus qui, ayant
la condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu,
sans cependant considérer que ce fut pour lui une usurpation de s'égaler à
Dieu».
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64> Pour
être né de Marie, Jésus n'en était pas moins Dieu que quand
il était le Verbe au ciel. La chair n'a pas annulé la divinité dans le
Christ. Vrai Dieu et vrai homme, il eut, non pas une, mais deux perfections
en lui : celle de sa nature divine, voilée mais pas diminuée par la chair, et
celle de la nature humaine d'Adam portée de nouveau et même très
perfectionnée, parce que, au don d'une nature humaine parfaite, don gratuit
fait à Adam, il avait uni la volonté propre de perfectionner la nature
humaine. Le Premier-Né d'entre les morts
a voulu racheter l'homme déchu non seulement par son sang, mais en portant
l'humanité, autrefois parfaite puis déchue, à une perfection par laquelle l'enfer
et les blasphémateurs de la vérité seraient vaincus, confondus.
Baissez le front, hommes qui voulez expliquer l'inexplicable
par la pauvre science créée par vous, obscure et dépourvue de lumières et de
guides surnaturels. Anéantissez-vous, vous qui ne savez que découvrir
l'erreur, le nocif. Vous êtes vaincus. Jésus-Christ, l'Homme, par la
splendeur de son humanité, détruit vos axiomes, annule vos calculs, vous
révèle pour ce que vous êtes : des orgueilleux délirants qui mesurez Dieu à
l'aune de votre petitesse, si vous admettez Dieu, et si vous ne l'admettez
pas, en délirant sur d'impossibles autocréations de la matière, sur
d'avilissantes et impossibles descendances.
Jésus-Christ est l'Homme. Et il n'y a pas de philosophe, ni de fou fondateur
de religions sacrilèges qui puisse créer un surhomme
qui le soit davantage que l'Homme qui n'est pas né d'une volonté charnelle,
mais d'une volonté divine.
Et cet être parfait, en qui étaient la plénitude de la Divinité et la
plénitude de l'Humanité sainte, ne considéra pas que par la première il
aurait pu abuser de son pouvoir en faveur de la seconde... « Mais il
s'anéantit lui-même, prenant la condition de serviteur, et devenant semblable
aux hommes, reconnu pour un homme à son aspect, il s'humilia lui-même se
faisant obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la croix ».
Voilà, chères voix, chères victimes, où vous devez parvenir, pour que Dieu
brille plus fortement en vous. L'honneur donne de l'importance à la charge.
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65> Le
fait d'être des instruments extraordinaires ne doit pas vous donner l'orgueil
et la prétention de jouir de bénéfices matériels, ni de prétentions
d'immunités aux douleurs, aux offenses, aux
calomnies, aux accusations injustes, aux mépris, aux abandons, en somme de
toutes ces choses dont pâtit Jésus, l'Homme-Dieu. Au contraire, vous devez
vous considérer plus que payées de tous vos sacrifices par les dons
extraordinaires que Dieu vous accorde et par l'acceptation de ces sacrifices
- parce qu'il n'y a pas d'honneur plus grand que celui d'être jugés dignes
d'être « hosties » -, et vous perfectionner en humilité et en
obéissance, en obéissance héroïque jusqu'à la mort, et la mort de la croix.
Mais écoutez ce que saint Paul dit pour finir : «C'est pourquoi Dieu l'a
élevé et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de
Jésus tout genou fléchisse dans les Cieux, sur terre et aux enfers, et que
toute langue confesse que le Seigneur Jésus Christ est dans la gloire de Dieu
son Père».
Oh ! ne craignez pas, chères âmes victimes
et voix,
il vous sera donné par Dieu, dans de justes proportions, un nom qui est
au-dessus de celui que vous ont donné les hommes, un nom déjà inscrit au
ciel. Un jour viendra où, au moins pour l'espace d'un temps, tout genou
d'homme, qui n'aura pas mérité d'être à la droite du Seigneur et Juge,
devra se plier devant ceux qui auront triomphé. Alors votre nom sera connu,
et alors plus d'un de ceux qui vous jugent faussement changera de couleur
devant la vérité. Ces genoux se plieront, non pour vous faire spontanément
Honneur, mais parce qu'ils seront brisés par les splendeurs qui émaneront du
Christ Juge et de ses saints en produisant une aveuglante mer de lumière tout
écrite des paroles de Vérité, avec les noms des vérités. La Vérité séparera
pour toujours les aveugles volontaires des croyants pleins de bonne volonté,
et la Lumière s'établira dans la gloire avec ses élus, tandis que les
ténèbres engloutiront les ténèbres. On entendra dans l'Abîme le hurlement
d'angoisse et de découverte désespérée de ceux qui n'ont pas su connaître
Dieu, reconnaître Dieu dans ses serviteurs, et Dieu dans les œuvres de ces
mêmes serviteurs. Réverbération du nom de Jésus inscrit sur le front des
saints
! Flèches de lumière jaillies pour foudroyer les cent
quarante-quatre mille fois cent quarante-quatre mille coupables
qui nieront Dieu dans ses créatures de prédilection et les tortureront par
leurs négations !
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66>
Cela mérite de souffrir la croix pour voir cette heure, ma chère âme. Mets ta
main droite dans la main droite de l'Agneau qui monte à son Calvaire, et
laisse-toi conduire selon son gré pour être accueillie ensuite avec honneur
là où ceux qui sont marqués du nom de Jésus attendent le rassemblement
triomphal.
Que le Seigneur est bon avec ceux qui ont le cœur droit ! Qu'il est bon !
Mais sois vigilante et veille à ce que tes pas ne s'égarent pas et que ton
cœur ne se risque pas à murmurer contre la justice en voyant le triomphe
momentané des pécheurs.
Le Christ lui-même le vit et pleura en disant : «Je crie vers toi et tu ne
m'écoutes pas. En cette heure-ci, je suis ver, non pas homme, l'opprobre des
hommes et le rebut de la populace. Tous ceux qui m'ont vu m'ont insulté; le
mépris sur les lèvres, ils ont secoué la tête en disant : 'Il a mis son
espoir en Dieu, qu'il le délivre, qu'il le sauve s'il est vrai qu'il l'aime.'
Et ils me dépouillent après m'avoir méprisé, ils se partagent mes habits, et
tirent au sort ma vérité comme si c'était un objet de pari !...»
Oh ! Sainte pudeur du Christ, non seulement pour le voile de la chair restée
sans voile, mais aussi pour la vérité malmenée, tournée en dérision, altérée
pour la rendre ridicule et sacrilège comme l'œuvre d'un fou ou d'un démon.
C'est bien là votre torture,
instruments extraordinaires crucifiés. Votre torture ! Vous attendez que
quelqu'un éprouve respect et compassion, et vous ne trouvez personne pour
vous consoler. Vous demandez de la charité et ils vous donnent du fiel. Vous
sollicitez le soulagement d'une parole fraternelle, d'une sainte
compréhension, et ils vous donnent du vinaigre pour aiguiser la douleur de
vos blessures.
Prosterne-toi et prie avec ton ange
gardien : «Père, si ce calice ne peut s'éloigner de moi sans que je le boive,
que ta volonté soit faite». Grande parole que beaucoup, qui sont sévères
pour leurs frères, ne savent pas dire à propos de ce qui les concerne. Mais
toi, dis-le, pour plier le Seigneur à l'accomplissement de tes justes désirs.
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