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Le matin.
Il y a peu de temps, vous m’avez dit de nouveau d’écrire.
L’effort physique n’est rien comparé à l’effort moral que je
dois accomplir pour soulever les voiles au-delà
desquels se cache le surnaturel. Pourquoi ? Pour maintes raisons.
La première est qu’il me semble presque de commettre une profanation en
dévoilant les secrets de Dieu en moi. Et je crains toujours que, si ce n’est
pas une profanation, cette proclamation ne me mérite une punition : celle
d’être privée des divines caresses et des divines paroles. Nous, les vivants,
sommes toujours un peu égoïstes. Et nous ne pensons pas que ce que Dieu nous
prodigue peut procurer de la joie à d’autres et, s’agissant d’une chose de
Dieu, notre Père à tous, qu’il ne soit pas légitime d’en être avare et d’en
priver nos frères et sœurs.
La deuxième raison est qu’un reste de méfiance humaine, à mon égard et
à l’égard d’autrui, me fait toujours penser que ce que je perçois comme
“surnaturel” devrait peut-être être jugé comme illusion par moi et comme
délire par autrui. Je me suis fait traiter de folle tant de fois qu’il est
possible qu’on continue de me mettre dans cette catégorie.
La troisième raison est que j’ai peur de ces faveurs. La peur affreuse
qu’il s’agisse d’une ruse. Est-il possible que moi, qui ne suis rien, puisse
mériter de telles faveurs de mon Roi ? Et aussi la peur qu’elles n’éveillent
l’orgueil en moi. Je sens que si je devais m’en enorgueillir, même un seul
instant, non seulement elles cesseraient immédiatement, mais de plus je
resterais sans même ce minimum de surnaturel que beaucoup ont en commun.
Punie pour mon orgueil. Oh ! J’en suis sûre, Jésus me punirait ainsi !
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Et maintenant que je vous ai fait part des
raisons pour lesquelles je n’aime pas en parler, je vous dirai celles qui me
font sentir que je ne suis pas une naïve qui prend les
fantasmes du délire pour des vérités surnaturelles
et des paroles démoniaques pour des paroles divines.
J’en ai la certitude à cause de la suavité et de la paix qui
m’envahissent à la suite de ces paroles et de ces caresses et de la force qui
s’empare de moi, m’obligeant à les écouter et à les écrire sans que j’en
puisse changer un seul mot. En même temps que cette force très douce qui
m’oblige à les écouter et à les écrire — et toujours à des moments qui
échappent à toute volonté de ma part d’écouter ces choses (je vous prie de
croire que je ne fais rien pour me mettre en un état réceptif, si je peux
dire) — je sens, selon les circonstances, une force plus intense qui me dit :
"Fais connaître ceci. Ne dis rien de cela à personne". On ne transige
pas avec cette douce puissance...
Mais il n’y a rien qui vienne de moi. Même si je pense (en m’en affligeant) :
"Jésus se tait. Oh ! S’il se faisait entendre pour me consoler un peu
!", soyez assuré qu’il continue de se taire. Il ne se fait entendre que quand
il le veut; et alors même si je suis prise à autre chose, à quelque chose
qu’il me presse d’accomplir, je dois arrêter et m’occuper seulement de lui.
De même si, selon mon style, je préfère une certaine formulation à une autre
et je tente de la changer, j’en suis incapable. C’est dit d’une
certaine façon et ça reste comme ça.
Encore ce matin, vous me disiez d’écrire au
sujet de mes sensations passées. Je vous ai répondu qu’il me serait
impossible de répéter maintenant ces paroles avec exactitude et je ne les
répéterai donc pas. Il ne doit y avoir rien de moi. Mais je peux
énumérer brièvement les choses que j’ai perçues.
Comme je vous l’ai dit à maintes reprises,
j’ai rêvé à Jésus, à
Marie et aux Saints. Cependant, alors que Jésus était
toujours “vivant”, la Vierge et les Saints étaient comme des statues ou des
tableaux : des figurations. Je n’ai vu deux fois comme personne vivante qu’un
petit frère franciscain, qui était certainement saint. Une fois, il me disait
que de tous mes maux “celui que j’avais là m’aurait tuée” et il me
touchait aux poumons. Je fis ce rêve il y a sept ans, quand je n’avais encore
rien de rien aux poumons.
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Une autre fois, ce même petit frère franciscain, qui ne me
semblait être ni Saint François, ni Saint Antoine, me disait, avec un visage
de lumière : "Tu as mérité davantage avec cette maladie qu’une
religieuse dans un couvent. Chacune de tes années vaut toute une vie
conventuelle." Il me disait cela parce que, voyant la mort aux aguets,
je m’inquiétais d’avoir fait si peu... ma Supérieure (morte en 1925)
m’éloignait de la mort, me dissimulait à elle en disant : “Vis encore
quelques années”, ce à quoi je répondais : "Mais qu’est-ce que je fais,
moi ? Rien ! Si au moins j’étais sœur !", et c’est à ce moment-là que le
petit frère prononça ses paroles.
Comme je vous l’ai dit, je n’ai vu mon Ange
que cette fois-là. Mais parfois je sens comme un petit vent qui
souffle sur mon visage et je pense que c’est mon bon ange qui vient me
remonter en ces moments où je suis tellement abattue que je n’ai même pas la
force d’agiter mon éventail. Pendant l’été 1934, cette sensation a duré des
mois, des mois où j’étais sans cesse en danger de mort. En dehors de cela,
mon ange... fait le mort. Lui qui m’a si bien protégée, nourrisson braillard
que j’étais dans les sillons brûlants de Terra di Lavoro,
qui m’a secourue lors de la syncope du 4 janvier 1932, ne s’est jamais montré
ou fait sentir manifestement à part cette fois-là. À moins que ce ne soit lui
qui ait planté le lys et les violettes,
après les avoir pris dans des jardins bien garnis... qui sait ?
Par contre, j’ai vu (en rêve) Padre Pio de Pietrelcina
et je lui ai parlé. Je l’ai vu, toujours en rêve, en extase après la messe;
j’ai vu son regard pénétrant et j’ai aperçu sur sa main la cicatrice du
stigmate lorsqu’il me prit la main. Et j’ai senti son parfum, pas en rêve
mais bien éveillée cette fois. Aucun jardin rempli de fleurs
pleinement épanouies ne peut exhaler les fragrances paradisiaques qui
envahirent ma chambre la nuit du 25 au 26 juillet 1941 et l’après-midi du 21
septembre 1942, au moment même où un de nos amis parlait de moi à Padre Pio
(j’ignorais qu’il fût parti pour San Giovanni Rotondo). Les deux fois, j’ai
obtenu les grâces demandées. Marta
aussi sentit le parfum. Il était si fort que ça la
réveilla. Puis il cessa d’un coup, tout comme il était venu.
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Mais sentir un parfum n’a rien d’inusité. Encore ce
matin, après une cruelle nuit d’agonie, je le sentis. Même que ça me réveilla
du sommeil qui m’avait enfin prise à l’aube. Il était six heures quand j’en
fus réveillée. La fenêtre était fermée, je ne garde pas de fleur dans ma
chambre la nuit, je n’ai pas de parfums, la porte était fermée. Aucune
odeur ne pouvait donc pénétrer de l’extérieur. Ce fut comme une colonne
de fragrance du côté droit de mon lit. Elle disparut comme elle était venue,
me laissant une douceur au cœur. Dire que c’est l’odeur de telle ou telle
fleur, c’est peu dire. Toutes les fragrances entrent dans ce parfum. Les
sources odorantes se mélangent comme si les âmes de toutes les fleurs créées
s’agitaient dans une ronde céleste.
Nous arrivons maintenant aux sensations les
plus nettes qui viennent toutes de Jésus. Oui. Il est le seul à se
manifester ainsi.
Je vous ai touché un mot de la sensation d’avoir en moi le regard de Jésus et
d’observer mes semblables à travers ses yeux. C’est très difficile à
expliquer et c'est arrivé pendant de nombreuses années de suite, lorsque je
marchais encore.
Puis il y a eu, comment dire, les envahissements d’amour les soubresauts
d’amour : sources de tourments dans leur suavité même. C’était comme si Dieu
faisait irruption en moi avec sa volonté d’être aimé.
Cela s’explique mal aussi. Ces sensations ont duré longtemps et durent
encore.
Je dirais cependant que je les ressens moins depuis que sont survenues des
manifestations plus vives. C’est peut-être que je m’y suis stabilisée. Quand
on reste au même endroit, sans bouger, bien enraciné, on ne sent plus les
secousses, vous ne pensez pas ?
Il y a deux ans, je perçus pour la première fois une "voix" sans
son qui répondait à mes questions (questions que je me pose en méditant sur
telle ou telle chose) et, accompagnant la voix, une vision (mentale). Je m’en
souviens très bien. C’est arrivé à la suite d’une discussion avec mon cousin
(le spiritiste) .
Je lui avais répondu par une lettre moqueuse et cinglante.
Trois heures plus tard, pendant que je
ressassais mon texte, déjà envoyé, et que je m’en félicitais, amenant des raisons
humaines, et un peu plus qu’humaines, pour appuyer ma lettre enflammée, je
perçus la "voix" : “Ne
juge point. Tu ne peux rien savoir. Il y a des
choses que je permets. Il y en a d’autres que je provoque. Aucune n’est sans
but. Et aucune n’est comprise avec justesse par vous, les humains. Moi seul
suis Juge et Sauveur.
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21> Pense à combien de mes serviteurs
ont été taxés de possession démoniaque parce qu’en parlant, ils répétaient
des paroles qui provenaient de zones de mystère. Pense à tous les autres dont
la vie semblait toujours se dérouler dans la plus stricte observance de la
Loi de Dieu et de l’Église et qui sont maintenant au nombre de ceux que j’ai
condamnés. Ne juge point. Et ne crains rien. Je suis avec toi. Regarde
: aie un instant de perception de ma Lumière et tu verras que la plus
vive lumière humaine n’est que ténèbres en comparaison à ma Lumière.”
Et je vis s’ouvrir une porte, une grande porte en bronze, lourde, haute...
Elle tournait sur ses gonds avec le son d’une harpe. Je ne voyais pas qui la
poussait à s’ouvrir lentement... De l’entrebâillement filtra une lumière si
intense, si joyeuse, si... — il n’y a pas d’adjectif pour la décrire —
qu’elle me combla de ciel. La porte continuait de s’ouvrir et, de l’ouverture
de plus en plus grande, un fleuve de rayons d’or, de perles, de topazes, de
diamants, de toutes les pierres précieuses faites lumière, m’entoura de
partout, me submergea. Je compris dans cette Lumière qu’il faut aimer tout
le monde, ne juger personne, tout pardonner, ne vivre que de Dieu. Deux
années sont passées depuis, mais je vois encore cette lumière éblouissante...
Puis, la Semaine Sainte de 1942, la semaine de la Passion. Le mercredi de la
Passion, une phrase résonna tout à coup dans mon oreille. Une impression si
vive que je peux vraiment dire “résonna” même si en réalité je n’entendis
aucun son : "De ceux que je t’ai donnés, aucun n’a péri, à l’exception
de l’enfant de perdition, et cela afin que toi aussi tu puisses connaître
l’amertume de ne pas avoir réussi à sauver tous les tiens."
Comme vous le voyez, une phrase à moitié évangélique, et donc ancienne, et à
moitié nouvelle. Une phrase capable de me rendre perplexe puisque Jésus m’a
donné de nombreuses personnes — parents, amis, enseignants, camarades
d’études et élèves — pour qui
j’ai souffert, agi, prié. Et parmi ces nombreuses personnes,
il y en a eu plus d’une qui m’a déçue dans ma soif d’amour spirituel. Je
pouvais donc être perplexe quant à l’identité de la personne définie comme l’enfant
de perdition. Mais quand Jésus parle, même si la phrase peut paraître
sibylline au plus grand nombre, elle s’accompagne d’une telle lumière
spéciale que l’âme à qui la phrase est dite comprend exactement à qui le
Christ fait allusion.
Je compris donc que “l’enfant de perdition” était une de mes filles de
l’Association. Une fille pour qui j’avais beaucoup fait, la portant dans mon
cœur pour la sauver parce que j’avais compris sa nature...
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22>
Selon toute apparence, l’an dernier, rien ne laissait croire
à une erreur de sa part. Mais je compris. J’ai alors augmenté mes prières
pour elle.., et je n’ai pu qu’empêcher un crime d’infanticide.
Le
Vendredi Saint, je vis pour la première fois Jésus crucifié,
entre les deux larrons, au sommet du Golgotha, une vision qui dura pendant
des mois, non pas continue, mais très fréquente. Jésus m’apparaissait sur le
fond d’un ciel obscur, dans une lumière livide, nu contre la croix sombre, un
corps très long et plutôt mince, très blanc comme s’il avait perdu tout son
sang, un voile bleu pâle aux hanches, le visage incliné sur la poitrine dans
l’abandon de la mort, avec les cheveux qui l’ombrageaient. La croix était
toujours tournée vers l’Est. Je voyais bien le larron de gauche, mal celui de
droite. Mais les deux étaient vivants; Jésus était mort. Il m’arrive encore
de voir Jésus en croix, mais maintenant, il est toujours seul. J’ai beau
réfléchir je n’ai jamais vu un tableau semblable à ma vision.
En juin, sous cette impression, j’écrivis le poème suivant. Depuis des
années, je n'en écrivais plus : j’ai si mal que la veine poétique s’est tarie
comme fleur qui se fane. Je vous le transcris, non pas car c’est un
chef-d’œuvre, mais parce qu’il rend bien mes impressions après cette vision,
mieux que mes phrases en prose. Tout de suite après, j’en écrivis aussi un à
la Vierge Marie, même si la Madone, je ne la vois et ne l’entends jamais. Je
recopie les deux.
Redemisti
nos, Deus, in sanguine tuo
Sinistre mont à l’âpre pierre.
Le ciel s’assombrit à ta douleur
pendant que coule, goutte à goutte,
ta vie, là-haut, pour nous, Seigneur.
Les bras ouverts en croix
sous la couronne d’épines,
regard voilé, éteinte la voix,
la tête tu inclines;
exhortant à l’amour, seul vit ton cœur qui bat.
Tu vois des hommes la haine et la guerre
qui, sur leur chemin fatal,
sèment faim et massacres par toute la terre,
préférant le Mal au Bien, ton fils, et à la Paix,
sainte fleur du Paradis,
à l’Amour où l’égoïsme se tait,
à la Foi qui seule donne la vie.
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23>
Et toi, tu montes de nouveau
sur ton Calvaire, pour nous tu t’offres,
hostie rachetant tous nos maux,
sur le bois, près du ciel, tu souffres.
Pourquoi, pourquoi une autre fois
es-tu sur douloureuse croix ?
De convoitise et de colère
l’homme brûle et se déchaîne;
s’acharnant contre lui-même,
il n’a de cesse, insoumis,
que, vaincu, il ne se traîne
dans la fange dont tu le tiras jadis
pour bien plus noble sort,
fulminant contre toi, Oh ! Christ,
avec sombre fureur de mort.
Mais tu reviens pourtant
pour l’homme qui t’offense,
ses fautes expiant;
contre les foudres du Père
tu t’es fait notre écu,
et seul, blême et nu,
vers le ciel ton visage tourné,
dans un dernier spasme tu cries :
"Tout est consommé !
Père, pardonne-leur !
Donne-leur le Paradis !
Car en ce jour, une fois de plus
leur rédemption ai-je accomplie !
16 juin 1942
24>
À la Vierge.
Ave Maria ! Je te salue, Marie !
Protège cette pieuse jeunesse,
toi qui es comblée, douce Marie,
de tant de grâce, sainteté et allégresse.
Par le Seigneur qui est en toi, et toi en lui,
Oh ! Mère, bénie des créatures,
sauve-les des pièges obscurs,
des jours de sombre et morne ennui.
Par ce Fils de tes entrailles né,
toi, si pure et vierge restée,
par ce Jésus miséricordieux
ton regard tourne, affectueux.
Reine des cœurs tristes, sainte Marie,
prie pour nous, pauvres mortels;
Mère, sans toi, nous battons de l’aile
comme lasses hirondelles;
sur la furie des eaux, comme frêles nacelles
secouées et perdues;
Étoile des mers,
apaise les flots, disperse les nues.
Au fil des jours et à l’heure dernière
où s’éteindra notre lumière,
heure de la fin, ultime obscurité,
Oh ! Vierge et Mère,
ouvre la porte d’éternité
et conduis-nous à Dieu.
17 juin 1942.
Je suis contente d’avoir… gribouillé mes deux dernières tentatives poétiques
pour Jésus et Marie. Ça ne fait rien si les rimes sont boiteuses. Jésus me
donnera une belle note quand même parce qu’il regarde l’amour et non la
métrique.
Et en juin, un soir que j’étais plus morte
que vive, j’entendis une voix qui m’appelait : c’était la jeune fille — “le
fils de perdition” — qui était alors à Rome. Un appel au secours infini :
“Mademoiselle ! Mademoiselle ! Vous ne me voyez pas ? Vous ne m’entendez pas
? Vous ne m’aimez plus ?”. Je l’entendis distinctement. Personne d’autre ne
l’entendit. Un mois et demi plus tard, j’appris d’elle, après qu’elle fut
rentrée chez elle, la vérité vraie sur son absence : un enfant. Et ce
soir-là, au désespoir, elle avait été sur le point de se tuer... et elle
m’avait appelée pour résister à la tentation. Elle m’avait appelée avec son
âme, moi qui ne savais rien de précis, qui la croyais
partie pour son travail, qui ne voulais pas croire à cette “voix” du mercredi
de la Passion.
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25> D’autres
fois, j’ai vu Jésus enfant à l’âge de sept, huit ans, ou dix. Très beau.
Puis, Jésus homme, dans la plénitude de sa virilité. Encore plus beau.
Mais la sensation la plus douce, la plus pleine, la plus sensible, je l’ai
eue le 2 mars de cette année. Ne riez pas, mon père, mais je l’ai eue le
matin de la mort de Giacomino,
mon pauvre petit oiseau.
Je pleurais parce que... je suis bête. Je pleurais parce que je m’attache
beaucoup. Je pleurais parce que, dans mon isolement de malade qui dure depuis
dix ans, je désire vraiment de l’affection autour de moi, même si ce n’est
que l’affection de petits animaux. Et je me plaignais tout bas à mon Jésus.
Je lui disais : “Quand même, tu aurais pu me le laisser. Tu me l’avais donné.
Pourquoi me l’as-tu enlevé ? Es-tu jaloux même d’un oiseau ?”. Et
puis, je conclus : “Eh bien... prends cette douleur aussi. Je te l’offre, avec
tout le reste, pour ce que tu sais.’’
J’ai senti alors deux bras qui m’entouraient et m’attiraient contre un cœur,
ma tête sur une épaule. J’ai perçu la tiédeur d’une peau contre ma joue, une
respiration et la pulsation d’un cœur dans une poitrine bien vivante. Je me
suis abandonnée à cette étreinte en entendant au-dessus de ma tête une voix
qui murmurait dans mes cheveux : “Mais moi, je suis encore près de toi. Je te
tiens sur mon cœur. Ne pleure pas car moi, je t’aime.”
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