Le
dimanche 18 avril 1948
540> 651.1 - [Marie dit]
"Ai-je été morte ? Oui, si on veut appeler mort la séparation d’avec le
corps de la partie noble de l’esprit. Non, si par mort on entend la
séparation d’avec le corps de l’âme qui le vivifie, la corruption de la
matière qui n’est plus vivifiée par l’âme, et d’abord le caractère lugubre du
tombeau et, d’abord parmi toutes ces choses, la douleur de la mort.
Comment je suis morte, ou plutôt comment je suis passée de la Terre au Ciel,
d’abord avec la partie immortelle, puis avec celle qui est périssable ? Comme
il était juste pour Celle qui n’a pas connu la tache de la faute.
651.2 - Ce soir-là, avait
déjà commencé le repos du sabbat, je parlais avec Jean
de Jésus,
de ses affaires. La soirée était pleine de paix. Le sabbat avait éteint tout
bruit de travaux humains et l’heure éteignait toute voix d’homme ou d’oiseau.
Seuls autour de la maison les oliviers bruissaient au vent du soir, et il
semblait qu’un vol d’anges effleurait les murs de la maisonnette solitaire.
Nous parlions de Jésus, du Père, du Royaume des
Cieux. Parler de la Charité et du Royaume de la Charité, c’est s’enflammer
d’un feu vivant, consumer les liens de la matière afin de libérer l’esprit
pour ses vols mystiques. Et si le feu est retenu dans les limites que Dieu
met pour conserver les créatures sur la Terre à son service, on peut vivre et
brûler, en trouvant dans son ardeur non pas un épuisement mais un achèvement
de vie.
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541> Mais quand Dieu enlève les limites
et laisse au Feu divin la liberté de pénétrer et d’attirer à Lui l’esprit sans
aucune mesure, alors l’esprit, à son tour en répondant sans mesure à l’Amour,
se sépare de la matière et il vole là où l’Amour le pousse et l’invite. Et
c’est la fin de l’exil et le retour à la Patrie.
Ce soir-là, à l’ardeur irrésistible, à la vitalité sans mesure de mon esprit,
s’unit une douce langueur, un mystérieux sentiment d’éloignement de la
matière, de ce qui l’entourait, comme si le corps s’endormait par lassitude,
alors que l’intellect, encore plus vivant dans son raisonnement, s’abîmait dans
les divines splendeurs. Jean, témoin affectueux et prudent de toute ma
conduite depuis qu’il était devenu mon fils adoptif, selon la volonté de mon
Unique, me persuada doucement de me reposer sur mon lit et me veilla en
priant.
Le dernier son que j’entendis sur la Terre ce fut le murmure des paroles de
Jean, l’apôtre vierge. Ce fut pour moi comme la berceuse d’une mère près d’un
berceau. Elles accompagnèrent mon esprit dans la dernière extase, trop
sublime pour être dite. Elles l’accompagnèrent jusqu’au Ciel.
651.3 - Jean, unique
témoin de ce suave mystère, m’arrangea seul, en m’enveloppant dans mon
manteau blanc, sans changer le vêtement et le voile, sans me laver ni
m’embaumer. L’esprit de Jean, comme on le voit clairement par ses paroles du
second épisode de ce cycle qui va de la Pentecôte à mon Assomption, savait
déjà que mon corps ne serait pas corrompu et instruisit l’Apôtre de ce qu’il
fallait faire. Et lui, chaste, affectueux, prudent à l’égard des mystères de
Dieu et de ses compagnons éloignés, pensa qu’il fallait garder le secret et
attendre les autres serviteurs de Dieu, pour qu’ils me voient encore et
tirent de cette vue réconfort et aide pour les peines et les fatigues de
leurs missions. Il attendit, comme s’il était sûr de leur venue.
Mais différent était le décret de Dieu, bon comme toujours pour le Préféré,
juste comme toujours pour tous les croyants. Au premier Il alourdit ses
paupières pour que le sommeil empêche le déchirement de se voir enlever aussi
mon corps.
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542> Il a donné aux
croyants une vérité de plus pour les porter à croire en la résurrection de la
chair, à la récompense d’une vie éternelle et bienheureuse accordée aux
justes, dans les vérités les plus puissantes et les plus douces du Nouveau
Testament : mon Immaculée Conception, ma divine Maternité virginale,
dans la Nature divine et humaine de mon Fils, vrai Dieu et vrai Homme, né non
par une volonté charnelle mais par des épousailles divines et une semence
divine déposée dans mon sein, et enfin pour qu’ils croient qu’au Ciel se
trouve mon Cœur de Mère des hommes, palpitant d’un amour anxieux pour tous :
justes et pécheurs, désireux de vous avoir tous avec lui, dans la Patrie
bienheureuse, pour l’éternité.
651.4 - Quand les anges
m’enlevèrent de la maisonnette, mon esprit était-il déjà revenu en moi ? Non.
Mon esprit ne devait plus redescendre sur la Terre. Il était en adoration
devant le Trône de Dieu. Mais quand la Terre, l’exil, le temps et le lieu de
la séparation d’avec mon Seigneur Un et Trin furent abandonnés pour toujours,
mon esprit revint resplendir au centre de mon âme en tirant la chair de sa
dormition. Il est donc juste de dire que je suis montée au Ciel en corps et
en âme, non par mes propres moyens, comme il est arrivé pour Jésus, mais avec
l’aide des anges.
Je me suis réveillée de cette mystérieuse et mystique dormition, je me suis
levée, j’ai volé enfin parce que ma chair avait obtenu la perfection des
corps glorifiés. Et j’aimai. J’aimai mon Fils retrouvé et mon Seigneur Un et
Trin, je l’aimai comme c’est le destin de tous les éternels vivants."
Le mercredi 5 janvier 1944.
651.5 - [Jésus dit].
"Quand fut venue sa dernière heure, comme un lys épuisé qui, après avoir
exhalé tous ses parfums, se penche sous les étoiles et ferme son blanc
calice, Marie,
ma Mère, s’étendit sur son lit et ferma les yeux à tout ce qui l’entourait
pour se recueillir dans une dernière et sereine contemplation de Dieu.
Penché sur son repos, l’ange de
Marie attendait anxieusement que l’urgence de l’extase sépare
de la chair cet esprit, au temps marqué par le décret de Dieu, et le sépare
pour toujours de la Terre pendant que déjà descendait des Cieux le doux et
attrayant commandement de Dieu.
Penché, de son côté, sur ce mystérieux repos, Jean, ange de la Terre,
veillait aussi la Mère qui allait le quitter. Et quand il la vit éteinte, il
la veilla encore pour qu’à l’abri des regards profanes et curieux, elle
restât même au-delà de la mort l’Immaculée Epouse et Mère de Dieu qui dormait
si belle et tranquille.
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543> 651.6 - Une tradition dit
que dans l’urne de Marie, rouverte par Thomas, on ne trouva que des fleurs. Pure
légende. Aucun tombeau n’a englouti la dépouille de Marie, car, au sens
humain, il n’y a jamais eu une dépouille de Marie, car Marie n’est pas morte
comme meurt quiconque a eu la vie.
Elle s’était seulement, par décret divin, séparée de l’esprit et avec lui,
qui l’avait précédée, se réunit sa chair très sainte. Inversant les lois
habituelles, selon lesquelles l’extase finit quand cesse le ravissement,
c’est-à-dire quand l’esprit revient à l’état normal, ce fut le corps de Marie
qui revint s’unir à l’esprit après le long arrêt sur le lit funèbre.
Tout est possible à Dieu. Je suis sorti du Tombeau sans d’autre aide que ma
puissance. Marie est venue à Moi, à Dieu, au Ciel, sans connaître le tombeau
avec sa pourriture horrible et lugubre. C’est un des miracles les plus
éclatants de Dieu. Pas unique, en vérité, si on se rappelle Hénoch et Élie
qui, étant chers au Seigneur, furent enlevés à la Terre sans connaître la
mort et furent transportés autre part en un lieu connu de Dieu seul et des
célestes habitants des Cieux. Ils étaient justes, mais toujours un rien par
rapport à ma Mère, inférieure, en sainteté, seulement à Dieu.
C’est pour cela qu’il n’y a pas de reliques du corps et du tombeau de Marie,
car Marie n’a pas eu de tombeau et son corps a été élevé au Ciel."
Les samedi 8 et 15 juillet 1944.
651.7 - [Marie dit].
"Ce fut une extase la conception de mon Fils. Une plus grande extase de
le mettre au jour. L’extase des extases mon passage de la Terre au Ciel.
C’est seulement durant la Passion qu’aucune extase ne rendit supportable mon
atroce souffrance.
651.8 - La maison, d’où je
suis montée au Ciel, était une des innombrables générosités de Lazare, pour
Jésus et sa Mère. La petite maison du Gethsémani,
près du lieu de son Ascension.
Inutile d’en chercher les restes. Dans la destruction de Jérusalem par les
romains, elle fut dévastée et ses ruines furent dispersées au cours des
siècles."
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544>
Le samedi 18 décembre 1943.
651.9 - [Marie dit].
"Comme fut pour moi une extase la naissance de mon
Fils, et comment du ravissement en Dieu, qui me prit à cette
heure, je revins présente à moi-même et à la Terre, avec mon enfant dans les
bras, ainsi ce qu’on appelle improprement ma mort, ce fut un ravissement en
Dieu.
Me fiant à la promesse que j’avais eue dans la splendeur du matin de la Pentecôte, j’ai pensé que
l’approche du moment de la dernière venue de l’Amour, pour me ravir en Lui,
devrait se manifester par un accroissement du feu d’amour qui toujours me
brûlait. Et je ne me suis pas trompée.
De mon côté plus la vie avançait, plus grandissait en moi le désir de me
fondre dans l’Éternelle Charité. J’y étais poussée par le désir de me réunir
à mon Fils, et la certitude que je n’aurais jamais fait autant pour les
hommes que quand j’aurais été, orante et opérante pour eux, au pied du Trône
de Dieu. Et avec un mouvement toujours plus enflammé et plus rapide, avec
toutes les forces de mon âme, je criais au Ciel : “Viens, Seigneur Jésus !
Viens, Éternel Amour !”
651.10 - L’Eucharistie, qui
était pour moi comme la rosée pour une fleur assoiffée, était vie pour moi,
oui, mais plus le temps passait plus elle devenait insuffisante pour
satisfaire l’irrésistible anxiété de mon cœur. Il ne me suffisait plus de
recevoir en moi mon Fils Divin et de le porter au dedans de moi dans les
Espèces Sacrées comme je l’avais porté dans ma chair virginale. Tout moi-même
voulait le Dieu Un et Trin, mais pas sous les voiles choisis par mon Jésus
pour cacher l’ineffable mystère de la Foi, mais tel qu’il était, est, et sera
au centre du Ciel.
Mon Fils Lui-même, dans ses transports eucharistiques, me brûlait par des
embrassements de désir infini et chaque fois qu’il venait en moi avec la
puissance de son amour, il m’arrachait pour ainsi l’âme dans son premier
élan, puis il restait avec une tendresse infinie en m’appelant “Maman !”, et
je le sentais anxieux de m’avoir avec Lui.
Je ne désirais plus autre chose. Je n’avais même plus le désir de protéger
l’Église naissante, dans les derniers temps de ma vie mortelle. Tout était
disparu dans le désir de posséder Dieu par la conviction que j’avais de tout
pouvoir quand on le possède.
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545> 651.11 - Parvenez, ô
chrétiens, à ce total amour. Tout ce qui est terrestre perd sa valeur. Ne
regardez que Dieu. Quand vous serez riches de cette pauvreté de désir, qui
est une richesse incommensurable, Dieu se penchera sur votre esprit pour
l’instruire d’abord, pour le prendre ensuite, et vous monterez avec lui vers
le Père, le Fils, l’Esprit-Saint, pour les connaître et les aimer pendant la
bienheureuse éternité, et pour posséder leurs richesses de grâces pour vos
frères. On n’est jamais si actif pour les frères que quand on n’est plus
parmi eux, mais que l’on est des lumières réunies à la Divine Lumière.
651.12 - L’approche de
l’Amour Éternel fut marquée par ce que je pensais. Tout perdit lumière et
couleur, voix et présence sous la splendeur et la Voix qui, en descendant des
Cieux Ouverts à mon regard spirituel, s’abaissaient sur moi pour cueillir mon
âme. On dit que j’aurais jubilé d’être assistée à cette heure par mon Fils.
Mais mon doux Jésus était bien présent avec le Père quand l’Amour,
c’est-à-dire l’Esprit-Saint, troisième Personne de la Trinité Eternelle, me
donna le troisième baiser de ma vie, ce baiser si puissamment divin que mon
âme s’exhala en lui, en se perdant dans la contemplation comme une goutte de
rosée aspirée par le soleil dans le calice d’un lys.
Et je suis montée avec mon esprit et ses hosannas aux pieds des Trois que
j’avais toujours adorés. Puis, au moment voulu, comme une perle dans un
chaton de feu, aidée d’abord, puis suivie par la troupe des esprits angéliques
venus pour m’assister dans le jour éternel de ma naissance céleste, attendue
déjà dès le seuil des Cieux par mon Jésus, et sur leur seuil par mon juste
époux de la Terre, par les Rois et Patriarches de ma race, par les premiers
saints et martyrs, je suis entrée comme Reine, après tant de douleur et tant
d’humilité de pauvre servante de Dieu, dans le Royaume de la joie sans
limite.
Et le Ciel s’est refermé sur la joie de me posséder, d’avoir sa Reine dont la
chair, unique entre toutes les chairs mortelles, connaissait la glorification
avant la Résurrection finale et le dernier jugement."
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546>
Décembre 1943.
651.13 - [Marie dit].
"Mon humilité ne pouvait me permettre de penser qu’il m’était réservée
tant de gloire au Ciel. Il y avait dans ma pensée la
quasi certitude que ma chair humaine, sanctifiée pour avoir porté Dieu,
n’aurait pas connu la corruption, puisque Dieu est Vie et quand Il sature et
emplit de Lui-même une créature, son action est comme les aromates qui
préservent de la corruption de la mort.
Moi, non seulement j’étais restée Immaculée, non seulement j’avais été unie à
Dieu par un chaste et fécond embrassement, mais je m’étais saturée, jusque
dans mes plus secrètes profondeurs, des émanations de la Divinité cachée dans
mon sein et occupée à se voiler de chair mortelle. Mais que la bonté de
l’Éternel aurait réservé à sa servante la joie de sentir de nouveau sur mes
membres le contact de la main de mon Fils, son embrassement, son baiser et
d’entendre de nouveau sa voix de mes oreilles, de voir de mes yeux son
visage, je ne pensais pas que cela me serait accordé et je ne le désirais
pas. Il m’aurait suffi que ces béatitudes soient accordées à mon esprit et de
cela aurait déjà été empli de félicité mon moi.
651.14 - Mais, c’est pour
témoigner de sa première pensée créatrice en ce qui concerne l’homme destiné
par Lui, Créateur, à vivre en passant sans mourir du Paradis terrestre au
céleste, dans le Royaume éternel, que Dieu m’a voulue, moi, Immaculée, au
Ciel en âme et en corps sitôt finie ma vie terrestre.
Moi, je suis le témoignage de ce que Dieu avait
pensé et voulu pour l’homme : une vie innocente et ignorant les fautes, un
tranquille passage de cette vie à la Vie éternelle comme quelqu’un qui
franchit le seuil d’une maison pour entrer dans un palais, l’homme avec son
être complet fait d’un corps matériel et d’une âme spirituelle serait passé
de la Terre au Ciel, en augmentant la perfection de son moi que lui a
donnée Dieu, de la perfection complète à la fois de la chair et de l’esprit
qui était, dans la pensée divine, destinée à toute créature qui serait restée
fidèle à Dieu et à la Grâce. Cette perfection, l’homme l’aurait atteinte dans
la pleine lumière qui existe aux Cieux et les remplit, venant de Dieu, Soleil
éternel qui les illumine.
651.15 - Devant les
Patriarches, les Prophètes et les Saints, devant les Anges et les Martyrs,
Dieu m’a mise, montée en corps et en âme à la gloire des Cieux, et Il a dit :
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547>
"Voici l’œuvre parfaite du Créateur. Voici ce
que J’ai créé à ma plus véritable image et ressemblance entre tous les fils
de l’homme, fruit d’un chef-d’œuvre de création divine, merveille de
l’Univers qui voit renfermé en un seul être le divin dans son esprit éternel
comme Dieu et comme Lui spirituel, intelligent, libre et saint, et la
créature matérielle dans la plus sainte et la plus innocente des chairs,
devant laquelle tout autre vivant, dans les trois règnes de la création, est
obligé de s’incliner.
Voilà le témoignage de mon amour pour l’homme pour lequel j’ai voulu un
organisme parfait et le sort bienheureux d’une vie éternelle dans mon
Royaume.
Voilà le témoignage de mon pardon pour l’homme auquel, par la volonté d’un
Trine Amour, J’ai accordé de se réhabiliter et de se recréer à mes yeux.
C’est la mystique pierre de touche, c’est l’anneau qui unit l’homme à Dieu,
c’est Celle qui ramène les temps aux premiers jours et donne à mes yeux
divins la joie de contempler une Eve telle que Je l’ai créée, et maintenant
devenue encore plus belle et plus sainte parce qu’elle est la Mère de mon
Verbe, et la Martyre du plus grand pardon.
Pour son Cœur Immaculé qui n’a jamais connu aucune tache, même la plus
légère, J’ouvre les trésors du Ciel, et pour sa tête qui n’a jamais connu
l’orgueil, Je fais de ma splendeur un diadème et Je la couronne puisqu’elle
est pour Moi la plus sainte, pour qu’elle soit votre Reine".
651.16 - Dans le Ciel il
n’y a pas de larmes. Mais au lieu des larmes de joie qu’auraient eu les
esprits s’il leur avait été accordé de pleurer, liquide qui coule par suite
d’une émotion, il y eut, après ces divines paroles, un rayonnement de
lumières, un changement de splendeurs en de plus vives splendeurs, une ardeur
de flammes de charité en un feu plus ardent, un son insurpassable et
indescriptible d’harmonies célestes auxquelles s’unit la voix de mon Fils
pour louer Dieu le Père et sa Servante éternellement bienheureuse."
Le mercredi 1er mai 1946.
651.17 - [Jésus dit].
"Il y a une différence entre la séparation de l’âme d’avec le corps pour
une vraie mort, et la séparation momentanée de l’esprit d’avec le corps et
d’avec l’âme qui le vivifie par extase ou ravissement contemplatif.
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548> Alors que la séparation de l’âme d’avec
le corps provoque la mort vraie, la contemplation extatique, c’est-à-dire
l’évasion temporaire de l’esprit hors des barrières des sens et de la
matière, ne provoque pas la mort .
Et cela parce que l’âme ne se détache pas et ne se sépare pas totalement
d’avec le corps, mais le fait seulement avec sa partie la plus excellente qui
se plonge dans les feux de la contemplation.
Tous les hommes, tant qu’ils sont en vie, ont en eux l’âme morte par suite du
péché ou vivante par la justice, mais seuls les grands aimants de Dieu
atteignent la contemplation vraie.
Cela tend à
montrer que l’âme, qui conserve l’existence tant qu’elle est unie au corps -
et cette particularité est pareille en tous les hommes - possède en elle-même
une partie plus excellente : l’âme de l’âme, ou l’esprit de l’esprit,
qui chez les justes sont très forts, alors que chez ceux qui ont cessé
d’aimer Dieu et sa Loi, ne serait-ce que par la tiédeur ou les péchés
véniels, ils deviennent faibles, privant la créature de la capacité de contempler
et de connaître, autant que peut le faire une créature humaine, selon le
degré de perfection qu’elle a atteint, Dieu et ses éternelles vérités.
Plus la créature aime Dieu et le sert de toutes ses forces et possibilités,
et plus la partie la plus excellente de son esprit augmente sa capacité de
connaître, de contempler, de pénétrer les éternelles vérités.
651.18 - L’homme, doué
d’une âme rationnelle, est une capacité que Dieu emplit de Lui-même. Marie, étant
la plus sainte de toutes les créatures après le Christ, a été une capacité
comble, jusqu’à déborder sur ses frères dans le Christ de tous les siècles,
et pendant les siècles des siècles, de Dieu, de ses grâces, de sa charité et
de ses miséricordes.
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