Le samedi 13 juillet 1946.
188> 456.1 – Ils doivent avoir passé la nuit
à Gamla, car maintenant c'est le matin, un matin venteux. Peut-être aussi à
cause de sa construction et de sa disposition en terrasses qui descendent du
haut de la ville jusqu'à la limite des remparts, massifs et pourvus de portes
elles aussi, ferrées, vraies portes de forteresse, cette ville jouit de ce
vent, si agréable en terre d'orient. Si elle m'a paru belle hier à l'heure où
elle était ensoleillée, maintenant elle me paraît splendide. Les maisons,
disposées comme elles le sont, n'empêchent pas la vue du vaste panorama. En
effet la terrasse de l'une est au niveau du terrain de celle de la rue
supérieure, de sorte que chaque rue est une longue terrasse d'où l'on peut
voir l'horizon. C'est un horizon qui en haut de la montagne présente un
panorama complet, qui plus bas se réduit à un demi-cercle mais toujours vaste
et très beau.
Au pied de la montagne, la couleur verte des forêts de chênes ou des
campagnes forme un chaton d'émeraude au-delà du vallon aride qui entoure la
montagne de Gamla. Puis, à l'orient, à perte de vue, les cultures du haut
plateau, de l'acrocoro.
(Il me semble que l'on appelle ainsi ces vastes et basses surélévations de la
croûte terrestre, mais si je me trompe, je vous prie de corriger en mon nom.
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189> Je
n'ai pas le dictionnaire à portée de main et je suis seule dans ma pièce.
Impossible par conséquent d'avoir le dictionnaire qui se trouve sur le bureau
à moins de trois mètres de moi. Je le dis pour rappeler que celle qui écrit
est crucifiée au lit.)
Au-delà du haut plateau, les monts de l'Auranitide et plus loin encore, les
plus hauts sommets du Basan. Au sud, la bande fertile entre le Jourdain bleu et les
hauteurs compactes et continues qui se trouvent à l'orient du fleuve et qui
sont comme le contrefort du haut plateau. Au nord les monts lointains de la
chaîne libanaise sur laquelle trône l'imposant Hermon embelli de mille
couleurs en cette heure matinale, et en bas, tout de suite à l'occident, la
perle de la Mer de Galilée. C'est vraiment une perle, attachée à un sautoir
bleu, d'un bleu différent du sien, du Jourdain à son entrée dans le lac et à
sa sortie, plus clair à son entrée, plus foncé quand il reprend sa course
vers le midi, brillant au soleil, tranquille entre ses rives vertes, vraiment
biblique. Le petit lac de Méron, au contraire, ne se voit pas, caché derrière
les collines qui sont au nord de Bethsaïda, mais on le devine à cause du vert
nourri de la campagne qui l'entoure, qui ensuite se déploie au nord-ouest
entre la Mer de Galilée et le lac de Mérom : dans la plaine où s'élève
Chorazeïn. Il me semble avoir entendu dire autrefois par les apôtres que
c'est la plaine de Génésareth.
456.2 – Jésus prend congé des
habitants qui, avec leur orgueil d'habitants des villes, s'empressent de Lui
montrer les beautés de l'horizon et celles de leur ville, pourvue d'aqueducs,
de thermes, de beaux édifices :
"Tout cela est le fruit de notre peine et de notre argent. En effet nous
avons été à l'école des romains et nous avons voulu leur emprunter des choses
pratiques. Mais, nous ne sommes pas comme les autres de la Décapole,
nous ! Nous payons, et eux, les romains, nous servent. Mais
ensuite ! Rien d'autre. Nous sommes fidèles, nous. Même cet isolement
c'est de la fidélité..."
"Faites que votre fidélité ne soit pas de pure forme, mais réelle,
intime, juste. Autrement inutiles seraient vos travaux de défense. Je vous le
répète. Vous voyez ? Vous avez construit cet aqueduc, solide, utile.
Mais s'il n'était pas alimenté par une source lointaine, vous donnerait-il de
l'eau pour les fontaines et les thermes ?"
"Non. Il ne donnerait rien. Ce serait une construction inutile."
"Vous l'avez dit : inutile. Pareillement les défenses naturelles ou
matérielles sont inutiles si celui qui les fait construire ne les rend pas
puissantes par l'aide de Dieu, et Dieu n'aide pas quand on n'est pas ses
amis."
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190> "Maître, tu
parles comme si tu savais que nous avons beaucoup besoin de Dieu..."
"Tous les hommes ont besoin de Dieu et pour toute chose."
"Oui, Maître. Mais... il semble que nous, nous en ayons plus besoin que
toutes les autres villes de Palestine et..."
"Oh… !"
C’est un oh ! si douloureux...
Les gens de Gamla le regardent interdits. Le plus hardi demande :
"Que penses-tu ? Que nous connaîtrons encore les horreurs
d'autrefois ?"
"Oui, et de plus graves encore, et plus longues... longues... oh !
ma Patrie ! Si longues... Et cela si elle n'accueille pas le
Seigneur !"
"Nous t'avons accueilli. Nous sommes sauvés alors ! L'autre fois,
nous avons été sots, mais tu as pardonné..."
"Faites en sorte de rester dans la justice d'aujourd'hui à mon égard, et
de grandir dans la justice selon la Loi."
"Nous le ferons, Seigneur."
456.3 – Ils voudraient le suivre
encore et le retenir encore, mais Jésus veut rejoindre les femmes qui sont
allées en avant sur des ânes, et il s'arrache à leur insistance en descendant
rapidement par le chemin fait hier pour venir. Il ralentit seulement quand il
est sur le chantier des travailleurs afin de lever la main pour bénir les
malheureux qui le regardent comme s'ils regardaient Dieu.
La route, arrivée au pied de la montagne, bifurque en deux directions :
l'une vers le lac, l'autre vers l'intérieur. C'est sur cette dernière que
sont les quatre ânes qui trottent en soulevant la poussière de la route
brûlée par l'été et en secouant leurs longues oreilles. De temps à autre, une
des femmes se retourne pour voir si Jésus les rejoint, et elles voudraient
s'arrêter pour être avec Lui, mais Jésus, de la main, leur fait signe de
continuer pour échapper à l'accablement de la route découverte déjà envahie
par le soleil, et d'arriver aux bois qui montent vers Aphéqa. Bois frais qui
entrelacent une voûte verte au-dessus de la route caravanière. Ils s'y
enfoncent joyeusement en poussant un cri de soulagement.
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191> Aphéqa est beaucoup
plus à l'intérieur que Gamla, dans les montagnes, aussi on ne voit plus le
lac de Galilée. Et même, on ne voit plus rien car la route monte entre deux
mamelons qui lui cachent la vue.
456.4 – La veuve marche en avant pour
indiquer le chemin le plus court, ou plutôt elle quitte la route caravanière
pour un sentier qui grimpe à travers la montagne, encore plus frais et plus
ombragé. Mais je comprends le motif de la déviation, quand se retournant sur
sa selle. Sarah dit :
"Voilà : ces bois sont à moi. Des arbres de valeur. On vient en
acheter de Jérusalem pour les coffres des riches. Et ceci ce sont les vieux
arbres, mais, j'ai des plants toujours renouvelés. Venez. Voyez..."
Et elle pousse son âne en bas à travers les fossés, en haut sur les
monticules, et puis de nouveau en bas en suivant le sentier à travers ses
bois où en fait il y a des zones d'arbres adultes déjà bons à abattre et des
zones d'arbustes tendres s'élevant parfois de quelques centimètres au-dessus
de la terre, au milieu des herbes vertes, qui exhalent tous les parfums de la
montagne.
"Ils sont beaux ces lieux, et bien tenus. Tu es sage" dit Jésus en
en faisant l'éloge.
"Oh !... Mais pour moi seule... Plus volontiers j'en prendrais soin
pour un fils..."
Jésus ne répond pas.
Ils continuent la route. Déjà on voit Aphéqa entourée de pommiers et d'autres
arbres à fruits.
"Ce verger aussi est à moi. J'en ai trop pour moi seule !...
C'était déjà trop quand j'avais mon époux et le soir, nous nous regardions
dans la maison trop vide, trop grande, devant trop d'argent que nous
procuraient trop de produits et nous disions : "Et pour
qui ?" Et maintenant, je le dis plus encore..."
Toute la tristesse d'un mariage stérile ressort des paroles de la femme.
"Des pauvres, il y en a toujours..." dit Jésus.
"Oh ! oui ! Et ma maison s'ouvre à eux chaque jour. Mais
après… ?"
"Tu veux dire quand tu seras morte ?"
"Oui, Seigneur. Je souffrirai de laisser - à qui… ? -les choses
dont j'ai pris tant de soin..."
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192> 456.5 – Jésus a une ombre de sourire
plein de compassion, mais il répond avec bonté :
"Tu es plus sage pour les choses de la Terre que pour celles du Ciel,
femme. Tu te préoccupes pour que tes arbres poussent bien et qu'il ne se
forme pas de clairières dans tes bois. Tu t'affliges en pensant que par la
suite l'on n'en prendra pas soin comme maintenant. Mais ces pensées sont peu
sages, et même tout à fait sottes. Tu crois que dans l'autre vie ont de la
valeur les pauvres choses que l'on nomme arbres, fruits, argent,
maisons ? Et qu'il sera affligeant de les voir négligées ? Redresse
ta pensée, femme. Là, ce ne sont pas les pensées d'ici, dans
aucun des trois royaumes. Dans l'Enfer, la haine et la punition provoquent
un aveuglement féroce. Dans le Purgatoire, la soif
d'expiation anéantit toute autre pensée. Dans les Limbes, la bienheureuse attente des justes
n'est profanée par aucune sensualité. La Terre est au loin avec ses misères.
Elle n'est proche que pour ses besoins surnaturels, besoins des âmes, non
besoins d'objets. Les trépassés, qui ne sont pas damnés, c'est seulement par
amour surnaturel qu'ils tournent vers la Terre leurs esprits et vers Dieu
leurs prières, pour ceux qui sont sur la Terre, pas pour autre chose. Et
quand ensuite les justes entreront dans le Royaume de Dieu, que veux-tu que
soit désormais, pour quelqu'un qui contemple Dieu, cette prison misérable,
cet exil qui a pour nom : Terre ? Que peuvent être pour lui les
choses qu'il y a laissées ? Le jour pourrait-il regretter une lampe
fumeuse quand le soleil l'éclairé ?"
"Oh ! Non !"
"Et alors pourquoi soupires-tu après ce que tu laisseras ?"
"Mais je voudrais qu'un héritier continue de..."
"De jouir des richesses terrestres, pour y trouver un obstacle pour
devenir parfait, alors que le détachement des richesses est une échelle pour
posséder les richesses éternelles ? Vois-tu, ô femme ? Le plus
grand obstacle pour obtenir cet innocent, ce n'est pas sa mère avec ses
droits sur son fils, mais ton cœur. Lui c'est un innocent, un innocent
triste, mais toujours un innocent qui à cause de sa souffrance elle-même est
cher à Dieu. Mais si tu en faisais un avare, un cupide, peut-être un vicieux,
à cause des moyens que tu as, ne le priverais-tu pas de la prédilection de
Dieu ? Et pourrais-je, Moi qui ai soin de ces innocents, être un Maître
inconséquent qui faute de réflexion laisse se dévoyer un innocent
disciple ?
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193> Guéris-toi d'abord
toi-même, dépouille-toi d'une humanité encore trop vive, libère ta justice de
cette croûte d'humanité qui la déprime, et alors tu mériteras d'être mère. En
effet n'est pas mère seulement celle qui engendre ou qui aime un fils adoptif
et le soigne et le suit dans ses besoins de créature animale. Sa mère aussi
l'a engendré, mais elle n'est pas mère car elle n'a soin ni de sa chair, ni
de son esprit. On est mère quand surtout on se préoccupe de ce qui ne meurt
plus, c'est-à-dire de l'esprit, et non seulement de ce qui meurt,
c'est-à-dire de la matière. Et crois bien, ô femme, que celui qui aimera
l'esprit aimera aussi le corps, parce qu'il aura un amour juste, et ainsi
sera juste."
"J'ai perdu le fils, je le comprends..."
"Ce n'est pas dit. Que ton désir te pousse à la sainteté et Dieu
t'exaucera. Il y aura toujours des orphelins dans le monde."
456.6 – Ils sont aux premières
maisons. Aphéqa n'est pas une ville qui puisse rivaliser avec Gamla ou
Hippos. Elle est plutôt rurale qu'autre chose mais,
peut-être parce qu'elle se trouve à un nœud de routes important, elle n'est
pas pauvre. Lieu de passage des caravanes qui vont de l'intérieur au lac, ou
du nord au sud, elle est obligée de s'équiper pour fournir aux pèlerins
logements et vêtements, sandales et aliments, et ainsi il y a de nombreux
magasins et de nombreuses auberges.
La maison de la veuve est près de l'une de celles-ci sur une place, et le
rez-de-chaussée est occupé par un vaste magasin où il y a un peu de tout,
géré par un vieillard au gros nez et barbu qui discute comme un possédé avec
des acheteurs radins.
"Samuel !" appelle la femme.
"Maîtresse !" répond le vieillard en s'inclinant autant que le
lui permettent les balles de marchandises entassées devant lui.
"Appelle Élie ou Philippe et rejoins-moi à la maison" commande la
veuve.
Puis, s'adressant au Maître :
"Viens, entre dans ma maison et sois-en l'hôte bienvenu."
Tout le monde entre en passant par le magasin pendant qu'un garçon qui est
accouru emmène les ânes je ne sais où. A la suite du magasin, qui donne à la
maison un aspect qui n'est pas trop artistique, il y a une belle cour avec
des portiques sur deux côtés. Au milieu la fontaine, ou du moins un bassin
car il n'y a pas de jet d'eau. Sur les côtés, des platanes robustes pour
donner de l'ombre aux murs blanchis à la chaux. Un escalier monte à la
terrasse, des pièces s'ouvrent sur les côtés sans portiques, les plus
éloignés du magasin.
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194> "Autrefois, du temps de mon
époux, c'était plein ici et on y logeait des marchands surpris ici par la
nuit. Les portiques pour les marchandises, des étables pour les animaux, et
là-bas le bassin pour les abreuver. Viens dans les pièces."
Et elle traverse la cour en diagonale pour aller vers la partie la plus belle
de la maison. Elle appelle :
"Marie ! Jeanne !"
Deux servantes accourent, l'une avec les mains enfarinées, l'autre avec un
balai à la main.
"Maîtresse, que la paix soit avec toi et avec nous, maintenant que tu es
revenue."
"Et avec vous. Pas d'ennuis ces jours-ci ?"
"Joseph, cet étourdi, a brisé le rosier que tu aimais tant. Je lui ai
donné une bonne correction. Punis-moi, car j'ai été assez sotte pour l'en
laisser approcher."
"Pas d'importance..."
Mais des larmes viennent aux yeux de Sarah qui s'en explique en disant:
"C'était mon époux qui me l'avait apporté au dernier
printemps qu'il fut en bonne santé..."
"Élie s'est cassé une jambe, ce qui rend Samuel furieux parce que son
aide lui fait défaut à cette époque de grands marchés... Il est tombé de
l'échelle de l'autre côté, en se penchant pour que tu trouves les murs
blanchis" dit l'autre femme et elle termine : "Il souffre
beaucoup et il restera bancal. Et toi, maîtresse, as-tu été heureuse pendant
ton voyage ?"
"Comme jamais je ne l'aurais espéré. Je reviens avec le Rabbi de
Galilée. Vite ! Préparez pour ceux qui sont avec moi. Entre,
Maître !"
Ils passent dans la maison devant les servantes stupéfaites.
Une pièce vaste, fraîche, dans la pénombre, avec des sièges et des coffres
les accueille. La veuve sort pour donner des ordres. Jésus appelle les
apôtres afin de les envoyer dans la ville pour préparer les âmes à sa venue.
Samuel entre, passé de vendeur en maître de maison. Les servantes le suivent
avec des amphores et des bassins pour les ablutions avant le repas. On porte
sur de larges plateaux du pain, des fruits, du lait.
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195> 456.7 – La maîtresse revient :
"J'ai dit à mon serviteur que tu es ici. Il te prie d'user de
miséricorde envers lui, et moi, je t'en prie également. Pour les Tabernacles
il passe beaucoup de gens ici. Et le principal passage tout de suite après la
nouvelle lune de Tisri. Comment allons-nous faire,
si lui est malade, je ne sais..."
"Dis-lui qu'il vienne ici."
"Impossible. Il ne peut se tenir debout."
"Dis-lui que le Rabbi ne va pas le trouver, mais qu'il veut le
voir."
"Je le ferai porter par Samuel et Joseph."
"Il ne manquerait plus que cela ! Je suis vieux et fatigué"
bougonne Samuel.
"Dis à Élie de venir sur ses jambes. C'est Moi qui le veux."
"Un pauvre rabbi ! Gamaliel lui-même n'en serait pas capable"
bougonne encore le vieux serviteur.
"Tais-toi, Samuel !... Pardonne-lui, Maître ! C'est un
serviteur fidèle. Il est né ici des serviteurs de la maison de mon époux,
industrieux, honnête... mais entêté dans ses idées de vieil
Israélite..." dit la veuve à voix basse pour l'excuser.
"Je comprends son esprit, mais le miracle le changera. Vas dire à Élie
de venir, et il viendra."
La veuve va et revient :
"Je lui ai dit. Mais je me suis enfuie pour ne pas le voir mettre sur le
sol cette jambe toute noire et enflée."
"Tu ne crois pas au miracle ?"
"Moi, si. Mais cette jambe fait horreur... Je crains que la gangrène ne
la pourrisse entièrement. Elle est luisante, luisante... horrible et...
Oh !"
L'interruption, l'exclamation, vient de ce qu'elle voit le serviteur Élie qui
court mieux qu'un homme en bonne santé et va se jeter aux pieds de Jésus en
disant :
"Louange au Roi d'Israël."
"Louange à Dieu seul. Comment es-tu venu ? Comment as-tu
osé ?"
"J'ai obéi. J'ai pensé : "Le Saint ne peut mentir et il ne
peut commander des sottises. J'ai foi, je crois" et j'ai remué la jambe.
Elle ne me faisait plus mal, elle remuait. Je l'ai posée par terre, elle me
portait. J'ai fait un pas, je pouvais le faire. Je suis accouru. Dieu ne
trompe pas ceux qui croient en Lui."
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196> "Lève-toi, homme. En vérité je
vous dis que peu de gens ont sa foi. De qui te vient-elle ?"
"De tes disciples qui sont passés ici pour te prêcher."
"Toi seul les as entendus ?"
"Non. Tous, car on les a reçus ici après la Pentecôte."
"Et toi seul tu as cru... Ton esprit est très avancé dans les voies du
Seigneur. Continue..."
Le vieux Samuel se débat vivement entre des sentiments opposés... Mais, comme
beaucoup en Israël, il ne sait pas se détacher du vieux pour le nouveau, et
il se raidit en disant :
"Magie ! Magie ! Il est dit : "Que mon peuple ne se
contamine pas avec les mages et les devins. Si quelqu'un le fait, Je
détournerai de lui mon visage et Je l'exterminerai".
Tremble, ô maîtresse, d'être infidèle aux lois !"
Et il s'en va, sévère, scandalisé comme s'il avait vu le démon installé dans
la maison.
"Ne le punis pas, Maître ! Il est vieux ! Il a toujours cru
ainsi..."
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