Le lundi 15 juillet
1946.
196/197> 457.1 – Jésus
parle aux gens d'Aphéqa du seuil du magasin de Sarah. Il s'adresse à une
foule très variée, plus curieuse qu'attentive. Les hébreux y sont les
moins nombreux car la plus grande partie sont des gens de passage, marchands,
pèlerins, les uns allant vers le lac, d'autres qui s'apprêtent à descendre au
gué de Jéricho, d'autres qui viennent de villes orientales et vont vers
celles de la mer.
Pour le moment, ce n'est pas un vrai discours mais des réponses de Jésus à
celui-ci, à celui-là, un dialogue que cependant tous écoutent, bien qu'avec
des sentiments divers, que fait bien voir l'expression des visages et les
remarques de ceux qui sont là, et d'après lesquelles je comprends qui ils
sont et où ils se dirigent. Le dialogue parfois change de ton et de
personnages, car en laissant de côté Jésus, il devient une discussion entre
ceux qui sont là pour des raisons de races ou des différences de pensée.
C'est ainsi qu'un vieil homme de Joppé s'en prend à un marchand de Sidon qui
défend le Maître contre l'incrédulité des juifs qui ne veulent pas admettre
que Jésus soit l'Attendu des nations. Et c'est un flot de citations
scripturaires appliquées à tort et à travers, combattues par la simple
affirmation du syro-phénicien :
"Moi, je ne me soucie pas de ces paroles, mais je dis que c'est Lui, car
j'ai vu ses miracles et entendu ses paroles."
La discussion s'étend car d'autres y prennent part. Les adversaires du Christ
crient :
"C'est Belzébuth qui l'aide, ce n'est donc pas le Saint de Dieu. Ce
dernier est un roi, ce n'est pas un faux rabbi, ni un mendiant."
Et ceux qui pensent comme le sidonite disent :
"Les sages sont pauvres parce qu'ils sont honnêtes. Ils ne sont pas
cousus d'or et autoritaires comme vos faux rabbis et prêtres."
On comprend qu'ils parlent ainsi car ce ne sont pas des hébreux, mais des
gentils de différentes nations qui se trouvent incidemment en Palestine, ou
naturalisés là, tout en gardant l'esprit païen.
"Sacrilèges !"
"C'est vous qui êtes des sacrilèges, vous qui ne voyez même pas la
divinité de sa pensée" répondent certains.
"Vous ne méritez pas de l'avoir. Mais par Zeus ! Nous avons méprisé
Socrate, et cela ne nous a pas réussi. Je vous dis : attention à vous.
Attention à vous pour que les dieux ne vous frappent pas comme nous l'avons
été de très nombreuses fois" crie quelqu'un, certainement un grec.
"Hou ! les défenseurs du roi d'Israël ! Des
gentils !"
"Et des samaritains ! Et nous nous vantons de l'être, car nous
saurons, mieux que vous, garder le Rabbi, s'il vient en Samarie. Mais vous...
Vous avez fait le Temple. Très beau, mais c'est un tombeau rempli de fumier
bien que vous l'ayez couvert d'or et de marbres précieux"
crie des extrémités de la foule un personnage de grande taille, vêtu de lin,
avec des volants et des broderies, des bandes à la ceinture, des rubans, des
bracelets...
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198> "Hou ! un samaritain !"
Il semble qu'ils disent : "le diable" tant les hébreux
intransigeants crient d'horreur en s'écartant comme d'un lépreux, et en le
fuyant ils crient à Jésus :
"Chasse-le ! C'est un
immonde !..."
Mais Jésus ne chasse personne. Il cherche à imposer l'ordre et le silence, et
les apôtres avec Lui, sans grand succès.
457.2 – Alors
pour mettre fin aux disputes, il commence sa prédication.
"Quand le peuple de Dieu, après la mort de Miryam à Cadès. se révolta dans le désert à cause du manque d'eau et
cria contre Moïse, son sauveur et son conducteur de la terre du péché à la
terre de la promesse, comme s'il était un fou destructeur, et insulta Aaron
comme un prêtre inutile, Moïse entra avec son frère dans le tabernacle et ils
parlèrent au Seigneur en exigeant un miracle pour faire cesser la médisance.
Le Seigneur n'est pas tenu de céder à toute requête, surtout si elle est
violente et provient d'esprits qui ont perdu la sainte confiance dans la
Providence paternelle, cependant Il parla à Moïse et à Aaron. Il aurait pu
aussi parler uniquement à Moïse puisque Aaron, bien qu'il fût Grand Prêtre,
avait démérité un jour de la bonté de Dieu en adorant l'idole. Mais Dieu voulut l'éprouver encore et lui donner
manière de croître en grâce aux yeux de Dieu. Il ordonna donc de prendre le
bâton d'Aaron, déposé dans le Tabernacle après avoir fleuri en pétales bien
ouverts et avoir donné des amandes, et d'aller avec lui parler à la pierre, et que la
pierre donnerait de l'eau pour les hommes et les animaux. Et Moïse, avec
Aaron, fit ce que le Seigneur ordonnait, mais tous les deux ne surent pas
croire complètement au Seigneur et celui qui crut le moins, ce fut le Prêtre
Suprême d'Israël : Aaron.
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Le rocher, frappé par le bâton, s'ouvrit et fit jaillir assez d'eau pour
désaltérer le peuple et les bêtes et cette eau fut appelée eau de
Contradiction, parce que là les Israélites discutèrent avec le
Seigneur et critiquèrent ses actions et ses ordres et tous ne furent pas
fidèles de la même façon mais, au contraire, en commençant par le Souverain
Prêtre, se manifesta et commença le doute sur la vérité des divines paroles.
Et Aaron fut ensuite enlevé des vivants sans avoir pu atteindre la Terre
Promise.
Maintenant aussi
le peuple manifeste contre le Seigneur en disant : "Tu nous a
amenés à mourir comme peuple et comme individus sous la domination des
oppresseurs". Et à Moi il crie : "Fais-toi roi et délivre-nous". Mais de quelle libération
parlez-vous ? De quel châtiment ? De choses matérielles ? Mais
dans les choses matérielles il n'y a ni salut ni châtiment ! Un
châtiment bien plus grand et une libération bien plus grande est à la portée
de votre libre vouloir, et vous pouvez choisir. Dieu vous l'accorde.
Cela je le dis pour les Israélites qui sont présents, pour eux qui devraient
savoir lire les figures de l'Écriture et les comprendre. Mais puisque j'ai
pitié de mon peuple dont je suis le Roi spirituel, je veux vous aider à
comprendre au moins une figure pour vous aider à comprendre qui je suis.
457.3 – Le
Très-Haut dit à Moïse et à Aaron : "Prenez la verge et parlez au rocher et des fleuves jailliront pour la
soif du peuple, afin qu'il ne se lamente plus". Au Prêtre Éternel, le
Très-Haut a dit encore une fois, pour mettre fin aux lamentations de son
peuple : "Prends la verge bourgeonnée de la race de Jessé, et une fleur en sortira que n'aura pas touchée la boue
humaine, et elle deviendra un fruit d'amande doux et plein d'onction. Et avec
elle, amande de la racine de Jessé,avec son bourgeon admirable
sur lequel reposera l'Esprit du Seigneur avec ses sept dons, frappe la pierre
d'Israël pour qu'elle produise une eau abondante pour son salut".
Le Prêtre de Dieu est l'Amour lui-même. Et l'Amour a produit une Chair en
faisant sortir son bourgeon de la racine de Jessé que la fange n'avait pas
nourrie, et la Chair était celle du Verbe Incarné, du Messie attendu, envoyé
pour parler à la roche pour qu'elle se fendît, pour qu'elle fendît sa dure croûte d'orgueil et de cupidité et accueillît les
eaux que le Seigneur a envoyées, les eaux qui jaillissent de son Christ,
l'huile suave de son amour, pour devenir malléable, bonne, pour se sanctifier
en accueillant en son cœur le don du Très-Haut à son peuple.
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Mais Israël ne veut pas de l'Eau vive en son sein. Il reste fermé, dur, et
surtout il reste tel dans la personne de ses grands, contre lesquels la verge
fleurie et chargée de fruits, grâce au seul pouvoir divin, frappe et parle
inutilement. Et en vérité je vous dis que beaucoup de ce peuple n'entreront
pas dans le Royaume alors que beaucoup qui ne sont pas de ce peuple y
entreront, parce qu'ils auront su croire ce que les prêtres d'Israël ne
veulent pas croire. C'est pour cela que je suis au milieu de vous comme un
signe de contradiction et vous serez jugés d'après la manière dont vous
saurez me comprendre.
Mais aux autres qui ne sont pas d'Israël, je dis : la maison de Dieu que
fuient les fils de son peuple, est ouverte à ceux qui cherchent la Lumière. Venez, suivez-moi. Si j'ai été placé comme un signe de
contradiction, je suis placé aussi comme un signe pour toutes les
nations, et qui m'aimera sera sauvé."
457.4 – "Tu
aimes davantage les étrangers que nous. Si tu nous évangélisais nous
finirions par t'aimer ! Mais tu es partout sauf en Judée" dit un
juif touché par les paroles de Jésus.
"Je descendrai aussi en Judée et y ferai un long séjour, mais cela ne
changera pas la pierre qui est dans le cœur de beaucoup. Elle ne changera
même pas quand le Sang descendra sur la pierre. Tu es chef de synagogue,
n'est-ce pas ?"
"Oui, comment le sais-tu ?"
"Je le sais. Eh bien, tu peux alors comprendre ce que je dis."
"Le sang ne doit pas tomber sur la pierre. C'est péché."
"Le Sang, vous le verserez avec joie sur la pierre, pour qu'il y reste.
Et elle vous paraîtra un trophée de victoire la pierre sur laquelle on aura
versé le Sang du véritable Agneau. Mais ensuite il viendra un jour où vous
comprendrez... Vous comprendrez le vrai châtiment, et ce qu'était le vrai
salut qui vous était offert. Allons..."
Un homme s'avance en bousculant :
"Je suis syro-phénicien. Beaucoup d'entre nous croient en Toi, même sans
t'avoir eu... et nous avons de nombreux malades... Ne vas-tu pas venir chez
nous ?"
"Chez vous, non. Je n'ai pas le temps. Mais maintenant, après le sabbat,
je vais aller vers vos frontières. Que celui qui a besoin de grâces attende
dans le voisinage."
"Je le dirai aux compatriotes. Dieu soit avec Toi, Maître."
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"Paix à toi, homme."
457.5 – Jésus
prend congé de la veuve, ou plutôt il le voudrait, mais elle s'agenouille et
Lui fait connaître ce qu'elle a décidé : "J'ai décidé de laisser Samuel
ici, il est meilleur comme serviteur que comme croyant, et de venir à
Capharnaüm près de Toi."
"Je quitterai Capharnaüm bientôt, et pour toujours."
"Tu as là-bas de bons disciples, pourtant."
"C'est vrai."
"J'ai pris cette décision... De cette façon, je te donnerai la preuve
que je sais me détacher des richesses et aimer avec justice. J'emploierai
l'argent qui s'entasse ici pour tes pauvres et je regarderai comme premier
pauvre l'enfant, si vraiment la mère veut le garder tout en ne l'aimant pas.
En attendant, voici."
Et elle offre une lourde bourse.
"Que Dieu te bénisse de ses bénédictions et de celles de tes
bénéficiaires. Tu as beaucoup progressé en peu d'heures."
La femme rougit. Elle regarde tout autour d'elle, puis elle avoue :
"Ce n'est pas moi qui ai fait des progrès. C'est ton apôtre qui m'a
instruit. Celui-là, celui qui se cache derrière le jeune brun."
"Simon Pierre, le Chef des apôtres. Qu'est-ce qu'il t'a donc
dit ?"
"Oh ! il m'a parlé si simplement et si bien ! Il s'est
abaissé, lui apôtre, à m'avouer que lui aussi était comme moi, injuste dans
ses désirs. Oh ! je ne le puis croire ! Mais que pourtant il s'est
efforcé de devenir bon pour mériter ce qu'il désirait, et qu'il s'efforce de
plus en plus de le devenir, pour ne pas faire un mal du bien qu'il a obtenu.
Sais-tu, les choses que l'on dit entre nous, pauvres gens, elles se
comprennent mieux... Je t'offense, Seigneur ?"
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